ANIMATION A LA PRISON DES FEMMES DE RUFISQUE
N.B. Ce document n’est pas accompagné de photos ; les photos étant absolument interdites en prison.
La ville de Rufisque est située à 25 km de Dakar au Sénégal. Là se trouve une prison pour une centaine de femmes condamnées pour divers délits, aussi bien sénégalaises qu’étrangères. Certaines de ces femmes ont été arrêtées, alors qu’elles étaient enceintes ou venaient d’accoucher. Elles se retrouvent donc avec leurs bébés en prison. On comprend les problèmes et les difficultés de ces femmes d’autant plus que la prison est en fait une maison très ancienne qui a été récupérée et n’a pas été rénovée, et donc qui n’a absolument pas été construite pour être une prison fonctionnelle. En plus, cette maison n’a pas les capacités d’accueillir un tel nombre de personnes, d’où la surpopulation carcérale avec toutes ses conséquences : promiscuité, tensions, maladies etc.
La nourriture est insuffisante et les soins de santé très limités. Mais pour la plupart des femmes, la plus grande souffrance c’est d’être séparée et sans nouvelle de leurs familles, spécialement de leurs enfants.
Notre action se situe dans le cadre de l’animation des prisons reconnue par les services pénitentiaires nationaux sous la supervision du ministère de la Justice. Nous intervenons sous la direction des régisseurs des différentes prisons en lien avec le personnel pénitentiaire. Nous avons les commissions suivantes qui interviennent dans chaque prison que nous suivons (Voir le document en pièce jointe).
1) L’assistance judiciaire
2) L’assistance matérielle et socio-économique
3) L’assistance psychologique et la formation continue
4) La formation professionnelle et la réinsertion
5) La culture et la communication
6) La commission santé
Plus précisément dans cette prison des femmes, nous intervenons
1) D’abord pour une aide matérielle :
* Fournir des habits, et du matériel de santé (médicaments) et d’hygiène (savon, eau de javel etc.) en particulier pour les étrangères et pour les femmes sénégalaises venues d’autres régions du pays, et qui ne reçoivent pas de visites de la famille pour leur apporter des médicaments dont elles ont besoin et qu’on leur donne pas à l’infirmerie, parce qu’ils manquent. On se contente souvent de leur donner simplement une ordonnance, et elles doivent alors payer les médicaments à leurs frais.
* Apporter un complément de nourriture pour ces mêmes personnes.
* Etant souvent enfermées dans le noir, beaucoup de ces détenues ont des problèmes de vision et nous leur fournissons donc des lunettes.
2) Chaque semaine assurer des séances d’écoute pour accueillir et soutenir psychologiquement les détenues qui le désirent (elles sont nombreuses), sans aucune distinction de langue ou de religion. Nous intervenons en français, la langue officielle du Sénégal, en anglais, portugais et espagnol, et dans plusieurs langues africaines, en particulier le wolof, la langue véhiculaire du Sénégal , mais aussi le bambara, le soussou et le kissi (langues de Guinée) le lingala et le lari (langues du Congo), etc. pour que ces personnes puissent s’exprimer plus facilement dans leur propre langue. Tout cela bien sûr, dans la liberté totale et dans la confidentialité.
3) Assurer les relations entre les détenues et leurs familles par des visites aux parents ou des contacts par téléphone ou internet pour celles dont la famille est éloignée, en particulier celles qui viennent des pays étrangers.
4) Proposer une formation pendant le temps de la détention : alphabétisation dans différentes langues, spécialement anglais, français et wolof, apporter des revues et des livres pour celles qui savent lire. Les former à la couture, la teinture, le tricot et organiser la vente de leurs productions pour leur assurer un petit revenu qui leur permet d’acheter les produits de première nécessité à la boutique de la prison, et aussi de commencer à constituer un petit pécule préparatoire à leur sortie.
5) Assurer des bonnes relations, des échanges, et des séances de réflexions avec le personnel pénitentiaire.
6) Préparer la sortie et la réinsertion des femmes : préparer les familles à les accueillir de nouveau, leur trouver les moyens de retourner dans leur village ou leur pays, leur chercher un travail ou d’autres moyens de vivre, si possible, pour leur permettre de se prendre en charge avec leurs enfants et leurs familles.
Et pour celles qui le désirent continuer à les rencontrer et à leur assurer écoute et soutien, au moins pour celles qui résident dans la région de Dakar.
7) Nous cherchons aussi à répondre à des besoins plus personnalisés, exprimés par des détenues, dans la mesure de nos possibilités.
Jeudi 6 Novembre :
Le matin, à la prison des femmes
et l’après-midi permanence à la
paroisse. J’accueille de mon mieux des personnes très diverses, chacune
avec son problème. Nous ne pouvons pas trouver de solution à tous les
problèmes, mais au moins nous cherchons à accueillir les gens le mieux possible
et à les comprendre dans les difficultés. Ce qui n’est pas toujours
facile !
Jeudi
18 Décembre :
Visite
à la prison des femmes. Nous sommes très heureux de nous revoir. Le point
essentiel, ce sont les contacts avec les familles pour les fêtes de Noël et de
fin d’année. Je vais avoir beaucoup de coups de téléphone à passer !
Samedi
20 Décembre : Je pars à la prison
des femmes. Nous anticipons Noël, en collaboration avec une association «
Tendre Enfance » qui soutient les bébés et leurs mères en prison. En effet,
quand une femme enceinte, ou avec un bébé, est arrêtée, son enfant reste avec
elle jusqu’à 3 ans. Bien sûr, ce n’est pas un lieu de vie pour un bébé. Nous
faisons ce que nous pouvons pour eux.
Nous
fêtons Noël d’abord avec les autorités et souhaitons les impliquer. Nous
pourrons leur rappeler leurs déclarations et leurs promesses au cours de
l’année. Puis nous célébrons l’Eucharistie. De nombreuses femmes musulmanes y
participent, avec beaucoup de piété. Cette prière contribue vraiment à faire
l’unité entre toutes.
Après
la messe, nous remettons des cadeaux aux mamans pour leurs enfants. Ce ne sont
pas des jouets, mais plutôt des savons, des couches, des habits et autres
produits de première nécessité. Ensuite, nous partageons le repas tous ensemble
et nous continuons dans la joie et la fête. Tout au long de la semaine, les
activités continuent : accueil, soutien, visites
Jeudi 8 Janvier : Depuis 15 jours, je n’étais pas parti à la prison
des femmes, à cause des fêtes. Nous sommes heureux de nous retrouver. En même
temps, il y a beaucoup de choses à régler et beaucoup de services à rendre.
Cela n’est pas toujours facile et me demande beaucoup de temps. Mais je le fais
avec joie. Le soir, je passe plusieurs heures à téléphoner aux familles, un peu
partout dans le monde, pour donner des nouvelles et demander aide et soutien. Jeudi 5 Février : Le matin, visite à la prison. Je retrouve les détenues avec toujours autant de plaisir. Elles sont vraiment très gentilles et attentionnées. Ensuite, je prends le temps de parler avec les gardes ; elles ont besoin de parler elles aussi.
Vendredi
20 Mars : Ces 3 jours, je participe à
une session sur la santé en prison. C’est un sujet important et pour
lequel je suis concerné directement.
Jeudi
26 Mars : Comme chaque jeudi, visite à
la prison des femmes. Je suis parti de bonne heure, mais à midi je n’ai pas pu
voir tout le monde. Il est vrai que certaines ont besoin de beaucoup de temps
pour parler et se libérer. Mais je dois arrêter ma visite car on ferme
les portes. Je verrai en priorité la semaine prochaine celles qui n’ont pu me
rejoindre aujourd’hui. Le soir, confessions dans une autre paroisse de notre
secteur. Jeudi 9 Avril : Je vais à la prison des
femmes, comme chaque jeudi, mais une fête y est organisée. J’attends plus de
deux heures, puis je rentre. Je laisse la nourriture que j’ai apportée pour une
détenue hollandaise et des habits pour une autre de Guinée Bissao. Et j’ai juste le temps de
parler avec une sud-africaine. En effet, les détenues non sénégalaises ne
reçoivent aucune nouvelle, ni aucun soutien.
Dimanche,
c’est le dimanche de la Miséricorde. On me demande à la télévision, pour
donner un témoignage sur la façon dont on peut vivre concrètement la
miséricorde dans les réalités du Sénégal.
Jeudi
23 Avril :Visite à la prison. Une nouvelle
directrice a été nommée. Comme presque chaque fois, elle se croit obligée de
serrer la vis pour montrer son autorité. L’ambiance est complètement
changée : surveillance, limitation des visites, interdiction d’écrire dans
sa langue (seulement en français et en anglais : deux langues que beaucoup
de possèdent pas). La plupart des détenues viennent me voir, découragées. D’autres
arrivent même en pleurant. Je les écoute et j’essaie de les réconforter de mon
mieux, et de voir comment améliorer les choses.
A mon retour, arrive un détenu qui vient d’être libéré. Avec
la Caritas, nous l’aidons à établir ses
papiers pour avoir un travail de gardien. Puis, un couple, en route pour le
Maroc. Nous leur donnons à manger. Ils en profitent pour se laver et envoyer un
message à leur famille par Internet. Nous les aidons à trouver un logement pour
quelques jours. Enfin, un autre détenu libéré nous demande l’argent du voyage
pour rentrer en Guinée Bissao.
Jeudi
7 Mai : Le matin, à la prison des femmes, comme chaque jeudi
Samedi 13 Juin : Formation
des visiteurs de prison sur l’écoute. Puis rencontre générale d’ATD Quart
Monde.
Jeudi 25 Juin : Visite à
la prison. C’est la dernière avant mes congés. Quand j’annonce la chose, les
détenues sont très tristes, et moi aussi. En plus de l’accueil et de l’écoute
des nombreuses femmes qui veulent me parler, et de tous les cas pratiques à
régler, je vois avec la direction des problèmes plus sérieux : en particulier,
le cas des détenues en prison depuis plusieurs années sans même être jugées
(les Assises ne fonctionnent pas), la question des libérations conditionnelles,
du rapatriement des détenues étrangères, des bébés en prison avec leurs mères,
des avocats qui disparaissent, etc…
Mercredi 1er Juillet : La nuit, un appel téléphonique nous annonce
que l’un de nos amis a été agressé à une cinquantaine de kilomètres de Dakar.
Nous allons le chercher et l’amenons dans un premier hôpital…qui n’a pas de
radio. Nous partons en pleine nuit dans un deuxième hôpital. On lui remet le
bras en place et on le plâtre. Mais la radio révèle que l’os a été cassé : il
faudra une opération Mais d’abord, il
faudra trouver l’argent : 300.000 F CFA. Nous ne savons pas où les trouver ! On
verra !
Le
plus pressé, c’est de régler le problème de la police. Nous faisons retirer la
plainte et allons rencontrer les agresseurs pour tenter une réconciliation et
une prise en charge des soins de santé. Cela nous prend beaucoup de temps et de
déplacements. Mais nous n’allons pas abandonner l’affaire.
En même temps, encore des visites et demandes d’aides : deux détenus libérés mais qui n’ont
aucun moyen pour vivre. C’est le cas de tous les libérés : on les met dehors,
sans aucun soutien. Lorsque ce sont des Sénégalais, nous préparons leur sortie
de prison en prenant contact avec leur famille. Mais lorsqu’il s’agit
d’étrangers, ils n’ont aucun moyen de rentrer chez eux, ni même de quoi manger.
Et alors bien sûr beaucoup retombent dans la délinquance.
Nous
nous retrouvons à midi avec l’équipe de l’aumônerie pour préparer la prochaine rencontre avec plusieurs magistrats du
Tribunal. Nous avons beaucoup de problèmes à leur soumettre : d’abord celui
de la sortie de prison ; ensuite toute la vie et le suivi à la prison, en
particulier les détenus depuis 4-5 ans et qui ne sont toujours pas jugés, ni
les hommes ni les femmes, parce que les assises ne fonctionnent pas ;
l’incarcération des homosexuels et des femmes ayant avorté, ce qui est
absolument inadmissible et certainement pas une solution, même si on est contre
l’homosexualité ou l’avortement. D’autres questions, comme la réduction des
peines et le rapatriement des détenus étrangers dans leurs pays, en particulier
un certain nombre de Français(es), même s’ils sont maintenus en prison. Au
moins ils seront chez eux et pourront être visités par leurs familles. Et aussi
les personnes ayant fumé ou vendu des drogues douces (marijuana) condamnées aux
Assises comme pour les grands trafiquants de drogues dures (cocaïne, héroïne…).
Ensuite, les différences entre les prisonniers : les gens du « peuple » qui se
retrouvent à 100 dans la même chambre, pendant que les grands politiciens,
artistes ou fonctionnaires ont une cellule personnelle avec tout le confort
nécessaire. Les problèmes ne manquent pas !
.
ANIMATIONS DANS LES PRISONS DE « LIBERTE 6 » A DAKAR : Hommes et Femmes
N.B Ceci n’est pas une présentation de
notre organisation, mais de simples extraits de mon journal, pour ceux que cela
peut intéresser. Merci !
En général : Ecoute chez les hommes le
mercredi ; réunion chez les femmes
le vendredi et chez les hommes le samedi
Mardi 3 Juillet :
Le soir, rencontre de l’aumônerie de nos trois prisons. Nous
faisons le tour de chacune de nos commissions pour évaluer leur travail :
chacun apporte ses idées pour améliorer les activités. Puis nous abordons un
certain nombre d’autres points : la venue d’un conteneur avec des outils
pour lancer des ateliers ; le contenu de notre audience avec la ministre
de la Justice ; les émissions radio ; les avocats et médecins à
trouver qui accepteraient d’intervenir bénévolement ; la formation ;
et encore beaucoup d’autres choses.( Voirle
compte-rendu)
Mercredi 4 Juillet :
Matinée d’écoute à la prison avec son lot de problèmes et de souffrances.
Je récupère des numéros de téléphone pour donner des nouvelles aux familles.
Mais certains n° sont faux (les détenus cherchent à les reconstituer par cœur,
car la plupart du temps ils ont perdu leurs papiers) ; d’autres ne
décrochent même pas ; d’autres enfin refusent tout contact avec leur
parent prisonnier. Mais beaucoup sont heureux de ce contact, ils nous demandent
de le continuer et de venir les rencontrer. Cela nous permettra de préparer le
retour et la réinsertion. Mais souvent, notre premier travail est de retrouver
nous-mêmes des traces de la famille et cela n’est pas une petite affaire !
Vendredi 6 Juillet :
Comme chaque vendredi, rencontre des femmes à la prison. Aujourd’hui, nous
parlons des élections législatives. L’échange est très intéressant, c’est une
vraie formation civique avec la participation de toutes. A partir de là, nous
voyons comment vivre un peu plus de démocratie à la prison.
Samedi 7 Juillet :
A la prison des hommes, une longue discussion au sujet d’un groupe
religieux (une secte) venu à la prison en se disant chrétien. Du coup, les
gardiens ont appelé tous les prisonniers chrétiens. Mais nombre d’entre eux
n’ont pas beaucoup aimé leur discours, et encore moins leur volonté de mettre
la main sur eux. Cela nous amène à toute une réflexion sur la liberté de
conscience et le respect des autres religions. Nous allons aussi revoir la
question avec le service social et l’administration de la prison.
