Famille



FAMILLE ET JUSTICE ET PAIX
Quelques réflexions sous forme de notes, reprenant en résumé certains points des documents que je vous ai déjà envoyés, en espérant que vous pourrez en tirer quelque chose :
1. La famille lieu de justice et de paix.
2. les problèmes de justice et paix dans la famille.
3. les attaques contre les familles.
4. Participer à la vie sociale.
5. La famille agent de justice et paix.
6. La famille et le respect de la création.
Déjà envoyés : 4 documents : un article sur le synode, une catéchèse du Pape François sur " famille et pauvreté";  le compte-rendu d'une rencontre avec les jeunes artisans de Paix. Et la lettre de Carême de nos évêques sur l’écologie
1. La famille lieu de justice et de paix.
Normalement la famille est le lieu où l'on se sent à l'aise, parce qu'on y est connu, accueilli et respecté et que chacun y a sa place : grands - parents, parents et enfants ; oncles et tantes, cousins et cousines, alliés et amis…. La famille soutient chacune des personnes : même si elle n'a plus de travail, elle sera nourrie ; elle est prise en charge en cas de maladie. Et même s'il y a actuellement un certain nombre de problèmes dans les familles dus aux transformations actuelles et à la vie moderne et que la famille en est très affaiblie. Il n'empêche qu'elle reste encore un des lieux où l'on peut vivre en paix, et où la justice est respectée. C'est pour cela qu'il faut à tout prix faire le maximum pour défendre la famille. Comme le demande le message final de la première session du synode sur la famille.
Il est absolument nécessaires de garder les valeurs des différentes familles traditionnelles sénégalaise, chacune selon sa culture propre. Et la dimension sacrée de cette famille, lieu de continuation de la vie reçue des ancêtres
2 - Quelques problèmes de la famille.
- Le premier problème c'est celui de la pauvreté avec toutes ses conséquences : lorsque le père n'a pas de travail, il n'est plus respecté ; lorsque les jeunes n'ont pas de travail, ils se tournent facilement vers la délinquance ; et pour beaucoup de famille la première question c'est celle de la dépense quotidienne.
- Le deuxième problème c'est l'entente dans la famille. Jusqu'à maintenant beaucoup d'hommes se considèrent comme des « chefs de famille » (borom kër), et à partir de là ils pensent qu'ils peuvent tout imposer à leur femme et à leurs enfants, sans même les écouter. De même, les grands-frères imposent souvent leur volonté aux petits- frères, les garçons se font servir par les filles, et on n’éduque pas souvent les filles à prendre leurs responsabilités : on leur demande plutôt d'écouter, et d'obéir sans prendre la parole. Et de se former aux travaux ménagers, la cuisine, l'entretien de la maison, mais beaucoup moins à d'autres responsabilités. Lorsque il y a la polygamie, cela entraine bien sûr beaucoup d'autres problèmes de jalousie ...etc.
- Le troisième problème c'est comment vivre les valeurs traditionnelles de la famille dans le monde d'aujourd'hui. Ces valeurs sont importantes mais on ne peut pas les vivre comme autrefois. Et en plus elles ont besoin d'être évangélisées pour être vécues dans un amour véritable.
Il y a aussi que beaucoup de parents se sentent démunis devant leurs enfants, surtout ceux qui n'ont pas fait d'études et qui ne parlent pas français : quand ils parlent aux enfants dans leur langue, ceux -ci répondent en français et les parents ne savent pas quoi faire. Même pour les parents ayant fait des études, ils se sentent très démunis sur la façon d'éduquer les enfants dans le monde d'aujourd'hui.
Nos familles chrétiennes sont également influencées par l'Islam où on donne une place inférieure à la femme même pour les questions matérielles et d'héritage, où l'on autorise la polygamie et le divorce, où la mariée n’est même pas présente à la mosquée le jour du mariage.
Un autre problème, ce sont  les conditions de vie faites aux veuves et aux orphelins, avec tous les interdits qui faits aux veuves. Et déjà la façon dont se passent les enterrements avec les dépenses énormes, les disputes pour le partage de l'héritage, les accusations réciproques, etc
Je note que ce n’est pas le seul moment où se manifestent le maraboutage, les sacrifices traditionnels et les accusations de sorcellerie, mais dans toutes les difficultés de la vie : maladie, chômage, déceptions, injustices subies. Tout cela casse bien sûr la vie de la famille
Et ces dépenses inconsidérées et trop lourdes pour les familles se retrouvent déjà au moment des baptêmes, 1° communions, mariages, fêtes de Noel et de Pâques, fêtes de Mardi Gras, de Saint Valentin et du Père Noel même dans nos écoles catholiques, les khaware, ngel, yêndoo, soirées, sorties et cotisations sans fins de tous côtés…qui pèsent lourdement sur les familles, et empêchent par exemple beaucoup de jeunes de se marier à cause de la dot trop élevée exigée au mépris de la loi par les beaux-parents.
