La Vie de l'Eglise




COMMENT VIVRE L’ANNEE DE LA MISERICORDE ?
Pour bien vivre cette année de la miséricorde, nous devons faire trois choses :
1. Accueillir la miséricorde de Dieu.
2. Etre miséricordieux comme le Père.
3. Aider les autres à devenir miséricordieux eux aussi.
1)- Accueillir la miséricorde de Dieu
Nous sommes dans l’année du Jubilé de la miséricorde. La première chose est de nous rappeler que Dieu est le Miséricordieux. Il nous a montré sa miséricorde, dans son Fils Jésus Christ. Et Jésus Christ nous a envoyé son Esprit Saint, l’Esprit de miséricorde du Père et du Fils. Pour accueillir cette miséricorde de Dieu, la première chose que nous devons faire, c’est bien sûr reconnaître que nous sommes pécheurs. En nous rappelant, comme nous le disons dans la prière du « Je confesse à Dieu », que nous sommes pécheurs devant Dieu, mais aussi devant tous les saints, et devant nos frères et nos sœurs. Et que nous avons péché, non seulement en actions, mais aussi en pensées et par omissions. Et nous demandons à Dieu de nous pardonner. Pas seulement dans la prière, mais aussi dans le sacrement de réconciliation.
1°) C’est dans la prière que nous accueillons cette miséricorde de Dieu. Mais à condition que cette prière nous amène à changer notre vie, et à nous convertir. Comme Jésus le dit dans l’Evangile (Marc 1, 14-20) : « Convertissez-vous, et croyez à l’Evangile ». Nous faisons beaucoup de prières, de pèlerinages, et de neuvaines. Mais est-ce que cela nous aide véritablement à changer notre vie ? Quelle est la valeur de toutes ces prières et de toutes ces actions, par rapport à la miséricorde ?
Il y a des gens qui prient beaucoup, mais c’est surtout pour demander à Dieu. : pour le manque d’entente dans le mariage, le manque de travail, le manque d’argent, le manque de santé, etc. Bien sûr, Dieu ne peut pas toujours leur donner ce qu’ils demandent. Alors ils se plaignent en disant : « Dieu n’a pas pitié de moi, Dieu ne m’écoute pas ». Non seulement ils arrêtent de prier, mais certains vont dans d’autres religions, et dans des sectes. Et même, ils vont voir des marabouts, des féticheurs ou des charlatans. Ils cherchent des responsables, et ils accusent les autres de leur envoyer ce malheur. Où donc est la miséricorde dans ce cas-là ?
2°) Si nous sommes pauvres, nous nous rappelons que Jésus aussi est né comme un pauvre. Il n’est pas né dans son village de Nazareth, mais à Bethléem. Il n’y avait pas de place pour eux, à la maison de passage. Il est né dans une grotte, un trou dans la terre. Sa mère l’a enveloppé dans des chiffons, elle n’avait pas de beaux habits avec elle. Elle l’a couché dans une caisse, où les animaux venaient manger. Il n’y avait pas de lit pour lui. Pourtant, Jésus aurait pu naître comme le fils du gouverneur Pilate, ou du roi Hérode, ou du grand prêtre Caïphe. Il aurait pu descendre du ciel à l’âge adulte, avec force et puissance. Il est venu comme un bébé. Il est né tout nu, sans rien avoir. Et quand Dieu a voulu faire connaître sa naissance aux hommes, Il n’a pas envoyé ses anges chez des gens qui avaient une belle maison, des beaux habits, beaucoup de nourriture, car il y en avait certainement à Bethléem. Mais Il a envoyé ses anges à des bergers, c’est-à-dire non seulement des gens pauvres, qui dormaient dehors dans la nuit, mais des gens qui étaient traités de voleurs, qui étaient rejetés de la société. Et qui étaient traités de pécheurs, parce qu’avec leur travail, ils ne pouvaient pas suivre toutes les lois de la religion juive, ni respecter tous les interdits. Alors si nous sommes pauvres, si nous n’avons pas de maison, si nous n’avons rien à manger, si nous ne faisons que des petits métiers pour réussir à vivre difficilement avec notre famille, continuons à croire à la miséricorde de Dieu. Dieu est avec nous. C’est nous, que Dieu aime en premier. C’est ce que Jésus a enseigné dans la première des Béatitudes, le message de son Evangile : « Heureux les pauvres de coeur, le Royaume de Dieu est à eux ». Si nous acceptons notre pauvreté dans notre coeur, nous croyons que Jésus miséricordieux est avec nous. Comme Il nous le dira à la fin du monde : » J’avais faim, j’avais soif, j’étais en prison, j’étais nu et rejeté par la société, j’étais malade, j’étais étranger, tu M’as accueilli ». Et Il nous dira : « Tout ce que tu as fait au plus petit de mes frères, c’est à Moi que tu l’as fait ». Les pauvres sont les premiers frères et les premières sœurs de Jésus. C’est pour cela que nous croyons dans sa miséricorde.
3°) Etre miséricordieux envers nous-mêmes. Nous voulons  faire le bien, mais soiuvent nous faisons le mal. Nous venons nous confesser, mais nous n’arrivons pas à changer de vie. Alors nous nous décourageons. Nous disons : « je ne suis qu’un pécheur ». Saint Paul lui-même a vécu la même chose. Mais il ajoute : » Pourtant, il nous faut dire merci à Dieu, par Jésus Christ notre Seigneur » (Rom 7,18-25). Nous sommes pécheurs, mais surtout nous sommes sauvés par Jésus. Dieu nous connaît, avec toutes nos fautes. Pourtant Il continue à nous accueillir et à nous aimer. Alors, cherchons à changer de vie. Pas en comptant sur nos propres forces, mais en nous appuyant sur la Miséricorde de Dieu. Et acceptons notre faiblesse, nos erreurs, nos fautes et nos péchés dans la paix, comme Dieu nous accepte sans nous condamner. Aimons-nous nous-mêmes, puisque Dieu nous aime tels que nous sommes.
2)- Etre miséricordieux comme le Père
Nous cherchons à être miséricordieux comme Dieu lui-même, à la suite de Jésus, par la force du Saint Esprit. Dans la prière que Jésus nous a enseignée, le Notre Père, nous disons : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Cela veut dire aussi : « sois miséricordieux avec nous, comme nous sommes miséricordieux envers ceux qui nous entourent ». La miséricorde, c’est d’abord le pardon. Si quelqu’un nous a fait du mal, nous ne pouvons pas l’oublier. Mais au moins, nous ne cherchons pas à nous venger, ni à rendre le mal pour le mal. Nous offrons nos souffrances à Dieu, unies aux souffrances de Jésus, qui a beaucoup souffert pour nous. Nous arrêtons de toujours penser au mal qu’on nous a fait.  Nous cherchons plutôt, comment nous allons aimer nos frères et nos sœurs. Et nous prions Dieu, de changer notre cœur. C’est comme cela que, peu à peu, nous retrouverons la paix.
Nous sommes pauvres, mais il y a des plus pauvres que nous. D’ailleurs presque toujours, ce ne sont pas les riches qui aident les pauvres. Ce sont les pauvres qui aident les plus pauvres. Nous le voyons bien chaque jour. Ceux qui ont besoin de notre miséricorde sont très nombreux, et même de plus en plus nombreux : ceux qui ont faim; ceux qui dorment dans la rue; ceux qui n’ont pas de travail; les enfants qui n’ont pas la chance d’aller à l’école, et qui arrivent à vivre en portant les sacs et les bagages au marché, ou comme coxer dans les cars rapides ou dans d’autres petits métiers; ceux qui sont dans les villages éloignés, sans eau ni électricité, ni dispensaires; tous les étrangers qui viennent parmi nous, parfois sans rien avoir, parce qu’ils ont été chassés de leur pays. Ou qu’ils ont dû le quitter, à cause de la pauvreté, de la dictature, de la guerre ou des attentats. Il y a les enfants dans la rue, les handicapés, tous ceux qu’on traite de fous, tous ceux qui sont écrasés et méprisés. Ce sont ceux-là qui ont besoin de notre miséricorde.
Trop souvent nous pensons que la miséricorde c’est seulement faire l’aumône. Et que si nous n’avons pas d’argent, nous ne pouvons rien faire. Etre miséricordieux envers nos frères, ce n’est pas d’abord une question d’argent. Même si nous n’avons pas d’argent, nous pouvons saluer ceux qui nous entourent. Nous pouvons accueillir les étrangers, qui viennent dans notre quartier. Nous pouvons aider les handicapés, parler avec les enfants de la rue, respecter les enfants qui portent nos bagages, ou qui nous font rentrer dans les cars rapides. Même si nous n’avons pas d’argent pour acheter de la nourriture ou des médicaments, nous pouvons nous asseoir auprès de nos frères et de nos sœurs malades, et rester en silence. Pour qu’ils sachent qu’ils ne sont pas oubliés, et qu’il y a des gens qui pensent à eux. Souvent nous parlons trop, avec des paroles toutes faites, et des discours inutiles. Nous pouvons aussi prier avec eux, et avec leur famille. Pas seulement prier pour eux en réunion de CEB, mais aller prier chez eux. Nous pouvons conseiller leurs familles, pour qu’ils s’occupent bien de leurs malades, qu’ils les conseillent. Et surtout, qu’ils ne cherchent pas qui a envoyé cette maladie et qu’ils laissent les accusations de sorcellerie et les malédictions. C’est tout cela la miséricorde.
La miséricorde, nous la vivons dans toute notre vie, pas seulement le vendredi ou le dimanche ! Miséri-corde cela veut dire : sentir la misère de l’autre, dans mon cœur. C’est d’abord dans notre cœur qu’il y a la miséricorde, et non pas dans notre poche. Relisons la lettre de notre pape François, en particulier le n°15. Il nous explique bien les actions de miséricorde : les actions corporelles, qui sont dans le corps, avec des choses. Mais aussi les actions spirituelles, dans le cœur (l’amitié), l’esprit (les bonnes idées), le ventre (le courage), et l’âme (la foi) de nos frères et de nos sœurs. Pour tous ceux qui souffrent, qui pleurent, qui sont découragés, qui sont écrasés, qui sont mis à la porte, chassés au loin. Tous ceux dont on dit : ils ne servent à rien, ils ne valent rien. La miséricorde, tout le monde doit la pratiquer. Pas seulement les grands, même les enfants. Souvent à l’école, quand un élève se trompe ou a une mauvaise note, les autres n’ont pas pitié, ils se moquent de lui. Souvent les enfants qui sont à l’école, méprisent ceux qui n’ont pas la chance d’étudier. S’ils sont bien habillés, ils se montrent. Et ils se moquent de leurs camarades qui n’ont pas de beaux habits. Ils rient des gens qui ont des problèmes psychologiques, en les traitant de fous. Ils n’ont pas de miséricorde non plus, envers les animaux. Ils s’amusent parfois à les frapper, et à leur jeter des pierres. La miséricorde c’est dans les petites choses. Nous les parents et les grands, c’est très important d’éduquer les enfants à la miséricorde. Pas seulement les nôtres. Tous les enfants.
Enfin, nous pensons à ce que notre pape François nous a dit, dans sa lettre sur l’écologie « Loué sois-Tu » : Nous devons avoir pitié aussi de notre terre. Parce que nous la salissons, nous la cassons, nous la brûlons, nous la tuons sans aucune pitié.
Il y a beaucoup de gens qui aident les autres personnellement, et c’est très bien. Mais la miséricorde, nous ne la vivons pas seulement personnellement. Nous la pratiquons en famille : avoir une maison ouverte. Même si nous n’avons pas de nourriture à donner, nous pouvons apporter la paix, et aussi des conseils, à ceux qui en ont besoin. La miséricorde, nous devons la vivre aussi dans nos CEB, nos commissions et nos mouvements. Sans oublier les différents groupes, les chorales, les enfants de chœur ou les lecteurs.
3)- Aider les autres à devenir miséricordieux
Jésus en quittant ce monde a soufflé sur ses apôtres, Il leur a dit : « Recevez le Saint Esprit. Allez dans le monde entier, annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile ». La Bonne Nouvelle de l’Evangile, c’est la miséricorde. Dieu est notre Père, Il nous aime. Il ne suffit pas d’être miséricordieux nous-mêmes, il s’agit d’apprendre aux autres à être miséricordieux, et en particulier à nos frères et sœurs musulmans qui nous entourent. La miséricorde, ils la connaissent bien. La plupart des sourates du Coran commencent par cette phrase : « Au nom de Dieu le Compatissant, le Miséricordieux ». Nous conseillons les autres, pour qu’ils deviennent miséricordieux. Mais surtout nous agissons ensemble avec eux, pour aider ceux qui en ont besoin. C’est de cette façon-là que nous allons les former : non pas par des paroles, non pas par de grands discours, même pas en nous montrant en exemple devant les autres, car nous ne sommes pas toujours des exemples. Mais en travaillant ensemble avec eux, le mieux possible, autant que nous le pouvons et qu’ils l’acceptent.
Là encore, nous n’agissons pas seulement au niveau personnel, mais au niveau de notre quartier : en travaillant ensemble avec les délégués de quartier, les marraines (badièni gox), avec les associations de femmes, les ASC et groupements de jeunes, et toutes les autres organisations qui travaillent dans nos quartiers. Pas seulement les associations chrétiennes. Et aussi en travaillant avec les imams et les organisations religieuses musulmanes. En travaillant à la mairie, en particulier avec la commission sociale. C’est à ce niveau-là que nous pourrons faire des choses, en nous appuyant sur l’acte 3 de la décentralisation. Ce sont de petites choses, mais c’est cela qui va transformer la société.
Car il n’y a pas assez de miséricorde dans notre pays. On dit que le Sénégal est le pays de la teranga. Mais nous cherchons plus à accueillir les touristes, parce qu’ils peuvent nous apporter de l’argent, qu’à accueillir ceux qui n’ont rien, et qui souffrent au milieu de nous. Dans les bureaux, souvent il n’y a pas de miséricorde. Si quelqu’un parle bien le français et qu’il est bien habillé, on va l’accueillir. Mais quelqu’un qui vient avec des habits déchirés, et qui ne parle pas français, on n’a pas pitié de lui : on le renvoie, on ne l’écoute même pas. Il y a beaucoup de choses qui ont été décidées, mais que l’on ne fait pas.
Dans les dispensaires, c’est la même chose, les malades ne sont pas toujours bien accueillis, surtout ceux qui, à cause de leur maladie, sont trop faibles, énervés ou découragés. Surtout s’ils ne sont pas accompagnés. On a promis que les enfants de 0 à 5 ans seraient soignés gratuitement. Mais souvent dans les dispensaires, on demande de l’argent à leurs parents. Et si les parents n’ont pas d’argent, on les rejette, on ne les soigne pas De même, il y a le plan Sesame pour les personnes âgées. Mais là aussi, beaucoup de personnes âgées sont rejetées, surtout si elles ne savent pas bien parler. Si elles n’ont pas tous les papiers qu’il faut, on les renvoie, mais sans leur expliquer ce qu’elles devraient faire.
Nous savons bien que dans nos mairies, là aussi, il y a les bourses pour les familles nécessiteuses, il y a des formations pour les jeunes, il y a des aides pour les femmes victimes de violences, pour les veuves et leurs enfants. Tout cela c’est ce qui est déclaré. Mais en fait, souvent, ce n’est pas ce qui se passe. Ceux qui profitent de tout cela, ce sont les gens qui sont dans le même parti que le maire, ou qui sont de la même ethnie, ou qui sont ses amis.  Mais pas les autres. On a fait des formations pour la CMU, la Couverture Médicale Universelle mais jusqu’à maintenant cela ne fonctionne pas vraiment. En cette année de la miséricorde, c’est toute notre société que nous devons transformer, pour que le Sénégal devienne un pays de miséricorde : qu’il y ait davantage de miséricorde dans notre société, dans nos façons de vivre.
Mais là nous devons reconnaitre que, nous les chrétiens, nous avons beaucoup à changer. Nous nous retrouvons entre nous à la paroisse. Nous aidons nos frères et nos sœurs chrétiens, ou même les non chrétiens, mais seulement au niveau personnel. Nous n’agissons pas ensemble avec les ONG, avec les associations, et les autres organisations. Nous faisons l’aumône, mais nous n’attaquons pas les causes de la pauvreté. Et nous ne cherchons pas à changer les structures et l’organisation de la société. Il y a même des chrétiens qui voudraient profiter de la Caritas, au lieu de la soutenir pour aider tous les pauvres, et pas seulement les chrétiens. Au niveau de la paroisse, nous n’avons pas réussi à mettre en place la CMU, la Couverture Médicale Universelle, pour avoir des médicaments et opérer gratuitement les gens. Il y a des chrétiens qui ne connaissent même pas leurs chefs de quartier. Ou qui n’ont jamais parlé avec l’imam de leur quartier. Dans ces conditions, comment notre pays va-t-il avancer ? Ce ne sera pas l’année de la miséricorde pour le monde, mais seulement pour nous-même. Alors que Jésus nous a bien dit : « Vous êtes le sel de la terre » (de toute la terre, pas seulement de l’Eglise) « et la lumière du monde » (pas seulement de la paroisse). Mais pour cela nous devons entrer dans les structures civiles, privées ou officielles. Jésus nous a dit : « Vous êtes le levain dans la pâte », la levure qui fait monter toute la société (Matthieu 13, 33).
Que le Seigneur nous aide à être miséricordieux. Pas seulement nous-mêmes. Mais à construire ensemble, avec tous, un pays de miséricorde. Pour que le Règne de Dieu, un règne de miséricorde, vienne. Notre Père qui es aux cieux, que ton Règne vienne sur la terre. AMEN !
Prière : Très Sainte Vierge Marie, Mère de miséricorde accueille-nous. Nous comptons sur ta protection, nous demandons ton aide. Ô Mère de Miséricorde, guide-nous vers Jésus ton Fils, pour recevoir de son cœur, les grâces de sa divine miséricorde. Nous venons vers Toi. Ô Mère miséricordieuse, ne rejete pas nos prières, mais écoute-les favorablement! Amen.




                                                                                             


  INTERVENTION A l’ASSEMBLEE DE L’ANPR
(ASSOCIATION NATIONALE DE LA PROMOTION FEMININE)
N.B. Toute cette rencontre a été faite sous forme de dialogue avec participation directe de toutes les femmes présentes. Ce qui suit est une synthèse de leurs réponses.
Nous avons commencé par le chant l’Esprit de Dieu repose sur moi, et la lecture commentée de Luc 4, 13-21 sur la mission de Jésus-Christ.
               
1)- Qu’est-ce qu’une femme ?

La femme est d’abord une mère, c’est celle qui donne la vie. Pas seulement celle qui met des enfants au monde, mais celle qui les fait vivre dans leur corps, dans leur esprit et dans leur coeur. Et il ne s’agit pas seulement de faire vivre des enfants, mais de faire vivre toute la famille, et même la société toute entière, chacune là où elle vit : Mettre notre pays au monde et faire grandir la vraie vie, qui vient de Jésus (Jean 10,10).

La femme est épouse. Epouse ne veut pas dire soumise. Dès le début du monde (Genèse 1 et 2), Dieu fait la femme pour être « une aide semblable à l’homme et qui lui convient », quelqu’un avec qui parler, et donc une amie. Cela pose toute la question du partage entre mari et femme, et de la prise en commun des responsabilités. Lorsque Jésus est resté au Temple (Luc 2,41-52), c’est Marie qui lui a parlé, et non pas Joseph. Mais elle dit bien : « Regarde ton père et moi nous te cherchions plein de tristesse ». Saint Paul, dans Ephésiens 5,23,  dit que l’homme est le chef de la femme. Mais il précise bien : « il est le chef de la femme, comme le Christ est le Chef de l’Eglise, qui a donné sa vie pour Elle ». L’homme ne doit donc pas se faire servir par sa femme, mais se mettre à son service, et au service de toute la famille, ensemble avec elle. Et la femme n’obéit pas à son mari par peur, ou parce qu’elle est forcée. Mais « comme l’Eglise aime le Christ « (24), dans l’amour et la confiance. Cela suppose que l’homme et la femme parlent ensemble de tous leurs projets, qu’ils agissent ensemble, et qu’ils fassent le point ensemble.
               
La femme est une personne humaine, libre et responsable. Elle doit tout faire pour développer ses qualités, pour mieux vivre et mieux servir. Il est donc important qu’elle prenne sa place dans la société, aussi bien que les hommes. Nous avons alors posé la question : quelles sont les qualités que l’on reconnaît aux femmes ? Les participantes ont parlé, par exemple, de la patience. Et d’être capable de sentir les choses de l’intérieur. Cela vient en particulier de l’expérience de la grossesse : La femme est patiente pendant 9 mois. Elle apprend à sentir la vie qui grandit en elle. Et quand elle a accouché, elle doit sentir ce que son bébé veut. Car il est trop faible, et il n’a pas encore la possibilité de parler. Mais bien sûr, il y a des hommes qui sont patients eux aussi, comme nous le montre la parabole du semeur. Ce qui est important, c’est de développer chacun et chacune, nos qualités personnelles. Et de les mettre en commun dans la complémentarité.
               
La femme est aussi une citoyenne. Elle doit donc prendre ses responsabilités dans la société, à égalité avec l’homme et ensemble avec lui ; « Vous pouvez faire beaucoup de choses dans le quartier, avec les autres femmes, et dans les associations » (voir plus bas).
               
Enfin, la femme est fille de Dieu. Elle doit donc agir en croyante, chacune dans sa religion et dans le respect des autres. C’est cela qui fait sa force et sa joie. Bien sûr, notre exemple c’est Marie. Marie, une femme simple, mais qui a su prendre ses responsabilités tout au long de sa vie. Une femme courageuse, qui n’a pas eu peur de se tenir debout au pied de la croix, devant tout le monde. Alors qu’on la regardait, comme la mère du condamné à mort. Marie attentive à Cana, pour que les noces se passent bien. Et d’abord Marie charitable, et qui pense aux autres dans son cœur. Ce n’est pas l’ange qui lui a dit d’aller aider Elisabeth, c’est elle-même qui y a pensé. Elle n’a pas hésité à faire un long chemin dans la montagne, pour rejoindre sa cousine Elisabeth, vieille et enceinte, et qui n’avait jamais accouché. Marie, l’épouse de Joseph et l’éducatrice de Jésus. L’amie aussi de ses voisines, dans le petit village de Nazareth, dans sa vie de tous les jours.  Mais aussi Marie, capable de rassembler les apôtres autour d’elle, au moment de la Pentecôte pour accueillir l’Esprit Saint, alors qu’ils étaient dispersés et découragés. Marie donc, une villageoise, une « broussarde » qui ne savait sans doute ni lire, ni écrire. Mais qui pourtant est la plus grande des saintes, et la meilleure des femmes, parce qu’elle a été fidèle dans les petites choses. C’est elle qui vous apprendra à réunir les autres femmes dans vos associations. Pour ensemble écouter le Saint Esprit, et savoir ce que vous avez à faire. C’est elle aussi qui vous permettra de travailler ensemble, chrétiennes et musulmanes. Car Marie est aussi une sainte femme dans l’Islam. Elle est reconnue comme la mère de Jésus, la jeune fille vierge dont on parle plusieurs fois dans le Coran. Voilà donc votre dignité de fille de Dieu. Mais comme le dit le proverbe : « si tu veux que les autres te respecte, il faut d’abord te respecter toi-même ».

2)- Votre association
 Une association c’est important. D’abord pour se donner des idées, de la force et du courage. Comme le dit le proverbe : « une seule main ne peut pas applaudir ». C’est en association que vous allez réfléchir à vos problèmes de femmes, et y chercher des solutions. Mais c’est déjà important d’en parler entre vous. C’est votre association qui vous permettra de trouver votre dignité, et de prendre votre place de femme libre et autonome dans la société. Votre association vous permettra d’être de meilleures femmes.
Mais plus profondément que cela, c’est grâce à  votre association que Jésus sera présent dans vos quartiers et villages. Comme Il le disait lui-même : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux » (Mat 18,20). Et cela aussi nous pouvons le partager avec nos amies musulmanes, dans la mesure où l’on dit de même dans le Coran : » il n’y a pas de rencontre à trois, sans que Dieu ne soit le quatrième. Ni de rencontre à cinq, sans que Dieu ne soit le sixième ».
               
-Il y a des conditions, pour qu’une association marche. La première, c’est de bien travailler, comme le demande Dieu à l’homme et à la femme dès le début du monde, dans le Livre de la Genèse : « Multipliez-vous et remplissez la terre, toute la terre est à vous ». Jésus lui-même a été un travailleur. Et Saint Paul disait aux Thessaloniciens (2° Th 3,6-18): « Celui qui ne travaille pas, qu’il ne mange pas non plus ». Votre travail vous permettra de faire vivre votre famille, dans la ligne du dernier Synode des Evêques sur la famille, et les orientations qu’ils nous ont données.
Dans votre travail, il sera important de respecter la création, comme nous l’a demandé notre Pape François dans sa lettre « Loué Sois-Tu », sur l’écologie. Et déjà nos évêques dans leur lettre de Carême de 2.013. Vous êtes en relation, non seulement entre vous et avec Dieu, mais aussi avec toutes les créatures. Et par votre travail, vous sauvez la création (voir Romains 8,18-25), et vous sauvez le monde avec Jésus Christ. Pierre disait : « nous attendons des cieux nouveaux, mais aussi une terre nouvelle, où la justice habitera » (2° Pi 3,13). Par le travail de votre association, vous participez à construire cette terre nouvelle.
Nous sommes dans l’année de la Miséricorde. Nous voulons donc travailler dans la justice et dans le respect de la création, mais aussi dans la miséricorde entre nous et envers les autres. C’est pour cela que dans vos projets et dans vos activités, il est important de ne pas oublier les femmes nécessiteuses.
Pour que votre association puisse fonctionner, une autre condition, c’est que l’on sache bien utiliser l’argent. D’abord bien sûr ne pas le voler, ni le détourner : qu’il n’y ait pas de corruption. Mais qu’il soit utilisé aussi  d’une façon efficace, pour le bien de vos familles, des nécessiteux, et du pays tout entier. Il ne suffit donc pas d’être sérieux dans le travail et l’utilisation de l’argent. Il faut vous demander : comment vous gagnez votre argent ? Et ensuite, comment vous l’utilisez ? Nous devons reconnaître que notre Eglise est, trop souvent, devenue une Eglise d’argent et de fêtes, de nguel, de khawaré, de yendoo, de concerts et de soirées dansantes. Où l’on cherche de l’argent, non pas pour le bien des autres, mais pour la fête. Où cet argent que l’on a gagné est dépensé inutilement, dans des sorties, des repas, des tenues et tant d’autres choses sans véritable importance. Mais pas pour aider les nécessiteux du groupe ou de l’extérieur, ni pour le développement du pays. C’est important de réfléchir sérieusement à cette question. Pas seulement pour la bonne marche de votre association, mais aussi pour le bien de l’Eglise et de toute la société. Il y a trop de dépenses inutiles, de gaspillage, et des dépenses de prestige pour se montrer, à tous les niveaux.
Et bien sûr, si l’on veut que l’association marche, cela demande que l’on travaille ensemble, pour le bien de tous. Que l’on ne cherche pas seulement son propre intérêt, et que l’on lutte contre l’individualisme. Cela aussi c’est nécessaire, pas seulement pour que votre association marche bien. Mais c’est l’un des plus grands services que nous pouvons rendre, à notre société toute entière.

-Je ne vais pas faire l’évaluation de votre association. Des gens de Caritas l’ont faite, et ils vont la partager avec vous, pour y réfléchir et en tirer des conséquences. Je relève seulement dans cette évaluation, les problèmes de formation. Il faut se former. Dieu nous a donné une intelligence pour cela. Il est donc important que vous mettiez en place par exemple, des actions d’alphabétisation pour les femmes qui ne savent ni lire et écrire.
Dans l’évaluation, je note aussi qu’il y a trop de dépenses de fonctionnement, et pas assez d’argent qui va aux projets eux-mêmes.
D’autre part, c’est important que vous deveniez autonomes, et non dépendantes d’une aide de l’extérieur.
Enfin, vous saurez tirer les conséquences de votre expérience, pour mieux préparer l’avenir de votre association, et avancer ensemble. Rappelons-nous ces proverbes : »Yalla, Yalla, beyil sa tool » (il ne suffit pas de dire ! mon Dieu, mon Dieu, cultive ton champ). Et « Dimbali, na ca fekk loxol borom » (si tu veux qu’on t’aide, il faut qu’on te trouve au travail). « Nit, nit, ay garabam » (l’homme est le remède de l’homme). Et bien sûr, tout cela, vous les responsables diocésaines, il s’agira de le partager avec tous ceux et toutes celles avec qui vous travaillez. Comme le dit ce chant : «  Aduna, potu ndaa la. Ku ci naan, jox sa morom naan ! » (le monde c’est comme la calebasse : quand tu as fini de boire, tu donnes à boire aux autres).

3)- L’apostolat
Vous êtes des femmes, membres d’une association, vous êtes aussi des chrétiennes. Cela veut dire que par vos activités, vous continuez le travail de Jésus Christ, qui construit et sauve le monde. A la messe, nous avons lu l’évangile des disciples de Jean Baptiste, qui viennent demander à Jésus s’il est vraiment le Messie (Luc 7). Et la réponse de Jésus : « Allez dire à Jean Baptiste, ce que vous avez vu et entendu. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas, à cause de moi » (Luc 7, 18-25). Et juste avant, on nous dit que Jésus guérit beaucoup de malades, d’infirmes, de possédés des démons, et Il rend la vue à beaucoup d’aveugles. C’est cela le but profond de notre association : ouvrir les yeux de celles qui ne voient pas clair dans leur vie, et ne savent pas où aller. Faire vivre celles qui sont mortes dans leur cœur, ou dans leur esprit. Chasser tous les esprits mauvais : pas seulement les démons et les rab, mais l’esprit d’égoïsme, l’esprit de vengeance et de méchanceté, l’esprit de pouvoir et de domination, l’esprit  de cupidité et de soif de l’argent. Mettre les femmes debout dans toute leur vie, pour qu’elles marchent dans le chemin de Dieu, et avancent dans la vie. Enlever la lèpre de la corruption, qui rend malade notre société. Et surtout, que votre association soit ouverte aux pauvres, aux petits, aux veuves, aux chefs de famille : qu’elle leur annonce, et leur permette de vivre en vérité, la Bonne Nouvelle de l’Evangile.

Nous remarquons aussi que dans cet évangile, Jésus agit avec ses apôtres, en équipe. Et de même, Jean et ses disciples. C’est donc ensemble, en association, que nous devons travailler nous aussi, si nous voulons véritablement être des vrais chrétiens.

Notre Eglise nous propose cette année trois chemins. D’abord la miséricorde : être miséricordieux comme le Père, envers nos frères et nos sœurs. Les aimer de tout notre cœur et tout faire pour les aider. Ensuite le Synode de la famille : pour faire vivre les familles, et les rendre plus heureuses. Enfin, le respect de la création, suite à la lettre du Pape François et de la grande rencontre des Nations Unies à Paris (COP 21). Cela est vraiment urgent, si nous voulons que notre terre puisse continuer à vivre. Sinon nous allons la détruire complètement.

-Quels moyens avons-nous pour agir en chrétiennes, dans notre association et dans toute notre vie ? Ce sont l’Evangile, l’amour de Jésus Christ, et le Saint Esprit. Les vivre à tous les niveaux : au niveau personnel, en famille, dans nos CEB, dans nos quartiers et dans toute la société.
Pour cela la CEB a un rôle important : c’est la famille chrétienne, c’est la communauté de quartier. C’est là que nous vivons et agissons avec tous, pour faire naître et grandir le Royaume de Dieu dans nos quartiers. Mais pour cela, il est important que nos CEB ne soient pas seulement des groupes de prière, mais une famille chrétienne engagée envers tous, dans la vie et les problèmes de chaque jour. Jésus nous dit bien : « Vous êtes le sel de la terre », pas seulement de l’Eglise. « Vous êtes la lumière du monde », pas seulement la lumière de la paroisse (Mat 5, 12-15). Notre Eglise est trop centrée sur elle-même. Notre Eglise est tournée vers la paroisse, alors que c’est la paroisse qui devrait être tournée vers le monde. Nous sommes le levain dans la pâte (Luc 13,20). Et Jésus nous dit : « Allez dans le monde entier » (Marc 15,15). Notre Pape François  nous rappelle sans cesse, qu’il nous faut aller jusqu’à la périphérie, vers ceux qui sont le plus loin, vers ceux qui sont rejetés de notre société. Et de lutter contre la civilisation du déchet, cette civilisation moderne, où tous les gens qui ne sont pas rentables et qui ne peuvent pas travailler, parce qu’ils sont malades, infirmes, analphabètes, tous ceux qui n’ont pas été à l’école ou qui n’ont pas beaucoup de moyens, on les rejette comme des ordures, comme des déchets. Parce qu’on ne peut pas en profiter, et qu’ils ne peuvent rien nous apporter. C’est dans cette ligne-là que nous devons être chrétiennes aujourd’hui.

Pour nous aider, nous avons aussi le 3ème Plan d’Action Pastorale avec les quatre objectifs : la communion, la sanctification, le témoignage et le service. Je n’ai pas le temps d’expliquer tout cela, vous les connaissez vous-même. Simplement. Il faut bien nous rappeler que ces quatre objectifs, nous ne devons pas les vivre seulement entre chrétiens, mais bien avec tous. Et que dans toutes nos activités, même les rencontres de prières ou nos fêtes d’associations, nous ne devons pas seulement chercher la communion, ni même la prière et la liturgie avec des messes, mais bien les quatre objectifs ensemble.
Pour cela, l’Eglise nous propose des commissions, dont nous devons faire partie. C’est cela qui fera vivre notre association de promotion féminine. En particulier, la commission de la famille, la Caritas pour le service de la charité, la commission Justice et Paix, pour les droits humains et la réconciliation.
Dans nos actions, nous penserons spécialement aux femmes qui souffrent le plus, en particulier les femmes chef de famille, et les veuves. Pas seulement pour les aider matériellement par nos projets. Mais pour les libérer de toutes les coutumes et situations qui les écrasent.

Enfin, encore une fois, nous cherchons l’évangélisation de nos sœurs musulmanes. Pas pour les faire changer de religion, mais les aider à vivre les valeurs de l’Evangile : les aider à vivre à la manière de Jésus Christ, qu’elles connaissent déjà comme un prophète, et dont on parle très souvent dans le Coran. A ce moment-là, elles ne sont pas baptisées, elles ne sont pas dans l’Eglise, mais elles sont dans le Royaume de Dieu : un royaume de grâce et de vérité, un royaume d’amour, de justice et de paix, comme on le chante à la fête du Christ-Roi. Jésus disait : » Heureux ceux qui construisent la paix. Ils sont enfants de Dieu » (Mat 5,9). Si nous vivons cela avec nos sœurs musulmanes, ensemble, nous construisons le Royaume de Dieu. Et nous pouvons dire en vérité : « Notre Père qui es aux cieux, que ton Règne vienne, sur la terre comme au ciel ».

4)- L’engagement dans la société
Nous sommes des femmes, des travailleuses, des chrétiennes. N’oublions pas que nous sommes aussi des citoyennes. C’est pour cela qu’il est absolument nécessaire que nous travaillions en lien avec les mairies, aussi bien dans notre association de promotion féminine que dans nos associations de femmes catholiques, dans nos CEB, et dans nos différentes activités. Les mairies font déjà beaucoup de choses pour les formations, pour l’alphabétisation, pour le soutien des femmes nécessiteuses, pour la santé avec la mise en place de la CMU (Couverture Médicale Universelle), etc…Mais trop souvent, nous restons à l’écart de tout cela. Alors que nous avons la possibilité, avec l’Acte 3 de la Décentralisation, d’être vraiment des citoyennes actives. Et cela profitera à nos familles, et à notre propre association. Tout le monde a le droit d’aller assister au Conseil municipal. Nous avons le droit de demander à nos maires ce qu’ils font. Nous avons encore plus le droit de leur faire connaître les besoins, que nous avons découvert, en travaillant entre femmes. Et aussi de  leur apporter nos idées, nos propositions et notre soutien. En tout cas, il me semble absolument nécessaire que chaque association de promotion féminine fasse partie de la commission de la femme, dans chacune de nos mairies. De même que les jeunes doivent participer à la commission de la jeunesse. Chacune des commissions de ces mairies, c’est important d’y participer.

On parle souvent d’engagement politique des chrétiens. C’est vrai que c’est important. Mais nous ne pouvons pas toutes nous engager dans la politique. Pour cela il faut une formation. Il faut le courage, pour supporter les critiques et les attaques. Il faut le sérieux pour résister à la corruption. Nous ne pouvons pas toutes nous engager dans la politique. Mais d’abord, nous devons soutenir nos amies chrétiennes, qui se sont engagées dans la politique. Alors que trop souvent nous les critiquons, en disant même qu’elles ont trahi l’Eglise. Nous ne pouvons pas toutes faire de la politique. Mais nous pouvons toutes nous engager dans la société, dans nos quartiers, en travaillant avec les responsables des CEB. Et aussi avec les délégués de quartier, avec les marraines de quartier « badièni gokh », avec les imams. Ou encore, avec les nombreuses associations qui agissent autour de nous : que nous participions aux activités des différentes ONG qui nous entourent. Nous restons trop souvent à l’écart, entre chrétiennes. Nous y perdons beaucoup. Et les autres aussi y perdent beaucoup, parce que nous ne leur apportons pas les richesses de l’Evangile.

Il y a des tas de possibilités autour de nous. Par exemple, les boutiques des droits et  les maisons de justice, mpour lutter contre les violences faites aux femmes, leur procurer des avocats gratuitement, et aussi des moyens de vivre. Actuellement, tout le problème du droit foncier (la propriété de la terre) est en réflexion. Jusqu’à maintenant, la femme dans la famille n’a pas le droit de posséder la terre. Est-ce que nous participons à cette réflexion, pour que nous ayons enfin nos droits ? Il y a encore trop de mariages forcés, d’excisions, de violences faites aux femmes. Est-ce que nous ne restons pas trop souvent à côté de tout cela ? Nous voyons que dans notre pays, des avocats et des médecins poussent les députés à faire légaliser l’avortement. Et l’homosexualité. Est-ce que nous allons rester regarder à rien faire ?  

Nous avons terminé en offrant tous nos efforts à la prière et à la protection de Marie.                                      









ANNEE DE LA MISERICORDE    Prières en CEB

En conseil paroissial, nous avons décidé que chaque CEB recevra à tout de rôle le tableau de Jésus Miséricordieux. Chaque jour, elle animera la prière dans une maison de la communauté, et ensuite elle remettra solennellement le tableau à la CEB suivante. On veillera à faire de ces rencontres un temps de réconciliation, et de réveil pour ceux qui ont oublié le chemin de la CEB et de l’église.

1 – Prière dans les maisons chaque jour
                Quand la CEB reçoit le tableau de  Jésus Miséricordieux, elle le passe chaque jour dans une famille. Voici le schéma de prière que nous proposons :
-          Chant : pendant le chant, on vient allumer une bougie et poser des fleurs, devant le tableau de Jésus miséricordieux
-          Jésus a dit à Sœur Faustine : « Ce que je demande, ce ne sont pas les sacrifices, mais la Miséricorde. Je suis venu à ta rencontre, pour te confier de nouvelles grâces. Je cherche des âmes, qui voudront accepter ma grâce et ma Miséricorde « 
-          Nous sommes ici pour accueillir la miséricorde de Dieu notre Père, et faire sa volonté, pour que son Règne vienne dans notre quartier : Notre Père..
-          Alleluia. On lit ensuite une Parole de Dieu, en changeant chaque jour. Par exemple dans l’Evangile la Miséricorde de Jésus.
Jésus a eu pitié des étrangers, et des gens qui parlaient une autre langue. Il guérit le serviteur de l’officier romain et la femme syrienne (Marc 7, 24-30).
Il accueille même les gens qui sont dangereux, comme ceux qui sont possédés par des esprits mauvais (Mat 5,2-20),
ou les lépreux qui peuvent lui donner cette maladie (Marc 1, 40-45).
Il guérit les malades et les handicapés comme par exemple l’aveugle (Luc 18, 35-43).
Jésus a pitié de ceux qui sont malades dans leurs corps, mais aussi dans leur cœur, comme la Samaritaine (Jean 4,13-24).
Et surtout ceux qui sont loin et qui sont rejetés dans la société, comme Zachée (Luc 19, 1-10). Jésus le dit clairement « Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » (Matthieu 9-13). Jésus dit aussi (Matthieu 9, 13) : « Je désire la miséricorde, et non pas les sacrifices d’animaux. Je ne suis pas venu appeler les personnes respectables, mais les gens de mauvaise réputation (ceux qui se conduisent mal) ».
Il ne suffit pas d’aider les personnes une par une. Nous cherchons à construire une société où on a pitié des gens. Et où on cherche à permettre à tous de mieux vivre, comme le dit Jésus « J’ai pitié de cette foule » (de toute la foule : Mat 9,35-38).
 La Miséricorde c’est aussi conduire nos frères et nos sœurs jusqu’à la foi en Dieu comme Jésus l’a fait avec l’aveugle né (Jean 9,35-41).
Le dernier Synode nous appelle aussi, à avoir beaucoup de miséricorde, de bonté et de pitié envers les familles qui souffrent, et qui sont rejetées et abaissées. Et il y a beaucoup de familles qui sont dans cette situation, comme celle de Jésus (Jean 7,1-5). Il est très important de mettre en pratique ce que le Synode a dit à ce sujet.
Et la lettre de François sur l’Ecologie (laudato si) nous appelle à avoir pitié aussi de la Création, en même temps que des pauvres (Rom 8,20-29).
Et si quelqu’un s’est mal conduit, nous ne voulons surtout pas le rejeter. Mais au contraire l’aider, comme Jésus a pardonné au voleur sur la croix (Luc 23, 41-43).
On pourra également lire les textes suivants :
Luc 1, 70-79 – Dieu fait miséricorde à son peuple (Zacharie).
Matthieu 5, 7 à 13 - Heureux les miséricordieux (les Béatitudes). 
 Ephésiens 2, 4-6 – Dieu nous a fait miséricorde.
2ème aux Corinthiens 1  (3 à 7) – Au nom du Dieu de Miséricorde, aidez vos frères qui souffrent.
Romains 15, 7-13 – La Miséricorde de Dieu envers tous.
Tite 3, 2 à 8 – Devenir pacifiques et miséricordieux.
Pierre 2 (9-10) – Nous connaissons la miséricorde de Dieu.

Après la lecture, chacun peut dire ce qu’il comprend de la miséricorde de Dieu. Et ce qu’il peut faire pour mettre en pratique cette miséricorde envers ceux qui l’entourent.
-           
-          Prière universelle. Ceux qui le veulent donnent une intention de prière avec un refrain.
-          Question : quels sont les gens de notre quartier, qui souffrent dans leur corps et dans leur cœur, et qui ont besoin de notre miséricorde, de notre pardon et de notre aide.
-          Quelle famille réconcilier ? On dira en secret les noms de ces personnes aux sages de la commuauté, et les choses que l’on veut faire pour eux.
Litanies de la Miséricorde
Seigneur, prends pitié R./ Seigneur, prends pitié
Ô Christ, prends pitié  R./ Ô Christ, prends pitié
Seigneur, prends pitié R./ Seigneur, prends pitié
Miséricorde de Dieu qui jaillis du sein du Père R./ J'ai confiance en toi !
Miséricorde de Dieu, attribut le plus haut de la divinité R./ J'ai confiance en toi !
Miséricorde de Dieu, mystère impénétrable R./ ...
Miséricorde de Dieu, source qui émanes du mystère de la Trinité
Miséricorde de Dieu, qu'aucune intelligenceangélique ni humaine ne peut scruter
Miséricorde de Dieu, d'où provient toute vie et tout bonheur
Miséricorde de Dieu, plus sublime que les cieux
Miséricorde de Dieu, source de merveille étonnante
Miséricorde de Dieu, qui embrasses l'univers entier
Miséricorde de Dieu, qui descends dans le monde en la Personne du Verbe incarné
Miséricorde de Dieu, qui coules de la plaie ouverte du Cœur de Jésus
Miséricorde de Dieu, cachée dans le Cœur de Jésus pour nous
Miséricorde de Dieu, qui te manifestes de façon insondable dans l'institution de l'Eucharistie
Miséricorde de Dieu, qui as fondé l'Eglise sainte
Miséricorde de Dieu, qui as institué le Sacrement du Baptême
Miséricorde de Dieu, qui nous justifies dans le Christ Jésus
Miséricorde de Dieu, qui nous accompagnes tout au long de notre vie
Miséricorde de Dieu, qui nous enveloppes spécialement à l'heure de notre mort
Miséricorde de Dieu, qui nous donnes la vie éternelle
Miséricorde de Dieu, qui nous suis dans tous les instants de notre existence
Miséricorde de Dieu, qui convertis les pécheurs endurcis
Miséricorde de Dieu, qui nous protèges du feu de l'enfer
Miséricorde de Dieu, merveille pour les anges, mystère incompréhensible pour les saints
Miséricorde de Dieu, présente dans tous les mystères divins
Miséricorde de Dieu, qui nous relèves de toute misère
Miséricorde de Dieu, source de toute notre joie
Miséricorde de Dieu, qui du néant nous appelles à l'existence
Miséricorde de Dieu, qui portes dans tes mains tout ce qui existe
Miséricorde de Dieu, qui mènes à sa perfection tout ce qui existe et existera
Miséricorde de Dieu, en qui nous sommes plongés
Miséricorde de Dieu, aimable réconfort des cœurs désespérés
Miséricorde de Dieu, en qui les cœurs reposent - et en qui ceux qui
sont troublés trouvent la paix
Miséricorde de Dieu, qui inspires l'espérance contre toute espérance
Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, R./ Pardonne-nous, Seigneur
Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, R./ Ecoute-nous, Seigneur
Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, R./ Aie pitié de nous, Seigneur
Prions
Dieu éternel dont la Miséricorde est infinie - et en qui le trésor de la compassion est inépuisable, - regarde-nous avec bonté - et comble-nous de ta Miséricorde - afin que dans les moments difficiles, - nous ne perdions ni courage ni espérance, - mais qu'avec une confiance totale, - nous nous soumettions - à ta sainte volonté - qui est Amour et Miséricorde. Amen.

-          Les gens de la famille qui reçoit se mettent autour du tableau en se donnant la main, pour montrer qu’ils veulent être unis. On chante Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Ensuite les membres de la famille donnent la paix aux autres.
-          Nous demandons à Marie de prier pour nos familles, notre CEB et notre quartier tout entier : Je vous salue Marie
-          Chant final.


2 – Remise du tableau de Jésus Miséricordieux à la CEB suivante
                Lorsque le tour des familles de la CEB est terminé, la CEB toute entière se retrouve avec la CEB voisine, pour lui remettre solennellement le tableau de Jésus Miséricordieux, afin qu’elle continue à son tour la prière et les actions pour la miséricorde. Nous proposons le schéma suivant :
-          Chant d’entrée. Pendant le chant on vient allumer une bougie et poser des fleurs devant le tableau.
-          Salutations par le responsable de la CEB qui remet le tableau.
-          Rappel par le  responsable qui reçoit : Nous sommes dans l’Année de la Miséricorde. Jésus disait à Sœur Faustine : « Ma Miséricorde est plus grande que ta misère, et celle du monde tout entier. Pour toi, je suis descendu sur terre… J’ai permis que mon cœur soit ouvert par la lance sur la croix, et je t’offre la source de la Miséricorde. Ne te décourage pas de tes péchés, mais viens vers le Seigneur ».

