mardi 15 octobre 2019

CONFERENCES



Ici je voudrais simplement partager quelques-unes des expériences que j’ai eu la chance de vivre avec les groupes et communautés dont j’ai partagé la vie

Dans le pays on aime beaucoup les conférences. Elles se déroulent presque toujours d’une manière très formelle. On fait appel à un spécialiste qui fait un discours, un modérateur désigné résume alors ce qu’il a dit, la plupart du temps d’une manière beaucoup moins claire et plus compliquée que ce que le conférencier lui-même a dit. Ensuite on fait une liste de personnes qui veulent poser des questions. Souvent, ces personnes ne posent pas des questions d’éclaircissement ou d’approfondissement, mais font leur propre discours pour se montrer, la plupart du temps en dehors même du thème choisi. Cela peut durer très longtemps. Ensuite viennent les félicitations et tout le monde semble satisfait, en particulier l’association qui a organisé la rencontre, surtout si beaucoup de monde est venu. La position est elle aussi significative. Même avec un petit groupe, on se tient comme à l’école, le conférencier a une table avec le modérateur face aux participants, assis les uns à côté des autres. On n’est donc pas en position de partage et de recherche commune. On utilise très peu, même simplement un tableau, pour noter le thème, les idées principales, les avancées essentielles dans la réflexion. Ceux qui sont plus à l’aise avec les moyens modernes viennent avec une conférence toute faite à l’avance qu’ils projettent sur un écran. Cela donne un texte figé, qui ne permet pas une véritable participation ni des réactions et qui est souvent une solution de facilité.

Depuis mon retour au Sénégal, j’ai absolument refusé ce type de conférence souvent à l’étonnement des organisateurs, car je pense qu’elles n’apportent pas une formation sérieuse et qu’elles ne permettent pas une vraie réflexion ni un engagement des participants permettant de passer à l’action. Si l’on me demande d’intervenir sur un thème, je tiens à bien préciser ce thème et à le faire connaître à l’avance aux participants. Nous nous mettons pour commencer par petits groupes pour que chacun puisse apporter son expérience et ses propositions. On fait ensuite une première synthèse des contributions des différents groupes et chacun peut intervenir, mais en se limitant absolument au thème choisi pour la réflexion. On peut alors tirer les premières conclusions et dégager une première réflexion commune. Et c’est seulement à ce moment-là que j’interviens pour apporter mes propres réactions et mes propositions d’actions. Bien sûr, cela demande de bien connaître le thème abordé pour avoir des choses pertinentes à dire, et être capable de dégager rapidement des conclusions de la mise en commun, d’une façon adaptée. Et à partir de là, on voit ensemble les différentes actions qu’il est possible de mener.