Les conséquences de la pauvreté sont connues, cela entraine souvent une prostitution larvée, l'agressivité et l'insécurité dans les quartiers (attaques, vols..). Des jeunes se tournent vers la lutte, quand ce n'est pas vers la drogue pour avoir de l'argent, au lieu d'apprendre un métier. La pauvreté pousse aussi les gens à aller vers les charlatans, les marabouts et la magie.
Il faudrait parler aussi de toutes les violences faites aux femmes et aux enfants qui sont souvent frappés. Et également les cas d'incestes et de viols : c'est souvent dans la famille que ces chose- là se passent.
Par ailleurs les parents se sentent très démunis par rapport à l'éducation sexuelle des enfants, car autrefois cette éducation était essentiellement une préparation au mariage, et elle était faite par les grands-parents. Comment lutter contre le libertinage et la pornographie qui s’étale en plein, dans la rue aussi bien que dans les media, et éduquer les enfants au respect, à la dignité, à la responsabilité, et un amour vrai
Que faire par rapport à tout cela ? Il faudrait voir ces questions les unes après les autres. Ce n’est pas possible dans les limites de cet article. Cela demande une action concertée de toute la société : Paroisses, Mairies, ONG, ASC et organisations féminines, media… Pour une action à tous les niveaux : religieux, culturel, social, économique, syndical et politique.
Pour me limiter au niveau paroissial, l'une des réponses devrait être les équipes de foyers, et les commissions de la famille, mais malheureusement ces commissions n'existent pratiquement pas ou ne fonctionnent pas. Et les équipes de foyers s'adressent à une certaine classe sociale, et ne rejoignent pas les familles en milieu populaire.
La CEB c'est la famille chrétienne dans le quartier. Normalement la CEB devrait être le lieu où les familles se réunissent, échangent leurs problèmes, sont soutenues, éclairées et responsabilisées. Mais trop souvent nos CEB se limitent à des réunions de prière sans passage à l’action, ou à des partages d'évangile sans mise en pratique. Beaucoup de gens n'y participent pas de toute façon, peut-être justement à cause de ce manque de lien avec les problèmes réels de la famille et de la vie de chaque jour.
De même, les associations de femmes catholiques devraient avoir un rôle important dans ce domaine. Mais elles sont trop souvent prises par les fêtes, les xawarés, et les manifestations. Il ne semble pas qu'elles s'attaquent véritablement aux problèmes des familles, surtout les plus pauvres.
On peut se demander si nos mouvements de jeunesse jouent véritablement leur rôle de soutien, d’éducation, de formation à l’engagement et de préparation à leur avenir, des enfants et des jeunes. Et que dire de nos chorales, nos Amicales, nos groupes de prières et associations et jumelages de toutes sortes.
Les familles font souvent preuve d'une grande ingéniosité, en particulier les mamans qui vendent aux marchés et aux gares routières, pour trouver le minimum et faire vivre la famille; La CARITAS devrait pouvoir aider davantage pour lancer des petits projets, même des choses très simples comme des cultures de légumes sur table ou des petits poulaillers. Mais on attend trop que la CARITAS distribue des dons, et on se prend trop peu en charge.
3 - les agressions extérieures contre les familles.
Un certain nombre de gouvernements occidentaux et d'ONG conditionnent leur aide économique à la mise en place de la contraception, que l'on veut imposer par tous les moyens. Et également la reconnaissance de l'homosexualité et la légalisation de l'avortement. Bien sûr il n'est pas question d'accepter ces choses là;
Mais déjà dans l'organisation du pays lui-même, il y a un certain nombre de problèmes. Par exemple, l'inégalité des salaires de la femme, contre laquelle le Pape François a réagi fortement, qui ne permet pas à certaines femmes mères de famille de faire vivre leur famille dignement. Le droit à l'éducation pour tous n'est pas respecté véritablement. Sans oublier les problèmes des daaras, malgré la loi d'interdiction de la mendicité. Bien sûr le gouvernement a lancé un certain nombre de choses, par exemple pour l'organisation de ces daaras, mais il y a encore trop peu qui se fait.  
4 - l'Action du gouvernement.
Le gouvernement a lancé "l'Acte Trois de la Décentralisation", la mise en place de CMU (couverture médicale universelle), des bourses familiales pour les familles nécessiteuses, etc. ..Mais cela se limite trop à une aide d'urgence et caritative qui, même si elle est bonne et nécessaire, n'apporte pas de solutions aux problèmes de fond. Parce qu’elle n’attaque pas les causes de la pauvreté, des inégalités et des injustices.