I)- En cette Année de la Miséricorde, d’abord nous accueillons nous-mêmes la Miséricorde de Dieu et son pardon. Pendant un petit moment, chacun personnellement se demande pour quelle chose il a besoin de la Miséricorde de Dieu et pour quelle chose il veut demander pardon à Jésus.

-          Tous ensemble, « Je confesse à Dieu Tout Puissant ».
-          Nous demandons à Dieu d’avoir pitié de tous ceux qui souffrent dans leur cœur et dans leur corps, et tous ceux qui ont besoin de sa miséricorde : » Seigneur, prends pitié »

II)-  La Parole de Dieu : choisir un des textes proposés pour les prières dans les maisons.
Ceux  qui le veulent disent ce que cet Evangile nous montre de la Miséricorde de Dieu et ce que nous devons faire pour avoir la même miséricorde pour nos frères.

On récite la prière de la Miséricorde : « Seigneur Jésus-Christ,- Toi qui nous a appris à être miséricordieux comme le Père céleste,-- et nous a dit que Te voir, c’est Le voir : - montre-nous ton Visage, et nous serons sauvés. - Ton regard rempli d’amour a libéré Zachée et Matthieu de l’esclavage de l’argent,-  la femme adultère et Madeleine de la quête du bonheur à travers les seules créatures ;- Tu as fait pleurer Pierre après son reniement, - et promis le paradis au larron repenti. - Fais que chacun de nous écoute cette Parole dite à la Samaritaine comme s’adressant à nous : - « Si tu savais le don de Dieu ! » - Tu es le Visage visible du Père invisible, - du Dieu qui manifesta sa toute-Puissance par le Pardon et la Miséricorde : - fais que l’Eglise soit, dans le monde, ton Visage visible, - Toi son Seigneur ressuscité dans la gloire.-  Tu as voulu que tes serviteurs soient eux aussi habillés de faiblesse - pour ressentir une vraie compassion - à l’égard de ceux qui sont dans l’ignorance et l’erreur : - fais que quiconque s’adresse à l’un d’eux-  se sente attendu, aimé, et pardonné par Dieu. - Envoie ton Esprit et consacre-nous tous de son onction - pour que le Jubilé de la Miséricorde soit une année de grâce du Seigneur, - et qu’avec un enthousiasme renouvelé, - ton Eglise annonce aux pauvres la bonne nouvelle, -  aux prisonniers et aux opprimés la liberté,-  et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue. - Nous Te le demandons par Marie, Mère de la Miséricorde, - à Toi qui vis et règnes avec le Père et le Saint Esprit, - pour les siècles des siècles.-  Amen »
-          Pour montrer que nous voulons recevoir la Miséricorde de Dieu, et l’apporter à ceux qui nous entourent, nous venons en procession poser un par un les mains sur le tableau de Jésus Miséricordieux. Chant

III)- Si Dieu est Miséricordieux, nous devons nous aussi être miséricordieux envers nos frères, comme nous le demande le Pape François : N° 15 : Pendant cette Année Sainte de la Miséricorde, nous allons ouvrir notre cœur à ceux qui vivent au loin, qui sont chassés de la société, et qui sont « rejetés dans les périphéries ». Dans le monde d’aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas vivre, qui sont écrasés et qui souffrent. Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent même plus parler, parce qu’on ne les a jamais écoutés. Surtout les pauvres. Pendant ce jubilé, l’Eglise va faire encore plus que d’habitude, pour soigner toutes ces blessures, consoler les gens par la miséricorde, et les soigner par la solidarité, en faisant davantage attention à eux…. Ouvrons nos yeux pour voir les misères du monde, et les blessures de beaucoup de frères et de sœurs, à qui on a enlevé leur dignité. Ecoutons leurs cris, qui nous appellent à l’aide. Que nos mains serrent leurs mains et les attirent vers nous, pour qu’ils sentent la chaleur de notre présence, de notre amitié et de notre fraternité….
Je désire très fort que pendant ce jubilé, le peuple chrétien réfléchisse beaucoup aux œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles, pour réveiller nos cœurs devant la souffrance de la pauvreté. Et pour entrer davantage dans le cœur de l’Evangile, qui s’adresse d’abord aux pauvres, en leur apportant la miséricorde de Dieu. Les œuvres de miséricorde corporelles, c’est donner à manger à ceux qui ont faim, habiller ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, aider les malades, visiter les prisonniers, enterrer les morts. Les actions de miséricorde spirituelles, c’est conseiller ceux qui doutent, enseigner ceux qui ne connaissent pas la Parole de Dieu, conseiller les pécheurs, consoler ceux qui pleurent, pardonner à ceux qui nous ont fait le mal, supporter avec patience les gens qui nous fatiguent, et prier Dieu pour les vivants et pour les morts…. A la fin du monde, Jésus nous demandera aussi, si nous avons aidé nos frères à sortir de la peur et de la solitude, en étant à côté d’eux. Est-ce que nous avons été capables de vaincre l’ignorance, dans laquelle vivent des millions de personnes, qui ne sont ni formées, ni éduquées. Surtout les enfants qui ne sont pas aidés, pour se libérer de la pauvreté. Est-ce que nous nous sommes approchés de ceux qui étaient seuls, et qui pleuraient ? Est-ce que nous avons pardonné à celui qui nous a offensés ? Est-ce que nous avons rejeté toutes les formes de méchanceté et de haine qui portent à la violence ? Est-ce que nous avons été patients, à l’image de Dieu, qui est tellement patient envers nous ?
-          Nous disons à Dieu, le Père de toute Miséricorde, que nous voulons faire sa volonté pendant toute cette année. On récite le Notre Père tous ensemble en se donnant la main : Notre Père…

IV) – Le responsable de la communauté qui reçoit le tableau donne quelques exemples de la miséricorde que nous pouvons vivre :
-          Visiter les familles du quartier qui nous entourent et que nous ne connaissons pas, spécialement celles qui sont tristes, celles qui sont dans le deuil, et celles qui souffrent.
-          Aller réconcilier les gens qui ne s’entendent pas.
-          Prier avec les malades, les veuves, les familles en deuil, en utilisant les schémas de prière qui ont été remis aux CEB.
-          Inviter ceux qui ont oublié le chemin de Dieu à venir à cette prière.
-          Encourager ceux qui ne se sont pas encore mariés à l’Eglise.
-          Se confesser régulièrement, en particulier à Noël et à Pâques.
-          Faire une quête spéciale, en argent ou en nature, pour les pauvres du quartier.
-          Essayer de connaître les nouveaux venus, et les étrangers qui sont dans le quartier
-          Parler avec les talibés et les enfants de la rue.
-          Chaque jour, prendre trois minutes de prière en silence, pour admirer la Miséricorde de Dieu pour nous et l’accueillir dans notre cœur.
-          S’engager à venir régulièrement aux réunions de CEB.
-          Mieux vivre la célébration pénitentielle du début de la messe : Je confesse à Dieu et Seigneur prends pitié.
-           
Ensuite, la communauté qui remet le tableau de Jésus Miséricordieux explique ce qu’elle a fait comme actions de miséricorde pendant qu’elle avait le tableau.
-           
-          Prière universelle : Ceux qui le veulent donnent une intention de prière avec un refrain.
-          Nous demandons à Marie de prier pour nos familles, notre CEB et notre quartier tout entier : Je vous salue Marie

-          Après cela les deux communautés vont en procession, en chantant, jusqu’à la communauté qui reçoit le tableau pour présenter notre foi.


NB : Le dimanche de la Miséricorde, 2ème dimanche de Pâques, chaque communauté pourra apporter en procession une feuille sur laquelle on aura écrit les actions de miséricorde qu’elle aura faite. Les enfants pourront aussi mimer un théâtre de l’Evangile. On fera un tableau, à mettre à l’entrée de l’église… etc.


       COMMENT VIVRE L’ANNEE DE LA MISERICORDE ?
N.B. La miséricorde c’est avoir pitié de nos frères et de nos sœurs (misère-Corde cela veut dire cœur en latin). La miséricorde c’est donc sentir la misère des autres dans notre cœur. Et faire quelque chose pour les aider.
1°) les œuvres de Miséricorde.
L’année de la Miséricorde, c’est lutter avec Dieu contre la misère qui écrase les hommes. Le danger c’est de limiter les choses à la prière et aux seuls chrétiens. Cela est important mais ne suffit pas. Par exemple, souvent, nous avons transformé nos communautés de quartiers en simples réunions de prière. Alors qu’elles sont chargées de construire le Royaume de Dieu dans la société avec tous, Et pour les quatre objectifs du Plan d’Action Pastoral (3ème PAP) : nous pensons surtout à la communion par les prières et surtout les fêtes, et par la liturgie, en oubliant les 2 derniers objectifs. Nous pensons que la communion, la sanctification, le témoignage et le service s’adressent seulement aux chrétiens. Alors que nous devons chercher la communion avec tous ceux avec qui nous vivons, et la sanctification de tous, qu’ils soient chrétiens ou non. De même, l’évangélisation doit se faire auprès des non chrétiens, et pas seulement dans les groupes de prière ou les groupes charismatiques. Et encore plus le service, bien sûr.
Pendant cette année de la miséricorde, il ne suffit donc pas de faire des prières, et de réciter les litanies de la Miséricorde. Il s’agit d’accueillir la miséricorde de Dieu sur nous (en particulier par le pardon et le sacrement de réconciliation). Et à partir de là, de faire ce que l’Eglise appelle « les œuvres de Miséricorde » : l’aide aux pauvres, la visite des malades, le soutien des étrangers, réfugiés et émigrés, l’aide aux prisonniers et à leur famille, etc…(voir Mat 25,31-45). Le pape insiste aussi beaucoup sur la lutte contre la corruption (N° 19), et sur la justice (n° 20 et 21). Pendant toute cette année, il nous faudra donc agir. On ne peut pas se contenter de prières, de neuvaines ou de pèlerinages. Comme l’explique notre pape François :
N° 15 : Pendant cette Année Sainte de la Miséricorde, nous allons ouvrir notre cœur à ceux qui vivent au loin, qui sont chassés de la société, et qui sont « rejetés dans les périphéries ». Dans le monde d’aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas vivre, qui sont écrasés et qui souffrent. Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent même plus parler, parce qu’on ne les a jamais écoutés. Surtout les pauvres. Pendant ce jubilé, l’Eglise va faire encore plus que d’habitude, pour soigner toutes ces blessures, consoler les gens par la miséricorde, et les soigner par la solidarité, en faisant davantage attention à eux…. Ouvrons nos yeux pour voir les misères du monde, et les blessures de beaucoup de frères et de sœurs, à qui on a enlevé leur dignité. Ecoutons leurs cris, qui nous appellent à l’aide. Que nos mains serrent leurs mains et les attirent vers nous, pour qu’ils sentent la chaleur de notre présence, de notre amitié et de notre fraternité…. Je désire très fort que pendant ce jubilé, le peuple chrétien réfléchisse beaucoup aux œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles, pour réveiller nos cœurs devant la souffrance de la pauvreté. Et pour entrer davantage dans le cœur de l’Evangile, qui s’adresse d’abord aux pauvres, en leur apportant la miséricorde de Dieu. Les œuvres de miséricorde corporelles, c’est donner à manger à ceux qui ont faim, habiller ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, aider les malades, visiter les prisonniers, enterrer les morts. Les actions de miséricorde spirituelles, c’est conseiller ceux qui doutent, enseigner ceux qui ne connaissent pas la Parole de Dieu, conseiller les pécheurs, consoler ceux qui pleurent, pardonner à ceux qui nous ont fait le mal, supporter avec patience les gens qui nous fatiguent, et prier Dieu pour les vivants et pour les morts…. A la fin du monde, Jésus nous demandera aussi, si nous avons aidé nos frères à sortir de la peur et de la solitude, en étant à côté d’eux. Est-ce que nous avons été capables de vaincre l’ignorance, dans laquelle vivent des millions de personnes, qui ne sont ni formées, ni éduquées. Surtout les enfants qui ne sont pas aidés, pour se libérer de la pauvreté. Est-ce que nous nous sommes approchés de ceux qui étaient seuls, et qui pleuraient ? Est-ce que nous avons pardonné à celui qui nous a offensés ? Est-ce que nous avons rejeté toutes les formes de méchanceté et de haine qui portent à la violence ? Est-ce que nous avons été patients, à l’image de Dieu, qui est tellement patient envers nous ?
Nous avons donc deux choses à faire cette année : 1) Accueillir la Miséricorde de Dieu, qui change notre cœur (voir le n° 12).  - 2) Apporter cette Miséricorde à nos frères et la faire entrer dans toute la vie de la société. Toutes les actions de cette année de la Miséricorde seront bien sûr basées sur la Parole de Dieu et l’exemple de Jésus Christ.
2°) L’exemple de Jésus Christ et la Parole de Dieu
Jésus a eu pitié des étrangers, et des gens qui parlaient une autre langue. Il guérit le serviteur de l’officier romain et la femme syrienne (Marc 7, 24-30). Il accueille même les gens qui sont dangereux, comme ceux qui sont possédés par des esprits mauvais, ou les lépreux qui peuvent lui donner cette maladie (Marc 1, 40-45). Il guérit les malades et les handicapés comme par exemple l’aveugle (Luc 18, 35-43). Jésus a pitié de ceux qui sont malades dans leurs corps, mais aussi dans leur cœur, comme la Samaritaine (Jean 4,13-24). Et surtout ceux qui sont loin et qui sont rejetés dans la société, comme Zachée (Luc 19, 1-10). Jésus le dit clairement « Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » (Matthieu 9-13).
Il ne suffit pas d’aider les personnes une par une. Nous cherchons à construire une société où on a pitié des gens. Et où on cherche à permettre à tous de mieux vivre, comme le dit Jésus « J’ai pitié de cette foule » (de toute la foule : Mat 9,35-38). Jésus dit aussi (Matthieu 9, 13) : « Je désire la bonté, et non pas les sacrifices d’animaux. Je ne suis pas venu appeler les personnes respectables, mais les gens de mauvaise réputation (ceux qui se conduisent mal) ».
La Miséricorde c’est aussi conduire nos frères et nos sœurs jusqu’à la foi en Dieu comme Jésus l’a fait avec l’aveugle né (Jean 9,35-41).
Le dernier Synode nous appelle aussi, à avoir beaucoup de miséricorde, de bonté et de pitié envers les familles qui souffrent, et qui sont rejetées et abaissées. Et il y a beaucoup de familles qui sont dans cette situation. Il est très important de mettre en pratique ce que le Synode a dit à ce sujet.
Et la lettre de François sur l’Ecologie (laudato si) nous appelle à avoir pitié aussi de la Création, en même temps que des pauvres.
Et si quelqu’un s’est mal conduit, nous ne voulons surtout pas le rejeter. Mais au contraire l’aider, comme Jésus a pardonné au voleur sur la croix (Luc 23, 41-43).
Pendant cette année de la Miséricorde, nous allons bien sûr lire et méditer
N.B. : En CEB nous pourrons partager ces passages, en suivant les quatre questions pour les partages d’Evangile que nous avons proposés. En pmarticulier les évangiles de Luc 15 : la brebis perdue, la pièce perdue et surtout l’enfant prodigue, qui nous montre l’amour du Père pour nous, et quel amour nous devons avoir aussi pour les autres. Et aussi par exemple, l’histoire de Jésus qui a eu pitié de la veuve, qui avait perdu son fils unique (Luc 7, 13)
3°) LETTRE DU PAPE FRANCOIS POUR L’ANNEE DE LA MISERICORDE (Extraits en français facile) :
N° 1 : Jésus Christ est le visage de la Miséricorde de Dieu notre Père. C’est le centre de notre foi chrétienne. La Miséricorde de Dieu devient vivante et visible, et la plus grande possible, en Jésus de Nazareth. Dieu dit à Moïse qu’Il est un Dieu plein de tendresse et de miséricorde, lent à la colère, plein d’amour et de vérité (Exode 34, 6). Mais en Jésus, nous voyons que Dieu est vraiment plein de miséricorde, par ses paroles, ses gestes et toute sa personne.
N° 2 : La Miséricorde c’est ce qu’il y a dans le cœur de chacun, lorsqu’il regarde le frère ou la sœur qu’il rencontre dans la vie, avec un regard bon.
N° 3 : La Miséricorde de Dieu sera toujours plus grande que le péché. Personne ne peut arrêter l’Amour de Dieu, qui pardonne toujours.
N° 4 : L’Eglise préfère utiliser la Miséricorde pour soigner les cœurs, plutôt que d’utiliser les armes de la sévérité. Quand l’Eglise apporte la lumière de la vérité, elle se conduit comme une mère qui aime tous ses enfants. Et qui est bonne, patiente et pleine de pardon, pour ses enfants séparés.
N° 5 : Je désire que les années qui vont venir soient remplies de la Miséricorde de Dieu pour rencontrer chacun des hommes et des femmes, en leur offrant la bonté et la tendresse de Dieu. Que le médicament de la Miséricorde soit apporté à tous les croyants, mais aussi à ceux qui sont loin de la foi, comme un signe du Royaume de Dieu, qui est déjà présent parmi nous.
N° 6 : Dieu sera toujours présent dans l’histoire des hommes, comme Celui qui est près, qui fait attention, qui est saint et qui est miséricordieux. Patient et miséricordieux, ce sont les qualités de Dieu dans toute la Première Alliance : « car Il pardonne de tous les péchés, et Il guérit toutes les maladies, Il t’enlève de la tombe, pour te donner la vie. Et Il te couronne d’amour et de tendresse (Psaume 102, 3-4) ». Le psaume 145, 7-9 donne les signes de la Miséricorde : « Dieu est juste avec ceux qui sont écrasés, Il donne le pain à ceux qui ont faim, Il libère ceux qui sont attachés. Il ouvre les yeux des aveugles, Il redresse ceux qui sont écrasés. Le Seigneur aime les justes, Il protège l’étranger. Il soutient la veuve et l’orphelin. Il fait perdre la route aux méchants ». Et aussi (Psaume 146, 3+6) « Le Seigneur guérit les cœurs cassés, et Il soigne leurs blessures. Le Seigneur relève les petits, et Il fait descendre jusqu’à terre les méchants »…. La Miséricorde vient du cœur, comme un sentiment profond et naturel, qui est fait de tendresse et de pitié, d’indulgence et de pardon. C’est cela que Dieu fait à chacun d’entre nous. C’est à cela qu’Il nous appelle envers tous nos frères, pendant cette année de la Miséricorde.
N° 7 : Jean nous explique que Dieu est Amour (1ère Jean 4, 8+16). Les signes que Jésus apporte de la Miséricorde de Dieu s’adressent surtout aux pécheurs, aux pauvres, à ceux qui sont chassés de la société, aux malades et à tous ceux qui souffrent. Et tout cela dans la Miséricorde. Toute la vie de Jésus est pleine de miséricorde. En Lui il y a toujours la pitié (la compassion).
N° 8 : Dans Matthieu 18, Jean nous explique que nous devons pardonner jusqu’à 70 fois, 7 fois (22). Il nous demande de ne pas faire comme le serviteur, qui a refusé de pardonner à son frère (33). Sinon, Dieu ne pourra pas nous pardonner non plus (35). Cette histoire nous enseigne beaucoup de choses. La Miséricorde, c’est la qualité de Dieu notre Père. Mais c’est aussi ce qui montre, quels sont les vrais enfants de Dieu. Nous cherchons à vivre dans la miséricorde envers les autres, parce que Dieu nous a d’abord fait miséricorde à nous. Pardonner aux autres, c’est montrer l’Amour de Dieu plein de miséricorde. Même si c’est souvent difficile pour nous, de pardonner. C’est le moyen d’avoir la paix dans notre cœur, et de laisser la rancune, la colère, la violence et la vengeance. Comme le dit Paul : « que le soleil ne se couche pas sur votre colère » (Ephésiens 4, 26). Jésus disait (Matthieu 5, 7) : «Heureux les miséricordieux. Dieu leur fera miséricorde ». L’amour miséricordieux des chrétiens doit ressembler à la miséricorde de Dieu. Elle nous rend responsable de nos frères. Comme le Père aime, nous aussi nous aimons, car nous sommes ses enfants. Comme Il est miséricordieux, nous aussi nous sommes appelés à être miséricordieux les uns envers les autres.
(N° 10) C’est la Miséricorde qui soutient la vie de l’Eglise. Tout ce que les chrétiens font, ils doivent le faire avec tendresse. Sinon les gens ne pourront pas croire dans l’Eglise. Souvent nous cherchons la justice, mais nous oublions que c’est seulement le début ; l’Eglise doit aller plus loin, jusqu’à la Miséricorde, la bonté et la pitié. Dans notre société, il y a de moins en moins de pardon. Sans pardon, c’est comme si nous vivions dans le désert. Le temps est venu pour l’Eglise d’annoncer le pardon dans la joie, pour porter les faiblesses et les difficultés de nos frères. Le pardon c’est une force qui nous fait ressusciter à une vie nouvelle. Il nous donne le courage, de regarder l’avenir avec espérance.
N° 11 – Saint Jean Paul II a enseigné deux choses dans sa Lettre « Dieu est riche en miséricorde ».
1. Les hommes d’aujourd’hui refusent la miséricorde. Ils veulent l’enlever de la vie et du cœur des hommes. Ils croient que par la science seule, on peut commander la Terre. Au contraire, ceux qui ont la foi s’adressent à la Miséricorde de Dieu.
2. La Miséricorde vient de l’amour envers tous les hommes, par notre foi. Car notre vie est en danger. C’est pour cela que nous devons prier pour demander la Miséricorde de Dieu, pour l’Eglise et pour le monde. L’Eglise est vraie quand elle annonce la Miséricorde de Dieu. La qualité la plus admirable de Dieu, c’est Sa Miséricorde. Nous cherchons donc à conduire les hommes aux sources de la Miséricorde : Jésus Notre Sauveur.
N° 12 – L’Eglise doit annoncer la Miséricorde de Dieu, car c’est le cœur de l’Evangile. Elle doit faire entrer cette Miséricorde, dans le cœur et dans l’esprit de tous les hommes. Elle va rencontrer tous les hommes, à la manière de Dieu, sans rejeter personne. Nous avons commencé une nouvelle évangélisation. C’est pourquoi il faut chercher la Miséricorde, avec encore plus de force, et d’une façon nouvelle (une nouvelle pastorale). La Parole et les gestes de l’Eglise doivent faire entrer la Miséricorde de Dieu dans le cœur des personnes, pour qu’ils retrouvent le chemin vers Dieu notre Père.
La première Vérité de l’Eglise, c’est l’Amour du Christ. L’Eglise se met au service de cet Amour, qui va jusqu’à pardonner, et à donner sa Vie pour les autres. Là où il y a l’Eglise, il doit y avoir la Miséricorde du Père : dans nos paroisses, dans nos communautés, nos associations et nos mouvements. Partout où il y a des chrétiens, les hommes doivent trouver la Miséricorde.
N° 13 – Nous voulons vivre cette Année de Jubilé de la Miséricorde, à la lumière de la Parole du Seigneur : « Soyez Miséricordieux comme votre Père ». Jésus disait : (Luc 6, 36) « Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux ». C’est difficile, mais c’est cela qui nous donne la paix et la joie. Et cette Parole est pour tous les hommes, surtout ceux qui écoutent la voix de Dieu (Luc 6, 27). Pour être capables de Miséricorde, nous devons d’abord écouter la Parole de Dieu, et la méditer en silence. A ce moment-là, nous pouvons regarder la Miséricorde de Dieu, et en faire notre façon de vivre.
N° 14 : Jésus disait : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés. Ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera » (Luc 6, 37-38). Ne pas juger et ne pas condamner, c’est savoir accueillir ce qu’il y a de bon dans toute personne. Et ne pas la juger, en pensant que nous connaissons tout d’elle. Jésus ne nous demande pas seulement de pardonner, mais aussi de donner ce que nous avons reçu de Dieu, pour être miséricordieux comme le Père. Dieu nous aime. Il se donne tout entier : pour toujours, gratuitement et sans rien demander en retour. Il vient à notre secours, quand nous Le prions.
N° 15 : voir plus haut
N° 16 – Nous connaissons tous, ce que Jésus a dit dans la synagogue de Nazareth (Luc 4, 16-21), en reprenant le prophète Isaïe : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi. Le Seigneur m’a consacré par l’huile sainte, Il m’a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux petits, guérir ceux qui ont le cœur cassé, annoncer aux prisonniers qu’ils vont être délivrés, et annoncer une année de grâce de la part du Seigneur ». Cela signifie : dire des paroles d’encouragements, faire des gestes pour consoler les pauvres, libérer ceux qui sont esclaves des idées païennes moderne et de l’argent, ouvrir les yeux et le cœur de ceux qui sont enfermés sur eux-mêmes, et redonner leur valeur et leur dignité à ceux qui sont abaissés et méprisés. Pour que tous les chrétiens vivent et portent témoignage, de ces paroles de Jésus. Comme le disait Paul : « Celui qui pratique la miséricorde, qu’il ait le sourire » (Romains 12, 8).
Au moment du Carême, on pourra relire le n° 17.
Nous accueillerons aussi les missionnaires de la Miséricorde, que le Pape nous enverra (n° 18).
N° 19 – Le Pape appelle spécialement, les personnes qui sont tombées dans la corruption. C’est une plaie qui pourrit la société. Et un péché très grave qui crie vers le ciel, car il casse les bases de la vie des personnes et de la société. La corruption empêche de regarder l’avenir avec espérance, parce qu’elle veut avoir toujours plus. Cela casse les projets des faibles, et chasse les plus pauvres. La corruption est un mal qui prend racine dans les gestes de chaque jour, pour s’étendre jusqu’à toute la société. La corruption nous fait nous enfoncer dans le péché, qui veut remplacer Dieu par l’argent et le pouvoir. C’est une action de la nuit. Pour vaincre la corruption, il faut de la prudence, réfléchir, être vrai et clair. Etre courageux, pour dénoncer et s’attaquer à la corruption. Si on ne la combat pas ouvertement aujourd’hui, un jour nous allons en devenir complices. Et elle détruira notre vie.
Pour les relations entre Justice et Miséricorde, nous pouvons lire les numéros 20 et 21, et le numéro 22 sur les indulgences.
N° 23 – La miséricorde est importante, même en dehors de l’Eglise. Elle nous permet d’être unis avec les musulmans, qui considèrent la miséricorde comme l’une des qualités les plus importantes de Dieu. Ils l’appellent le Clément et le Miséricordieux. C’est ainsi que les musulmans prient souvent Dieu, et qu’ils se sentent accompagnés et soutenus dans leurs faiblesses de chaque jour. Eux aussi, ils croient qu’on ne peut pas arrêter la Miséricorde de Dieu, car ses portes sont toujours ouvertes. Par conséquent, que cette année du Jubilé, vécue dans la Miséricorde, aide à la rencontre entre les religions. Qu’elle nous aide à dialoguer entre croyants, pour mieux nous connaître et mieux nous comprendre. Qu’elle enlève toutes les formes de fermeture, et de mépris de l’autre. Qu’elle repousse toutes les formes de méchanceté et de rejet des pauvres et des petits.
N° 24 – Notre pensée se tourne vers Marie, la mère de la Miséricorde. Elle a participé, le mieux possible, à l’Amour de Dieu. Elle a été aider sa cousine Elisabeth (la mère de Jean Baptiste : Yahya), qui était vieille et enceinte, Elle a chanté la Miséricorde de Dieu, qui s’étend d’âge en âge (Luc 1, 50). Quand elle était débout au pied de la croix, elle a entendu les paroles de Jésus, qui demandait pardon à Dieu, pour ceux qui le tuaient. Notre prière s’étendra aussi à qui ont fait de la Miséricorde le but de leur vie.
N° 25 – Que la Parole de Dieu soit entendue avec force dans l’Eglise : une parole et un geste de pardon, de soutien, d’aide et d’amour. Que l’Eglise ne se fatigue jamais, d’offrir aux hommes la Miséricorde. Qu’elle soit toujours patiente, pour encourager et pardonner. Qu’elle soit la voix de tout homme et de toute femme, et qu’elle répète avec confiance et sans s’arrêter : « Rappelle-toi Seigneur ta tendresse et ton amour, qui sont de toujours » (Psaume 25, 6).




ECOLOGIE : PRESENTATION DE LA LETTRE DU PAPE FRANCOIS « LOUE-SOIS-TU »
   (en français simple)

I - Le  contenu : Cette lettre comprend six chapitres :
1)      La situation actuelle du monde, d’après les études scientifiques.
2)      L’importance de s’engager pour défendre l’environnement, d’après la tradition chrétienne.
3)      Les causes profondes de ces problèmes.
4)      Propositions pour une écologie totale de la nature, de la politique, de l’économie (l’argent) et de la vie en société.
5)      Des chemins pour l’action.
6)      La force que Dieu nous donne pour agir.

Le Pape veut entrer en dialogue avec tous les hommes du monde entier, car le monde est notre « maison commune ». C’est tous ensemble que nous devons réfléchir à l’avenir de notre monde, pour nous libérer ensemble. Le Pape veut agir ensemble avec toutes les forces de la science, de la politique et de l’économie (l’argent et le travail), pour trouver de nouvelles façons de vivre, dans chaque pays et dans le monde entier. Et pour aider à vivre, d’une façon vraiment humaine.
Ce qui frappe dans cette lettre de François, c’est que c’est un cri du cœur. Le Pape ne fait pas un discours théorique, mais il cherche à toucher notre cœur, pour que nous nous engagions totalement. Et que nous passions à l’action, au lieu de rester au niveau des idées et des discussions. Après avoir lu cette lettre, personne ne peut dire : « cela ne me concerne pas. Ou bien, je ne peux rien faire ». Cette lettre nous pousse à dire merci à Dieu, comme Saint François d’Assise le chantait dans son Cantique au soleil : « Loué sois-tu », qui donne son nom à cette lettre. La situation est très grave, mais François ne nous décourage pas. Au contraire, il nous demande de garder l’espérance, et d’agir dans la foi, et aussi dans la joie.


            II - La situation :
La terre est de plus en plus sale (pollution). Elle se réchauffe. Le climat change, avec de grandes tempêtes et des inondations de plus en plus graves. Les forêts diminuent et le désert avance. On manque de plus en plus d’eau de qualité (buvable). De nombreuses espèces de plantes et d’animaux disparaissent. La vie en société devient de plus en plus difficile. Le nombre de pauvres augmente, pendant  que les riches deviennent de plus en plus riches. « Nous n’avons jamais fait autant de mal à la terre, que ces dernières deux cents années ». C’est l’homme qui est responsable de tout cela. Il faut donc à tout prix nous réveiller, et changer notre manière de vivre. La pollution (la saleté), ce n’est pas seulement les ordures que l’on jette. C’est aussi la mauvaise façon de vivre de certains (la pollution morale), que nous voyons dans la rue, et aussi à la télévision, sur Internet et les autres medias. Quelqu’un explique : « Il ne faudrait pas oublier la pollution par les médias, en particulier la pornographie, car nous sommes tous connectés maintenant, directement ou indirectement »
Sauver la terre c’est sauver les hommes, en commençant par les plus pauvres. Les deux vont obligatoirement ensemble. Il n’y a pas d’un côté les problèmes de l’environnement, et de l’autre les problèmes de la société. « Il y a des problèmes sociaux environnementaux (n° 139).  «Les cris de souffrances de la terre s’unissent aux cris de ceux qui sont abandonnés dans le monde, pour nous demander de changer » (53). « Travailler pour l’écologie, c’est travailler en même temps pour une plus grande justice dans la société. Pour écouter à la fois, les cris de souffrance de la terre et ceux des plus pauvres » (49).

            III -  Les obstacles qui empêchent de changer :
D’abord, il y a les riches et ceux qui ont le pouvoir, qui veulent garder leurs avantages. Et qui dépensent (consomment) de plus en plus, sans vouloir changer. Mais il y a aussi le plus grand nombre de la population, même des croyants, qui refusent de voir le problème. Ou qui supportent sans rien dire. Enfin, il y a ceux  qui pensent, que la science toute seule peut trouver des solutions (14). Une femme explique : « pour beaucoup de ceux qui m’entourent, l’écologie c’est seulement protéger la nature en oubliant l’écologie humaine (respecter et protéger les hommes) sur laquelle le pape François insiste beaucoup. La base de l’écologie, c’est que l’homme est au centre de la Création ».

Des solutions, comme la taxe carbone (les pays riches qui achètent aux pays pauvres, des droits de consommer et de gaspiller davantage) ne sont pas des bonnes solutions.
Le problème ce n’est pas l’augmentation de la population, comme s’il y aurait trop de personnes sur la terre, pour les nourrir et les faire vivre. Le problème, c’est que certains dépensent les richesses de la terre, sans se limiter et sans réfléchir.
L’avortement : « Quand on écoute les cris de la terre, on doit aussi écouter les cris de l’embryon que l’on tue (l’enfant dans le ventre de sa mère), aussi bien que les cris des pauvres…On ne  saura pas protéger l’embryon, si on ne sait pas protéger les faibles de la société » (120).
Les banques et les grosses sociétés cherchent à gagner le maximum d’argent, tout de suite (54) : « Sans penser au bien de tous, ni à l’avenir de la terre. Et pour cela, on pousse les gens à dépenser et à consommer plus. Cela ne peut conduire qu’à la mort de la terre » (55). Un européen affirme : « Je travaille dans la finance. Il y a une grande injustice entre les pays du Sud et ceux du Nord. Des entreprises occidentales vont dans les pays sous-développés, pas seulement parce qu’on paye les travailleurs moins cher, mais aussi pour continuer leurs activités salissantes (la pollution). Parce que les lois contre la pollution sont moins fortes dans ces pays que dans nos pays occidentaux. Et il y a aussi la pollution financière, par la corruption ».

Les peuples en développement (les pays pauvres) ont les plus grandes richesses de la terre. Mais ils n’en profitent pas,  ni maintenant, ni pour leur avenir. Ce sont les pays riches qui profitent, en prenant leurs terres (l’accaparement), et par l’organisation du commerce mondial. (52).

Pour les causes du réchauffement de la terre, il y a beaucoup d’explications. Il y a des causes qui viennent de la nature, et c’est difficile d’agir sur ces causes. Mais nous pouvons prier Dieu, le Maître de la Nature. Comme nous le rappelle Jésus, quand Il a arrêté le vent et la tempête sur la mer. Mais le changement de climat est causé aussi, par les activités des hommes. Et là nous pouvons faire quelque chose : changer notre comportement, aussi bien par rapport à la nature (la pollution), que par rapport à la vie en société, en particulier pour les pays sous développés et les hommes les plus faibles (l’économie humaine). Nous devons donc prendre nos responsabilités, pour diminuer le réchauffement de la terre, autant que nous le pouvons, pour ce qui est causé par nos usines, nos feux de brousse et nos voitures. Et aussi lutter contre la destruction de la couche d’ozone, par tous nos produits chimiques : cette couche qui nous protège des rayons trop forts du soleil.
« Cela demande que nous changions à la fois, notre cœur et notre façon de produire, de distribuer et d’utiliser (consommer) ce que nous fabriquons. Pour prendre soin de la terre, qui est notre maison commune, la maison de tous ceux qui y habitent ». Nous nous demandons donc : Qu’est-ce que j’ai dans le cœur, quand je gaspille les choses, que je salis la terre, ou que j’abaisse les hommes ? Est-ce que je cherche le bonheur de tous, ou bien mon seul plaisir égoïste, et mon intérêt à moi tout seul ? Est-ce que je suis prêt à changer mon comportement, en pensant aux plus petits et aux plus pauvres ?

« Mais tout n’est pas perdu. Les gens sont capables de se dépasser, et de choisir à nouveau le bien, malgré tout ce qu’on veut les forcer de faire, au niveau des idées comme au niveau de la vie en société. Ils sont capables, de se regarder dans la vérité. De dire devant tous les hommes, qu’ils sont dégoûtés (en colère) par ce qui se passe. Et de chercher de nouveaux chemins, pour être vraiment libres » (205).
En conclusion, « marchons en chantant, que nos luttes et nos efforts pour protéger la terre, ne nous enlèvent pas la joie et l’espérance » (244).

            IV - Les chrétiens et l’écologie :
« Parfois nous les chrétiens nous avons mal compris la Parole de Dieu. Nous devons rejeter cette mauvaise idée, qui nous fait croire que parce que nous sommes créés à l’image de Dieu, nous devons dominer la terre sans nous limiter » (67).
Il y a eu des penseurs (des philosophes) qui ont abaissé le corps, la matière et les choses du monde, en les opposant à l’esprit et aux choses d’en haut. Cela a déformé l’Evangile. Ce ne sont pas les idées de Jésus Christ (98). « Certains chrétiens prient et travaillent beaucoup, mais ils se moquent de l’environnement » (217). Il y a vraiment un péché contre l’environnement : le péché écologique. Nous devons demander pardon à Dieu, et à nos frères et sœurs, pour toutes les fois où nous n’avons pas respecté l’environnement, personnellement ou tous ensemble. Car c’est une grande injustice sociale. C’est un péché contre Dieu, mais aussi contre nos frères et nos sœurs. Ceux d’aujourd’hui et ceux qui viendront après nous. Quand nous nous confessons, est-ce que nous nous accusons de nos péchés contre l’environnement ?

Le Pape François s’adresse à tous les hommes. C’est pour cela qu’il parle d’écologie intégrale (totale). Cela  nous demande à nous chrétiens, d’encourager tous les hommes à planter des arbres, à ne pas gaspiller l’eau ou l’électricité, et à ne pas salir la terre. La terre est créée par Dieu. Aider nos frères et nos sœurs non chrétiens à respecter la terre, c’est les rapprocher de Dieu. C’est aussi un moyen très important d’évangélisation, c’est-à-dire les faire vivre comme l’Evangile nous le demande, quelle que soit leur religion. Cette lettre de François nous demande d’ouvrir nos communautés chrétiennes, à la vie de toute la société, et à tous les hommes. François affirme : « On ne pourra pas changer les choses, sans une mystique (sans la foi qui nous entraîne) » (216). Ces changements à faire dans notre vie, c’est un vrai chemin de conversion. N’est-ce pas pour cela, il y a trois ans, que nos évêques nous ont demandé de respecter la création, comme effort de carême. Nous  pouvons relire leur lettre.

Pour cela, le pape nous donne l’exemple de Saint François d’Assise, de Sainte Thérèse, de Charles de Foucauld, de Saint Bonaventure, de Saint Jean de la Croix et de beaucoup d’autres saints. Mais aussi l’exemple de croyants des autres religions (233). François cite, par exemple, Ali al Khaw Wâç : « Ceux qui sont enseignés dans la foi, ils comprennent ce que dit le vent qui souffle, les arbres qui se penchent, l’eau qui coule, les mouches qui bourdonnent, les portes qui grincent, le chant des oiseaux, le pincement des cordes de la Kora, les sifflements de la flûte, les soupirs des malades et les gémissements de ceux qui pleurent ».

Il nous faut apprendre à regarder le monde de l’intérieur, et non pas de l’extérieur, pour « reconnaître que Dieu nous a unis à tous les êtres vivants ». Il s’agit de regarder notre monde dans la foi, avec les yeux de Dieu, et de Lui dire merci. Pour comprendre le monde en profondeur, et le voir comme Dieu Lui-même le voit. C’est toute la place de la contemplation dans la vie chrétienne (admirer Dieu et tout ce qu’Il a fait, dans la prière). Le Pape François disait déjà dans la « Joie de l’Evangile » (n° 71) : Il nous faut apprendre à prendre le temps pour nous unir à toute la création : pour réfléchir à notre façon de vivre, et au but que nous avons choisis dans la vie. Pour admirer, adorer Dieu notre Créateur, qui vit parmi nous, et dans tout ce qui nous entoure. Et dont nous devons apprendre à découvrir la présence ».

« Pour donner les sacrements, on prend de l’eau, de l’huile, du pain et du vin. La liturgie utilise le feu, les couleurs et beaucoup d’autres signes et symboles, pour dire merci à Dieu. C’est un moyen pour Dieu de prendre en Lui-même toute la nature. Et la matière de ces sacrements devient un moyen, pour recevoir la vie de Dieu » (235).
« Toutes les créatures de l’univers matériel trouvent leur vrai sens, dans la Parole de Dieu qui s’est faite homme, Jésus Christ. Le christianisme ne refuse, ni le corps ni la matière. Au contraire, le corps de l’homme, par le baptême, devient le Temple du Saint Esprit. Par la communion, notre corps est uni au Seigneur Jésus. Et Lui aussi a fait corps avec nous, pour sauver le monde entier » (235).
Dans l’Eucharistie, Dieu va jusqu’à se faire nourriture pour sa créature… Dans l’Eucharistie, c’est le monde entier qui rend grâce à Dieu. Elle est le centre qui fait vivre le monde. Elle est le centre qui unit le ciel et la terre. Et qui remplit le monde entier, du feu de l’Amour de Dieu. Elle nous apporte la Lumière et la Force, pour respecter l’environnement. Elle fait de nous des gardiens de toute la création » (236).
L’exemple et la prière de Marie (241) qui a pris soin du monde, comme Elle a pris soin de Jésus, nous entraîne. Et aussi l’exemple de Saint Joseph, pour marcher sur cette route avec courage et bonté. Et pour prendre soin de ce monde, que Dieu nous a donné (242).
C’est bien pour cela que la lettre se termine par deux prières :
-« une prière pour notre terre à partager », avec tous ceux qui croient en un Dieu Créateur et Tout Puissant
- et une prière chrétienne avec les chrétiens, pour tenir nos promesses, et faire ce que Jésus nous demande, en faveur de la création (246).

V - Les propositions :
« Le problème de l’écologie est très grave. Il faut à tout prix, penser au bien commun (le bien de tous), pour aujourd’hui et pour demain. Il faut se parler, et réfléchir ensemble avec patience, sérieux et générosité ». (201)
Comme l’ont déjà dit Jean Paul II et Benoît XVI, il faut  s’attaquer aux causes du mauvais fonctionnement du monde. Il faut changer les plans de développement (la croissance), qui ne respectent pas le monde (l’environnement). Il faut chercher le développement de tout l’homme, pour aujourd’hui et surtout pour demain (6).
Il faut arrêter de penser seulement à soi (l’individualisme), pour comprendre les liens qui unissent tous les hommes de la famille humaine, comme des frères. « Nous ne pouvons pas rendre meilleures nos relations avec la nature, sans rendre meilleures nos relations avec les hommes ».
« Pour une vraie action pour l’écologie, on doit toujours faire attention à la justice dans la réflexion, pour écouter à la fois les cris de souffrance de la terre, et les cris des pauvres. En effet, c’est le même comportement qui pousse à utiliser et à casser le monde, et qui pousse à utiliser sexuellement les enfants, ou à abandonner les personnes âgées qui ne rendent plus service. Et aussi à acheter les organes des pauvres, pour les vendre ou pour faire des expériences. Ou refuser d’avoir des enfants. Il y a aussi des gens qui disent qu’il faut laisser les forces du marché (le commerce)  organiser elles-mêmes l’économie. Mais cela casse la société, aussi bien que la nature, d’une façon très grave » (123).
« C’est le même désir de protéger la terre, qui pousse à défendre le climat et à défendre les pauvres, les émigrés et la vie à naître. Et l’ennemi, c’est l’organisation du commerce et des banques (la finance) ».
La maladie actuelle du monde, c’est que chacun veut se mettre au centre de l’univers. On ne regarde l’autre, que si on peut s’en servir, sinon on le jette (208). « Quand nous sommes capables de penser aux autres, nous pouvons vivre autrement, et cela change toute notre société » (208). Aujourd’hui, le but de beaucoup c’est son bonheur personnel. On oublie que le bonheur de chaque personne dépend de ses relations avec les autres. L’écologie a obligatoirement une dimension sociale.
« Il faut remplacer les énergies fossiles (le charbon, le pétrole, etc.) qui salissent l’air, la mer et la terre. Donc il faut aider les pays en développement à utiliser les énergies renouvelables, comme le soleil ».
Il faut que dans les pays les plus riches, on diminue la consommation (l’utilisation des biens et des richesses), pour permettre aux pays pauvres, d’avoir le minimum dont ils ont besoin.

Des petites actions : C’est dans les petites choses de chaque jour, que nous arrêtons de faire souffrir les autres (la violence), et de profiter d’eux (l’exploitation), en ne pensant qu’à nous-mêmes l’égoïsme). Nous devons apprendre à penser aux autres dans toute notre vie : dans la politique, l’économie (le travail et l’argent), et toute la vie en société. Et aussi dans toutes les actions, qui permettent de construire un monde meilleur.
Ces petites actions sont le signe que nous aimons notre société, et que nous voulons travailler pour le bien de tous (le bien commun). « Tous les efforts sont importants. Par exemple : arrêter d’utiliser les matières plastiques (les sacs, les bouteilles, etc. que l’on ne peut pas détruire ensuite), ne pas gaspiller l’eau qui devient de plus en plus rare, trier les déchets pour pouvoir en faire des engrais, ne pas cuire plus que ce que nous devons manger (le gaspillage de la nourriture), éteindre les radios, les télévisions et les lampes, quand nous ne les utilisons pas » (211). « Tout cela peut changer le monde, et permettre au bien de se répandre dans toute la société » (212).
C’est d’abord dans la famille que nous pouvons apprendre tout cela.
           
La sobriété : « se limiter volontairement à des moyens simples est une libération ».
En effet, ceux qui vivent le mieux, ce sont ceux qui savent se réjouir de ce qu’ils ont, au lieu de chercher partout (de picorer) ce qu’ils n’ont pas.
« Vouloir avoir plus, nous fait oublier une chose importante : cela nous empêche de goûter chaque chose, et chaque moment de la vie. Vivre en faisant attention aux choses de la vie, même les plus petites, nous permet de comprendre les gens et les choses. Et de grandir dans notre personne, pour dire merci à Dieu, pour la chance que la vie nous donne. Sans nous attacher à ce que nous avons, et sans être triste à cause de ce que nous n’avons pas » (222).
La sobriété permet de respecter les valeurs des personnes et des choses. Elle permet de rentrer en contact  vrai avec les gens, sans chercher à en profiter. Et de trouver sa joie dans les choses les plus simples ((224).
Le Pape François dit avec force que « le bonheur, c’est de savoir limiter ses besoins, sans perdre l’intelligence. C’est ce qui nous rend prêts, à profiter de  toutes les bonnes choses » (223). Il faut apprendre à vitre autrement, dans une société « où le commerce pousse les gens à consommer de plus en plus, pour vendre de plus en plus de choses » (203). « C’est l’action de chaque personne, pour vivre d’une manière plus simple, qui va pousser les pouvoirs politiques, économiques et sociaux à changer » (206).