Avec les chrétiens, nous partageons
ensuite la Parole de Dieu (Marc 6,
1-6) : Jésus n’est pas reçu dans son village. Les prisonniers notent un
certain nombre de choses sur Jésus : d’abord, il est vraiment homme, comme
nous, et il connaît nos difficultés. Il a eu des problèmes avec sa famille et
ses voisins. Il a travaillé de ses mains pour gagner sa vie. C’est un
croyant : il va prier avec les autres à la synagogue. En même temps, il
enseigne avec sagesse ; il aime les gens ; il guérit les malades. Et
nous notons sa force de caractère : il est chassé de chez lui, mais il ne
se décourage pas. Il va annoncer l’Evangile et guérir les gens dans les
autres villages.
Quand nous
avons des problèmes de famille ou de travail, nous gardons courage nous aussi.
Jésus est avec nous. Grâce à Lui et avec Lui, nous continuons à aimer.
-Jésus est
étonné du manque de foi de ses compatriotes. Cet Evangile nous appelle à vitre
notre foi en vérité.
-Etre
chrétien, c’est
suivre Jésus dans toute notre vie. Travailler comme Lui, mais aussi, bien nous
former et travailler pour les autres. Même à la prison nous pouvons apprendre
un métier et nous aider les uns les autres.
-Nous
entendre avec notre famille, malgré les problèmes et les incompréhensions. Et
en prison aussi, nous avons souvent des problèmes avec nos familles. Il est
important de nous réconcilier avec nos parents, nos amis et aussi ceux avec qui
nous avons fait du mal.
-Mais il ne
s’agit
pas de ne penser qu’à
nous-mêmes. Quels que soient nos problèmes, nous nous ouvrons aux autres comme
Jésus. Pour leur annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus et les aider et les
soutenir dans leurs souffrances et leurs maladies. Il y a beaucoup de gens
malades à la prison. Et de personnes qui souffrent dans leur corps et dans leur
cœur. A nous d’en
faire un lieu d’évangélisation
et de guérison.
– « Nul
n’est
prophète en son pays ». Même à la prison, il y a des gens qui nous
conseillent, qui nous montrent le chemin de Dieu et qui peuvent nous aider à
préparer notre avenir. Est-ce que nous savons les reconnaître ?
Sommes-nous prêts à les écouter ?
Mardi 10 Juillet :
Avec les responsables de l’aumônerie,
nous allons à la douane pour nous renseigner sur les formalités afin de faire
venir un conteneur pour la prison. C’est toujours compliqué mais, comme nous connaissons
le responsable, nous sommes très bien reçus. On verra la suite !
Mercredi 11 Juillet :
Séance d’écoute à la prison, avec son lot de problèmes, comme d’habitude.
Aujourd’hui, deux demandes de prisonniers en fin de peine pour retourner dans
leur région et pouvoir reprendre contact avec leur famille. Et deux cas de
rapatriement au Libéria. Ce sera très difficile. On va toujours essayer.
Je parle avec trois visiteuses qui sont
allées au pavillon des prisonniers à l’hôpital de la ville rencontrer les
prisonniers malades. Nous avions prévenu à l’avance et elles étaient munies de
toutes les autorisations nécessaires. Malgré tout, elles sont refoulées pour la
4ème fois. Nous sommes découragés, d’autant plus que ce sont des
bénévoles, qui n’ont pas beaucoup de moyens et qui payent de leur poche les
frais de déplacement et autres.
Les responsables de la réinsertion nous
rejoignent pour préparer la sortie des prisonniers libérables. Là aussi, c’est
compliqué. Nous avons toutes les peines du monde à avoir les noms au greffe.
Les gens veulent souvent s’imposer et garder leur pouvoir, au lieu de se mettre
vraiment au service des autres et de les aider. Malgré tout, nous essayons de
faire pour le mieux.
Samedi 14 Juillet :
Rencontre à la prison des hommes. Comme d’habitude, nous commençons par parler des
différents problèmes de la prison. Ce sont les mêmes plaintes qui reviennent
(malheureusement), car les choses n’avancent pas vite. Au niveau de l’eau, des
efforts sont faits. Les pompiers en ont apporté et, de plus, quand les
prisonniers vont travailler à l’extérieur, ils emportent les bidons que nous
leur avons fournis et ils reviennent avec de l’eau.
Dans un 2ème temps, nous
parlons des relations entre chrétiens et
musulmans à la prison. On part de choses précises et des réalités, selon
des exemples vécus : la façon dont les musulmans expriment et vivent leur
foi, et la nôtre. Ce qui nous amène à préciser un certain nombre de choses, car
il y a beaucoup de confusions. Par souci de s’entendre et d’éviter les
tensions, des gens de bonne volonté disent : « chrétiens et
musulmans, c’est pareil, il n’y a pas de différences ». C’est une bonne
intention, mais ce n’est pas juste. Bien sûr, nous croyons dans le même Dieu,
puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, mais nous n’avons pas les mêmes idées sur
Dieu. Nous allons tous vers Dieu, mais nous ne suivons pas le même chemin. Nous
avons les mêmes premiers prophètes, mais nous ne sommes pas d’accord sur
Jésus-Christ. Les chrétiens disent qu’Il est Fils de Dieu et les musulmans
disent que Dieu n’a pas de Fils. Ils reconnaissent Jésus comme prophète, mais
pour eux le plus grand et le dernier des prophètes c’est Mohammed.
Tout cela ne doit pas nous empêcher de
nous connaître d’abord, de nous respecter et de nous estimer ensuite, et enfin
de travailler ensemble. En respectant la liberté et la foi de chacun.
Dans un 3ème temps, nous partageons l’Evangile (Marc 6, 7-13).
Nous relevons d’abord le pouvoir de Jésus sur les esprits mauvais et pour
guérir les malades. Aujourd’hui encore, il peut chasser le mauvais esprit qu’il
y a à la prison. Et nous guérir de nos maladies, dans notre cœur et dans notre
corps. Car Jésus nous aime, comme il a aimé les hommes d’autrefois ;
aujourd’hui encore, il veut nous guérir et nous libérer. Jésus est le Maître,
mais il ne veut pas s’imposer, il n’écrase personne ; au contraire, il
donne son pouvoir aux apôtres ; et c’est un grand exemple pour nous.
Autour de nous, beaucoup de gens cherchent le pouvoir. Ils sont prêts à tout
pour cela, aussi bien les politiciens que les chefs d’entreprises, mais aussi
les employés et les fonctionnaires, également les chefs de famille, les hommes
par rapport aux femmes, les grands frères par rapport aux petits frères… Et
cela est vrai aussi dans la prison : l’administration et les gardiens font
sentir leur pouvoir ; mais aussi les prisonniers : par exemple les
chefs de chambre, les plus forts qui s’imposent, se font servir et friment,
font souffrir et humilient les plus faibles.
Ce à quoi le Seigneur nous appelle,
c’est bien sûr d’abord d’arrêter d’écraser nos frères ; mais surtout de
les responsabiliser et de les faire grandir, comme le Christ l’a fait avec ses
apôtres. Et cela dans les petites choses, dans la vie de tous les jours.
D’abord en laissant toutes les formes de jalousie.
Jésus dit à ses apôtres : « n’emportez ni argent, ni nourriture,
seulement un bâton ». Des simples sandales et un seul habit. Pourquoi
cela ? Parce que l’Evangélisation ce n’est pas une question d’argent ou de
moyens techniques. C’est une question d’amour et de témoignage de vie. Mais
surtout, c’est parce que Dieu nous garde
et nous protège dans toute notre vie. Et c’est en Lui que nous mettons notre
confiance. Et non pas dans le pouvoir ou l’argent. Quels que soient nos
problèmes, nos souffrances et nos questions, nous sommes en paix parce que nous
nous tournons vers Jésus qui nous guérit de toutes nos maladies et
faiblesses ; Il nous libère des esprits mauvais et de tout mal. Avec Lui,
c’est possible de changer notre vie. Avec Jésus, nous gardons l’espérance. Il
nous fait confiance et nous responsabilise. Avec Lui, nous pourrons guérir ceux
qui souffrent dans leur cœur et dans leur corps. Nous pouvons changer les
esprits et enlever les mauvaises idées de la tête et du cœur des gens.
Alors,
que faire ? Comment mettre cet Evangile en pratique ? D’abord,
nous laissons la soif de l’argent. Nous en avons besoin, pour nous-mêmes et
pour aider les autres, mais nous ne mettons pas notre cœur dans l’argent, nous
ne lui donnons pas la première place. Et nous mettons notre confiance en Dieu,
tout en faisant déjà ce que nous pouvons faire par nous-mêmes.
-Jésus envoie ses disciples deux par
deux. On ne peut pas être chrétien tout seul Ce n’est qu’en communauté que nous
pouvons annoncer l’Evangile et aider nos frères et nos sœurs. La première chose
à faire pour cela, c’est de vivre dans l’amitié et de partager la vie des gens.
« Quand vous êtes accueillis dans
une maison, restez-y jusqu’à votre départ ». Et aussi, rejetez toute
agressivité. Si on refuse de nous accueillir, nous ne nous mettons pas en
colère. Nous n’insultons pas les gens. Nous nous contentons de secouer la
poussière de nos pieds et nous partons en paix et tranquilles. Car il y a trop
d’agressivité entre nous à la prison.
-Nous sommes les apôtres d’aujourd’hui,
là où nous sommes. Même si c’est en prison. Nous avons reçu l’onction d’huile (verset
13) au baptême. Nous ne nous décourageons pas ; nous ne restons pas assis
à ne rien faire. D’abord, nous cherchons à profiter de ce séjour en prison pour
changer notre vie. Et comme les apôtres, nous disons à nos frères qu’il faut
changer de comportement. Et nous les aidons pour cela. Nous chassons les
esprits mauvais. Ces esprits mauvais ce ne sont pas d’abord les démons ou les
revenants, ce sont les mauvaises idées que nous avons dans le cœur. C’est le
mauvais esprit de vengeance, de jalousie et de rancune, de mensonge et de
calomnie, de recherche du pouvoir à tout prix. Ce sont là les mauvaises pensées
qu’il faut chasser. De même, guérir, c’est un symbole : nous ne sommes pas
médecins, nous ne savons pas soigner. Mais nous pouvons guérir les cœurs. Et il
y a beaucoup de gens qui sont malades autour de nous dans leur tête et dans
leur cœur. Jésus dit aussi : « Ce
sera pour eux un témoignage ». Il ne s’agit donc pas pour nous de
prêcher aux autres et de nous contenter de conseils. C’est par notre façon de
vivre qui les entraîne, que nous pouvons les guérir et les libérer. Et quand
Jésus nous demande de chasser les esprits mauvais, la première chose c’est de
laisser nous-mêmes toutes les pratiques de maraboutage, de fétichisme et de
sorcellerie. D’arrêter d’aller voir les charlatans, de faire des sacrifices ou
de maudire les gens.
Petite
fête. Une
de nos animatrices va partir en congés. Nous nous sommes cotisés : pas
pour lui faire un cadeau, mais pour organiser une petite fête avec les
prisonniers. Nous ne voulons pas inviter seulement les chrétiens, mais nos
moyens sont limités. Nous nous contentons donc d’un sandwich accompagné d’un
café, de manière à partager notre joie avec le maximum de personnes. Pas tous,
malheureusement, car ils sont plus de 900 dans cette prison des hommes !
Mercredi 18 Juillet :
Rencontre d’écoute à la prison. En même temps, la commission de réinsertion
est venue rencontrer les prisonniers libérables le mois prochain. Une autre
équipe d’animateurs bénévoles rencontre les nouveaux arrivés. L’infirmier major
vient nous poser un certain nombre de problèmes : des ordonnances (il n’y
a pas de médicaments à la prison), et le financement de deux opérations (au
ventre et à l’œil).
Vendredi 20 Juillet :
Aujourd’hui, c’est le temps du Ramadan qui commence. Nous en
parlons donc à la prison avec les
femmes, car elles sont aussi concernées et la plupart d’entre elles sont
musulmanes. Nous avons commencé par voir le grand changement social que le
ramadan entraîne dans la vie courante : davantage d’entr’aide et de
partage, les gens se demandent pardon, la façon de s’habiller en particulier
des jeunes change également (mais ils ne se mettent pas en barka, ni même en
voile pour autant !). Les appels à la prière se multiplient, et aussi les conférences
et émissions religieuses. Au moment de la rupture du jeûne, toutes les
activités s’arrêtent, le pays étant à 90 % musulman. Cela se vit aussi dans la
prison, bien sûr. Nous en parlons donc ensemble. Nous regardons comment les
non-musulmans peuvent supporter les désagréments que cela amène, par respect
pour les musulmans. Mais aussi comment faire respecter leur propre foi. Par
exemple, ceux qui ne jeûnent pas, peuvent-ils avoir à manger ? Mais que
l’on respecte les temps de prière des musulmans.
A partir de là, nous parlons de nos
différences. Il y a un seul Dieu. Nous sommes tous croyants. Mais nous ne
suivons pas le même chemin. Il ne suffit pas de nous tolérer ni même de nous
accepter différents, mais de construire ensemble le pays, à partir de nos
différences. Nous voyons comment le faire concrètement à la maison des femmes.
Et que chacun se laisse interpeler par la foi et la pratique religieuse des
autres.
Mercredi 25 Juillet :
Animation à la prison. Comme chaque semaine, nous nous retrouvons à trois
équipes : une pour l’accueil des nouveaux arrivés, une pour l’écoute, et
une pour la réinsertion des libérés à venir en septembre. Je passe aussi à
l’infirmerie pour voir quelle solution trouver au manque chronique de
médicaments. On me remet un certain nombre d’ordonnances. Je vais chercher des
gens qui pourront les prendre en charge. Je recueille aussi un certain nombre
de numéros de téléphone et mails à l’étranger, soit pour donner des nouvelles
des prisonniers, soit pour faire venir de l’argent afin de payer un avocat ou
s’acheter un minimum de nourriture. On nous amène un prisonnier malade. Nous
l’accompagnons à l’infirmerie où nous voyons aussi le cas de trois prisonniers
qui attendent d’être opérés depuis plusieurs semaines. Nous nous inquiétons
aussi de la situation de la famille d’un prisonnier nigérian : sa femme se
retrouve sans rien, avec ses trois enfants. Elle était professeur d’anglais au
Nigéria. Nous allons l’aider pour lui trouver du travail. Je vais aussi acheter
des cahiers pour un autre prisonnier qui veut écrire un roman. Je l’encourage
beaucoup dans ce sens. De même que j’encourage les autres à se former, à aller
à l’alphabétisation, dans les ateliers ou à la bibliothèque. L’un d’entre eux,
un étranger –et donc loin de chez lui, et sans visite ni soutien- se laisse
complètement aller et n’arrive pas à réagir. Et il y a tous ceux qui attendent
sans être jugés, bien qu’ayant fait appel depuis longtemps. Et ceux que l’on
reporte de convocation en convocation. Aujourd’hui, l’un d’entre eux vient
d’être renvoyé pour la 23ème fois, sans aucune raison claire ;
même son avocat n’y comprend rien. Un autre, dont le cas a été réuni à celui de
deux autres, demande à avoir un jugement à part. Et encore beaucoup d’autres
cas, tous plus compliqués les uns que les autres.
Samedi 28 Juillet :
A la prison des hommes. Nous voyons d’abord comment ils vivent le temps
du Ramadan, ensemble chrétiens et musulmans, dans l’entente et le respect
mutuel. Nous abordons ensuite la question des grâces qui vont être accordées à
la fin du Ramadan.