Surtout un certain nombre de personnes et de familles chrétiennes, sont réticentes pour participer aux actions qui sont menées dans les quartiers et mairies. Ainsi les femmes catholiques se réunissent très peu dans les différentes "maisons de la femme" de leur municipalité. Leur association de femmes catholiques n'est pas inscrite et donc pas reconnue, dans les commissions municipales de la femme. Elles ne peuvent donc pas profiter des aides, des soutiens et des formations qui y sont assurées. De même, les amicales des jeunes de nos CEB, de même que les mouvements, ne sont pas inscrits dans les commissions de la jeunesse municipales, alors qu'un certain nombre de municipalité organisent des choses intéressantes, comme par exemple une formation en informatique, faire passer gratuitement le permis, des soutiens aux étudiants ...etc.
Les chrétiens sont très peu engagés non seulement dans la vie politique, mais même dans la vie de la société à la base. Beaucoup de CEB n'ont même pas de contact avec leur délégué de quartier. Les paroisses ne sont pas en lien avec les ONG, dont certaines sont pourtant actives et efficaces pour soutenir les familles.
Il y a donc un problème grave : c'est le manque d'engagement des familles dans la commission "Justice et Paix". Beaucoup ont tendance à penser que cet engagement est uniquement personnel et non pas un engagement des familles et des CEB. D'ailleurs dans beaucoup de paroisse, cette commission n'existe que de nom.
Heureusement il y a une aide et un soutien à la base : des familles même nécessiteuses qui s'aident entre elles, qui accueillent les étrangers, qui ont une maison ouverte, qui consolent les gens qui pleurent, qui participent aux enterrements, qui vont visiter les malades. Et là il faut reconnaître en particulier le rôle de la Légion de Marie. C’est cette solidarité qui sauve notre société, et il faut la maintenir à tout prix.
Mais il faudrait former les familles pour qu'elles deviennent véritablement des agents de justice et paix dans les quartiers : à la base, dans la vie de tous les jours. Pas seulement à l'intérieur de la paroisse, mais avec tous les habitants du quartier. Cela manque dramatiquement. Un seul exemple : dans nos préparations au mariage, on parle aux fiancés de méthode naturelle de régulation des naissances, du droit Canon et du code civil du mariage. Mais on ne voit pas avec les fiancés, comment former un couple et ensuite une famille ouverte à tous, dans le quartier, engagée dans la société et agissant avec les autres (souvent il n'y a pas même pas de réflexion sur l'amour vécu en chrétien, ou sur le sacrement de mariage comme façon de vivre l’Alliance du Christ avec les hommes). On ne forme pas des couples au service du Royaume, un « Royaume de grâce et de vérité, d’amour et de pardon, de Justice et de Paix » (préface du Christ ROI). Un Royaume ouvert à tous les hommes, et d’abord aux plus pauvres. Et ne pourrait-on pas dire malheureusement la même chose  trop souvent de notre catéchèse, de nos mouvements et associations et de nos paroisses toutes entières ?
-Une dernière remarque : la commission Justice et Paix s'appelle en fait JUSTICE- PAIX ET INTEGRITE DE LA CREATION (JPIC). On a trop oublié ce  dernier aspect. Nos évêques  ont publié il y a trois ans une lettre pour le Carême qui portait justement sur cette question de l'écologie. Et notre Pape François vient de publier une lettre encyclique très importante. Cet action pour le respect de l'environnement doit déjà être vécu par les familles à la base: ne pas jeter des plastiques ou des pots de café-touba partout, tenir une maison propre y compris le devant de la maison, ne pas jeter les ordures dans les caniveaux pour les boucher, ce qui entraine des inondations au moment de la saison des pluies, ne pas jeter les eaux sales dans la rue...Mais tout cela nécessite un engagement des familles auprès des mairies, pour que nous ayons au moins une organisation de ramassage des ordures, même si c'est avec des charrettes. Et aussi des égouts, pour l'écoulement des eaux. Ce serait important aussi que dans chaque famille, on plante au moins un arbre : Nous avons fait cela dans la CEB de la Zone de captage il y a trois ans et les familles ont très bien répondu. La CEB est même allée planter des arbres le long du lac de rétention et à la mosquée qui se construisait; ce dont les frères et sœurs musulmans nous ont beaucoup remercié.
Mais je dois m’arrêter ! Pour le reste, voyez les documents que je vous ai déjà envoyés. Encore une fois bon travail et bonne session!

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