Des organisations communautaires : il ne suffit pas d’agir, chaque personne individuellement. Il faut répondre aux problèmes de la société. Il nous faut une conversion communautaire (219). « Le manque d’humilité nous fait croire, que nous pouvons profiter de la terre, sans aucune limite. Cela casse à la fois la société et l’environnement. Si nous manquons d’humilité et de sobriété, et si nous voulons agir tout seul, nous enlevons Dieu de notre vie, en donnant toute la place à notre personne. Et aussi si chacun veut choisir, ce qui est bon ou mauvais pour lui, sans penser aux autres » (224). Il  faut donc avoir à la fois un esprit citoyen écologique, et des vertus très solides pour s’engager pour l’écologie (211).
Cela nous pose 2 questions : 1°) est-ce que dans nos paroisses, nos CEB et nos mouvements, nous travaillons vraiment pour le respect de la Création ?  -2°) Est-ce que nous travaillons avec les autres citoyens et les différentes associations, dans nos quartiers et nos mairies ?

Au niveau international : Il faut une action de toutes les nations. Que les pays développés payent la dette, envers les pays sous-développés. Qu’ils limitent l’utilisation des énergies non renouvelables (charbon, pétrole, minerais etc.). Et qu’ils apportent des ressources, aux pays qui en ont le plus besoin.
L’Eglise ne cherche pas à remplacer les pouvoirs politiques ni les scientifiques, mais elle veut proposer « une réflexion honnête et transparente, pour que les besoins et les idées de certains, ne suppriment pas le bien commun de tous » (188).

Présentation du chapitre II : S’engager pour défendre l’environnement, d’après la tradition chrétienne.

Tout le monde n’est pas chrétien. Mais notre foi est une base, pour parler avec les autres (62). Aucune connaissance et aucune sagesse ne doit être rejetée (63). Mais pour nous chrétiens, notre foi nous apporte une grande lumière sur la création (64). Dès le début de la Bible, on lit : « Dieu voit, que tout ce qu’Il a fait est très bon » (Genèse 1,31). Tous les hommes sont créés à l’image de Dieu. C’est notre dignité et notre grandeur (65). Par la création, nous sommes en relation avec Dieu, avec les autres hommes, mais aussi avec toute la création (66). Mais cette relation a été cassée par le péché. A cause du péché, nous ne savons plus « cultiver et garder la terre », en la respectant (Genèse 2, 15). Nous sommes entrés en guerre avec la terre, qui s’est révoltée contre nous (le péché originel). Nous ne la rendons pas meilleure, mais nous l’écrasons et nous la cassons. Et ce péché continue jusqu’à maintenant (66). Nous devons respecter la terre parce que « elle appartient à Dieu, avec tout ce qui s’y trouve » (Dt 10, 14 – Lv 25, 23 – Dt 22, 46 – Ex. 23, 12 : n° 67 et 68). Chaque créature est une chose bonne. Chacune est un signe de la sagesse et de la bonté infinie de Dieu.
Caïn a tué Abel. La conséquence, c’est qu’il est maudit. Et la terre ne donne plus de fruits pour lui (Gn 4, 9-11). Quand il n’y a plus de justice, le monde est en danger, et Dieu a voulu noyer le monde entier (le déluge) « parce que la terre était pleine de méchancetés » (Gn 6, 13 : n° 70). Grâce à Noé, l’homme juste, Dieu a créé un monde nouveau. Il a fait une alliance nouvelle avec les hommes, et avec toute la création. C’est pour cela que les hébreux respectaient le jour du sabbat, l’année sabbatique (tous les sept ans) et le jubilé (tous les 49 ans), pour que la terre se repose en même temps que l’homme. Mais aussi, pour partager les biens de  la terre avec tous, spécialement avec les plus pauvres, les veuves et les orphelins et les étrangers (Lv 9, 9-10 : n° 71). Les psaumes nous demandent sans cesse, de dire merci à Dieu « qui a rendu la terre solide sur les eaux, par son amour et pour toujours » (Psaume 136, 6). Toutes les créatures louent Dieu (psaume 148, 3-5 : n° 72).
Les prophètes nous rappellent que Dieu sauve le monde entier, la terre comme les hommes (Jérémie 32, 17-21 – Isaïe 40, 28-29 : n° 73). Et les souffrances de l’exil à Babylone, et de la colonisation par les romains, ont fait comprendre cela aux juifs : si Dieu a créé le monde, Il peut encore le sauver aujourd’hui (Apocalypse 15, 3). Si nous n’adorons pas Dieu, le Créateur, nous allons adorer d’autres dieux, ou prendre nous-mêmes la place de Dieu. Nous mettons nos propres lois, à la place de la Parole et de l’Amour de Dieu « qui a fait le monde avec justice ».
Il faut relire tout ce chapitre 2. Arrêtons-nous simplement à la conclusion (VII : « Le regard de Jésus »). Jésus nous enseigne que Dieu est le Père, non seulement des hommes, mais de tous les êtres créés (Matthieu 6, 26 : 96). Jésus a aimé et respecté la création, Il l’a pris en exemple, pour nous faire connaître ce qu’est le Royaume de Dieu (Matthieu 13, 31-32 : n° 97). Il commande aux vents et à la mer, quand la création apporte des souffrances aux hommes (Matthieu 8, 27). Il aime la vie, et Il profite des bonnes choses de la vie (Matthieu 11, 19). Il travaille de ses mains, Il est sans cesse avec la nature, dans une vie simple (Marc 6,3 : n° 98). Jésus est la Parole éternelle de Dieu, mais Il est entré dans le monde. Et Il s’est fait homme, comme nous (Jean 1, 14) jusqu’à en mourir. En même temps, Il est le Roi de toute la création. Il y apporte sa paix et son amour (Colossiens 1, 19). Et à la fin du monde, il donnera toute la création à son Père (100).







QUELQUES APPELS DE  « LA JOIE DE L’EVANGILE « 
On m’a demandé quelques réactions sur la lettre du Pape François » La Joie de l’Evangile ». J’ai déjà donné un certain nombre de réflexions dans mon article sur la vie consacrée : « J’attends de vous que réveilliez le monde » envoyé le 18-4-15. Aujourd’hui je voudrais m’arrêter à certains points plus particuliers que voici :
L’approche positive du document et l’esprit dans lequel se situe  cette réflexion.
LA LOI ET LA MISERICORDE   p.2
LA JOIE DE L’EVANGILE   p.4
L’EVANGELISATION  p.5
DES POINTS ESSENTIELS   p.8
LES PAUVRES  p.10
LA PASTORALE PAROISSIALE   p.14
L’INCULTURATION DE LA VIE CHRETIENNE   p.20
1°) L’approche positive. Par exemple au  n° 76 : « Ne pas oublier tous les chrétiens qui donnent leur vie par amour : ils aident beaucoup de personnes à se soigner ou à mourir en paix dans des hôpitaux précaires, accompagnent les personnes devenues esclaves de différentes dépendances dans les lieux les plus pauvres de la terre, se dépensent dans l’éducation des enfants et des jeunes, prennent soin des personnes âgées abandonnées de tous, cherchent à communiquer des valeurs dans des milieux hostiles, se dévouent autrement de différentes manières qui montrent l’amour immense pour l’humanité que le Dieu fait homme nous inspire. Je rends grâce pour le bel exemple que me donnent beaucoup de chrétiens qui offrent leur vie et leur temps avec joie. Ce témoignage me fait beaucoup de bien et me soutient dans mon aspiration personnelle à dépasser l’égoïsme pour me donner davantage ».
Au sujet des villes (N° 71) : » La présence de Dieu accompagne la recherche sincère que des personnes et des groupes accomplissent pour trouver appui et sens à leur vie. Dieu vit parmi les citadins qui promeuvent la solidarité, la fraternité, le désir du bien, de vérité, de justice. Cette présence ne doit pas être fabriquée, mais découverte, dévoilée. Dieu ne se cache pas à ceux qui le cherchent d’un cœur sincère, bien qu’ils le fassent à tâtons, de manière imprécise et diffuse ».
Au sujet des femmes (N° 212) ; » …nous trouvons tout le temps chez elles les plus admirables gestes d’héroïsme quotidien dans la protection et dans le soin de la fragilité de leurs familles »
2°) Ce qui me semble important dans cette lettre, ce n’est pas seulement ce que dit François sur les différents points abordés, mais c’est aussi l’esprit dans lequel se situe toute cette réflexion. Par exemple au n°6 : » les faveurs du Seigneur ne sont pas finies, ni ses compassions épuisées ; elles se renouvellent chaque matin, grande est sa fidélité ! […] Il est bon d’attendre en silence le salut du Seigneur » (Lm 3, 17.21-23.26).
Et au n°14 : »Beaucoup d’hommes cherchent Dieu secrètement, poussés par la nostalgie de son visage, même dans les pays d’ancienne tradition chrétienne. Tous ont le droit de recevoir l’Évangile. Les chrétiens ont le devoir de l’annoncer sans exclure personne, non pas comme quelqu’un qui impose un nouveau devoir, mais bien comme quelqu’un qui partage une joie, qui indique un bel horizon, qui offre un banquet désirable. L’Église ne grandit pas par prosélytisme mais par attraction ».
LA LOI ET LA MISERICORDE
Encore trop souvent dans notre Eglise, les prêtres commandent : ils expliquent la doctrine et ils disent ce qu’il faut faire (les commandements). Et les chrétiens viennent demander des permissions. Dans cette lettre, il me semble que c’est tout à fait le contraire. François appelle à la dignité des laïcs : qu’ils prennent leurs responsabilités, et qu’ils apprennent à exercer leur liberté d’enfant de Dieu. Jésus Lui-même a dit un  jour (Luc 12,13) : « Mon ami, qui m’a donné le pouvoir, pour régler vos affaires, ou partager vos biens ? ». Et Il a laissé partir le jeune homme tout triste, qui gardait tous les commandements, mais qui n’a pas eu le courage de laisser l‘argent pour suivre Jésus (Luc 18,18). A une rencontre de préparation au mariage, un couple a posé la question de la régulation des naissances : « Parfois une nouvelle grossesse pose des problèmes sérieux à la femme ou au couple, pour des raisons de santé mais aussi de pauvreté, ou pour mieux éduquer les enfants quand les moyens sont limités ». Ce couple m’a alors demandé de leur donner la permission d’utiliser des contraceptifs, « parce que l’Eglise ne le permet pas, mais seulement les méthodes naturelles ». J’ai préféré les renvoyer à leur responsabilité : » Je n’ai pas de permission à vous donner. Et d’abord, pour quelles raisons voulez-vous limiter les naissances ? Sont-elles valables ? ». Il est clair que les méthodes naturelles sont les meilleures, pas seulement pour des motifs d’écologie humaine (respecter le fonctionnement normal du corps humain sans produit chimique, qui risque d’avoir des conséquences), mais surtout parce que ces méthodes aident à maîtriser sa sexualité et à dialoguer dans le couple en profondeur. Mais ensuite, il est bien évident que c’est au couple de voir, en conscience, sérieusement, dans la prière et devant Dieu, ce qu’il peut faire. A condition de ne pas se poser la question seulement au niveau des méthodes à choisir, mais surtout des motivations : pourquoi nous ne voulons pas avoir d’enfants pour le moment ? Est-ce que parce que nous sommes des nouveaux mariés, qu’un enfant coûte cher, et que nous préférons acheter d’abord un frigidaire ? Mais est-ce qu’un enfant n’est pas plus important qu’un frigidaire ? Est-ce pour être libre pour aller aux soirées dansantes, parce que quand on a un bébé, il faut s’en occuper et on n’est plus aussi libre pour les sorties ? Ou bien, est-ce par amour vrai de la femme, des enfants déjà nés ou des enfants à naître ? Que va devenir notre amour dans ces conditions ? Il me semble que cette lettre de François appelle les chrétiens à revoir leurs motivations, voir si elles sont évangéliques, et conformes à l’appel de Jésus. C’est bien un appel et un idéal qu’Il nous propose, et pas seulement des commandements. Il s’agit donc dans chaque situation, de se demander à quoi le Seigneur m’appelle-t-il ? De quoi suis-je capable dans ma situation actuelle ? Et comment faire, pour aimer le mieux possible Dieu et mon prochain, dans cette situation ?
A la même réunion, on m’a posé la question de l’homosexualité. Il est clair que l’Eglise est contre le mariage homosexuel. D’abord parce que ce n’est pas un mariage. Même si ces personnes vivent une vraie amitié, et un véritable amour. Un mariage c’est l’union d’un homme et d’une femme. L’Eglise est contre l’homosexualité mais elle ne peut pas être, à cause de l’amour du Christ, contre les homosexuels. Un chrétien ne peut pas accepter que l’on insulte les personnes ayant des tendances homosexuelles. Et encore moins qu’on les frappe et qu’on les mette en prison. Et c’est important que l’on prie pour eux, et avec eux, même si on ne peut pas leur donner la bénédiction du mariage. Le pape François a répondu à des journalistes, qui l’interrogeaient sur cette question : » Qui suis-je, moi, pour les condamner ? ». Jésus a dit, clairement et fortement : « Dieu n’a pas envoyé son Fils condamner le monde, mais le sauver » (Jean 3,17).
C’est la même chose pour les femmes qui ont avorté. Bien sûr ce qu’elles ont fait n’est pas bon. Mais pourquoi les mettre, en prison ? Ce n’est certainement pas cela qui va les aider à réfléchir, à se prendre en mains et à changer leur vie. Au contraire, se retrouvant avec des femmes condamnées pour d’autres actions criminelles, elles s’enfoncer dans la délinquance, au lieu d’être guéries et pardonnées. François affirme clairement au n° 213 : « Parmi ces faibles, dont l’Église veut prendre soin avec prédilection, il y a  les enfants à naître, qui sont les plus sans défense et innocents de tous, auxquels on veut nier aujourd’hui la dignité humaine afin de pouvoir en faire ce que l’on veut, en leur retirant la vie (l’avortement), et en promouvant des législations qui font que personne ne peut l’empêcher ».
Mais en même temps, il dit au n°212 : » Doublement pauvres sont les femmes qui souffrent des situations d’exclusion, de maltraitance et de violence, parce que, souvent, elles se trouvent avec de plus faibles possibilités de défendre leurs droits. Cependant, nous trouvons tout le temps chez elles les plus admirables gestes d’héroïsme quotidien dans la protection et dans le soin de la fragilité de leurs familles ». C’est tout l’enjeu du synode actuel sur la famille : trouver l’équilibre entre la loi et la miséricorde. Et avoir le sens des étapes et voir les possibilités réelles des gens dans leur situation concrète. Ce n’est ni du relativisme, ni du laxisme.
Il nous faut donc apprendre à nous référer à Jésus Christ dans toute notre vie. Jésus était contre la prostitution, mais Il n’a pas condamné la prostituée. Il a préféré lui faire découvrir un amour vrai. Et grâce à cet amour, Il lui a pardonné et lui a permis de mener une vie nouvelle (Luc 7,40). C’est la même chose pour la samaritaine, qui avait eu 5 maris et vivait avec quelqu’un qui n’était pas son mari. Cela ne l’a pas empêchée d’aller faire connaître Jésus aux gens de son village (Jn 4). Jésus est contre l’adultère mais Il n’a pas condamné la femme adultère. Il l’a aidée à retrouver la paix, et lui a dit : « Va en paix ». Bien sûr Il lui a dit aussi « Ne pèche plus ». Il lui a donné sa force et son amour, pour qu’elle ne pêche plus. Et Il avait d’abord dit à ceux qui la condamnaient : »Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre » (Jn 8,11).  Et il n’est surtout pas question ici de condamner les femmes, comme on le fait trop souvent. Jésus a eu le même comportement avec Zachée (Luc 19), ou le 2° voleur sur la Croix (Luc 23,42).
Nous lisons au n° 209 : « Avoir soin de la fragilité. Jésus, l’évangélisateur par excellence et l’Évangile en personne, s’identifie spécialement aux plus petits. (cf. Mt 25, 40). Ceci nous rappelle que nous tous, chrétiens, sommes appelés à avoir soin des plus fragiles de la terre. Mais dans le modèle actuel de “succès” et de “droit privé”, il ne semble pas que cela ait un sens de s’investir afin que ceux qui restent en arrière, les faibles ou les moins pourvus, puissent se faire un chemin dans la vie ».
De même pour les jeunes, est-ce qu’on peut se contenter de leur dire : » il ne faut pas faire de relations sexuelles avant le mariage, et il ne faut pas utiliser le condom ». N’est-ce pas plus important de leur faire comprendre ce qu’est l’amour que Jésus nous a fait connaître, et l’importance de dominer sa sexualité ? Leur faire ainsi comprendre la signification profonde de la relation sexuelle, pour la vivre dans le respect de l’autre sexe et dans un amour vrai ? A ce moment-là, ils pourront choisir de ne pas avoir de relations sexuelles, parce qu’ils auront eu des raisons suffisamment motivantes pour cela. Ils pourront vivre leur sexualité, non seulement dans l’abstinence, mais dans la responsabilité, la liberté et l’amitié. Les jeunes n’ont pas besoin de condamnation : ils savent eux-mêmes dans leur cœur, que ce qu’ils ont fait est mauvais. Ils ont besoin d’accueil et d’une vraie éducation sexuelle (pas seulement une information sur le fonctionnement des appareils génitaux, ou d’une distribution gratuite de condoms).
Maintenant, si malgré tout, l’un ou l’autre jeune décide de faire des relations sexuelles, est-ce qu’il ne vaut pas mieux qu’il utilise le condom, pour ne pas attraper ni transmettre le sida. Dieu a dit « Tu ne feras pas l’adultère ». Mais Il a dit aussi « Tu ne tueras pas ». Et le sida tue. Dans ces conditions, utiliser un condom n’est-ce pas un début de responsabilité et d’un engagement envers l’autre, au lieu d’enceinter une fille et de lui dire ensuite : « tu te débrouilles, ce n’est pas mon problème ».
Ces réflexions posent la question de la façon dont on parle des personnes. On dit souvent c’est un homosexuel, c’est une lesbienne, c’est une prostituée, c’est un voleur. Ce n’est pas un homosexuel ou une lesbienne, c’est une personne qui a des tendances homosexuelles, mais c’est d’abord une personne humaine. Elle a sa dignité. Si elle l’a perdue, c’est justement notre responsabilité de l’aider à la retrouver en la responsabilisant comme Jésus l’a fait avec tous. Ce n’est pas un ou une prostituée, c’est une femme ou un homme qui se prostitue mais il reste toujours un enfant de Dieu. D’ailleurs souvent, est-ce qu’il n’a pas des excuses et est-ce que les autres n’ont pas une responsabilité dans ce qu’il a fait, aussi bien sa famille que la société ?
De même ce n’est pas un voleur, c’est une personne qui a volé. Et ce qu’il faut ce n’est pas seulement la condamner, même si c’est normal qu’elle paye sa faute mais dans des conditions humaines et non dégradantes comme cela se passe dans nos prisons actuellement. C’est d’abord contre les conditions d’emprisonnement que nous devons lutter beaucoup plus que pour la morale, et aider les détenus à changer, avoir des activités et leur offrir des moyens pour gagner leur vie dignement. 171. L’écoute des autres nous aide à découvrir le geste et la parole opportune qui nous secouent de la tranquille condition de spectateurs. C’est seulement à partir de cette écoute respectueuse et capable de compatir qu’on peut trouver les chemins pour une croissance authentique, qu’on peut réveiller le désir de l’idéal chrétien, l’impatience de répondre pleinement à l’amour de Dieu et la soif de développer le meilleur de ce que Dieu a semé dans sa propre vie.
Trop souvent dans notre pastorale et notre comportement avec nos frères et sœurs, nous avons une politique du tout ou du rien. Par exemple, si tu n’as pas encore célébré le sacrement de mariage, on te traite de concubinaire. Même si tu as célébré le mariage traditionnel, et qu’en plus tu t’es marié à la mairie. Est-ce que le mariage traditionnel n’est pas important ? Est-ce que ce n’est pas un mariage ? Est-ce que le mariage civil n’est pas déjà un engagement essentiel ? Les personnes qui ont fait ce mariage ne sont pas des concubinaires, ni des gens qui tentent un mariage à l’essai, même s’ils ne sont pas arrivés encore à la totalité de l’amour et de l’engagement, auxquels le Seigneur les appelle.
Cette attitude envers les personnes qui sous-tend cette lettre « La Joie de l’Evangile », doit nous interpeler profondément. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de la 2ème session du Synode sur la famille : aller par étape dans nos exigences, en voyant ce que les gens sont capables de faire dans leur situation actuelle avec l’aide du Saint Esprit. Dans la miséricorde et le pardon du Seigneur, au lieu de les décourager et de les écraser. Jésus nous dit qu’il n’éteint pas la mèche qui fume encore, car il sait que les gens ne peuvent pas changer totalement d’un seul coup, ni dès le départ. Jésus vient nous rejoindre là où nous sommes, pour nous aider à avancer. Est-ce que la meilleure façon de faire, c’est d’appliquer la loi immédiatement et dans toute sa rigueur, sans comprendre les situations ni les personnes ? Sans doute que la prochaine lettre de François, à l’occasion de l’année de la Miséricorde, nous aidera à faire un pas dans ce sens. Il ne s’agit pas d’opposer la loi et la miséricorde, mais de voir domment coordonner ces 2 exigences, aussi importante l’une que l’autre.
LA JOIE DE L’EVANGILE
Le Pape écrit au n° 10: « Il est clair qu’on ne peut pas annoncer l’Evangile qui est une Bonne Nouvelle, si on est triste et découragé. Ce serait le défigurer complètement ». Et il insiste (n°10) : » Que le monde puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Évangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçu en eux la joie du Christ ». L’Evangile est une Bonne Nouvelle, une Parole de joie, et qui nous rend heureux.
Cela pose la question de la joie des chrétiens, mais aussi de la façon dont nous annonçons l’Evangile. Jésus a été sévère avec les pharisiens (Mat 23,1-36), qui pourtant étaient très sérieux, et faisaient beaucoup de jeûnes et de prières. Mais il n’y avait ni joie ni amour, dans leur cœur et dans leur vie. Trop souvent comme les pharisiens, nous croyant être les justes et les purs (les séparés), nous ajoutons à la pratique de notre foi, toutes sortes d’habitudes et d’interdits, de rites, de cérémonies et de pratiques, de dévotions spéciales révélées ou non, de rêves, d’apparitions, de révélations particulières et de messages en langue, de toutes sortes de chapelets et de litanies et de façons spéciales plus ou moins magiques de les réciter, de bénédictions et de protections. Tout cela n’a plus rien à voir avec l’Evangile, et transforme notre foi en magie, en fétichisme et en maraboutage soi-disant chrétien. Cela n’a plus rien à voir non plus, avec la religion populaire soutenue par l’Eglise.
Même si nous savons éviter ces déviations, nous faisons de l’Evangile une morale. Nous venons avec les commandements de Dieu : » il ne faut pas tuer, il ne faut pas voler, il ne faut pas faire l’adultère, il ne faut pas mentir, etc. » En oubliant ce que Jésus nous a dit de ces commandements (Mat 5 à 7). Et nous ajoutons encore des tas d’interdits : Il ne faut pas faire cela, c’est mauvais, c’est interdit….
D’abord, les gens connaissent déjà les dix commandements dans leur cœur, pas seulement les musulmans qui ont avec nous en commun Moïse et les prophètes, mais même ceux qui pratiquent les religions traditionnelles. De plus, déjà dans l’Ancien Testament, le commandement le plus important, comme le rappelle Jésus (Marc 12, 29-31), c’est : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toutes forces. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Et Jésus lui-même nous donne un seul commandement : « Aimez-vous les uns les autres, comme Je vous ai aimés ». Nous avons tous soif d’amour et nous avons besoin d’aimer et d’être aimés, pour être heureux. « La joie de l’Evangile » nous demande donc de revenir à l’essentiel de l’Evangile. Nous ne sommes pas là pour fatiguer les gens, mais pour les libérer comme Jésus l’a fait, avec Lui et grâce à Lui. « Si vous demeurez dans ma Parole, la vérité vous rendra libres ».
François affirme (n°35) : » Quand on assume un objectif pastoral et un style missionnaire, qui réellement arrivent à tous sans exceptions ni exclusions, l’annonce se concentre sur l’essentiel, sur ce qui est plus beau, plus grand, plus attirant et en même temps plus nécessaire. La proposition se simplifie, sans perdre pour cela profondeur et vérité, et devient ainsi plus convaincante et plus lumineuse ».

L’EVANGELISATION
Que nous dit François dans « la Joie de l’Evangile ?
La première chose c’est de nous laisser évangéliser nous-mêmes. N°264 : » La première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu, l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus…La meilleure motivation pour se décider à communiquer l’Évangile est de le contempler avec amour, de s’attarder en ses pages et de le lire avec le cœur.  
On ne peut pas annoncer l’évangile de Jésus en vérité, si on ne l’aime pas personnellement et profondément. N° 265 : »Toute la vie de Jésus, sa manière d’agir avec les pauvres, ses gestes, sa cohérence, sa générosité quotidienne et simple, et finalement son dévouement total, tout est précieux et parle à notre propre vie. Parfois, nous perdons l’enthousiasme pour la mission en oubliant que l’Évangile répond aux nécessités les plus profondes des personnes, parce que nous avons tous été créés pour ce que l’Évangile nous propose : l’amitié avec Jésus et l’amour fraternel.
Voir Jésus dans nos frères. N° 268 : » Pour être d’authentiques évangélisateurs, il convient aussi de développer le goût spirituel d’être proche de la vie des gens, jusqu’à découvrir que c’est une source de joie supérieure. La mission est une passion pour Jésus mais, en même temps, une passion pour son peuple ».
Il s’agit d’apprendre à découvrir Jésus Christ dans le visage des autres, dans leur foi et dans leurs appels. N° 91 : » Une relation personnelle et engagée avec Dieu, nous engage en même temps avec les autres… Il s’agit d’apprendre à découvrir Jésus dans le visage des autres, dans leur voix, dans leurs demandes. C’est aussi apprendre à souffrir en embrassant Jésus crucifié, quand nous subissons des agressions injustes ou des ingratitudes, sans jamais nous lasser de choisir la fraternité ».
N° 12. » Bien que cette mission nous demande un engagement généreux, ce serait une erreur de la comprendre comme une tâche personnelle héroïque, puisque l’œuvre est avant tout celle du Christ, au-delà de ce que nous pouvons découvrir et comprendre. Jésus est « le tout premier et le plus grand évangélisateur ».
Comment Jésus a-t-il évangélisé ?
Déjà, Zacharie chante, à la naissance de son fils Jean Baptiste (Luc 1,70-79) : « Et toi, petit enfant, tu marcheras devant le Seigneur, pour préparer ses chemins… pour éclairer ceux qui sont dans la nuit et l’ombre de la mort, et pour conduire nos pas sur le chemin de la paix ». A Noël les anges chantent (Luc 2, 10-14) « Je vous annonce une Bonne Nouvelle, qui donnera la joie à tout le peuple : aujourd’hui un Sauveur vous est né… paix sur terre aux hommes que Dieu aime ». Dieu aime tous les hommes. C’est pour cela qu’Il fait connaître la naissance de son Fils, non pas aux chefs religieux d’Israël, mais d’abord à des pauvres, des hommes rejetés et traités de pécheurs, les bergers, (Luc 2). Et ensuite à des savants païens, venus de loin (Matthieu 2, 1-12). Avant de s’enfuir en Egypte, là où Dieu avait déjà délivré son peuple esclave, au temps de Moïse. Jésus a été un refugié, car le roi Hérode voulait le tuer. Il a grandi dans un autre peuple, chez nous en Afrique. Quand Marie et Joseph présentent leur enfant au Temple, pour le donner à Dieu, Siméon chante : « Il est le Salut, que Tu as préparé pour tous les peuples. Il est la Lumière, qui te fera connaître à toutes les nations du monde » (Luc 2, 30-32).  Jésus dira lui-même : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12,32).  Cette idée que Dieu aime et sauve tous les hommes était déjà très présente, dans la Première Alliance (Par exemple Isaïe 12,4; 54,2 ; 56,7).
L’Evangile s’adresse d’abord aux pauvres et aux petits de la société, à ceux qui souffrent et sont traités injustement. Quand Jésus à Nazareth explique sa mission, Il reprend justement le prophète Isaïe, en disant : « L’Esprit de Dieu est sur moi, Il m’a choisi pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils vont être délivrés, que les aveugles vont voir à nouveau, et que ceux qui sont écrasés vont être relevés » (Luc 4, 18,21). Par conséquent c’est très clair : L’Evangile est pour tous, et d’abord pour les pauvres. Annoncer l’Evangile, ce n’est pas d’abord parler. C’est chercher à libérer les prisonniers, et les aveugles de toutes sortes : dans leur cœur, comme dans leurs corps (Luc 4, 18-21).
De même, Jean Baptiste envoie ses disciples demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Luc 7,20-23). Jésus répond : « Allez dire à Jean, ce que vous avez vu et entendu. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont rendus purs, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ». Cela nous montre bien que l’évangélisation ce sont des actions (construire le Royaume), et pas seulement des paroles. Comme le dit Jésus : « Voyez ce que je fais ». Quand Jésus annonce l’Evangile, il commence par guérir les malades (Matthieu 15,29). C’est seulement ensuite, qu’Il dit : « Le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous ». Il nourrit la foule (Jean 6, 1), avant d’enseigner qu’Il est le Pain de la vie (Jean 6, 25). Il chasse les esprits mauvais, avant de dire qu’Il est le Sauveur. Il guérit l’aveugle de naissance, avant d’enseigner qu’Il est la lumière du monde…. Cela nous montre le chemin à suivre pour l’évangélisation. En effet, nos actions sont plus fortes que nos paroles. L’évangélisation c’est une question de témoignage. Car on peut nous empêcher de parler, mais on ne peut pas nous empêcher de vivre l’Evangile. Comme le dit Jésus : « On vous amènera devant les tribunaux… et ce sera pour eux un témoignage » (Matthieu 10, 18). Tous les hommes ont envie d’être heureux. Si nous sommes heureux en vivant de l’Evangile, ils auront envie de venir avec nous, pour rencontrer le Christ. Car l’Evangile est une Bonne Nouvelle.
L’Evangile est action de grâces. C’est vraiment une Bonne Nouvelle, pour tous. Le Royaume de Dieu nous devons d’abord l’accueillir en nous-mêmes. Et savoir qu’avant que nous parlions à nos frères, le Saint Esprit a déjà travaillé dans leurs cœurs. C’est Jésus qui construit son Royaume, et non pas nous. Nous ne faisons que travailler avec Lui. C’est pour cela que nous prions : « Que Ton Règne vienne sur la terre ». Et nous cherchons à voir Jésus qui agit dans le monde, dans le cœur et dans la vie des hommes. Nous cherchons à connaître les signes du Royaume qui grandit parmi nous, pour dire merci à Dieu. Comme Jésus qui dit à ses apôtres : « Ne soyez pas heureux, parce que vous voyez Satan tomber. Soyez plutôt heureux, parce que vos noms sont écrits dans le ciel ». Et Jésus prie en disant : « Père, Je te dis merci. Parce que Tu as caché les merveilles de Ton Royaume aux sages et intelligents, et tu l’as fait connaître aux petits » (Luc 10,20-23).
L’Evangile est  accueil de tous. Jésus traverse sans arrêt les frontières, pour aller de l’autre côté du Jourdain (Marc 10, 1), en Samarie (Jean 4,4), ou dans la région de Génésareth (Marc 6, 53). Il guérit les malades, et ceux qui sont possédés des esprits mauvais, sans rejeter personne. Il enseigne tout le monde sans distinction. Il aime tous les hommes. Il est accueillant à tous. Mais plus que cela, Il reconnaît l’action de l’Esprit Saint dans le cœur des païens. Il admire leur foi, et Il en rend grâce à Dieu son Père. Il remarque que c’est seulement le lépreux samaritain, qui vient lui dire merci d’être guéri. Il dit de l’officier romain (Mat 8,10) « Je n’ai jamais vu une telle foi en Israël ». Et Il en tire la conclusion : « Ils viendront de l’est et de l’ouest, et prendront place à table, au repas du Royaume ». Nous ne pouvons pas oublier que, au moment de recevoir le Corps du Christ dans la communion, c’est la prière d’un païen, cet officier, que nous disons : » Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes chez moi, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ». De même, Jésus envoie la Samaritaine, une païenne, une femme de mauvaise vie, pour le faire connaître aux gens de son village, des samaritains, des païens eux aussi (Jean 4,28). Et c’est une femme syrienne qui lui fait comprendre, qu’Il est envoyé par son Père à tous les hommes : « Les chiens sous la table mangent les morceaux, que les enfants font tomber » (Marc 7,28).
L’évangélisation demande aussi une préparation. Comme Jésus s’est préparé à Nazareth, jusqu’à l’âge de 30 ans. Nous n’avons jamais fini de comprendre la Parole de Dieu, que nous voulons annoncer. Et que nous voulons vivre.
L’évangélisation est un appel à la conversion. Jésus ne manque pas de dire aux pharisiens ce qu’a fait le prophète Jonas, pour appeler les païens de Ninive à changer de vie. Et la reine de Saba, qui est venue écouter le Roi Salomon (Mt 11, 20-25). Et avant de monter au ciel, il dira à ses disciples « Allez annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile à toute la création » (c’est le respect de la Création, l’écologie). Mais pour cela, les disciples doivent « chasser les esprits mauvais, et parler des langues nouvelles » (Mc 16,18). On pourrait citer de nombreux autres passages de l’Evangile qui vont dans le même sens.
Paul a consacré toutes ses forces, à mettre en place des communautés chrétiennes, dans tout l’empire romain. Mais il voulait des communautés ouvertes et missionnaires, qui annoncent l’Evangile à tous. Il s’écrie « Malheur à moi, si je n’annonce pas l’Evangile » (pas seulement : malheur à moi, si je n’implante pas l’Eglise : 1°Cor 9, 16). Il affirme : « Dieu ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour évangéliser » (1° Cor 1,17). Et Il ajoute : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1° Ti 2,4).
L’Evangélisation
François écrit (n° 250) : » Une attitude d’ouverture en vérité et dans l’amour doit caractériser le dialogue avec les croyants des religions non chrétiennes, malgré les divers obstacles et les difficultés, en particulier les fondamentalismes des deux parties. Ce dialogue interreligieux est une condition nécessaire pour la paix dans le monde, et par conséquent est un devoir pour les chrétiens, comme pour les autres communautés religieuses. Ce dialogue est, en premier lieu, une conversation sur la vie humaine, une « attitude d’ouverture envers eux partageant leurs joies et leurs peines. Ainsi, nous apprenons à accepter les autres dans leur manière différente d’être, de penser et de s’exprimer. De cette manière, nous pourrons assumer ensemble le devoir de servir la justice et la paix, qui devra devenir un critère de base de tous les échanges ».
L’Evangile est pour tous les hommes. Jésus dit (Jean 14, 6) : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Personne ne peut aller vers le Père, sans passer par Moi ». Mais alors comment les non chrétiens qui ne reconnaissent pas Jésus Christ comme le Fils de Dieu notre Sauveur, pourront-ils aller vers le Père ? L’Evangile de la fin du monde (Matthieu 25, 31-40) nous dit : « Tout ce que tu fais au plus petit de tes frères, c’est à Jésus que tu le fais ». Jésus s’adresse à tous les hommes : c’est le Jugement dernier. Cela nous montre bien que ce n’est pas obligatoire de croire en Jésus, pour lui donner à boire. Ce n’est pas obligatoire d’être un disciple de Jésus, pour être son frère. Il suffit d’aimer les plus petits. D’ailleurs cela Jésus l’explique plusieurs fois.  Par exemple, dans Matthieu 10, 40 : « Celui qui vous reçoit, c’est Moi qu’il reçoit. Et celui qui me reçoit, il reçoit le Père qui m’a envoyé ». Et aussi Matthieu 18, 5 : « Celui qui reçoit un enfant à cause de Moi, il Me reçoit moi-même ». Marc 9, 37 : « Celui qui me reçoit, il ne me reçoit pas seulement moi-même mais aussi le Père qui m’a envoyé. Luc 10, 16 : « Celui qui vous écoute, il M’écoute ». Voir aussi Luc 13, 20
Dans l’Apocalypse, Jésus dit : « Ecoute, Je me tiens à la porte et Je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, J’entrerai chez lui. Je mangerai avec lui et Il mangera avec Moi » (3, 20). Et nous savons bien que l’Esprit de Jésus parle dans le cœur de tous les hommes, sans distinction. Comme Jésus lui-même l’a expliqué (Mat 12,46) : « Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? Ce sont ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux ». Evangéliser c’est justement aider toutes ces personnes à vivre davantage les valeurs de l’évangile et de vivre à la manière de Jésus-Christ dans leur propre religion. A ce moment-là, ils sont dans le Royaume de Dieu. Et quand nous cherchons à rencontrer le Christ dans nos frères et dans nos sœurs, nous sommes nous-mêmes évangélisés. Dès le début de la Bible, on dit : « Dieu crée l’homme à son image et à sa ressemblance ». C’est la base à la fois de la dignité de toute personne humaine, et la possibilité pour chacun d’entrer dans le Royaume de Dieu.
Jésus est présent dans tous les hommes et c’est le travail de l’Eglise de faire comprendre cette présence de Jésus en tout homme. 20 : » Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile »
252. La relation avec les croyants de l’Islam acquiert à notre époque une grande importance. Ils sont aujourd’hui particulièrement présents en de nombreux pays de tradition chrétienne, où ils peuvent célébrer librement leur culte et vivre intégrés dans la société. Il ne faut jamais oublier qu’ils « professent avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour ». Les écrits sacrés de l’Islam gardent une partie des enseignements chrétiens ; Jésus Christ et Marie sont objet de profonde vénération ; et il est admirable de voir que des jeunes et des anciens, des hommes et des femmes de l’Islam sont capables de consacrer du temps chaque jour à la prière, et de participer fidèlement à leurs rites religieux. En même temps, beaucoup d’entre eux ont la profonde conviction que leur vie, dans sa totalité, vient de Dieu et est pour lui. Ils reconnaissent aussi la nécessité de répondre à Dieu par un engagement éthique et d’agir avec miséricorde envers les plus pauvres ».
Il est sûr qu’à travers les mouvements d’Action Catholique, et les activités sociales de l’Eglise, l’esprit de l’Evangile et la connaissance de Jésus Christ passent. Un certain nombre de musulmans vivent leur religion et comprennent le Coran, différemment et d’une façon plus spirituelle, grâce à leurs contacts avec les chrétiens. Par exemple au moment du Ramadan, pour ne pas se limiter au jeûne mais chercher une vraie conversion, grâce à la façon des chrétiens de vivre le Carême. Et aussi dans la façon de prier, plus personnelle et à partir de la vie, en dépassant la seule récitation de formules. Ou encore pour vivre leur foi dans l’amour, et pas seulement garder les 10 commandements d’une façon parfois moralisante ou extérieure. On peut se demander, à l‘inverse, dans quelle mesure la foi des chrétiens est purifiée et grandie, grâce à leur vie en commun avec les musulmans. En effet, les musulmans nous appellent à un respect de Dieu plus grand : « Dieu est Dieu, et il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu ». Ils prient 5 fois par jour, et nous rappellent l’importance de la prière, et aussi de manifester notre foi en public. Le sérieux avec lequel ils jeûnent pendant le Ramadan nous interroge sur la façon dont nous vivons le Carême. Et beaucoup d’autres choses encore. Mais combien de chrétiens, trop sûrs de leur foi, sont prêts à se laisser interpeler par les musulmans ? Or il ne peut pas y avoir d’évangélisation sans dialogue et accueil de l’autre.
N° 251 : » L’Évangélisation et le dialogue interreligieux, loin de s’opposer, se soutiennent et s’alimentent réciproquement ». Mais la communauté chrétienne reste trop centrée sur elle et enfermée dans ses problèmes, ce qui à mon avis, est en opposition directe avec une nouvelle évangélisation. On est prêt à accueillir les gens chez nous, mais beaucoup moins à aller vers eux. Et encore moins à accueillir les valeurs et les richesses spirituelles qu’ils peuvent nous apporter. Cela entraîne un appauvrissement très grave de  notre Eglise.
Nous cherchons davantage à être exemplaires, qu’à permettre aux non chrétiens de vivre les valeurs de l’Evangile. Nous ne cherchons donc pas tellement à permettre aux musulmans de mieux connaître Jésus Christ, en allant plus loin que ce qu’il en est dit dans le Coran, pour qu’ils vivent dans l’esprit de l’Evangile, à la manière de Jésus Christ, même s’ils restent musulmans.
Car l’Evangile s’adresse à tout le monde. C’est évident, si on regarde la vie de Jésus. Il traverse sans arrêt les frontières pour aller de l’autre côté du Jourdain (Marc 10, 1), en Samarie (Jean 4,4) ou dans la région de Génésareth (Marc 6, 53). Il guérit les malades et ceux qui sont possédés des esprits mauvais, sans rejeter personne. Il enseigne tout le monde, sans distinction de race ni de religion. Il aime tous les hommes, Il est accueillant à tous. Mais plus que cela, Il reconnaît l’action de l’Esprit Saint dans le cœur des païens, et Il en rend grâce à Dieu son Père. Il remarque que c’est seulement le lépreux samaritain, qui vient lui dire merci d’être guéri. Il dit à la foule en montrant l’officier romain (Mat 8,10) « Je n’ai jamais vu une telle foi en Israël ». Et Il en tire la conclusion : « Ils viendront de l’est et de l’ouest, et prendront place à table au repas du Royaume, avec Abraham (Ibrahima), Isaac (Issakha) et Jacob (Yakhouba)». Les musulmans sont eux aussi fils d’Abraham. Nous avons les mêmes 1° prophètes. Et nous ne pouvons pas oublier qu’avant de recevoir le Corps du Christ dans la communion, c’est la prière d’un païen, cet officier, que nous disons : » Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes chez moi, mais dis seulement une parole, et je serai guéri » (Mat 8,8). Nous ne pouvons pas recevoir le Corps du Christ dans la communion, si nous ne sommes pas en communion avec tous, chrétiens ou non. De même, c’est la Samaritaine, une païenne, une femme de mauvaise vie, qui va faire connaître Jésus aux gens de son village, des samaritains, des païens eux aussi (Jean 4,28). C’est une femme syrienne qui fait comprendre à Jésus, qu’Il est envoyé par son Père à tous les hommes : « Même les chiens sous la table mangent les morceaux, que les enfants font tomber » (Marc 7,28).
Jésus dira lui-même : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12,32). Et avant de monter au ciel il dira à ses disciples « Allez annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile à toute la création». En leur disant que pour cela ils doivent « chasser les esprits mauvais et parler des langues nouvelles » (Marc 18,18). Il ne manque pas de rappeler aux pharisiens ce qu’a fait le prophète Jonas, pour appeler les païens de Ninive à la conversion. Et la reine de Saba qui est venue écouter le Roi Salomon. Et Il dit : « il y a plus ici que Salomon » (Matthieu 11, 20-25)). On pourrait continuer à citer de nombreux autres passages de l’Evangile qui vont dans le même sens. Les avons-nous compris ? Est-ce que trop souvent, nous ne les appliquons pas qu’à nous-mêmes les chrétiens, en oubliant les autres ? Nous aimons Jésus. Mais est-ce que nous cherchons à agir comme Lui ? Et à Le faire aimer par tous ?
LE ROYAUME DE DIEU
L’évangélisation c’est accueillir le Royaume. François explique (n° 180) : » En lisant les Écritures, il apparaît du reste clairement que la proposition de l’Évangile ne consiste pas seulement en une relation personnelle avec Dieu. La proposition est le Royaume de Dieu (Lc 4, 43) ; il s’agit d’aimer Dieu qui règne dans le monde. Dans la mesure où il réussira à régner parmi nous, la vie sociale sera un espace de fraternité, de justice, de paix, de dignité pour tous. Donc, aussi bien l’annonce que l’expérience chrétienne tendent à provoquer des conséquences sociales. Cherchons son Royaume : « Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33). Le projet de Jésus est d’instaurer le Royaume de son Père ; il demande à ses disciples : « Proclamez que le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 10, 7 »).