Nous devons rencontrer le Ministre de la
Justice ce mardi prochain. Nous écoutons donc ce que les prisonniers ont à nous
dire à ce sujet, car ce sont eux qui connaissent le mieux les problèmes et les
conditions. Leur principale souffrance, c’est bien sûr leur manque de liberté,
mais aussi de nourriture et de médicaments. Ce qui les aide à supporter cela
c’est le courage de chacun, mais aussi leur solidarité. Leurs principales
demandes portent sur la lenteur des jugements et des appels, le manque de
transparence et de respect, spécialement envers les étrangers. Et tous les
problèmes d’argent et même de corruption. A la fin du Ramadan, comme chaque
année, le Président va accorder la grâce à un certain nombre de prisonniers. Tous
espèrent obtenir cette grâce, ou, au moins, une réduction de peine : cela
crée un grand climat de tension. Bien
sûr, beaucoup seront déçus et ce sera difficile de leur faire retrouver le
moral ! Il y a aussi toutes les difficultés de relations avec l’administration,
les chefs de chambre, etc… Et le manque d’avocats, car ils coûtent très cher.
Les choses à faire ne manquent pas.
Mardi 31 Juillet :
Nous rencontrons la Ministre de la Justice. C’est une rencontre que nous avons préparée
longuement, en impliquant le maximum de personnes, et d’abord les prisonniers
eux-mêmes : hommes, femmes et jeunes. Je vous en ai souvent parlé. Nous
avons préparé un certain nombre de documents. Nous lui présentons d’abord les
différents problèmes avec nos propositions. Nous recevons un très bon accueil
et dans un 2ème temps, nous parlons librement, ce qui nous permet
d’aborder les questions d’une façon plus concrète et précise et plus
décontractée. Evidemment, il nous faudra assurer le suivi, pour parvenir à des
avancées précises. Même s’il y a un certain nombre de choses qui nous
dépassent.
Mercredi 1er Août :
Je rencontre certains nouveaux arrivés
(pas tous à la fois, car ils sont très nombreux) ; cela se fera au fur et
à mesure. C’est très important de les aider à s’insérer et de répondre à leurs
besoins matériels. Mais de voir aussi la question de leur dossier de jugement
en appel, etc… De son côté, la commission de réinsertion accueille les
libérables du mois prochain. Et la troisième équipe fait le tour des ateliers
pour voir comment ça marche.
Samedi 4 Août :
Comme d’habitude, je pars à la prison des hommes pour notre réunion
hebdomadaire. Mais comme il pleut (nous en sommes très heureux pour les paysans
et tout le pays), le chef de poste n’autorise pas les prisonniers à sortir de
leurs chambres pour venir à la salle de réunion. Au bout de 2 heures d’attente,
avec les animatrices, nous retournons chez nous, tout tristes.
Mercredi 8 Août :
Retour à la prison. La Commission de réinsertion n’arrive pas à obtenir la liste des
prisonniers de septembre, malgré plusieurs demandes. Cela nous gêne beaucoup
car nous n’aurons pas le temps de contacter leurs familles pour préparer leur
retour. Ni les aider à retrouver un moyen de vivre et les réconcilier avec ceux
à qui ils ont fait du mal. Tout cela demande beaucoup de temps. Mais nous
rencontrons des blocages du côté de l’administration, ce qui est vraiment
dommage. Comme vient de me le dire lui-même le nouveau directeur de la
prison : « Nous sommes formés pour la répression, pas pour
l’éducation ».
Au point de vue santé, on me présente un
certain nombre de malades qui ne sont pas soignés : un qui souffre des
hémorroïdes, un autre de diabète, un autre d’hypertension. Nous allons voir
comment leur trouver les médicaments nécessaires. Mais surtout, nous allons
chercher des médecins volontaires, car celui qui est nommé ne passe pas à la
prison. Beaucoup de détenus sont découragés, car ils ont fait appel, mais
pendant des mois on ne les convoque pas. Et quand ils sont enfin convoqués, on
les renvoie plusieurs fois de suite, sans aucune explication. Beaucoup sont
aussi trompés par les avocats qui prennent leur argent et disparaissent.
Une bonne nouvelle cependant : un
des prisonniers va être libéré. Il fait des objets d’art à partir de cornes de
zébus ou de moutons. Il est d’accord pour accueillir d’autres prisonniers à
leur sortie, et leur apprendre le travail. Nous allons chercher le fonds et
l’argent nécessaire
Jeudi 9 Août : Visite du quartier avec les délégués de Caritas
France.
L’après-midi, nous allons à la prison des mineurs. Au programme,
visite des jeunes puis entrevue avec la directrice et le responsable des
services sociaux : réflexion sur les activités de la prison, le suivi des
jeunes et des familles, la réinsertion, etc… Les éducatrices sont là et
également un des délégués des fraternités maristes qui assurent le suivi des
jeunes, les activités sportives et autres : alphabétisation,
micro-jardinage, etc.. Sans oublier celles qui assurent la catéchèse et la
prière.
Vendredi 10 Août :
Messe à la prison des femmes. Nous prenons le temps de partager longuement
l’Evangile. Les femmes ont maintenant l’habitude et partagent profondément
leurs pensées, à l’aise les unes avec les autres.
Samedi
11 Août :
8 heures. Séance de travail sur
l’animation de la prison. A 10 heures, rencontre générale des
prisonniers chrétiens volontaires. Ils demandent qu’à partir de maintenant,
nous commencions par le partage de la Parole de Dieu, pour avoir le temps
nécessaire d’approfondir notre réflexion. Nous changeons donc notre façon de
faire (voir le compte-rendu).
Ensuite, nous parlons des problèmes divers. Nous partageons la joie de ceux qui
ont été libérés. Nous faisons le compte-rendu de notre rencontre avec le
Ministre, et de mon travail de samedi dernier avec les religieuses. Plusieurs
nouveaux détenus sont arrivés : nous les accueillons et leur expliquons
comment vivre en paix avec les autres. Mercredi, j’irai à l’hôpital, au
pavillon spécial des prisonniers. Je demande donc les noms de tous ceux qu’ils
connaissent là-bas. Un des responsables de chambrée nous fait le compte-rendu
de leur rencontre avec le nouveau directeur, en particulier au sujet des dépôts
d’argents, de la nourriture, etc… et bien sûr de la discipline.
Nous leur donnons aussi les nouvelles du
pays, qu’ils ont d’ailleurs entendues à la radio, en particulier de cet
accident qui a fait 23 morts. Nous parlons aussi de leurs familles. Les sujets
de conversation ne manquent pas et le temps passe vite. Nous devons nous
séparer.
Ce matin, il y a quelque chose de
spécial : c’est le temps du
Ramadan. Les musulmans organisent des conférences et des prières. Mais ils
organisent aussi des actions d’entr’aide et des distributions de nourriture aux
nécessiteux. Aujourd’hui, ils sont venus à la prison avec un imam mais aussi
avec des médecins volontaires, qui vont consulter les malades pendant toute la
journée. Restera ensuite le problème des médicaments.
Mercredi 15 Août :
Tôt le matin, je pars en ville à l’Hôpital Principal où je célèbre
l’Eucharistie. Ensuite, je porte la Communion à plusieurs malades, ce qui me
fait visiter un certain nombre de services. Puis, je vais dans un deuxième
hôpital, beaucoup plus populaire, accompagné des Sœurs qui y travaillent. Je
termine par le Pavillon spécial des prisonniers malades, et je retrouve
quelques personnes que j’ai connues dans les prisons où je travaille
habituellement.
Vendredi 17 Août :
Travail à la maison, puis rencontre à la
prison avec les femmes. Aujourd’hui,
nous parlons de leur vie. D’abord, les animatrices parlent du rôle de la femme
dans la société et du respect de la personne.
Nous voyons ensemble comment vivre cela déjà entre elles à la prison, et
même profiter de ce temps difficile pour changer de comportement. Ensuite, les
détenues partagent comment elles ont célébré la fête du 15 Août entre elles (ce
jour étant férié au Sénégal, nous ne pouvions pas entrer à la prison).
Puis elles s’expriment sur leur manière
de vivre ce temps du Ramadan, dans l’entente avec les musulmans, mais aussi en
faisant respecter leur foi et leur religion, à commencer par le jeûne. Elles
notent combien ce temps a été un temps de prière, de pardon et de
réconciliation pour beaucoup.
Nous cherchons ensemble comment aider
l’une d’entre elles qui est complètement repliée sur elle-même et ne parle pas.
Il faudra que je la voie personnellement.
Nous abordons ensuite la situation du
pays, avec surtout le problème des inondations et toutes les conséquences
qu’elles ont entraînées (voir les
nouvelles).
Samedi 18 Août :
Il pleut beaucoup. Malgré tout, je pars
à la prison. Mais je ne peux pas
tenir notre réunion car les prisonniers sont enfermés dans les chambrées (à
cause de la pluie) ! J’avais amené de la nourriture, remise par une
animatrice, pour l’anniversaire de quatre personnes, mais je ne peux pas les
voir. Je laisse donc la nourriture, mais je vérifierai qu’ils l’ont bien reçue
quand je reviendrai. J’en profite pour parler un peu avec le personnel
pénitentiaire à l’entrée, au poste de garde et à la direction. A ce niveau, les
relations sont bonnes car nous nous connaissons bien. Mais il nous arrive de
temps en temps de tomber sur un nouveau ou quelqu’un qui veut montrer son
autorité. Alors là, ce n’est pas facile.
Je retourne à la maison, complètement
trempé. Heureusement, il ne fait pas froid, mais il faudra du temps pour que ça
sèche car il y a beaucoup d’humidité dans l’air.
Mercredi 22 Août :
Rencontre d’écoute à la prison. Je commence par rencontrer
les nouveaux arrivés pour qu’ils puissent parler de leurs problèmes et pour
voir avec eux comment vivre cette nouvelle étape de leur vie. Puis je reçois un
certain nombre « d’anciens » dont un rappeur qui me demande des
cordes de guitare, car il voudrait composer des chants sur la prison. Je communique
à certains ce que vivent et font leurs familles que j’ai pu contacter. Il y a
aussi à vérifier que l’argent et tout le soutien envoyés par les familles
arrivent à destination et soient bien utilisés. Beaucoup se plaignent bien sûr
d’avoir été accusés injustement, par intérêt ou jalousie. Surtout quand ils
sont étrangers. Evidemment, ce n’est pas toujours vrai, et personnellement, je
ne leur demande jamais pour quoi ils ont été condamnés Mais il faut bien
reconnaître que les cas de fausses accusations ne sont pas rares. D’autres
demandent à changer de chambre pour des problèmes de santé, de tabagie, ou de
relations. Aujourd’hui, j’essaie de régler au mieux deux de ces cas. Et il y a
tous ceux qui ont fait appel et qui attendent des mois et même des années avant
d’être jugés. Mais je dois dire que, en général, il y a une grande solidarité
de partage, de soutien et de conseils entre les prisonniers. C’est ce qui leur
permet de supporter plus facilement leurs conditions de vie vraiment très
difficiles et de vivre leur situation d’une façon moins inhumaine. Et même à
certains, de faire le point et de se reprendre en mains. Tous les prisonniers
attendent les grâces à l’occasion de la Korité. Finalement, c’est une grande
illusion et beaucoup vont être déçus. Surtout que les décisions tombent d’en
haut, d’une façon absolument imprévisible.
Jeudi 24 Août :
A la prison des femmes, nous
parlons de la façon dont elles ont passé le Ramadan à la prison avec les
contraintes mais aussi les partages matériels, et également au niveau de la
foi. Beaucoup de personnes sont venues leur apporter le repas de rupture de
jeûne le soir, ce qui a bien amélioré leur nourriture. Elles ont fêté
successivement dans la joie le 15 Août (qui est férié au Sénégal, bien que pays
à 90 % musulman) et la Korité (Aid el Fitr) fin du Ramadan.
Et nous parlons aussi des autres choses.
En particulier des inondations. De
nombreuses maisons se sont écroulées, pour plusieurs raisons. D’abord, il y a
20 ans, le pays a subi une longue sécheresse ; les gens sont donc venus
construire dans des bas-fonds asséchés. L’exode rural est très important au
Sénégal et la banlieue de Dakar s’accroît sans cesse. Mais quand il pleut,
comme cette année, les quartiers sont complètement inondés, et les
constructions faites sur les voies d’évacuation des eaux empêchent les eaux de
s’écouler.
De plus, ces maisons ne sont pas
solides, car les gens n’ont pas les moyens de construire. Quand ce ne sont pas
des baraques faites de tôles et de bouts de bois, dans les parpaings il y a
plus de sable que de ciment ! Il y a eu une trentaine de morts, surtout
des enfants et des bébés, soit par noyade, soit dans des maisons écroulées.
Beaucoup de nourriture et de machines et appareils sont perdus, beaucoup
d’habits et de matériel ont été emportés. Le Plan ORSEC a été déclaré et il y a
une très grande solidarité pour accueillir les sinistrés, les soutenir
psychologiquement, et leur donner de la nourriture, des habits et des
médicaments. Des collectes ont été organisées dans les quartiers et à la
télévision (téléthon). Les jeunes de la Croix Rouge aident les agents de santé
pour lutter contre le paludisme et éviter le choléra. Les associations et
Mouvements aident les pompiers à évacuer
l’eau, enlever les ordures, nettoyer les maisons et ouvrir des voies
d’évacuation de l’eau. Dans notre communauté, comme dans les autres, nous avons
fait une collecte. Les responsables des différentes religions ont appelé à
l’engagement. Il y a une grande mobilisation dans tout le pays.
Le
Sénat
devait être renouvelé. Le coût de son fonctionnement était évalué à 7 milliards
de francs CFA (10 millions d’Euros) et, comme je l’ai déjà expliqué, ce Sénat
était très contesté. Le Président en a profité pour le faire supprimer par
l’Assemblée et les 7 milliards vont être consacrés au soutien des victimes des
inondations. Dans la foulée, le Président va aussi supprimer le poste de vice-président
qui avait été la cause d’une grosse révolte populaire contre l’ancien
président, le 23 juin 2011 (origine du Mouvement M 23). Mais tout cela sont des
mesures provisoires. La gravité de la situation va obliger de réfléchir au
problème dans toutes ses dimensions. Ne plus construire sur les zones
inondables, évacuer les anciennes, et construire des logements sociaux dans des
endroits sûrs et donc plus éloignés du centre. Cela va coûter très cher et il
faudra ruser de diplomatie, voir les problèmes, respecter les gens et les faire
participer aux décisions. Il va falloir revoir tous les plans
d’urbanisme ; ne plus laisser construire sur les voies d’eaux et avoir des
constructions plus solides. Il faudra toute une éducation de la population pour
cela, et aussi que les familles arrêtent de boucher les canaux d’évacuation en
y jetant leurs ordures. Mais pour ça, il est nécessaire que les ordures soient
ramassées régulièrement. Il y a donc beaucoup à faire, à tous les niveaux. Nous
allons y réfléchir à notre prochaine réunion de Communauté. Mais nous tenons à
faire participer aussi les prisonniers à cette réflexion et éducation.
Au partage
d’Evangile, nous réfléchissons sur trois points (Jean 8, 60-69) : la
foi vécue, la prière d’écoute (méditation) et d’actions de grâces, et le
courage. (Voir le compte-rendu).
Après la réunion, je rencontre
spécialement une jeune femme, pour l’écouter
et lui remonter le moral. Elle est complètement découragée. Elle prétend
avoir été accusée injustement, par jalousie ; elle n’a pas d’avocat et
cela fait plus d’une année qu’elle attend d’être jugée. Elle s’est refermée sur
elle et ne parle plus à personne. J’essaie au moins de l’écouter, puisqu’en
privé elle accepte de s’exprimer. Mais il me faudra la revoir, car les choses
ne pourront avancer que peu à peu.
Samedi 25 Août :
Aujourd’hui, je ne vais pas à la prison
des hommes, car je suis invité à une rencontre de réflexion sur les abus sexuels, en particulier sur
les enfants. Nous avons invité deux avocats, un psychologue, un médecin et un
policier, pour avoir une vision aussi complète que possible du problème. Nous
cherchons à voir les causes profondes et à trouver quelles actions il est
possible de mener par rapport à l’éducation des garçons et des filles, les
idées traditionnelles sur l’homme et la femme, le « culte » du secret
dans les familles, mais aussi le problème de l’alcoolisme et de la drogue, le
manque de véritable éducation sexuelle à l’école –et surtout dans la famille-,
l’influence des médias et des films pornographiques, etc…. Et aussi le suivi
des abuseurs sexuels dans la société et à la prison. Ces réflexions entraînent des réactions intéressantes et de
nombreuses propositions de la part des participants. Je vais faire venir les
différents intervenants à la radio, pour partager tout cela avec davantage de
personnes
Samedi 1er Septembre :
A la prison des hommes. Nous sommes très heureux de nous revoir. En
effet, à cause de la pluie et de mes diverses activités (voir plus haut), cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas
revus. Nous avons donc beaucoup de choses à nous dire et à partager.
Nous nous réjouissons pour ceux qui ont
été graciés à l’occasion de la fête de la Korité (fin du Ramadan). Mais ils
sont vraiment très peu nombreux, et nous en sommes déçus.
Comme chaque samedi, nous partageons la
Parole de Dieu (voir mon compte rendu).
Cela nous permet de réfléchir profondément sur nos coutumes et la religion traditionnelle pour voir comment les vivre
en chrétiens, dans la foi, mais en gardant tout le positif et les valeurs. Ce
n’est pas évident. Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons voir un peu plus clair
dans ce domaine.
Aujourd’hui, un de nos étudiants est
venu nous rejoindre. C’est important qu’ils ne se laissent pas enfermer dans
leurs études, et qu’ils apprennent à voir –et à comprendre- la vie, les efforts
et les difficultés des gens, y compris les prisonniers. Nous accueillons un
prisonnier congolais, malade, qui vient de sortir de l’hôpital. Il n’est pas
vraiment guéri ; nous allons tout faire pour le suivre et le soutenir.
Mais surtout, nous passons un long temps
sur la situation en Gambie, où 9
condamnés à mort ont été exécutés…. Et d’autres sont dans l’attente
angoissante. D’autant plus qu’ils n’ont pas bénéficié d’un jugement équitable
et que les droits de la défense n’ont pas été respectés. Bien sûr, cela touche
profondément les prisonniers et nous les écoutons longuement sur cette
question.
Nous ne manquons pas non plus de
partager avec eux les souffrances des gens suite aux inondations, et tous les
efforts que nous fournissons pour les aider.
D’ailleurs, le soir, je me retrouve avec
plusieurs responsables pour faire le point des actions menées.
Mercredi 5 Septembre :
je vais visiter plusieurs familles en difficultés que nous
suivons et essayons de soutenir.
Je passe également à l’Ambassade du Brésilpour essayer de régler le cas
d’un prisonnier équatorien qui
traîne ici depuis 4 ans. Nous voudrions que soit réglé son problème : cela
fait 21 fois qu’il passe en appel, sans jamais être jugé. Son affaire n’est pas
claire, il a été victime d’un coup monté (fausse accusation de trafic de
drogue : on lui a tout mis sur le dos, alors qu’il se rendait à une
conférence). Un des 3 co-détenus est
décédé en prison. Il faut refaire tout le dossier et les témoins se sont
enfuis ! Nous voudrions soit le faire libérer, soit le faire rapatrier en
Equateur, mais il n’y a pas d’ambassade de l’Equateur au Sénégal. Nous voulons
passer par l’intermédiaire du Brésil : l’ambassadeur n’est pas là. Je
laisse un mot pour demander un rendez-vous. Puis je passe à l’ambassade du
Congo pour le cas d’un autre prisonnier.
Jeudi 6 Septembre :
Suite à notre entretien avec le Ministre de la Justice le mois dernier,
elle nous demande de rencontrer un de ses techniciens pour finaliser notre
première rencontre et voir ce qu’il est possible de faire concrètementpour les prisonniers.Nous abordons les
problèmes l’un après l’autre. En particulier, la formation professionnelle des
prisonniers en prison pour préparer leur sortie et leur permettre de faire
vivre leur famille à leur sortie. Puis la relance de petits ateliers et d’un
grand jardin. Et aussi la nécessité de
construire de nouvelles prisons pour des meilleures conditions de vie. Et déjà,
comment améliorer ces conditions de vie dans les circonstances actuelles. Nous
abordons aussi le problème de la santé : non seulement pour soigner les
détenus (SIDA, tuberculose, autres maladies) mais aussi pour la prévention,
l’éducation sanitaire et l’hygiène. Pour cela, nous allons commencer par réunir
toutes les associations qui travaillent dans les prisons.
Vendredi 7 Septembre :
Nous devions avoir notre réunion de
communauté, mais le quartier est complètement inondé et les gens sont bloqués.
Le matin, à la prison des femmes, nous avons célébré l’Eucharistie et partagé la
Parole de Dieu, avant de parler de la vie à la prison.
Samedi 8 Septembre :
A
la prison, un
nouveau groupe vient d’arriver. Bien sûr, chacun doit passer à la fouille, un
par un, et nous devons attendre que tout soit fini pour commencer notre
rencontre. Après le partage d’Evangile, nous parlons des inondations qui les touchent eux aussi. Nous leur expliquons tout
ce qui se fait dans les quartiers et villages en ce moment. Et nous leur
expliquons aussi ce qu’il faudra faire à l’avenir pour attaquer le problème à
la base (autre type de construction, respect des voies d’évacuation des eaux,
enlèvement des ordures, etc…), comme je l’ai déjà expliqué la dernière fois. Il
y a aussi toute la question de la sécurité. Les personnes sinistrées ont été
accueillies et prises en charge, avec un gros effort de solidarité, dans les
écoles. Mais certains ne veulent pas laisser leurs maisons inondées, car la
nuit certains viennent voler les meubles et même les portes, les fenêtres des
maisons, ou les tôles du toit. De plus , la rentrée des classes arrive :
on ne sait pas où loger toutes ces familles obligées de quitter leurs maisons.
Beaucoup de prisonniers sont malades. A
l’infirmerie, on leur fait une ordonnance, mais c’est la famille (ou les amis)
qui doit acheter les médicaments. Or, beaucoup de familles sont pauvres ;
et beaucoup de prisonniers sont étrangers ou ne reçoivent pas de visites. De
même pour ceux qui doivent se faire opérer, il faut prendre en charge les frais
de l’opération. Nous essayons de collecter l’argent pour cela autour de nous.
Nous abordons ensuite les problèmes de
justice. Et en effet, il y en a énormément. J’en ai souvent déjà parlé : les avocats demandent
vraiment très cher, la plupart des gens ne peuvent pas payer. De juges
reportent les jugements en appel jusqu’à 20 fois de suite pour la même personne,
sans raison valable et sans explication ; les ambassades ne font
absolument rien pour leurs ressortissants. Bien sûr, presque tous les détenus
se disent innocents, mais il est évident qu’un certain nombre est accusé à
tort, par intérêt, jalousie, méchanceté ou intérêt, et que leur cas n’est pas
étudié sérieusement. Surtout les étrangers : ne parlant pas la langue
locale, le ouolof, c’est facile de tout leur mettre sur le dos. Aujourd’hui,
nous travaillons avec la responsable de l’ACAT Sénégal (Action des Chrétiens Contre la Torture). Si
au moment des arrestations et dans les commissariats les coups pleuvent, en
prison les détenus sont rarement frappés, et il n’y a pas trop de brimades ou
de tortures psychologiques. Le gros problème, ce sont plutôt les conditions de
vie difficiles et même inhumaines.
Lundi 10 Septembre :
Je vais exceptionnellement à la prison pour régler quelques
problèmes urgents concernant les prisonniers : maladies, jugements et
libérations imprévues, et autres difficultés. Mais surtout nous nous retrouvons
les trois équipes qui tiennent des séances d’écoute (rencontres personnelles
avec les prisonniers) les lundi, mercredi et jeudi. C’est important pour nous
de faire régulièrement le point de ces rencontres. Nous examinons les problèmes
rencontrés et cherchons ensemble les meilleures solutions dans la
confidentialité et le respect des personnes, bien sûr. Nous nous sentons
souvent démunis et tout petits devant les obstacles rencontrés. Mais même si
nous n’avons rien à apporter, ni de solutions aux problèmes des détenus, les
accueillir, les écouter et partager leurs souffrances est déjà très important
pour eux, mais aussi pour nous. Spécialement pour ceux qui viennent de loin et
ne reçoivent aucune visite.
Mercredi 12 Septembre :
Je retourne à la prison pour l’écoute. Nous réglons le problème d’un jeune
détenu. Il est tailleur. Nous lui trouvons une place à l’atelier de la prison
où il pourra voir une activité et même se former davantage dans son métier.
J’ai apporté des médicaments pour quatre
prisonniers, puisqu’il n’y a rien à l’infirmerie.
Un autre problème : dans plusieurs
chambrées, ils sont plus de 100, et les cabinets sont à l’intérieur de la
chambre. En cette période d’hivernage, il fait très chaud et il n’y a pas
d’air. De plus, il n’y a pas assez de place pour se coucher ; ils sont les
uns sur les autres, et si quelqu’un se lève la nuit, à son retour il doit se
battre pour se refaire une place. Tout cela entraîne tensions et bagarres qu’il
n’est pas facile de régler.
Et il y a tous ceux qui n’ont pas
d’argent et dont la famille se retrouve abandonnée et sans moyens. Ce sont les
mères et les enfants qui en supportent toutes les conséquences. Vraiment, la
prison n’est pas une solution.
Pendant le même temps, l’équipe de
ré-insertion reçoit ceux qui vont être libérés le mois prochain, pour préparer
leur sortie. L’un d’eux vient
d’apprendre qu’il est condamné à 3 ans supplémentaires, sans même avoir été
convoqué. En fait, cela fait 3 ans qu’il attendait sa libération, mais on lui a
dit que ces 3 ans ne comptent pas, sans aucune explication. Evidemment, il est
complètement découragé.
Vendredi 14 Septembre :
A la prison des femmes, nous parlons des condamnés à mort qui ont été
exécutés en Gambie. Nous ne nous limitons pas à une discussion sur la peine de
mort, mais nous réfléchissons à ce qu’est la démocratie. En effet, le président
de Gambie est arrivé au pouvoir par un coup d’état, il se maintient au pouvoir
par la terreur et il tue les gens comme sacrifices pour garder son pouvoir. Cela
nous amène à parler du pardon et de la réconciliation. De l’importance de
l’éducation contre la violence et la drogue. C’est la responsabilité de tous,
en particulier des parents. Et ces femmes en prison sont aussi des mères de
familles. Nous abordons aussi la question de la drogue qui est souvent une
cause de la délinquance. Je suis très content, car les femmes parlent de plus
en plus librement et ça n’a pas été facile car traditionnellement les femmes ne
parlent pas beaucoup en public. Et les femmes qui sont en prison sont souvent
d’un milieu très populaire ; beaucoup ne parlent même pas le ouolof, la
langue véhiculaire, mais seulement la langue de leur ethnie. Maintenant, elles
ont pris confiance et s’expriment beaucoup plus facilement : et elles
s’entr’aident, certaines traduisent pour
celles qui ont de la peine à s’exprimer en ouolof.
Samedi 15 Septembre :
Aujourd’hui, je suis à la prison des hommes. Avant le partage
d’Evangile (voir le compte-rendu),
ils me donnent d’abord les nouvelles de la prison (malades, jugements….).
Ensuite, nous parlons du film
américain : « L’innocence des
musulmans » qui suscite beaucoup de réactions, puisque le pays est à
90 % musulman. Nous sommes tous d’accord pour dire que ce n’est pas normal
d’insulter une autre religion, ni de manquer de respect à son fondateur.
Surtout quand on sait la grande tension qu’il y a dans le monde avec les
intégristes, même à côté de nous, par exemple au Mali ou au Nigeria. Il ne faut
surtout pas jeter de l’huile sur le feu. Mais d’un autre côté, ce n’est pas
normal d’attaquer des ambassades et de tuer des gens. Le problème c’est que
dans l’Islam il n’y a pas de distinction entre la religion et l’Etat. Car ceux
qu’on a tués n’y étaient pour rien. Et les foules musulmanes n’ont pas su se
maîtriser, face à la provocation. Mais il faut dire qu’au Sénégal, les choses
se sont passées dans le calme. Le Président de la République a réagi, de même
que les responsables religieux, mais sans violence. Une ONG musulmane (JAMRA) a
voulu apporter une lettre à l’ambassade des Etats-Unis à Dakar, pour dire leur
désapprobation, mais aussi pour présenter leurs condoléances aux familles des
tués. Malheureusement, ils ont été refoulés. Ils sont repartis sans faire
d’histoires, mais très déçus. Vraiment, je regrette beaucoup cela. La
conclusion, pour la prison, c’est que nous allons continuer à intensifier nos
bonnes relations et notre compréhension mutuelle entre chrétiens et musulmans.
Les dernières déclarations du Pape au Liban vont nous aider pour cela.
Mercredi 19 Septembre :
Je passe d’abord au Centre des enfants
de la rue, puis je pars à la prison
pour l’écoute des prisonniers. Les problèmes ne manquent pas. L’un d’eux ne
voit plus : j’ai tout un stock de lunettes, il en trouve une paire qui lui
convient. Pendant ce temps-là, la commission de réinsertion reçoit les détenus
qui vont être libérés, en Octobre et Novembre, pour préparer leur retour en
famille et dans la société. De mon côté, je vois comment soutenir la famille
d’un prisonnier et trouver du travail pour sa femme. Il n’est malheureusement
pas le seul dans ce cas. Les détenus souffrent beaucoup, mais leurs familles
encore plus, car le père de famille n’est plus là pour les nourrir, payer
l’école des enfants, etc… Beaucoup de détenus ne reçoivent aucune visite :
c’est très dur pour eux. Nous essayons de leur remonter le moral autant que
possible. Nous prenons le temps aussi d’accueillir les nouveaux venus, pour les
aider à s’insérer le mieux possible et leur trouver les activités qui peuvent
leur convenir, chacun selon ses possibilités. Nous rencontrons beaucoup
d’injustices et d’exploitation, spécialement pour les étrangers, auxquels on
fait porter le chapeau d’autant plus qu’ils ne connaissent pas la langue
locale : le ouolof. Ce matin je reçois deux membres d’OLNG qui ont été
condamnés pour détournements d’argent et pour blanchiment d’argent, alors que
les responsables locaux se sont enfuis ou s’en sont sortis indemnes, et
qu’eux-mêmes n’y étaient pour rien.
Ensuite, je reçois un prisonnier qui a
été opéré et qui a besoin de suivi, mais il n’y a pas de contrat avec l’hôpital
pour le prendre en charge. Nous contactons les autorités pour voir que faire.
La santé est un très grand problème. Aucun médecin ne vient jamais à la prison.
Il y a seulement un infirmier qui rédige des ordonnances, mais n’a pas de
médicaments. Ce sont les familles doivent les acheter. La plupart du temps, ces
ordonnances prescrivent des vitamines, car les prisonniers sont mal nourris et
anémiés, et évidemment ce n’est pas la solution. Si les prisonniers sont loin
de chez eux, ils sont abandonnés. De même, s’ils doivent être opérés, il faut
payer le kit. Nous avons mis en place une caisse de secours pour aider les cas
les plus graves.
La plupart des prisonniers n’ont pas les
moyens des se payer un avocat. Et s’ils en ont un, ils se font exploiter :
aujourd’hui, l’un d’entre eux va être transporté à St Louis, dans le nord, pour
y être jugé, l’avocat lui demande un million de CFA !
Je récupère plusieurs numéros de
téléphone pour prévenir les familles et leur donner des nouvelles. C’est la
même chose chaque vendredi
Après ces rencontres personnelles, nous
mettons en place l’alphabétisation : en français, ouolof, anglais et
espagnol. Et nous préparons la séance d’animation culturelle de jeudi.
A mon retour à la Communauté, je reçois
un coup de fil de l’ambassade du Burkina Faso. Je leur avais signalé le cas de
l’un de leurs concitoyens. Ils sont allés le visiter et vont chercher à régler
son cas. En plus, ils demandent à me rencontrer pour établir une collaboration
suivie. Cela me fait très plaisir, d’autant plus que la plupart des ambassades
se désintéressent complètement de leurs ressortissants en disant que ce sont
des délinquants et de toutes façons ils n’ont pas de papier en règle !
Vendredi 21 Septembre :
Le matin, je vais à la prison des femmes. Nous faisons un
partage d’Evangile (Marc 9. 30-37. Voir
mon compte-rendu). Les détenues, comme les animatrices, apprécient la
richesse de ce texte et participent activement à l’échange. Les choses avancent
peu à peu.
Mercredi 26 Septembre :
Je conduis les étudiants au Centre des Enfants
de la rue, et je continue à la prison
pour rencontrer personnellement les détenus. Ce sont malheureusement toujours
les mêmes problèmes dont je vous ai souvent parlé : problèmes de
jugements, de santé, de nourriture, d’abandon de la famille, découragement et
dépressions, de vie commune, etc… Nous faisons ce que nous pouvons avec nos
petits moyens. Au retour, nous passons saluer les Frères de Taizé et nous
prions avec eux.
Samedi 29 Septembre :
Aujourd’hui à la prison nous nous réjouissons de la libération de plusieurs
détenus, dont deux de notre groupe. Nous avions préparé leur réinsertion. Nous
nous sommes rencontrés à nouveau après leur sortie. L’un d’entre eux était
professeur d’anglais ; je lui établis des lettres de recommandation pour
qu’il puisse retrouver un emploi.
Puis nous nous donnons les autres
nouvelles : les malades, en particulier ceux qui sont en cellule à
l’hôpital. Puis le problème du pain, car le boulanger n’était plus payé depuis
quelque temps… il n’y a donc plus de pain pour le petit déjeuner.
Nous voyons aussi comment soutenir les
familles des détenus, qui sont abandonnées puisque les chefs de famille sont en
prison. Nous essayons de trouver du travail ou au moins des activités, selon
leurs possibilités, pour gagner le minimum afin de faire vivre leurs familles.
Plusieurs, surtout les étrangers, me
donnent les numéros de téléphone de leurs parents ou amis pour que l’on tente
de les contacter et qu’ils puissent envoyer de l’argent.
Ensuite, nous partageons la Parole de
Dieu, comme d’habitude (voir les
comptes-rendus). Nous réfléchissons spécialement à l’ouverture à tous,
quelles que soient leur langue et leur religion, à partir de cette parole du
Christ : « Qui n’est pas contre nous est pour nous ». A
l’importance de ne pas faire tomber les autres : non seulement changer
notre vie, mais aider aussi les autres à changer. Et enfin, au partage et au
soutien mutuel : « Celui qui donne même un verre d’eau à son frère ne
perdra pas sa récompense ».
Nous avons aussi des problèmes d’organisation,
mais faute de temps pour réfléchir à cette question nous la reportons à la
semaine suivante. Pour l’instant, il nous faut recevoir ceux –ils sont
nombreux- qui ont des problèmes de vision et leur faire essayer des lunettes.
Une des animatrices est revenue de
vacances. Elle partage avec tous ce qu’elle a vécu avec sa famille. Nous
parlons aussi de la vie du pays : les souffrances causées par les
inondations, le 10ème anniversaire du naufrage du bateau « Le
Joola » dans lequel ont péri plus de 1.800 personnes. Et le 3ème
anniversaire de la tuerie et des viols à Conakry dans le stade du 28 Septembre (Voir mon site « Nouvelles » de
fin septembre 2009).
Mercredi 3 Octobre :
Ecoute
à la prison. Je
rencontre plusieurs personnes malades et qui ont besoin d’opérations, de soins
et de médicaments. Nos rencontres d’écoute deviennent des rencontres de santé,
car il y a de gros manques au niveau de l’infirmerie. C’est donc une priorité.
Mais cela ne m’empêche pas de rencontrer aussi des personnes qui ont des
problèmes psychologiques (ils sont nombreux) et de solitude ; ils ont
besoin de parler. Il y a aussi tous les jugements en appel, les demandes de
grâces…. Nous avons beaucoup de difficultés à ce sujet, ainsi qu’avec les
avocats. D’abord, ils demandent de fortes sommes : 1.000.000 Fr CFA
(environ 1.500 €) dont 500.000 d’avance. Et quand ils ont reçu cette avance,
ils disparaissent. L’une de nos actions est de trouver les contacts de ces
avocats et de les suivre pour qu’ils fassent leur travail, en utilisant notre
réputation et notre pouvoir pour cela.
Pendant ce temps, la commission
réinsertion rencontre les personnes libérables les deux mois suivants pour
préparer leur retour en famille et dans la société, avec les différents
problèmes qui se posent. Nous voudrions aussi faire libérer un prisonnier qui
est devenu aveugle en prison.
Je rencontre une dame qui travaille à la
prison de Thiès (ville à 70 km de Dakar) et qui est venue visiter un prisonnier
transféré. Nous nous asseyons tous ensemble pour voir comment améliorer notre
travail. Elle nous demande notre soutien, ce que nous acceptons bien
volontiers.
Ensuite, je passe au Centre des Enfants de la rue du
quartier. J’y ai invité le responsable des jeunes de notre quartier pour qu’il
voit ce que nous faisons, et qu’avec ses camarades ils réfléchissent à ce
qu’ils peuvent faire eux-mêmes pour soutenir notre action et rencontrer les
enfants.
Vendredi 5 Octobre :
Après la prière et la messe, je pars
aussitôt dans une grande Société de la place pour demander son soutien en
faveur des ateliers de formation artisanale dans les prisons, afin de faciliter
la sortie des détenus et leur permettre d’avoir de quoi faire vivre leur
famille. Je suis très bien accueilli par le directeur. Je lui donne un certain
nombre d’explications et lui laisse les documents nécessaires. On verra la
suite !
Samedi 6 Octobre :
Les prisonniers m’attendent et je suis
très heureux de les revoir. Aujourd’hui, j’amène trois étudiants avec
moi : celui qui y travaillait l’année dernière, pour les saluer, et deux
nouveaux, pour leur présenter la maison et pour une première initiation. Je
suis heureux aussi d’être accompagné de l’un des animateurs de l’Association
des Enfants de la rue avec laquelle je travaille. Car je pense très important
qu’il y ait un suivi et une coordination entre nos différentes activités.
Deux de nos animatrices, mères de
famille, qui ont été absentes pendant les vacances, sont là aujourd’hui. Tous
sont très heureux de nous retrouver et de les revoir. En effet, c’est une
prison d’hommes et la présence active de femmes est essentielle pour leur
équilibre. Je suis dans l’admiration de ces animatrices, car ce n’est facile
pour elles de se situer, et elles sont parfois soumises à de nombreuses
provocations de toutes sortes.
Dans la communauté chrétienne, il y a
des tensions en ce moment. C’est obligé. Ce qui est bon, c’est qu’ils posent
ouvertement le problème. D’abord, certains s’opposent au responsable qui a
pourtant été choisi par tous, dans l’entente. Cela l’a découragé et il a refusé
de diriger la prière, ce qui a amené une grosse tension. Et comme très souvent,
les réactions ont été très agressives. Bien sûr, nous n’abordons pas le
programme prévu, pour laisser le temps à chacun de s’exprimer et de donner son
avis, afin d’arriver à une vraie réconciliation et à nous réveiller pour
ré-organiser la communauté. C’est la vie, il y a des hauts et des bas !
Après un temps de réconciliation, de prière et de chants, nous passons au
partage d’Evangile. (à suivre).
Chers amis,
Voici un bon moment que je me
promettais de vous écrire, mais j’ai été vraiment très occupé, d’autant plus
que j’ai changé de paroisse et en me retrouvant dans la grande banlieue de
Dakar, il y a eu beaucoup de choses à mettre en place. Encore une fois merci
pour le grand container que vous nous avez envoyé l’année dernière. Comme vous
le savez, nous avons eu beaucoup de difficultés pour le sortir du port, mais
finalement, grâce en particulier à l’équipe d’animation de la prison et au
soutien de la Ministre de la Justice, devenue depuis Premier Ministre, les choses
ont pu se débloquer. A l’avenir, nous savons maintenant comment faire pour
éviter de telles difficultés et de tels problèmes.
Au niveau de la prison elle-même, il
y a eu un changement de directeur et beaucoup de tensions dans les prisons
elles-mêmes. Ce qui fait qu’il a fallu être très patient. Il est vrai que la
nouvelle direction a voulu améliorer les choses pour faire fonctionner les
ateliers dans de bonnes conditions. La cour a été pavée, les salles pour les
différents ateliers aménagées, l’électricité a été installée pour le matériel
informatique, l’infirmerie et le service dentaire. Si bien que les ateliers ont
maintenant commencé à fonctionner : menuiserie, serrurerie, électricité,
petite mécanique, couture, taillerie, peinture etc. Mais il nous a fallu bien
préciser les choses, pour que ces ateliers soient vraiment des ateliers de
formation des détenus et non pas des ateliers de production pour la prison.
D’abord parce que les bénéfices des ateliers de production servent beaucoup
plus au fonctionnement de la prison qu’aux détenus eux-mêmes, et surtout, parce
que notre souci c’est la réinsertion des détenus à leur sortie. Nous ne
cherchons donc pas en priorité des revenus, même s’il faut que ces ateliers
tournent et qu’on leur fournisse le matériel nécessaire pour cela. Mais plutôt
d’enseigner un métier aux détenus volontaires pour qu’ils trouvent plus
facilement un travail à leur sortie. Je rappelle que ce sont ces détenus,
connaissant ces différents corps de métiers, qui ont accepté de former volontairement
et bénévolement, leurs co-détenus. Ce qui est très important pour nous.
Pour le cabinet dentaire, le
fauteuil est installé avec tout le nécessaire. Nous sommes entrain de chercher
l’outillage (daviers, etc.). Si vous pouvez nous procurer du matériel dentaire
ancien, cela nous aiderait beaucoup. De même, un ophtalmographe que je vous ai
déjà demandé, pour l’examen des yeux. A cause des mauvaises conditions de
détention, beaucoup de détenus ont des problèmes de vision. Nous avons déjà des
ophtalmologues et des dentistes prêts à venir bénévolement faire des
consultations et des soins à la prison.
Personnellement, ayant déménagé, je
n’interviens plus directement au camp pénal des hommes, mais chez les femmes
internées dans la ville de Rufisque. A ce niveau là, le matériel de couture que
vous nous avez envoyé nous est spécialement utile. Nous assurons également avec
elle des cours d’alphabétisation en français et en ouolof.
Pour les trois dispensaires que nous
avons aidés également à la réception du container l’an passé, celui de Derklé a
changé de direction mais il continue a bien fonctionner, étant tenu par des
sœurs de Saint Joseph de Cluny. Bien sûr, les produits ont été consommés depuis
longtemps, de même que le lait et la panure. Mais le petit matériel médical est
toujours utilisé et apprécié.
Au même endroit se trouve un centre
de formation de jeunes filles dans lequel j’interviens régulièrement. Là aussi
le matériel de mercerie a été bien utile.
Les vélos sont utilisés en parti par
des catéchistes du secteur rural en différents endroits, et les autres en
ville, par des étudiants qui ont un long chemin à faire pour aller suivre leurs
cours. Je vous remercie donc pour tout cela.
Voici quelques nouvelles que je
voulais vous donner. Vous recevez des nouvelles plus détaillés mais plus
générales par mail. Soyez sûrs que nous vous sommes très reconnaissants pour
tout ce que vous faites pour nous ici à Dakar, et également à Kédougou avec le
Père Stéphane. Vous nous apportez un soutien très important pour notre travail
social et humanitaire, et également en Guinée, que ce soit à Conakry ou à
Mongo. Nous vous remercions de tout de tout cœur. Nous vous souhaitons bon
courage dans vos activités.
Avec toute mon amitié.
Père
Armel
Au
point de vue financier, pour les 2.000 Euros reçus de vos, soit 1.300.000 FR CFA :
En
décembre, je vous avais signalé 1.069.050 Fr CFA de dépenses.
Depuis
nous avons effectué les dépenses suivantes :
-Livres
et documents pour la formation, photocopies… 152.000
-Achât
de matériel : tissu, cuir, cornes, bois, fer….. 350.200
-Achât
d’outils pour menuiserie, soudure, électricité, mécanique… 642.500
-Installation
de la salle d’informatique (prises…) 150.000
-Carrelage
de la salle d’informatique 180.000
Total : 1.474.700
Pour
le paiement, nous avons utilisé les 230.950 Fr qui restaient de votre envoi, le
reste a été financé par nous-mêmes, grâce aux fonds récoltés pendant le Carême
et les 3 séances culturelles que nous avons organisées.
Merci
encore pour votre aide.
Le journal LE P0PULAIRE en page 6 du n° 4190 du mardi 12 novembre 2013, revient sur la question de l'avortement médicalisé au Sénégal, à propos de la conférence de presse qui s'est tenue la veille à ce sujet. On y retrouve un certain nombre d'affirmations graves et contradictoires, qui peuvent avoir des conséquences désastreuses sur le sens moral de la population.
Il
faut quand même être clair et reconnaître que le foetus est bien vivant
dans le ventre de sa mère. L'avortement c'est donc supprimer une vie
humaine qui est déjà commencée. C'est donc une choses très grave, en
opposition directe avec le commandement de Dieu: "Tu ne tueras pas".
L'article
commence en s'inquiétant de "l'augmentation du nombre de femmes
incarcérées pour cause d'avortement". Et qu'est-ce qu'il propose comme
solution: l'accès à l'avortement médicalisé! C'est à dire d'augmenter
encore le nombre des avortements! Est-ce que la solution, ce ne serait
pas plutôt d'arrêter de mettre ces femmes en prison? Car ce n'est jamais
de gaieté de coeur qu'une femme avorte. C'est parce qu'elle est
désemparée, abandonnée et rejetée par sa famille et par la société. La
solution c'est donc de l'aider à vivre sa grossesse le mieux possible,
afin de pouvoir accueillir cet enfant qui vient, mais certainement pas
de le tuer avant sa naissance!
Le
prophète est clair:" Dieu est contre le péché, mais il n'est pas contre
le pécheur". Dieu est contre l'avortement, mais il ne condamne pas la
femme qui a avorté. Il ne veut qu'une chose, c'est lui pardonner, pour
qu'elle retrouve la paix. Et à nous, Il nous demande de tout faire pour
l'aider à garder cet enfant. Mais certainement pas à nous en
débarrasser, en le supprimant.
Cette
proposition de l'avortement médicalisé donne l'impression que
l'avortement serait un acte banal, comme s'il n'avait pas des
conséquences psychologiques graves. Une femme qui a avorté ne peut
jamais oublier ce qu'elle a fait. C'est pourquoi, elle a besoin de tout
notre soutien et de toute notre compréhension, et non pas de
condamnation
Comment oser parler d'avortement médicalisé? La médecine est faite pour soigner et sauver les vies, pas pour tuer. L'avortement ne pourra jamais être un acte médical. C'est complètement contradictoire. C'est tuer la médecine.
"L'article continue: "La Task Force a fait un plaidoyer, en vue de changer la loi sur la santé de la reproduction, pour permettre l'accès à l'avortement médicalisé". Comment
la loi sur la santé de reproduction pourrait-elle autoriser
l'avortement médicalisé? Il ne s'agit plus de sante, mais de mort. Il ne
s'agit plus de reproduction, mais justement de supprimer la
reproduction. Nous sommes en train de perdre complètement le sens de la
loi.
On parle ensuite de "droit à l'avortement, pour qu'aucun enfant ne meurre étouffé à la naissance".
On n'a jamais le droit de supprimer volontairement une vie humaine.
C'est supprimer la base de toute société humaine. C'est tuer la société
elle-même.
L'avortement,
médicalisé ou non, est un grand malheur et il faut tout faire pour
l'éviter, pour soutenir la femme enceinte et lui permettre de mener à
bien sa grossesse. C'est cela qui permettra "qu'aucun enfant ne meurre
étouffé à la naissance". Mais pas l'avortement . On voudrait "qu'il ne meurre pas étouffé à la naissance", alors on le tue à l'avance. Drôle de solution!
On
parle de "droit de la femme à l'avortement". Mais est-ce que le foetus
n'a pas le droit à la vie? C'est lui qui est le plus faible, c'est lui
qui doit être défendu en premier.
Comment oser dire:" l'avortement médicalisé est une question de respect de la vie humaine". Est-ce respecter la vie humaine, que la supprimer? Drôle de respect!
On
se plaint que la société sénégalaise est en train de perdre tout sens
moral. Mais n'est-ce pas tuer la Morale que de demander de supprimer la
vie, sous prétexte de la respecter. Et de faire de l'avortement un
droit. Une telle position ne peut conduire qu'à la mort de notre
société, après avoir causé légalement la mort de nombreux foetus.
Cette Task Force fait bien de "nous conscientiser sur un
problème sui est une rélité (les avortements et les infanticides). Le
problème est très grave.Il demande une mobilisation de tous. Mais nous
ne pouvons pas accepter la solution qu'elle propose, qui est encore pire
que le mal dénoncé. On ne défend pas la vie en la supprimant!
1)Activités
à mener
- Continuer la mise en place des ateliers : chercher des détenus
volontaires pour former les autres. Trouver de l'aide à la commercialisation des produits fabriqués par les détenus et les ateliers : Par exemple à la sortie des messes le dimanche, en
tournant, chacun dans sa paroisse, en l’annonçant le dimanche précédent. Le
directeur du Camp Pénal est prêt à nous fournir un stock à vendre
progressivement selon nos possibilités (avec inventaire). A organiser avec
Joseph Angrand : jjwillangrand@yahoo.fr
; tel 77 652 15 48 et MARIE
Philomène djimis 70 305 97 81
- La vente des nems, beignets,
crêpes ou cakes etc après la messe de Dimanche, en tournant dans les paroisses (à
chacun de voir cela dans sa paroisse (
77 636
91 60
|
-Organiser un khawaré (fête pour récolter des fonds)
avec les jeunes pendant les vacances
- Maintenir le rythme des activités durant les vacances, malgré les absences et départs en congés. Se tenir au courant et faire un calendrier pour qu’il y ait toujours quelqu’un : les prisonniers comptent sur nos visites (le Père Thibault est d’accord pour dire la messe dans les 2 prisons)
- plaider pour s détenus qui demandent
plus d'aération dans les cellules (c’est fait : à continuer jusqu’à ce
qu’il y ait des résultats). Serait-il possible de trouver des ventilateurs ? (tous)
-Au Camp Pénal, maintenant
que la nouvelle administration est en place, reprendre les rencontres avec le personnel pénitentiaire, les chefs de chambre et
les rencontres des ONG intervenant à la prison
(HELENE DIOUMA FAYE 77 649 35 78 helenefaye1972@yahoo.fr; PHILOMENE FAYE 77 644 44 04 philofaye1@hotmail.fr)
-Chez
les femmes (Maf) : Les problèmes de nourriture et de
santé sont moins graves que chez les hommes. Des ateliers sont en place et
fonctionnent (coiffure, culture sur tabliers, couture et broderie, fabrique de
jus..) et fonctionnent. Nous assurons des rencontres de prières, partages d’Evangile,
partage sur leur vie en prison, formation et eucharisties les vendredis et
samedis.
Il faudrait reprendre les rencontres entre chrétiennes et
musulmanes (par exemple sur notre profession de foi : Je Crois en
Dieu et Fatiha, le pardon et la réconciliation…) Elisabeth
Pauline Dieng et Thérèse Badiane DIOP
77 325 11 76 viedesable1@hotmail.com. Finir de
mettre en place les séances d’écoute et organiser les sorties et les
réinsertions (Sœur Germaine Diatta 77 058 58 65 geratom.diatta@yahoo.fr); intensifier
les relations et l’entr’aide avec la prison de Rufisque ( Simon Pierre Gomis
Correa et madame)
-Continuer les visites
dans les ambassades et réactualiser
les listes des détenus (HELENE DIOUF MANDIAMY
77 552 19 65 hlnemandiamydiouf@yahoo.fr
et MARIA NATERCIA CORREIA 77 658 94 08
2) Fin d'année:
- un moment de partage sera organisé le mardi 25 Juin à 18h à Keur Cita.
Informer tous les membres de l'Aumônerie. Nous avons prévu
Partage à partir de l’Evangile : Luc 10 (participation libre de tous)
1) l'envoi en
mission (1-9): nous nous demanderons quelle est la mission que le Seigneur nous
a confiée en prison, et comment la faire pour le mieux : Prières de
demande
2) l'action de
grâces pour les petits (17-25) : chacun pourra dire ce qu’il a reçu cette
année en prison. Suivi de prières d’action de grâces
chants: Si
l'espérance t'a fait marcher plus loin que ta peur
Chercher avec toi les pas de Dieu, Vierge Marie
Tu nous appelles à t'aimer, en aimant le monde où tu
nous envoies
3) Divers:
-envoyer les lettres de remerciement pour la Mairie de Dakar et le Nonce, si cela n’a pas encore été fait (Philomène Faye)
- trouver une date pour la remise du lot de crèmes vitaminées, habits… à la prison de Rufisque
-voir la disponibilité de l'une des paroisses suivantes: St-Dominique ou Martyrs pour la choralie
et aussi une date pour un concert au mois de Novembre (
-envoyer les lettres de remerciement pour la Mairie de Dakar et le Nonce, si cela n’a pas encore été fait (Philomène Faye)
- trouver une date pour la remise du lot de crèmes vitaminées, habits… à la prison de Rufisque
-voir la disponibilité de l'une des paroisses suivantes: St-Dominique ou Martyrs pour la choralie
et aussi une date pour un concert au mois de Novembre (
MANDANG
|
Léonie
|
77 176 80 31)
|
.Nous avons prié
pour vous, et avec vous, pour tous les prisonniers
Bonnes vacances et bon travail : l'Esprit nous
accompagne!
4) Rappel :
Compte rendu de la réunion du bureau tenue le 24-05
2013
1) Nous avons décidé
ensemble comment utiliser l'argent que nous avons dans
la caisse de l'aumônerie des prisons.
Ce sera pour: l'achat du matériel et le fonctionnement
des ateliers
les médicaments
la nourriture pour les nécessiteux
le transport pour les détenus sortants et certaines
courses (ambassades…)
les fêtes comme Noel et Pâques
le fonctionnement de l'aumônerie p.e les feuilles
A10, l'encre etc.
Néanmoins il faut aller doucement et toujours laisser
une somme minimum dans la caisse (500.000 Fr).
2)Nous devons chercher des fonds et ne pouvons pas
toujours demander aux mêmes personnes de nous aider.
A été proposé: d'organiser une chôralie au mois de
Novembre
des repas, comme pour la Caritas : journée du
prisonnier
La vente des nems, beignets, crêpes ou cakes etc
après la messe de Dimanche, en tournant dans les paroisses
d'organiser un khawaré (fête pour récolter des
fonds) avec les jeunes pendant les vacances
Nous avons reçu des couverts, assiettes et verres que
nous pouvons louer, pour récupérer de l’argent pour la caisse. S’aadresser à
Philomène Faye
3)Nous avons parlé de la solidarité active pour résoudre
les problèmes des enfants et des familles des détenus qui n'ont rien, mais
c'est très difficile. Leur faire obtenir des micro crédits risque de les
entraîner dans des difficultés encore plus grandes. Et nous n’avons pas les
moyens de prendre en charge les loyers, la nourriture ou la scolarité des
enfants. Sauf pour des cas particuliers, à décider ensemble en bureau. Ce que nous faisons c’est de chercher des
places d’employées de maison pour les femmes et filles de détenus.
Nous distribuons
les dons que nous recevons, mais ne pouvons pas prendre en charge la nourriture
des prisonniers, même pas pour l’améliorer. C’est la responsabilité de l’état.
Nous consacrons ce que nous recevons au plus nécessiteux, connus dans nos
séances d’écoute et autres contacts, sans nous limiter aux chrétiens mais pour
tous sans distinction
Pour le moment, nous ne prenons pas en charge les
ordonnances médicales, puisqu’un budget est prévu pour cela ; mais nous
continuons à chercher des médicaments
4)Autres
questions : Où nous en sommes-nous quant au rendez-vous demandé au
ministre de la santé?
La lettre a bien été déposée, il faudrait le relancer(
Marie jeanne Quenum).
5) C'est difficile de travailler ensemble parce que
nous n'avons pas un coordinateur national, ni même local pour gérer cela.
6)Nous cherchons un avocat qui pourrait venir un jeudi
après-midi pour expliquer aux détenus en quoi consiste son travail, les droits
des prisonniers, les procédures, le déroulement d'un procès etc. pour
suivre l’un ou l’autre dossier. Et aussi d’autres avocats
7) Nous avons pour le cabinet dentaire un fauteuil de
soins ultra moderne mais hélas... pas d’instruments pour soigner les patients.
Madame Wilhelma Diop se renseignera pour connaitre le
matériel manquant et son prix. Même chose pour les ophtalmologistes, qui sont
prêts à travailler, mais n’ont pas de matériel disponible. Nous cherchons
toujours des médecins, généralistes et spécialistes.
En ce qui concerne le
contenu du container, il est destiné principalement au Camp Pénal. Nous
devons respecter les intentions des donateurs, à qui nous envoyons des
compte-rendus réguliers. Malgré tout, nous avons décidé de partager avec les
prisons de la Maf, de Rebeuss et de Rufisque ce que nous pouvions (nourriture,
couvertures, habits…). S’il reste d’autres besoins, nous pouvons partager avec
les autres prisons. Qu’ils nous fassent une demande par écrit. Mais d’abord nos
moyens sont très limités et tout ce que nous avons reçu dans le conteneur est
maintenant distribué. Et nous souhaiterions qu’ils participent d’abord à nos
efforts de financement (Actions de Carême, etc…) et à nos recherches de fonds
(voir plus haut n° 2). Et surtout qu’il s’établisse une véritable collaboration
entre nous (voir n°5)
Le matériel,
destiné aux dispensaires, a été réparti entre le dispensaire Saint Martin à
Rebeuss, celui de Saint Pierre et celui de Derklé.
Merci à tous ceux et celles qui ont participé aux
dernières formations
Un GRAND MERCI A TOUS ET POUR VOTRE ENGAGEMENT,
CHACUN SELON SES POSSIBILITES
Bon courage et à
bientôt. Prions les uns pour les autres, et ensemble pour tous les détenus
Compte rendu de la réunion du bureau tenue le 24-05 2013
1) Nous avons décidé
ensemble comment utiliser l'argent que nous avons dans
la caisse de l'aumônerie des prisons.
Ce sera pour: l'achat du matériel et le fonctionnement
des ateliers
les médicaments
la nourriture pour les nécessiteux
le transport pour les détenus sortants et certaines
courses (ambassades…)
les fêtes comme Noel et Pâques
le fonctionnement de l'aumônerie p.e les feuilles
A10, l'encre etc.
Néanmoins il faut asller doucement et toujours laisser
une somme minimum dans la caisse (500.000 Fr).
2)Nous devons chercher des fonds et ne pouvons pas
toujours demander aux mêmes personnes de nous aider.
A été proposé: d'organiser une chôralie au mois de
Novembre
des repas, comme pour la Caritas : journée du
prisonnier
La vente des nems, beignets, crêpes ou cakes etc
après la messe de Dimanche, en tournant dans les paroisses
d'organiser un khawaré (fête pour récolter des
fonds) avec les jeunes pendant les vacances
Nous avons reçu des couverts, assiettes et verres que
nous pouvons louer, pour récupérer de l’argent pour la caisse. S’aadresser à
Philomène Faye
3)Nous avons parlé de la solidarité active pour résoudre
les problèmes des enfants et des familles des détenus qui n'ont rien, mais
c'est très difficile. Leur faire obtenir des micro crédits risque de les
entraîner dans des difficultés encore plus grandes. Et nous n’avons pas les
moyens de prendre en charge les loyers, la nourriture ou la scolarité des
enfants. Sauf pour des cas particuliers, à décider ensemble en bureau. Ce que nous faisons c’est de chercher des
places d’employées de maison pour les femmes et filles de détenus.
Nous distribuons
les dons que nous recevons, mais ne pouvons pas prendre en charge la nourriture
des prisonniers, même pas pour l’améliorer. C’est la responsabilité de l’état.
Nous consacrons ce que nous recevons au plus nécessiteux, connus dans nos
séances d’écoute et autres contacts, sans nous limiter aux chrétiens mais pour
tous sans distinction
Pour le moment, nous ne prenons pas en charge les
ordonnances médicales, puisqu’un budget est prévu pour cela ; mais nous
continuons à chercher des médicaments
4)Autres
questions : Où nous en sommes-nous quant au rendez-vous demandé au
ministre de la santé?
5) C'est difficile de travailler ensemble parce que
nous n'avons pas un coordinateur national, ni même local pour gérer cela.
6)Nous cherchons un avocat qui pourrait venir un jeudi
après-midi pour expliquer aux détenus en quoi consiste son travail, les droits
des prisonniers, les procédures, le déroulement d'un procès etc. pour
suivre l’un ou l’autre dossier. Et aussi d’autres avocats
7) Nous avons pour le cabinet dentaire un fauteuil de
soins ultra moderne mais hélas... pas d’instruments pour soigner les patients.
Madame Wilhelma Diop se renseignera pour connaitre le
matériel manquant et son prix. Même chose pour les ophtalmologistes, qui sont
prêts à travailler, mais n’ont pas de matériel disponible. Nous cherchons
toujours des médecins, généralistes et spécialistes.
En ce qui concerne le
contenu du container, il est destiné principalement au Camp Pénal. Nous
devons respecter les intentions des donateurs, à qui nous envoyons des
compte-rendus réguliers. Malgré tout, nous avons décidé de partager avec les
prisons de la Maf, de Rebeuss et de Rufisque ce que nous pouvions (nourriture,
couvertures, habits…). S’il reste d’autres besoins, nous pouvons partager avec
les autres prisons. Qu’ils nous fassent une demande par écrit. Mais d’abord nos
moyens sont très limités et tout ce que nous avons reçu dans le conteneur est
maintenant distribué. Et nous souhaiterions qu’ils participent d’abord à nos
efforts de financement (Actions de Carême, etc…) et à nos recherches de fonds
(voir plus haut n° 2). Et surtout qu’il s’établisse une véritable collaboration
entre nous (voir n°5)
Le matériel,
destiné aux dispensaires, a été réparti entre le dispensaire Saint Martin à
Rebeuss, celui de Saint Pierre et celui de Derklé.
Question posée :
Peut-on faire une fête de fin d’année ? Sous quelle forme : une
messe, suivie d’un partage : chacun amène un jus et quelque chose à manger
(partager) ? Quel jour ? Quelle heure ? Où ? Envoyez rapidement
vos propositions
Merci à tous ceux et celles qui ont participé aux
dernières formations
Un GRAND MERCI A TOUS ET POUR VOTRE ENGAGEMENT,
CHACUN SELON SES POSSIBILITES
Bon courage et à
bientôt. Prions les uns pour les autres, et ensemble pour tous les détenus
2. Mercredi 30 Janvier :
Comme chaque mercredi, je vais à
la prison des hommes pour
l’écoute : nous sommes 4 animateurs pour cela et nous nous retrouvons avec
les autres équipes qui interviennent : la Commission économique pour
apporter un supplément absolument nécessaire en nourriture aux étrangers et aux
Sénégalais qui ne reçoivent pas de visite de leur famille, et la Commission de
réinsertion pour les prisonniers libérables. Aujourd’hui, il y a beaucoup de
monde et j’initie à l’écoute une religieuse, nouvelle venue, mais qui a déjà
une bonne expérience du travail en prison dans une autre ville. Et il y a beaucoup de monde à voir avec des
cas toujours aussi difficiles à régler. Il va falloir nous organiser davantage
pour répondre aux besoins et en particulier trouver quelqu’un pour s’occuper de
la commercialisation des objets fabriqués dans les ateliers de la prison. Et
quelqu’un d’autre pour trouver du travail pour les femmes et filles des détenus
afin de leur permettre de faire vivre leurs familles. Il faudrait aussi
quelqu’un de dégagé pour suivre les problèmes de santé et la recherche de
médicaments. Il nous faudrait aussi quelqu’un pour aller contacter les
ambassades qui abandonnent complètement leurs citoyens.
Je suis ensuite reçu par le
Régisseur de la prison, je dois dire sans aucune difficulté. Nous avons
d’ailleurs d’excellentes relations avec tout le personnel pénitentiaire. Nous
tenons une séance de travail sur plusieurs points : une rencontre générale
de sensibilisation sur le SIDA qui sera suivie par des interventions plus
ciblées ; la situation des détenus âgés ou malades et les possibilités de
grâces ou de réductions de peines ; l’organisation d’une rencontre de tous
ceux qui interviennent à la prison pour une meilleure coordination et complémentarité
de nos actions ; et les mauvais traitements des personnes arrêtées par la
police et le fait qu’on leur prend tous leurs documents personnels si bien
qu’ils n’ont même plus les numéros de téléphone pour que nous puissions
contacter leurs familles.
A 15 heures, je me retrouve à la prison des mineurs. Nous rencontrons le
nouveau directeur, qui nous reçoit très bien. Nous lui présentons nos
différentes activités et voyons quels
sont ses projets. Cela se fera au fur et à mesure. Avec nous est venue une Sœur
qui tient un dispensaire dans le quartier et qui pourra aider. Puis il y a une
rencontre avec le personnel, suivie d’une réunion générale avec tous les jeunes
détenus. Nous tenons une réflexion animée et très intéressante avec eux, en
attendant que les dentistes arrivent. En effet, des membres de leur Association
viennent faire une séance d’éducation à la santé dentaire aux jeunes, et leur
remettre brosses à dents et pâte dentifrice. Ils passeront ensuite à la prison
des hommes. Mais ce qui nous intéresse surtout, c’est qu’ensuite ils sont prêts
à venir donner des soins, par roulement.
Vendredi
1er Février :
Nous nous retrouvons chez les femmes, à la prison. Aujourd’hui,
nous partageons la Parole de Dieu : l’Evangile de Jésus à Nazareth (Luc 4,
14-21) : « L’Esprit de Dieu repose sur moi. Il m’a choisi pour
annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils vont
être libérés, rendre la vue aux aveugles, relever ceux qui sont écrasés,
annoncer une année de grâces, de la part de Dieu ». Les femmes sont
maintenant à l’aise et ont l’habitude de ce partage. Aussi ont-elles beaucoup
de choses à dire. Nous les écoutons avec joie mais aussi avec beaucoup
d’attention. A partir de là, nous partageons leurs soucis, leurs souffrances et
aussi leurs joies.
Samedi
2 Février :
C’est une journée de récollection pour l’aumônerie des prisons.
En plus de nos rencontres et formations ordinaires, nous avons tenu à nous
retrouver pour cette journée de réflexion et de partage sur nos engagements et
ce temps de prière et de méditation. Nous en avons besoin pour enraciner nos
actions dans la foi, mais aussi pour mieux nous connaître et augmenter nos
liens d’amitié. Nous nous retrouvons à plus de 40 personnes engagées à
différents niveaux, et dans des Commissions diverses, dans 5 ou 6 prisons, de
plusieurs églises chrétiennes, et notre partage est vraiment très riche et très profond. Nous avons
commencé par nous présenter longuement pour bien nous connaître. Puis nous
avons eu une réflexion sur la dimension religieuse de notre engagement, à
partir de la Parole de Dieu. A la suite, un partage sur ces trois
questions : 1) Pourquoi nous allons
dans les prisons ? 2) Quelles
sont les belles choses que nous y avons découvert ? 3) Sur quelle Parole de Dieu nous appuyons
notre engagement ?
Dans une étape suivante, nous
essaierons de nous retrouver avec les autres personnes et groupes qui
interviennent dans chaque prison. Pour le Camp Pénal, c’est prévu pour le 28,
en accord avec le Régisseur.
Après la récollection, réunion
avec le Bureau pour préparer nos
différentes actions de Carême : le soutien des prisons par les enfants et
les jeunes, un concert pour obtenir des fonds, et un grand repas le jour de
Pâques avec plus de 1000 détenus, hommes et femmes, quelques membres de leurs
familles, et tout le personnel des prison. C’est un gros travail. Heureusement
que les membres de l’aumônerie sont motivés.
Mercredi
6 Février :
A 9 heures, nous nous retrouvons
à la prison des mineurs, avec les
différents groupes et ONG qui y interviennent. En effet, nous avons senti le
besoin de coordonner nos interventions pour ne pas faire double emploi et
éviter la concurrence. Egalement pour pouvoir répondre aux différents besoins
des jeunes. Et d’abord pour nous connaître entre nous. La réunion se passe dans
une très bonne ambiance et la compréhension mutuelle. Nous faisons un nouveau
planning d’activités, sous la direction du nouveau directeur de la prison, qui
peut ainsi commencer dans de bonnes conditions.
Rapidement, je pars à la prison des femmes où l’ancienne
responsable fait ses adieux. Comme elle a très bien travaillé, il y a beaucoup
de monde et la cérémonie est très chaleureuse. Mais nous ne sommes pas inquiets
pour l’avenir car nous connaissons bien la nouvelle directrice avec laquelle
nous avons déjà bien collaboré dans la prison où elle se trouvait précédemment.
Entre temps, je suis passé à la prison des hommes pour apporter des
médicaments. Plusieurs problèmes doivent être réglés. En effet, nous ne pouvons plus prendre les ordonnances
en charge car notre Caisse est vide. Nous cherchons à aider au moins pour les
urgences et les interventions chirurgicales. De plus, à l’infirmerie on
prescrit surtout des fortifiants. Nous pensons qu’il vaudrait mieux améliorer
la nourriture pour tous.
A la sortie, je rencontre un
détenu qui a été libéré. Pendant qu’il était en prison, son adjoint lui a pris
tout son matériel (il avait 3 magasins). Nous faisons la liste de ce matériel
et nous allons chercher un huissier pour régler le problème.
Samedi
9 Février :
Malgré l’importance du Colloque,
je vais à la prison des hommes, car
c’est ma priorité. Surtout que j’ai été absent ces trois derniers samedis. Nous
suivons le schéma habituel. D’abord les nouvelles des uns et des autres :
c’est important pour créer un esprit de famille et de soutien mutuel. Puis nous
partageons la Parole de Dieu, comme nous l’avons fait avec nos étudiants ce
matin, car nous voulons en faire la base de toute notre vie. Nous avons mis en
place un schéma pour cela. Les prisonniers sont maintenant bien habitués à
cette démarche. A la suite, nous voyons les activités à venir et les problèmes
à régler. Le premier, c’est l’arrêt de la distribution de savon et de pain
depuis plusieurs mois. Et le problème des malades.
Aujourd’hui, une jeune religieuse
nigériane m’accompagne. Elle retrouve des détenus qu’elle a connus dans l’Est
du pays, à Tambacounda. Elle va continuer à venir avec nous chaque
samedi ; cela va renforcer notre équipe.
Mercredi
13 Février :
Aujourd’hui, Mercredi des
Cendres. Comme d’habitude, je vais à la prison le matin, pour l’écoute des prisonniers, la
réinsertion et les rencontres avec les
différents services pour tous les problèmes et questions qui se posent.
Ce n’est pas facile de travailler
car tout le personnel est convoqué pour un contrôle. En effet, on vérifie la
présence effective de chacun au travail et cela pour pallier aux fraudes : des
personnes qui perçoivent un salaire sans venir travailler ; des fausses inscriptions ; des
gens qui viennent toucher le salaire d’agents décédés. Le Gouvernement actuel a
décidé de clarifier les choses, de refaire et d’informatiser le fichier des
fonctionnaires, ce qui est une très bonne chose.
Samedi
16 Février :
A la prison des hommes, nous parlons bien sûr du Carême chrétien.
Surtout que les musulmans les regardent et leur posent beaucoup de questions.
L’échange est très intéressant et nous permet d’approfondir les choses. Puis
nous passons aux nouvelles. Un des détenus a perdu sa mère. Il a demandé
l’autorisation d’aller assister (accompagné) à l’enterrement. Nous attendons la
réponse, sans trop d’espoir. Et nous préparons la libération prochaine d’un autre détenu. Le travail n’est
pas toujours facile. Nous sommes des bénévoles et prenons sur notre temps, mais
il arrive souvent que l’on nous dise : ce n’est pas possible, ou, il y a
un imprévu, revenez la semaine prochaine ! Avant-hier, deux animatrices
sont venues pour une rencontre, mais à 16 heures on leur a dit que le repas de
midi n’était pas encore prêt !
Mercredi
20 Février :
Nous allons d’abord à la prison des femmes où une nouvelle
directrice vient d’arriver. Mais nous nous connaissons déjà et nous pensons que
nous allons pouvoir bien travailler ensemble. Nous abordons un certain nombre
de problèmes : en particulier, l’écoute des femmes et la préparation de
leur sortie, des rencontres éducatives et des rencontres religieuses entre
chrétiennes et musulmanes, la commercialisation de la production des ateliers,
etc… Nous allons pouvoir améliorer nos activités.
Je continue chez les hommes : contacts avec l’administration et les
différents services (greffier pour les libérables, le suivi des ateliers de
productions, les problèmes de santé et de nourriture). Il ne reste pas beaucoup
de temps pour l’écoute des détenus qui le demandent. On continuera la semaine
prochaine. Mais je ne pars pas pour autant m ; je reste un long moment à
attendre avant de pouvoir rencontrer le directeur, car les choses doivent être
décidées au niveau supérieur !
Après cela, séance de travail
avec les différents animateurs et
animatrices pour faire le point et voir comment nous organiser.
Je repars ensuite à la banque
pour récupérer l’argent envoyé à des prisonniers, mais j’arrive trop tard, elle
est fermée.
Vendredi
22 Février :
Programme habituel. Le matin, à la prison
des femmes nous évaluons deux choses : comment avons-nous vécu
l’année de la foi jusqu’à maintenant. Après un temps d’approfondissement de la
foi, il est important de passer aux actions, en prison comme ailleurs. Le temps
du Carême est une bonne occasion pour cela. Nous voyons comment nous l’avons
vécu jusqu’à maintenant. Le partage est très riche et animé, et grâce à la
compréhension de l’administration nous dépassons largement le temps prévu.
A la sortie, avec les
animatrices, nous faisons le point de notre
action de Carême en faveur des prisonniers.
Puis je rencontre le responsable
d’une organisation de micro-crédits. En
effet, nous voudrions en faire bénéficier les femmes des détenus, pour qu’elles
puissent faire vivre leur famille pendant que leur mari est en prison.
Samedi
23 Février :
A la prison des hommes. Avec les prisonniers nous préparons la fête
de Pâques. La messe sera présidée par le Nonce, mais nous voulons que ce soit
la fête pour tous, musulmans comme chrétiens. Nous voulons aussi faire venir
les femmes des détenus et quelques membres de leurs familles (ceux de la région
de Dakar). Cela fera près de 1.500 personnes. Nous inviterons les autorités et
les ambassadeurs pour qu’ils puissent se rendre compte eux-mêmes des conditions
de vie difficiles de leurs citoyens. Nous espérons que cela les motivera à
agir. Mais nous voulons surtout donner la parole aux détenus par une
intervention, des questions aux autorités, des poèmes, des scènes de théâtre,
etc… Chaque ethnie et chaque pays présentera ensuite sa culture par des chants
et danses en tenue traditionnelle. Nous voulons que ce soit la fête pour tous.
Vous en recevrez le compte-rendu.
Nous continuons la rencontre à la prison par le partage
d’Evangile. Puis nous faisons la liste des étrangers par pays. En effet, nous
voulons faire le tour des ambassades pour qu’elles s’occupent de leurs
citoyens. Nous terminons par les questions diverses, suivies de la prière et
des contacts personnels.
Lundi
25 Février :
Je vais rencontrer le directeur d’une société de la place qui me remet
un chèque pour le fonctionnement d’un des ateliers que nous voulons lancer à la
prison des hommes. Bien sûr, je le remercie. Je pars ensuite à la prison pour l’écoute des détenus.
9 heures. Rencontre à la prison avec les autorités. Nous
voyons aussi le responsable des ateliers pour organiser la vente des objets,
fabriqués par les détenus, lors de la fête de Pâques. Puis, activités
ordinaires : passage à l’infirmerie, à la cuisine, dans la cour, etc… Et
nos rencontres personnelles pour l’écoute et pour la réinsertion
Samedi
2 Mars :
Rencontre à la prison des hommes, avec toutes les questions dont je vous
parle chaque jour. Mais nous rencontrons un certain nombre de difficultés pour
les mobiliser pour la fête de Pâques. Nous leur avons proposé de faire des
pièces de théâtre pas seulement pour poser leurs problèmes mais aussi pour
montrer les bonnes choses qu’ils vivent entre eux. Et également que chaque pays
ou groupe montre sa culture à travers chants, danses, poèmes…. D’abord, ils demandent de l’argent… que bien
sûr nous n’avons pas. Ensuite, ils disent qu’il n’y a pas d’entente entre eux.
Enfin, que c’est trop difficile. En fait, comme le leur dit une animatrice, ils
ont de la peine à prendre leurs responsabilités et à prendre leur vie en main.
Pour tous leur problèmes, ils s’appuient sur nous et nous demandent d’agir à
leur place. Bien sûr, nous n’acceptons pas. En les aidant au maximum, nous
tenons surtout à les responsabiliser, mais ils ont été si souvent humiliés et
manipulés qu’ils ont de la peine à le faire. Ils sont trop découragés et
démotivés pour agir. Cependant, au fur et à mesure, des volontaires se
manifestent et nous arrivons à organiser les choses. Maintenant, il va falloir
passer à la pratique : l’administration et le service social sont
d’accord. Donc, nous pensons que les choses vont se faire.
1. ANIMATION DES PRISONS A DAKAR
Au Sénégal, l’institution carcérale n’a pas suivi les
évolutions de la société. En dépit de l’explosion démographique et d’une forte
augmentation de la délinquance, aucun centre pénitentiaire n’a été construit
depuis l’Indépendance du pays en 1960. Le Sénégal compte 37 lieux de détention
(dont 32 maisons d’arrêt et de correction (MAC), deux camps pénaux, une maison
centrale d’arrêt et un pavillon spécial) qui accueillent environ 17 000
prisonniers.
Selon la Commission africaine des droits de l’homme et du peuple (DDHP), « beaucoup de personnes en détention préventive passent illégalement trop de temps dans les lieux de privation en attendant leur jugement ». En 2008, la DDHP a recensé 31 personnes ayant passé dix ans de détention provisoire avant d’être acquittées. Les étrangers arrêtés croupissent souvent dans les cellules du Commissariat Central de Dakar des mois durant, en attendant leur reconduction à la frontière.
Selon la Commission africaine des droits de l’homme et du peuple (DDHP), « beaucoup de personnes en détention préventive passent illégalement trop de temps dans les lieux de privation en attendant leur jugement ». En 2008, la DDHP a recensé 31 personnes ayant passé dix ans de détention provisoire avant d’être acquittées. Les étrangers arrêtés croupissent souvent dans les cellules du Commissariat Central de Dakar des mois durant, en attendant leur reconduction à la frontière.
« Les détenus
sont souvent des victimes de la double peine », En plus de l’enfermement qu’ils
subissent, les conditions sanitaires précaires causent de nombreuses maladies (VIH,
Tuberculose, Malaria). Face à ces problèmes, les visites médicales ne sont pas
assurées et les médicaments manquent cruellement.
Les prisons sont très souvent surpeuplées. Avec 1500
détenus, celle de Rebeus compte quatre fois plus de détenus qu’elle n’en
devrait. Les cellules collectives réunissent jusqu’à 180 personnes. Violence et promiscuité sont le quotidien des
prisonniers sénégalais. « Les conséquences du surpeuplement des prisons sont
physiques, sociales et économiques, parce qu’elles causent le stress, l’énervement,l’aggravation
de certaines maladies par manque d’aération et d’hygiène (toilettes collectives
dans les cellules elles-mêmes fermées pour la nuit…) ». En raison du surnombre la malnutrition
sévit, même si l’on vient d’augmenter la pension alimentaire de 350 à 600
francs CFA par prisonnier et par jour, tout compris (moins d’un Euro).La faim et les épidémies ont parfois raison d’eux
avant même qu’ils ne soient jugés.
« Les détenus
sont rarement vus comme des citoyens, mais comme des personnes dangereuses, à punir
et non pas à (ré)éduquer, et qui n’ont pas droit au respect, ayant perdu leur
dignité »
Présentation de notre équipe
– Nous travaillons à
Dakar au Camp Pénal des hommes (détenus déjà condamnés), à la Maison d’Arrêt
des Femmes (en attente de jugement) et au Centre des mineurs. Nous avons mis en
place différentes commissions de manière à répondre le mieux possible aux
besoins des prisonniers. En effet, dans le passé, il n’y avait qu’une petite
équipe autour d’un prêtre qui allait dire la messe chaque semaine pour les
catholiques. Mais nous avons senti la nécessité de soutenir les détenus dans
toute leur vie et de répondre au maximum aux besoins de tous, sans distinction
. Nous avons donc fait appel aux personnes volontaires et nous sommes
actuellement une cinquantaine de bénévoles qui travaillent dans les différentes
commissions suivantes.
1.
L’ASSISTANCE JUDICIAIRE
2.
L’ASSISTANCE MATERIELLE ET
SOCIO-ECONOMIQUE
3.
L’ASSISTANCE SPIRITUELLE ET LA
FORMATION CONTINUE
4.
LA FORMATION PROFESSIONNELLE ET LA
REINSERTION
5.
LA CULTURE ET LA COMMUNICATION
6.
LA COMMISSION SANTE
Nous voulons ainsi répondre
aux besoins divers de tous les détenus, dans tous les domaines et à tous les
niveaux.
1.D’abord leurs
conditions de vie et leur nourriture.
Cela implique un très lourd
travail de la part de la Commission économique et sociale pour trouver des
fonds, en particulier nourriture, habits et couvertures, produits d’entretien
et d’hygiène, médicaments etc. Nous organisons pour cela des activités
génératrices de revenus (AGR) et faisons appel à la générosité de nos amis et
voisins. Nous devons dire que ces personnes sont vraiment généreuses, ce qui fait
que nous arrivons à travailler, d’abord en comptant sur nos propres forces et
en nous appuyant sur les possibilités locales. Mais bien sûr nous ne pouvons
pas satisfaire tous les problèmes matériels, et d’ailleurs nous ne le voulons
pas. C’est au gouvernement et à l’administration pénitentiaire de prendre leurs
responsabilités dans ce domaine, mais un soutien est très important.
2. Au niveau santé,
les besoins sont énormes. A l’infirmerie il n’y a pas de médecin, mais
seulement un infirmier, et pratiquement pas de médicaments. Nous cherchons donc
à nous procurer des médicaments en ville, et à trouver des médecins qui peuvent
venir faire des consultations régulières bénévolement. Nous avons lancé le même
type d’activités pour les soins dentaires. Nous sommes appelés régulièrement
pour prendre en charge les kits nécessaires pour les opérations chirurgicales
(environ 100 euros à chaque fois). Nous organisons aussi des rencontres de
formation à la santé avec les détenus : hygiène, prévention, éducation sanitaire
et formation par rapport aux maladies : sida, tuberculose etc.
3. Pour l’assistance
judiciaire :
depuis l’arrestation jusqu’aux différents jugements (appel, obtention de
libération conditionnelle, de réduction de peines, de grâce etc.). Beaucoup de détenus n’ont pas
les moyens de se payer un avocat. Nous avons contacté un certain nombre
d’avocats qui acceptent de prendre en charge bénévolement l’un ou l’autre
détenu dont le dossier est plus délicat et difficile, et qui n’a ni ressource
ni soutien.Il n’est pas rare qu’après avoir fait plusieurs mois et même
plusieurs années, en attente de jugement, on s’aperçoive que l’accusé est
innocent et qu’il a été arrêté injustement.
4. Nous avons également
mis en place un soutien psychologique à travers des rencontres
personnelles et des séances d’écoute régulières. Et une animation
culturelle :
projections de film, conférences suivi de débats, alphabétisation et formations
diverses.
5.La réinsertion
Nous préparons les détenus à
leur sortie par une série de rencontres, pour voir comment ils vont pouvoir
recommencer leur vie et travailler à l’extérieur. Nous préparons également
leurs familles à les accueillir, ce qui n’est pas toujours facile. Nous
cherchons enfin à mettre en place une réconciliation entre les détenus et leurs
victimes. Mais cela est beaucoup plus difficile et nous n’y arrivons pas
toujours. Les grandes distances ne facilitent pas non plus les contacts.
6.Le soutien aux
familles :
Quand les détenus sont en
prison, ceux qui souffrent le plus en fait, ce sont leurs familles. En effet
quand le chef de famille est en prison, sa femme et ses enfants n’ont souvent
plus rien pour vivre. Ils ne peuvent plus payer leur loyer et sont chassés de
leur maison. Les enfants sont renvoyés de l’école car ils ne peuvent pas se
procurer les fournitures et payer les cotisations diverses. Il n’y a pas
d’argent pour leur acheter des médicaments et les soigner en cas de maladie.
Nous avons mis en place une organisation pour trouver du travail aux femmes,
filles et nièces des détenus, selon leur compétence, pour qu’ils puissent avoir
le minimum pour vivre.
Dans ce domaine, une autre
chose qui nous préoccupe, c’est le divorce. Un certain nombre de femmes
abandonnent leur mari quand il se
retrouve en prison. Nous essayons donc de parler avec ces femmes de détenus
pour maintenir la stabilité des familles.
7.La formation
professionnelle :
Dans la prison, il y a déjà
des petits ateliers pour des détenus formés. Cela les occupe d’une façon utile
et leur fournit un petit pécule, même s’ils ont parfois de la peine à récupérer
leur argent à la sortie. Nous cherchons à faciliter les commandes et la vente
de leurs produits. Mais pour nous poursuivons surtout un autre but. En effet
dans les prisons, il y a un certain nombre de détenus qui ne connaissent pas de
métier. Nous voudrions donc utiliser le temps qu’ils passent en prison pour
leur donner la chance de se former, et ainsi trouver un travail à la sortie.
Nous avons demandé à une association amie (Appel détresse) de nous trouver le
petit outillage nécessaire pour démarrer cette action. Ils vont nous envoyer un
container et la ministre de la justice nous a déjà promis l’exonération, pour
ne pas avoir à payer les frais de douane. Nous n’avons pas les moyens de payer
des formateurs pour ces ateliers que nous voulons lancer, mais des détenus
compétents sont déjà volontaires pour former les autres prisonniers, par petits
groupes et par métier.Pour démarrer nous pensons à 11 ateliers : soudure,
électricité, petite mécanique générale, mécanique moto, reliure, sérigraphie,
menuiserie, couture, sculpture, informatique et œuvres d’art (statues,
tableaux, etc…). La prison prendra en charge l’électricité et l’eau ainsi que
tous les produits et matériels de nettoyage et l’entretien des ateliers, de
même que le mobilier nécessaire. Ce qui est déjà un très gros effort, vus la
situation économique du pays et le budget plus que limité pour le secteur
pénitentiaire. Nous voulons commencer
par le Camp Pénal situé à Dakar, quartier Liberté 6. D’abord parce que
c’est une prison où les détenus sont là
pour une durée assez longue, ce qui leur donne le temps de se former
suffisamment et sérieusement.
8.La communauté
chrétienne
Nous avons aussi des
rencontres spécifiques avec les chrétiens pour des partages d’Evangile, la
catéchèse et la célébration de l’Eucharistie. Ces chrétiens se retrouvent en
plus entre eux à l’intérieur de la
prison les dimanches pour une célébration de la Parole et pour des prières et
des formations religieuses. Mais nous parlons aussi avec eux de la vie en
prison et des autres problèmes qui se posent, de même que de la vie du pays et
du monde tout entier. En effet, il nous semble important qu’ils restent ouverts
à ce qui se passe dans le monde. Nous cherchons avec eux comment ils peuvent
être le sel de la terre et la lumière du monde à l’intérieur de la prison, en
se soutenant mutuellement et en faisant de la vie en prison une occasion de réflexion et même de conversion. Ces
chrétiens se retrouvent en plus entre eux à l’intérieur de la prison les dimanches pour une
célébration de la Parole, pour des prières et des formations religieuses et des
rencontres amicales.
De nombreux détenus nous
disent, au moment de leur libération, combien ce séjour en prison a été pour
eux un temps de réflexion, de reprise en main et le début d’une vie nouvelle.Voici ce que m'a écrit un prisonnier à sa
sortie :" J'ai acquis une autre dimension spirituelle dans cette prison.
Me voilà libre à présent et je voudrais mettre à profit mon temps libre au
service des nécessiteux, à savoir faire partie des gens qui soient capables de
rendre visite au nom de Justice et Paix aux malades et aux détenus.
Je suis disponible pour accomplir la catéchèse. Pour cela, je reste à votre
entière disposition ».
– Nous avons aussi des
rencontres avec les responsables religieux et les croyants musulmans et nous
travaillons en coordination avec les autres groupes chrétiens. A Noël et à
Pâques, nous célébrons ces fêtes, de
même que les musulmans célèbrent les leurs, en prison. Nous responsabilisons chaque fois une paroisse à
tour de rôle pour qu’ils trouvent les fonds nécessaires pour cela et qu’ils
envoient une de leurs chorales pour animer la fête. Après l’Eucharistie pour
les chrétiens, les détenus musulmans viennent nous rejoindre pour un repas
suivi de partage, de chants, de danses et de théâtre préparés par les détenus
eux-mêmes. C’est l’occasion, dans les discours, de faire comprendre un certain
nombre de choses, mais aussi de donner la parole aux détenus devant les autorités
et tous les invités.
9.Un travail en commun
Pour toutes ces activités,
nous travaillons toujours en coordination avec
les responsables, le service social et le personnel de la prison. Nous
rencontrons également régulièrement les techniciens et conseillers du ministère
de la Justice et de l’administration pénitentiaire et la ministre elle-même. Et
aussi la direction des droits humains,
les Assises nationales, la Société civile et un certain nombre d’ONG. Mais nous
n’arrivons pas encore à travailler en coordination avec les autres ONG
intervenant en prison, certaines associations voulant garder jalousement leur
indépendance et certains responsables préférant « diviser pour
régner », et profiter des uns et des autres, au détriment des détenus. Ce
n’est pas toujours simple !
Nous rencontrons aussi
régulièrement les chefs de chambre, pour un temps de discussion et de prises de
décision. Généralement le personnel pénitentiaire traite les détenus d’une
façon humaine. Le problème étant plutôt celui de la recherche de l’argent et de
la corruption. C’est surtout dans les commissariats, au moment de
l’arrestation, que les personnes sont frappées et traitées sans respect.
10.La formation
Nous sommes tous des bénévoles
et cette action demande des connaissances. Nous cherchons donc à utiliser nos
diverses compétences au maximum et nous organisons des formations régulières,
en particulier sur les questions judiciaires et la formation à l’écoute. Nous
avons aussi des temps de prières et de récollection entre nous pour reprendre
notre action dans la prière et au niveau de la foi, et pour voir comment
continuer l’action du Christ dans les
prisons : « J’étais prisonnier et vous m’avez visité… Tout ce que tu
fais au plus petit de tes frères, c’est à moi que tu le fais « (Matthieu
25, 36) ». « L’Esprit de Dieu repose sur moi, Il m’a choisi pour
apporter la Bonne Nouvelle de l’Evangile aux pauvres, annoncer aux prisonniers
qu’ils vont être délivrés, que les aveugles vont voir et que les écrasés seront
libérés pour annoncer une année de grâce de la part du Seigneur. C’est
aujourd’hui que cette Parole de Dieu se réalise » (Luc 7, 14-21).
Comme le disait une animatrice aux prisonniers le jour de Noel : »Il
ne faut pas nous remercier d’être venus vous voir. En vous, nous avons rencontré
Jésus Christ. C’est nous qui devons vous remercier !»
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