Jésus dit : « Le Royaume des Cieux s’est approché de vous ». Et Il parle très souvent de la Bonne Nouvelle du Royaume (Matthieu 4, 23 – Matthieu 9, 35 – Luc 4, 43 etc.). Jésus nous a appris à prier ainsi : « Notre Père… que Ton Règne (ton Royaume) vienne ». Le Royaume c’est vraiment ce qu’il y a de plus important. Comme le dit encore Jésus (Matthieu 6,33) : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et Dieu vous donnera tout le reste en plus ». Jésus, le nouveau Moïse, prononce ces paroles en haut de la montagne. Elles s’adressent à tous les hommes, comme les béatitudes. Pas seulement aux chrétiens. Le Royaume c’est un trésor, une perle fine (Matthieu 13, 44-45) pour lequel nous sommes prêts à tout laisser.
Le Royaume, c’est d’abord Jésus lui-même. C’est Lui que nous aimons, c’est avec Lui que nous vivons, c’est autour de Lui que nous nous rassemblons. Jésus disait : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux » (Matthieu 18, 20). Le Royaume, c’est vivre avec Jésus, et comme Lui.
Le Royaume de Dieu n’est pas au ciel, il est sur la terre, comme nous l’a dit Jésus dans la prière du Notre Père « Que Ton Règne vienne, Que Ta Volonté soit faite, sur la terre comme au ciel ». Le Royaume, c’est commencer à vivre déjà sur la terre, comme nous vivrons au ciel. Le Royaume est pour tous, pas seulement pour les chrétiens. Et Dieu y appelle sans cesse de nouvelles personnes, comme le maître a appelé les ouvriers aux différentes heures de la journée (Matthieu 20,1). Le Royaume est pour tout le monde, car Jésus « a racheté pour Dieu, des hommes de toutes tribus, de toutes langues, de tous peuples et de toutes nations » (Apocalypse 5,10). Cela, Dieu le disait déjà, par la bouche d’Isaïe (56,7): »Ma maison s’appellera : maison de prière pour tous les peuples ». Et Jésus explique « Il y a beaucoup de places, dans la maison de mon Père » (Jean 14, 2).
Le Royaume, comme l’Evangile, est d’abord pour les pauvres et pour ceux que l’on fait souffrir à cause de la justice (comparer Matthieu 5, 3 + 10 et Luc 4, 18-21). C’est donc à eux que nous annonçons l’Evangile en premier. Et aussi aux pécheurs, et aux hommes et aux femmes de mauvaise vie. Jésus l’a dit avec force : « Les récolteurs d’impôts (publicains) et les prostituées arriveront avant vous, dans le Royaume de Dieu » (Matthieu 21, 31).
François commente (N°278) : » La foi signifie croire en Jésus, croire qu’il nous aime vraiment, qu’il est vivant, qu’il est capable d’intervenir mystérieusement, qu’il ne nous abandonne pas, qu’il tire le bien du mal par sa puissance et sa créativité infinie. Nous croyons à l’Évangile qui dit que le Règne de Dieu est déjà présent dans le monde, et qu’il se développe comme une petite semence qui peut grandir jusqu’à devenir un grand arbre (Mt 13, 31) »
-Quels sont les signes de ce Royaume, qui nous montrent ce que nous devons faire, pour qu’il arrive parmi nous ? En premier, c’est l’Amour. Quand l’enseignant de la loi rappelle le commandement de Moïse « Tu aimeras le Seigneur Ton Dieu de tout ton cœur… tu aimeras ton prochain comme toi-même », Jésus lui dit : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu » (Matthieu 12, 34). Comme nous le dira Jésus, à la fin du monde « Venez, vous qui êtes les bénis de mon Père. Recevez le Royaume qu’Il a préparé pour vous, depuis le début du monde… car j’ai eu faim, vous m’avez donné à manger. J’ai eu soif, j’étais étranger, nu, malade, en prison…vous m’avez accueilli et aidé ». Et Jésus ajoute : » Tout ce que tu as fait au plus petit de mes frères, c’est à Moi que tu l’as fait » (Matthieu 25, 40). Il ne s’agit donc pas seulement aimer, mais de reconnaître dans tout homme un enfant de Dieu, et un frère ou une sœur de Jésus. C’est de cette façon-là, que nous pouvons vraiment évangéliser. Et accueillir tous les hommes dans le respect, et sans distinction. Evangéliser et faire venir le Royaume, c’est pardonner et avoir pitié de nos frères (Matthieu 18, 23).
C’est en même temps être patient. Et supporter le mal qui est dans le monde avec espérance, comme le maître attend le temps de la moisson, pour brûler la mauvaise herbe (Matthieu 13, 24). Le Royaume c’est se faire petit devant Dieu et devant les hommes, comme un enfant (Matthieu 18, 1). Et se faire le serviteur de tous, comme Jésus a lavé les pieds de ses apôtres (Jean 13). Le Royaume, nous demande de laisser le mal, comme le dit Jésus dès le début de sa mission : « Le Royaume de Dieu s’est approché de vous. Changez de vie, et croyez à la Bonne Nouvelle de l’Evangile » (Marc 1,15). Le Royaume est comme un filet, qui attrape toutes sortes de poissons, et que les anges viendront trier à la fin du monde (Matthieu 13, 47). Ce n’est donc pas à nous de choisir les gens.
Tout cela nous demande d’agir en vérité. Car « ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le Royaume des cieux. Mais ceux qui font la volonté de mon Père « (Matthieu 7, 21). Et Paul explique : « le Royaume de Dieu ce n’est pas une affaire de paroles, mais de puissance (dans l’Esprit Saint)» (1ère aux Corinthiens 4, 20), « ce n’est pas une question de nourriture ou de boisson, mais de justice, de paix et de joie dans l’Esprit Saint » (Romains 14, 17). Le Seigneur nous demande donc d’écouter le Saint Esprit, pour « tirer de notre trésor, de l’ancien et du nouveau ». Et de nous adapter au monde de ce temps (Matthieu 13, 52). De commencer tout petit, comme la graine de moutarde, qui est la plus petite des graines (Matthieu 13, 21). Et ensuite de grandir peu à peu, et d’étendre nos bras pour accueillir nos frères, comme l’arbre étend ses branches pour que les oiseaux viennent se reposer. Et qu’ils puissent ensuite repartir librement, poursuivre leur propre chemin (Matthieu 13, 31).
Il s’agit de partager la vie des hommes, et de nous engager dans la société. Comme le levain doit être mélangé à la pâte pour agir, et la faire lever toute entière (Matthieu 13, 33). Jésus a dit à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Mais Il ajoute « Je te donnerai les clés du Royaume ». Pas seulement les clés de l’Eglise (Matthieu 16, 19). L’Eglise doit donc être au service du Royaume. « Un règne sans limite et sans fin, règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix » (Préface du Christ Roi). Il s’agit de faire grandir la paix, partout dans le monde, ensemble avec tous les hommes de bonne volonté. Saint Paul explique (Rom 14,17-19) : » Le Royaume de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint. Celui qui sert le Christ de cette manière, il plaît à Dieu, et il est accepté par les hommes. Recherchons donc ce qui sert à la paix. Et ce qui nous unit les uns aux autres, pour construire ce Royaume ».
On retrouve ces différents points, tout au long de « la Joie de l’Evangile ».On pourra lire aussi avec intérêt une présentation du Royaume de Dieu, d’après la Bible de Jérusalem : Introduction aux Evangiles synoptiques.
DES POINTS ESSENTIELS
Dans toutes ses interventions, le Pape François insiste sur plusieurs points importants. D’abord, il nous demande sans cesse d’aller à la périphérie, c’est-à-dire d’aller auprès de ceux qui sont loin. Ne pas rester enfermés dans l’Eglise, mais aller vers les plus pauvres, ceux qui sont abaissés, rejetés, mis à l’écart. Ce n’est pas une question de kilomètres. François note bien que dans les villes. N° 75 : « Nous ne pouvons ignorer que dans les villes le trafic de drogue et de personnes, l’abus et l’exploitation de mineurs, l’abandon des personnes âgées et malades, diverses formes de corruption et de criminalité augmentent facilement. En même temps, ce qui pourrait être un précieux espace de rencontre et de solidarité, se transforme souvent en lieu de fuite et de méfiance réciproque… Le sens unitaire et complet de la vie humaine que l’Évangile propose est le meilleur remède aux maux de la ville, bien que nous devions considérer qu’un programme et un style uniforme et rigide d’évangélisation ne sont pas adaptés à cette réalité. Mais vivre jusqu’au bout ce qui est humain et s’introduire au cœur des défis comme ferment de témoignage, dans n’importe quelle culture, dans n’importe quelle ville, perfectionne le chrétien et féconde la ville. Dans tout cela, il est important de garder l’espérance et d’avoir un regard positif, comme François l’ajoute. N° 20 : » Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile ». Et il insiste. N°49 : » Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ : je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille. ». C’est très clair !
-Sa deuxième idée forte, c’est de lutter contre la société du déchet, où on ne respecte pas les gens. On les exploite le plus possible, sans aucun respect de leur dignité. Et ensuite, si on ne peut plus rien en tirer, on les considère comme des ordures que l’on pmeutt jeter au dehors : tous ceux qui ne sont pas rentables ou qui sont malades, infirmes, analphabètes ou trop âgés, tous ceux-là on les rejette.
-Cela va ensemble avec la priorité aux pauvres. François l’a rappelé en particulier à la FAO : « Les pauvres n’ont pas besoin d’aumône, ils ont besoin de dignité et de formation ». A Rome, le 11 juin 2015, il leur a rappelé le droit à la nourriture pour tous. Et il a invité à un style de vie sobre pour vaincre la faim, car c'est possible! Et dans un tweet publié le même jour, il dit avec force : « Là où il n’y a pas de travail, il n’y a pas de dignité. 
Dans « La joie de l’Evangile », le pape dit : « Non à une économie de l’exclusion. “Aujourd’hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible. Comme conséquence de cette situation, de grandes masses de population se voient exclues et marginalisées : sans travail, sans perspectives, sans voies de sortie” (n° 53). Il invite à réagir : «  De même que le commandement de “ne pas tuer” pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire “non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale”. Une telle économie tue », dénonce encore le pape » (n° 53).
Il faudra un gros effort de réflexion, de formation et d’engagement, pour répondre à ces interpellations très fortes, dans nos conditions économiques, sociales et politique de pays d’Afrique noire. Mais il est sûr que tant que nous nous laisserons commander par le FMI, la Banque mondiale ou les grandes multinationales, et tant que nous compterons sur les dons des pays riches et industrialisés, occidentaux ou autres, au lieu de compter sur nos propres forces, et de bâtir notre avenir sur nos valeurs culturelles propres, rien de profond ni de durable ne se fera dans le pays.
LES PAUVRES
Le Pape François reprend l’enseignement DE LA DOCTRINE SOCIALE sur les pauvres, et cet enseignement est toujours à approfondir. 187 : » Le Père qui est bon veut écouter le cri des pauvres : « J’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer […] Maintenant va, je t’envoie… » (Ex 3, 7-8.10), L’ancienne question revient toujours : « Si quelqu’un, jouissant des biens de ce monde, voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? » (1 Jn 3, 17). Souvenons-nous aussi comment, avec une grande radicalité, l’Apôtre Jacques reprenait l’image du cri des opprimés : « Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont fauché vos champs, crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur des Armées » (5,4).
Cela demande que nous donnions d’abord aux pauvres leur place dans la société, en commençant par notre Eglise, nos paroisses et nos CEB. Que d’abord ils soient accueillis et respectés. Et qu’ils soient écoutés. Car nous venons avec nos idées toutes faites, pour les aider selon nos idées, et comme nous le voulons. Mais ce sont eux qui vivent la pauvreté. Ce sont eux qui peuvent nous dire comment en sortir, et quels sont leurs vrais besoins. Tant que l’aide aux pauvres et le développement seront décidés dans les bureaux, que ce soit ceux de la Caritas, des ONG ou des ministères, rien de valable ne se fera.
N° 198 : » l’Église a fait une option pour les pauvres, entendue comme une « forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne toute la tradition de l’Église ». Je désire une Église pauvre pour les pauvres. Ils ont beaucoup à nous enseigner. En plus de participer au sensus fidei (la compréhension de la foi), par leurs propres souffrances, ils connaissent le Christ souffrant. Il est nécessaire que tous nous nous laissions évangéliser par eux. La nouvelle évangélisation est une invitation à reconnaître la force salvifique de leurs existences, et à les mettre au centre du cheminement de l’Église. Nous sommes appelés à découvrir le Christ en eux, à prêter notre voix à leurs causes, mais aussi à être leurs amis, à les écouter, à les comprendre et à accueillir la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux ». François nous rappelle que les pauvres ont beaucoup à nous enseigner. Or trop souvent, dans l’Eglise, nous sommes prêts à les aider, mais pas à  les écouter. Il ne s’agit pas seulement de faire l’aumône, que nous faisons d’ailleurs souvent par intérêt personnel : pour ne pas avoir d’accident en route, pour réussir son examen ou trouver du travail, pour avoir la bénédiction de Dieu…Où est l’amour et le respect des pauvres dans tout cela ? Dans notre pays à très grande majorité musulmane qui nous influence, nous sommes très centrés sur l’aumône et cette aumône est vécue comme un devoir religieux à accomplir plus que comme un véritable acte de charité.
186 : » De notre foi au Christ qui s’est fait pauvre, et toujours proche des pauvres et des exclus, découle la préoccupation pour le développement intégral des plus abandonnés de la société ». Le développement intégral, c’est le développement « de tout l’homme, et de tous les hommes ». C’est permettre à tous les hommes de vivre d’une manière humaine, digne et respectée, dans toute leur personne. Pas seulement leur donner à manger ou les soigner, même si cela est nécessaire, et qu’on doive commencer par cela. Le lancement des CMU (couverture médicale universelle) pourrait être une première étape pour que les populations elles-mêmes prennent leur santé en main. Malheureusement, elles sont très réticentes à se lancer dans cette voie. Et les communautés chrétiennes ne s’y sont malheureusement pas engagées, à part quelques exceptions. Cela pose tout le problème de la Caritas.
N° 197 : » Les pauvres ont une place de choix dans le cœur de Dieu, au point que Lui-même  s’est fait pauvre » (2 Co 8, 9). L’attention aux pauvres ce n’est donc pas seulement une question de charité, c’est d’abord une question de foi. Si je crois en un Dieu qui est près des pauvres, et qui veut les sauver, je dois obligatoirement m’engager de leur côté.
Quand nous accueillons les pauvres, ce n’est pas nous qui leur apportons quelque chose, ce sont eux qui nous aident à devenir vraiment enfants de Dieu et Famille de Dieu. Nous recevons beaucoup plus que ce que nous apportons. Nous recevons Jésus Lui-même parmi nous. Mais sommes-nous prêts à recevoir ce que Dieu veut nous apporter par les pauvres ? Et à recevoir Jésus, « l’ami des petits et des pauvres » ?
Ainsi  François nous demande :
1. De nous attaquer aux causes structurelles de la pauvreté.
2. De travailler au développement intégral des pauvres.
3. De créer une nouvelle mentalité qui pense en termes de communauté, de priorité, de la vie de tous, sur l’appropriation des biens par quelques-uns. (188)

N° 188 : » Dans ce cadre on comprend la demande de Jésus à ses disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mc 6, 37), ce qui implique autant la coopération pour résoudre les causes structurelles de la pauvreté et promouvoir le développement intégral des pauvres, que les gestes simples et quotidiens de solidarité devant les misères très concrètes que nous rencontrons. Le mot “solidarité” est un peu usé et, parfois, on l’interprète mal, mais il désigne beaucoup plus que quelques actes sporadiques de générosité. Il demande de créer une nouvelle mentalité qui pense en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens par quelques-uns ».

Les chrétiens des classes aisées sont souvent prêts à faire la charité au moment du carême, et aussi à s’engager dans la paroisse, mais beaucoup moins à s’engager dans la société pour changer les structures économiques du pays, qui font que les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. La Caritas devrait jouer ce rôle de changement de mentalité de toute la population, mais elle se contente souvent de distribution, ou au mieux, de petits projets de développement souvent financés par l’extérieur. Elle ne pousse pas la population à s’engager et à agir en comptant d’abord sur ses propres forces. Elle agit à l’intérieur de la communauté, mais elle ne pousse pas les chrétiens à s’engager dans les actions sociales des municipalités ou des ONG, pour agir avec tous pour le développement de tous. François note qu’une telle action implique éducation, accès à l’assistance sanitaire et surtout au travail avec un salaire juste (N° 192) : » Mais nous désirons encore davantage, et notre rêve va plus loin. Nous ne parlons pas seulement d’assurer à tous la nourriture, ou une « subsistance décente», mais que tous connaissent « la prospérité dans ses multiples aspects ». Ceci implique éducation, accès à l’assistance sanitaire, et surtout au travail, parce que dans le travail libre, créatif, participatif et solidaire, l’être humain exprime et accroît la dignité de sa vie. Le salaire juste permet l’accès adéquat aux autres biens qui sont destinés à l’usage commun ».
Mais dans leurs engagements dans les mairies, les associations, les ONG et les actions gouvernementales, les chrétiens veilleront à garder leur spécificité qui nous vient de la manière de vivre et d’agir de Jésus, et de son Evangile. N° 199 : » Notre engagement ne consiste pas exclusivement en des actions ou des programmes de promotion et d’assistance ; ce que l’Esprit suscite n’est pas un débordement d’activisme, mais avant tout une attention à l’autre qu’il « considère comme un avec lui ». Cette attention aimante est le début d’une véritable préoccupation pour sa personne, à partir de laquelle je désire chercher effectivement son bien. Cela implique de valoriser le pauvre dans sa bonté propre, avec sa manière d’être, avec sa culture, avec sa façon de vivre la foi… Que « dans toutes les communautés chrétiennes, les pauvres se sentent “chez eux”. Ce style ne serait-il pas la présentation la plus grande et la plus efficace de la Bonne Nouvelle du Royaume ? » Sans l’option préférentielle pour les plus pauvres « l’annonce de l’Évangile, qui demeure la première des charités, risque d’être incomprise ».
Et cela est encore plus important et plus urgent, pour ceux qui sont traités injustement, et exploités de toutes les manières. N° 211 : » La situation de ceux qui font l’objet de diverses formes de traite des personnes m’a toujours attristé. Je voudrais que nous écoutions le cri de Dieu qui demande à nous tous : « Où est ton frère ? » (Gn 4, 9). Où est ton frère esclave ? Où est celui que tu es en train de tuer chaque jour dans la petite usine clandestine, dans le réseau de prostitution, dans les enfants que tu utilises pour la mendicité, dans celui qui doit travailler caché parce qu’il n’a pas été régularisé ? Ne faisons pas semblant de rien. Il y a de nombreuses complicités. La question est pour tout le monde ». C’est  le rôle des commissions Justice et Paix. Elles existent sur le papier dans tous les Plans d’Action Pastorale des paroisses. Mais combien travaillent réellement ?
A ce niveau, on trouve toute l’importance des commissions Justice et Paix demandées par le Concile Vatican II, et réclamées avec insistance, dans les deux derniers Synodes pour l’Afrique. Mais cette commission est pratiquement inexistante dans le pays. Elle se réveille simplement, par exemple, au moment des élections, et là encore seulement dans quelques paroisses. A cette occasion, la commission avait lancé le slogan : « Je ne vends pas ma voix pour un sac de riz ».
Je rappelle aussi que le titre complet de cette commission est « Justice, Paix et Respect de la création ». Sur ce dernier point, nos évêques nous ont écrit une lettre très importante pour le carême 2012, et l’on attend la prochaine lettre de François sur cette question, de même que le Congrès Mondial pour l’Environnement. Mais sommes-nous prêts à passer à l’action dans ce domaine ? En tout cas cela n’a pas été fait après la lettre de carême de nos évêques.
Au sujet de la paix, François nous dit qu’il faut changer la société à la base (N° 218) : «  Ce serait une fausse paix que celle qui réduit au silence ou tranquillise les plus pauvres, de manière à ce que ceux qui jouissent des plus grands bénéfices puissent conserver leur style de vie sans heurt, alors que les autres survivent comme ils peuvent. Les revendications sociales qui ont un rapport avec la distribution des revenus, l’intégration sociale des pauvres et les droits humains ne peuvent pas être étouffées. La dignité de la personne humaine et le bien commun sont au-dessus de tout. Quand ces valeurs sont touchées, une voix prophétique est nécessaire ».  Sommes-nous prêts à être les prophètes d’aujourd’hui ? François précise (N° 219) : » La paix ne se réduit pas à une absence de guerres, fruit de l’équilibre toujours précaire des forces. Elle se construit jour après jour dans la poursuite d’un ordre voulu de Dieu, qui comporte une justice plus parfaite entre les hommes. En définitive, une paix qui n’est pas le fruit du développement intégral de tous n’aura pas d’avenir et sera toujours semence de nouveaux conflits et de diverses formes de violence ».
A partir de là la conclusion est claire (n°269) : » Jésus même est le modèle de ce choix évangélique qui nous introduit au cœur du peuple. Quel bien cela nous fait de le voir proche de tous. Le don de Jésus sur la croix n’est autre que le sommet de ce style qui a marqué toute sa vie. Séduits par ce modèle, nous voulons nous intégrer profondément dans la société, partager la vie de tous et écouter leurs inquiétudes, collaborer matériellement et spirituellement avec eux dans leurs nécessités, nous réjouir avec ceux qui sont joyeux, pleurer avec ceux qui pleurent et nous engager pour la construction d’un monde nouveau, coude à coude avec les autres ».
-Par rapport à l’engagement politique des chrétiens. Notre pape écrit (205) : » La politique tant dénigrée, est une vocation très noble, elle est une des formes les plus précieuses de la charité, parce qu’elle cherche le bien commun… Je prie le Seigneur qu’il nous offre davantage d’hommes politiques qui aient vraiment à cœur la société, le peuple, la vie des pauvres ! » Beaucoup de chrétiens disent encore : » la politique c’est sale, s’engager dans la vie du pays c’est difficile, travailler dans les organisations et associations civiles c’est dangereux. Nous risquons de perdre nos valeurs chrétiennes ». Pourtant, il y a eu tout un effort du côté de la hiérarchie pour pousser les chrétiens à s’engager dans la politique, et pour lutter contre cette idée, qu’un chrétien ne doit pas faire de politique. Sous la conduite de la commission Justice et Paix, une réflexion approfondie a été faite au moment des dernières élections présidentielles et locales, pour pousser les chrétiens à voter et à s’engager politiquement. Et aussi pour étudier les programmes des différents partis, et faire réfléchir les gens dans les quartiers au choix du candidat pour qui voter. Mais cette réflexion importante, quand elle a été faite, est restée enfermée, à l’intérieur de l’Eglise alors qu’on avait beaucoup insisté auprès des chrétiens et des communautés, pour qu’ils partagent leurs formations et leurs documents dans leurs quartiers, avec tout le monde. Cela n’a pas été fait. La communauté chrétienne reste centrée sur elle et enfermée dans ses problèmes, ce qui est en opposition directe avec l’évangélisation.
N° 102 : » Même si on note une plus grande participation de beaucoup aux ministères laïcs, cet engagement ne se reflète pas dans la pénétration des valeurs chrétiennes dans le monde social, politique et économique. Il se limite bien des fois à des tâches internes à l’Église sans un réel engagement pour la mise en œuvre de l’Évangile en vue de la transformation de la société. La formation des laïcs et l’évangélisation des catégories professionnelles et intellectuelles représentent un défi pastoral important ». Aux dernières élections locales, un certain nombre de chrétiens se sont engagés dans la politique. Mais ils sont encore trop peu  nombreux. Et il reste à savoir dans quelle mesure leur foi et l’Evangile est à la base de leur engagement et de leurs actions futures ? Et quel soutien l’Eglise va leur apporter pour cela ? Quand les chrétiens s’engagent en politique, on a souvent l’impression qu’ils cherchent surtout à obtenir des aides, et même des faveurs pour leur paroisse et pour l’Eglise, quand ce n’est pas pour eux-mêmes, beaucoup plus qu’à vouloir faire avancer la société toute entière dans l’esprit de l’Evangile, et à apporter dans les structures officielles les soucis des plus pauvres et de tous ceux qui sont traités injustement.
N° 220 : » En chaque nation, les habitants développent la dimension sociale de leurs vies, en se constituant citoyens responsables au sein d’un peuple, et non comme une masse asservie par les forces dominantes. Souvenons-nous qu’« être citoyen fidèle est une vertu, et la participation à la vie politique une obligation morale ». Je me demande si on ne fait pas une erreur d’appréciation. Parler d’engagement politique fait peur à beaucoup. Et il est vrai qu’il faut avoir non seulement la volonté, mais aussi la formation et les compétences nécessaires pour s’engager dans ce domaine. Ne devrait-on pas d’abord parler d’engagement dans le quartier, dans les petites choses, à partir des CEB. Pour les jeunes des amicales, faire partie de leur ASC de quartier. Pour les femmes catholiques, faire partie des associations féminines de leur quartier et aller à la maison de la femme de la mairie. Pour tous participer aux rencontres des différentes commissions municipales, aux formations et aux actions lancées par les mairies. Et d’abord, connaître au moins le délégué et l’imam du quartier. A partir de là, certains chrétiens auront le goût et les compétences pour s’engager plus haut, au niveau départemental ou national.

LA PASTORALE PAROISSIALE
Voyons maintenant ce que François nous dit sur la Pastorale paroissiale. D’abord la liturgie (N° 95) : » Dans certaines Eglises, on note un soin ostentatoire de la liturgie, de la doctrine ou du prestige de l’Église, mais sans que la réelle insertion de l’Évangile dans le Peuple de Dieu et dans les besoins concrets de l’histoire ne les préoccupe. De cette façon la vie de l’Église se transforme en une pièce de musée, ou devient la propriété d’un petit nombre….. Dans tous les cas, elle est privée du sceau du Christ incarné, crucifié et ressuscité, elle se renferme en groupes d’élites, elle ne va pas réellement à la recherche de ceux qui sont loin, ni des immenses multitudes assoiffées du Christ. Il n’y a plus de ferveur évangélique, mais la fausse jouissance d’une autosatisfaction égocentrique ».
On dirait que le Pape s’est adressé directement à l’Eglise du Sénégal. Dans mon article « J’attends que vous réveilliez le monde », j’ai noté combien les chrétiens ont tendance à se replier sur la paroisse et sont peu engagés dans la société. Actuellement, les évêques demandent aux chrétiens de s’engager dans le domaine politique. Bien sûr cela est important. Mais cela me semble beaucoup trop limité. D’abord, tout le monde n’a pas la capacité ni la formation nécessaire pour s’engager dans le domaine politique. Ce à quoi il faudrait plutôt appeler les gens, à mon avis, c’est que les chrétiens s’engagent dans les quartiers et la société civile à la base. C’est cela la priorité. Et alors quand ils auront acquis une expérience valable à ce niveau, ceux qui ont les qualités nécessaires pourront s’engager dans le domaine politique. Mais beaucoup de chrétiens ne connaissent même pas le délégué de leur quartier. Comment pourraient-ils apporter leurs propositions pour faire avancer le quartier ? Beaucoup de chrétiens ne connaissent pas non plus l’imam de leur quartier. Comment pourraient-ils agir ensemble avec les musulmans ? Les jeunes sont actifs dans les amicales, à la paroisse et dans les CEB, mais ils ne sont pas présents dans les ASC de leur quartier. Les femmes catholiques se retrouvent entre elles à l’Eglise mais elles ne font pas partie des associations féminines du quartier. En conséquence, elles ne peuvent participer ni aux formations ni profiter des projets et autres avantages procurés par la mairie, spécialement depuis la mise en place de l’Acte 3 de la Décentralisation. Par conséquent, il n’y a pratiquement pas de chrétiens dans les conseils municipaux. Ceux qui y sont le sont à titre personnel mais coupés de leur communauté. Ensuite les chrétiens se plaignent de ne pas profiter des aides aux étudiants, des bourses familiales, de la couverture médicale universelle, des formations, des emplois et des autres soutiens apportés pmar les mairies. A qui la faute ?
François note que trop souvent dans l’Eglise, on se replie « sur la liturgie, la doctrine et le prestige ». Il suffit de voir, par exemple, comment le 3ème Plan d’Action Pastorale est détourné dans certaines paroisses. On parle bien de communion, mais il s’agit seulement de la communion entre chrétiens et non pas dans toute la société. On parle de sanctification, mais là encore seulement pour les chrétiens, comme si nous n’étions pas responsables de tous les hommes et que nous ne pouvions pas aider les non chrétiens à devenir saints eux aussi. On parle d’évangélisation mais on comprend cela comme baptiser les gens et les faire entrer dans l’Eglise, comme si nous ne devions pas proposer à tous de connaître et de vivre, en vérité, les valeurs de l’évangile dans leur propre religion ou convictions : les musulmans, les gens de religion traditionnelle et des autres religions, mais aussi les agnostiques et les athées qui ne manquent pas en Afrique, quoiqu’on en dise. Et comme si les frères et sœurs des autres religions n’avaient rien à nous apporter. Pourtant Jésus lui-même a admiré la foi des païens : les samaritains, la femme syrienne, l’officier romain, et tant d’autres. Et pour le service, même la Caritas tend à être limitée au soutien des seuls chrétiens. Et les commissions Justice et Paix ne s’engagent pas dans la société.
(N° 105) : »Dans les structures habituelles, les jeunes ne trouvent pas souvent de réponses à leurs inquiétudes, à leurs besoins, à leurs questions et à leurs blessures… Il est nécessaire de rendre plus stable la participation des groupements de jeunes à la pastorale d’ensemble de l’Église ». Ce qui est très inquiétant, c’est la diminution, pour ne pas parler parfois de la disparition des mouvements d’Action Catholique. Ils étaient des éléments essentiels de  l’Evangélisation et de la transformation de la société. Les jeunes se tournent maintenant vers les amicales, les groupes charismatiques, les chorales et toutes sortes de petits groupes fermés sur eux-mêmes et se limitant à des neuvaines et des fêtes patronales qui ne débouchent pas sur la vie. L’action catholique des femmes est remplacée maintenant par des associations de femmes catholiques, ce qui n’est pas du tout la même chose. Quant à l’action catholique des hommes, on n’en parle pas.

Le thème des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) nationales de cette année était : « Jeunes, acteurs de la nouvelle évangélisation ». Ce qui montre que l’on porte le souci de l’évangélisation dans l’Eglise. Mais ce n’est pas sûr que cela débouche sur un véritable engagement des jeunes pour l’évangélisation. On a l’impression que beaucoup de jeunes aiment participer à de grandes rencontres ou des marches pèlerinage, mais qui ne transforment pas vraiment leur vie. Cela se manifeste par de grandes manifestations, qui souvent n’ont pas de suivi. Dans notre paroisse, lorsque nous avons voulu organiser une rencontre des jeunes marcheurs après la marche du pèlerinage national, pour voir comment la prolonger, très peu sont venus. Comment passer à des actions concrètes organisées, suivies et réfléchies, pour soutenir cette  d’évangélisation des jeunes, par les jeunes ? Bien sûr ces manifestations publiques de foi ont leur importance. Mais peut-on parler là d’une véritable évangélisation en profondeur ?
N° 207 : » Toute la communauté de l’Église, dans la mesure où celle-ci prétend rester tranquille sans se préoccuper de manière créative et sans coopérer avec efficacité pour que les pauvres vivent avec dignité et pour l’intégration de tous, court aussi le risque de la dissolution ». Pire que cela, il semble que notre Eglise soit devenue de plus en plus une Eglise de fêtes et d’argent. Les activités principales de beaucoup d’amicales, de mouvements et de chorales, et même de CEB et de paroisses, ce sont les xawaré, les ngel, les yendoo, les concerts et les repas de gala. Et trop souvent au niveau des groupes, sinon même des paroisses, l’argent ainsi gagné est utilisé pour des sorties, des fêtes et des repas, et non pas pour aider les pauvres, même pas ceux du groupe en question.
Ce problème de l’argent se retrouve d’une façon très grave dans tout le pays. Et ce n’est pas la Cour de Répression d’Enrichissement Illicite (CREI) qui va y changer quelque chose. On retrouve la corruption à tous les niveaux depuis les petits fonctionnaires et les employés jusqu’au sommet supérieur de l’Etat. Plus grave que cela, c’est la course à l’argent que l’on légitime, sous prétexte de défendre ses droits. Les exemples des grèves des enseignants et des agents de la santé sont significatifs mais ils ne sont pas les seuls malheureusement, il y en a beaucoup d’autres. On demande sans cesse des augmentations de salaire, des subventions de toutes sortes, des per diem, sans tenir compte de la situation économique du pays. Et sans penser aux conditions de vie très difficile des paysans, de tous ceux qui exercent des petits métiers et des chômeurs. L’Eglise est le sel de la terre. C’est elle qui devrait lutter contre cette mentalité selon laquelle seul compte l’argent. Mais c’est l’inverse qui se produit. C’est l’Eglise qui se laisse envahir par cette soif de l’argent à tout prix.
Que faire ?  François nous montre le chemin (N°28) : » La paroisse peut prendre des formes très diverses qui demandent la docilité et la créativité missionnaire du pasteur et de la communauté. Même si, certainement, elle n’est pas l’unique institution évangélisatrice, si elle est capable de se réformer et de s’adapter constamment, elle continuera à être « l’Église elle-même qui vit au milieu des maisons de ses fils et de ses filles ».Cela suppose que réellement elle soit en contact avec les familles et avec la vie du peuple et ne devienne pas une structure prolixe séparée des gens, ou un groupe d’élus qui se regardent eux-mêmes. La paroisse est présence ecclésiale sur le territoire, lieu de l’écoute de la Parole, de la croissance de la vie chrétienne, du dialogue, de l’annonce, de la charité généreuse, de l’adoration et de la célébration ». Il faudrait reprendre cette citation point par point, mpour voir comment la mettre en pratique.
Les villes prennent de plus en plus d’importance et s’étendent de plus en plus dans notre pays. François n’a pas oublié cet aspect (N° 75) : « Nous ne pouvons ignorer que dans les villes le trafic de drogue et de personnes, l’abus et l’exploitation de mineurs, l’abandon des personnes âgées et malades, diverses formes de corruption et de criminalité augmentent facilement. En même temps, ce qui pourrait être un précieux espace de rencontre et de solidarité, se transforme souvent en lieu de fuite et de méfiance réciproque… Le sens unitaire et complet de la vie humaine que l’Évangile propose est le meilleur remède aux maux de la ville, bien que nous devions considérer qu’un programme et un style uniforme et rigide d’évangélisation ne sont pas adaptés à cette réalité. Mais vivre jusqu’au bout ce qui est humain et s’introduire au cœur des défis comme ferment de témoignage, dans n’importe quelle culture, dans n’importe quelle ville, perfectionne le chrétien et féconde la ville ». Là aussi, il faudrait reprendre cette citation point par point. Et mettre en place une véritable pastorale organisée, avec la formation, le suivi et les moyens nécessaires, et non pas du bricolage qui va dans tous les sens. Il n’y a pas d’aumônerie diocésaine des prisons, ni du tourisme, ni des drogués, des enfants de la rue et des talibés (malgré l’interdiction officielle de la mendicité). L’aumônerie des universités, lycées et collèges, comme celle des malades serait à revoir en profondeur. Et d’abord l’organisation et le travail des CEB, ces communautés chrétiennes de quartier, qui devraient être la base de l’évangélisation de la ville, et qui se sont réduites à devenir des simples groupes de prières ne débouchant pas sur l’action.
-De ces constatations, François tire des conclusions pour les agents pastoraux (78) : » Aujourd’hui, on peut rencontrer chez beaucoup d’agents pastoraux, y compris des personnes consacrées, une préoccupation exagérée pour les espaces personnels d’autonomie et de détente, qui les conduit à vivre leurs tâches comme un simple appendice de la vie, comme si elles ne faisaient pas partie de leur identité. En même temps, la vie spirituelle se confond avec des moments religieux qui offrent un certain soulagement, mais qui ne nourrissent pas la rencontre avec les autres, l’engagement dans le monde, la passion pour l’évangélisation. Ainsi, on peut trouver chez beaucoup d’agents de l’évangélisation, bien qu’ils prient, une accentuation de l’individualisme, une crise d’identité et une baisse de ferveur. Ce sont trois maux qui se nourrissent l’un l’autre ». Cela se manifeste de multiples façons. Ainsi des jeunes, mais aussi des adultes hommes et femmes, passent tout leur temps en prières, réunions et répétitions, mais ne sont pas présents dans leur famille, encore moins engagés dans leur quartier ou leur travail. Des jeunes en arrivent même à demander à l’Eglise de leur fournir du travail. Et à voir leur manque d’engagement missionnaire, on se demande si certains et certaines n’entrent pas dans la vie religieuse pour être à l’abri et mener une petite vie tranquille, bien logés et bien nourris. Comme le dit François (N° 80) : » Il faut souligner le fait que, même celui qui apparemment dispose de solides convictions doctrinales et spirituelles, tombe souvent dans un style de vie qui porte à s’attacher à des sécurités économiques, ou à des espaces de pouvoir et de gloire humaine qu’il se procure de n’importe quelle manière, au lieu de donner sa vie pour les autres dans la mission. Ne nous laissons pas voler l’enthousiasme missionnaire ! »
En conclusion (N° 268) : » Pour être d’authentiques évangélisateurs, il convient aussi de développer le goût spirituel d’être proche de la vie des gens, jusqu’à découvrir que c’est une source de joie supérieure. La mission est une passion pour Jésus mais, en même temps, une passion pour son peuple ».

L’INCULTURATION DE LA VIE CHRETIENNE
François pose aussi la question de l’inculturation. Il est clair qu’on ne peut pas avoir d’Evangélisation en profondeur sans inculturation (N°118) : »Que l’Église fasse comprendre et présente la vérité du Christ, en s’inspirant des traditions et des cultures de la région. » Mais comment réussir cette inculturation ? La première chose, c’est de connaître la culture et les différentes religions du milieu, où le Seigneur nous a appelés à vivre. Il s’agit d’en découvrir les valeurs, donc de le regarder d’une manière positive. Mais en même temps en étant réaliste. Par exemple en ouolof, le Jom, c’est le sens de l’honneur et de la dignité. Mais cela peut devenir de l’orgueil.
Ensuite il s’agit de voir comment vivre ces valeurs traditionnelles dans le monde d’aujourd’hui. Par exemple la Téranga (l’accueil et l’hospitalité). Quand on habite dans un deux pièces au 5ème étage, on ne peut pas accueillir les gens aussi facilement qu’on le faisait au village, là où on avait une grande cour. Autrefois quand on recevait un parent, on pouvait ensuite l’amener travailler avec nous au champ. Mais si tu es en ville et que tu es médecin ou enseignant, cela n’est évidemment pas possible.
Enfin, il faut voir les choses telles qu’elles se passent aujourd’hui. Par exemple, on parle du respect de la vie en Afrique, et c’est sûr que c’est une grande valeur. Mais nous ne pouvons pas oublier tout ce qui se passe en réalité, en particulier les avortements et les infanticides. Et on pourrait dire la même chose des autres secteurs de notre vie. Trop souvent nous rêvons à un monde traditionnel idéalisé et non pas tel qu’il était vraiment et qui, de toute façon, n’existe plus aujourd’hui. Par exemple, il ne s’agit pas de dire qu’autrefois la dot était un cadeau symbolique, pour créer une alliance entre les deux familles. Il faut voir ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Et voir comment lutter efficacement contre ces déviations et ces exagérations.
N° 62 : »Dans la culture dominante, la première place est occupée par ce qui est extérieur, immédiat, visible, rapide, superficiel, provisoire. Le réel laisse la place à l’apparence. En de nombreux pays, la mondialisation a provoqué une détérioration accélérée des racines culturelles, avec l’invasion de tendances appartenant à d’autres cultures, économiquement développées mais éthiquement affaiblies ». Il nous faut donc faire le même travail d’évaluation, par rapport aux influences culturelles qui nous viennent de l’étranger : Que pouvons-nous accueillir ? Que faut-il rejeter ? Et ce que nous accueillons, comment l’intégrer dans  notre culture, pour le vivre selon nos valeurs, et ce que nous cherchons dans la vie, aussi bien au niveau humain qu’au point de vue chrétien.
-L’inculturation doit aller dans les deux sens : enrichir l’Eglise par les valeurs des différentes cultures africaines, mais aussi inculturer (enraciner)  l’Evangile dans nos différentes cultures, pour les convertir et les christianiser. Comme le dit François (n°116) : » Quand une communauté accueille l’annonce du salut, l’Esprit Saint féconde sa culture avec la force transformante de l’Évangile…. Par l’inculturation, l’Église  introduit les peuples avec leurs cultures dans sa propre communauté, parce que toute culture offre des valeurs et des modèles positifs qui peuvent enrichir la manière dont l’Évangile est annoncé, compris et vécu ». Cela demande deux choses :
* D’abord de rester vraiment africain et sénégalais, profondément enracinés dans notre culture, alors que toute notre formation scolaire, humaine et chrétienne a tendu à nous occidentaliser, et à nous coloniser culturellement. Beaucoup d’entre nous préfère parler français, et ne sont même plus capables de s’exprimer clairement dans leurs propres langues, encore moins dans la langue nationale ouolof. Pour les étrangers, leur devoir c’est de comprendre et de respecter les différentes cultures sénégalaises le mieux possible.
* Vivre réellement et concrètement l’Evangile dans les réalités actuelles de notre société et non pas en théorie.
Nous sommes en minorité au Sénégal. A cause de cela, nous aurions tendance à nous rattacher au français et aux Eglises occidentales par besoin de sécurité, et à « faire comme à Rome » pour nous affirmer. François pense exactement le contraire (n° 129) : » Dans les pays où le christianisme est minoritaire, en plus d’encourager chaque baptisé à annoncer l’Évangile, les Églises particulières doivent développer activement des formes, au moins initiales, d’inculturation. Ce à quoi on doit tendre, en définitive, c’est que la prédication de l’Évangile, exprimée par des catégories propres à la culture où il est annoncé, provoque une nouvelle synthèse avec cette culture…
Pour cela, il nous faut chercher, sans avoir de solution toute faite à l’avance. Nous devons inventer, avec le risque de nous tromper, et de devoir revenir en arrière pour corriger les choses (N° 129 fin) : « Si nous laissons les doutes et les peurs étouffer toute audace, il est possible qu’au lieu d’être créatifs, nous restions simplement tranquilles sans provoquer aucune avancée. Dans ce cas, nous ne serons pas participants aux processus historiques par notre coopération, mais nous serons simplement spectateurs d’une stagnation stérile de l’Église ».
(N° 115) : » le peuple de Dieu s’incarne dans les peuples de la terre, chacun de ses membres a sa propre culture. Il s’agit du style de vie d’une société précise, de la manière propre qu’ont ses membres de tisser des relations entre eux, avec les autres créatures et avec Dieu. Comprise ainsi, la culture embrasse la totalité de la vie d’un peuple ». L’inculturation ne peut pas se limiter aux danses d’offertoire, et aux processions d’offrande. Il s’agit d’inculturer et d’évangéliser toute notre vie. Et d’abord l’organisation de la paroisse et des CEB.
-Dans les réunions de CEB, on commence par se donner des nouvelles comme au village. Il n’y a pas seulement un président pour diriger (surtout que c’est presque toujours un homme, et rarement une présidente) mais une équipe d’animation, un homme, une femme, un jeune garçon et une jeune fille (responsables de la CPJ : Coordination Pastorale des Jeunes). Cela pour respecter à la fois la séparation traditionnelle entre hommes et femme, et aussi les classes d’âge. Par ailleurs, nous cherchons à répartir les responsabilités entre plusieurs responsables, conformément aux différents charismes dont parle Paul (1° Corinthiens, chapitres 10 et 12). En particulier nous avons des « sages », des conseillers hommes et femmes pour la réconciliation, conformément à ce que Jésus propose (Mat 18,15-19. Voir aussi Romains 6, 1-14). Mais aussi à la manière traditionnelle de régler nos problèmes (le palabre) : non pas pour savoir qui a raison, et pour condamner l’autre ? Mais pour réconcilier tout le groupe. En donnant la parole à chacun, et en prenant le temps qu’il faut pour cela  Et bien sûr, on fait la réunion dans les langues nationales. Alors qu’il n’y a pratiquement pas d’Eucharistie célébrée en wolof le dimanche dans les paroisses, au moins de Dakar.
Notre conseil paroissial s’est réuni pour évaluer le travail de l’année. Au sujet des CEB, nous avons remarqué en particulier une chose : » les chrétiens participent au sacrement de baptême des bébés, mais ils ne participent pas aux cérémonies coutumières du 8° jour, la présentation des enfants aux ancêtres comme cela se fait dans la tradition. Souvent on prie pour les malades en réunion de CEB, mais on va beaucoup moins souvent prier avec les malades. Bien sûr toute la communauté ne peut pas se déplacer chaque jour, mais après une prière commune, qu’est-ce qui empêche d’envoyer un délégué de la communauté chaque jour, pas seulement pour prier avec la famille mais pour voir comment ils vivent ce temps de la maladie, pour éviter en particulier toutes les pratiques magiques et le maraboutage, les accusations de sorcellerie et pour vivre la maladie dans la foi. Une simple prière en réunion de communauté ne peut pas transformer tout cela ». 
De même, nos CEB ne sont pas présentes au moment du mariage traditionnel. Alors que les chrétiens participent à une grande fête, le jour où on célèbre le sacrement de mariage. Déjà il faudrait se poser des questions sur les dépenses énormes qui se font ce jour-là, comme au moment des baptêmes et des premières communions, mais aussi des enterrements. Dans ces conditions, les pauvres qui n’ont pas les moyens, ne pourront jamais être baptisés, faire  leur première communion ni se marier, parce que c’est trop lourd pour eux.
Mais au-delà de cela, attendre que les gens célèbrent le sacrement de mariage à l’église pour les suivre, c’est trop tard. Souvent les fiancés commencent à vivre ensemble, avant de célébrer le sacrement. C’est dès le début de leur vie commune qu’il faut les éclairer et les évangéliser. Pourquoi la communauté chrétienne lorsqu’un de ses membres garçon prend sa fiancée chez lui, n’irait-elle pas réfléchir avec les deux familles sur les questions concrètes, par exemple du montant de la dot. Et aussi pour conseiller les fiancés, et les aider à vivre leur mariage d’une façon chrétienne dès le début, sans attendre le sacrement. Et lire au moins une Parole de Dieu et prier ensemble.
De même on passe beaucoup de temps aux enterrements : la veillée le soir, la levée du corps à l’hôpital, la prière à l’église, l’enterrement au cimetière, les condoléances dans la famille. Comment les gens qui ont un travail salarié vont-ils assurer leur travail dans ces conditions ? Mais surtout, on vient au moment de l’enterrement et ensuite la communauté chrétienne disparaît complètement. Ne serait-ce pas important, non seulement d’être présent à la veillée mortuaire mais surtout de s’asseoir ensuite, ensemble avec la famille, pour voir comment ils vont régler les problèmes laissés par le défunt, les questions d’héritage, la condition de la veuve et des orphelins. Et là aussi, éviter les pratiques traditionnelles païennes, les interdits imposés aux veuves,  les accusations de sorcellerie et autres habitudes incompatibles avec la foi. Et que la communauté envoie chaque jour pendant les  premiers jours du deuil, au moins une ou deux personnes à tour de rôle pour visiter la famille, les conseiller, les soutenir, les encourager et prier avec eux. Il y aurait donc toute une réflexion à faire, aussi bien pour l’inculturation de l’Eglise que pour la conversion de nos cultures. A Pikine, nous avons composé un livret de prières pour ces célébrations traditionnelles. Cela fait partie de notre responsabilité de chrétien de sanctifier nos traditions et d’évangéliser toute la vie de nos frères et sœurs
-Dans la catéchèse : C’est un aspect essentiel de la vie de l’Eglise, et elle concerne directement l’évangélisation et la dimension missionnaire de la communauté. Mais encore faudrait-il s’interroger sérieusement, sur les raisons qui poussent certains catéchumènes à demander le baptême. La religion traditionnelle est essentiellement locale, en lien avec la terre des ancêtres. Beaucoup de catéchumènes demandent à entrer dans l’Eglise, ou à devenir musulmans, pour appartenir à une religion universelle et qui paraît plus moderne. C’est donc un moyen de progrès social, mais pas obligatoirement de conversion au Christ. Ce qui explique qu’un certain nombre de catéchumènes disparaissent une fois qu’ils ont « gagné le baptême ».
Et parmi ceux qui continuent à pratiquer, il semble qu’un certain nombre d’entre eux vivent leur foi chrétienne, dans l’esprit de la religion traditionnelle. Ou pour dire les choses autrement, qu’ils continuent à vivre la religion traditionnelle, à l’intérieur du cadre  de la religion chrétienne. Dans ces conditions, peut-on parler vraiment d’évangélisation ? Ils sont baptisés, sont-ils vraiment convertis à Jésus Christ ? Ce qui semble attirer ces catéchumènes, c’est l’amitié et l’esprit de famille qui règnent dans l’Eglise, et aussi la beauté et la qualité des prières et de la liturgie. Et également les soutiens des communautés chrétiennes et de la Caritas. C’est très bon et important. Mais il reste que beaucoup de nouveaux baptisés se contentent de participer à la messe le dimanche, sans véritable engagement ni dans l’Eglise ni dans la société. Et sans vrai souci d’évangélisation de leurs frères et de leurs sœurs.
Bien sûr, il y aurait encore beaucoup d’autres choses à relever dans ce document. A chacun de le lire et de le travailler. Et de voir comment le vivre dans le milieu et les conditions de vie qui sont les siennes. Dans une joie qui se renouvelle et se communique (N° 6) : » les faveurs du Seigneur ne sont pas finies, ni ses compassions épuisées ; elles se renouvellent chaque matin, grande est sa fidélité ! […] Il est bon d’attendre en silence le salut du Seigneur » (Lm 3, 17.21-23.26).
P. Armel Duteil  Pikine   Tel : 00 221 – 77 680 93 07   Mail : armelduteil@hotmail.fr
                              





SYNODE SUR LA FAMILLE
Tout au long de cette année, j’ai été appelé pour animer des rencontres sur le synode de la famille. Voici un résumé de nos réflexions. Et  d’abord le plan ;
LA SITUATION p.1
Les conséquences de la pauvreté p.2
Les efforts du gouvernement p.2
UNE RENCONTRE DE DOYENNE p.3
Comment bâtir une famille africaine moderne ? p.4
REFLEXION AVEC PLUSIEURS GROUPES DE JEUNES
Les bases de nos familles p.4
Chacun a sa place dans la famille p.5
FORMATION DES CATECHISTES !  L’Eglise domestique p.7
REFLEXIONS SUR LE MESSAGE FINAL  (1ère session du Synode)
L’éducation sexuelle et Les fiançailles p.8
Les difficultés des familles p.10
La sexualité dans le couple p.12
Vivre son mariage et son amour dans la foi p.13
Mieux comprendre le sacrement du mariage p.14
LES REPONSES AU SYNODE SUR LA FAMILLE p.14
JESUS A DOUZE ANS DANS LE TEMPLE (Luc 2,41-52) p.16

LA SITUATION : Pour voir comment mettre en pratique le message final de la première session de ce synode (voir plus bas), il est important de voir la situation réelle de la famille, pour vivre ce Synode selon nos réalités sénégalaises. Voici ce qu’un groupe a répondu à ce sujet :
1 - Le premier problème, c’est le problème de la pauvreté, et de la dépense quotidienne. Cela devient de plus en plus difficile de nourrir nos enfants, et de faire vivre nos familles. En particulier à cause du chômage, non seulement des jeunes, mais aussi des parents. Beaucoup de familles n’ont pas de quoi vivre. Quand le chef de famille est au chômage, il est découragé, et ses enfants ne le respectent plus. Les mamans sont vraiment très courageuses, par exemple pour aller vendre au marché, afin de gagner la nourriture de leurs enfants, et de leur payer l’école. Mais cela ne suffit pas.
2 - Le deuxième problème c’est celui de l’entente dans la famille : entre mari et femme, entre parents et enfants, avec les beaux parents et les deux familles en général. Il y a des difficultés à se comprendre, des différences de caractère et d’éducation: on n’arrive pas à accepter ces différences. Cela entraîne des disputes. Et cela va parfois jusqu’à la violence et les coups, les relations sexuelles imposées, et même l’inceste. Le chef de famille impose sa volonté, sans écouter les autres membres de la famille. Les filles sont commandées par les garçons, et traitées en inférieures. On trouve des petits frères, des neveux et des cousins qui viennent s’installer à la maison : ils se font nourrir sans rien faire, et ils se conduisent comme des profiteurs et des parasites. Et souvent les beaux-parents interviennent dans la vie du couple.
3 -Le troisième problème c’est : comment vivre les valeurs traditionnelles de la famille, dans le monde d’aujourd’hui. Et comment protéger nos enfants, face aux attaques de la société moderne contre la famille, qui arrivent jusqu’à nous, par la télévision et les autres médias.
4 - Comment éduquer nos enfants dans le monde d’aujourd’hui ? Et en particulier, comment leur assurer une véritable éducation sexuelle, qui les prépare à bâtir des familles heureuses. Les parents, surtout ceux qui n’ont pas été à l’école, se pensent impuissants pour l’éducation de leurs enfants. Quand les parents parlent à leurs enfants dans leur langue, ceux-ci leur répondent en français. Et ils sont éduqués surtout par leurs camarades, la rue et les medias.
5 - Il y a aussi l’influence de l’islam qui donne une place inférieure à la femme, et autorise la polygamie et le divorce.
6 - Il faudra réfléchir aussi sérieusement au problème des veuves et des orphelins, de l’héritage, et de la dot.
7 - La famille sénégalaise est aussi beaucoup attaquée de l’extérieur. Un certain nombre de gouvernements occidentaux conditionnent leur aide, à la mise en place de la contraception, que l’on veut imposer par tous les moyens : La contraception (contre la conception), et non pas une saine régulation des naissances. De même, on prône la santé reproductive des jeunes, au lieu de mettre en place une véritable éducation sexuelle, et une bonne préparation au mariage. Car les jeunes n’ont pas à se reproduire, mais à apprendre à découvrir et maitriser leur sexualité. Distribuer des condoms, ce n’est pas une éducation. A l’école, on se limite la plupart du temps à une simple information, sans éducation réelle. Il ne suffit pas d’expliquer aux élèves, comment fonctionnent les appareils génitaux. Il faut apprendre à bien s’en servir ! Certains pays étrangers voudraient également nous faire reconnaître le mariage des homosexuels, et même l’adoption des enfants par des homosexuels. De même, il y a de fortes pressions pour légaliser l’avortement, en le justifiant par les cas d’abus sexuels, de viols et d’incestes. Effectivement, ces violences existent dans le pays, et on commence à en parler maintenant ouvertement. Mais il faut lutter contre elles, et non pas autoriser l’avortement. Il faut attaquer les causes, et non pas les conséquences (Vous pouvez me demander des documents sur ces questions).
Les conséquences de la pauvreté : La pauvreté cause une prostitution larvée, l’agressivité et l’insécurité dans nos quartiers. Les jeunes au chômage se tournent vers la lutte sportive ou la drogue, que ce soit pour avoir de l’argent, ou pour oublier leurs problèmes. La drogue est arrivée jusque dans nos collèges, et on utilise des enfants pour la vendre.
La pauvreté pousse aussi les gens à se tourner vers les charlatans et les marabouts, à faire des sacrifices aux esprits et aux génies, à chercher les protections et les bénédictions, et même à se tourner vers la sorcellerie.
Les inégalités sociales augmentent. Le PIB du pays augmente, le pays devient de plus en plus riche, mais le nombre de pauvres augmente également. Ce qui veut dire que l’argent du pays est récupéré par une classe sociale, qui s’enrichit sur le dos des plus pauvres.
Parmi les chrétiens de milieu aisé et ayant davantage de moyens, beaucoup sont charitables. Mais cette charité se limite trop souvent à l’aumône et aux dons, donc à des aides personnelles, en particulier pendant le carême. Mais ils ne sont pas prêts à réfléchir aux causes de la pauvreté, et à voir d’où vient leur argent. Ni à changer les structures du pays, pour permettre à chacun de vivre d’une manière digne. C’est tout le problème de nos cadres chrétiens, qui s’engagent dans l’Eglise, les chorales, etc…qui donnent de l’argent à la paroisse, mais qui ne s’engagent pas pour transformer la société.
Il y a de grands problèmes de pauvreté, et en même temps de dépenses excessives, qui causent beaucoup de difficultés aux gens. En particulier chez les chrétiens, au moment des baptêmes, des premières communions, des mariages, et déjà des fiançailles. Et surtout au moment des enterrements. L’argent a pris une place énorme, dans la vie de la paroisse, et les activités des différents groupes : Khaware, ngel, yeendöö, concerts…Et cet argent est ensuite utilisé pour des repas, des sorties et des fêtes,  parfois  pour les besoins du groupe et de la paroisse, mais pas pour les pauvres, ni  pour le développement du pays. Nous sommes pourtant citoyens comme les autres.
Le gouvernement actuel a mis en place un certain nombre de mesures, pour lutter contre cette pauvreté. Par exemple les bourses familiales distribuées aux familles les plus nécessiteuses. Mais on peut se poser des questions sur le choix de ces familles, et sur les tensions, jalousies et disputes que cela entraîne. Surtout, au lieu de distribuer de l’argent qui va être consommé rapidement, ne vaudrait-il pas mieux donner aux gens une formation, et des moyens de travailler par eux-mêmes, en lançant un certain nombre de petits projets économiques, genre GIE ou AGR ?
Il y a de grandes déclarations, des séminaires qui coûtent très cher et qui souvent ne s’adressent pas aux intéressés eux-mêmes, et des financements annoncés pas toujours actualisés, pour des projets et des soutiens, en particulier aux femmes et aux jeunes. Mais on ne voit pas toujours les réalisations concrètes, et parfois on ne sait pas où passe cet argent.
La mendicité a été interdite dans le pays, depuis dix années. Mais elle continue à exister. De même, il y a deux ans, suite à la mort de neuf enfants talibés brûlés à la Medina, il y avait eu toute une réaction contre les conditions de vie des talibés. Mais rien n’a vraiment changé jusqu’à maintenant. Car des maîtres coraniques, qui s’enrichissent sur le dos de leurs talibés, et même des chefs religieux, s’opposent à une gestion claire des daaras.
On a déclaré la gratuité des césariennes, et des soins pour les enfants de moins de cinq ans. Souvent cela n’est pas appliqué : si les gens ne payent pas, ils ne sont pas soignés. De même le gouvernement a lancé la CMU (Couverture Médicale Universelle). Mais sa mise en place pose beaucoup de problèmes : elle n’est pas effective.
Que faire ? Tout cela nous montre qu’il y a des problèmes graves, et des essais de réponses. Mais ces réponses sont souvent inadaptées. Il faudrait attaquer les causes de la pauvreté, aussi bien que celles des déviations sexuelles, et non pas s’attaquer simplement aux conséquences. C’est un problème général, auquel la Commission Justice et Paix doit réfléchir sérieusement. On ne peut pas se contenter des dons de la Caritas.
UNE RENCONTRE DE DOYENNE :
Ces questions ont été abordées à la rencontre du doyenné de Grand Dakar, le lundi 2 mars. Après la présentation du message des évêques et du rapport final du Synode qui sert de Lineamenta, avec les 46 questions proposées, voici un certain nombre de réactions dans le débat.
* La trop grande importance des fêtes, et les dépenses excessives à ces moments-là.
* Il n’y a pas de suivi des couples après le mariage, sauf quelques petites actions avec les communautés Emmanuel et Jeune Espérance et les équipes Notre Dame, mais qui sont absolument insuffisantes. Et qui s’adressent à des couples aisés, ayant des moyens financiers importants.
* Il faudrait davantage impliquer les CEB (communautés chrétiennes de quartier). Mais d’abord que ces CEB soient une vraie famille, engagée dans le quartier, et pas seulement un groupe de prières.
* En plus de la pauvreté, il y a la promiscuité dans les maisons, ce qui ne permet pas une vie digne et respectueuse.
* Il est important d’assurer une éducation sexuelle des enfants. Soutenir et défendre en particulier les jeunes filles de milieux pauvres, qui se laissent facilement entraîner, pour de l’argent dont elles ont besoin.
* Lutter contre l’exploitation des employées de maison.
* Au sujet de la condamnation des personnes qui utilisent ou vendent de la drogue, il serait nécessaire de distinguer entre le yamba (chanvre indien, marijuana) et les drogues dures.
* A côté de la pauvreté matérielle, il y a aussi la pauvreté spirituelle. On fait beaucoup d’enfants, mais comment les éduque-t-on ?
* Insister sur le fait que le mariage est un engagement, et préparer à cet engagement.
* Tout ne vient pas de la pauvreté. Il y a des pauvres qui savent garder leur dignité, et vivre sérieusement.
* Il faudrait réfléchir aussi aux dépenses effectuées au niveau du pays. Par exemple, les dépenses en armement qui sont très importantes, au détriment des dépenses sociales et pour le développement.
* Il faudrait apprendre aux familles à mieux  utiliser leur argent.
* Les commissions Justice et Paix devraient apporter des moyens d’action par rapport à tous ces problèmes, mais elles sont pratiquement inexistantes.
* Il faudrait, non seulement une réflexion, mais une action efficace par rapport aux medias, et leur influence sur les enfants.
* Assurer une meilleure formation des séminaristes et des prêtres, mais aussi des laïcs, par rapport à tous ces problèmes de la famille.
* Il y a le danger de la colonisation culturelle par l’Occident. Comment réagir face à cela ?
* Surtout, il ne suffit pas de chercher des solutions pastorales, il faut à tout prix que l’Eglise,  les CEB et les commissions, et les chrétiens en tant que citoyens, s’engagent pour trouver des solutions aux problèmes des familles, au niveau de l’Etat et de la société. Mais notre Eglise et nos chrétiens sont-ils vraiment engagés dans la société ? Se sentent-ils vraiment concernés, par les problèmes réels et concrets des gens ? Est-ce qu’on ne se contente pas trop facilement de prières, de neuvaines et de pèlerinages ?
En conclusion, on a parlé de l’importance de la Miséricorde par rapport à la loi, à la suite de Jésus (voir la femme adultère, la pécheresse, la samaritaine, Zachée, les publicains, l’enfant prodigue, la  brebis perdue, etc.). Il faudrait mettre davantage en valeur le dimanche de la Miséricorde (2ème après Pâques) : pas simplement comme une occasion de réciter des prières, mais comme un engagement dans la société, pour une vraie miséricorde envers les plus nécessiteux, mais aussi les plus faibles, et ceux qui sont tombés dans le péché et les esclavages de toutes sortes.
Conclusion : ce qui est revenu dans cette réflexion le plus souvent, c’est la gravité de la pauvreté, et ses conséquences sur la famille. Mais aussi le manque d’engagement dans la société des chrétiens, des communautés, des mouvements et de l’Eglise en tant que telle. Des actions spéciales sont urgentes, en particulier dans les médias, dans l’accompagnement des nouveaux mariés, l’éducation sexuelle des jeunes et aussi l’éducation et la formation des parents (une école des parents). 
Comment bâtir une famille africaine moderne ?
Un autre problème, c’est de savoir comment vivre nos valeurs traditionnelles dans le monde actuel. Sinon elles vont disparaître. Et comment réagir contre une civilisation moderne, marquée par la course à l’argent, l’individualisme, le mépris et le rejet des plus faibles. Car tout cela va directement contre la charité et la gratuité, enseignées par l’Evangile.
Nous n’avons aucun modèle devant nous. C’est à nous de chercher et d’être inventifs : chercher comment vivre nos valeurs traditionnelles, dans le monde actuel. Et savoir quelles choses accueillir, dans celles qui nous arrivent des autres cultures. Par exemple, on ne peut plus vivre, comme autrefois au village, où on avait une grande cour, pour accueillir tout le monde. Mais même si nous habitons dans un petit appartement au 3° étage, il est important que nous gardions la dimension communautaire de la famille. Et que nous luttions contre l’individualisme du monde moderne. Et aussi, contre la recherche de l’argent à tout prix, la perte du sens du partage et de la gratuité, la recherche du plaisir. Et surtout l’individualisme qui font que les pauvres, les handicapés, tous ceux qui ont des problèmes, ils ne sont plus respectés.
Nous respectons nos amis musulmans, nous cherchons à vivre ensemble. Mais il est essentiel en même temps, que nous gardions nos valeurs chrétiennes. Nous ne pouvons pas vivre le mariage et la vie de famille, comme les musulmans. Nous voulons nous aimer, comme Dieu nous aime. Pour le mari, avoir une seule femme parce que Dieu nous aime totalement. Nous n’acceptons pas le divorce, parce que Dieu nous aime pour toujours. Et quand il y a un problème, nous cherchons à nous pardonner et à nous entendre, comme Dieu nous pardonne. Nous veillons à donner à la femme toute sa place, et sa responsabilité dans la famille. Comme Marie a agi avec égalité et ensemble, avec Joseph (Luc 2,48).
Il est donc nécessaire de mener une réflexion sur nos coutumes, en particulier ce qui touche le mariage. Et d’assurer un lien et une progression entre les trois mariages, pour qu’il n’y en ait en fait qu’un seul : depuis le mariage traditionnel jusqu’au sacrement, en passant par le mariage civil. Il nous faut réfléchir aussi aux conditions de vie des veuves et des orphelins, à la dot, aux violences faites aux femmes, à l’inceste, etc. Sans oublier les problèmes des sectes, qui souvent attirent des couples en difficulté. Et le maraboutage et la sorcellerie dans la famille,  quand il y a des problèmes, des maladies, le chômage et la pauvreté.
Nos familles ont besoin de soutien spirituel, pour prier ensemble. Et vivre leur foi d’une manière ouverte aux autres, et engagée dans le quartier. Nos familles sont souvent trop fermées sur elles-mêmes.  Elles ne sont pas suffisamment évangélisatrices.
REFLEXION AVEC PLUSIEURS GROUPES DE JEUNES
Les bases de nos familles :
Nous chrétiens, nous avons de la chance, parce que nous pouvons construire notre vie de famille sur trois pierres, comme un bon foyer traditionnel. La première pierre bien sûr, c’est la Trinité. Dieu est Amour, Dieu est Famille : Père Fils et Saint Esprit. Il nous permet de nous aimer comme Lui. Et de nous donner totalement l’un à l’autre, mari et femme, parents et enfants, entre nos deux familles, et avec tous ceux qui entourent.
Nous avons aussi l’exemple de la Sainte Famille de Nazareth. Mais en nous rappelant que cette famille était une famille élargie. Nous vivons donc l’amour de Dieu le mieux possible entre mari et femme, et entre parents et enfants. Mais sans oublier nos deux grandes familles, qui ont fait alliance au moment de notre mariage. Marie Joseph et Jésus ne vivaient pas seulement entre eux trois. Dès que Marie entend que sa cousine Elisabeth est enceinte, elle va la retrouver et l’aider. Quand Jésus commence son travail de Sauveur, ses frères viennent Le chercher. Et à chaque fois que Jésus a du temps, Il retourne dans son village à Nazareth. D’ailleurs les gens le disent bien : « Est-ce qu’Il n’est pas le fils de Marie ? Est-ce que ses frères (ses cousins) ne sont pas parmi nous : Jacques, Jean, José, Jude et Simon ? Est-ce que ses sœurs (ses cousines) ne vivent pas aussi au milieu de nous ? ». Et la sœur de Marie était à côté d’elle, au pied de la croix. C’est un appel à vivre en lien avec nos parents et nos amis. Déjà, quand Marie et Joseph repartent de Jérusalem, ils pensent que Jésus est avec leurs parents et amis (Luc 2,44).
Enfin, pour nous aider à réussir notre vie de famille, nous avons l’Eglise, la Famille de Dieu. Concrètement la famille de Dieu dans notre quartier, c’est la CEB. C’est pour cela qu’il est si important, de participer à nos réunions de communauté. Ce n’est pas pour rien que les évêques d’Afrique ont défini l’Eglise comme la famille de Dieu.
-Il n’y a aucune famille parfaite. Nous acceptons donc notre famille telle qu’elle est. Mais en cherchant à la faire grandir et à la rendre meilleure, pour que tous soient plus heureux. Toutes les familles rencontrent des difficultés. Jésus Lui-même a beaucoup souffert, dans sa vie de famille. Joseph n’a pas trouvé de place à Bethléem, pour que Marie accouche en paix. Et Siméon dit à Marie, que son cœur va être transpercé par un couteau. Ils doivent s’enfuir en pleine nuit dans un pays étranger, parce que le roi Hérode veut tuer Jésus. Et ses frères diront qu’Il est fou : ils veulent l’empêcher de continuer sa mission, et le forcer à rentrer au village. Nathanael dit : » qu’est-ce qui peut sortir de bon de Nazareth ? » (Jean 1,4). Les gens de Nazareth refusent de croire en Jésus. Ils veulent même le tuer. (Luc 4,29). Ne nous décourageons donc pas, si notre vie de famille estmettre en comlère difficile
La famille est très importante. C’est dans la famille que l’on est pris en charge, nourri, logé, soigné et surtout éduqué, soutenu et encouragé. C’est dans la famille que l’on apprend à aimer, entre parents et enfants, entre frère et sœur, pour pouvoir aimer les autres. Que faire pour rendre notre famille meilleure ?
Chacun a sa place dans la famille. Chacun doit donc réfléchir sérieusement à ses responsabilités. Le chef de famille ne doit pas se conduire comme un chef, mais se mettre au service de toute sa famille, comme Jésus s’est mis au service des hommes. Et comme il a lavé les pieds de ses apôtres.

Le père et la mère n’ont pas un rôle spécial, comme on le dit parfois : le père punit, et la mère console. En fait, chacun doit faire les deux, et ils doivent le faire ensemble. C’est pour cela qu’il est si important que le père et la mère se parlent, et qu’ils voient ensemble comment éduquer leurs enfants. C’est pour cela aussi que l’homme, même s’il est le chef de famille, doit laisser la place qui lui revient à sa femme. Et que la mère doit prendre ses responsabilités dans la famille. Quand Jésus est resté au temple à Jérusalem, c’est Marie qui lui a demandé pourquoi il a fait cela, et non Joseph. Mais elle a dit : »ton père et moi, nous te cherchons » (Luc 2,48). Bien sûr, chacun joue son rôle à sa manière, et avec ses qualités personnelles.
Mais  bien sûr pour cela, il faut d’abord qu’ils s’entendent. Et qu’ils prennent le temps de parler ensemble. Des enfants pleurent en disant : » papa et maman ne s’entendent pas. Ils se disputent devant tout le monde. Et nous, on a honte ». Paul disait : »Femmes, respectez vos maris…Maris, aimez vos femmes. Ne leur montrez pas un mauvais caractère » (Col 3,18-19). On peut relire tout ce chapitre 3, pour voir comment s’entendre, et s’aimer dans la famille.
Le plus important, c’est que  les parents aiment vraiment leurs enfants, de tout leur cœur. Saint Paul les avertit : « Parents, ne fatiguez pas vos enfants, pour qu’ils ne se découragent pas » (Col 3,21).
Les parents doivent donc respecter leurs enfants. Ils ne doivent pas les obliger, à faire ce qu’ils ont décidé pour eux.  Mais au contraire aider leurs enfants à répondre aux appels de Dieu (leur vocation), d’après les qualités que Dieu leur a données. Car nos enfants viennent de Dieu. Nous ne devons pas chercher à profiter d’eux. Ils ne sont pas pour nous, ils sont pour Dieu. Comme Jésus l’a dit à ses parents : « Est-ce que vous ne savez pas, que je dois être aux affaires de mon Père ? » (Luc 2,49).
Les enfants doivent respecter les parents. Mais ils ont aussi le droit de parler. Et les parents ont le devoir de les écouter. Plus que cela, ils doivent voir les qualités de leurs enfants. Et les bonnes choses qu’ils font. Pour dire merci à Dieu, et essayer de faire la même chose. En effet, nos enfants nous font grandir. Jésus disait : « Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu » (Mat 18,3).

Pour les jeunes, la première chose c’est d’obéir à leurs parents. Mais ils doivent aussi prendre leur part, dans la vie de la famille. Il y a des jeunes qui sont toujours dehors, aux répétitions de la chorale, dans les mouvements, ou simplement avec leurs camarades à parler dans le quartier. Ils ne sont jamais à la maison. La famille, ce n’’est pas un restaurant,  où on vient quand on a faim, et on repart aussitôt après avoir mangé ! Un chrétien doit prier, mais il doit aussi travailler. C’est vrai aussi pour les jeunes. Le travail des élèves, c’est de bien apprendre à l’école. Et pour ceux qui ne sont plus à l’école, d’apprendre un métier.

Ensuite, être sérieux. Par exemple, il y a des jeunes filles qui n’hésitent pas à aller avec des hommes riches, pour se faire payer des habits pour les fêtes de Pâques et de Noël, si leurs parents sont trop pauvres pour cela. Ou bien des filles qui sortent bien habillées, en pagne, et qui vont se changer dans la maison de leurs camarades, pour aller en tenue indécente aux soirées dansantes. Il ne suffit pas d’être bien habillé quand on, va à l’Eglise. Il faut être bien habillé, et sérieux, dans toute sa vie. Que l’on soit garçon ou fille. Il y a aussi des garçons, qui ne pensent qu’à s’amuser pendant les vacances : jouer aux cartes, aux dames au ballon, etc… Et à la rentrée, ils demandent à leurs parents de leur payer les fournitures et la tenue pour l’école, alors qu’eux-mêmes n’ont rien fait, pendant tout ce temps de vacances. Les enfants doivent aussi prendre leurs responsabilités, et leur part dans la vie de la famille. Et s’ils sont élèves, ils doivent travailler sérieusement à l’école. Car leurs parents font de gros efforts pour cela. S’ils ne vont pas à l’école, qu’ils cherchent à se former et à travailler, même si c’est un travail informel, un petit métier, ou dans un projet (GIE, AGR). Qu’ils s’engagent aussi dans les associations et activités de jeunes du quartier, et qu’ils soient soutenus par leurs parents pour cela.
L’un des gros problèmes actuels c’est la violence, spécialement celle des jeunes. La base, là encore, c’est l’éducation à la paix et à la réconciliation dans les familles.
Au moment de l’adolescence, les jeunes cherchent à prendre leur indépendance. C’est normal. Ils préfèrent se retrouver entre copains, avec leur façon de parler et de s’habiller. Pour montrer qu’ils sont grands, et qu’ils sont libres, certains vont même jusqu’à s’opposer aux adultes. Même si c’est pour devenir esclaves de la mode, ou s’ils se croient obligés, de se conduire comme les autres jeunes de leur groupe. Ils se retrouvent aussi dans les mouvements de jeunes, les chorales, les amicales. Tout cela c’est bon. Mais il ne faut pas qu’ils soient toujours absents de leurs familles, ni en opposition à leurs parents. La famille, c’est la première responsabilité, aussi bien des enfants et des jeunes, que des parents. C’est leur premier lieu de vie. C’est là qu’ils doivent d’abord être présents pour aimer et agir. Ce n’est pas normal que des jeunes demandent à  la famille aider, sans y prendre aucune responsabilité eux-mêmes.
La première chose c’est de se parler ensemble. Il y a des gens, aussi bien l’homme que la femme ou les enfants, qui parlent à leurs amis à l’extérieur. Mais ils ne se disent pas vraiment ce qu’ils ont dans leur cœur, entre eux. Et ils ne prient pas souvent en famille. Pourtant, c’est cela qui peut faire notre unité, nous donner le courage dans nos difficultés, et nous pousser à soutenir ceux qui souffrent autour de nous. Mais pour cela, il faut que les parents parlent avec leurs enfants, déjà quand ils sont petits. Pour qu’ils en prennent l’habitude, et qu’ils soient à l’aise. Et pour les jeunes, il ne faut pas attendre d’avoir des choses importantes, ou des problèmes, pour commencer à parler avec leurs parents. Et s’ils essayent de parler avec leurs parents, et que ce  n’est pas possible, qu’ils  supportent sans se mettre en colère ni se décourager. Qu’ils attendent que les choses s’arrangent. Et qu’ils offrent  leurs souffrances à Dieu. Mais en même temps, qu’ils offrent à  Dieu, les bonnes choses qui se vivent dans leur famille. . Et souvent, si c’est difficile de parler avec les parents, ce sera utile de passer par un intermédiaire : un grand frère, un oncle ou un ami.
Les  parents doivent se rappeler que les jeunes, même s’ils sont des enfants, ils ont le droit de parler avec eux, de leur donner des idées, et même de les conseiller. Mais par exemple, une fille qui n’a jamais parlé avec son père, elle ne pourra pas le faire au moment du mariage, si son père veut la marier avec un homme qu’elle n’aime pas.
La meilleure solution c’est sans doute que, dans chaque famille, on prenne un temps, au moins une fois par mois, pour se parler. Il ne s’agit pas de faire des reproches aux autres, mais de s’écouter. Et de donner la parole à chacun, pour lui demander ce qu’il pense de la vie de la famille. Et qu’il fasse ses propositions pour que ça marche mieux, et d’abord pour qu’on s’aime davantage. Les enfants comme les jeunes peuvent apporter leurs bonnes idées. Alors, ils se sentent respectés, écoutés et accueillis. Et également la mère, par rapport au père, son mari.

Mais pour les enfants, bien sûr, si tes parents te demandent des choses mauvaises, tu ne peux pas les accepter. Tu as le devoir de refuser. Par exemple, si tu travailles dans une société, et que tes parents te demandent de prendre de l’argent dans la caisse parce qu’ils sont pauvres. Ou bien si tes parents veulent te marier à un polygame, à quelqu’un de beaucoup plus âgé que toi, ou à quelqu’un que tu n’aimes pas. Ou bien, si tu es marié, et que tes parents veulent te conduire chez un marabout ou un féticheur, quand ton enfant est malade. Ou si que tu n’as pas d’enfant, et que tes parents t’amènent une deuxième femme, ou bien qu’ils viennent de prendre, toi la femme, pour te marier avec un autre « pour que tu puisses faire grandir la famille ». Tout cela bien sûr nous ne pouvons pas l’accepter. Parce que Moïse a donné le commandement : »Tu respecteras ton père et ta mère ». Mais comme le disait Saint Pierre : « il vaut mieux obéir à Dieu, plutôt qu’obéir aux hommes ». Et Jésus a été clair : » Celui qui aime son père et sa mère plus que moi, il n’est pas digne de moi ».
A cause de tout cela, il nous a semblé important que les enfants et les jeunes prennent part et donnent leurs idées, pour la préparation de la deuxième session du synode sur la famille. Mais le questionnaire officiel n’était pas adapté à leur vie, ni à leur capacité de réflexion. C’est pourquoi, nous leur avons proposé ces questions :
Pour les enfants : - Que vivons-nous de bon dans nos familles ? Qu’est-ce qui ne va pas dans nos familles, et qui nous fait souffrir ? Quelles sont nos idées pour que nos familles marchent mieux ?
Pour les jeunes : Quelle est notre place de jeunes dans notre famille ? Comment y prenons-nous nos responsabilités ? Est-ce que nous ne sommes pas trop souvent absents ? Pourquoi ?
Et sur la sexualité : Comment vivre une vraie amitié entre garçons et filles, et découvrir l’autre sexe en groupe, sans nous lancer tout de suite dans le copinage ? Comment nous aider entre jeunes, à mieux vivre notre sexualité ? Comment nous préparer au mariage, et à fonder une famille heureuse ?
FORMATION DES CATECHISTES !  L’Eglise domestique  (à la maison)
Voir Vatican 2 : eglise petit « e » = bâtiment. Eglise grand « E »= Famille de Dieu
Faire de notre maison et de notre famille, une Eglise domestique. Jésus dit : »Quand 2 ou 3 sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux » (Mat 18,20). Paul dit : »Votre corps est le Temple du Saint Esprit » (1° Cor 6,19). Quand on vit en famille avec Jésus, c’est déjà l’Eglise. Nous rassembler autour de Jésus pour prier et vivre dans l’amour. Vivre la charité et la justice comme Zachée, quand Jésus est venu dans sa maison (Luc 19). Faire connaître Jésus, Le faire aimer et montrer comment vivre avec Lui. Accueillir les pauvres et ceux qui souffrent dans notre maison, comme l’a fait Jésus. Voir 1° Pierre 3 : Femmes et maris. Eph 5,23-53. Col 3,12-21.
Notre famille, comme l’Eglise, est au  Service du Royaume. Son rôle c’est de vivre et faire vivre la vérité, l’amour, le pardon, la justice et la paix. Le Royaume, ce n’est pas seulement la connaissance et la prière, c’est faire la volonté du Père. C’est vivre les Béatitudes (la loi du Royaume : Mat chap 5 à 7). Jésus est le nouveau Moïse et Il enseigne les béatitudes à toute la foule, pas seulement aux apôtres. La famille chrétienne doit s’engager dans le quartier et la société, pour être Sel de la terre et Lumière du Monde (Mat 5,13-15))
.Questions des carrefours :
1°/ La responsabilité du catéchiste dans sa famille. Comment vivre la vie chrétienne en famille ?
2°/Comment former les catéchumènes à bien vivre dans leur famille
1°Groupe : 1°/ Vivre avec Jésus, être témoin dans notre famille (notre manière d’être, notre vie, pardon et amour, la paix, la vérité, la justice). Relations parents/enfants : cultiver la prière en famille, la communication, vivre le pardon et la réconciliation, mieux responsabiliser les enfants, savoir ce que vivent les enfants, l’écoute qui permet de développer la sagesse. Quand nous vivons ces actes, Dieu est présent dans notre famille.
2°/ En venant à la catéchèse, on vit la même chose qu’à la maison : la prière, l’écoute de la parole, apprendre à se respecter, à s’aimer, à se pardonner. Apprendre aux catéchumènes l’importance de la famille, leur demander de vivre les mêmes vertus à la maison, et d’être à leur tour des évangélisateurs pour leur famille. Que cela devienne une manière d’être dans la société, à l’école, dans le quartier, la CEB. En tant que catéchiste, essayer de déceler leurs problèmes pour les aider à communiquer. Dialoguer avec eux pour apporter des solutions. Former des chrétiens missionnaires évangélisateurs. Le catéchiste n’est pas seulement enseignant mais éducateur, amener les enfants à s’exprimer.
2°Groupe : I/ Quelle est la responsabilité du catéchiste dans la famille ? Il doit connaitre Jésus, pour pouvoir parler de lui et donner des exemples. Nous accueillir entre époux et entre enfants, pour pouvoir vivre la Parole et l’amour du Christ. Nous mettre au service des autres. Rassembler les membres de la famille par la prière et à travers nos actes. Vivre les béatitudes. Ne pas attendre que l’enfant soit en âge de la catéchèse pour lui parler de Jésus.
II/ Comment former les catéchumènes dans leur familles ? Etre un exemple pour le catéchumène, lui faire vivre les vertus évangéliques dans sa famille. L’inciter à fréquenter les CEB, le faire prier avec ses frères, lui apprendre le sens du partage et du pardon, l’habituer à aller à la messe, en allant nous-mêmes à la messe.
3°Groupe : 1- A la base, les parents doivent faire connaitre le Christ aux enfants dès l’enfance, par le partage de la Parole de Dieu. Cultiver l’amour et la charité. Les enfants doivent refléter leurs parents, vivre la prière constante et continue. Donner de l’amour, transformer la vie et le cœur des enfants. Les responsabiliser dans leurs droits et devoirs dans la société.
2- Il s’agit ici d’établir une relation de proximité Eglise-maison. Insister sur le choix de parrains et marraines, vivant leur foi au quotidien. Les parents doivent être un, dans l’éducation des enfants ; en ce sens que la vie chrétienne ne se limite pas à l’obtention des sacrements mais c’est un cheminement continu : vivre la Parole, afin de toujours mieux approcher Jésus-Christ.
4°Groupe : 1- Quelle est la responsabilité du catéchiste au sein de sa famille ? La responsabilité du catéchiste c’est de veiller à la bonne pratique de la religion, à l’éveil religieux à travers la lecture et la méditation de la Parole de Dieu, être à l’écoute même des plus petits afin de créer le dialogue. Il doit être un bon modèle à travers son comportement. Il doit s’assurer de l’épanouissement religieux au sein de sa famille.
2- D’abord rendre visite aux catéchumènes, parler aux parents pour savoir comment ils vivent en famille. Etre ouvert à toute discussion les concernant, les laisser se confier parfois. Leur apprendre à mieux connaître Jésus, se former avant de pouvoir former. Cultiver l’amour du prochain et le partage (exemple de la Caritas). Leur inculquer la notion d’aller à l’église, les inciter à la rencontre de Jésus à travers la lecture de la Bible.
5°Groupe : 1°/ Quelle est notre responsabilité dans notre famille ? Les parents doivent être d’abord un exemple pour les enfants, pour vivre un amour allant dans le sens du partage et de l’assistance mutuelle. Travailler et se rendre utile dans la vie.
2°/Comment former les catéchumènes à vivre dans leur famille ? Le formateur doit être lui-même le témoin de Jésus-Christ, pour pouvoir le transmettre aux catéchumènes. Les aider à s’intégrer dans la famille chrétienne pour qu’ils participent aux activités aux CEB et en paroisse, dans la famille Eglise (Prière-Ecoute-Pratique).
­6°Groupe : 1ère question =se former pour devenir quelqu’un d’utile en société - Responsabilité spirituelle.
Notre comportement dans notre vie spirituelle (prière-partage d’Evangile- l’amour, le pardon). Regard sur les fréquentations des enfants, leurs programmes télés et sites internet, et discuter avec eux. Etre à leur écoute, dialoguer, partager leurs idées qui sont parfois bonnes.
2°/La communion de l’homme avec Dieu pour avoir une vie nouvelle. Rencontrer les parents du catéchumène pour voir comment il vit dans sa famille. Connaître sa vie spirituelle. L’amener à s’engager dans les CEB et dans l’Eglise (mouvements, chorales, servants d’autel pour les enfants) qui aident aussi à la formation.
REFLEXIONS SUR LE MESSAGE FINAL  (1ère session du Synode sur la Famille, octobre 2014)
-1) La première chose qui me frappe, c’est le regard positif de ce message : « L’amour de l’homme et de la femme nous enseigne que chacun a besoin de l’autre pour être soi-même, chacun demeurant pourtant différent de l’autre, comme une aide qui lui corresponde, c’est-à-dire à la fois semblable et complémentaire ». L’amour c’est beau. Le mariage c’est bon. La famille c’est une très grande chose.
« Il y a de la lumière qui brille dans les maisons des villes mais aussi des banlieues, jusque dans les petits villages et les bidonvilles, qui se reçoit lorsque l’homme et la femme se retrouvent l’un en face de l’autre, comme une aide qui lui convient (Genèse 2, 18). Quand l’homme et la femme s’acceptent et se complètent. Car chacun des deux a besoin de l’autre, d’abord pour être soi-même, comme le dit la femme du Cantiques des Cantiques : « Mon Bien Aimé est à moi, et moi je suis à lui… Je suis à mon Bien Aimé, et mon Bien Aimé est à moi (2, 16 + 6, 3) ».
-2) Ensuite ce message explique les conditions : D’abord, « pour que la vie de famille soit vraie, il faut commencer à aimer dès l’enfance. Ce chemin passe par la sexualité, la tendresse et la beauté du cœur : une beauté qui dure beaucoup longtemps que la jeunesse.».
A ce sujet, il est donc important que les parents assurent eux-mêmes l’éducation sexuelle de leurs enfants. Qu’ils osent en parler sans honte, avec des mots simples. Même si cela ne se faisait pas autrefois, et si nous n’en avons pas l’habitude. Il y a trop de parents, qui ont peur de parler de la sexualité à leurs enfants. Si nous n’assurons pas l’éducation sexuelle de nos enfants, c’est la rue et les camarades, qui n’en connaissent pas plus qu’eux-mêmes, qui vont les « éduquer ». Et plus mauvais encore, les films pornographiques. Comment alors pourront-ils vivre leur sexualité, d’une façon humaine et respectueuse ? Autrefois, il y avait une véritable éducation sexuelle mais c’était surtout une préparation au mariage. Tandis que maintenant, comme les jeunes font des études et apprennent un métier, ils doivent passer plusieurs années, en étant déjà sexuellement formés (adolescents) avant de se marier. Il faut donc apprendre à nos jeunes à vivre leur sexualité avant le mariage. Autrefois, les parents n’osaient pas parler de sexualité directement à leurs enfants. Et les enfants n’osaient pas les interroger, par respect. C’étaient surtout les grands parents qui éduquaient les enfants, au niveau de la sexualité. Mais actuellement, quand les familles vivent en ville, elles sont coupées des grands parents, qui sont restés au village. C’est donc maintenant aux parents d’avoir le courage de parler eux-mêmes de la sexualité, et de faire l’éducation de leurs enfants. Même si cela est un peu difficile au début. Et même si cela n’entre pas dans nos traditions. La vie a changé, nous devons changer la façon d’éduquer nos enfants. « On n’arrose pas le riz d’aujourd’hui avec les pluies d’autrefois », et « quand le rythme du tam-tam change, le pas de la danse doit changer aussi ». Le chemin de la famille passe par la sexualité. L’éducation sexuelle commence dès la naissance. Et même pendant la grossesse, où la maman parle à son bébé, vivant déjà en elle. Et elle prie pour lui. Mais il faut ensuite une véritable éducation sexuelle. Les parents ne doivent pas accepter, qu’on se contente de distribuer des condoms aux adolescents, pour qu’ils n’attrapent pas le sida, une IST ou une grossesse indésirée. Ni que l’on continue à parler de santé reproductive des jeunes. Les jeunes n’ont pas à se reproduire, mais à apprendre à aimer, et à vivre leur sexualité dans la maîtrise de soi et le respect de l’autre, jusqu’au mariage
Du côté des jeunes, il est important de vivre leur sexualité dans l’amitié et le respect. Ne pas se lancer tout de suite dans des relations sexuelles, mais prendre le temps de se connaître. Et ensuite voir comment bâtir leur vie commune. Un phénomène qui se développe de plus en plus au niveau des lycées et même des collèges et de l’école primaire, c’est le phénomène du copinage. Chaque garçon veut avoir sa copine, et chaque fille son copain. Cela risque d’être un appauvrissement très grave, même s’ils ne se lancent pas tout de suite dans les relations sexuelles. Car cela les empêche de vivre une véritable mixité. Cela les enferme trop vite dans une relation à deux, qui ne va pas obligatoirement aboutir au mariage, ni à une vie heureuse. En s’attachant trop tôt à une personne qu’on ne connaît pas bien, et avec qui on ne sera pas vraiment heureux. Parce qu’ensuite, on a changé dans ses attentes, et son idéal dans la vie. Et surtout, cela risque de préparer un mariage et un foyer égoïste, fermé sur lui-même, et non pas ouvert aux autres.
C’est important qu’au moment de l’adolescence, les jeunes vivent une véritable mixité, mais une mixité ouverte : des relations entre garçons et filles en groupe, pour découvrir l’autre sexe, avec son comportement et ses habitudes.  Et ainsi connaître un certain nombre de garçons et de filles différentes. Et plus tard, quand le temps du mariage sera venu, ils pourront choisir parmi les filles et les garçons avec qui ils sont en relation, celui ou celle avec qui ils voudront bâtir leur vie. C’est pourquoi, il est important que les jeunes participent à des mouvements ou à des groupes, pour apprendre à vivre ensemble. Pas seulement dans le respect, mais en ayant des activités et des engagements communs, et en travaillant ensemble. Pas seulement pour danser et s’amuser. Et bien sûr, quand ce copinage va jusqu’aux relations sexuelles, cela devient très dangereux. Pas seulement à cause d’une grossesse possible, qui va les empêcher de continuer leurs études, et de préparer leur avenir. Mais surtout, parce que cela les empêche de vivre une véritable sexualité responsable et adulte, même s’il n’y a pas de grossesse. Car ils n’ont pas encore la maturité, ni la capacité de le faire. Sans oublier, qu’utiliser des contraceptifs trop jeunes, cela a obligatoirement des conséquences, physiologiques (au niveau du corps), mais surtout psychologiques et affectives (au niveau de l’esprit et du cœur). D’ailleurs souvent les jeunes les utilisent très mal, parce qu’ils ne sont pas dans les bonnes conditions pour cela. Un copain (co-pain), c’est quelqu’un avec qui on partage le pain… mais pas les appareils génitaux !
Les fiançailles : « Pour que la rencontre entre l’homme et la femme soit vraie, le chemin commence avec le temps des fiançailles, qui est un temps d’attente et de préparation. Il devient pleinement réel dans le sacrement de mariage, où Dieu donne sa marque, sa présence et sa grâce ». Comment assurer une progression entre les trois étapes du mariage : traditionnel, civil et religieux. Des jeunes se sont mariés dans la famille selon la coutume (mariage traditionnel). Ils ne sont pas arrivés jusqu’à la plénitude du mariage sacrement, et de l’amour du Christ. Mais ce ne sont pas des concubinaires. Ils se sont déjà engagés devant leurs deux familles. Et le mariage traditionnel est un vrai mariage, même si ce n’est pas encore le sacrement. L’Eglise en a parlé depuis longtemps, également en Afrique. Déjà la 5ème Assemblée plénière du SCEAM de juillet 1978, avait abordé tous ces problèmes, mais qu’a-t-on fait réellement depuis ce temps-là?
Il n’y a pas beaucoup de vraies fiançailles chrétiennes, vécues dans la foi. Dans certaines paroisses, il y a des rencontres de préparation au mariage, mais pas partout. Et cela ne doit pas empêcher un suivi personnel des fiancés (pas seulement une bénédiction, le jour des fiançailles). Souvent pour cette célébration des fiançailles, la CEB n’est même pas invitée, encore moins impliquée. Pourtant nous avons fourni à chaque CEB un schéma de prière et de suivi des fiancés, mais cela se met très difficilement en place. (Voir notre livret : Célébrons ensemble, pour la célébration chrétienne des cérémonies traditionnelles). Mais il faudrait que les CEB viennent vraiment pour la prière, et pas seulement pour un repas ou un apéritif. Sinon les familles hésitent à les inviter, bien sûr. Les dépenses et les problèmes d’argent sont en train de tuer, non seulement le sacrement de mariage, mais aussi les fiançailles.
-3) Les difficultés des familles : Le message final de la Première Assemblée du Synode du 18 octobre 2014 explique encore : « nous voulons parler des souffrances de la vie. Pensons à la souffrance de la famille quand un enfant est handicapé, qu’il est gravement malade, que les personnes âgées perdent la mémoire, et lorsqu’un membre de la famille meurt. Nous admirons la fidélité généreuse de beaucoup de familles, qui vivent ces épreuves avec courage, et dont la foi et l’amour sont admirables. Elles ne regardent pas cette souffrance comme quelque chose de forcé, mais comme quelque chose qui leur a été donné. Et elles offrent leur souffrance avec le Christ qui a souffert Lui-même.
Nous pensons aux difficultés économiques, causées par une mauvaise organisation de la société, et par l’amour trop grand de l’argent. Et aussi par une économie qui ne respecte pas les hommes mais qui, au contraire, les abaisse et leur enlève leur dignité. Nous pensons aux pères et aux mères de famille qui n’ont plus de travail, et qui n’arrivent plus à nourrir leur famille. Et à tous les jeunes qui se trouvent des journées entières à ne rien faire, sans espérance et livrés aux dangers de la drogue et de la violence.
Nous pensons aussi à toutes les familles pauvres. A tous ceux qui montent dans des pirogues, pour aller chercher à l’étranger de quoi vivre. Aux familles de réfugiés, qui traversent les déserts. Et aussi à toutes les familles que l’on fait souffrir, à cause de leur foi ou simplement des valeurs spirituelles et des droits de l’homme. Et à toutes les familles qui souffrent de la méchanceté, des attentats et des guerres.
Nous pensons aux femmes qui supportent la violence, qui sont exploitées et utilisées, aux enfants et aux jeunes qui souffrent des abus sexuels, même de la part de leurs propres parents, qui devraient au contraire bien s’occuper d’eux et les faire grandir dans la confiance. Nous pensons à toutes les familles qui sont en difficultés, qui sont humiliées, qui souffrent et qui ne sont pas respectées ».
Tout cela devrait nous faire réfléchir, car ce sont nos problèmes à nous aussi. Le Pape François nous demande sans cesse d’aller à la périphérie de notre monde. C’est-à-dire vers ceux qui sont le plus loin, et ceux qui souffrent le plus. Il nous demande de changer notre société, la société du déchet, où on jette comme des ordures, les gens qui n’ont pas de moyens, ou qui ne sont pas rentables « parce qu’ils ne produisent rien » : les malades, les personnes âgées, les infirmes, les analphabètes, les chômeurs…. Le Pape a dit clairement à la rencontre de la FAO (Fonds des Nations Unies pour l’Agriculture et contre la Faim), que les pauvres n’ont pas besoin d’aumônes, ils ont besoin de respect. Et de moyens pour sortir de la pauvreté.
Pour toutes ces choses, nous devons travailler avec nos municipalités. Nos communes sont devenues maintenant de plein droit. Le 3ème Acte de la Décentralisation se met en place. Est-ce que nous les chrétiens nous y prenons notre part, pour le bien des citoyens et de toutes les familles, chrétiennes ou non ?
Il est important aussi de nous engager dans la société, et de travailler avec les autres, pour construire nos familles. C’est ainsi que dans notre paroisse de Pikine, un certain nombre d’amicales de jeunes travaillent avec les ASC de quartiers. De même, l’association des femmes catholiques, avec plusieurs groupements de femmes du quartier. Nous travaillons aussi avec l’ONG EQUITAS pour la formation des femmes, en particulier pour prendre leurs responsabilités dans la vie de la société, et pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles. Et aussi pour obtenir des actes de naissance aux enfants, spécialement les filles qui n’ont pas été déclarées à leur naissance. Car cela leur entraîne beaucoup de difficultés par la suite. La commission Justice et Paix travaille aussi avec l’association ATD/Quart-Monde. Et la Caritas avec l’association Soppi Djiko qui prend en charge des personnes qui se droguent et leurs familles. Au conseil paroissial, nous avons aussi décidé de lutter contre les violences et les bagarres dans les quartiers, et d’abord dans notre propre paroisse. Il y a eu des tentatives de viol. Et aussi des bagarres au couteau qui ont entraînés des blessures graves, à la fin de notre kermesse.
Mais on doit reconnaître, qu’en général, nous sommes trop peu engagés dans nos quartiers, que ce soit pour le bien des familles, ou le bien du quartier en général. Chaque samedi, des groupes et des associations se réunissent dans la grande salle de notre paroisse. Mais il y a très peu de chrétiens qui participent à ces différentes activités : projets de développement, alphabétisation, éducation citoyenne, éducation pour la santé etc. Nous avons renoncé à mettre en place la mutuelle pour la CMU (Couverture Médicale Universelle). Pourtant cela pourrait beaucoup aider nos familles en cas de maladie. Pourtant en tant que chrétiens, nous devons construire notre famille, mais aussi aider les autres familles, surtout les familles les plus nécessiteuses. Il y a trop de familles qui s’engagent, uniquement au niveau de la paroisse, mais pas dans le quartier ni dans la société. Il y a trop de familles fermées sur elles-mêmes, et qui ne sont pas suffisamment accueillantes à ceux qui souffrent, aux divorcés, aux réfugiés loin de leurs familles, et à tous ceux qui souffrent, comme ce message du Synode le demande.
L’amour dans la famille doit s’étendre à la communion fraternelle, et à la charité : se donner aux autres, être près de ceux qui sont abandonnés, et de ceux qui sont rejetés et mis de côté. Etre proches des pauvres, des personnes seules, des malades, des étrangers, des familles en difficulté, des talibés, des enfants de la rue, des handicapés, et de tous ceux qui attendent un peu d’encouragement. Ou même seulement de présence : avoir quelqu’un en silence à côté d’eux, pour ne plus être seuls. Il s’agit simplement de partager ce que l’on a : pas seulement son argent ou sa nourriture, mais son temps, son amitié, ses idées. D’être présent aux autres, de les aimer : « être plein de miséricorde et de bonté, et de leur apporter un témoignage de vérité et de lumière, pour qu’ils trouvent un sens à leur vie » (voir mes documents sur le sacrement de mariage).
-Le message du Synode nous donne des moyens pour cela : » Le chemin est souvent difficile, et on tombe parfois sur la route. Mais Dieu est toujours là, qui nous accompagne. Cet amour de Dieu, la famille le vit dans l’aide mutuelle. Et le dialogue entre mari et femme, entre parents et enfants, entre frères et sœurs. Elle le vit aussi, en écoutant ensemble la Parole de Dieu, et en partageant la prière commune. C’est un repos spirituel à mettre en place chaque jour. Il y a aussi l'engagement de chaque jour, pour l'éducation à la foi, à la beauté de la vie selon l’Evangile, et à la sainteté. Les grands-parents y participent souvent, avec beaucoup d'amour et de dévouement. Ainsi, la famille devient une vraie Église domestique, qui s'ouvre sur la communauté chrétienne. Les chrétiens mariés deviennent alors des maîtres, dans la foi et dans l'amour, auprès des jeunes couples, et plus jeunes qui ont besoin de soutien ».
* » Il y a une autre façon de vivre l’amour, la communion fraternelle, la charité et le don. C’est en étant proches de tous ceux qui sont oubliés, ceux qui sont mis de côté, les pauvres, les personnes seules, les malades, les étrangers, les familles en difficultés. Rappelons-nous cette parole de Notre Seigneur : « Il y a plus de bonheur à donner, qu’à recevoir » (Actes 20,35). Il s’agit donc de partager ce que l’on a. Pas seulement notre argent, mais aussi nos qualités. D’être présents à ceux qui souffrent, de leur apporter notre amour, et d’avoir pitié d’eux. Et aussi de donner à la famille, un témoignage de vérité, de lumière et de sens de la  vie». Jésus nous dira (Mat 25,31-46) : « J’ai eu faim, tu m’as donné à manger. J’avais soif, tu m’as donné à boire. J’étais étranger, tu m’as accueilli. J’étais nu, tu m’as habillé. J’étais malade et en prison, tu m’as visité ». Cela ne regarde pas seulement chacun de nous personnellement, mais notre vie de famille. Que dans notre famille, nous ayons un cœur ouvert, mais aussi une maison ouverte : pour accueillir ceux qui ont faim, de nourriture, mais aussi d’amour. Ceux qui ont soif, pas seulement d’eau, mais d’encouragements, de conseils, et de paix. En particulier, les étrangers que nous cherchons à accueillir. Et aussi les prisonniers, qui sortent de prison : s’ils ne sont pas soutenus, sans travail ni moyen de vivre, ils vont retomber dans la délinquance. Et déjà aider leurs familles, quand les chefs de famille sont en prison. Cela nous demande de sortir de notre famille. Ne pas rester enfermé sur nous-mêmes, et sur nos besoins. Aller voir les malades, les prisonniers, et ceux qui ont besoin de nous. C’est dans ce sens aussi que nous cherchons à éduquer nos enfants.
Cela veut dire que la pastorale familiale ne peut pas se limiter à la préparation au mariage. Elle concerne l’éducation des enfants, le soutien des malades et des handicapés. D’abord ceux de nos propres familles mais aussi ceux et celles des autres familles. Et l’engagement dans la société. Il ne s’agit pas d’engagement politique, pour lequel nous ne sommes peut-être pas prêts, ni capables. Mais simplement d’engagement dans notre quartier, dans les petites choses, et dans la vie de tous les jours, avec ceux qui nous entourent, les délégués de quartier, les »badièni gox », les imams et les associations. Le Synode de la famille nous appelle à agir à deux niveaux : d’abord notre propre famille. Mais aussi aider les autres familles à trouver la paix et la joie. Par conséquent, il ne faut pas qu’à l’occasion de ce Synode, nous nous laissions simplement interroger sur la communion à donner ou non, aux divorcés-remariés. Ou que faire avec les homosexuels. C’est important. Nous ne pouvons pas dire que ce sont seulement des problèmes de l’occident. Car nous vivons à la dimension du monde, et ces problèmes sont venus jusqu’à nous. Mais il s’agit surtout de voir que faire pour toutes les familles nécessiteuses, pour les familles qui ont des malades parmi eux, pour les familles qui n’ont pas de quoi vivre, pour les familles séparées à cause de l’immigration, et celles qui ont des problèmes de toutes sortes. A nous de les découvrir Et ensuite de faire ce que nous pouvons. Pas tout seuls, mais avec ceux qui nous entourent. Qu’ils soient chrétiens ou non.
-Un autre point auquel nous devrions réfléchir sérieusement, c’est la question de l’argent. Il y a beaucoup de familles pauvres. Mais aussi beaucoup de familles qui dépensent beaucoup d’argent dans de grandes fêtes aux baptêmes, à la première communion, aux mariages. Et ensuite, elles n’ont plus rien pour vivre, et se retrouvent enfoncées dans des dettes sans fin. Il y a aussi les dépenses énormes que nous faisons dans les enterrements, parce que les gens nous forcent (la pression sociale). Il y a aussi tout l’argent que nous dépensons dans les CEB pour les fêtes patronales, et dans nos amicales pour faire la fête. Dans les chorales, l’argent que nous gagnons avec nos concerts est dépensé en repas, jumelage, fête ou sortie, au lieu d’aider les membres de nos groupes qui sont malades, qui vivent dans la pauvreté, les jeunes qui n’ont pas de quoi se payer des études et les fournitures, et les jeunes travailleurs qui n’ont pas d’outils pour gagner leur vie. Sans parler de toutes les familles nécessiteuses autour de nous. Zachée disait à  Jésus : »La moitié de ce que j’ai, je vais le donner aux pauvres » (Luc 19,8). Nous au contraire, nous dépensons tout cet argent dans des soirées, des repas, des sorties et des danses. Cela est vraiment très grave. Dans beaucoup de nos groupes, même les mouvements d’action catholique, les activités principales sont devenues les xaware, les ngèl et les yendoo. Il faut vraiment nous poser la question : comment gagnons-nous cet argent dans nos groupes, nos mouvements, nos associations et nos CEB ? Et comment utilisons-nous cet argent ? Est-ce obligé à chaque fois qu’il y a une manifestation, des JMJ, des rencontres de mouvements, d’acheter des casquettes, des tee-shirts, des foulards et des tenues ? Tout cela fait souffrir les familles les plus pauvres. Nous avons beaucoup à changer à ce niveau. Même dans nos familles, on pense trop à l’argent. Et il n’y a pas assez de gratuité dans notre Eglise.
-4) La sexualité dans le couple : L’amour dans la famille passe par la fécondité : « Ce n’est pas seulement faire des enfants, mais aussi accueillir la vie de Dieu dans le baptême, éduquer nos enfants dans la vie humaine et dans la foi, leur apprendre la vie, l’amour et les valeurs qui nous font vivre. Et cela est possible avec les autres enfants, quand on ne peut pas en avoir soi-même. Les familles qui vivent cette aventure lumineuse deviennent pour tous un témoignage, en particulier pour les jeunes ». Quelle est la fécondité que nous cherchons ? Simplement faire des enfants ? Ou bien faire grandir la vie qui vient de Dieu, dans toutes ses dimensions ?
Cela pose, le problème de la régulation des naissances. Des ONG voudraient nous imposer la contraception (contre la conception, et contre la vie), et la limitation et non pas la régulation des naissances. Et aussi la santé reproductive des jeunes. Avec la distribution de condoms et de contraceptifs, au lieu de leur assurer une véritable éducation sexuelle, et une saine préparation  au mariage (voir plus haut). Mais d’un autre côté, beaucoup de couples regrettent que le synode n’ait proposé que les méthodes naturelles.
Au cours de la première session du Synode, les évêques africains se sont plaints avec raison, que l’ONU et des pays occidentaux conditionnent leur aide économique à la légalisation de l’avortement, et à la reconnaissance du mariage homosexuel. Le mariage et la famille sont menacés. Il est important que nous soyons ouverts au monde, et que nous acceptions toutes les choses positives qui nous viennent de l’étranger. Mais nous ne devons pas tout accepter pour autant. Nous devons voir par nous-mêmes, comment bien vivre en famille : en gardant nos bonnes traditions, et en cherchant comment les vivre dans le monde d’aujourd’hui. Et surtout, si nous sommes chrétiens, en voyant comment vivre ces traditions, à la lumière de l’Evangile. En changeant ce qu’il est nécessaire de changer pour cela.
Mais même si nous n’acceptons pas l’homosexualité, nous devons traiter les personnes homosexuelles d’une façon chrétienne et évangélique, et même simplement humaine, à la suite de Jésus Christ. Même si on est contre l’homosexualité, ce n’est pas normal d’insulter les homosexuels, encore moins de les frapper. Surtout qu’ils ne sont pas responsables de cette tendance, qu’ils ont en eux. Et ce n’est surtout pas normal de les mettre en prison. Ce n’est certainement pas cela qui va les aider, à vivre leur sexualité d’une manière libre et épanouissante. Ni de trouver leur propre façon de la vivre, dans la dignité et aussi à la lumière de l’Evangile, s’ils sont chrétiens. Mettre des homosexuels en prison, cela ne peut aboutir qu’à deux résultats : d’abord les faire souffrir encore plus. Car ils seront souvent traités d’une façon très méchante par les autres détenus, mis à l’écart, frappés et insultés. Ensuite, cela risque de pousser certains autres détenus, à devenir homosexuels eux aussi.
C’est la même chose pour l’avortement. Quand une jeune fille ou une femme a avorté, on la met en prison. Est-ce cela la solution ? Elle va se retrouver avec des femmes criminelles, qui vont l’entraîner dans un chemin encore plus mauvais. Ce n’est certainement pas cela, qui va l’aider à s’en sortir. Mais trop souvent on se contente de punir les gens, au lieu de voir les causes de leurs problèmes. Si une femme mariée a avorté, bien sûr ce n’est pas normal. Et il n’est pas question de légaliser l’avortement (le faire autoriser par la loi), comme certaines personnes voudraient nous y pousser. Nous les chrétiens, que faisons-nous contre cela ?
Mais par contre, il faut dépénaliser l’avortement. C'est-à-dire ne pas condamner les gens. D’ailleurs une femme qui a avorté, elle ne peut pas l’oublier, elle est triste, elle se culpabilise elle-même. Elle n’a pas besoin d’être condamnée, mais soutenue. Et surtout, il faut voir les causes des problèmes. Si une femme a avorté, n’est-ce pas par exemple, parce qu’elle n’est pas respectée par son mari ? Ou que celui-ci lui impose des relations sexuelles trop nombreuses, et même forcées, sans penser à sa santé, ni à l’éducation des enfants ? C’est peut être à cause de la pauvreté, ou parce qu’elle s’est retrouvée seule et abandonnée. Qu’est-ce qu’on fait, pour l’aider à trouver une solution à tous ces problèmes ? De même, il y a des parents qui renvoient leur fille de la maison si elle est enceinte. Bien sûr, ce n’est pas normal qu’elle soit enceinte avant d’être mariée. Mais si on la met dans la rue, que va-t-elle devenir seule, sans soutien et sans moyen de vivre ? Comment s’étonner alors qu’elle avorte ? Dans ce cas-là, qui est vraiment responsable ? De même, au lieu de mettre les prostituées en prison, il faudrait se demander pourquoi elles sont tombées dans la prostitution. Ce n’est certainement pas par plaisir, ni de gaieté de cœur.

-En tout cas, en tant que chrétien, il est absolument nécessaire de nous rappeler le comportement de Jésus Christ. Il n’a fait aucun reproche à la samaritaine, qui pourtant s’était mariée cinq fois. Et qui vivait avec un homme, qui n’était pas son mari (Jean 4). Jésus l’a fait grandir dans la foi. Non seulement Il l’a accueillie, mais Il l’a responsabilisée : après avoir découvert Jésus Christ, elle et allée le faire connaître aux autres habitants de son village, des païens eux aussi, des samaritains que les juifs n’aimaient pas et condamnaient.
Quand on a amené à Jésus, une femme qui avait fait l’adultère, Jésus d’abord n’a rien dit (Jean 8,11). Il n’a pas répondu aux questions des gens, qui voulaient la tuer à coups de cailloux. Il priait dans son cœur, Il écrivait par terre. Ensuite, quand on l’a forcé à répondre, Il a dit clairement aux gens : » que celui qui n’a jamais péché, lui jette la première pierre ! ». Est-ce que nous-mêmes, nous sommes sans péché ? De plus, ces gens avaient apporté la femme. Mais est-ce qu’elle avait fait l’adultère toute seule ? Où était l’homme avec qui elle avait commis ce péché ? L’homme, on le laissait libre de continuer tranquillement sa vie, et même ses mauvaises actions. Est-ce que cela est normal ? Trop souvent dans notre société, on condamne la femme, et non pas l’homme. Bien sûr Jésus lui demande de changer. Et Il l’aide à changer de vie, en lui disant : « va et ne pèche plus ». Mais d’abord Il lui dit « Je ne te condamne pas ». Et Il lui rend la paix dans son cœur. Et c’est à cela, que cette femme peut changer de vie.
Rappelons-nous aussi la prostituée (Luc 7,40). Jésus savait bien que cette femme, qui versait ses larmes sur ses pieds, et qui les essuyait avec ses cheveux, était une prostituée. Mais Il dit clairement à Simon : « Il lui sera beaucoup pardonné, parce qu’elle a beaucoup aimé ». Jésus ne voit pas les mauvaises choses qu’elle a faites, mais son désir d’aimer, et de changer sa vie. C’est pour cela qu’Il lui dit : « Va en paix ! Tes péchés sont pardonnés ». N’est-ce pas cela l’attitude que nous devons avoir, nous aussi ?
Notons tout de suite que Jésus a la même bonté et le même accueil, aussi pour les hommes. Pas seulement pour la sexualité, mais pour tous les domaines de la vie. Comme par exemple l’argent, avec Zachée (Luc 19). Jésus les accueille tous ensemble : » les publicains et les prostitué(e)s entreront avant vous, dans le Royaume de Dieu » (Mat 21,31)
Nous sommes contre l’homosexualité. Mais nous accueillons et aidons les homosexuels. Nous sommes contre l’avortement et l’infanticide. Mais nous aimons et nous soutenons, les femmes qui ont tué leur enfant. Nous sommes contre l’adultère et la prostitution. Mais nous respectons les femmes qui se prostituent. Parce que tous et toutes sont des personnes humaines : des enfants de Dieu, que notre Père nous demande de respecter, d’accueillir, d’aider et d’aimer. Le Pape Jean Paul 2 a décidé que le 2ème dimanche de Pâques soit le dimanche de la Miséricorde. Et François a annoncé l’année de la Miséricorde, à partir du 8 décembre. C’est important que nous apprenions à vivre nous-mêmes, dans la miséricorde de Dieu. Mais aussi à être miséricordieux envers nos frères et nos sœurs, comme l’Eglise nous le demande. C’est cela l’un des grands débats du Concile par rapport à l’homosexualité, et aux divorcés remariés qui veulent recevoir la communion. Qu’est-ce qui est plus important, la loi ou la miséricorde ? Faut-il imposer des commandements et punir, ou bien accueillir les gens et les aider à changer, comme Jésus Christ l’a fait. Bien sûr ce n’est ni dans nos traditions, ni dans nos idées actuelles. Ce n’est pas ce qui se fait dans notre société. Mais n’est-ce pas à cela, que Jésus Christ nous appelle ? De même il nous faudrait réfléchir sérieusement aux autres problèmes dont j’ai parlé plus haut : l’inceste, la violence faite aux femmes et aux filles, l’excision, etc… (Vous pouvez me demander des documents sur ces différentes questions : armelduteil@hotmail.fr).
-5) Vivre son mariage et son amour dans la foi : « On assiste de plus en plus à la diminution de la foi, mais aussi des valeurs.  Ce qu’on voit, c’est l’individualisme (on pense seulement à soi), et des relations de plus en plus petites et limitées. On ne partage plus assez ses idées, avec les autres membres de la famille. Il y a aussi toutes les difficultés de la vie, et la peur de l’avenir. Et le travail qui nous prend beaucoup de temps, et qui nous empêche d’avoir une vraie vie de famille. A cause de cela, il y a de nombreux problèmes dans les familles, et dans les mariages. Et souvent on manque de courage, de patience, de pardon, de réconciliation et même de sacrifices, pour trouver une solution à nos problèmes. On refuse de reconnaître ses torts, et de se remettre en question pour changer sa vie. Cela entraîne en particulier beaucoup de divorces, avec des nouvelles unions et des nouveaux mariages, qui créent des situations de famille très difficiles, et qui empêchent la vie chrétienne ».
 « Ce chemin passe par la tendresse, et la beauté du cœur ». C’est vrai que traditionnellement, l’homme et la femme ne se montrait pas tellement leur tendresse, surtout pas en public. Il y a là certainement quelque chose à chercher. Une réflexion se fait dans la société, sur la sexualité dans le couple. Mais cela se limite souvent à : comment arriver à l’orgasme, et avoir le maximum de plaisir. Alors que la sexualité touche toute la vie, et pas seulement la relation sexuelle. Et que la relation sexuelle elle-même est une union totale de deux personnes, dans leur corps, mais aussi dans leur cœur, leur esprit, et leur âme. Une sexualité réussie dans le couple, ne peut pas se limiter à la recherche du plaisir et de l’orgasme. Ce message nous dit bien que, c’est grâce à l’amour, que le mariage dure, « même lorsque la force et la fraîcheur de la jeunesse ont disparu ». Il s’agit que chacun dans la famille « donne sa vie, pour tous ses parents qu’il aime », à la suite de Jésus Christ.
Il est important que dans nos groupes, nos mouvements, nous prenions le temps de réfléchir à tout cela. Pour bien préparer la 2ème session de ce Synode sur la famille, en octobre 2015. Nous avons reçu les questionnaires en français simple pour cela, nous y avons répondu le mieux possible. Nos évêques porteront nos réponses jusqu’à Rome. Mais commençons déjà à vivre nous-mêmes en vérité, ce que nous avons dit.
-6) Mieux comprendre le sacrement du mariage : » L’amour va avec « toujours », jusqu’à donner sa vie pour la personne qu’on aime (Jean 15, 13). C’est pour cela qu’on peut s’aimer toute la vie, malgré les nombreuses difficultés et les limites humaines. C’est l’un des plus beaux miracles, que Dieu fait dans nos cœurs ».  Tout cela demande un gros effort de réflexion et d’engagement. Car peu de chrétiens ont compris le sens de ce sacrement. Ce n’est pas seulement une bénédiction, pour avoir la grâce. C’est un engagement en Eglise, avec le soutien de toute la communauté. Pas seulement devant les deux témoins, et les deux familles réunies. C‘est cet engagement, et la prière de la communauté, qui nous permettent de rester fidèles. Le mariage, c’est d’abord pour nous rendre saints, et nous soutenir dans le chemin de Dieu. C’est pour rendre Jésus présent dans le monde, comme il Le disait : « Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je suis au milieu d’eux » (Mat 18,20). La famille est vraiment une Eglise, l’Eglise domestique, l’Eglise à la maison. On se marie, pas seulement pour faire des enfants, ni pour s’aimer et être heureux ensemble, mais aussi pour être témoin et signe de l’amour de Dieu dans le monde. Comme le disait Lui-même Dieu, par le prophète Isaïe : « Comme un fiancé aime sa fiancée, c’est comme cela que Je t’aime, Israël » (Isaïe 62,5). C’est l’un des meilleurs signes que Dieu a choisi, pour faire comprendre son amour pour les hommes : l’amour du fiancé et de la fiancée. Et aussi l’amour des parents pour leurs enfants : «Israël, même si une mère oubliait son enfant, Moi, Je ne t’oublierai jamais. J’ai creusé ton nom dans la paume de mes mains » (Isaïe 49,1+15). Et aussi « J’ai été un père pour toi, Je t’ai lavé quand tu baignais dans ton sang, Je t’ai porté, Je t’ai appris à marcher » (Osée 11,1-4). Dieu nous appelle à être les témoins de son amour devant tous les hommes, dans toute la société, en nous aimant mari et femme et en aimant nos enfants. Cela nous demande bien sûr, de nous aimer comme Dieu nous aime : nous aimer pour toujours, d’un amour total et unique. Comme Jésus a donné sa vie pour les hommes. Donc, pas de polygamie, ni de divorce. S’il y a un problème entre nous, nous cherchons à nous pardonner, et non pas à nous séparer. Ce n’est pas toujours facile. Mais avec l’aide du Christ, de la prière, et de la communauté, c’est possible. C’est cela la grâce du sacrement. (Voir mon document : LE SACREMENT ET LA CELEBRATION DU MARIAGE) .
LES REPONSES AU SYNODE SUR LA FAMILLE : Il ne s’agit pas ici d’une réponse complémentaire aux questions du Synode. Je voudrais simplement proposer quelques réflexions, à partir des réponses qui ont été faites,  pour en tirer quelles conclusions pour notre formation et notre enseignement.
D’abord il me semble absolument essentiel de faire découvrir davantage Dieu, comme un Père qui nous aime. Et l’Evangile comme une Bonne Nouvelle, et pas seulement une morale ou des commandements.
Je trouve très intéressant de repartir de la famille africaine et des valeurs sénégalaises. Mais il ne faudrait pas oublier, que ces valeurs traditionnelles ont besoin d’être converties, elles aussi. Sinon, par exemple, le «diom» peut devenir rapidement de l’orgueil. Par ailleurs, si l’on veut préserver ces valeurs, il est essentiel de voir comment les vivre dans le monde d’aujourd’hui, et dans la société sénégalaise actuelle, avec ses réalités. Car le monde a changé.
Pour le sacrement de mariage, il serait important de le présenter, pas seulement comme une observation des dix commandements, ou des lois (pas d’adultère, pas de divorce, pas de polygamie), ni même comme une simple bénédiction, ou une aide un peu magique qui résout les problèmes. Il me semble important de le montrer davantage, comme un branchement de notre amour sur celui du Christ : comme la lampe a besoin d’être branchée pour éclairer. Et comme une transformation de notre amour dans l’amour du Christ : comme Jésus a changé l’eau en vin à Cana, et qu’Il change le pain dans son Corps à l’Eucharistie. Montrer que le mariage chrétien est d’abord un moyen de nous rendre saints, mari et femme, et entre parents et enfants, et donc d’aller ensemble vers Dieu. C’est un engagement, qui nous soutient et nous rend libres, pour répondre à l’amour de Dieu. « Pour nous aimer, comme le Christ aime l’Eglise » (Eph 5,21-33). En nous rappelant ce que les prophètes de l’Ancien Testament disaient déjà : il s’agit de vivre l’amour de Dieu, dans la tendresse et la fidélité : « Je te fiancerai à Moi pour toujours » (Osée 2,16-21). Les meilleurs signes que Dieu a choisis pour nous faire comprendre son amour sont : l’amour de l’homme et de la femme. « Comme un fiancé aime sa fiancée, c’est ainsi que Je t’aime Israël » (Isaïe 62,5). Et l’amour des parents pour leurs enfants. (Voir Isaïe 49, 5) « Même si une mère oubliait son enfant, Moi, Israël, je ne t’oublierai pas ». Car Dieu est notre mère, mais aussi notre Père : « Israël, j’ai été un Père pour toi » (Osée 11, 14). L’Eglise domestique n’est pas seulement une petite église à la maison, mais le moyen de rendre présent le Christ dans le quartier : « Quand 2 ou 3 sont réunis en mon Nom, Je suis au milieu d’eux » (Matthieu 18, 20). A ce moment-là, la fidélité, comme l’indissolubilité (pas de divorce) ne sont plus comprises seulement comme un commandement, mais comme une façon de vivre l’amour de Dieu pour les hommes, et l’amour du Christ pour l’Eglise (Ephésiens 5). Je veux aimer comme Dieu. Je suis fidèle, parce que Dieu est fidèle. Et c’est Lui qui me rend fidèle. Je veux aimer de l’amour même de Jésus. Comme Lui, et grâce à Lui.  
Je remarque aussi que, dans le questionnaire lui-même, il est beaucoup question de la famille chrétienne, et du sacrement. Mais beaucoup moins des réalités de la famille dans la société, et de ses difficultés dans le monde. Il me semble que c’est pourtant la base. C’est toutes les familles qu’il faut convertir. Nous devons annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile à toutes les familles, pas seulement aux familles chrétiennes. Jésus nous envoie dans le monde entier, à toute la création (Marc 16,15). Nous sommes le sel de la terre (Mat 5, 12-15).
Cela rejoint la question 14 : des familles plus missionnaires. Même pour cette question, on parle surtout de l’engagement dans l’Eglise, mais pas tellement de l’engagement dans la société (Vous êtes la Lumière du monde, et le levain dans la pâte). Pour le témoignage, on parle plus d’enseignement, que de partage de la vie et d’actions avec les autres familles non chrétiennes. Ni de l’accueil des différentes familles dans leur diversité culturelles et sociales, avec ce qu’elles peuvent nous apprendre. Pourtant, Jésus a admiré la foi des païens (voir la question 26).
Il est important également de travailler avec les pouvoirs publics. Au Sénégal, on a mis en place l’Acte 3 de la Décentralisation. Les mairies ont donc une grande responsabilité envers nos familles. En particulier, dans la mesure où elles prennent en charge l’enseignement élémentaire et les dispensaires. Il est donc essentiel que les familles soient en contact avec les mairies pour les soutenir dans leurs actions (CMU, bourses aux familles nécessiteuses et aux étudiants, formation des femmes, travail des jeunes, assises foraines pour les actes de naissances, maison de la femme, etc.). A nous de leur demander de jouer véritablement leur rôle envers les familles, en particulier pour les plus nécessiteux.
On a parlé plusieurs fois des chorales et mouvements, qui donneraient une formation spirituelle. A mon avis, c’est très peu souvent le cas. Même les servants d’autels, quand ils se réunissent, c’est plus pour parler des rites et des gestes à observer matériellement, ou apprendre les noms compliqués des différents objets liturgiques, qu’à faire un partage d’évangile. Dans les mouvements, on pense plus à faire des rassemblements et des sorties, qu’à offrir une véritable formation spirituelle. Il n’y a pratiquement plus de mouvements d’Action Catholique, pour aider enfants, jeunes et adultes, à s’engager dans les différents milieux de vie : le monde du travail, le monde scolaire, etc. Et quand on organise des formations spirituelles dans la paroisse, les choristes par exemple ne viennent pas. Ils restent entre eux, à faire leurs répétitions de chants. Et là, on n’explique même pas les chants, et on ne fait pas de partage d’Evangile. A Pikine, ces différents groupes n’ont pas répondu aux questionnaires du Synode, qu’on leur a pourtant proposé plusieurs fois. Ils ne pensent souvent qu’à leurs activités propres. Ils n’ont pratiquement pas le sens de la paroisse, encore moins de l’Eglise. Quelle est donc la véritable formation spirituelle qui est donnée ? Il faudrait y réfléchir sérieusement.
Question 45 : Là aussi, il me semble que la miséricorde ne trouve pas encore sa vraie place dans ces réponses. Il faudrait réfléchir davantage à l’attitude du Christ avec la samaritaine, la prostituée, la femme adultère. Et aussi avec les hommes comme Zachée, les samaritains, ou les publicains. Le deuxième dimanche de Pâques, le dimanche de la Miséricorde, devrait être l’occasion pour réfléchir profondément à la Miséricorde de Dieu. Et pas seulement pour faire des neuvaines et réciter des prières.
Question 30 : A propos de la préparation au mariage, il faudrait signaler les rencontres de mariés, qui commencent à se faire, en veillant qu’elles soient adaptées aussi, aux gens des banlieue et aux familles nécessiteuses.
Enfin pour l’éducation des enfants, on en reste aussi souvent à la morale et aux commandements : « Tu respecteras ton père et ta mère ». Alors que l’enseignement du Christ est clair. Jésus rappelle à ses parents : « Est-ce que vous ne savez pas que je dois être aux affaires de mon Père ». Il dit à ses apôtres : « Laissez venir à Moi les petits enfants ». Nos enfants ne sont pas pour nous, ils sont pour Dieu. Nous devons les faire grandir dans leur vocation, et non pas d’après nos propres idées. Et encore moins pour notre intérêt. Jésus va encore plus loin, quand Il dit : « Si vous ne devenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu ». C’est cela notre joie. Car « celui qui accueille un enfant, c’est Moi qu’il accueille » (Luc 9,48).
JESUS A DOUZE ANS DANS LE TEMPLE (Luc 2,41-52)
* Marie et Joseph vont ensemble en pèlerinage avec leur enfant : nous éduquons nos enfants dans la foi, et nous leur apprenons à prier.
* Ils pensent que l’Enfant Jésus a marché pendant toute la journée avec leurs parents et leurs amis : nous apprenons à nos enfants à vivre en société, et nous les éduquons avec l’aide de nos parents et de nos amis, pas tout seuls.
* Dans le Temple, Jésus pose des questions, et les prêtres Lui répondent : nous parlons avec nos enfants, et nous les écoutons.
* Quand ils retrouvent Jésus dans le temple, c’est Marie qui parle : la mère doit prendre sa responsabilité dans le foyer, ensemble avec son mari. La mère et le père éduquent leurs enfants ensemble, chacun avec ses qualités. Comme le dit Marie « ton père et moi nous te cherchions ».
* Jésus répond : « Est-ce que vous ne savez pas que je dois être aux affaires de mon père ? » : Nos enfants ne sont pas pour nous, ils viennent de Dieu, et ils sont pour Dieu. Nous devons les éduquer à servir Dieu, et à suivre le chemin du Christ. Nous voulons qu’ils répondent à l’appel de Dieu (leur vocation), à partir des qualités que Dieu leur a données.
* Quand Jésus a parlé, Marie ne l’a pas compris. Souvent nous ne comprenons pas nos enfants. Cela ne doit ni nous étonner, ni nous décourager. C’est pour cela qu’il est important d’éduquer nos enfants ensemble, avec nos amis et nos voisins. Et avec l’aide des mouvements.
* Et nous acceptons de souffrir, pour éduquer nos enfants. Comme Siméon l’a dit à Marie : « un couteau te transpercera le cœur ».
* Jésus grandissait dans son corps, mais aussi en sagesse. Et Il plaisait à Dieu et aux hommes. C’est de cette façon que nous voulons éduquer nos enfants.
Table des matières



Conférence sur l’année de la vie consacrée (résumé)
Réactions sur la lettre de François : le pape l’a beaucoup inspiré à travers cette lettre, mais aussi à travers «  La joie de l’évangile « et le message du 1er janvier 2015. Ce qui le frappe chez le pape, c’est son invitation à aller à la périphérie, et à lutter contre la civilisation du déchet, de l’exclusion.
Titre de sa lettre : « j’attends que vous réveilliez le monde » (le monde, pas seulement l’Eglise : cela rejoint ce qu’a dit Jésus en Mt 5,13 : « vous êtes le sel de la terre »). Mais pour réveiller nos frères, il faut d’abord être réveillés nous-mêmes
En tant que Religieux, nous avons fait des vœux, nous avons décidé de vivre en communauté.
Vœu de pauvreté : nous ne pouvons pas vivre notre vœu de pauvreté sans tenir compte des formes de pauvreté actuelles. Au Sénégal, le PIB augmente, mais il y a de plus en plus de pauvres. Nécessité de vivre une pauvreté matérielle en lien avec les autres, mais surtout de nous mettre au service des pauvres, et de lutter contre les causes de la pauvreté.
Le célibat consacré : ne pas le vivre comme des anges, mais donner sens, en lien avec toutes ces personnes blessées dans leur sexualité. : l’inceste, l’homosexualité, les violences faites aux femmes, l’avortement….
Obéissance : elle ne consiste pas seulement à une obéissance au supérieur, mais chercher en communauté à quoi le Seigneur nous appelle aujourd’hui
-Par rapport à la dimension prophétique et missionnaire : sommes-nous vraiment prophètes ? Voyons-nous les signes du Royaume qui grandissent dans notre société (amour, grâce, vérité, justice, paix) ? Faisons-nous advenir cela ? Le charisme, c’est savoir ce qui guidait nos fondateurs quand ils ont décidé de fonder la Congrégation. Il ne s’agit pas de faire la même chose, mais d’en saisir l’esprit. Du temps de Poullart et de Libermann, il y avait les « pauvres écoliers » et les esclaves des colonies. Aujourd’hui, il y a des esclavages modernes auxquels nous devons être attentifs.
Notre charisme : Libermann a fondé la Congrégation pour qu’il y ait des avocats des pauvres. Le sommes-nous aujourd’hui ? La Congrégation insiste sur la mise en place d’une commission justice et paix. Elle n’est pas encore mise en place dans la province (ou la Région).
Comment maintenir l’équilibre entre le charisme de la Congrégation et les qualités que chacun a reçues du Seigneur ? Le charisme doit être vécu en valorisant chacun d’entre nous. Il y a tension entre charisme de la Congrégation et vocation personnelle.
La communauté est notre premier lieu de témoignage, notre première façon d’évangéliser. Les gens voient comment nous vivons en communauté. Notre vie religieuse doit être prophétique, être vécue en communauté, soutenue par la communauté.
Actualiser notre prière des heures à la situation présente. Ne pas se contenter de lire mécaniquement ce qui est proposé dans le bréviaire. Nous devons être contemplatifs : contempler l’action de Dieu dans le monde
Nouvelle évangélisation : Sommes-nous enflammés par l’esprit d’amour, pour nous conduire vers la nouvelle évangélisation des pauvres ? Les premiers missionnaires ont construit l’Eglise au Sénégal. Ils n’ont pas fait que de la pastorale sacramentelle. Ils ont mené des actions de développement : éducation, santé, élevage et agriculture, recherches scientifiques…..
 La nouvelle évangélisation, ce n’est pas seulement avoir de nouvelles techniques. L’Église du Sénégal est maintenant adulte, avec un clergé diocésain pour tenir les paroisses. Les adultes sont maintenant soit chrétiens, soit musulmans. On ne baptise pratiquement plus que des enfants. Il y a peu de possibilité de baptiser les musulmans. Notre travail maintenant, c’est d’évangéliser les musulmans, c’est-à-dire les aider à vivre les valeurs de l’Évangile, et d’agir à la manière de Jésus Christ. A ce moment-là, ils ne seront pas baptisés, mais ils seront dans le Royaume de Dieu. L’Église locale est en place. Il reste l’évangélisation de la société, du monde.
 Pour cela, il faut former des confrères à d’autres domaines que les sciences ecclésiastiques : animation de groupe, santé, enseignement, finances, développement…Et qu’ils s’engagent dans le secteur public laïc (aller aux périphéries), et pas seulement dans les institutions chrétiennes. Pour lutter ensemble avec les autres contre la pauvreté, contre le Sida et Ebola, dans le secteur bancaire et les projets de développement, pour des nouvelles formes d’éducation, avec les enfants de la rue, les talibés, les drogués et les prostitués, dans les prisons…....
Même en paroisse, on doit se différencier. Que nos paroisses soient réellement missionnaires.. Nos communautés sont dans des quartiers : connaissons-nous les délégués, les badièni gox (marraines de quartier), les imams, les conseillers municipaux de nos quartiers ?




SYNODE DE LA FAMILLE : Réflexion avec un groupe de jeunes
La famille est très importante. C’est dans la famille que l’on est pris en charge, nourri, logé, soigné et surtout éduqué. C’est dans la famille que l’on apprend à aimer, entre parents et enfants, entre frère et sœur pour pouvoir aimer les autres.
Il n’y a pas de famille parfaite ; C’est donc important d’accepter notre famille telle qu’elle est et de l’aimer, mais en même temps de tout faire pour la rendre meilleure. Que faire pour cela ?
La première chose c’est de se parler ensemble. Il y a des gens, aussi bien l’homme que la femme, que les enfants qui parlent à leurs amis à l’extérieur mais qui ne disent pas vraiment ce qu’ils ont dans leur cœur entre parents. Ensuite, la prière en famille, c’est cela qui peut faire notre unité, nous donner le courage dans nos difficultés et nous aider à soutenir ceux qui souffrent autour de nous. Si nous avons des problèmes dans notre famille, nous essayons d’en parler avec nos parents. Si rien ne change, nous supportons en attendant que les choses s’arrangent et nous offrons nos souffrances à Dieu. Mais en même temps, nous offrons les bonnes choses qui se vivent.
Dans la famille chacun a son rôle. Le père et la mère n’ont pas un rôle spécial mais comme on le dit parfois, le père punit et la mère console. En fait, ils doivent faire les deux et ils doivent le faire ensemble. C’est pour cela qu’il est si important que le père et la mère se parlent et qu’ils voient comment éduquer leurs enfants. C’est pour cela aussi que l’homme, même s’il est le chef de famille, doit laisser la place qui lui revient à sa femme et que la mère doit prendre ses responsabilités dans la famille. Quand Jésus est resté au temple à Jérusalem, c’est Marie qui lui a demandé pourquoi il a fait cela, et non Joseph. Mais elle a dit : »ton père et moi, nous te cherchons » (luc 2,48). Bien sûr, chacun joue son rôle à sa manière et avec ses qualités personnelles.
Pour les jeunes, la première chose c’est d’obéir à leurs parents, mais ils doivent aussi prendre leur part dans la vie de la famille. Il y a des jeunes qui sont au dehors, aux répétitions de la chorale, dans leurs mouvements ou simplement avec leurs camarades dans leur quartier mais qui ne prennent pas leur part dans leur vie de famille.
Ensuite, être sérieux. Par exemple, il y a des jeunes filles qui n’hésitent pas à aller avec des hommes riches pour se faire payer des habits pour les fêtes de Pâques et de Noël si leurs parents sont trop pauvres pour cela. Ou bien des filles qui sortent bien habillés, en pagne, et qui vont se changer dans la maison de leurs camarades pour aller en tenue indécente aux soirées dansantes. Il ne suffit pas d’être bien habillé pour aller à l’Eglise, il faut être bien habillé dans toute sa vie. Il y a aussi de jeunes garçons qui ne pensent qu’à s’amuser pendant les vacances, jouer aux cartes, aux dames etc. et qui à la rentrée demandent à leurs parents de leur payer leurs fournitures alors qu’eux-mêmes n’ont rien fait pendant tout ce temps de vacances.
D’un autre côté, les jeunes même s’ils sont des enfants, ont le droit de parler avec leurs parents, de leur donner des idées et même de les conseiller. Mais il faut apprendre à parler avec ses parents le plus tôt possible. Par exemple, une fille qui n’a jamais parlé avec son père ne pourra pas le faire au moment du mariage si son père veut la marier avec l’homme qu’elle n’aime pas. Et souvent, s’il faut parler avec les parents, comme c’est difficile ce sera utile de passer par un intermédiaire, un grand frère, un oncle ou un ami.
L’idéal c’est de se retrouver ensemble, au moins une fois par an, tous ensemble parents et enfants, pour voir comment nous vivons en famille. Il ne s’agit pas de se faire des reproches, au contraire chacun demande à l’autre ce qu’il pense de son propre comportement. Ensuite, lui pourra dire ce qu’il pense des autres et alors ensemble, on cherchera comment mieux faire pour mieux s’aimer et être mieux ensemble. Nous avons rappelé les conseils de Paul, Colossiens 3, 18-21, « Femmes aimez vos maris, c’est ainsi que vous devez agir devant le Seigneur. Maris aimez vos femmes, ne leur montrez pas un mauvais caractère. Enfants, c’est votre devoir devant le Seigneur d’obéir en tout à vos parents car cela est agréable à Dieu. Mais vous parents, ne fatiguez pas vos enfants pour qu’ils ne se découragent pas ».
Mais bien sûr, si tes parents te demandent des choses mauvaises, tu ne peux pas les accepter, tu as le devoir de refuser parce que, comme disait Saint Pierre : « il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’obéir aux hommes ». Par exemple, si tu es dans une société et que tes parents te demandent de prendre de l’argent dans la caisse parce qu’ils sont pauvres, ou bien si tes parents veulent te marier à un polygame, à quelqu’un de beaucoup plus âgé que toi ou à quelqu’un que tu n’aimes pas. Ou bien si tes parents veulent te conduire chez un marabout ou un féticheur quand ton enfant est malade, ou si tu es marié et que tu n’as pas d’enfant et que tes parents t’amènent une deuxième femme, ou bien qu’ils viennent de prendre, toi la femme, pour te marier avec un autre pour que tu puisses faire grandir la famille. Tout cela bien sûr nous ne pouvons pas l’accepter au nom de Dieu.


Nous les chrétiens nous avons de la chance parce que nous avons 3 bases solides pour construire nos familles.

 La première base, c’est la Trinité. Dieu est Amour, Dieu est une Famille, Père Fils et Saint Esprit, et Il nous permet de nous aimer et de vivre en famille.

Nous avons aussi l’exemple de la Sainte Famille de Nazareth, mais en nous rappelant que cette famille était une famille élargie. Ils ne vivaient pas seulement entre eux trois, Marie Joseph et Jésus. Dès que Marie entend qu’Elisabeth est enceinte, elle va la retrouver et l’aider. Les frères de Jésus viennent Le suivre et Le chercher. Et à chaque fois que Jésus a du temps, Il retourne dans son village à Nazareth. D’ailleurs les gens le disent bien : est-ce qu’il n’est pas le fils de Marie ? Est-ce que ses frères ne sont pas parmi nous, Jacques, Jean, José, Jude et Simon et est-ce que ses sœurs ne vivent pas aussi au milieu de nous ? Nous vivons donc l’amour de Dieu le mieux possible en famille, entre parents et enfants, sans oublier le reste de nos parents et nos deux grandes familles qui ont fait alliance au moment de notre mariage.

Enfin, pour nous aider à réussir notre vie de famille, nous avons l’Eglise, la Famille de Dieu, et concrètement la famille de Dieu dans notre quartier, la CEB. C’est pour cela qu’il est si important de participer à nos réunions de CEB.

 Le message final de la 1ère Assemblée du Synode sur la Famille
D’abord, il insiste sur ce qu’il y a de bon dans nos familles :
« Il y a de la lumière qui brille dans les maisons des villes mais aussi des banlieues, jusque dans les petits villages et les bidonvilles, qui se reçoit lorsque l’homme et la femme se retrouvent l’un en face de l’autre comme une aide qui lui convient (Genèse 2, 18), quand l’homme et la femme s’acceptent et se complètent car chacun des deux a besoin de l’autre, d’abord pour être soi-même, comme le dit la femme du Cantiques des Cantiques : « Mon Bien Aimé est à moi et moi je suis à lui, je suis à mon Bien Aimé et mon Bien Aimé est à moi (2, 16 + 6, 3) ».

-Ensuite ce message explique les conditions : « pour que la vie de famille soit vraie, il faut commencer dès l’enfance à aimer et spécialement au moment des fiançailles qui sont un temps d’attente et de préparation. Cette rencontre devient totale dans le sacrement de mariage où Dieu met sa grâce et sa présence sur les mariés. Mais ce chemin passe aussi par la sexualité, la tendresse et la beauté du cœur, une beauté qui dure même beaucoup longtemps que la jeunesse. L’amour va avec « toujours » jusqu’à donner sa vie pour la personne qu’on aime (Jean 15, 13). C’est pour cela qu’on continue à s’aimer toute la vie malgré les nombreuses difficultés et les limites humaines. C’est l’un des plus beaux miracles que Dieu fait dans nos cœurs ».
A ce sujet, il est donc important que les parents eux-mêmes assurent l’éducation sexuelle de leurs enfants, qu’ils osent en parler sans honte, avec des mots simples, même si cela ne se faisait pas autrefois et si nous n’avons pas l’habitude. Si nous n’assurons pas l’éducation sexuelle de nos enfants, c’est la rue et les camarades qui vont les éduquer, et plus mauvais encore, les films pornographiques. Comment alors pourront-ils vivre leur sexualité d’une façon humaine et respectueuse.

Du côté des jeunes, il est important bien sûr de vivre la sexualité dans l’amitié et le respect. Ne pas se lancer dans des relations sexuelles, mais prendre le temps de se connaître et ensuite voir comment bâtir notre vie commune. Actuellement, déjà au niveau du collège, et même de l’école primaire, chaque jeune cherche à avoir son copain ou sa copine. C’est un appauvrissement très grave.  Cela empêche de vivre une vraie mixité, et d’avoir ensuite un choix libre et réfléchi.Pour réussir son mariage il est important de vivre d’abordune vraie camaraderie et une amitié réelle, pour apprendre à aimer. Et aussi une mixité en groupe pour apprendre à connaître l’autre sexe avec son comportement et ses habitudes. Si on cherche à avoir trop vite un seul copain ou une seule copine, c’est un appauvrissement très grave qui nous empêche de choisir le mari ou la femme qui nous convient. Bien sûr cela est difficile. C’est pourquoi il est important que les jeunes appartiennent à des mouvements ou à des groupes pour apprendre à vivre ensemble, non seulement dans le respect, mais en ayant des activités et des engagements communs, en travaillant ensemble. Et pas seulement danser et s’amuser.
Un chrétien doit prier, mais il doit aussi travailler. C’est vrai aussi pour les jeunes. Le travail des élèves c’est de bien apprendre à l’école. Et pour ceux qui ne sont plus à l’école, d’apprendre un métier et de prendre sa part à la vie de la famille.
Il est important aussi de nous engager dans la société et de travailler avec les autres à construire nos familles. C’est ainsi que dans notre paroisse de Pikine, un certain nombre d’amicales de jeunes travaillent avec les ASC de quartiers. De même, l’association des femmes catholiques avec plusieurs groupements de femmes du quartier. Nous travaillons aussi avec l’ONG EQUITAS pour la formation des femmes, en particulier pour prendre leurs responsabilités dans la vie de la société, pour lutter contre la violence faite aux femmes et aux jeunes filles. Et aussi pour obtenir des actes de naissance aux enfants, spécialement les filles qui n’ont pas été déclarées à leur naissance, car cela leur entraîne beaucoup de difficultés par la suite. La commission Justice et Paix travaille aussi avec l’association ATD/Quart-Monde et la Caritas avec l’association Sopi Djiko qui prend en charge des personnes qui se droguent et leurs familles. Au conseil paroissial nous avons aussi décidé de lutter contre les violences et les bagarres dans les quartiers, et d’abord dans notre propre paroisse. Il y a eu des tentatives de viol. Et aussi des bagarres au couteau qui ont entraînés des blessures graves, à la fin de notre kermesse, etc.
Mais on doit reconnaître, qu’en général, que nous sommes trop peu engagés dans la société, que ce soit pour le bien des familles ou le bien du quartier. Chaque samedi des groupes et des associations se réunissent dans la grande salle de notre paroisse mais il y a trop peu de chrétiens qui participent à ces différentes activités dans la société : projets de développement, alphabétisation, éducation citoyenne, éducation pour la santé etc. Nous avons énormément de peine à mettre en place la mutuelle pour la CMU (Couverture Médicale Universelle). Pourtant cela pourrait beaucoup aider nos familles en cas de maladie. Nous devons construire notre famille mais aussi aider les autres familles, surtout les familles les plus nécessiteuses.
Les difficultés des familles : Le message final de la Première Assemblée du Synode du 18 octobre 2014 explique encore : « nous voulons parler des souffrances de la vie. Pensons à la souffrance de la famille quand un enfant est handicapé, qu’il est gravement malade, que les personnes âgées perdent la mémoire, et lorsqu’un membre de la famille meurt. Nous admirons la fidélité généreuse de beaucoup de familles qui vivent ces épreuves avec courage dont la foi et l’amour sont admirables. Elles considèrent que cette souffrance n’est pas quelque chose de forcé mais quelque chose qui leur a été donné, et elles offrent leur souffrance avec le Christ qui a souffert Lui-même.
Nous pensons aux difficultés économiques causées par une mauvaise organisation de la société et par l’amour trop grand de l’argent, par une économie qui ne respecte pas les hommes et qui, au contraire, les abaisse et leur enlève leur dignité. Nous pensons aux pères et aux mères de famille qui n’ont plus de travail et qui n’arrivent plus à nourrir leur famille, et à tous les jeunes qui se trouvent des journées entières à ne rien faire et sans espérance et livrés aux dangers de la drogue et de la violence.
Nous pensons aussi à toutes les familles pauvres, à tous ceux qui montent dans des pirogues pour aller chercher à l’étranger de quoi vivre, aux familles de réfugiés qui traversent les déserts sans rien faire et aussi à toutes les familles que l’on fait souffrir à cause de leur foi ou simplement des valeurs spirituelles et des droits de l’homme, à toutes les familles qui souffrent de la méchanceté, des attentats et des guerres.
Nous pensons aux femmes qui supportent la violence, qui sont exploitées et utilisées, aux enfants et aux jeunes qui souffrent des abus sexuelles, même de la part de leurs propres parents qui devraient pourtant bien s’occuper d’eux et les faire grandir dans la confiance. Nous pensons à toutes les familles qui sont en difficultés, qui sont humiliées, qui souffrent et ne sont pas respectées ».
Tout cela devrait nous faire réfléchir car ce sont nos problèmes à nous aussi. Le Pape François nous demande sans cesse d’aller à la périphérie de notre monde, c’est-à-dire ceux qui sont le plus loin, ceux qui souffrent le plus. Il nous demande de changer notre société, la société du déchet, où on jette comme des ordures, les gens qui n’ont pas de moyens ou qui ne sont pas rentables et productifs : les malades, les personnes âgées, les infirmes, les analphabètes, les chômeurs…. Le Pape a dit clairement à la rencontre de la FAO (Fondsdes Nations Unies pour l’Agriculture et contre la Faim), que les pauvres n’ont pas besoin d’aumônes, ils ont besoin de respect, et de moyens pour sortir de la pauvreté.
Pour toutes ces choses, nous devons travailler avec nos municipalités. Nos communes sont devenues maintenant de plein droit, le 3ème Acte de la Décentralisation se met en place. Est-ce que nous les chrétiens nous y prenons notre part pour le bien des citoyens et de toute notre famille ?
Un point auquel nous devrions réfléchir sérieusement, c’est la question de l’argent. Il y a beaucoup de familles pauvres, mais aussi beaucoup de familles qui dépensent de l’argent dans de grandes fêtes aux baptêmes, à la première communion, aux mariages et qui n’ont plus rien ensuite pour vivre et se retrouvent enfoncées dans des dettes énormes. Il y a aussi toutes les dépenses énormes que nous faisons dans les enterrements, parce que les gens veulent nous forcer (la pression sociale). Il y a aussi tout l’argent que nous dépensons dans les CEB pour les fêtes patronales, et dans nos amicales pour faire des fêtes. Dans les chorales, l’argent que nous gagnons avec nos concerts est dépensé en repas, jumelage, fête ou sortie, au lieu d’aider les membres de nos groupes qui sont malades, qui vivent dans la pauvreté, les jeunes qui n’ont pas de quoi se payer des études et les fournitures, les jeunes travailleurs qui n’ont pas d’outils pour gagner leur vie. Sans parler de toutes les familles nécessiteuses autour de nous. Nous dépensons tout cet argent dans des soirées, des repas et des danses, cela est vraiment très grave. Il faut vraiment nous poser la question : comment gagnons-nous cet argent dans nos groupes, nos mouvements, nos associations et nos CEB ? Et comment utilisons-nous cet argent ? Est-ce obligé à chaque fois qu’il y a une manifestation, des JMJ, des rencontres de mouvements, on demande d’acheter des casquettes, des tee-shirts, des foulards et des tenues ? Tout cela fait souffrir les familles les plus pauvres. Nous avons beaucoup à changer à ce niveau.
Pour terminer, quelques autres extraits du message final de la 1ère rencontre pour le Synode sur la Famille.
* L’amour dans la famille passe par la fécondité. « Ce n’est pas seulement faire des enfants, mais aussi accueillir la vie de Dieu dans le baptême, éduquer nos enfants dans la vie humaine et dans la foi, leur apprendre la vie, l’amour et les valeurs qui nous font vivre. Et cela est possible avec les autres enfants, quand on ne peut pas en avoir soi-même. Les familles qui vivent cette aventure lumineuse deviennent pour tous un témoignage, en particulier pour les jeunes ». Cela pose le problème de la régulation des naissances, alors que l’on voudrait nous imposer la contraception (contre la conception, et contre la vie), et la santé reproductive des jeunes etla distribution decondoms, au lieu de leur assurer une véritable éducation sexuelle, et une saine préparation  au mariage. Cela pose aussi la question de l’avortement que l’on voudrait faire autoriser par la loi. Nous les chrétiens, que faisons-nous par rapport à tout cela ?
* » Il y a une autre façon de vivre l’amour, la communion fraternelle, la charité, le don. C’est en étant proche de tous ceux qui sont oubliés, ceux qui sont mis de côté, les pauvres, les personnes seules, des malades, des étrangers, des familles en difficultés, nous devons nous rappeler cette parole de Notre Seigneur « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Actes 20-35). Il s’agit donc de partager ce que l’on a, pas seulement l’argent mais aussi les qualités, d’être présent à ceux qui souffrent, de leur apporter notre amour, d’avoir pitié d’eux. Mais aussi de donner un témoignage de vérité, de lumière et de sens donné à la famille ». Même dans nos familles, on pense trop à l’argent. Et il n’y a pas assez de gratuité dans notre Eglise.
* « On assiste de plus en plus à la diminution de la foi mais aussi des valeurs, à l’individualisme (on pense seulement à soi), à l’appauvrissement des relations, on ne partage plus assez avec les autres membres de la famille. Il y a aussi toutes les difficultés de la vie et la peur de l’avenir, et le travail qui nous prend beaucoup de temps et qui nous empêche de réfléchir à la vie de notre famille. A cause de cela, il y a de nombreux problèmes dans les familles et les mariages et souvent on manque de courage, de patience, de pardon, de réconciliation et même de sacrifices, pour trouver une solution à ses problèmes, on refuse de revoir ses torts, de se remettre en question pour changer sa vie. Cela entraîne en particulier beaucoup de divorces avec de nouvelles unions, des nouveaux mariages qui créent des situations de famille très difficiles et qui empêchent la vie chrétienne ».

* »Durant ce cheminement, qui s'avère parfois un sentier ardu avec ses difficultés et ses chutes, on retrouve toujours la présence et l'accompagnement de Dieu. La famille en fait l'expérience dans l'affection mutuelle et le dialogue entre époux et épouse, entre parents et enfants, entres frères et sœurs. Elle le vit aussi en se mettant ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu et en partageant la prière commune : petite oasis spirituelle à mettre en place à un moment chaque jour. Il y a aussi l'engagement quotidien de l'éducation à la foi, à la beauté de la vie évangélique et à la sainteté. Ce devoir est souvent partagé et exercé avec beaucoup d'affection et de dévouement aussi par les grands-parents. Ainsi la famille se présente comme une authentique Église domestique, qui s'ouvre sur cette famille de familles qu'est la communauté ecclésiale. Les époux chrétiens sont alors appelés à devenir des maîtres dans la foi et dans l'amour également auprès des jeunes couples ».
Il est dont important que dans nos groupes, nos mouvements, nous prenions le temps de réfléchir à tout cela. Et aussi de préparer la 2ème session de ce Synode sur la famille en octobre 2015. Nous avons reçu les questionnaires en français simple pour cela, cherchons à y répondre le mieux possible et avec le plus grand nombre possible de gens et d’apporter nos réponses à la paroisse pour qu’elles remontent à nos évêques qui la porteront jusqu’à Rome



 

UNE EGLISE QUI NOUS FAIT GRANDIR


1)      Continuer à nous former
L’Eglise accompagne tout homme dans sa maturation intérieure. Il y a les différents parcours de catéchèse en vue de recevoir un sacrement donné. Ces parcours sont très importants. Mais nous éprouvons aussi la nécessité d’être accompagnés après ces différents parcours, durant toute notre vie. En effet, notre foi ne cesse d’être interrogée par les débats sur des problèmes de société (sur le respect de la vie, sur le mariage, sur la pauvreté, etc.), par les évènements (la naissance, le départ en retraite, la maladie, la mort, etc.), l’âge (qui avance et qui nous amène à avoir ainsi un autre regard sur la vie et la nôtre, en particulier), etc.

2)      Vivre avec Jésus
Traditionnellement on distingue deux aspects de la foi. D’un côté, la foi peut être comprise comme une attitude de foi, c’est-à-dire une attitude de confiance de la part de l’homme vis-à-vis de Dieu. De l’autre, la foi renvoie au contenu de la révélation de Dieu telle qu’elle nous est transmise par l’Eglise. La maturation intérieure est à située à ces deux niveaux. Malgré les vicissitudes de la vie, nous devons avoir confiance totale en Dieu. Nous sommes aussi appelés à enrichir et à approfondir sans cesse notre compréhension des vérités de la foi.

3)      Partager notre foi

Cette démarche de maturation de notre foi doit déboucher sur la mission dans notre communauté. « Une Eglise qui fait grandir » ses fils appelle à prendre conscience de la mission de chacun en tant que baptisé et de la dimension ecclésiale de cette mission. Elle est une église où chaque baptisé assume et accomplit sa mission avec responsabilité, dévouement et humilité. Elle est une Eglise dynamique dans le sens où, grâce à la participation de tous à la vie de nos communautés, elle garde sa vitalité toujours jeune.

10. Réunion du doyenné, le 04-03-2013

Le Père Armel qui animé l’exposé sur la foi a commencé par relevé certains appréhensions qui réduisent le contenu de toute notre foi.
-La foi pour certains est réduite à une certaine pratique morale fondée sur les dix commandements.
-Elle est parfois limitée à la pratique liturgique et aux sacrements.
-Il a aussi montré cette tendance de réduire la foi en un cercle  restreint de chrétiens. La foi doit au contraire nous pousser à vivre comme Jésus, c’est-à-dire prendre l’engagement d’agir concrètement dans la société à l’exemple de Jésus qui a passé toute sa vie missionnaire à défendre le faible, à lutter contre l’injustice. L’ouverture de Jésus à l’humanité toute entière, doit aussi nous pousser à nous ouvrir aussi à tous ceux qui ne sont pas croyants ou ceux qui ne partagent pas notre foi. Le chrétien est le disciple qui doit vivre les béatitudes du Christ et son nouveau commandement de l’amour, comme Lui et grâce à Lui.
Cet exposé du Père Armel est essentiellement centré sur l’extrait de la lettre du pape Benoît VI sur l’année de la foi. Les numéros 7,13 et 14 expriment de façon très claire le contenu et l’expression d’une foi. Le père nous invite à lire cet extrait, l’analyser pour mieux le vivre et nous engager à la transmettre dans notre société. A la fin de l’exposé, nous sommes entrés dans la phase d’échange du vécu de l’année de la foi dans nos différentes paroisses.
Comment vivons-nous l’année de la foi en paroisse ?
Nous avons longuement échangé sur l’ensemble des activités que nous entreprenons dans nos paroisses pour marquer l’année de la foi. Nous avons noté entre autres :
-Les enseignements qui s’organisent dans les paroisses pendant les temps forts de l’Eglise.
-Les campagnes de Caritas
-La pratique de la charité
-L’adoration de Saint-Sacrement
-Les concours de génie en Bible
- Les pèlerinages paroissiaux
-Les chemins de croix suivis d’enseignement
En résumé, en cette année de la foi, la catéchèse est essentiellement centrée sur le mystère de l’eucharistie, de l’écoute de la parole de Dieu et sur la pratique de la charité. Mais est-ce qu’elle ne se limite pas trop à l’enseignement, sans aboutir à des actions concrètes, adaptées, simples et efficaces ?

Toutefois, malgré les tous efforts que nous concédons pour aider nos chrétiens à vivre de manière expressive et authentique notre foi, nous constatons que beaucoup ne répondent pas aux appels que nous leur adressons. Nos fidèles vivent une certaine piété populaire qui leur empêche  de découvrir et de donner la place qu’il faut aux éléments constitutifs de la foi, l’eucharistie par exemple et l’initiation à la Parole de Dieu. La conception que nos fidèles se font des cendres est un exemple de taille qui remet incontestablement l’eucharistie au second rang qui pourtant est le fondement de notre foi. Tout l’enjeu se situe au niveau de la formation des laïcs, tant qu’ils n’auront pas accès à cette formation de base, leur foi demeurera limitée.
A partir de toutes ces difficultés que nous venons de souligner, nous avons analysé la situation pour voir quelle peut être notre part de responsabilité. Nous avons supposé que si les laïcs ne viennent pas se former, c’est dû peut être au choix des thèmes que nous leur proposons. Et de notre manière de parler, qui est beaucoup « magistrale » et pas assez participative, avec un vocabulaire beaucoup trop ciompliqué. Une autre réalité peut être la non concordance des intérêts des uns et des autres : est ce que nous avons les mêmes intérêts ?
Propositions stratégiques pour susciter l’envie des paroissiens de venir se former.
-Définir en doyenné un plan de formation commune.
-Choisir des thèmes intéressants qui puissent attirer nos paroissiens.
-Renforcer la collaboration dans le doyenné.
-Permettre aux paroissiens de choisir eux-mêmes ce qui peut les aider à mieux se formertudier chaque année un livre de la Bible, une encyclique, un document de nos évêques et un document d’actualité sur la vie de la société
- Divers
Le Père Armel a lancé de nouveau d’invitation de soutenir l’action pastorale dans les prisons. Cette fois-ci, elle est adressée particulièrement aux mouvements de jeunes catholiques, aux ASC et d’autres associations de jeunes. Il demande aux paroisses de bien vouloir recueillir les dons en paroisse. Le lundi de Pâques, une messe sera célébrée, plus des prestations culturelles et un repas qui va être servi pour 1500 personnes.
Il y a un projet futur de donner une formation humaine aux enfants qui sont en prison. Pour cela, tout ceux qui peuvent soutenir cette action en donnant des livres éducatifs pour cette formation sont invités d’agir.
Le doyenné à ce propos invite à l’Abbé Joseph Touré de porter ce souci au prés de l’Archevêque de trouver un aumônier diocésain des prisons.
La communauté de Don-Bosco a profité de cette rencontre pour présenter la communauté et les activités pastorales qui se font en sein. En effet, c’est une maison qui accueille des jeunes du milieu sans distinction de religion pour divers activités : de sport, de culture, des cours d’alphabétisation et de renforcement. Actuellement un projet est en cours pour donner une formation professionnelle aux jeunes. La prochaine rencontre est prévue pour le 08 Avril à la paroisse Sainte Joséphine Bakhita.


9.  UNE EGLISE QUI NOUS FAIT GRANDIR
1)      Continuer à nous former
L’Eglise accompagne tout homme dans sa maturation intérieure. Il y a les différents parcours de catéchèse en vue de recevoir un sacrement donné. Ces parcours sont très importants. Mais nous éprouvons aussi la nécessité d’être accompagnés après ces différents parcours, durant toute notre vie. En effet, notre foi ne cesse d’être interrogée par les débats sur des problèmes de société (sur le respect de la vie, sur le mariage, sur la pauvreté, etc.), par les évènements (la naissance, le départ en retraite, la maladie, la mort, etc.), l’âge (qui avance et qui nous amène à avoir ainsi un autre regard sur la vie et la nôtre, en particulier), etc.

2)      Vivre avec Jésus
Traditionnellement on distingue deux aspects de la foi. D’un côté, la foi peut être comprise comme une attitude de foi, c’est-à-dire une attitude de confiance de la part de l’homme vis-à-vis de Dieu. De l’autre, la foi renvoie au contenu de la révélation de Dieu telle qu’elle nous est transmise par l’Eglise. La maturation intérieure est à située à ces deux niveaux. Malgré les vicissitudes de la vie, nous devons avoir confiance totale en Dieu. Nous sommes aussi appelés à enrichir et à approfondir sans cesse notre compréhension des vérités de la foi.

3)      Partager notre foi
Cette démarche de maturation de notre foi doit déboucher sur la mission dans notre communauté. « Une Eglise qui fait grandir » ses fils appelle à prendre conscience de la mission de chacun en tant que baptisé et de la dimension ecclésiale de cette mission. Elle est une église où chaque baptisé assume et accomplit sa mission avec responsabilité, dévouement et humilité. Elle est une Eglise dynamique dans le sens où, grâce à la participation de tous à la vie de nos communautés, elle garde sa vitalité toujours jeune.


8.  Lectures à préparer pour le mardi 5 Mars: JUDITH = enfin une femme!
- la prière des Israélites: 4,9-13
- l'histoire du peuple hébreu: 5, 5-21
- Judith, modèle de femme: 8,1-8; pleine de courage: 8,9-27
- la prière de Judith: 9, 5-14: Dieu vient au secours des faibles et des écrasés
- la prière du grand prêtre Ozias: 13,16-20
- le chant de Judith: Dieu nous sauve = 16,13-17. 
N.B. Bien sûr, si vous avezle temps, vous pouvez lire tout le livre.

1)    La figure de Judith
Le livre de Judith est un conte qui a été écrit pour nous livrer un message de foi à vivre. Dieu sauve son peuple parce qu’il n’accepte que celui-ci soit déporté en exil à Babylone. Dieu se sert de cette figure féminine, pour sauver son peuple de l’envahisseur. En effet, face à l’ordre du roi Nabuchodonosor de déporter les israélites, le peuple affaibli se voit obliger de se soumettre à l’idée du roi, sans aucune résistance. Une voix féminine en l’occurrence celle de Judith, se lève pour empêcher le peuple d’Israël de se rendre. Comme stratégie, elle se sert de ses armes de beauté féminine, pour libérer son peuple. Elle s’engage dans la bataille en utilisant sa séduction, et ses charmes pour faire tomber le général Holopherne, tout en préservant sa dignité de femme veuve et en gardant aussi sa foi entièrement pure. Dès lors, la figure de Judith se présente comme un modèle de femme, veuve fidèle à son mari, continuant ses actions et tout à fait capable, non seulement de tenir sa maison, mais de faire produire ses champs et ses troupeaux, avec autorité et compétence. Mais elle va plus loin, et à l’appel de Dieu et avec foi, elle s’engage avec courage et détermination dans la lutte politique, pour le bien être de son peuple. Son engagement dans l’affaire de la cité confirme que le rôle de la femme ne se limite pas à la maison. Toute femme peut s’engager en politique pour l’intérêt de son peuple, tout en gardant intactes ses qualités, ses bonnes mœurs et ses valeurs chrétiennes.
2)    Reprise des lectures proposées
4, 9-13 : prière des Israélites
Le peuple est attaqué, il prie Dieu pour sa libération et Dieu répond à la prière du peuple. Ces versets nous rappellent l’importance de la prière pour notre vie de chrétien. Puisque c’est Dieu lui-même qui nous le demande, à chaque fois que nous avons besoin de son soutien, nous pouvons le prier.
5, 5-21 : l’histoire du peuple
Dans ses versets, Achior un ammonite, reprend toute l’histoire du peuple d’Israël. Depuis Abraham qui a cru au Dieu véritable, jusqu’à l’histoire de Joseph en terre D’Egypte. Ce qui est important et qu’il faut retenir, c’est la conclusion qu’il tire au Verset 17 : « tant qu’ils ne péchèrent pas en présence de leur Dieu, la prospérité fut avec eux. Car ils ont un Dieu qui hait l’iniquité ». En effet, tant que le peuple est avec Dieu, il est heureux. Mais quand il se sépare de Lui, il se retrouve malheureux et en esclavage. Mais malgré tout Dieu reste attaché à son peuple, puisqu’il l’envoie des prophètes pour le conscientiser. Lorsque le peuple écoute les prophètes, il retourne de nouveau vers Dieu. Et il retrouve la paix.
La deuxième remarque, Achior n’est pas un Israélite, c’est un païen. Donc Dieu agit en faveur de son peuple par la bouche d’un païen. Dieu peut nous appeler par la bouche des païens. Dans le Nouveau Testament, Dieu s’est fait connaitre par l’entremise des païens. À travers l’interpellation de la Cananéenne, Jésus va s’ouvrir jusqu’au monde païen (« les chiens sous la table mangent les morceaux que les enfants laissent tomber » Marc 7,28). Il affirme que les païens prendront part au banquet du Royaume Eternel. La samaritaine va faire connaitre Jésus à son peuple. De nouveau Jésus réaffirme que quand il va mourir, il attirera tous les hommes vers son Père (Jean 12,32). Il donne même l’ordre à ses disciples d’aller évangéliser toute la création (la nature entière, pas seulement les hommes : l’écologie et l’environnement. Souvent, notre attitude devant ceux qui ne croient pas, ou ceux qui ne partagent pas notre foi laisse beaucoup à désirer. Il est temps que nous comprenions que notre attitude doit imiter celle du Christ, et tirer là son fondement. L’amour de Dieu ne se limite pas exclusivement aux chrétiens. Tous les hommes sont enfants de Dieu. Et Dieu aime tous les peuples. Paul dit : «  Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ».Toute personne qui vit dans l’esprit de l’Evangile, même si elle n’embrasse pas la foi chrétienne, elle est évangélisée et elle est dans le royaume de Dieu. Et c’est un samaritain que Jésus nous donne comme modèle de charité. Il faudrait reprendre toutes les rencontres de Jésus avec les paiens et les étrangers dans l’Evangile
8, 1-8 : c’est la toute première présentation de Judith : elle est une femme veuve, capable d’entretenir sa maison. A partir de son attitude, nous comprenons que la femme n’est pas un être à reléguer au second rang, inférieure à l’homme. Le livre de la Genèse montre comment Dieu crée la femme égale à l’homme, et appelle la femme à être pleinement femme. L’histoire de Judith est une invitation adressée à chaque femme de prendre toutes ses responsabilités pour mettre en valeur ses qualités féminines. La force de la femme et sa dignité ne s’acquierent pas en opposition à l’homme, mais dans leur collaboration sincère pour leur plein épanouissement.
Dans les versets 9-27, le peuple est attaqué. Il prie Dieu, mais en même temps il veut imposer ses conditions à Dieu. Judith va s’opposer à cette démarche en montrant au peuple qu’on ne tente pas le Seigneur Dieu. Cette attitude du croyant vis-à-vis de Dieu persiste encore : nombreux sont les chrétiens qui posent des conditions à Dieu, dans l’impatience d’obtenir une réponse à leur demande, ils finissent par tourner leurs dos au vrai Dieu. Pourtant Jésus a dit clairement à Satan : »Tu ne tenteras pass le Seigneur ton Dieu »(Mat 4,7). Et nous prions en disant : »Père, que ta volonté soit faite sur la terre »
La conclusion que nous lisons au verset 24 est édifiante, la foi mène le chrétien à s’engager pour Dieu et pour le bien des autres. Judith va s’adresser directement au grand prêtre, et elle va faire des reproches aux anciens (V 10), pour dénoncer leur comportement. Là justement, nous tirons le message qu’un laïc bien intentionné a le plein droit et même le devoir d’interpeller une autorité qui manque de répondre à son devoir, cela dans le respect et la transparence.
3) Question : Qu’est-ce que  Judith nous enseigne ?
-Judith nous apprend à prier Dieu à tout moment sans cesse.
-Avoir un courage fondé sur la foi et la prière.
-L’importance de l’engagement du chrétien dans la société.
-Femme vertueuse qui croient à ses talents et fait confiance en Dieu.
-Judith est une femme actuelle
Voici déjà les lectures pour le 12 Mars : Job = Que faire devant la souffrance et le mal ?

-10,6-9 : Je souffre, pourtant je suis innocent !
-21,7-16 : Pourquoi les méchants sont-ils heureux ?
-33,8-30 : Dieu nous envoie la souffrance pour nous purifier, et des anges pour la vivre dans la foi
-34,10-30 : Dieu est juste, il sait ce qu’il fait
-36,15-33 : La souffrance nous protège du péché. Savoir voir les merveilles de Dieu.
-38,1-21 : Qui est grand comme Dieu ?
-42,1-16 : Rendre grâces à Dieu


7. Joseph
Lectures à préparer pour le mardi 19 Mars: 
- Le mariage de Joseph : Mat 1, 18-25; 
- La naissance de Jésus : Luc 2,1-7; 
- La fuite en Egypte : Mat 2,13-23
- La circoncision et la présentation au Temple:Luc 2, 22-39
- Jésus au Temple: Luc 2, 40 + 41-51
- A Nazareth: Luc 4,22
Saint Joseph: Que nous dit la Parole de Dieu?

NB : Nous n’etudions pas ces textes en eux-mêmes, mais seulement par rapport à Joseph
Mt 1, 18-25 : Les fiançailles de Joseph et Marie                                              
Identité : Jésus est fils de David par Joseph
Le nom que l’ange donne à Joseph : Emmanuel (Dieu avec nous) et Jésus (Dieu sauve)

Joseph est discret, très bon, obéissant. Il aime Marie. Quand il s’aperçoit qu’elle est enceinte, il veut la renvoyer en secret, pour éviter  qu'elle soit tuée à coups de cailloux, selon la loi de Moïse (voir l’histoire de la femme adultère : Jean 8,1-11). Il préfère prendre la faute sur lui, et se faire passer pour un homme méchant, qui renvoie Marie, après l’avoir enceintée).

Joseph est le fiancé de Marie. Ils n’ont pas fait de relation sexuelle. Il est un modèle pour les jeunes durant les fiançailles : respect, connaissance de l’autre. Le mariage est difficile, mais nous bâtissons notre bonheur sur la parole de Dieu. C’est pourquoi on demande aux jeunes d’éviter les relations sexuelles avant le mariage.

Selon la tradition, Marie est toujours vierge. Les frères de Jésus peuvent être ses cousins (ay rakkam=frères au sens traditionnel, comme partout en Afrique).  Dans Matthieu 13,55, on dit : » Jacques, Joseph, Simon et Jude ne sont-ils pas ses frères ? ». Mais Marc 15, 40,  dit qu’au pied de la croix, à côte de Marie, la mère de Jesus, il y avait une autre Marie, justement : « Marie la mère de Jacques le jeune et de Joseph ». Et Jean ajoute (Jean 19,6) « Il y avait Marie la mère de Jesus, la sœur de sa mère : Marie la femme de Clopas, et Marie de Magdala »

Luc 2, 17 : Le recensement
Joseph est un bon citoyen,  qui respecte les lois : il va se faire recenser à Bethleem, en tant que fils de David. (Concernant les élections de 2014, on constate que beaucoup de catholiques ne sont pas encore inscrits).
Joseph a marché pendant une semaine (près de 100 kms) de la Galilée à la Judée : ils vont ensemble, Marie s’appuie sur Joseph, qui supporte Marie enceinte. Il marche à coté d’elle.
Il sera à côte de Marie au moment de l’accouchement, et il accueillera les bergers (Luc 2,16)
                                               
Luc 2, 22-39 : La circoncision et la présentation au Temple:
Nous pouvons méditer la prière de Siméon à la présentation de Jésus au temple. L’enfant était circoncis à la naissance. On retrouve là Joseph comme mari et comme père, offrant son enfant à Dieu. Ils achètent 2 colombes, l’offrande des pauvres.

Mt 2, 12-23 : La fuite en Egypte
L’obéissance de Joseph, sa foi. Joseph est père. Un père protecteur. L’ange lui dit de s’enfuir. Il l’ecoute.
Sans la foi, Joseph n’allait pas emmener son fils loin d’Hérode, pour le sauver. C’est quelqu’un qui est toujours à l’écoute de Dieu. Jésus n’est jamais parti en Europe, mais il a grandi en Afrique, en Egypte.
Après le décès d’Hérode, ils retournent dans leur village de Nazareth. Ensemble, ils s’occupent de leur enfant. Joseph et Marie éduquent leur enfant dans la foi. Joseph apprend son métier à Jésus, il l’éduque selon son esprit : Luc 4,22
.
Luc 2, 41 – 51 : Jésus perdu au Temple de Jérusalem
On voit des parents inquiets et s’occupant de leur enfant. C’est un couple qui vit les choses ensemble, un couple uni. Après 3 jours de recherche, ils retrouvent Jésus au temple, au milieu des docteurs de la loi. C’est Marie qui parle alors à Jésus. Joseph est attentif, mais il laisse sa place et sa responsabilité à Marie
Jésus leur répond : « Je dois être au service de mon Père ». Nos enfants ne nous appartiennent pas, ils appartiennent à Dieu. Nous n’avons pas eu des enfants, pour qu’ils nous nourrissent ou nous rapportent de l'argent. Il  y a des parents qui obligent leurs enfants, par exemple à  faire un métier ou des etudes qu’ils n’aiment pas. Si nous ne comprenons pas nos enfants, c’est souvent parce que nous ne les écoutons pas. L’Esprit Saint n’apporte pas de solution à nos problèmes. Il ne faut pas nous décourager quand nous avons des problèmes avec nos enfants. Comme tous les enfants de son âge, Jésus a parfois tenu tête à ses parents.

Qu’est ce qui nous touche en Joseph ?

C’est un homme patient et obéissant. Un modèle d’époux et de père protecteur de la famille. Que les hommes prennent exemple sur lui. Il était rempli d’une force divine. Les parents actuels feraient-ils 100 kms à pieds pour aller s’inscrire, ou bien chercheraient-ils leur enfant durant 3 jours ?
·         Joseph est un homme exemplaire en tout : époux, travailleur, père responsable et attentif, prévenant, courageux et croyant.
·         L’union dans le couple. Jésus est éduqué dans la foi. Marie et Joseph s’aimaient. Compréhension des parents vis-à-vis de leur enfant. Un couple modèle. Nous cherchons à imiter Joseph et Marie.
·         Le silence de Joseph, homme silencieux. Une personne qui partage. Il partage les responsabilités avec les autres, avec Marie.
·         La spiritualité conjugale. Joseph accueille Jésus comme son propre enfant : savoir accueillir l’enfant de l’autre, comme son véritable enfant. Sans l’Esprit saint, il n’aurait pas eu toute cette grâce divine.
·         L’écoute des enfants. Les éduquer dans la prière. Respect mutuel et complémentarité.
·           La discrétion dans le couple. Quand il y a des problèmes, pourquoi raconter les problèmes au dehors, ou chercher des conseils à gauche, à droite ? Joseph, lui, a priè dans son cœur et écouté la voix de Dieu
·           Joseph est-il mort avant ou après Jésus ? Du moment que Jésus dit à Jean : « Voici ta mère », on peut imaginer que Marie était veuve.
·           Joseph ne s’impose pas, ni à Marie, ni à Jésus. Dieu non plus ne s’impose pas. Il ne fait pas de miracle pour nous obliger à croire en Lui. Dieu, c’est le père de l’enfant prodigue, qui  accepte de lui donner sa part d’héritage et de le laisser partir, mais qui monte chaque jour  sur la colline pour guetter son retour.
·           Il a une vocation spéciale : Joseph est aussi le modèle des religieux, des frères (la chasteté). Les gens mariés doivent vivre aussi dans la chastetè (un amour pur, qui se donne, qui cherche le bonheur de l’autre et non pas son propre plaisir).
·           Marie et Joseph forment un couple et une famille spèciale : la sainte famille. Mais le vrai modèle de la famille, c’est la Trinité, Dieu qui est amour.

+Cherchons comment vivre notre esprit de famille et notre amour, comme Dieu et avec Lui.


6.  Job = Que faire devant la souffrance et le mal ?

-10,6-9 : Je souffre, pourtant je suis innocent !
-21,7-16 : Pourquoi les méchants sont-ils heureux ?
-33,8-30 : Dieu nous envoie la souffrance pour nous purifier, et des anges pour la vivre dans la foi
-34,10-30 : Dieu est juste, il sait ce qu’il fait
-36,15-33 : La souffrance nous protège du péché. Savoir voir les merveilles de Dieu.
-38,1-21 : Qui est grand comme Dieu ?
-42,1-16 : Rendre grâces à Dieu

La figure de Job
Le livre de Job est un récit païen du 7° siècle avant Jésus-Christ, que les juifs ont connu pendant le temps de l’exil vers - 450 ans et qui a été inclus dans la Bible. Car Dieu nous parle aussi par la voix des païens.
Ce livre répond essentiellement à 3 questions :
1°) Pourquoi Dieu a-t-il permis que son peuple soit envoyé en Exil à Babylone ?  
2°) Pourquoi la souffrance et le mal dans le monde ?
3°) Qu’y a-t-il après la mort ? Selon les traditions négro-africaines, « les morts ne sont pas morts » : ils vont vivre au village des ancêtres. Selon la tradition juive, après la mort  il n’y a plus de vie véritable, les morts vont au Shéol, un lieu d’anéantissement.
Job se présente comme la figure de la souffrance et du mal. En effet, lorsque l’homme fait l’expérience de la souffrance et cherche son origine, sa première réaction, c’est de dire : » c’est Dieu qui l’a voulu », avec les questions qu’il se pose : Pourquoi Dieu permet-il que l’homme souffre ? Le peuple d’Israël va se poser ces mêmes questions à l’époque de l’exil. Pourquoi sommes-nous partis en exil ? Comment Dieu peut-il choisir un peuple qu’il sauve de l’esclavage de l’Egypte et puis le laisser mourir ? Pourquoi Dieu a abandonné son peuple ? Comment croire encore que Dieu est bon dans ces conditions ?
Souvent, dans la  souffrance, l’homme se demande encore « qui m’a envoyé ce malheur » ? Et alors il va chez les devins pour chercher les sorciers et autres personnes jalouses et méchantes, responsables de ses souffrances. Cela entraine accusations et divisions. Est-ce la solution ?
Pour les juifs, « la richesse c’est une bénédiction de Dieu » (voir 5,24-27 et 20,4-5). Donc si tu deviens pauvre, c’est que tu as péché contre Dieu. C’est une punition de Dieu
Le livre de Job est un livre de Sagesse.
Job est très riche et heureux. Dieu  permet à Satan de lui enlever tous ses biens. Job dit : » Dieu a donné, Dieu a repris, que le nom de Dieu soit béni ».
Satan attaque Job dans son propre corps. Il tombe malade et commence même à pourrir ! Job dit alors: « maudit soit le jour où je suis né »
Suit un long dialogue entre Job et ses trois amis : Aliphaz, Bildad, Sophar, pendant 36 chapitres. Dans cette recherche de l’origine du mal ou de la souffrance, c’est-à-dire pourquoi le mal, les amis de Job apportent ces réponses :
-Job souffre parce qu’il est pécheur. C’est une punition de Dieu
-IL souffre parce que Dieu vient le purifier
-Il souffre à cause de la justice de Dieu
Mais Job refuse d’admettre toutes ses réponses. Il dit « tout cela, ce sont des paroles, mais moi je souffre ».  1°) conclusion : quand nos frères souffrent, arrêtons de faire des longs discours. Restons simplement assis à côté d’eux sans rien dire, pour partager leurs souffrances. . La souffrance étant une réalité qui transcende l’homme, devant celle-ci, la meilleure attitude en face d’une personne qui souffre, c’est de savoir garder le silence. Il faut se taire devant la souffrance de l’autre.
Job  continue à dire que ses souffrances sont injustes et qu’il préfère mourir. Et qu’il n’a pas fait de péché. Ses amis lui demandent alors de s’adresser directement à Dieu. Ce qu’il fait. Voir par exemple, 10, 6-9 : Job dans sa souffrance, même s’il ne comprend pas l’origine de sa souffrance continue de prier et d’aimer Dieu
21, 7-16 : dans ce discours, la question du pourquoi le juste souffre rebondit. « Pourquoi les méchants restent-ils en vie et sont heureux ? ». Face à toutes ses interrogations, Job va affirmer son innocence au chapitre 29, 11-18. Et il rappelle tout le bien qu’il a fait : » je délivrais le pauvre en détresse, et l’orphelin sans appui…J’avais revêtu la justice comme un vêtement… »
Au chapitre 33, 8-30, arrive Elihou qui essaye de donner sens à la souffrance de Job. Il  donne une réponse perspicace, en montrant que Dieu est plus grand que l’homme même dans les moments de souffrance.
-Par la souffrance, Dieu vient nous purifier et nous préserver de la mort éternelle (16-18).
-Dieu ne laisse pas l’homme tout seul, il n’abandonne pas celui qui souffre, il envoie son ange secourir son âme (23-24)
- Il protège de la mort et fait entrer dans la lumière (28-30).
Nous pouvons voir dans tout cela l’annonce de Jésus, réconforté par un ange, le médiateur par excellence, qui nous sauve parce qu’il paie nos péchés pour nous ramener vers Dieu : « Job est le signe du Christ qui a souffert injustement pour nous. Il est le modèle du serviteur souffrant d’Isaie. Il est l’image de la lutte que le croyant doit mener dans le monde contre Satan et les forces du mal ». Après notre souffrance, après notre mort, Dieu nous ressuscite et nous fait entrer dans la lumière de la vie éternelle, c’est le signe de la Résurrection.

34, 10-30 : La réponse de Dieu à Job
V. 11- Je ne suis pas injuste
V. 14-15- Dieu maintient tout en vie. Même si Job souffre, il continue de vivre, et s’il vit dans la souffrance, ça signifie que c’est Dieu qui fait vivre.
V. 18-19- Dieu ne fait pas de différence entre les hommes
V. 21- Dieu connait notre vie
V. 27-28- Dieu entend les petits
V. 29- Dieu pardonne et sauve, il continue de sauver la société d’aujourd’hui, puisqu’il veille sur les pauvres.
36, 15-33
V. 15 Dieu sauve le pauvre de sa pauvreté, il est avec lui, il l’avertit
V. 18 Attention à la richesse qui peut nous détourner et nous éloigner de Dieu.
V. Garde-toi de te porter vers l’injustice. Donc la souffrance est un appel à la justice de Dieu.
L’hymne à la sagesse toute puissante de Dieu nous rappelle que même si nous ne comprenons pas l’origine de la souffrance, nous devons toujours faire confiance à Dieu parce qu’il est le sage dans tout ce qu’il fait. Job n’a pas de réponse à la c ause de ses souffrances, mais il a rencontré Dieu dans ses souffrances, et cela  lui suffit. « Il a rencontré un Dieu libre, qui veut l’homme libre »
Le chapitre 38, 11-21 parle de la dernière réponse que Dieu donne à Job. : Les miracles de la nature. Dieu est le Tout Puissant. En effet, Dieu demande à Job qui il est : As-tu crée le monde ? Nous sommes tout petits devant Dieu. Ne pas nous prendre pour le centre du monde.
Ce n’est pas Dieu qui est responsable de nos souffrances (Ch 38 à 41)Dieu parle avec Job même quand ce dernier perd toute sa fortune. Cette présence permanente de Dieu dans la vie de Job montre que Dieu, même au milieu de nos souffrances, continue de nous bénir. Nous pouvons nous plaindre dans la prière, mais ne jamais perdre l’espoir que Dieu marche avec nous. Job dit : »Jusqu’ici j’avais seulement entendu parler de toi. Maintenant mes yeux t’ont vu »
A la fin, Dieu donne raison à Job qui a crié au  milieu de ses souffrances et il donne tort à ses 3  amis qui l’ont accusé injustement. Et il demande à Job de prier pour eux.
Conclusion
Job est béni de Dieu, même quand il n’a plus rien. Et il va retrouver tous ses biens.
Se plaindre devant Dieu dans la souffrance n’est pas un manque de foi. Dieu accepte la colère de Job. Mais nous devons aider nos frères qui souffrent à transformer leurs souffrances en prière vers Dieu.
Ne jamais dire : »c’est la vie », parce que la souffrance est toujours injuste
Finalement en conclusion nous nous rendons compte que la souffrance et la mort sont incompréhensibles. Mais la foi nous fait sortir de notre propre souffrance pour nous ouvrir  à la souffrance des autres, et pour nous engager à lutter contre toute souffrance qui diminue l’être humain.
REPONSES DES CARREFOURS : qu’est-ce que la souffrance de Job nous inspire ?
-La foi pour faire supporter la souffrance
-L’humilité
-Se tourner vers Dieu plutôt que vers l’homme pendant les moments de souffrance
-La foi arme puissante de toute souffrance
-La prière
-La fidélité dans la confiance
-Ouverture à l’autre qui souffre
-Se plaindre, mais ne jamais mettre Dieu à l’épreuve
POUR ALLER PLUS LOIN :
Le livre de Job n’est qu’une étape dans la découverte de la foi. Déjà, dans la 1° Alliance, le livre de Daniel annonce la résurrection des corps (12,2). Le 2° livre   des Macchabées demande de prier pour les morts (7,11-12). La Sagesse parle de l’immortalité de l’âme (2,23 + 3,1-9)
Les psaumes reprennent les cris de Job (Ps 73,4+11-13) mais ils apportent l’espérance de pouvoir vivre pour toujours auprès de Dieu (Ps 16).
La réponse de Dieu- Jésus Christ
Jésus-Christ a lutté contre Satan toute sa vie
Il a soulagé la souffrance des hommes, guéri les malades et consolé ceux qui pleuraient
Jésus a refusé les accusations, il a refusé de chercher un responsable à la souffrance. Il dit de l’aveugle né : »Personne n’a péché : ni lui ni ses parents. Mais c’est pour que les actions de Dieu se montrent en lui » (Jean 9,3).La souffrance est un appel à la conversion. « Les Galiléens qui ont été tués par Pilate, et ceux qui ont été écrasés par la tour de Siloé n’étaient pas des plus grands pécheurs que vous. Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière » (Luc 13,5). Nous devons donc à tout prix laisser les accusations de sorcellerie. « Tu ne porteras pas de faux témoignage »
Il s’agit de vivre nos souffrances avec Jésus ; lui le Juste qui a souffert injustement. Qui a souffert dans la foi et la confiance en Dieu. Qui a offert ses souffrances par amour pour nous, pour effacer nos péchés et nous sauver. Le but n’est pas de savoir pourquoi je souffre, mais de vivre nos souffrances dans la foi en Dieu.
Arrêtons de dire : c’est Dieu qui l’a voulu. D’abord parce que nous sommes souvent nous-mêmes responsables de nos propres souffrances par nos manques de sérieux et notre mauvaise conduite.  Nous sommes souvent la cause de la souffrance des autres. « Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse ». La preuve : Les hommes méchants ont fait souffrir et tué Jésus, mis Dieu l’a ressuscité pour la joie éternelle. Et il nous ressuscitera avec lui. Le Sida n’est pas une punition de Dieu. Dieu ne punit pas, il pardonne.


5. EXTRAITS  DE LA LETTRE DE BENOIT XVI  POUR L’ANNEE DE LA FOI ( La porte de la foi)
N° 5 : Cette année de la foi nous demande non seulement de croire mais aussi d’agir selon notre foi. En ce 50ème anniversaire du Concile Vatican II, le Bienheureux Jean Paul II écrivait : « Les textes du Concile n’ont rien perdu de leur valeur ni de leur lumière. Ils doivent être lus d’une manière adaptée pour être connus et compris. Le Concile a été la grande grâce dont l’Eglise a profité au XXème siècle. Il nous donne une boussole  qui nous montre le chemin au début de ce XXIème siècle qui commence. »       

N° 6 : Cette année de la foi nous demande une vraie conversion nouvelle au Seigneur, l’Unique Sauveur du monde. Par la mort et la résurrection de Jésus, Dieu nous a montré l’amour qui nous sauve. Il appelle les hommes à changer leur vie et à laisser le péché (Actes 5, 31). Pour l’apôtre Paul, c’est cet amour qui conduit l’homme à une vie nouvelle (Romains 6, 4). Grâce à la foi, cette vie nouvelle transforme toute la vie des hommes. « La foi qui agit dans la charité » (Galates 5, 6) devient un nouveau signe d’intelligence et d’action qui change toute la vie de l’homme (Romains 12, 2 – Colossiens 3, 9-10 – Ephésiens 4, 20 à 29 – 2ème aux Corinthiens 5 à 17).

N° 7 : Aujourd’hui encore, un nouvel engagement de toute l’Eglise, plus fort, pour une nouvelle évangélisation est nécessaire pour retrouver la joie de croire et la joie de partager la foi. En effet, la foi grandit, quand elle est vécue comme l’expérience d’un amour que nous recevons, et quand elle est partagée comme une expérience de grâce et de joie.

N° 13 : Par la foi, les apôtres ont tout laissé pour suivre Jésus leur Maître (Marc 10, 28). Ils ont cru aux paroles par lesquelles Jésus annonçait le Royaume de Dieu qu’il faut rendre présent… Par la foi, les apôtres allaient par le monde entier en suivant le commandement de Jésus d’apporter l’Evangile à toutes les créatures (Marc 16, 15).
Par la foi, les disciples ont formé la première communauté regroupée autour de l’enseignement des apôtres, dans la prière et l’Eucharistie, en mettant en commun tout ce qu’ils avaient, pour aider leurs frères dans le besoin (Actes 2, 42 à 47).
Par la foi, de nombreux chrétiens ont mené des actions en faveur de la justice pour rendre réelle la Parole du Seigneur qui est venue annoncer la libération de tous ceux qui sont écrasés, et une année de grâce pour tous (Luc 4, 17 à 19).
Par la foi, au cours des siècles, des hommes et des femmes de tous les âges, dont le nom est inscrit au Livre de la Vie (Apocalypse 7, 9 + 13, 8). Ces hommes ont dit la beauté de suivre le Seigneur Jésus. Ils ont donné le témoignage de la vie chrétienne dans la famille, dans le travail, dans la vie publique de la société et en exerçant les dons et les qualités que Dieu leur avait donnés et le travail auquel Dieu les appelait.
                                                                                                                                                 
N° 14 : L’année de la foi sera aussi une très bonne occasion pour être les témoins de l’amour de Dieu. Saint Paul nous dit : « Maintenant il y a la foi, l’espérance et la charité. Mais la plus grande d’entre elles c’est la charité » (1ère aux Corinthiens 13, 13). Et l’Apôtre Jacques dit avec des paroles plus fortes, qui demandent à tous les chrétiens de s’engager : « Mes frères, à quoi cela sert-il de dire j’ai la foi, si je n’ai pas les actions. Est-ce que la foi peut le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un de vous leur dise : allez en paix, chauffez-vous et mangez bien, sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? C’est la même chose pour la foi. Si elle n’est pas accompagnée d’actions, elle est morte. Au contraire, on va te dire : Toi tu as la foi et moi j’ai les œuvres. Montre ta foi sans les œuvres, mais moi c’est par mes œuvres que je te montrerai ma foi « (Jacques 2, 14-18). La foi sans la charité ne porte pas de fruit… La foi et la charité s’appellent l’une l’autre, et l’une permet à l’autre d’être mise en pratique et de suivre son chemin. En effet beaucoup de chrétiens donnent leur vie avec amour à ceux qui sont seuls, mis de côté ou rejetés. Ils voient en eux le premier vers qui ils doivent aller et le plus important à soutenir, parce que c’est en ceux-là que se montre le visage même du Christ. Grâce à la foi, nous pouvons reconnaître dans tous ceux qui nous demandent notre amour, le visage de Jésus ressuscité : « tous ce que vous avez fait à ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25-40). Ces paroles du Seigneur, nous ne devons pas les oublier, elles nous invitent sans arrêt à apporter à nos frères cet amour, par lequel Dieu lui-même prend soin de nous. C’est la foi qui nous permet de reconnaître le Christ dans nos frères. Et c’est l’amour de Jésus-même qui nous pousse à le secourir à chaque fois dans notre prochain, sur le chemin de la vie. Nous sommes soutenus par la foi, nous regardons avec espérance notre engagement dans le monde et nos actions dans la société, et nous attendons « un ciel nouveau et une terre nouvelle, où la justice habitera » (2ème de Pierre 3, 13. Apocalypse 21, 1)



4. L’année de la foi :
Vous trouverez des propositions de plusieurs groupes et équipes, suivi d’extraits de la lettre de Benoit 16 : La porte de la foi

Réponse des carrefours sur l’année de la foi (Pikine)

C’est par mes actions que je montre ma foi (Jacques 2, 14-18)
                Comment vivre notre foi dans notre paroisse au niveau personnel et communautaire
·         Suivre Jésus dans toute notre vie
·         Reconnaître Jésus  dans les autres
·         Partager la Parole de Dieu entre nous et nous aider à la mettre en pratique
·         Eduquer nos enfants dans nos familles
·         Nous entraider
·         Agir par nous-mêmes sans toujours attendre les autres
·         Participer aux rencontres des communautés de quartier (CEB)
·         Que chaque chrétien soit engagé au moins dans une structure de la paroisse (catéchèse, mouvements, chorales, groupes de prière etc.)
·         Respecter les idées du prochain et être ouvert aux autres.
·         Contribuer à la vie matérielle de l’Eglise
·         Aider ceux qui sont dans le besoin
·         Prier pour nos frères et sœurs et les soutenir spirituellement
·         Avoir l’humilité et l’esprit de dépassement, être simple et proche des autres
·         Vivre un véritable esprit de famille entre nous
·         Eviter  les préjugés et les jalousies
·         Chercher le pardon et la réconciliation
·         Visiter les malades
·         Aller voir les chrétiens qui ne viennent plus prier

                Au niveau de la société (dans le quartier)
·         Connaître nos voisins et leur parler
·         Lutter contre l’alcoolisme et la drogue
·         Aider les jeunes à bien vivre
·         Essayer de leur donner une véritable éducation sexuelle
·         Apprendre à vivre avec les musulmans dans le respect de leur foi de chacun
·         Participer aux actions menées dans le quartier : nettoyage (opération set setal), activités des ASC (associations socio culturelles), aménagement du quartier (lutte contre les inondations) etcAccepter de prendre des responsabilités dans le quartier.
·         Soutenir  les actions du Comité Justice et Paix, défendre les droits des gens, soutenir les petits  


SYTHESE CAUSERIE   POUR LES FILLES DU CENTRE DE COUTURE ( avec le Père Armel)  Comment vivre l’année de la foi ?


·        Aimer nos proches
·        Pardonner, partager, s’entraider
·        S’engager dans l’Eglise (sa paroisse)
·        Vivre en communauté (communion avec Jésus et les autres)
·        Participer aux groupes de prière
·        Prier personnellement, à la maison et à l’église
·        Partager la Parole de Dieu dans les communautés de quartiers et la mettre en pratique
·        Aller régulièrement à la messe surtout le dimanche et les jours de fête

Exemple :

·        Venir à l’heure au centre
·        Témoigner et vivre sa foi
·        Se confesser régulièrement
·        Vivre dans la paix et la joie avec ses compagnes
·        Cultiver l’entente autour de soi

SYNTHESE DU CARREFOUR SUR L’ANNEE DE LA FOI

Question : Comment vivre et faire vivre l’année de la foi ici à Nord Foire -Dakar?

Avoir la volonté de nourrir notre foi d’une façon permanente.
Ø  Respecter la liberté des autres.
Ø  Organiser une conférence sur « l’année de la foi » (pour adultes et enfants).
Ø  Donner un cours sur les témoins bibliques de la foi tous les mardis à 19h
Ø  Suivre les personnes nouvellement baptisées ou reconverties à la foi chrétienne, au niveau des CEB, des mouvements et autres groupes.
Ø  Visiter les chrétiens moins engagés au niveau des CEB, dans les quartiers.
Ø  Développer l’amitié entre membres de la CEB et de la Paroisse.
Ø  Apporter divers témoignages d’engagements
Ø  Travailler avec la Caritas : dons, aides, mais surtout petits projets de développement : AGR, micro crédits….
Ø  Mette en place un comité de Justice et Paix
Ø  Eduquer et soutenir la foi de nos enfants.
Ø  Prendre en compte les problèmes des jeunes (l’apostasie pour avoir un travail ou se marier) et veiller au rôle des familles.
Ø  Proposer des occasions de louanges.
Ø  S’engager dans les activités du quartier en tant que chrétiens.
Ø  Assister aux sessions à la Centrale des œuvres (23 mars…).
Ø  Parrainage des enfants.
Ø  Identifier les travailleurs et les personnes en recherche de travail.
Ø  Participer aux activités de la paroisse, comme : l’Alphabétisation, les Activités de Jeunesse et les différentes associations.
Ø  Aider à la régulation des mariages et soutenir les couples en difficulté
Ø  Se recueillir fréquemment pour prier personnellement dans le silence.
Ø  Faire une base de données : personnes ressource, Qualification, etc...pour fournir et trouver des travailleurs
Ø  Veiller à notre comportement et à notre habillement, pas seulement dans l’église, mais dans toute notre vie : quartier, école et travail, soirées dansantes (Service d’accueil + rôle de sensibilisation du Conseil Pastoral Paroissial).
Ø  Communication dans la Paroisse = Secrétariat à mettre en place.
Ø  Offrir aux chrétiens informations et textes de formation (Horizons Africains / La Porte de la Foi / Prions en Eglise / Magnificat).
Ø  Mettre en valeur une phrase du crédo pendant la messe, chaque dimanche
Ø  Expliquer et en visualiser les signes et les symboles de la foi pendant les cérémonies dominicales (tableaux, photos, gestes...)


-Voici maintenant quelques réflexions sorties d’une rencontre avec les femmes, à la Maison d’Arrêt de Liberté 6.
-          Nous devons vivre notre foi à plusieurs niveaux : au niveau personnel, dans notre famille, dans la communauté chrétienne, en allant chercher ceux qui ne prient plus, avec les gens des autres religions, en particulier dans les mariages mixtes entre chrétiens et musulmans.
-          Nous demander aussi pourquoi certains ont quitté l’Eglise : par manque de connaissances, par pauvreté (on se fait musulman pour avoir un travail), au moment du mariage pour les jeunes filles.
Face à cela, l’amitié entre chrétiens et les visites sont très importantes. Et il faut faire attention à ne pas être durs, et à ne pas condamner ceux qui ont quitté l’Eglise, mais plutôt chercher à les rencontrer.
Cette année de la foi sera vécue aussi en lien avec le Synode sur la nouvelle évangélisation (voir plus loin), le 50ème anniversaire du Concile Vatican II, la mise en pratique du 2ème Synode pour l’Afrique : l’engagement de l’Afrique, et le 3ème Plan d’Action Pastorale.
On donnera une grande place à l’éducation chrétienne des enfants (d’où le rôle très important des parents et des mouvements d’action catholique), et au partage de la Parole de Dieu dans les CEB et les mouvements, pour mieux connaître et mieux aimer Jésus Christ.
Nous chercherons à participer aux activités qu’on va nous proposer : Pas seulement la récitation chaque jour du chapelet, les pèlerinages, la Journée Mondiale des Jeunes et les autres rassemblements. Mais surtout la charité dans la vie de chaque jour et l’engagement dans le quartier.
Nous étudierons aussi les textes du Concile Vatican II et le catéchisme de l’Eglise catholique. Nous chercherons à connaître la vie des saints et la vie des témoins de la foi d’aujourd’hui.


L’année de la foi :
                Sans vouloir critiquer ni juger personne, nous constatons que la foi n’est pas très forte chez un certain nombre de chrétiens. Non seulement ils manquent de connaissances sur l’Evangile et la foi chrétienne en général, mais ils manquent surtout de conviction. Ils ne sont pas suffisamment décidés et engagés.
1-La première chose à faire bien sûr, c’est de se former. Pas seulement réciter le « Je crois en Dieu », mais chercher à le comprendre et surtout à le vivre. Apprendre à méditer  l’Evangile et à le prier,
2- Pour certains, la foi se limite souvent à une morale : garder les 10 commandements. Ces 10 commandements qui sont connus, aussi bien des musulmans que de nos ancêtres, et ne sont donc pas typiquement chrétiens. On en reste alors à l’Ancien Testament. La foi chrétienne au niveau de la connaissance, c’est d’abord les Béatitudes et le « commandement » de l’amour. Car la foi ce n’est pas seulement une connaissance, c’est une vie d’amour. Aimer Jésus-Christ (et pour cela bien sûr il faut le connaître), vivre comme Lui et surtout vivre avec Lui.
3- Pour beaucoup, la foi se limite aux sacrements, aux prières et à la liturgie. Elle n’est pas engagée dans la vie de tous les jours, et encore moins dans la société.
4- La façon de vivre la foi est souvent fermée sur l’Eglise. On reste entre chrétiens, on n’a pas suffisamment le souci de vivre avec les autres, et de les évangéliser, d’où l’importance du Synode actuel sur la nouvelle Evangélisation. Jésus a admiré la foi des païens. C’est la Cananéenne qui l’a poussé à aller vers les gens des autres religions (Marc 7,24). Jésus a dit de l’officier romain, un étranger et un païen : « je n’ai jamais vu une telle foi en Israël » (Mat 8,10). Et il disait à la Samaritaine « Dieu cherche des adorateurs en esprit et en vérité » (Jean 4,23). Notre foi doit nous pousser à reconnaître et à admirer la foi des autres, à voir leurs  valeurs et tout le bien qu’ils font, en reconnaissant également leur originalité et leurs différences. Trop souvent on dit : nous sommes tous pareils, nous sommes tous croyants, nous croyons dans le même Dieu. C’est un grand appauvrissement. C’est dans la mesure où nous reconnaissons les valeurs et les différences des gens des autres religions, que nous pourrons les admirer, nous compléter et agir ensemble.

EXTRAITS  DE LA LETTRE DE BENOIT XVI  POUR L’ANNEE DE LA FOI ( La porte de la foi)
N° 5 : Cette année de la foi nous demande non seulement de croire mais aussi d’agir selon notre foi. En ce 50ème anniversaire du Concile Vatican II, le Bienheureux Jean Paul II écrivait : « Les textes du Concile n’ont rien perdu de leur valeur ni de leur lumière. Ils doivent être lus d’une manière adaptée pour être connus et compris. Le Concile a été la grande grâce dont l’Eglise a profité au XXème siècle. Il nous donne une boussole  qui nous montre le chemin au début de ce XXIème siècle qui commence. »       

N° 6 : Cette année de la foi nous demande une vraie conversion nouvelle au Seigneur, l’Unique Sauveur du monde. Par la mort et la résurrection de Jésus, Dieu nous a montré l’amour qui nous sauve. Il appelle les hommes à changer leur vie et à laisser le péché (Actes 5, 31). Pour l’apôtre Paul, c’est cet amour qui conduit l’homme à une vie nouvelle (Romains 6, 4). Grâce à la foi, cette vie nouvelle transforme toute la vie des hommes. « La foi qui agit dans la charité » (Galates 5, 6) devient un nouveau signe d’intelligence et d’action qui change toute la vie de l’homme (Romains 12, 2 – Colossiens 3, 9-10 – Ephésiens 4, 20 à 29 – 2ème aux Corinthiens 5 à 17).

N° 7 : Aujourd’hui encore, un nouvel engagement de toute l’Eglise, plus fort, pour une nouvelle évangélisation est nécessaire pour retrouver la joie de croire et la joie de partager la foi. En effet, la foi grandit, quand elle est vécue comme l’expérience d’un amour que nous recevons, et quand elle est partagée comme une expérience de grâce et de joie.

N° 13 : Par la foi, les apôtres ont tout laissé pour suivre Jésus leur Maître (Marc 10, 28). Ils ont cru aux paroles par lesquelles Jésus annonçait le Royaume de Dieu qu’il faut rendre présent… Par la foi, les apôtres allaient par le monde entier en suivant le commandement de Jésus d’apporter l’Evangile à toutes les créatures (Marc 16, 15).
Par la foi, les disciples ont formé la première communauté regroupée autour de l’enseignement des apôtres, dans la prière et l’Eucharistie, en mettant en commun tout ce qu’ils avaient, pour aider leurs frères dans le besoin (Actes 2, 42 à 47).
Par la foi, de nombreux chrétiens ont mené des actions en faveur de la justice pour rendre réelle la Parole du Seigneur qui est venue annoncer la libération de tous ceux qui sont écrasés, et une année de grâce pour tous (Luc 4, 17 à 19).
Par la foi, au cours des siècles, des hommes et des femmes de tous les âges, dont le nom est inscrit au Livre de la Vie (Apocalypse 7, 9 + 13, 8). Ces hommes ont dit la beauté de suivre le Seigneur Jésus. Ils ont donné le témoignage de la vie chrétienne dans la famille, dans le travail, dans la vie publique de la société et en exerçant les dons et les qualités que Dieu leur avait donnés et le travail auquel Dieu les appelait.
                                                                                                                                                 
N° 14 : L’année de la foi sera aussi une très bonne occasion pour être les témoins de l’amour de Dieu. Saint Paul nous dit : « Maintenant il y a la foi, l’espérance et la charité. Mais la plus grande d’entre elles c’est la charité » (1ère aux Corinthiens 13, 13). Et l’Apôtre Jacques dit avec des paroles plus fortes, qui demandent à tous les chrétiens de s’engager : « Mes frères, à quoi cela sert-il de dire j’ai la foi, si je n’ai pas les actions. Est-ce que la foi peut le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un de vous leur dise : allez en paix, chauffez-vous et mangez bien, sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? C’est la même chose pour la foi. Si elle n’est pas accompagnée d’actions, elle est morte. Au contraire, on va te dire : Toi tu as la foi et moi j’ai les œuvres. Montre ta foi sans les œuvres, mais moi c’est par mes œuvres que je te montrerai ma foi « (Jacques 2, 14-18).
La foi sans la charité ne porte pas de fruit… La foi et la charité s’appellent l’une l’autre, et l’une permet à l’autre d’être mise en pratique et de suivre son chemin. En effet beaucoup de chrétiens donnent leur vie avec amour à ceux qui sont seuls, mis de côté ou rejetés. Ils voient en eux le premier vers qui ils doivent aller et le plus important à soutenir, parce que c’est en ceux-là que se montre le visage même du Christ. Grâce à la foi, nous pouvons reconnaître dans tous ceux qui nous demandent notre amour, le visage de Jésus ressuscité : « tous ce que vous avez fait à ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25-40). Ces paroles du Seigneur, nous ne devons pas les oublier, elles nous invitent sans arrêt à apporter à nos frères cet amour, par lequel Dieu lui-même prend soin de nous. C’est la foi qui nous permet de reconnaître le Christ dans nos frères. Et c’est l’amour de Jésus-même qui nous pousse à le secourir à chaque fois dans notre prochain, sur le chemin de la vie. Nous sommes soutenus par la foi, nous regardons avec espérance notre engagement dans le monde et nos actions dans la société, et nous attendons « un ciel nouveau et une terre nouvelle, où la justice habitera » (2ème de Pierre 3, 13. Apocalypse 21, 1)


3. Le prophète Amos
Amos a vécu au temps du Roi Jéroboam 2 vers -750 avant Jésus Christ. Il habitait dans le royaume du Juda ; un pays extrêmement prospère du point de vue économique, religieux et politique grâce à ses alliances avec d’autres pays. Mais cette richesse est bâtie sur une très grande injustice et une inégalité sociale. Amos est un petit berger qui a une vie pauvre et très simple. Mais il était d’une grande sagesse et réfléchissait sur la situation désastreuse de son pays. Dieu l’appelle à son service, un appel auquel il répond de tout cœur.
I-                   L’annonce de Dieu
Qui est Dieu aux yeux du prophète Amos ?
Am 9, 5-8 : Dieu apparait aux yeux d’Amos comme :
-L’être suprême, le tout puissant créateur
-Le Dieu présent dans l’histoire des hommes, un Dieu sauveur
-Le Dieu d’amour qui pardonne les péchés de l’homme
1, 3-8 : Dieu condamne les peuples pour leurs crimes commis contre les délaissés. Il défend son peuple contre les attaques philistines, mais au-delà de son peuple, Dieu défend et protège tous les peuples, puisqu’il défend aussi le peuple d’Edom contre Moab. Cf. 2, 1-3.
-En 7, 12-15, Amos, au nom de Dieu fait des reproches au peuple qui chasse les prophètes. En effet, dans  l’histoire jusqu’au contexte présent, les annonciateurs de la parole de Dieu ont toujours été victimes de répression. Par notre baptême ; nous sommes tous appelés à annoncer la Bonne Nouvelle du salut, une annonce qui fait souvent face à une résistance et va jusqu’à mettre en danger les prédicateurs de l’Evangile. Mais notre force, comme pour Amos, c’est le Seigneur.
2)      Religion et culte : 4, 4-5 ; 5, 4-7
Amos attaque la fausse religion, il dénonce les pratiques cultuelles, puisque le peuple organise des grands pèlerinages, mais s’abstient de pratiquer la justice de Dieu. Amos fait comprendre au peuple que Dieu demande la prière, les pèlerinages et les sacrifices, mais ce qui compte avant tout, ce qu’il aime, c’est la pratique de la justice. C’est à cela que la prière doit aboutir. Le peuple a un cœur tourné vers la richesse, au point de manquer toute considération à l’égard des personnes délaissées. Amos dénonce donc ce culte qui ne rend pas justice aux pauvres. Cf.10, 15 ; 21, 27.
3)      La vie sociale : 6, 4-7 ; 8, 4-7
C’est une société riche, qui se laisse emporter par la recherche du plaisir et de l’argent. Et cette richesse est bâtie sur l’exploitation des pauvres. Dieu étant amour n’accepte pas l’exploitation des pauvres.. Le message qu’Amos nous lance en cette année de la foi, c’est de pratiquer la justice partout où nous sommes. Est-ce que sommes-nous vraiment engagés dans notre société pour le combat de la justice ? Notre société d’aujourd’hui n’est-elle pas construite sur les principes d’inégalités ? Que faisons-nous concrètement pour lutter contre les injustices ?
6, 1-3 et 7, 1-6, ces versets montrent que la société est construite sur le principe de violence et de force. Pour cela, Amos appelle  au peuple de se tourner vers Dieu, en montrant que sa sécurité doit être  fondée sur Dieu et non pas sur la force des armes ni la violence. Le prophète Amos va annoncer la conséquence de cette conduite : l’exil à Babylone
-Le prophète fait deux visions : L’envahissement des sauterelles et le feu. Contre ce malheur qui s’annonce contre le peuple, Amos implore la miséricorde de Dieu en demandant à Dieu de renoncer au châtiment. C’est un message fondamental qu’Amos adresse à chaque baptisé : nous sommes des prophètes à l’image d’Amos au milieu de nos frères et sœurs, et notre mission consiste à prier Dieu pour une société juste, d’intervenir avec nos frères pour dénoncer et construire notre pays. Dieu reçoit toujours la demande de pardon de ses enfants, à condition que le peuple se ressaisisse et suive le droit chemin.
En 4, 6-12, Dieu envoie tous les fléaux contre le peuple, mais il finit par pardonner au peuple. Aujourd’hui, le Seigneur nous envoie des signes dans notre vie, mais est-ce que savons-nous les reconnaitre ? L’enseignement du concile Vatican II sur ce sujet, consistait à nous faire comprendre que Dieu agit dans notre société et nous devons apprendre à lire les signes des temps. Le carême est un temps qui nous fait grandir dans la foi, qui nous aide à reconnaitre à quoi Dieu nous appelle, pour le vivre concrètement dans la société.
Question de réflexion : Qu’est-ce que Amos enseigne ? A quoi cela nous appelle-t-il ?
Eléments de réponse
-Dieu nous appelle à appliquer la justice autour de nous, à nous convertir et à lutter contre l’injustice.
-Au Sénégal, les chrétiens doivent être dans les hautes instances politiques de prise de décision, pour pouvoir influencer la pratique de  la justice.
-chercher Dieu dans la vérité.
-Avoir une fois intériorisée et vécue dans le fond du cœur.
-Lutter contre  les inégalités et les discriminations.
-Discerner ce que Dieu attend de nous, savoir répondre à l’appel de Dieu dans notre monde d’aujourd’hui.
-La parole de Dieu est actuelle.
-Dénoncer les injustices, la corruption dans nos milieux de vie : CEB, quartier, famille, lieu de travail, etc…..
-Agir ensemble, s’engager dans le comité justice et paix, mais aussi dans la société civile et dans les partis politiques.
 3) Lectures à préparer pour le mardi 5 Mars: JUDITH = enfin une femme!
- la prière des Israélites: 4,9-13
- l'histoire du peuple hébreu: 5, 5-21
- Judith, modèle de femme: 8,1-8; pleine de courage: 8,9-27
- la prière de Judith: 9, 5-14: Dieu vient au secours des faibles et des écrasés
- la prière du grand prêtre Ozias: 13,16-20
- le chant de Judith: Dieu nous sauve = 16,13-17. 
N.B. Bien sûr, si vous avez le temps, vous pouvez lire tout le livre.



2 .ANNEE DE LA FOI  MARDIS DE Carême aux Martyrs : LES GRANDS TEMOINS DE LA FOI
1) Pour les témoins de la foi proposés:
- Abraham: la foi
- Amos: contre l'injustice
- Judith: la femme courage
- Job: la souffrance et la mal
- Joseph, le mari de Marie: l'homme et la famille

2) Pour la façon de travailler:

A la fin de la rencontre : annoncer le thème de la semaine suivante et donner quelques références bibliques à lire (à imprimer et distribuer si possible)

Déroulement de la séance
1) Partage: Que connaissent-ils du personnage? Que nous dit-il sur la foi?
2) Complément par moi-même
   réponse aux questions
3) Petits carrefours sur place (6x6) avec 1 ou 2 questions d'approfondissement
4) Mise en commun et conclusions

-Prévoir un ou 2 tableaux et de la craie, pour le partage et la mise en commun
- Prévoir un secrétaire pour garder des traces, et même si possible distribuer la synthèse à la réunion suivante

3) Pour préparer la 1° rencontre sur Abraham, homme de foi, lire si possible:
Genèse 12, 1-9: l'appel d'Abraham
Hébreux 11,8-16 et Galates 3,6-9: la foi
Genèse 15: l'Alliance avec Dieu et Romains 2,26-28
Genèse 17: la circoncision et Romains 8,14-17 et Hébreux 13,1-6: nous sommes enfants de Dieu
Genèse 18,1-15: l'arbre de Mambré: la Trinité
Genèse 22: le sacrifice d'Isaac
Genèse 21, 13-20: Ismael
Genèse 21, 22-25: Abimélek

. La figure d’Abraham (compte-rendu de la 1° rencontre)
Abraham est notre ancêtre dans la foi. Il habitait en Mésopotamie dans un village du nom d’Our, dans l’actuel Irak, vers 1850 avant Jésus Christ. Son pays avait une grande civilisation. Abraham quitta son pays sous l’ordre de Dieu et se rendit dans un pays étranger du nom d’Harran, en Turquie, près de l’actuelle Syrie. Abraham était un nomade. Quand il quitta son pays pour Harran, il se déplaça avec son troupeau. Il va connaitre la période de la sécheresse qui le poussa à aller en Egypte. Abraham a foi en Dieu : A chaque étape, il construit un autel à Dieu (Gen 12,7).
Toutes ses données révèlent qu’Abraham n’est pas une figure légendaire, c’est une personne qui a bel et bien existé. L’histoire d’Abraham nous assure que la Parole de Dieu est vivante encore aujourd’hui, puisque le pays d’Abraham existe encore jusqu’à nos jours. Avec tous les problèmes, guerres et attentats en Irak, Syrie et Egypte. Nous prions pour eux
Vocation d’Abraham
Cf. Gn 12, 1-2. C’est Dieu qui appelle Abraham et lui demande de quitter son pays. C’est Dieu qui nous appelle à la foi. Et l’obéissance à son appel nous demande de faire passer Dieu avant la famille. Car parfois notre famille nous empêche de suivre le chemin de Dieu. Par exemple, en cas de maladie, au moment de la mort, pour les questions d’argent et de mariage… L’obéissance  inconditionnelle à l’appel de Dieu, Jésus l’a recommandé aussi à ses disciples : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ! ». Toutefois, répondre à l’appel de Dieu ne veut pas dire laisser matériellement sa famille.
Paul nous parle d’Abraham. De Gal 3, 6-9, nous concluons que nous sommes tous bénis de Dieu. Les fils d’Abraham sont ceux qui ont la foi en Dieu, y compris les païens. Ils sont eux aussi appelés à la foi. La foi ne se vit pas seule, et elle est à partager avec tout le monde. Le chrétien ne doit pas s’enfermer sur soi-même, ni même dans sa CEB ou son Eglise,  il reçoit la foi pour la transmettre aux autres. Vivre notre foi avec les autres, cela nous demande d’agir avec les non-chrétiens et de nous engager dans la société.
En He 11, 8-16 nous apprenons qu’Abraham attend la cité qui a pour fondation Dieu Lui-même. Ceci nous invite à notre tour de construire notre pays en ayant comme fondation Dieu. Mais nous sommes également invités à vivre comme les citoyens du ciel, « étrangers et voyageurs sur la terre », puisque nous sommes dans le monde sans appartenir au monde (Jean 15,18-27).
NB : Jésus est Lui aussi descendant d’Abraham (Mat 1,11)
L’Alliance
Dieu fait Alliance avec Abraham, la circoncision est le  signe de cette Alliance. C’est une étape importante, un signe de conversion par lequel on se donne totalement à Dieu. Ce n’est pas un signe extérieur, comme un croix ou une médaille, mais un signe dans sa propre chair, qui marque l’homme tout entier et profondément. La circoncision fait partie de nos traditions, et Jésus Lui-même a été circoncis (Luc 2,21). Mais Paul va lui donner un sens beaucoup plus large, en Rm 2, 25-28 : la circoncision n’a de valeur que si on garde les commandements de Dieu. Celui qui n’est pas circoncis et qui garde les commandements de Dieu entre dans l’Alliance. C’est la circoncision du cœur qui sauve l’homme et non pas celle de la chair. Pour nous aujourd’hui, le signe de cette Alliance, c’est le baptême. De même, si on est baptisé mais qu’on ne garde pas les commandements de Dieu, notre baptême ne sert à rien. La foi se montre par les œuvres, comme l’exprime clairement Saint Jacques (2,14-23)
-Rm 8, 14-17 nous donne la deuxième condition pour vivre l’Alliance. En effet, avoir la foi, c’est être conduit par le Saint-Esprit. Une vraie foi doit toujours se laisser guider par l’Esprit. Le chrétien qui s’ouvre à l’Esprit-Saint, reste constamment à l’écoute celui-ci. En ce temps de Carême, il est important de prendre chaque jour au moins 5 minutes en silence, pas pour réciter des prières mais pour écouter le Saint Esprit au plus profond de notre cœur.
La troisième condition pour rester fidèle à l’Alliance, c’est la confiance en Dieu : « Ne crains pas, Abraham ! ». Le chrétien, est celui qui garde toute sa confiance en Dieu notre Papa, même dans les moments d’épreuves et de souffrances : « tes descendants seront esclaves en Egypte. On les fera souffrir pendant 400 ans…Mais ils sortiront ensuite avec de grands biens. Pour toi, tu t’en iras en paix avec tes pères » (Gen 15,12-14). Le croyant garde toujours confiance, parce que tout simplement, il marche en présence du Seigneur, comme Abraham. Si Dieu est notre Père, cela signifie que nous devons nous tenir petits devant Lui, comme un enfant. Et aussi petits devant nos frères et sœurs. La confiance d’Abraham en Dieu lui a porté justice. Et il est devenu le père « d’un peuple de croyants, aussi nombreux que les étoiles du ciel » (Gen 15,5).
Abraham l’ami de Dieu.
Une autre condition pour maintenir l’Alliance avec Dieu, c’est une foi personnalisée. Gn 18, 1-8 parle de l’accueil de trois personnes avec qui Abraham parle au singulier : c’est l’image de la Sainte Trinité : Dieu un, amour et famille.
Abraham rencontre Dieu par l’hospitalité : la foi est hospitalité, accueil de Dieu et en même temps du prochain. He 13, 1-6 confirme l’importance de l’accueil : « grâce à l’hospitalité, certains ont accueilli des anges, sans le savoir ». Avec les conséquences pratiques : » souvenez-vous des prisonniers et de ceux qui sont maltraités, respectez le mariage, laissez l’amour de l’argent et l’avarice. Le Seigneur est mon secours. Je n’ai pas peur. Que peut me faire un homme ? »
Le repas d’Abraham est le signe de l’eucharistie qui consolide notre communion avec Dieu, et nous fait entrer dans son Alliance, qui donne la vie au monde (comme Abraham qui donne vie à un enfant). La communion avec Dieu nous rend capable de communier avec le prochain et nous aide à grandir dans la communion avec tous.
L’Intercession d’Abraham pour Sodome
Gen 18,20-19,29 : Il s’agit ici de l’inconduite sexuelle des habitants de cette  ville,  que Dieu veut anéantir à cause du non respect des bonnes mœurs. Face à cette situation, Abraham intercède auprès de Dieu, pour implorer la miséricorde divine. C’est encore notre responsabilité aujourd’hui.
Le chrétien a une responsabilité dans le monde, celle de manifester une sexualité vécue dans l’amour et le respect de l’autre, comme Dieu le veut. Et aussi de respecter les étrangers venus parmi nous. L’homosexualité a toujours existé au Sénégal, mais elle se développe et veut se montrer publiquement. Et certains voudraient même la défendre comme un droit à l’égalité ! Bien sûr, en tant que chrétiens, nous ne pouvons pas accepter cela. Par contre, ceux qui vivent dans la prostitution et l’homosexualité, quand bien même ils transgressent le commandement de Dieu, méritent d’être respectés, à cause de leur dignité d’enfant de Dieu, que nous les aidons à vivre à nouveau.
Abraham, Père de tous les croyants
Dans la culture du pays d’Abraham, on offrait en sacrifice son premier né aux dieux. C’est cette offrande qu’Abraham lui aussi a voulu faire à Dieu, en sacrifiant son fils Isaac. Mais Dieu défend à Abraham de poser un tel acte : Il ne peut pas accepter que l’on tue ses enfants. Cela pose le problème de l’inculturation de l’Evangile. Notre culture vient de Dieu, nous devons vivre donc notre foi dans notre propre culture. Toutefois, les pratiques de notre culture doivent être purifiées par l’Evangile. Tout ce qui est contre-valeur dans la culture doit être transformé par l’Evangile pour faire de que Dieu veut vraiment.
Le sacrifice d’Isaac est aussi l’annonce de la foi de Jésus et de son sacrifice. Rm 8, 31-39 nous montre comment Dieu a livré son propre Fils, pour le salut de toute l’humanité. Avec la conséquence directe : rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu.
Quand Dieu empêche Abraham de tuer son fils, c’est le signe que Dieu ne veut pas la mort. Il nous ressuscitera après notre mort (Heb 11,17-18).
Gn 21, 13-26 : bien qu’Ismaël ne soit pas le fils de la promesse, Dieu ne le rejette pas, il le bénit plutôt et le protège. Nous sommes les enfants de la promesse en Jésus-Christ. Ce privilège ne doit pas nous pousser à rejeter ceux qui ne sont pas chrétiens, par exemple les musulmans, ni ceux qui n’ont pas la foi. Nous devons leur manifester un respect, qui nous conduit à agir ensemble avec eux. Même si Dieu a choisi Isaac, il ne rejette pas Ismaël. Les musulmans, comme les juifs, sont fils d’Abraham et croyants, comme nous. Et ils célèbrent le sacrifice d’Isaac à la Tabaski (l’Aïd el Kebir).
. NB : Le temps nous a manqué pour parler des sacrifices traditionnels…mais toujours actuels ! (voir Gen 15, 5-18 : 2° dimanche de Carême année C)
Question en petits groupes : comment vivre notre foi aujourd’hui à l’exemple d’Abraham ?
Quelques réponses :
-Imiter la qualité de l’écoute d’Abraham à la parole de Dieu.
-Avoir une foi attentive et authentique comme celle d’Abraham.
-Imiter la convivialité d’Abraham ; c’est-à-dire faire toujours bon accueil à l’autre.
-Chercher à mieux connaitre Dieu dans notre vie pour l’aimer davantage, et être capable aussi d’aimer le prochain.
-Vivre l’Evangile de manière plus simple.



1. Recollection des Responsables des CEB et des Groupements de Don BOSCO
2décembre 2012. Modérateur : Père Armel DUTEIL. Trois points sont retenus pour la journée : L’avent, L’année de la foi, La nouvelle évangélisation.
1)       L’Avent
L’Avent  se définit comme l’attente de la venue de Jésus ou l’avènement de Jésus. C’est l’attente de la Gloire de Dieu. Alors Jésus vient (revient), il faut l’accueillir. Comment?
a.     Par l’Eucharistie, la prière, la Parole de Dieu, la confession (les sacrements).
b.     A travers les autres. Regard spécial vers les pauvres, les prisonniers, les aveugles, les écrasés et les dominés. Le Fils de Dieu qui vient dans sa gloire (Mt 25, 33-46) offre aux pauvres la liberté et la dignité humaine en les débarrassant de leur fardeau sous toutes ses formes (prison, débauche, aveuglement…). La venue de Jésus marque une année de grâce (Lc 4, 17-21) – Libération totale.
c.     Le Royaume de Dieu. Illustré par les paraboles comme la graine de moutarde si petite mais qui donne un grand arbre, sur lequel viennent se poser les oiseaux. Comme le levain dans la pâte, qui illustre l’importance d’agir dans le monde. Les qualités du Royaume de Dieu : la grâce, l’amour, la paix, la justice, la vérité et la réconciliation…(Voir la préface du Christ Roi). Nous devons apprendre à découvrir les Signes de l’avènement du Royaume de Dieu. C’est la prière de contemplation : voir Jésus dans nos frères et l’action de Dieu dans le monde (les signes des temps). Le Royaume de Dieu est à construire avec tous.

1.    L’année de la foi L’année de la foi s’articule sur les axes suivants :
Ø  Se former, comprendre la Parole de Dieu. La formation pour fortifier sa foi est importante. Il faut aussi le partage de la Parole de Dieu, surtout pendant les réunions. Prier personnellement et à partir de notre vie, pas seulement réciter les prières traditionnelles. Les commandements. C’est un minimum. Pas seulement les 10 commandements, mais toute la parole Dieu, de l’ancien au nouveau testament. S’imprégner de la force des béatitudes. Développer l’amour avec Jésus – le  personnaliser.
Ø  Engagement.  L’engagement ne se limite pas à la prière et la liturgie. Pas de foi sans actions ( Jacques 2,14-18). 
Ø  Foi ouverte. Nous accepter entre croyants avec nos différences, pour nous compléter. Cas de la Samaritaine - Jésus parle avec elle et elle va l’annoncer …. Cas du Centurion : ils viendront de l’est et de l’ouest et prendront place au repas du Royauume : ce sont ses paroles que nous redisons dans la prière avant la communion « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, dis seulement une parole et je serais guéri ». Jésus dit à la cananéenne (une paienne) : femme, ta foi est grande. Et c’est le lépreux samaritain qui est venu dire merci à Jésus, quand il a été guéri
Ø  Vivre notre foi à tous les niveaux : personnel, en famille, dans la CEB et les autres groupes, avec ceux qui ne prient plus et ont abandonné l’Eglise, au travail et dans la société (nouvelle Evangélisation).
Ø  En lien avec la vie de l’Eglise : 50e anniversaire du Concile Vatican 2, 20° anniversaire du Catéchisme catholique, Synodes : nouvelle évangélisation; Engagement de l’Afrique (Africae munus), 3e PAP (Plan d’Action Pastoral)….
Ø  Conclusions retenues lors de la Rencontre des femmes. On retient les conclusions de la rencontre des femmes de la prison :
o    Education des enfants ;
o    Partage de la Parole de Dieu ;
o    Participations aux activités de la paroisse et du quartier
Faute de temps, le 3e thème n’a pas été abordé, les contributions des participants ayant été privilégiée.

SYNTHESE DU CARREFOUR SUR LES QUESTIONS DE L’AVENT

Question n°1 : Comment vivre l’avent, au niveau personnel ?

Ø  Prière personnelle
Ø  Partager avec les autres (faire attention aux pauvres, faire des dons, etc.)
Ø  Sacrement de la réconciliation pour mieux vivre l’eucharistie
Ø  Etant Père/ Mère de famille, sensibiliser les enfants à accueillir Jésus
Ø  Lire les paroles de Dieu qui ont trait à l’Avent comme Luc4 : 15 – 17, Mathieu 25 :33 – 45, etc.,
Ø  Penser à la vie de Jean Baptiste et de Marie et essayer de vivre comme eux (comment ils ont accueillis Jésus)
Ø  Découvrir les signes de l’action de Dieu dans le monde : vivre la contemplation
Ø  Changement de comportement (cf. Mathieu 3 : 1 – 2)
Ø  Accueil des petits et pauvres.
Ø  Organiser des offres de travail et d’aide pour ceux qui en cherchent

Question n°2 : Comment vivre l’Avent dans nos CEB ?

Ø  Recollection des membres de la CEB – Partager les résultats de celle-ci – Recenser les chrétiens du quartier – Sensibilisation sur  les missions et objectifs de la CEB : formation
Ø  Partage de la Parole, des expériences vécues, des témoignages
Ø  Recenser, visiter, être à l’écoute des « plus petits » (malades, prisonniers, opprimés, etc.)  et agir + résolution des cas d’injustice sociale
Ø  Nécessité de l’engagement
Ø  Envoi en mission en tenant compte des fruits de la fête Christ-Roi
Ø  Etre présents dans nos réunions de CEB, développer l’assiduité -  repas avec discussion- suivre le programme proposé (session à St Pierre)
Ø  Participation des enfants aux Réunions de CEB (toute la famille : jeunes + enfants + parents)
Ø  Discuter et partager sur le thème de l’Avent en CEB – Mettre un accent sur ce temps liturgique
Ø  Envoyer les membres de la CEB assister aux réunions des autres CEB ; visiter les malades, les prisonniers, les familles
Ø  Lire la parole de Dieu pendant les réunions, en rapport avec le temps de l’Avent
Ø  Ramener les membres inactifs au sein de la CEB (par des visites)
Ø  Prière + Contemplation des bonnes choses qui se font autour de nous
Ø  Se donner des nouvelles des familles, du quartier, du pays et du monde.
Ø  Revoir la langue de communication (français et wolof, etc.)
Ø  Retenir le mercredi (par exemple) comme étant le jour des réunions dans les CEB. Aucune autre activité ne sera prévue ce jour-là dans les paroisses
Ø  A chaque réunion, commencer par se donner des nouvelles, terminer par une prière d’intentions libres (offrandes et merci, pas seulement des demandes), avec la participation de tous
1ère réunion : Partage de la parole de Dieu
2ème réunion : Vie chrétienne (catéchèse, baptême, mariage, malade)
3ème réunion : Vie du quartier – Caritas – Justice et Paix- Réconciliation
4ème réunion : Formation
Ø  Composition du Bureau de la CEB
·         Equipe d’animation : 1 Homme + 1 Femme + 1 Garçon + 1 Fille
·         Responsables de :
ü  Charité et Développement pour la Caritas
ü  Justice pour la JPIC (Justice – Paix – Intégrité de la création
ü  Sages = Homme + Femme pour des cas de réconciliation
ü  Catéchèse
ü  Vie familiale
ü  Relations avec les musulmans et les autorités du quartier……
 l’INCULTURATION
·         Prier lorsqu’il y a une naissance.
·         Christianiser le mariage traditionnel.
·         Accompagner la famille éplorée après l’enterrement (prières et conseils).
·         Toute la CEB prie avec le malade
               
Question n°3 : Comment vivre l’Avent dans les autres groupes ?
Ø  Faire participer toutes nos familles au Pèlerinage des familles de Popenguine qui a lieu pendant le temps de l’Avent
Ø  Participer aux activités de la Paroisse pendant le temps de l’Avent
Ø  Intégration / Encourager les jeunes à intégrer les CEB et les groupes de la Paroisse
Ø  Extraire la phrase essentielle de l’Evangile
·         Bien l’expliquer
·         La visualiser par des photos et dessins
Ø  Une formation spirituelle + approfondissement de la Parole de Dieu
Ø  Importance de l’engagement (chacun où il veut)
Ø  Convaincre et sensibiliser les parents sur l’importance pour leurs enfants d’appartenir à un groupe

SYNTHESE DU CARREFOUR SUR L’ANNEE DE LA FOI

Question : Comment vivre et faire vivre l’année de la foi ici à Nord Foire -Dakar?

Avoir la volonté de nourrir notre foi d’une façon permanente.
Ø  Respecter la liberté des autres.
Ø  Organiser une conférence sur « l’année de la foi » (pour adultes et enfants).
Ø  Donner un cours sur les témoins bibliques de la foi tous les mardis à 19h
Ø  Suivre les personnes nouvellement baptisées ou reconverties à la foi chrétienne, au niveau des CEB, des mouvements et autres groupes.
Ø  Visiter les chrétiens moins engagés au niveau des CEB, dans les quartiers.
Ø  Développer l’amitié entre membres de la CEB et de la Paroisse.
Ø  Apporter divers témoignages d’engagements
Ø  Travailler avec la Caritas : dons, aides, mais surtout petits projets de développement : AGR, micro crédits….
Ø  Mette en place un comité de Justice et Paix
Ø  Eduquer et soutenir la foi de nos enfants.
Ø  Prendre en compte les problèmes des jeunes (l’apostasie pour avoir un travail ou se marier) et veiller au rôle des familles.
Ø  Proposer des occasions de louanges.
Ø  S’engager dans les activités du quartier en tant que chrétiens.
Ø  Assister aux sessions à la Centrale des œuvres (23 mars…).
Ø  Parrainage des enfants.
Ø  Identifier les travailleurs et les personnes en recherche de travail.
Ø  Participer aux activités de la paroisse, comme : l’Alphabétisation, les Activités de Jeunesse et les différentes associations.
Ø  Aider à la régulation des mariages et soutenir les couples en difficulté
Ø  Se recueillir fréquemment pour prier personnellement dans le silence.
Ø  Faire une base de données : personnes ressource, Qualification, etc...pour fournir et trouver des travailleurs
Ø  Veiller à notre comportement et à notre habillement, pas seulement dans l’église, mais dans toute notre vie : quartier, école et travail, soirées dansantes (Service d’accueil + rôle de sensibilisation du Conseil Pastoral Paroissial).
Ø  Communication dans la Paroisse = Secrétariat à mettre en place.
Ø  Offrir aux chrétiens informations et textes de formation (Horizons Africains / La Porte de la Foi / Prions en Eglise / Magnificat).
Ø  Mettre en valeur une phrase du crédo pendant la messe, chaque dimanche
Ø  Expliquer et en visualiser les signes et les symboles de la foi pendant les cérémonies dominicales (tableaux, photos, gestes...)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire