EDUCATION SEXUELLE DES ENFANTS (suite) : REPONSES AUX QUESTIONS
Au début de la séance, on a expliqué avec des dessins les transformations dans le corps (la puberté), mais aussi dans l’esprit et dans le cœur (l’adolescence). On a expliqué aussi le phénomène de la fécondation, les règles, les érections, l’éjaculation etc. d’une façon simple, en étant à l’aise pour que les jeunes qui écoutent soient eux aussi à l’aise.
1°) Se connaître : Toi le garçon, tu peux regarder les filles. Mais qu’est-ce que tu regardes ? Quand tu regardes une fille, à quoi tu penses ? Jésus disait : « Celui qui regarde une femme avec des mauvais désirs dans son cœur, il a déjà fait l’adultère » (Mat 5,28). A
Toi la fille, tu veux plaire aux garçons. C’est normal. Mais par quoi tu veux leur plaire ? Par ton corps et tes formes physiques, ou bien par tes bonnes idées et ton amitié ? Si tu lui montres tes formes, il va s’amuser avec tes formes. Et quand il t’aura déformée, il va te rejeter. Si tu lui plais par tes bonnes idées, il voudra échanger des idées avec toi, il va rester avec toi, et vous serez amis. D’abord, qu’est-ce que tu montres aux garçons : tes seins et tes fesses, ou bien ton sourire et ta joie ? Par quoi tu veux te faire aimer ? Et donc comment tu t’habilles ? Tu dois savoir que tout ce que tu montres aux garçons, il a envie de toucher. Et après, il y a les conséquences. Tu dis : c’est la mode. Mais quelle mode tu veux suivre : la mode des filles intelligentes et sérieuses, ou bien la mode des artistes et des prostituées ?
Tu as envie de connaître l’autre sexe, c’est normal. Mais connaître l’autre sexe, ce n’est pas aller s’enfermer dans les cabinets de l’école, pour se montrer son appareil génital, se toucher et s’amuser. Ce qu’il est important de connaître dans l’autre, c’est d’abord ses idées (sa psychologie) et le comportement des garçons ou des filles, pour bien s’entendre ensuite.
Tu as le droit de savoir aussi comment travaille ton corps, avec toutes les questions que tu te poses, par exemple les règles ou l’érection. Pour cela, tu peux te renseigner auprès de tes enseignants à l’école, des responsables de mouvement, ou de gens sérieux et en qui tu as confiance.
Pour apprendre à se connaître entre garçons et filles, la première chose c’est de s’entendre dans la famille entre frères et sœurs et avec les cousins et les cousines.
2°) Les relations sexuelles Des garçons disent aux filles : » on va essayer juste une fois pour savoir comment c’est ». Mais tu dois savoir, que tu peux devenir enceinte en une seule fois, et même la première fois. Même sans être déviergée : si le garçon reste à la porte, sans entrer complètement dans ton appareil. Il ne fera pas entrer son pénis dans ton ventre, mais les spermatozoïdes eux, ils vont remonter, traverser l’hymen si tu es vierge, et tu seras enceinte malgré tout. Tu ne peux pas dire : » juste une fois pour voir comment c’est, et après on s’arrête ». D’abord si tu commences, c’est très difficile ensuite de s’arrêter.
Des filles disent : » je me suis douchée après un garçon, et je me suis essuyée avec sa serviette, dans laquelle il a avait éjaculé. A cause de ça, je suis tombée enceinte ». C’est complètement faux. Les spermatozoïdes quand ils sont à l’air libre, meurent tout de suite. Les filles qui disent cela cherchent une excuse. Si elles sont enceintes, c’est parce qu’elles se sont amusées avec les garçons.
Des garçons disent aux filles : « cela fait trop longtemps que je n’ai pas fait de relations sexuelles, j’ai trop de liquide dans mon ventre. Si je reste comme ça je vais tomber malade, il faut que tu m’aides ». C’est complètement faux. Rester sans faire de relation sexuelle ne rend jamais malade. Au contraire, c’est quand on fait trop de relations sexuelles, qu’on tombe malade : parce qu’on est trop fatigué, et qu’on attrape des maladies sexuelles. Quand un garçon ne fait pas de relations sexuelles, le liquide séminal sort tout seul, généralement la nuit. C’est normal, et c’est même très bon. En effet, ce liquide commençait à être vieux, et il ne pourrait pas faire des enfants en bonne santé. C’est pourquoi il sort. Mais c’est justement pour être remplacé par du liquide frais, de bonne qualité, pour avoir des enfants forts. C’est la même chose pour les règles de la femme. Donc quand le liquide sort la nuit, c’est aussi normal que les règles de la fille. Cela montre simplement que ton appareil génital travaille normalement. Des garçons disent : » ce sont des spermatozoïdes qui sont perdus ». En fait il n’y a rien de perdu, car c’est seulement le liquide séminal qui contient les spermatozoïdes qui sort. Et les spermatozoïdes, il en meurt par milliers tous les jours. Mais ils sont remplacés aussitôt par d’autres. Il n’y a donc pas de problème.
Dieu a très bien fait les choses, ton appareil génital fonctionne très bien tout seul. Le problème c’est quand tu commences à le toucher, et à t’amuser avec. C’est ce qu’on appelle la masturbation. S’amuser avec son appareil génital, tout seul pour trouver du plaisir, ce n’est pas normal. L’appareil génital c’est fait pour s’aimer entre mari et femme, pas pour s’amuser, surtout pas tout seul, ni avant le mariage.
-Les règles : Quand une femme est enceinte, c’est avec son propre sang, qu’elle va nourrir son enfant. C’est pourquoi, chaque mois, elle prépare du sang pour le bébé à venir. Si elle n’est pas enceinte, le sang est vieux : il n’est plus de bonne qualité, pour faire un enfant en bonne santé, Alors, il sort : ce sont les règles. Mais c’est pour être remplacé par du sang neuf. Donc, même si ça fait un peu mal, les règles, c’est très bon. Quand tu commences à voir tes règles, tu dis merci à Dieu. C’est le signe que tu deviens une femme, et tu te prépares à être mère. Mais cela ne veut pas dire, que tu dois commencer tout de suite à faire des relations sexuelles.
Des filles disent : « si tu as tes règles, et que tu veux aller à une soirée dansante et danser autant que tu veux, tu bois du vinaigre, et ça arrête les règles ». Cela aussi c’est faux. Le vinaigre va te brûler l’estomac, mais il ne rentre pas dans l’appareil génital. Il faut savoir qu’il y a beaucoup de choses comme cela que l’on raconte, et qui ne sont pas vraies.
-Les seins, c’est bon. Une femme qui n’aurait pas de seins, elle ne pourrait pas nourrir (allaiter) son bébé. Mais les seins, c’est pour être mère. Ce n’est pas pour t’amuser avec les garçons à la soirée dansante.
3°) Le copinage : Un phénomène qui apparaît maintenant c’est la recherche des copains et des copines. Chaque garçon veut avoir sa copine, et chaque fille son copain, même déjà à l’école primaire. C’est un appauvrissement très grave. D’abord, il faut s’entendre sur le mot copain : co-pain, cela veut dire que l’on partage le pain, la nourriture, les choses que l’on a, mais pas les appareils génitaux ! Certains, même au collège, commence déjà à faire des relations sexuelles, entre copain et copine. D’abord comme on l’a dit, c’est dangereux. On risque les grossesses et les maladies. Et aussi la fatigue et surtout les mauvaises habitudes.
Ensuite, avoir un copain ou une copine trop jeune, cela risque de te faire rater ton avenir. Si tu t’attaches trop vite à un garçon ou à une fille, tu perds ta liberté. Or, quand on est jeune, on continue à grandir, on avance dans la vie et on change d’idées. Mais si tu as déjà un copain ou une copine, quand tu vas changer d’idées, pour le laisser ce sera difficile. En tout cas, tu vas le faire souffrir. C’est ce qu’on appelle les déceptions amoureuses. Le copinage trop tôt empêche de faire un bon choix pour le mariage.
Ce qui est important, c’est de vivre d’abord la camaraderie, et une vraie amitié entre garçons et filles. Comme cela, tu vas connaître les pensées de l’autre, et son comportement. A ce moment-là, tu seras à l’aise avec l’autre sexe. Tu connaîtras beaucoup de garçons et beaucoup de filles. Tu vas apprendre ainsi à aimer, et à te comporter avec l’autre sexe. Et quand le moment sera venu, tu pourras choisir parmi tous ceux que tu as connus, celui ou celle avec qui tu vas construire ta vie. Mais si tu t’es attaché trop vite à un seul garçon ou à une seule fille, tu ne pourras pas choisir, tu as perdu ta liberté.
4°) la capote et les pilules : Il y a des gens qui disent : « maintenant il n’y a plus de problème, tu peux faire des relations sexuelles quand tu veux : tu prends la capote, toi la fille tu prends la pilule, tu es tranquille, tu ne seras pas enceinte ». D’abord il faut savoir que ce n’est pas si simple que cela. Le condom (la capote), il faut apprendre à le mettre comme il faut. Il faut des condoms de bonne qualité, pas des condoms qui ont traîné dans la poussière, ou qui sont restés au soleil au marché, sinon ils vont se déchirer. Un condom, on ne peut l’utiliser qu’une seule fois. Donc cela coûte cher. Et si tu prends l’habitude de prendre des condoms pour faire des relations sexuelles, quand tu n’auras pas d’argent ou que tu ne trouveras pas de condom au marché, comme tu as pris de mauvaises habitudes, tu ne peux pas te retenir. Tu vas faire des relations sexuelles sans condom. Et alors, tu risques des grossesses pour la fille, et les maladies sexuelles pour toi. Cela est donc très dangereux.
Même si tu n’enceintes pas de filles parce que tu as pris le condom, tu vas prendre de mauvaises habitudes. Tu vas commencer à courir partout, et à t’amuser avec les filles. Tu vas gaspiller ton avenir : tu auras une mauvaise réputation (tu vas gâter ton nom), aucune fille sérieuse ne voudra de toi, et tu ne pourras pas être un bon mari. Quand tu seras marié, tu continueras à faire la même chose. C’est cela le problème du condom et des autres contraceptifs. Même s’ils empêchent la grossesse, il n’empêche pas les mauvaises habitudes. Au contraire, ils les font grandir. Même dans le mariage, on ne peut pas faire des relations sexuelles, chaque fois qu’on en a envie. Par exemple, quand la femme vient d’accoucher, ou quand l’un des deux est malade ou en voyage. Il faut apprendre à commander sa sexualité. C’est cela qui est important. C’est le plus important quand on est jeune, pour bien se préparer au mariage. Car ce qu’il y a de difficile dans le mariage, ce n’est pas de faire des relations sexuelles, c’est de s’entendre. C’est cela que tu dois préparer : apprendre à bien t’entendre avec les filles ou avec les garçons autour de toi, pour pouvoir bien vous comprendre ensuite dans le mariage.
De même pour la jeune fille, prendre des pilules ou d’autres médicaments quand tu es trop jeune, et que ton cycle ne s’est pas encore bien mis en place, cela va t’attirer beaucoup de problèmes. Les médicaments, on les prend quand on est malade. Prendre des médicaments quand on est en bonne santé, cela rend malade. Prendre la pilule quand tu es trop jeune, cela risque de casser ton cycle, et de causer des problèmes plus tard, pour avoir des enfants.. Les méthodes de planification familiale, on les appelle familiale, justement parce que ce sont pour les gens mariés, ceux qui ont déjà une famille, pas pour les jeunes.
-Pourquoi les grossesses précoces sont-elles dangereuses ? Si tu es enceinte, alors que tu es encore jeune, ton appareil génital (ton ventre) est encore trop petit. L’enfant n’aura pas la place de grandir. Et donc il va sortir avant le 9° mois ; il ne pourra pas vivre. C’est ce qu’on appelle les fausses couches. Ou bien, il aura de la peine à sortir au moment de l’accouchement : il faudra t’opérer : faire une césarienne. De plus, ton cycle n’est pas encore bien en place. Tu auras des problèmes de santé. Et tu auras de la peine à avoir des enfants, quand tu seras mariée. De toutes façons, à ton âge, tu n’es pas encore prêtre à être mère, ni à bien éduquer un bébé. Et si tu es élève, tu seras renvoyée de l’école : tu vas gaspiller ton avenir.
Monsieur le rédacteur en chef,
Je lis dans « le quotidien » d’aujourd’hui 3 décembre
2014 p.4-5 l’article : « L’IVG sans interruption ». Je vous
serais reconnaissant de publier les réactions ci jointes, de manière à
permettre à vos lecteurs de se faire une
opinion à partir de différents points de vue.
D’abord, il faut être clair et reconnaître que le foetus est bien vivant dans le ventre de sa mère. L'avortement c'est donc supprimer une vie humaine qui est déjà commencée. C'est une chose très grave, en opposition directe avec le commandement de Dieu: "Tu ne tueras pas".
Comment oser
dire:" l'avortement médicalisé est une question de respect de la vie
humaine". Est-ce respecter la vie humaine, que la supprimer? Drôle de
respect!
On n’a donc jamais le droit de supprimer une vie humaine (celle du
foetus), pour aider une femme dont la grossesse pose des problèmes. Car le
foetus c'est une vie humaine qui est déjà commencée. La femme a le droit de
disposer de son corps, c’est vrai. Mais le fœtus ne fait pas partie du corps de
la mère. Il a sa vie propre. On ne peut pas l'arracher, comme on arrache une
dent qui fait mal, ou comme on se coupe les cheveux quand ils sont trop longs.
Bien sûr, il nous faut marquer beaucoup de compassion et de soutien envers
les victimes des abus sexuels, mais pas en supprimant l’enfant. En agissant sur
les vraies causes: le viol, la violence, le manque d'éducation sexuelle, le
rejet des filles enceintes par leurs familles, etc...Certainement que nous devons
nous engager davantage dans ce domaine.
Mais comment prétendre solutionner un abus sexuel en y ajoutant un crime supplémentaire, le meurtre du fœtus ?
Mais comment prétendre solutionner un abus sexuel en y ajoutant un crime supplémentaire, le meurtre du fœtus ?
On dit : «Cela fait dix ans que l’Etat s’est engagé solennellement
à autoriser l’avortement médicalisé en cas de viol, d’abus sexuel et
d’inceste, conformément au Protocole de Maputo ». Mais aucune loi ni aucun
Protocole ne pourra dépasser le commandement de Dieu : » Tu ne tueras
pas ». Or dès le moment de la fécondation, c’est une vie humaine qu est
commencée. Elle doit absolument être respectée et protégée.
On nous dit :
« Les femmes ont le droit d’accéder à l’avortement médicalisé ». Mais
l’enfant lui a le droit à la
vie, qui est un droit fondamental et premier. C'est lui qui est le plus faible, c'est lui qui doit
être défendu en premier. Pourquoi le tuer ? Il n’a rien fait de mal.
Il n’est pas responsable de la grossesse de sa mère.
De toutes façons, l’avortement ne
sera jamais un droit. On n'a jamais le droit de supprimer
volontairement une vie humaine, même si la grossesse pose des problèmes à la
femme. Il faut chercher d’autres solutions. Sinon, c'est supprimer la base de
toute société humaine. Faire de l'avortement un droit, cela ne peut conduire
qu'à la mort de notre société, après avoir causé légalement la mort de nombreux
enfants, beaucoup plus nombreux encore que ceux qui meurent actuellement par
avortements clandestins. On veut seulement « autoriser l’avortement
médicalisé en cas de viol, d’abus sexuel et d’inceste ». Mais toutes
les femmes et jeunes filles qui voudront avorter, pour n’importe quelle raison,
diront qu’elles ont été violées ou abusées. C’est la porte ouverte à tous les avortements. Et l’article va
beaucoup plus loin, en demandant un « Plaidoyer pour un droit à
l’avortement sans restriction ! »
Mais alors que faire ? Il faut tout faire pour aider la mère à
garder son enfant. Agir à tous les niveaux : matériel et financier, car
une vie humaine n’a pas de prix. Mais aussi
aux niveaux psychologique, affectif et religieux, pour soutenir la femme enceinte et lui
permettre de mener à bien sa grossesse. Mais certainement pas à s’en
débarrasser.
Il faut à tout prix agir sur les causes des viols,
abus sexuel et incestes. En cherchant par tous les moyens à faire prendre conscience aux femmes
de leur dignité. Et en apprenant aux garçons et aux hommes à respecter les
filles et les femmes. A mon avis, c’est d’abord à ce niveau, que l’état et
nous-mêmes devons nous engager.
Assurer l’éducation sexuelle des enfants, des jeunes, mais aussi des adultes. Une
vraie éducation, et pas seulement distribuer des condoms ou des pilules
La famille chasse souvent la jeune fille qui est
enceinte. C ‘est inadmissible. Il faut apprendre aux parents à aimer et à
prendre leurs responsabilités envers leurs enfants. Si on la chasse, que
va-t-elle devenir ?
L’article
continue : « On ne doit pas mettre en prison les femmes qui ont
avorté ». Là, je suis entièrement d’accord. C’est à cette dépénalisation
que nous devons nous atteler, sans pour autant vouloir affirmer un faux droit à
l’avortement. L'article s'inquiète du nombre de femmes incarcérées, pour cause
d'avortement. Mais qu'est-ce qu'il propose comme solution: l'accès à
l'avortement médicalisé! C'est à dire d'augmenter encore le nombre des
avortements! Est-ce que la solution, ce ne serait pas plutôt d'arrêter de
mettre ces femmes en prison? Car ce n'est jamais de gaieté de coeur qu'une
femme avorte. C'est parce qu'elle est désespérée, abandonnée et rejetée par sa
famille et par la société. Et une femme qui avorte a toujours ensuite des
problèmes. Elle ne pourra jamais oublier ce qu’elle a fait. Qu’il s’agisse d’avortement
médicalisé ou non, cela n’y change rien.
Cette proposition de l'avortement médicalisé donne l'impression que
l'avortement serait un acte banal, une simple opération, comme s'il n'avait pas
des conséquences psychologiques très graves. C'est pourquoi, la femme dont la
grossesse pose des problèmes a besoin de tout notre soutien et de toute notre
compréhension, et non pas de condamnation, ni de solution superficielle et trop
facile. La solution c'est de l'aider à vivre sa grossesse le mieux possible,
afin de pouvoir accueillir cet enfant qui vient. Mais certainement pas de le
tuer avant sa naissance!
Et comment oser parler d'avortement
médicalisé? La médecine est faite pour soigner et sauver les
vies, pas pour tuer. L'avortement ne pourra jamais être un acte
médical. C'est complètement contradictoire. C'est tuer la médecine. De quel
droit traiter les médecins qui veulent respecter la vie de « corps médical
généralement conservateur » ? Il ne s’agit pas de « santé
sexuelle et reproductive » comme on veut nous le faire croire, mais de
supprimer la vie. Les méthodes de régulation des naissances existent. Mais
l’avortement ne sera jamais une méthode de régulation de naissance.Les
organisations des droits de l’homme doivent défendre les droits de tous les
hommes, en particulier les droits des enfants, spécialement ceux qui commencent à vivre dans le ventre de leur
mère.
On fait bien de nous conscientiser
sur un problème qui est une réalité : les violences faites aux femmes, les viols,
l’inceste, les avortements et les infanticides. Et les conséquences des
avortements clandestins. Le problème est très grave. Il demande une
mobilisation de tous. Mais nous ne pouvons pas accepter la solution proposée,
qui est encore pire que le mal dénoncé. On ne défend pas la vie en la
supprimant! Il faut agir sur les vraies causes: le manque de respect de
la femme, le manque d'éducation sexuelle, le rejet des filles enceintes par
leurs familles, etc...Certainement que nous devons nous engager davantage dans
ce sens. C’est très difficile, ce sera très long, mais c’est la seule solution
valable à long terme. Et surtout de ne plus regarder ces femmes et jeunes
filles enceintes comme un problème, mais comme des personnes humaines, qui ont
besoin d’être accueillies et comprises, aimées et soutenues, respectées et
écoutées dans leur souffrance. Et qui ont le droit à une vraie solution à leur
détresse.
Agissons ensemble pour soutenir les femmes et jeunes filles
enceintes, et pour défendre la vie. Pas pour la supprimer !
Santé reproductive des jeunes : Lettre à une ONG
Merci de m'avoir remis un tee-shirt, mais je vous avoue que
je ne le porterai pas! Pourquoi?
Parce que je trouve très équivoque, et même dangereux votre message: Agissons ensemble pour la promotion des droits sexuels et reproductifs des jeunes.
D'abord les droits ne vont jamais sans les devoirs: en a-t-on parlé?
De quels droits parle-t-on? Est-ce que c'est le droit de faire des rapports sexuels? Ou le droit à une véritable éducation sexuelle?
D'abord les jeunes ont le droit à une saine information. Mais ils ont aussi le droit qu'on leur apprenne à maîtriser leur sexualité. Et à vivre une vraie mixité entre garçons et filles dans l'amitié et le respect. Ils ont le droit qu'on leur apprenne à aimer et à se préparer au mariage. Pour avoir des enfants en bonne santé, heureux, aimés et bien éduqués.
Mais les jeunes ne sont pas prêts à vivre des relations sexuelles épanouissantes. Parce qu'ils n'ont pas la maturité psychologique pour cela. Et qu'ils n'ont pas encore vécu un amour adulte et responsable.
Une relation sexuelle c' est un acte qui engage et qui va au plus profond de la personne. Ce n'est pas une simple amusement pour le seul plaisir. Une relation sexuelle réussie demande un amour vrai entre l'homme et la femme, et un engagement, pas seulement l'un par rapport à l'autre, mais aussi devant leurs familles et la société.
On ne peut pas se contenter d'affirmer les droits sexuels et de distribuer des contraceptifs pour éviter les grossesses, le Sida et les IST. D'abord il faudrait que les jeunes apprennent à bien les utiliser, ce qui n'est pas toujours le cas
Mais surtout même s'il n'y a pas de grossesses ni de maladies, il y a toutes les conséquences psychologiques. Ils vont faire des relations sans engagement et sans amour, il vont prendre des mauvaises habitudes, et quand ils ne seront mariés, ils ne seront pas capables de maîtriser leur sexualité.
Ensuite on parle des droits reproductifs des jeunes. C'est quoi? Les jeunes n'ont pas à se reproduire, car ils ne sont pas encore mariés. Ils n'ont pas à se reproduire, car l'enfant à besoin d'une famille, et d'un père et d'une mère qui s'aiment, et qui vivent ensemble pour prendre soin de lui.
Ce matin même, comme très souvent, j'étais dans une école pour une séance d'éducation secuelles des ézlèves. Je vous mets en pmièce jointe ce que je leur ai dit.
Bon courage pour la suite de votre travail. Je reste à votre disposition
Parce que je trouve très équivoque, et même dangereux votre message: Agissons ensemble pour la promotion des droits sexuels et reproductifs des jeunes.
D'abord les droits ne vont jamais sans les devoirs: en a-t-on parlé?
De quels droits parle-t-on? Est-ce que c'est le droit de faire des rapports sexuels? Ou le droit à une véritable éducation sexuelle?
D'abord les jeunes ont le droit à une saine information. Mais ils ont aussi le droit qu'on leur apprenne à maîtriser leur sexualité. Et à vivre une vraie mixité entre garçons et filles dans l'amitié et le respect. Ils ont le droit qu'on leur apprenne à aimer et à se préparer au mariage. Pour avoir des enfants en bonne santé, heureux, aimés et bien éduqués.
Mais les jeunes ne sont pas prêts à vivre des relations sexuelles épanouissantes. Parce qu'ils n'ont pas la maturité psychologique pour cela. Et qu'ils n'ont pas encore vécu un amour adulte et responsable.
Une relation sexuelle c' est un acte qui engage et qui va au plus profond de la personne. Ce n'est pas une simple amusement pour le seul plaisir. Une relation sexuelle réussie demande un amour vrai entre l'homme et la femme, et un engagement, pas seulement l'un par rapport à l'autre, mais aussi devant leurs familles et la société.
On ne peut pas se contenter d'affirmer les droits sexuels et de distribuer des contraceptifs pour éviter les grossesses, le Sida et les IST. D'abord il faudrait que les jeunes apprennent à bien les utiliser, ce qui n'est pas toujours le cas
Mais surtout même s'il n'y a pas de grossesses ni de maladies, il y a toutes les conséquences psychologiques. Ils vont faire des relations sans engagement et sans amour, il vont prendre des mauvaises habitudes, et quand ils ne seront mariés, ils ne seront pas capables de maîtriser leur sexualité.
Ensuite on parle des droits reproductifs des jeunes. C'est quoi? Les jeunes n'ont pas à se reproduire, car ils ne sont pas encore mariés. Ils n'ont pas à se reproduire, car l'enfant à besoin d'une famille, et d'un père et d'une mère qui s'aiment, et qui vivent ensemble pour prendre soin de lui.
Ce matin même, comme très souvent, j'étais dans une école pour une séance d'éducation secuelles des ézlèves. Je vous mets en pmièce jointe ce que je leur ai dit.
Bon courage pour la suite de votre travail. Je reste à votre disposition
Présentation
du 3ème Plan Pastoral de Pikine
1)
Pour faire la guerre, il faut d’abord préparer ses armes. On ne peut pas mettre
en pratique le Plan Pastoral sans chrétiens et communautés formés, responsables
et actifs. C’est pourquoi nous avons d’abord pris le temps de mettre en place nos communautés chrétiennes de
quartier (CEB) et les différents groupes et mouvements de jeunes (CPJ). En
effet, tant que les réunions de CEB (Communauté Ecclésiale de Base) se limitent
à réciter le chapelet et que les activités des jeunes et des mouvements se
centrent spécialement sur les fêtes et xawaré, ou les concerts pour les
chorales, il n’est pas possible de travailler efficacement au Royaume de Dieu.
Ni déjà de mettre en place un vrai Plan Pastoral.
2) Nous avons
simplifié la démarche. Nous n’avons pas voulu développer toutes les étapes qui
nous semblent vraiment trop compliquées : résultats intermédiaires, résultats
clé, ressources, conduite, indicateurs, etc. Et surtout nous n’avons pas voulu
les déterminer à l’avance d’une façon théorique. Nous avons préféré laisser à
chaque groupe le soin de préciser les différentes modalités de l’action le
moment voulu, et par eux-mêmes.
3)
Nous n’avons pas voulu faire une longue liste d’activités théoriques rédigée
dans un bureau, et qui ne seront jamais mises en place. Nous préférons avancer trimestre par trimestre. Pour
chaque trimestre, nous demandons aux différents groupes de choisir une action,
(celle qui semble la plus importante, la plus urgente mais aussi réalisable
concrètement) pour chacun des quatre objectifs, pour que vraiment tout le Plan
soit mis en action. Et nous évaluons tous ensemble ces actions avec les
responsables, à la fin de chaque trimestre, après qu’elles aient été évaluées
par tous, dans chaque groupe. En effet, nous avons remarqué que les actions se
limitaient souvent à la communion et à la liturgie, mais que les chrétiens
étaient trop peu engagés pour le témoignage et le service.
4)
Nous avons constaté que les quatre objectifs étaient souvent compris comme des
actions à mener pour les chrétiens et à l’intérieur de la communauté
chrétienne, alors qu’il s’agit bien de faire grandir la communion entre tous et dans le pays tout entier,
d’aider tous les hommes et toutes les femmes à mieux prier et célébrer et à
devenir plus saints, quelle que soit leur religion. Il s’agit de servir tous
les hommes et la société toute entière, et pas seulement les chrétiens et
l’Eglise.
5)
Si nous devons témoigner, c’est par notre vie et pas seulement dans nos
paroles. Cela nous demande d’abord d’être formés (catéchèse) et surtout d’être
saints. Mais aussi, comme le Christ, d’accueillir ce que nous dit l’Esprit de
Jésus par la bouche et la vie des autres croyants dans un vrai dialogue. Nous avons donc élargi les titres des quatre
objectifs :
a.
Communion avec tous, dans toute notre vie
b.
Liturgie, catéchèse et sanctification
c.
Témoignage, accueil, dialogue
d.
Service de tous.
6)
Enfin, nous cherchons à ce que les quatre
objectifs soient pris en compte et réalisés, dans toute activité. Même par
exemple, pour les fêtes, ou pour les activités liturgiques.
Rencontre avec les jeunes filles sur le travail
Sur la
situation des employés domestiques en Afrique, Amélie Perras a reconnu qu’il
s’agit d’une réalité très présente dans le continent mais aussi ailleurs comme
en Asie. « Une difficulté que ces jeunes ne connaissent pas leurs droits et ne
se fassent pas respecter en tant que travailleurs et en tant qu' hommes dignes
», a-t-elle déploré avant de relever, toutefois, que la JOC/ Sénégal et
d’autres pays africains montrent le chemin d’une vie meilleure pour ces
travailleurs domestiques « puisqu’en partenariat avec le BIT, il y a beaucoup
d’actions qui se développement pour la promotion du travail décent, notamment
envers ces travailleurs domestiques ».
Elle a cité
les cas du Sénégal et du Cameroun où la JOC qui ont mis en place de nombreux
centres de formation pour permettre à ces travailleurs de connaître leurs
droits et de se défendre face aux inégalités.
Amélie
Perras a aussi indiqué que la question de l’immigration sera au cœur de la
rencontre des jocistes africains : « Nous voulons comprendre pourquoi, en tant
que jeunes, nous n’avons pas le droit d’espérer en un avenir là où nous sommes
nés, là, d’où nous venons. Pourquoi nous devons toujours réfléchir à où aller
chercher du travail, pourquoi nous ne sommes pas capables de construire, en
tant qu’hommes dignes, un vrai travail, une vraie vie… Nous devons comprendre
pourquoi et comment nous pouvons transformer cette réalité de l’immigration. Il
y a surtout un grand rôle de conscientisation des jeunes sur les effets de
l’immigration, en apportant des témoignages des jeunes d’autres pays. Nous
échangerons sur cette réalité et nous permettront aux jeunes d’ici et
d’ailleurs de comprendre que nous devons être acteurs là où nous sommes, de là
on vient, parce qu’on ne choisit pas toujours d’émigrer ».
REFLEXIONS SUR LE TRAVAIL AVEC DES JEUNES FILLES
A. Le
travail c’est bon.
1. Pour
vivre
2. Pour
aider notre famille
3. Mais
aussi pour aider les autres, surtout les pauvres
4. Pour
construire le pays, en commençant par nos quartiers (avoir une maison propre,
nettoyer le quartier : set-setal, etc.)
B. Qu’est-ce
que Dieu nous dit sur le travail ?
Quand Dieu a
créé Adam et Eve, Il les a mis dans un jardin. Le travail est bon, ce n’est pas
une punition du péché. Dieu est lui-même
travailleur. Il continue à agir dans le monde, jusqu’à maintenant.
Les
prophètes ont été des travailleurs. Moïse et Abraham étaient des bergers. Jésus a été un grand travailleur. Il a
été menuisier jusqu’à l’âge de 30 ans, avant d’aller annoncer la Parole de
Dieu. Si tu travailles, tu peux aider les autres. Pas seulement en leur faisant
l’aumône, mais en travaillant avec eux. Et en leur apprenant à travailler. Mais
certains refusent d’enseigner les autres.
Si nous
travaillons, nous offrons notre travail
à Dieu. Pour les chrétiens, à la messe au moment de l’offertoire, nous
disons : « Tu es béni Dieu de l’univers,
Toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ».
Nous devons donc à la fois respecter et protéger la terre (l’écologie), et
travailler. Si tu n’as pas travaillé pendant toute la semaine, et que tu n’as
pas aidé tes frères, qu’est-ce que tu vas offrir à Dieu à la messe ? Tes mains
seront vides.
Dieu a dit à
Moïse dans les 10 commandements : « Tu
ne voleras pas ». L’argent et la nourriture que tu gagnes, tu les
gagnes par ton travail, et non pas en
volant.
Pierre nous
dit : « Nous attendons des cieux
nouveaux et une terre nouvelle où la justice habitera ». Nous
construisons la terre de Dieu, en
travaillant avec justice. Et en luttant contre toutes les injustices qui
nous entourent, et il y en a beaucoup : des travailleurs qui ne sont pas payés
ou que l’on ne respecte pas, les filles employées de maisons, les enfants
travailleurs etc.
C. Comment
travailler ?
D’abord travailler avec sérieux, montrer l’exemple,
travailler comme Dieu le veut.
Le prier pendant le travail, en pensant à Lui dans notre cœur.
Respecter les travailleurs, les « bonnes », les
enfants… Par exemple, les employées de maison ne sont pas respectées. On les
fait trop travailler, et elles ne sont pas bien payées. Et même parfois elles
sont utilisées sexuellement, par les chefs de famille ou les grands enfants. Il
y a aussi ceux qui font des petits métiers (le secteur informel). Faire travailler
des enfants, ce n’est pas normal. Le mouvement de la JOCF essaie de lutter
contre tout cela. Beaucoup de travailleurs ne sont pas respectés, par exemple
ceux qui ramassent les ordures et qui balaient les rues, les apprentis, les
coxers, les stagiaires que l’on ne paie pas et que l’on renvoie à la fin du
stage au lieu de leur donner une place, etc. Le gouvernement vient de voter une loi
pour les apprentis et les stagiaires.
Il y a aussi des gens dont on profite, par exemple les bénévoles, que l’on fait travailler à l’hôpital ou dans les
bureaux. Ils travaillent sans être payés, et à la place de ceux qui sont payés
et ne font pas leur travail.
On ne
respecte pas ceux qui ne peuvent plus
travailler : les malades, les handicapés, les personnes âgées etc.
Même le travail de la femme à la
maison n’est pas
respecté. Pourtant c’est un travail très important, et qui demande beaucoup
d’intelligence et de courage.
Il y a aussi
des travailleurs qui ne sont pas payés
par leurs clients, qui s’enfuient ou se cachent. Par exemple les tailleurs, les
menuisiers, les mécaniciens etc. Mais à l’inverse, le travailleur doit bien
faire son travail, pour mériter l’argent qu’il demande.
REFLEXIONS SUR LA VIE RELIGIEUSE
Dans cet
article, après une présentation de la lettre du Pape François, je ferai un
retour sur le forum des religieux de 2001 et la 2ème réunion des délégués des
Congrégations religieuses du Sénégal (D’où venons-nous, page 2), puis
j’aborderai la question de la vie religieuse sous ses différents aspects :
* Notre
consécration religieuse (page 4)
*
L’engagement de nos congrégations (page 6)
* Nos
engagements dans la paroisse (page 8)
* Nos
engagements dans la société (page 12) et enfin,
* Notre
engagement missionnaire, avec une réflexion sur l’évangélisation (page 13) et
le Royaume de Dieu (page 15).
* Pour
terminer, une réflexion sur l’inculturation de la vie chrétienne et religieuse
(page 19).
En la fête de la Présentation de la Vierge Marie, le 21 novembre 2014,
le pape François a adressé une lettre apostolique aux religieux/ses pour
l’ouverture de l’Année de la vie consacrée. Cette lettre de François a suscité
de nombreuses réactions positives. Je citerai celle de Sœur Mercedes Leticia
Casas Sanchez, fsps, présidente de la CLAR (Union des religieuses et religieux
d’Amérique latine et des Caraïbes). Elle reprend pour son continent les propos
du pape François : En premier lieu, elle nous invite à « renouveler
notre fidélité à l’Évangile, à raviver le don de la prophétie et à nous
renforcer dans l’espérance, afin de vivre dans l’aujourd’hui de
l’humanité ». Dans un second temps, elle encourage ses frères et sœurs :
« Nous réveillerons (le monde) lorsqu’on pourra voir une vie religieuse
avec “la lumière dans le regard, la parole sur les lèvres et le feu dans le
cœur » Casas Sanchez indique l’importante de la Parole de Dieu pour les religieux : « Puisse cette année porter ses fruits de conversion et de joie, en nous qui vivons cette belle vocation. Puisse la Parole de Dieu, sous toutes ses formes, être au centre de notre cœur et de notre mission. Puisse-t-elle nourrir notre prière personnelle et communautaire, guider nos rencontres fraternelles. Puisse-t-elle constituer le point de départ et le contenu de notre mission évangélisatrice, ainsi que le critère nous incitant à vivre à partir des pauvres et pour les pauvres »
Sœur Mercedes Leticia continue : « Puisse la célébration de cette année de grâce rénover notre identité prophétique et la dynamiser avec audace et créativité, avec l’inquiétude de l’amour, avec la passion devenue compassion, décentrement, tendresse, consolation. Et puisse-t-elle raviver notre espérance, celle qui devance l’avenir et remplit de sens chacun de nos efforts. Pour nous rendre cohérents, transparents, dociles à l’Esprit, qui nous entraîne avec vivacité vers une vie religieuse significative, partageant les joies et les douleurs de l’humanité dont elle fait, elle aussi, partie.
Nous ne réveillerons le monde que dans la mesure où nous ferons preuve de communion, d’échange entre congrégations, de partage de notre charisme et notre mission, aux côtés des laïcs. Les gens se réveilleront lorsqu’ils verront un nouveau visage de la vie religieuse, avec de nouveaux gestes. Lorsqu’ils verront que les nouvelles générations et les anciennes se complètent et se soutiennent mutuellement. Lorsqu’ils nous verront heureux dans la simplicité, dans le service, et dans la qualité humaine de nos relations. Nous réveillerons le monde lorsque nous irons à sa rencontre, et que nous le toucherons avec la tendresse et la joie d’une mère, d’un père, d’une sœur ou d’un frère. Nous le réveillerons, lorsqu’on pourra voir une vie religieuse avec « la lumière dans le regard, la parole sur les lèvres et le feu dans le cœur ».
De son côté, le
père Gilles Pagès, spiritain, écrit : » Le service de l’annonce de l’Evangile oblige parfois à dénoncer.
Dénoncer ceux qui calomnient, parce que nous les dérangeons. Dénoncer les
pensées uniques qui font des hommes des robots. Dénoncer les situations qui emprisonnent ou abaisse le frère, quel
qu’il soit. Mais dénoncer aussi la qualité de nos propres vases quand ils se
fendillent. Et quand nous dénonçons, est-ce pour proclamer le Royaume ou pour
nous annoncer nous-mêmes ? Que nos renoncements favorisent notre
disponibilité, et le don total de nous-mêmes. Surtout, qu’ils nous rendent
dociles au service de l’annonce de la Bonne Nouvelle ».
Venons-en au
contenu de cette lettre. François y insiste sur le témoignage : « C’est votre vie qui doit parler, une
vie de laquelle transparaissent la joie et la beauté de vivre l’Évangile, et de
suivre le Christ ». Il nous demande de vivre dans l'action de grâce (regarder le passé avec
reconnaissance) "là où il y a le
religieux, il y a la joie", mais aussi de regarder vers l'avenir où
l'Esprit nous envoie. Est-ce que nous nous laissons interpeler par l'Evangile ?
Comment le mettre en pratique, dans le monde d’aujourd’hui ? "que notre don total dans le service de
l'Eglise, des familles des jeunes, des personnes âgées, des pauvres, nous
réalise comme personne, et donne une plénitude à notre vie". François
continue : » J'attends que vous réveillez le monde », en rappelant que « l'année de la vie consacrée ne
concerne pas seulement les personnes consacrées mais l'Eglise toute entière, et
toutes les communautés chrétiennes, même celles appartenant à des églises de
traditions différentes". Mais pour réveiller le monde, il faut d’abord
que nous soyons nous-mêmes réveillés !
Dans cet
article, je voudrais retenir un point particulier de cette lettre apostolique :"en regardant le passé on pourra
découvrir des incohérences fruits des faiblesses humaines, parfois même l'oubli
de certains aspects essentiels du charisme. Tout est instructif et devient en
même temps appel à la conversion". François nous demande donc « de vivre le présent avec passion, dans une
écoute attentive de ce que l'Esprit dit à notre Eglise aujourd'hui…J 'attends
donc que vous sachiez créer d'autres lieux où se vit la logique évangélique du
don, de la fraternité, de l'accueil, de la diversité et de l'amour réciproque.
J’espère que tous les lieux que la charité, et la créativité ont fait naître,
feront naître encore une créativité
nouvelle pour devenir toujours une société inspirée de l'Evangile, et la
ville sur la montagne qui dit la vérité et la puissance des paroles de
JESUS...Pendant cette année, personne ne devrait se soustraire à une
vérification sérieuse concernant sa présence dans la vie de l'Eglise, et sur la
manière de répondre aux demandes nouvelles qui se lèvent autour de nous et aux
cris des pauvres."
D’OU VENONS-NOUS ?
-Un proverbe
dit:" Si tu sais plus où aller, retourne
là d'où tu viens". Il est important d'avoir un suivi dans nos réflexions
et dans nos actions. Je ne veux pas remonter très loin, mais revenir simplement
au forum des religieux de 2011, à Dakar.
Forum des religieux de 2011.
Pendant le week-end du 1er
Novembre 2011, a eu lieu une grande rencontre (forum) des religieux et
religieuses de tout le Sénégal, sur le thème « Liberté, vérité et responsabilité pour une mission féconde et
épanouissante ». Je reprends certaines de mes notes.
-
Le premier jour, nous avons surtout insisté sur notre identité religieuse,
notre vie « interne » avec ses conditions : les trois vœux, la
prière, la vie de communauté. Tout cela est très important. Mais qu’en est-il
de notre présence dans le monde, comme nous le demande le titre de ce
forum : « Pour une mission féconde et épanouissante » ?
On a dit aussi : « Témoigner du Christ dans les milieux
défavorisés ». Sommes-nous vraiment présents dans ces milieux ?
Est-ce que nous partageons la vie des défavorisés. Est-ce que nos communautés
ne sont pas trop souvent des enclaves, avec un niveau de vie supérieur à celui
de la plupart des gens, malgré notre vœu de pauvreté ?
Nous avons ensuite parlé de nous
enraciner dans le Christ. C’est absolument nécessaire, mais quelle
compréhension avons-nous de son Evangile, en particulier des Béatitudes et de
sa mission ? (Voir, par exemple, Luc
4, 14 à 21 ; et Luc 7, 19 à 23). Pierre nous dit en reprenant le
Prophète Isaïe (65, 17 + 66, 22) : « Nous
attendons des cieux nouveaux et une terre nouvelle, où la justice habite (2ème
de Pierre, 3, 13. Voir aussi Apocalypse 21, 1). Jésus disait à ses
apôtres : « Qui vous
accueille, m’accueille » (Mat
10,40). Et aussi : »Celui qui accueille un enfant en mon nom, c’est
moi qu’il accueille » (Luc 9,48). C’est dans les hommes et les femmes
qui nous entourent, et d’abord dans les petits de notre société, que nous pouvons rencontrer le Christ chaque
jour. Pour cela, il est essentiel que nous gardions l’espérance. Mais
n’avons-nous pas un regard trop négatif sur notre société ? Il est
essentiel de voir le positif, les bonnes choses que font les gens. Il s’agit de
nous laisser interpeler par le monde, et pas seulement par notre propre
conscience.
- Le 2° jour, nous avons dit :
« Avançons au large, dans la vérité,
la liberté et la responsabilité ».
Il n’y a pas de liberté sans libération.
Comment d’abord nous laisser libérer
nous-mêmes par le Christ, pour vivre à plein (Jean 10, 10) ? Que
faisons-nous pour libérer nos communautés, nos congrégations et notre
Eglise, de tout ce qui pèse sur elles, et qui alourdit leur pas ?
Prenons-nous, chacun d’entre nous, nos responsabilités pour cela ?
Vivons-nous dans la vérité de la vie religieuse ? (il ne s’agit pas
seulement de dire la vérité, mais de faire
la vérité, comme nous le demande le Christ).
Comment libérer notre société
sénégalaise, au milieu de toutes les tensions actuelles et les risques de
violences ? Que faisons-nous pour libérer en premier les écrasés, les
opprimés, les étrangers et tous les rejetés ? Nous avons parlé de la
dimension prophétique de la vie religieuse : en quoi sommes-nous vraiment prophètes actuellement ? Le
baptême nous demande d’être « prêtres, prophètes, et rois ».
Sommes-nous des « rois » ? C’est-à-dire cherchons-nous à
organiser la société actuelle, pour y faire grandir le Royaume de Dieu ?
Comment retrouver le prophétisme de la vie religieuse ? Comment également
éduquer à la non violence active selon l’Evangile ? N’est-ce pas cela
l’une de nos premières responsabilités ?
Nous avons parlé de la prière, mais la
prière est aussi contemplation, pour savoir lire les signes des temps, et pour
découvrir que faire pour libérer les pauvres, les prisonniers et les aveugles
de toutes sortes, et tous les petits de la société (Luc 4, 14 à 21). Car ce sont ces petits qui doivent être nos
préférés et nos favorisés. Savons-nous lire
les « signes des temps » (Mt 16,2-3), pour découvrir les appels
du Seigneur dans le monde d’aujourd’hui, comme nous le demande le document du
Concile dont nous fêtons le 50ème anniversaire :
« l’Eglise dans le monde de ce temps » ? Et aussi pour changer
nos façons de faire, pour commencer des activités nouvelles et des nouvelles
façons de vivre notre vie religieuse et nos engagements. Jésus disait : « le sage dans le Royaume de Dieu, c’est
celui qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien » (Mat 13,52).
Est-ce que nous savons faire du neuf ? Est-ce que nous essayons même de le
faire ? Ou est-ce que nous ne nous contentons pas de faire marcher nos
œuvres comme nous l’avons toujours fait ?
-Le 3° jour, nous avons parlé de
« repartir du Christ ». Le Christ a prié, il a vécu en communauté
avec ses apôtres. Il a annoncé l’Evangile, pas seulement en paroles mais en
actes. Il a nourri la foule, guéri les malades et chassé les esprits mauvais.
Mais le Christ, c’est aussi celui qui a
défendu tous ceux qui étaient traités injustement : les pauvres, les
petits, les étrangers, les écrasés. Il les défend et Il les fait grandir. De
même que les femmes et les enfants : Il défend la femme adultère (Jean
8,11), et aussi la prostituée devant Simon, le pharisien (Luc 7,40). Il
dit : » laissez venir à moi les petits enfants » (Mat 19,14). Il
a su encourager et louer le 10ème lépreux samaritain, le seul venu
lui dire merci (Luc 17,12). Et Il donne en exemple un autre païen, le bon
samaritain (Luc 10,30). Repartir du Christ, cela veut donc dire aussi, pour
nous : admirer la foi des non
chrétiens, comme Jésus a admiré et donné en exemple la foi du centurion romain (Mat 8,5), de la syrienne (Marc 7,26).
Et la samaritaine, qui a été sa première missionnaire (Jean 4)
Le Concile Vatican 2, dans le document «
l’Eglise dans le monde de ce temps », reprend la méthode de l’Action
catholique : « voir – réfléchir
– agir ». Sommes-nous capables, pour repartir du Christ, de voir la
vie de nos frères, et d’y réfléchir à la lumière de la Parole de Dieu, pour
agir comme le Christ et avec Lui ? Il s’agit pour nous dans nos
communautés, mais aussi avec tous dans la société. Déjà, est-ce que nous
comprenons la langue des gens ? Pas seulement le wolof, mais aussi la
façon dont ils parlent le français et ce qu’ils veulent dire (leur culture, la
culture populaire). Nous ne pouvons pas annoncer Jésus-Christ aux hommes si
nous ne parlons pas la langue des hommes. Mais trop souvent nous utilisons un
langage religieux que les gens, en particulier les musulmans, ne comprennent
pas, et ne peuvent pas comprendre.
-Nous avons dit : il faut repartir
du Christ. Cela suppose de connaître le Christ. Mais cela suppose aussi de
partir, c’est-à-dire d’avancer. Est-ce que trop souvent nous ne restons pas à
tourner autour du Christ, au lieu de repartir
de lui, pour aller vers nos frères et dans le monde ? Aujourd’hui,
Jésus nous dit, comme à Simon (Luc 5,4) : »Va au large ».Notre pape François nous demande sans cesse
« d’aller à la périphérie ».
Réunions
des religieux
Suite à l’Assemblée Générale du 28 Avril
2012, et à la demande du cardinal Théodore Adrien, se sont tenues des réunions
des délégués des Congrégations masculines du Diocèse de Dakar, pour voir
comment mieux participer au travail du diocèse, dans la ligne de nos vocations
et selon nos possibilités. Voici quelques conclusions de la 2ème réunion : Quelle
peut être notre place et notre travail spécifique
en tant que religieux ? « L’important pour nous c’est d’ouvrir le
diocèse aux non chrétiens et à ce qui se passe dans la société. Avec un souci
spécialement des jeunes. Mais par exemple pour l’éducation, nous nous limitons
souvent aux écoles formelles, du primaire à l’université. Nous sentons le
besoin de travailler à l’éducation de tous les jeunes, spécialement les
enfants de la rue, les apprentis, les enfants non scolarisés ou dé-scolarisés,
surtout les jeunes filles. Et aussi de ne pas rester enfermés dans nos
paroisses et communautés. Etre davantage présents dans les quartiers, auprès
des organisations laïques : associations de jeunes et de femmes,
syndicats, centres culturels, écoles, postes de santé. Etre en contacts
réguliers avec les imams et les délégués de quartier. Des questions nous
préoccupent plus spécialement, comme en particulier le chômage des jeunes et
leur éducation sexuelle. Il y a tous les problèmes des femmes, mais ce sont
plutôt nos sœurs, les religieuses, qui les prennent en charge, bien que nous
travaillions ensemble. Beaucoup d’entre nous ont la responsabilité de
paroisses ; nous nous sommes redit que ce n’est pas obligé. Mais, si nous
sommes en paroisse, il nous semble important d’intensifier notre soutien aux
Mouvements d’Action Catholique et aux Communautés de quartier (CEB). Et de nous
engager davantage dans les Commissions de Justice et Paix, et des relations
chrétiens-musulmans. Pour le travail auprès des prisonniers et des malades,
nous y sommes déjà engagés ; mais les choses sont toujours à intensifier
et à revoir. Nous nous posons aussi la question des médias et de notre participation
aux émissions de radio et de télévision. Mais la question de fonds, reste la
présence et le travail avec les petits et les pauvres, ceux qui sont mis à
l’écart et écrasés ».
NOTRE CONSECRATION RELIGIEUSENous avons fait voeu de pauvreté, de chasteté (célibat consacré) et d’obéissance. Il faut nous demander : quels sont les nouveaux secteurs de la vie moderne qui ont besoin d’être évangélisés. Car le monde a changé. Il y a de nouveaux domaines de manque de foi, comme des nouveaux secteurs de pauvreté et d’injustices, dans lesquels nous devons nous engager. Mais encore faut-il en prendre conscience. Et donc de savoir lire les signes des temps, comme nous l’a rappelé le 2° concile du Vatican, à la suite de Jésus Lui-même (Mat 16,3).
Par
exemple, voir les nouvelles formes de
pauvreté qui apparaissent. Et les nouvelles maladies et problèmes actuels de santé, aussi bien dans
le monde rural que dans les banlieues.
Pas seulement le SIDA ou Ebola,
mais aussi les maladies causées par la pauvreté et la détérioration de notre
environnement : sous- alimentation, mais aussi choléra, trachome, poliomyélite….
Et aussi participer aux propositions actuelles, comme par exemple la CMU (couverture médicale universelle). Le pape
François explique (EG n° 210) : » Il est
indispensable de prêter attention aux nouvelles formes de pauvreté et de
fragilité dans lesquelles nous sommes appelés à reconnaître le Christ
souffrant, même si, en apparence, cela ne nous apporte pas des avantages
tangibles et immédiats : les sans-abris, les toxico-dépendants, les réfugiés,
les minorités, les personnes âgées toujours plus seules et abandonnées etc. Les
migrants me posent un défi particulier parce que je suis Pasteur d’une Église
sans frontières qui se sent mère de tous ». Et les réfugiés et migrants ne
manquent pas au Sénégal. Des sénégalais se sont encore noyés le 11 janvier
2.015, avec plus de 300 autres personnes, au large de Lampedusa, en voulant gagner
l’Europe. Il
nous faut relire le message de François du 1° janvier 2015, journée mondiale de
la paix.
Dans son message au symposium international le 9 mars 2014, François
exhorte spécialement les religieux et religieuses : « Soyez encore aujourd'hui, pour l’Église et
pour le monde, les avant-postes de
l’attention à tous les pauvres et à toutes les misères, matérielles, morales et
spirituelles, comme dépassement de tout égoïsme, dans la logique de
l’Évangile qui enseigne à faire confiance à la Providence de Dieu… Vivez et témoignez que le principe de
gratuité et la logique du don trouvent leur place dans l’activité
économique », souligne le pape. En rappelant que le charisme de base
des Instituts « est inscrit en plein
dans cette logique… Administrez les biens avec sagesse et transparence,
donnez à la dimension spirituelle la priorité sur la dimension économique et le
rendement, ne tolérez pas le gaspillage, et soyez attentifs à la bonne
utilisation des ressources…Les instituts ont toujours été des voix
prophétiques et des témoins vivants de la conformité à Celui qui s'est
fait pauvre ... Votre pauvreté amoureuse n'est pas théorique.
Elle s'apprend en touchant la chair du Christ pauvre, dans les humbles, dans
les pauvres, dans les malades, dans les enfants. Cette pauvreté est solidarité,
partage et charité. Elle s'exprime dans la sobriété, dans la recherche de
la justice et dans la joie de l'essentiel. Elle défend contre les idoles
matérielles qui obscurcissent le sens authentique de la vie religieuse ».
Par rapport à notre vœu de célibat consacré, je pense qu’il est absolument
nécessaire, de voir sa signification suite à toutes les transformations
actuelles de la façon de vivre la sexualité, le mariage et la famille, au
Sénégal comme ailleurs. Le synode sur la famille nous le demande fortement.
Comment être signes d’amour et de respect de soi et des autres dans des familles
blessées par les grossesses indésirées, les avortements et même les
incestes ? Cela se passe même dans nos propres familles. Comment être les
témoins de l’amour et de la miséricorde du Christ, dans une société malade de
la prostitution, de l’homosexualité et de la pédophilie ? Que faisons-nous
par rapport aux essais de plus en plus forts et nombreux, pour une légalisation
de l’avortement médicalisé ? Nous ne pouvons pas tout faire, ni tout
solutionner. Mais si chacun commençait à faire ce qu’il peut là où il vit, les
choses changeraient certainement. Il ne s’agit pas d’un poids à porter, mais d’une libération de nous-mêmes,
et de nos frères et sœurs. C’est cela qui nous donnera la vraie joie de
l’Evangile, et non pas de rester tranquilles dans notre coin.
Au
sujet de la dimension prophétique et missionnaire, mais d’abord simplement
sociale, de notre charisme de religieux,
il s'agit de vivre notre charisme en
vérité, comme l'a demandé l'Eglise au concile Vatican II. Il ne s'agit pas
de continuer à mener les mêmes activités que nos fondateurs, mais de comprendre
dans quel esprit ils l'ont fait, et à quel besoin ils voulaient répondre. A ce
moment-là, nous voyons comment vivre cet esprit dans le monde d'aujourd'hui. François
explique : Suivre son charisme, ce n’est pas « cultiver des
nostalgies inutiles » mais « parcourir à nouveau le chemin des
générations passées, pour y cueillir l’étincelle inspiratrice, les idéaux, les
projets, les valeurs qui les ont mues ». C’est pourquoi, par exemple,
les religieuses engagées dans la lutte contre la traite des êtres humains et
aussi des sœurs qui œuvrent auprès des migrants ou des prisonniers, étaient au
cœur des intentions de prière du pape pour le mois de février 2015.
Pour redécouvrir
notre charisme, notre Pape François nous donne trois repères:
1- l'Esprit Saint est toujours au départ d'un vrai
charisme.
2- Il s'agit d'un cadeau à l'Eglise, et non pas à un
groupe particulier.
3- Les fruits du charisme doivent être mis au service de
toute l'Eglise :"plus un charisme
tournera son regard vers le cœur de l'Evangile, plus son exercice sera au
service de l'Eglise" (EG 130).
Mais
actuellement il est difficile de voir quel est le vrai charisme de certaines
congrégations. En effet, la plupart des religieux prêtres sont tout d'abord
prêtres de paroisses, et donc appelés à avoir les mêmes activités que les
prêtres diocésains. Les frères et les sœurs font presque tous la même
chose : écoles, dispensaires, et centre de promotion féminine. Bien sûr,
les congrégations religieuses ont besoin d'argent pour vivre, et c'est sans doute
ce qui explique ces choix. Mais alors, est ce que nous répondons aux vrais
besoins de notre société? Est-ce que nous traçons des pistes d'avenir, pour
répondre aux besoins nouveaux qui apparaissent? Est-ce que nous sommes vraiment
proches des pauvres ? Il y a là certainement des choses à revoir!
On rencontre
aussi souvent une tension entre le
charisme de la congrégation et les dons des personnes. Si on est religieux il
n'est pas question de suivre individuellement un projet personnel. Mais en même
temps, il est important que les supérieurs aident chacun à s'épanouir, et à
développer les talents qu'il a reçus du Seigneur. Pour répondre à sa vocation
personnelle, mais dans la ligne du charisme de sa congrégation, et en vivant
ses activités en lien avec la communauté.
La communauté nous soutient dans notre
vocation. Elle est aussi le premier lieu de témoignage, et le meilleur moyen de
vivre la dimension prophétique de notre vie religieuse. Il ne s’agit pas
seulement de faire des prières ensemble, mais aussi de tenir des réunions de
communauté, où on partage ce qui nous interpelle dans la vie de l'Eglise et de
la société.
Cela pose aussi la question de la
prière : est
ce que nous savons prier à partir de notre vie, en cherchant à lire les signes
des temps, comme nous le demande le Concile Vatican II, et d'abord Jésus Christ
Lui-même (Luc 12,56 et Mat 16,2) ? Est-ce que nous présentons nos
engagements au Seigneur pas seulement dans la prière personnelle, mais aussi
communautaire ? Ou est-ce que trop souvent nous ne nous contentons pas
d'une prière mécanique de l'office, avec de très beaux chants mais sans aucune
actualisation, ni commentaire, ni intentions de prière personnelle, ni partage
de la Parole ? Comme si nous ne vivions pas dans une société, avec tous ses
problèmes mais aussi ses aspirations et toutes les bonnes choses qui se font et
qu'il est tellement important d'offrir au Seigneur. Notre prière de l'office
est souvent intemporelle : on aurait pu dire la même chose au 20ème siècle,
on pourrait réciter la même chose au Brésil ou au Japon sans aucun problème.
C'est très
bien de réciter le chapelet, mais il faut aussi chanter en vérité le Magnificat
et pouvoir dire sincèrement, parce que nous le faisons nous-mêmes : » DIEU disperse les orgueilleux, IL
renverse les puissants de leur siège de chef et IL élève les petits. IL comble
de bien les affamés et renvoie les riches les mains vides, IL relève Israël son
serviteur »....et aussi chanter en vérité l'office du matin parce que
comme DIEU et avec Lui, nous aussi, nous
visitons et rachetons son peuple pour apporter son salut à ceux qui sont
écrasés, les arracher de l'ennemi et de la main de leur oppresseurs, pour leur
montrer l'Amour de DIEU et les rendre sans crainte; pour les servir dans la
justice et la sainteté et vivre en sa présence tout au long de nos jours, pour
marcher à la face du Seigneur et pour préparer son chemin pour donner à peuple
surtout aux pauvres et aux petits de connaitre le salut, leur montrer la
tendresse et l'Amour de notre DIEU; illuminer ceux qui habitent dans les
ténèbres et dans l'ombre de la mort et conduire leur pas au chemin de la paix.
Car en tant que religieux, nous sommes bien les prophètes d'aujourd’hui, à la
suite de Jean Baptiste.
LES ENGAGEMENTS DE NOS CONGREGATIONS
Je voudrais maintenant partager quelques réflexions sur ce que pourrait
être la vie religieuse aujourd’hui (ou demain ?) au Sénégal. D’abord dans
l’Eglise, ensuite dans la société.L’Eglise est reconnue dans le pays pour ses activités sociales, en particulier ses postes de santé, ses centres de formation féminine, ses écoles. Cela est très positif. On apprécie que, tous les gens bénéficient de ces services, sans distinction de religion ou autres. C’est un témoignage vivant et actif de l’amour du Christ, ouvert à tous. Mais cela ne doit pas nous empêcher de nous poser un certain nombre de questions.
Les activités sociales de l’Eglise intéressent les non chrétiens et même font leur admiration, pour le dévouement et le désintéressement de ses acteurs. Mais on peut se demander, si ce n’est pas d’abord pour en profiter. Est-ce que cela les amène à connaître et à rencontrer la personne de Jésus Christ, qui est pourtant la base et le fondement de nos engagements ? Que faire pour cela ?
Beaucoup d’entre nous sont engagés dans les écoles et les dispensaires. C’est notre première responsabilité. C’est là que nous devons d’abord nous engager. Et il faut le faire le mieux possible. Mais nous ne pouvons pas nous contenter de dire : « nous avons nos écoles, nos dispensaires et nos centres de formation », sans nous poser de questions, ni voir les transformations à accomplir. Car il semble que l’on se contente souvent de continuer à exercer les formes traditionnelles de l’aide aux pauvres (éducation, santé, formation), mais que l’on ne soit pas suffisamment attentif aux besoins qui se font jour actuellement. Et qu’on ne cherche pas à répondre à ces besoins d’une façon adaptée.
L’enseignement.
Dans nos écoles, on enseigne bien. Beaucoup d’élèves obtiennent leur diplôme. Mais est-ce que nos écoles sont accessibles aux pauvres ? Et avons-nous aussi le souci des autres écoles : les écoles publiques officielles, mais également les écoles privées laïques, qui souvent cherchent surtout à faire de l’argent. Que faisons-nous pour partager notre expérience, pour qu’elles marchent mieux ? Car nous sommes responsables aussi de ces élèves, et de ces enseignants. Déjà, il y a des enseignants chrétiens dans ces écoles, et aussi des élèves chrétiens. Que faisons-nous pour les soutenir, et les former à s’engager avec les autres ? Que font les religieux et religieuses enseignants pour soutenir la JEC, et le Mouvement des Equipes enseignantes ? Nous avons plus le souci des élèves de nos écoles catholiques, que des autres élèves du pays, spécialement les plus démunis. Alors que l’enseignement rencontre de graves problèmes : grèves incessantes, baisse de niveau, manque d’éducation, l’Eglise semble plus soucieuse de ses œuvres, que du bien commun et de l’avancée de tous.
Généralement, nous restons enfermés dans un enseignement de type classique pour obtenir des diplômes, sans trop chercher à nous investir dans les nouvelles formes d’éducation, comme par exemple les écoles communautaires prises en charge par les parents et le quartier, l’enseignement mixte (théorie et apprentissage d’un métier), enseignement dans les langues locales et adapté aux plus défavorisés, alphabétisation fonctionnelle, nouvelles méthodes d’enseignement, etc…Alors que des expériences très importantes sont déjà menées dans ce domaine, par exemple par ENDA. En commençant par nos jardins d’enfants, qui pour la plupart sont de type vraiment occidental et réservés à une certaine classe sociale.
Que faisons-nous aussi, pour tous les enfants qui ne pourront jamais aller à l’école ?
La catéchèse même sacramentelle, se fait dans nos écoles catholiques, mais parfois au risque de devenir une matière scolaire parmi d’autres, et d’être faite par des enseignants pas toujours motivés. On confond catéchèse et enseignement religieux. Et il reste la question : est-ce que notre catéchèse est vraiment une évangélisation et une conversion ? Car la catéchèse n’est pas faite d’abord pour recevoir les sacrements, mais pour rencontrer le Christ, et vivre avec Lui et comme Lui. On ne semble pas former les catéchumènes pour qu’ils soient évangélisateurs de leurs frères. Ni même pour qu’ils participent à la vie de leur paroisse, encore moins de la CEB. En tout cas, les thèmes enseignés en catéchèse devraient certainement être revus, pour répondre davantage aux besoins des enfants et à l’évolution actuelle de la société. Par exemple, est-ce que la doctrine sociale de l’Eglise est vraiment enseignée, en tant que telle? Pourtant, c’est la base de l’engagement dans la société, pour l’Evangélisation et la venue du Royaume. Et toutes les questions de l’éducation sexuelle, de la préparation au mariage et de la vie de famille, qui sont parmi les problèmes importants des adolescents.
Comment nous laissons-nous interpeler par la préparation de la 2° session du synode de la famille ? Cette préparation ne doit pas être laissée à nos évêques, mais se faire à la base, avec les enseignants, les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes. C’est pour cela que le pape a envoyé un questionnaire, qui s’adresse à tous. A Pikine, nous avons repris le questionnaire préparatoire, en l’adaptant à la vie des jeunes, et au niveau de compréhension des enfants, pour qu’ils puissent eux-aussi apporter leur contribution.
Il reste aussi la question délicate de la prière dans nos écoles, et de l’éducation religieuse à proposer aux élèves musulmans.
Et enfin, le problème de l’argent, de la bonne gestion et de la transparence. Et aussi, la façon dont on le gagne ou l’obtient, et de son utilisation. On a parfois l’impression que la recherche de l’argent devient plus importante que l’éducation humaine et religieuse. Et on a de la peine à accepter qu’un collège catholique ait dépensé 400.000 francs pour payer l’intervention d’un « artiste » pendant 15 minutes, pour une fête du Mardi Gras. Une fête païenne ! Est-ce que cette fête légitimait une journée entière sans cours ?
On assiste ainsi à une paganisation des fêtes chrétiennes. Dans certains jardins d’enfants, et même écoles primaires, Noel ce n’est plus la fête de la naissance de Jésus, c’est la fête du père Noel. C’est la fête des cadeaux. Comme si le plus beau cadeau de Noel, ce n’était pas Jésus qui vient nous sauver. Même si on veut faire des cadeaux, est-ce qu’on ne peut pas au moins expliquer que c’est à cause de la naissance de Jésus. Même nos élèves musulmans connaissent Jésus. On en parle dans le Coran !
L’Eglise nous demande l’inculturation de l’Evangile. On parle de nos valeurs traditionnelles. Est-ce que nous cherchons à les faire vivre à nos élèves, d’une manière adaptée à notre monde moderne ? On a parfois l’impression qu’un certain nombre d’écoles, en commençant par les jardins d’enfants, sont des lieux de « toubabisation » et de perte de nos cultures.
Un jésuite, Philippe Lécrivain, écrit : « Aux consacrés, j’ai envie de dire : cessez de vous désespérer, de dire qu’il n’y a plus de vocations, et plus d’argent… Continuez à vous organiser pour mieux vous adapter à la société, mais d’être présents d’une autre manière ! »
-Les dispensaires privés catholiques
Il faudrait mener la même réflexion. Tous admirent la qualité des soins, et le dévouement des agents de santé de nos établissements. Nos dispensaires sont propres et nous soignons bien. Nous arrivons à avoir des médicaments pour les gens à des prix accessibles, à la suite de nombreux efforts. Nous avons fait beaucoup de progrès pour dépasser les simples soins (médecine curative) et travailler au niveau de l’éducation à la santé, de l’hygiène, de la prévention, des vaccinations, de la lutte contre la dénutrition, le SIDA, etc.
Mais d’un autre côté, il nous arrive souvent de partir en congés aux mois de Juillet et Août, alors que c’est justement le moment où il y a le plus de malades. Et donc où les gens ont le plus besoin de nous.
Et surtout, agissons-nous suffisamment pour la santé, au niveau du pays ? Quel soutien apportons-nous aux établissements de santé publics ? Comment travaillons-nous avec eux ? Sommes-nous actifs, et pas seulement présents, dans les organisations de la santé publique et des ministères ? Sommes-nous attentifs à l‘action des syndicats ? Au moins pour suivre et encourager les chrétiens qui y sont engagés. Nos employés sont-ils engagés dans les syndicats de la santé ?
Participons-nous aux réflexions gouvernementales et aux programmes sur la santé ? Ou ne nous contentons-nous pas trop facilement de bien faire marcher nos propres dispensaires, sans penser aux autres ? Le levain doit être dans la pâte (Matthieu 13, 33). Par exemple, sommes-nous engagés pour la CMU (Couverture Médicale Universelle), pour que les plus pauvres puissent se faire soigner plus facilement ? Poussons-nous nos paroisses à mettre en place des mutuelles pour cela ?
-Nous
avons des Centres de formation féminine, où nous enseignons bien. Mais est-ce que nous
aidons ces femmes et ces jeunes filles à gagner ensuite leur vie ? Comment
nous sentons-nous concernés par le chômage des jeunes, et les souffrances et
l’exploitation des femmes ? Que faisons-nous contre cela ?
Il est sûr qu’une
véritable évangélisation se fait dans les écoles, les centres de formation
et à partir des dispensaires et autres actions sociales de l’Eglise. Mais cette
évangélisation aurait besoin d’être réfléchie en tant que telle. Et d’être
davantage organisée pour aller plus loin, et surtout plus profond.Nous n’avons pas à nous décourager, même si nous sommes une minorité dans le pays. Jésus nous dit : » N’ayez pas peur, petit troupeau » (Luc 12,32). Il suffit d’un peu de sel pour donner du goût à tout le plat (Matthieu 5, 13). Mais encore faut-il que nous ayons gardé la force du sel, et que nous soyons présents au milieu des aliments et dans la pâte, et non pas sur l’étagère. Jésus nous dit : »Vous êtes la lumière du monde » : du monde, de toute notre société. Pas seulement de notre école, notre dispensaire ou notre centre.
NOS ENGAGEMENTS DANS LA PAROISSE
Nous y sommes engagés en particulier dans les CEB et les mouvements. Quel peut être notre rôle ?
Les CEB : La CEB : (Communauté Ecclésiale de Base), c’est la famille chrétienne dans le quartier. Elle doit porter le souci de la vie de tous les habitants, et être engagée avec les autres personnes du quartier, pour y construire ensemble le Royaume de Dieu. Mais la plupart du temps, il n’y a pas eu une véritable formation et réflexion sur ce que doit être une communauté chrétienne de quartier. Non seulement les responsables n’ont pas été formés, mais souvent, ils sont abandonnés à eux-mêmes, les prêtres et les religieux n’ayant pas la volonté de participer à ces réunions de communautés. Comme les chrétiens, ne savaient pas quoi faire, pendant ces réunions, ils en sont venus à réciter le chapelet. Au lieu d’être une famille chrétienne qui prend en charge l’évangélisation de tous, les réunions des communautés sont devenues simplement des réunions de prières. Bien sûr la prière est essentielle à la vie chrétienne, mais elle doit déboucher sur une transformation de la vie, et une action dans le milieu où l’on se trouve.
Religieux et religieuses ont reçu une
formation humaine et chrétienne. La plupart font un travail professionnel.
N'est-ce pas leur responsabilité de partager cette formation avec les laïcs, et
de les aider à vivre leur foi dans leur travail, et leur vie de quartier ?
Souvent les religieux disent qu'ils sont trop fatigués pour aller aux réunions
de CEB, la nuit. Et que leur premier devoir, c'est leur activité
professionnelle. Et donc, ils n'ont pas le temps de s'engager ailleurs. Mais
les laïcs qui participent aux réunions de CEB, ou qui s'engagent dans leurs
mouvements, ils ont aussi leur travail professionnel. Et en plus, leur vie de
famille avec tous les soucis dans le monde actuel. Pourtant ils trouvent le
temps et le courage de participer aux activités de l’Eglise, en plus de leurs
engagements dans la société : associatif, syndical, politique…Il
est très difficile de trouver des frères et des sœurs pour accompagner les
communautés de base (CEB). Comment s’étonner alors que celles-ci n’aient pas le
souci de l’évangélisation de leur quartier ?
Les amicales ou associations :
Ce qui attire beaucoup les jeunes dans le diocèse, mais aussi les
adultes, ce sont des amicales ou
associations, où on se retrouve pour faire des fêtes et
organiser des soirées dansantes. Les activités principales sont des activités
lucratives : repas et fêtes (xaware, ngonal, yendoo, ngel…,), concerts ou
soirées payantes pour gagner de l’argent. Cet argent est surtout utilisé ensuite
pour des repas et des sorties, ou pour acheter des tenues, tee-shirts et
uniformes et organiser des fêtes pour les seuls membres. Mais pas pour aider
les plus pauvres, même pas ceux qui appartiennent au groupe en question, qu’ils
soient choristes, scouts, enfants de chœur, lecteurs ou autre chose. Encore moins
pour le développement du pays, et le soutien de projets pour les plus démunis. Quand Zachée a parlé avec Jésus, il lui a dit (Luc 19,2-7) : » Je vais donner la moitié de mon argent aux pauvres. Et si j’ai fait du mal à quelqu’un, je vais le payer 4 fois «. Il faudrait donc qu'à chaque fois que l'on fait une activité lucrative, la moitié aille aux pauvres. Que ce soit par l'intermédiaire de la Caritas, dans un projet, ou au moins pour les nécessiteux du groupe même. Par exemple dans les amicales, comme dans les mouvements, chorales et autres associations, il y a des jeunes venant de familles nécessiteuses, des malades, des étudiants qui n'arrivent pas à payer leur inscription, et des élèves qui n'ont pas les moyens de s'acheter les fournitures nécessaires. Il y a aussi des jeunes au chômage, et qui auraient besoin d'aide pour lancer une activité qui leur permettent de vivre. Mais tout l'argent récolté dans l'activité du groupe est "mangé" à nouveau, dans des fêtes, des sorties, et des jumelages. Ou d'autres choses qui n'aident, ni à l'Evangélisation, ni à la charité, ni à la justice dans la société. Notre Eglise est en train de devenir une entreprise commerciale, ou une société de loisirs qui organise des fêtes et des danses. Il manque gravement de gratuité dans nos mouvements et associations.
La plupart du temps aucun membre de ces amicales ou fraternités, associations et autres groupes ne participe au travail de la Caritas...quand celle-ci travaille vraiment dans la paroisse, et n’attend pas des dons venus d’ailleurs, pour faire des distributions. Mais sans former les gens, et sans mener d’action à la base, comme simplement commencer un petit poulailler, faire de la culture sur table, ou tout autre petit projet. Pire que cela, au lieu de mettre les gens debout, de faire jouer la solidarité traditionnelle et de les responsabiliser, on en fait des assistés et des mendiants. Nous-mêmes les religieux, que faisons-nous par rapport à tout cela? Que faisons-nous des talents que le Seigneur nous a donnés ? Car bien sûr Il nous en demandera des comptes! Où est la dimension prophétique de notre vocation?
Il faudrait aussi lutter contre les injustices, et comme le dit Zachée: " payer quatre fois, si on a fait du tort à quelqu'un". Et là aussi, commencer au moins à l'intérieur de nos paroisses. Il y a des manques de paix et des injustices, même dans nos CEB, nos mouvements, et nos groupes de lecteurs, d'enfants de chœur ou choristes. Est-ce que tout cela ne doit pas nous interroger, en tant que religieux, ayant fait vœu de pauvreté, vivant en communauté, et engagés pour la justice ? Jésus nous dit, à nous aussi : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et vous recevrez tout le reste en plus ». Quelle est notre participation aux commissions Justice et Paix, alors que dans toutes nos congrégations on a choisi un délégué pour cela ?
Au sujet de Justice et Paix, un danger nous guette. C’est
d’être surtout prêts à défendre notre Eglise et à réclamer nos droits, plus
qu’à défendre ceux qui sont exploités et mis à l’écart, qu’ils soient chrétiens
ou non. Or le Seigneur nous appelle à agir au niveau personnel et de nos
communautés (car il y a aussi des injustices dans nos communautés), mais aussi au niveau de la
société. Il y a un grand paradoxe dans notre pays : le PIB (Produit Intérieur
Brut) c’est-à-dire la richesse du pays augmente,, et en même temps le nombre de
personnes vivant sous le seuil de pauvreté augmente également. C’est tout à
fait anormal. Cela veut dire que les richesses du pays sont accaparées par
certains, au détriment des plus pauvres
et du reste de la population. Dieu dit à Abraham : « Quitte ton pays et la maison de ton père ». Il nous faut parfois
sortir de nos communautés et nos paroisses, pour aller rencontrer le Seigneur,
qui nous attend dans le monde.
Les chorales : Une
autre activité qui attire les chrétiens, beaucoup plus que l’engagement dans
leur milieu de vie, ce sont les chorales,
où les gens passent de nombreuses heures en répétition de chants, plusieurs
soirées par semaine, souvent au détriment de leur vie de famille, et de leurs
études pour les élèves et les étudiants. On y fait une prière à toute
vitesse…quand on la fait ! On ne lit même pas l’Evangile du dimanche
suivant. Je ne parle pas d’un partage d’Evangile, mais au moins lire cette
Parole de Dieu. Et choisir les chants à partir de cet Evangile, et pas
seulement pour leur rythme. Prendre des chants que la foule peut chanter, même
s’il faut en répéter au moins le refrain avant le début de l’eucharistie. Et
mettre quelqu’un pour diriger la foule. La conséquence, c’est que les eucharisties se transforment en
concerts, ce qui est tout à fait à l’opposé de « la participation pleine et active de l’assemblée » demandée par
le décret sur la Liturgie du Concile Vatican 2. Dans nos assemblées, la foule
ne chante plus. Les concerts religieux (choralies) se terminent en soirées
dansantes. Et pour venir animer par exemple les mariages et autres sacrements, ces
chorales se font payer. Mais quand on organise une formation, on ne voit aucun
choriste. Ni les autres associations de jeunes d’ailleurs. Quel avenir
préparons-nous, pour notre Eglise comme pour notre pays ?
Heureusement il y a des chorales qui
font des concerts, par exemple pour aider les malades ou les prisonniers. Ce
sont ces initiatives-là, que nous devons soutenir. Dans les chorales comme dans
les associations de toutes sortes, il y
a des religieux qui en font partie. Que font-ils vraiment pour que les
choses changent ?
Même dans
les CEB dont j'ai parlé plus haut, l'activité principale est devenu la
préparation de la fête patronale, avec bien sûr une soirée, un grand repas, des
ventes de t-shirts, des tenues ...etc. Mais quand on demande à ces CEB de
soutenir un projet, ou d'aider des personnes en difficultés, ils nous disent : il
n'y a pas d'argent dans la caisse. Mais
où ont-ils trouvé tout cet argent pour la fête patronale? Avons-nous vraiment essayé
de réfléchir avec eux sur ce problème?
Les groupes charismatiques :
Ce qui attire aussi beaucoup les chrétiens jeunes et adultes, ce sont les groupes charismatiques. Ce n’est
pas le lieu ici d’en faire l’évaluation. Ils ont certainement un rôle à jouer
dans l’évangélisation, par leur joie et
leur courage de présenter Jésus Christ et son Evangile, sans peur et sans
complexe. Il est sûr qu’ils regroupent de nombreux jeunes et adultes, en proposant
des formes de prières plus libres et plus animées, mais qui ne sont pas
exemptes d’illusion et de sentimentalisme. Or, la foi ce n’est pas seulement
une question d’affectivité forte : « avoir le cœur tout chaud ». Elle demande
un engagement réel dans la vie. Il est clair par ailleurs, que beaucoup de gens entrent dans ces mouvements plus par intérêt personnel, que par volonté de vivre vraiment avec le Christ. Par exemple, pour une guérison, trouver du travail, réussir son mariage, avoir des enfants, obtenir son examen, etc… comme on le dit sans complexe, dans les annonces des rencontres. Quand on promet tout cela, est-ce qu’on ne trompe pas les gens ? Et quand ils seront déçus de ne pas avoir ce qu’ils espéraient, ils abandonneront l’Eglise. L’un des signes de cela, c’est le nombre de bénédictions qui s’y pratiquent. Et aussi la recherche de signes extraordinaires, de révélations, de rêves, d’apparitions, de conseils, etc. L’Evangile de Jésus Christ ne suffit plus. Or l’évangélisation c’est bien cela : faire découvrir et aimer Jésus Christ, et vivre de son Evangile.
On peut aussi se poser des questions sur ce qui se dit dans ces groupes sur l’action de Satan et des démons, et plus largement, sur le péché et le mal dans le monde, et sur la recherche de protections. Comme si le monde n’était pas déjà sauvé par Jésus Christ. Il y a aussi l’illusion que, si on a réussi à rassembler beaucoup de monde, que l’on a des gens qui parlent en langues et qui entrent en transe, que l’on entend un certain nombre de témoignages plus ou moins extraordinaires ou miraculeux, on a assuré une véritable évangélisation et une transformation de la société. Les religieux et religieuses ne manquent pas dans ces groupes. Qu’y faisons-nous ?
Un certain
nombre de catholiques quittent l’Eglise pour aller chez les marabouts, les
musulmans ou chez les protestants, quand ils sont malades. Il y a bien les
groupes charismatiques qui font des
prières de guérison, mais avec tous les dangers de déviation dont j’ai
parlé. A la session de Popenguine du 28-1-15, le Cardinal nous a dit qu’il
cherche des gens pour remplir ce ministère de la guérison. Il pense aux
catéchistes et aux responsables de communautés, pour que ce ministère ne soit
pas monopolisé par les prêtres avec le danger de cléricalisme que cela
comporte. Est-ce qu’il n’y aurait pas là un
lieu d’engagement pour les religieux et religieuses qui, normalement sont
mieux formés et davantage engagés dans la prière.
Les mouvements
d’action catholique : Nos choix montrent nos priorités Un simple
signe : il y a de moins en moins de sœurs et de frères engagés dans les
mouvements d’action catholique.
Beaucoup semblent davantage intéressés par les chorales. Quand ils ne limitent
pas leur engagement aux œuvres de leur congrégation. N’est-ce pas inquiétant pour l’avenir de l’Eglise,
et aussi de la société ?
On a même
parfois l'impression que certains religieux et religieuses passent leur temps
entre les enterrements et les mariages, les visites familiales, les pèlerinages
et les voyages. Cela suffit-il pour faire venir le Royaume de Dieu, qui doit
être notre préoccupation première ? Est-ce que c'est vraiment cela notre
première responsabilité, en tant que religieux? Pendant tout ce temps, des
mouvements d'action catholique diminuent comme la JEC et la JOC, ou les Equipes
enseignantes, sans parler de ceux qui ont complètement disparus. Il ne reste
actif que le mouvement des enfants, les CV/AV. Pour combien de temps et pour
quelles activités? Si on perd le souci
de l’Evangélisation des différents milieux de vie, comment s’étonner que
l’Eglise se replie sur elle-même, qu’elle se concentre sur une prière et une
liturgie coupées de la vie et sans actions concrètes, pour l’affaiblissement de
l’Eglise et du Royaume. Cela ne semble pas inquiéter beaucoup d’entre nous.
On pourrait
dire la même chose au sujet des Scouts
et Guides, des Femmes Catholiques, etc…
De même, la
commission pour les relations entre chrétiens et musulmans essaie de renaître.
Elle avait pratiquement disparu; pourquoi ne nous sentons-nous pas concernés
par cela? Est-ce que nous ne sommes pas responsables aussi de nos frères et de
nos sœurs musulmans? Pourtant, ils sont nombreux dans nos écoles, nos
dispensaires, et nos autres œuvres.
Jésus nous dira à la fin du monde :
« J’étais prisonnier et tu m’as visité». Mais les aumôneries de prison ont beaucoup de peine elles aussi à
trouver des religieux et religieuses, pour s’y engager, et travailler avec les
laïcs. Jésus nous dira aussi : " j'étais
étranger et tu m'as accueilli" (Mt 25,35). Ces paroles s'adressent à
nous religieux, comme à tous les autres chrétiens. Que faisons-nous
pour les prisonniers, les réfugiés, les
émigrés de retour, et les étrangers présents parmi nous (les étrangers
pauvres, pas seulement ceux qui sont dans les ONG ou les grandes organisations
internationales) ? Est-ce que nous sommes présents, en tant que religieux,
dans les Commissions Justice et Paix et les Aumôneries de prison ? Sinon,
pourquoi ?
Et dans les aumôneries des lycées et des collèges ? Et l’aumônerie des
malades, et dans les hôpitaux ?
A la session
sur la Mission de l’Eglise le 28-1-2015, à Popenguine, les responsables laïcs
ont demandé un meilleur encadrement des mouvements par les aumôniers et les
conseillères. Pour les associations, on a remarqué qu’il y a des associations
de femmes, mais pas d’associations d’hommes. C’est une faiblesse de notre
Eglise. Est-ce que les religieux frères
ne devraient pas s’engager davantage dans la pastorale, spécialement auprès des
hommes ?
Il y aurait
beaucoup d'autres choses encore à faire: comme par exemple participer à la préparation des fiancés au mariage, et au soutien
des couples et des familles. Là aussi, les religieux ont un rôle irremplaçable
à jouer, à côté et avec les laïcs. Mais la commission de la famille est
pratiquement inexistante et les équipes de foyers chrétiens (comme les équipes
Notre-Dame) très rares.
Et comment
avons-nous répondu à l'appel du Cardinal qui demandait aux congrégations
religieuses de s'implanter davantage en
secteur rural ?
Dans les rencontres de doyenné, on ne voit pas beaucoup de
religieux, même pas ceux qui sont engagés dans la pastorale paroissiale. Mais
encore faudrait-il que les religieux prennent leur responsabilité et se fassent respecter dans leur vocation
propre, pour ne pas être traités seulement comme des auxiliaires des
prêtres, ou même des simples roues de secours ou des bouche-trous pour ce que
les prêtres ne veulent pas faire. Nous sommes souvent mieux placés que les
laïcs, pour lutter contre le cléricalisme.
Dans notre pays, nous avons la chance d’avoir un certain nombre d’ONG et autres organisations qui s’engagent pour les droits humains, et donc aussi pour la liberté de religion. Nous avons la possibilité de travailler avec elles Qu’est-ce qui nous empêche de pousser les chrétiens avec qui nous travaillons à entrer dans ces ONG, associations...et d'y entrer nous-mêmes ?
Cela pose la
question de la formation. Nous demandons à nos jeunes frères et sœurs de se
former au niveau professionnel pour nos œuvres: santé, enseignement, promotion
féminine... C'est nécessaire. Nous en envoyons certains se former en
philosophie et en théologie, c'est très bien. Mais ne faudrait-il pas aussi en
former dans les sciences humaines, les droits de l'homme, problèmes économiques
et politiques, l'animation des groupes, la sociologie en général...pour qu'ils
puissent s'engager ensuite dans la société, pas seulement comme professeurs ou
agents de santé. Et pas seulement dans nos œuvres catholiques, mais aussi dans les
institutions officielles. Pour travailler avec les malades du Sida ou d’Ebola,
avec les prostitués et les enfants de la rue, avec les émigrés et les
marginaux, pour lutter pour les droits humains et aider les pauvres à se
prendre en main, et tant d’autres choses. Notre pape François nous rappelle (La
joie de l’Evangile=EG n°178) : » À partir
du cœur de l’Évangile, nous reconnaissons la connexion intime entre
évangélisation et promotion humaine, qui doit nécessairement se développer dans
toute l’action évangélisatrice ». Mais cela suppose que nos étudiants et
étudiantes soient plus intéressés par une formation pastorale missionnaire que
par les diplômes, comme l’a rappelé aussi fortement et plusieurs fois le pape
François. Par exemple, le 27 novembre 2014. Le pape François a appelé les institutions religieuses
à «renouveler leurs habitudes» et leurs
structures si elles ne répondent plus à ce que Dieu demande aujourd’hui, pour
faire avancer son Règne dans le monde». Le pape a aussi évoqué «des zones de faiblesse aujourd’hui dans la vie consacrée, telles que la
résistance de certains secteurs au changement ou leur force d’attraction
diminuée. Cela me préoccupe car cela dit quelque chose sur la sélection et la
formation des candidats». Et le pontife d’insister sur «la fragilité de certains itinéraires de formation».
Un autre
problème, c'est que nos CEB et nos amicales, comme nos différentes associations,
se retrouvent uniquement à la paroisse, entre chrétiens. Mais ils n'agissent pratiquement
pas dans leur quartier. Ils ne sont pas
engagés dans la société : Les jeunes des amicales chrétiennes ne
travaillent pas avec les ASC de quartiers. Les femmes catholiques ne
collaborent pas avec les autres associations féminines du quartier. De même,
les responsables de CEB ne sont en contact suivi, ni avec les imams, ni avec
les délégués de quartier. Comment alors travailler ensemble pour faire avancer
les choses? Si nous sommes chrétiens, est-ce que nous ne sommes pas d'abord et
aussi des citoyens, même les religieux? Nous sommes nés avant d'être baptisés,
ou de devenir religieux. Engagés dans ces différents groupes et organisations,
que faisons-nous pour que les choses changent? Et pour répondre aux appels du
concile Vatican II, et de nos différents Papes ? Et actuellement du Pape
François, qui nous demande sans arrêt d'aller
à la périphérie, et de lutter contre la civilisation du déchet. Et pour
répondre aussi aux appels de nos évêques, qui nous demandent de nous engager
dans la société.
C'est
l'objet, non seulement du troisième et quatrième objectif de notre 3° Plan
d’Action Pastoral, mais aussi du premier: la communion. Mais le
connaissons-nous vraiment ? Nous y sommes-nous engagés ? Certaines
paroisses ont réduit la communion à l'entente entre chrétiens, et non pas à
faire grandir la communion dans la société, entre tous les hommes. IL faudrait revoir la vision que nous avons de ce plan
pastoral : nous avons une Eglise centrée sur elle-même, et non pas au
service du Royaume de Dieu, comme Jésus nous l'a sans cesse demandé. Il nous a
pourtant dit "allez dans le monde
entier". Et Lui-même a sans cesse traversé le Jourdain et les
frontières, pour aller à Tyr, à Sidon, dans la Décapole, chez les Générasiens,
et dans beaucoup d'endroits encore.
Notre communauté vit dans un
quartier. Participons-nous
à la vie de ce quartier? Connaissons-nous le Maire et les délégués de notre
quartier? Avons-nous participé au moins une fois, à un conseil municipal. Car
il est ouvert à tous. L'acte trois de la décentralisation se met en place. Est-ce
que nous savons ce que cela signifie? Connaissons-nous le plan d'actions et les
projets de notre municipalité?
En conclusion, nous devons reconnaître que nous les
religieux nous sommes davantage engagés
dans l’Eglise que dans la société, et soucieux d’une vie de prière mais
sans engagement collectif, pour lutter contre les injustices, Alors que les
deux devraient aller ensemble. Et que la prière personnelle et communautaire
devrait déboucher sur cet engagement et le nourrir. Comme Jésus qui monte sur
la colline prier son Père, Mais qui descend ensuite nourrir la foule qui a
faim. Et c'est seulement
quand Il a nourri la foule, qu'Il lui enseigne qu'IL est le Pain de la Vie (Jean
6). Et de même, Il dit aux disciples de Jean Baptiste : « Allez raconter à Jean, ce que vous avez vu
et entendu : les aveugles
voient…et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Luc 7,22).
Notre pape François dit dans sa lettre sur la Joie de l’Evangile : Oui au
défi d’une spiritualité missionnaire n°78 : «
Aujourd’hui, on peut rencontrer chez beaucoup d’agents pastoraux, y compris des
personnes consacrées, une préoccupation exagérée pour les espaces personnels
d’autonomie et de détente, qui les conduit à vivre leurs tâches comme un simple
appendice de la vie, comme si elles ne faisaient pas partie de leur identité.
En même temps, la vie spirituelle se confond avec des moments religieux qui
offrent un certain soulagement, mais qui ne nourrissent pas la rencontre avec
les autres, l’engagement dans le monde, la passion pour l’évangélisation.
Ainsi, on peut trouver chez beaucoup d’agents de l’évangélisation, bien qu’ils
prient, une accentuation de l’individualisme, une crise d’identité et une
baisse de ferveur. Ce sont trois maux qui se nourrissent l’un l’autre ». L’EVANGELISATION
Notre pape François nous rappelle (La joie de l’Evangile=EG n°178) : » À partir du cœur de l’Évangile, nous reconnaissons la connexion intime entre évangélisation et promotion humaine, qui doit nécessairement s’exprimer et se développer dans toute l’action évangélisatrice ».
Les congrégations missionnaires sont présentes et nombreuses dans l’archidiocèse. Mais souvent on ne leur permet pas de vivre leur charisme missionnaire. Et d’ailleurs elles-mêmes ne le cherchent pas toujours. Pour les religieux prêtres, ce que l’on attend d’eux, c’est de tenir des paroisses, mais beaucoup moins de s’engager dans la société pour l’évangélisation en tant que telle. Le pape demande aux évêques « de respecter les missions de chacun : de ne pas demander aux religieux d’animer les communautés paroissiales mais de les laisser vivre et de les soutenir dans leurs missions propres…Que cette Année rappelle à tous que l’Église n’est pas uniforme et que les uns ne vont pas sans les autres »…
Nos écoles, centres de santé et centres de formation pourraient être l’occasion d’une évangélisation plus profonde, dans l’accueil et le respect des autres. Nos oeuvres sont comprises comme la mise en pratique de la charité du Christ, ce qui est très important et vrai, mais beaucoup moins comme une véritable évangélisation, dans le sens du dialogue et du partage de la foi. Car il est important de garder la gratuité de nos activités et le respect de la liberté des gens, pour éviter tout prosélytisme, comme Jésus Christ l’a fait lui-même. Et que les conversions ne soient pas causées par le désir de bénéficier des actions humanitaires et caritatives de l’Eglise. L’évangélisation doit se faire d’une façon désintéressée, dans l’amour de Dieu qui est gratuit (« ce que vous avez reçu gratuitement, donnez-le aussi gratuitement »).
Ce qui ralentit l’évangélisation, c’est d’abord qu’elle est difficile, dans un pays à très grande majorité musulmane, même si les gens sont très tolérants. L’Eglise catholique a été reconnue et soutenue au temps de la colonisation. Depuis, elle n’a pas pris suffisamment conscience qu’elle est une minorité, et elle n’en a pas tiré les conclusions qui s’imposaient. Jésus disait : « N’ayez pas peur, petit troupeau » (Luc 12,32). Il disait aussi « Vous êtes le sel de la terre ». Il suffit d’un peu de sel, pour donner du goût à tout le plat. Mais encore faut-il que le sel ne perde pas sa force, sinon on lui marche dessus (Mat 5,13). Et surtout qu’il ne reste pas dans la boîte sur l’étagère, mais qu’il soit vraiment au milieu de la nourriture, présent et agissant. Même si la lumière de l’Eglise n’est pas sous le boisseau, elle reste encore trop souvent enfermée dans la maison. Elle éclaire ceux qui sont dans la maison, mais elle n’est pas encore ouverte, sur une colline, pour éclairer tous les hommes (Mat 5,14). Et le levain est plus souvent partagé entre chrétiens, que présent dans la pâte humaine de la société (Mat 13,33).
Pourtant, nous vivons dans une culture tolérante, qui accepte les idées et la liberté des autres. Cela est renforcé dans le centre et le sud du pays par le fait que dans les mêmes familles il y a des chrétiens et des musulmans. La culture traditionnelle africaine commune à tous les croyants est ainsi une grande chance pour nous, et une base pour construire la paix, l’acceptation mutuelle et le dialogue, et donc pour permettre une véritable évangélisation.
Il est sûr qu’à travers les mouvements d’Action Catholique, et les activités sociales de l’Eglise, l’esprit de l’Evangile et la connaissance de Jésus Christ passent. Un certain nombre de musulmans vivent leur religion et comprennent le Coran, différemment et d’une façon plus spirituelle, grâce à leurs contacts avec les chrétiens. Par exemple au moment du Ramadan, pour ne pas se limiter au jeûne mais chercher une vraie conversion, grâce à la façon des chrétiens de vivre le Carême. Et aussi dans la façon de prier, plus personnelle et à partir de la vie, en dépassant la seule récitation de formules. Ou encore pour vivre leur foi dans l’amour, et pas seulement garder les 10 commandements d’une façon parfois moralisante ou extérieure. On peut se demander, à l‘inverse, dans quelle mesure la foi des chrétiens est purifiée et grandie, grâce à leur vie en commun avec les musulmans. En effet, les musulmans nous appellent à un respect de Dieu plus grand : « Dieu est Dieu, et il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu ». Ils prient 5 fois par jour, et nous rappellent l’importance de la prière, et aussi de manifester notre foi en public. Le sérieux avec lequel ils jeûnent pendant le Ramadan nous interroge sur la façon dont nous vivons le Carême. Et beaucoup d’autres choses encore. Mais combien de chrétiens, trop sûrs de leur foi, sont prêts à se laisser interpeler par les musulmans ? Or il ne peut pas y avoir d’évangélisation sans dialogue et accueil de l’autre.
Notre pape François écrit (La joie de l’Evangile=EG : Le dialogue interreligieux, n° 250) : » Une attitude d’ouverture en vérité et dans l’amour doit caractériser le dialogue avec les croyants des religions non chrétiennes, malgré les divers obstacles et les difficultés, en particulier les fondamentalismes des deux parties. Ce dialogue interreligieux est une condition nécessaire pour la paix dans le monde, et par conséquent est un devoir pour les chrétiens, comme pour les autres communautés religieuses. Ce dialogue est, en premier lieu, une conversation sur la vie humaine, une « attitude d’ouverture envers eux partageant leurs joies et leurs peines. Ainsi, nous apprenons à accepter les autres dans leur manière différente d’être, de penser et de s’exprimer. De cette manière, nous pourrons assumer ensemble le devoir de servir la justice et la paix, qui devra devenir un critère de base de tous les échanges ». N° 251 : » L’Évangélisation et le dialogue interreligieux, loin de s’opposer, se soutiennent et s’alimentent réciproquement ».
Les possibilités ne manquent pas : Au niveau de l’Etat, nous avons la chance de vivre dans un pays laïc qui soutient une laïcité positive où l’Etat reconnait et soutient chacune des religions. Même s’il nous faut rester très attentifs, face au désir de certains d’islamiser la société, et au danger d’intégrisme de certains mouvements qui pourraient venir de pays voisins. Mais le danger vient aussi de certains chrétiens, qui sont eux aussi de tendance intégriste. Pour le moment, l’Eglise catholique est acceptée et reconnue dans le pays. Mais la communauté chrétienne reste trop centrée sur elle et enfermée dans ses problèmes, ce qui à mon avis, est en opposition directe avec une nouvelle évangélisation. On est prêt à accueillir les gens chez nous, mais beaucoup moins à aller vers eux, et encore moins à accueillir les valeurs et les richesses spirituelles qu’ils pourraient nous apporter.
Nous cherchons davantage à être exemplaires, qu’à permettre aux non chrétiens de vivre les valeurs de l’Evangile. On ne cherche donc pas tellement à permettre aux musulmans de mieux connaître Jésus Christ, en allant plus loin que ce qu’il en est dit dans le Coran, pour qu’ils vivent dans l’esprit de l’Evangile, à la manière de Jésus Christ, même s’ils restent musulmans.
Car l’Evangile s’adresse à tout le monde. C’est évident, si on regarde la vie de Jésus. Il traverse sans arrêt les frontières pour aller de l’autre côté du Jourdain (Marc 10, 1), en Samarie (Jean 4,4) ou dans la région de Génésareth (Marc 6, 53). Il guérit les malades et ceux qui sont possédés des esprits mauvais, sans rejeter personne. Il enseigne tout le monde, sans distinction de race ni de religion. Il aime tous les hommes, Il est accueillant à tous. Mais plus que cela, Il reconnaît l’action de l’Esprit Saint dans le cœur des païens, et Il en rend grâce à Dieu son Père. Il remarque que c’est seulement le lépreux samaritain, qui vient lui dire merci d’être guéri. Il dit à la foule en montrant l’officier romain (Mat 8,10) « Je n’ai jamais vu une telle foi en Israël ». Et Il en tire la conclusion : « Ils viendront de l’est et de l’ouest, et prendront place à table au repas du Royaume, avec Abraham (Ibrahima), Isaac (Issakha) et Jacob (Yakhouba ». Les musulmans sont eux aussi fils d’Abraham. Nous avons les mêmes 1° prophètes. Et nous ne pouvons pas oublier qu’avant de recevoir le Corps du Christ dans la communion, c’est la prière d’un païen, cet officier, que nous disons : » Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes chez moi, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ». Nous ne pouvons pas recevoir le Corps du Christ dans la communion, si nous ne sommes pas en communion avec tous, chrétiens ou non. De même, c’est la Samaritaine, une païenne, une femme de mauvaise vie, qui va faire connaître Jésus aux gens de son village, des samaritains, des païens eux aussi (Jean 4,28). C’est une femme syrienne qui fait comprendre à Jésus, qu’Il est envoyé par son Père à tous les hommes : « Même les chiens sous la table mangent les morceaux, que les enfants font tomber » (Marc 7,28).
Jésus dira lui-même : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12,32). Et avant de monter au ciel il dira à ses disciples « Allez annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile à toute la création». En leur disant que pour cela ils doivent « chasser les esprits mauvais et parler des langues nouvelles » (Marc 18,18). Il ne manque pas de rappeler aux pharisiens ce qu’a fait le prophète Jonas, pour appeler les païens de Ninive à la conversion. Et la reine de Saba qui est venue écouter le Roi Salomon. Et Il dit : « il y a plus ici que Salomon » (Matthieu 11, 20-25)). On pourrait continuer à citer de nombreux autres passages de l’Evangile qui vont dans le même sens. Les avons-nous compris ? Est-ce que trop souvent, nous ne les appliquons pas qu’à nous-mêmes les chrétiens, en oubliant les autres ? Nous aimons Jésus. Mais est-ce que nous cherchons à agir comme Lui ?
Paul a consacré toute son énergie à mettre en place des communautés chrétiennes, dans tout l’empire romain. Mais il voulait des communautés ouvertes et missionnaires, qui annoncent l’Evangile à tous. Il s’écrie « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile » (pas seulement malheur à moi si je n’implante pas l’Eglise : 1°Cor 9, 16). Et il affirme : « Dieu ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour évangéliser » (1° Cor 1,17). Il ajoute : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1° Ti 2,4).
LE ROYAUME DE DIEU
Ce qui manque à mon avis pour une véritable évangélisation, c’est une théologie du Royaume de Dieu. Sans une réflexion profonde sur ce qu’est le Royaume de Dieu, son importance et les conditions de sa venue, on en restera toujours à une conception limitée de l’évangélisation, comme une simple implantation de l’Eglise. Et on se limitera à ceux qui sont déjà chrétiens, ou qui acceptent de le devenir. Mais alors qu’en sera-t-il de tous les autres hommes ? Le pape François écrit : « Évangéliser c’est rendre présent dans le monde le Royaume de Dieu. » (EG 176). Il ajoute n°180 : « Le Royaume nous appelle. En lisant les Écritures, il apparaît clairement que la proposition de l’Évangile ne consiste pas seulement en une relation personnelle avec Dieu. La proposition est le Royaume de Dieu (Luc 4, 43). Il s’agit d’aimer Dieu qui règne dans le monde. Dans la mesure où il réussira à régner parmi nous, la vie sociale sera un espace de fraternité, de justice, de paix, de dignité pour tous. Donc, aussi bien l’annonce que l’expérience chrétienne tendent à provoquer des conséquences sociales. Cherchons son Royaume : « Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus » (Mt 6, 33). Le projet de Jésus est d’instaurer le Royaume de son Père ; il demande à ses disciples : « Proclamez que le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 10, 7).
Je n’ai pas la place ici de présenter cette théologie du Royaume. Je me contente de quelques citations de l’Evangile, qui concernent plus directement l’évangélisation.
Dans l’Evangile, on parle très souvent de la Bonne Nouvelle du Royaume (Matthieu 4, 23 – Matthieu 9, 35 – Luc 4, 43 etc.). Ce qui montre bien que l’évangélisation est liée à la venue du Royaume. Le Royaume c’est vraiment ce qu’il y a de plus important. Comme le dit encore Jésus (Matthieu 6,33) : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et Dieu vous donnera tout le reste en plus ». Et ces paroles s’adressent à tous les hommes, comme les béatitudes. Pas seulement aux chrétiens. Jésus, le nouveau Moïse, les prononce en haut de la montagne, pour toute la foule. Le Royaume c’est un trésor, une perle fine (Matthieu 13, 44-45) pour lequel nous sommes prêts à tout laisser. C’est le sens de notre consécration religieuse.
Ce Royaume nous devons d’abord l’accueillir. Et en premier,
accueillir Jésus et vivre avec Lui car le cœur du Royaume c’est Jésus. C’est
Lui qui nous l’apporte dans le monde, il doit être accueilli par nous-mêmes et
en communauté. C’est à partir de là que nous pourrons construire son Royaume
avec Lui. Le Royaume, c’est
d’abord Jésus lui-même. C’est Lui que nous aimons, c’est avec Lui que nous
vivons, c’est autour de Lui que nous nous rassemblons. Jésus disait : « Quand deux ou trois sont réunis en mon
nom, Je suis au milieu d’eux » (Matthieu 18, 20). Le Royaume, c’est vivre
avec Jésus, et comme Lui.
Le Royaume de Dieu n’est pas au ciel, il
est sur la terre, comme nous l’a dit Jésus dans la prière du Notre Père « Que Ton Règne vienne, Que Ta Volonté soit
faite, sur la terre comme au ciel ». Le Royaume, c’est donc commencer à
vivre déjà sur la terre avec tous, comme nous vivrons au ciel. Le Royaume est
pour tous, pas seulement pour les chrétiens. Et Dieu y appelle sans cesse de
nouvelles personnes, comme le maître a appelé les ouvriers aux différentes
heures de la journée (Matthieu 20,1). Le Royaume est pour tout le monde, car Jésus « a racheté pour Dieu, des hommes
de toutes tribus, de toutes langues, de tous peuples et de toutes nations »
(Apocalypse 5,10). Dieu le disait déjà, par la bouche d’Isaïe (56,7): »Ma maison s’appellera : maison de prière
pour tous les peuples ». Et Jésus explique : « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père » (Jean 14,
2).
La mission
du 3ème PAP diocésain dit : « L’Eglise,
lieu et artisan du Royaume ». Il ne faut donc pas opposer l’Eglise au
Royaume de Dieu. L’Eglise doit être le
premier lieu (le sacrement) du Royaume, pas seulement le signe. Elle doit
aussi en être l’artisan pour faire grandir le Royaume de Dieu dans toute la
société. La question qui se pose alors est : que faisons-nous, religieux, non
seulement pour être lieu du Royaume dans nos communautés religieuses, mais
artisans de ce Royaume dans les quartiers où nous vivons et là où nous
travaillons ?
Le Royaume, comme l’Evangile, est d’abord
pour les pauvres, et pour ceux que l’on fait souffrir à cause de la justice
(comparer Matthieu 5, 3 + 10 et Luc 4, 18-21). C’est donc à eux que nous
annonçons l’Evangile en premier. Et aussi aux pécheurs, et aux hommes et aux
femmes de mauvaise vie. Jésus l’a dit avec force : « Les ramasseurs d’impôts et les prostituées arriveront avant vous, dans
le Royaume de Dieu » (Matthieu 21, 31). -Quels sont les signes de ce Royaume, qui nous montrent ce que nous devons faire pour qu’il arrive parmi nous ? En premier, c’est l’Amour. Quand l’enseignant de la loi rappelle le commandement de Moïse « Tu aimeras le Seigneur Ton Dieu de tout ton cœur… tu aimeras ton prochain comme toi-même », Jésus lui dit : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu » (Matthieu 12, 34). Evangéliser et faire venir le Royaume, c’est pardonner et avoir pitié de nos frères (Matthieu 18, 23). Jésus dira à tous les hommes rassemblés à la fin du monde : « Venez, vous qui êtes les bénis de mon Père. Recevez le Royaume qu’Il a préparé pour vous, depuis le début du monde… car j’ai eu faim, vous m’avez donné à manger. J’ai eu soif, j’étais étranger, nu, malade, en prison… Tout ce que tu as fait au plus petit de mes frères, c’est à Moi que tu l’as fait » (Matthieu 25, 40). Il ne s’agit donc pas seulement d’aimer, mais de reconnaître dans tout homme un enfant de Dieu, et un frère ou une sœur de Jésus. C’est de cette façon-là, que nous pouvons vraiment évangéliser. Et accueillir tous les hommes, dans le respect, et sans distinction.
Le Royaume c’est se faire petit devant Dieu et devant les hommes, comme un enfant (Matthieu 18, 1). Et se faire le serviteur de tous, comme Jésus a lavé les pieds de ses apôtres (Jean 13). » Le Royaume est comme un filet, qui attrape toutes sortes de poissons, et que les anges viendront trier à la fin du monde « (Matthieu 13, 47). Ce n’est donc pas à nous de choisir les gens.
Paul explique (1ère Cor 4, 20) : « le Royaume de Dieu ce n’est pas une affaire de paroles, mais de puissance. Ce n’est pas une question de nourriture ou de boisson, mais de justice, de paix et de joie dans l’Esprit Saint » (Romains 14, 17). Le Seigneur nous demande donc d’écouter le Saint Esprit, pour « tirer de notre trésor, de l’ancien et du nouveau ». Et de nous adapter au monde de ce temps (Matthieu 13, 52). De commencer tout petit, comme la graine de moutarde, qui est la plus petite des graines (Matthieu 13, 21). Et ensuite de grandir peu à peu, et d’étendre nos bras pour accueillir nos frères, comme l’arbre étend ses branches pour que les oiseaux viennent se reposer. Et qu’ils puissent ensuite repartir librement poursuivre leur propre chemin (Matthieu 13, 31).
Il s’agit bien de partager la vie des hommes et de nous engager dans la société, comme le levain doit être mélangé à la pâte pour agir, et la faire lever toute entière (Matthieu 13, 33). Jésus a dit à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». t Il ajoute : « Je te donnerai les clés du Royaume ». Du Royaume, pas seulement les clés de l’Eglise (Matthieu 16, 19). L’Eglise doit donc être au service du Royaume : « Un règne sans limite et sans fin, règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix » (Préface du Christ Roi).
Il est donc absolument nécessaire que les membres des congrégations missionnaires retrouvent leur souffle et le souci de l’évangélisation, et qu’ils reviennent à leur charisme. Même s’ils travaillent en paroisse, que celle-ci soit ouverte à tous, avec le souci des plus pauvres. Qu’ils ne se laissent pas enfermer dans les activités paroissiales. Et qu’ils poussent les chrétiens à s’engager davantage dans la société, en groupe et pas seulement personnellement, comme Jésus a envoyé l’équipe des apôtres dans le monde.
Encore faut-il en prendre les moyens. D’abord un véritable renouvellement spirituel. Notre pape François a écrit (EG[A1] 79) : » Beaucoup d’agents pastoraux, même s’ils prient, développent une sorte de complexe d’infériorité, qui les conduit à relativiser ou à occulter leur identité chrétienne et leurs convictions. ..Ils finissent par étouffer la joie de la mission, par une espèce d’obsession pour être comme tous les autres et pour avoir ce que les autres possèdent. De cette façon, la tâche de l’évangélisation devient forcée et ils lui consacrent peu d’efforts et un temps très limité.
80. Il faut souligner le fait que, même celui qui apparemment dispose de solides convictions doctrinales et spirituelles, tombe souvent dans un style de vie qui porte à s’attacher à des sécurités économiques, ou à des espaces de pouvoir et de gloire humaine qu’il se procure de n’importe quelle manière, au lieu de donner sa vie pour les autres dans la mission. Ne nous laissons pas voler l’enthousiasme missionnaire ! »
Si
des gens veulent devenir chrétiens et être baptisés, nous en sommes très
heureux, et nous les accueillons avec joie. Mais l’évangélisation ne se limite
pas au baptême. Notre responsabilité, c’est de faire grandir le Royaume de
Dieu, un Royaume offert à tous les hommes. Notre travail c’est donc d’aider les
non chrétiens qui nous entourent, à
vivre dans l’esprit de l’Evangile, même s’ils ne deviennent pas chrétiens.
Pour mettre en pratique, dans leur propre religion, les valeurs de l’Evangile qu’ils
découvrent, grâce à notre amitié et à notre témoignage. Et pour vivre à la
manière de Jésus Christ, chacun là où il est, autant qu’il le peut.. « Le Royaume de Dieu est justice, paix
et joie dans l’Esprit Saint …Recherchons donc ce qui aide à la paix, et ce
qui nous unit les uns aux autres pour construire ce Royaume» (Rom
13,17-19). A chaque fois que nous aidons les hommes et les femmes, quelle que
soit leur religion, à vivre dans la
justice, la paix et l’amour, le Royaume est là. Et ils sont dans le
Royaume.
-Les
actes des apôtres nous présentent trois
piliers de l’évangélisation et du témoignage :
Le
premier pilier, c’est d’annoncer une
Bonne Nouvelle dans la joie. Non pas des commandements, ou seulement de la
morale, mais une parole qui libère et qui rend heureux, comme le Pape François
nous l’explique dans sa lettre « La Joie de l’Evangile ». C’est faire connaître
que Dieu et notre Père et qu’Il nous aime. Que Jésus est mort et ressuscité
pour nous, qu’Il est vivant et qu’Il nous fait vivre d’une vie nouvelle. Qu’Il
reviendra pour nous ressusciter et remplir notre vie totalement. Et qu’Il nous
a envoyé son Esprit Saint, « qui
souffle où Il veut (Jean 3,9), et qui veut des adorateurs en esprit et en
vérité quel que soit le lieu (Jean 4,23) ». Car il parle dans le cœur
de tous les hommes et de toutes les femmes.
Le deuxième pilier c’est donc le Saint Esprit. C’est Lui qui nous fait comprendre la Parole de
Dieu, et qui nous donne la force de la mettre en pratique. C’est Lui qui nous
conduit dans toute notre vie. Si nous l’écoutons dans notre cœur, Il nous
montrera comment évangéliser.Le troisième pilier c’est la communauté. On n’est pas chrétien pour soi, on est croyant avec les autres, comme le dit Pierre : « Autrefois vous n’étiez pas un peuple, maintenant vous êtes le peuple de Dieu » (1ère Pierre 2, 10). Evangéliser, cela nous demande donc d’être près des gens, de connaître leur vie et la vie de notre peuple. François a écrit : « La mission, c’est un amour pour Jésus, mais en même temps, c’est un grand amour pour son peuple » (La Joie de l’Evangile n° 268). « Nous partageons avec les autres l’espérance que Dieu a mise dans nos cœurs, mais avec douceur et avec respect «, comme le demande Pierre (1ère Pierre 3, 16), sans nous décourager, même si c’est difficile et que les gens refusent de nous écouter. Ils peuvent nous empêcher de parler mais ils ne peuvent pas nous empêcher de vivre, et donc de témoigner. (Voir mon document : Comment Jésus a-t-il évangélisé ?)
Une nouvelle étape de l’Evangélisation
Il est important de savoir lire les signes des temps, comme nous l’a rappelé le 2° concile du Vatican, à la suite de Jésus Lui-même (Mat 16,3). Lorsque les premiers missionnaires sont arrivés au Sénégal, ils se sont consacrés à implanter l’Eglise locale, ce qui est bien normal. Ils se sont donc donnés à la catéchèse, à l’organisation des paroisses et à ouvrir des séminaires. En même temps, ils ont eu le souci du développement humain, de l’éducation et de lancements de projets dans les différents secteurs de la vie. Ils n’ont donc pas oublié la dimension caritative et humanitaire : mise en place de dispensaires, d’écoles, de centres de formation professionnelle et technique etc. Maintenant, et déjà depuis de nombreuses années, l’Eglise est en place. Est-ce que tous les chrétiens, mais les congrégations religieuses en particulier, ne devraient pas se tourner plus directement vers une nouvelle évangélisation, d’ailleurs demandée par l’Eglise ? D’abord, rendre leurs paroisses, comme toutes leurs autres activités, beaucoup plus missionnaires. Mais ne faudrait-il pas passer en même temps à une deuxième étape ?
D’abord, voir tous les nouveaux secteurs de la vie moderne qui ont besoin d’être évangélisés. Car le monde a changé. Il y a de nombreux domaines de manque de foi, comme des nouveaux secteurs de pauvreté et d’injustices, dans lesquels nous devons nous engager. Mais encore faut-il avoir des idées claires sur ce qu’il faut faire. . Simplement une citation (EG n° 20) : »Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile ».
Ensuite, proposer à tous les hommes de vivre les valeurs de l’Evangile. Pas seulement les chrétiens mais tous les habitants du pays, à l’intérieur même de leurs différentes cultures et religions. Pour la venue du Royaume de Dieu. Maintenant, tous les gens ont choisi : ils sont déjà soit chrétiens, soit musulmans. Et on ne peut pas espérer baptiser beaucoup de musulmans pour les faire entrer dans l’Eglise. Mais nous pouvons leur permettre d’entrer dans le Royaume de Dieu, en offrant aux musulmans qui le veulent, de vivre à la manière de Jésus Christ, même s’ils restent musulmans. Et aussi à ceux qui pratiquent les religions traditionnelles ou ceux qui se disent incroyants, Quand nous travaillons avec eux dans l’amour et en vérité, pour la justice et pour la paix, nous les évangélisons. Ils ne sont pas chrétiens, ils ne sont pas dans l’Eglise, mais ils sont dans le Royaume de Dieu. Nous n’avons pas besoin de parler pour cela. Il suffit de nous engager ensemble. Comme le dit Jésus : » Celui qui fait la vérité, il vient à la lumière ».
Le document Lumen Gentium du concile Vatican II affirme : “L’Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain” (LG 1). L’Eglise est le signe et le moyen de la venue du Royaume de Dieu sur la terre.
LG 4 : « La mission de l’Eglise que lui a donné son Seigneur, c’est la formation spirituelle, morale et humaine de tout homme, de toute femme et de tout enfant. Elle participe au bien des peuples, répare les fractures existant entre eux et élève la dignité humaine ».
LG 48, “Le Christ a constitué son Corps, qui est l’Eglise, comme le sacrement universel du salut”. Il faudrait lire le document tout entier, et aussi les autres documents du Concile, en particulier Gaudium et Spes (l’Eglise dans le monde). Sans oublier les documents plus récents du Vatican. Lire aussi Rom 8,19-23.
L’INCULTURATION DE LA VIE CHRETIENNE ET DE LA VIE RELIGIEUSE
Se pose aussi la question de l’inculturation. Car il est clair qu’on ne peut pas avoir d’Evangélisation en profondeur sans inculturation. Comme le dit notre pape François (la joie de l’Evangile n°116) : » Quand une communauté accueille l’annonce du salut, l’Esprit Saint féconde sa culture avec la force transformante de l’Évangile…. Par l’inculturation, l’Église introduit les peuples avec leurs cultures dans sa propre communauté, parce que toute culture offre des valeurs et des modèles positifs qui peuvent enrichir la manière dont l’Évangile est annoncé, compris et vécu ….Que l’Église fasse comprendre et présente la vérité du Christ, en s’inspirant des traditions et des cultures de la région » (N°118).
C’est sûr qu’il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine. Le pape ajoute au n° 129 : » Dans les pays où le christianisme est minoritaire, en plus d’encourager chaque baptisé à annoncer l’Évangile, les Églises particulières doivent développer activement des formes, au moins initiales, d’inculturation. Ce à quoi on doit tendre, en définitive, c’est que la prédication de l’Évangile, exprimée par des catégories propres à la culture où il est annoncé, provoque une nouvelle synthèse avec cette culture…Si nous laissons les doutes et les peurs étouffer toute audace, il est possible qu’au lieu d’être créatifs, nous restions simplement tranquilles sans provoquer aucune avancée. Dans ce cas, nous ne serons pas participants aux processus historiques par notre coopération, mais nous serons simplement spectateurs d’une stagnation stérile de l’Église ».
Nous religieux et religieuses, nous
avons une famille. N’est-ce pas à l’intérieur de nos propres familles que nous
pouvons agir en premier ? Et dans nos paroisses, mais aussi dans nos lieux
de travail et nos différents engagements. Au cours du chapitre général des
Filles du Saint Cœur de Marie, le vendredi 3 Août 2.012, nous avons réfléchi à
l’inculturation. Voici rapidement l’une ou l’autre idée qui ont été relevées.
La première chose, c’est de connaître la
culture et les différentes religions du milieu, où le Seigneur nous a
appelés à vivre. Il s’agit d’en découvrir les valeurs, donc de le regarder
d’une manière positive. Mais en même temps en étant réaliste. Par exemple en
ouolof, le Jom, c’est le sens de l’honneur et de la dignité. Mais cela
peut devenir de l’orgueil.
Ensuite il s’agit de voir comment vivre
ces valeurs traditionnelles dans le monde d’aujourd’hui. Par exemple la Téranga.
Quand on habite dans un 2 pièces au 5ème étage, on ne peut pas
accueillir les gens aussi facilement qu’on le faisait au village, là où on
avait une grande cour. Autrefois quand on recevait un parent, on pouvait
ensuite l’amener travailler avec nous au champ. Mais si tu es en ville et que
tu es médecin ou enseignant, cela n’est évidemment pas possible.
Enfin, il faut voir les choses telles qu’elles
se passent aujourd’hui. Par exemple, on parle du respect de la vie en Afrique,
et c’est sûr que c’est une grande valeur. Mais nous ne pouvons pas oublier tout
ce qui se passe en réalité, en particulier les avortements et les infanticides.
Et on
pourrait dire la même chose des autres secteurs de notre pays. Trop souvent
nous rêvons à un monde traditionnel idéalisé et non pas tel qu’il était
vraiment et qui, de toute façon, n’existe plus aujourd’hui. Par exemple, il ne
s’agit pas de dire qu’autrefois la dot était un cadeau symbolique pour créer
une alliance entre les deux familles. Il faut voir ce qu’elle est devenue
aujourd’hui et voir comment lutter efficacement contre ces déviations et ces
exagérations.
Trop souvent nous les religieux, nous sommes des
rêveurs. N’étant pas mariés nous ne portons pas le poids d’une famille et nous
travaillons dans nos œuvres que nous pouvons faire marcher comme nous voulons.
Et non pas dans la société où les gens doivent
accepter les directives des responsables et des chefs. A cause de cela, nous ne percevons plus la réalité des
choses et nous ne cherchons pas suffisamment à la connaître. Nous avons
fait vœu de pauvreté mais nous vivons beaucoup mieux que la plupart des
sénégalais. Nous avons fait vœu d’obéissance mais nous sommes indépendants et
nous n’avons pas à supporter l’autorité des patrons et des chefs de service qui
nous font souffrir. Nous sommes chastes mais est-ce que nous ne sommes pas
comme des anges, alors que nos frères et nos sœurs chrétiens doivent vivre leur
sexualité dans les difficultés d’une vie très érotisée et soumise à toutes les
tentations et les pressions de la société moderne.
-L’inculturation doit aller dans les deux sens : enrichir
l’Eglise par les valeurs des différentes cultures africaines, mais aussi
inculturer (enraciner) l’Evangile dans
nos différentes cultures, pour les convertir et les christianiser. Pour nous religieux, cela demande
deux choses :
* D’abord de rester vraiment africain et
sénégalais, profondément enracinés dans notre culture, alors que toute
notre formation a tendu à nous occidentaliser et à nous coloniser
culturellement. Beaucoup d’entre nous préfère parler français et ne sont même plus
capables de s’exprimer clairement dans leurs propres langues, encore moins dans
la langue nationale ouolof. Pour les étrangers, leur devoir c’est de comprendre
et de respecter les différentes cultures sénégalaises le mieux possible.
* Vivre réellement et concrètement l’Evangile
dans les réalités actuelles de notre société et non pas en théorie.
L’inculturation ne peut pas se limiter
aux danses d’offertoire, et aux processions d’offrande. Il s’agit d’inculturer
et d’évangéliser toute notre vie. D’abord l’organisation de la paroisse et des
CEB. Dans les réunions de CEB, on commence par se donner des nouvelles comme au
village. Il n’y a pas seulement un président pour diriger (surtout que c’est
presque toujours un homme, et rarement une présidente) mais une équipe
d’animation, un homme, une femme, un jeune garçon et une jeune fille
(responsables de la CPJ : Coordination Pastorale des Jeunes). Cela pour
respecter à la fois la séparation traditionnelle entre hommes et femme, et
aussi les classes d’âge. Par ailleurs, nous cherchons à répartir les responsabilités
entre plusieurs responsables, conformément aux différents charismes dont parle
Paul (1° Corinthiens, chapitres 10 et 12). En particulier nous avons
choisi des « sages », des conseillers hommes et femmes pour la
réconciliation, conformément à nos traditions, mais aussi à ce que Jésus
propose (Mat 18,15-19. Voir aussi Romains 6, 1-14) Le conseil paroissial s’est
réuni pour évaluer le travail de l’année. Au sujet des CEB, nous avons remarqué
en particulier une chose : »
les chrétiens participent au sacrement de baptême des bébés, mais ils ne
participent pas aux cérémonies coutumières du 8° jour, la présentation des
enfants aux ancêtres comme cela se fait dans la tradition. Souvent on prie pour
les malades en réunion de CEB, mais on va beaucoup moins souvent prier avec
les malades. Bien sûr toute la communauté ne peut pas se déplacer chaque jour,
mais après une prière commune, qu’est-ce qui empêche d’envoyer un délégué de la
communauté chaque jour, pas seulement pour prier avec la famille mais pour voir
comment ils vivent ce temps de la maladie, pour éviter en particulier toutes
les pratiques magiques et le maraboutage, les accusations de sorcellerie et
pour vivre la maladie dans la foi. Une simple prière en réunion de communauté
ne peut pas transformer tout cela
De même, nos CEB ne sont pas présentes au moment du mariage traditionnel.
Alors que les chrétiens participent à une grande fête le jour où on célèbre le
sacrement de mariage. Déjà il faudrait se poser des questions sur les dépenses
énormes qui se font ce jour-là, comme au moment des baptêmes et des premières
communions, mais aussi des enterrements. Dans ces conditions, les pauvres qui
n’ont pas les moyens, ne pourront jamais être baptisés, faire leur
première communion ni se marier, parce que c’est trop lourd pour eux.
Mais au-delà de cela, attendre que les
gens célèbrent le sacrement de mariage à l’église pour les suivre, c’est trop
tard. Souvent les fiancés commencent à vivre ensemble, avant de célébrer le
sacrement. C’est dès le début de leur
vie commune qu’il faut les éclairer et les évangéliser. Pourquoi la communauté
chrétienne lorsqu’un de ses membres garçon prend sa fiancée chez lui,
n’irait-elle pas réfléchir avec les deux familles sur les questions concrètes,
par exemple du montant de la dot. Et aussi pour conseiller les fiancés, et les
aider à vivre leur mariage d’une façon chrétienne dès le début, sans attendre
le sacrement. Et lire au moins la Parole de Dieu et prier ensemble. C’est
difficile. Mais est-ce que nous
religieux, nous ne pouvons pas le faire, au moins dans notre propre
famille ?
De même on passe beaucoup de temps aux enterrements : la veillée le
soir, la levée du corps à l’hôpital, la prière à l’église, l’enterrement au
cimetière, les condoléances dans la famille. Comment les gens qui ont un
travail salarié vont-ils assurer leur travail dans ces conditions ? Mais
surtout, on vient au moment de l’enterrement et ensuite la communauté
chrétienne disparaît complètement. Ne serait-ce pas important, non seulement
d’être présent à la veillée mortuaire mais surtout de s’asseoir ensuite, ensemble
avec la famille, pour voir comment ils vont régler les problèmes laissés par le
défunt, les questions d’héritage, la condition de la veuve et des orphelins. Et
là aussi, éviter les pratiques traditionnelles païennes, les accusations de
sorcellerie et autres habitudes incompatibles avec la foi. Et que la communauté
envoie chaque jour pendant les premiers
jours du deuil, au moins une ou deux personnes à tour de rôle pour visiter la
famille, les conseiller, les soutenir, les encourager et prier avec eux. Il y
aurait donc toute une réflexion à faire, aussi bien pour l’inculturation de
l’Eglise que pour la conversion de nos cultures. A Pikine, nous avons composé
un livret de prières pour ces célébrations traditionnelles.
Cela fait partie de notre responsabilité de religieux
de sanctifier nos traditions et
d’évangéliser toute la vie de nos frères et sœurs. Mais encore faut-il que nous participions
aux activités de nos CEB et aux formations qui se font au niveau de la
paroisse. Et que nous nous engagions dans nos propres familles pour une vraie
conversion et une évangélisation en profondeur de nos cultures. Le pape
François l’a bien dit : » L’Année de la vie consacrée
ne concerne pas seulement les personnes consacrées, mais l’Église entière pour stimuler
tous les baptisés ». Un
évêque affirme : « Par leur mode de vie qui rappelle celui du
Christ, les consacrés sont un peu comme des poteaux indicateurs vivants, des
aiguillons pour notre vie de baptisés. Ils nous posent la question : quel est
le moteur de ta vie ? Bien sûr, nous ne sommes pas tous appelés à vivre
comme eux, mais nous sommes tous appelés à nous demander quel est notre rapport
aux biens, au pouvoir… C’est une façon de vivre ensemble qui est très
importante pour le monde
d’aujourd’hui ».
MES LIVRES
Ø
Enraciner
l’Evangile jour après jour : Commentaires des Evangiles du dimanche.
5 volumes
Ø
Célébrations chrétiennes des cérémonies
traditionnelles
Ø
Mon livre de
prières
Ø
Nombreux livres
d’éducation pour jeunes et adultes
AUTRES DOCUMENTS (par mail)
1)
Sur la vie
religieuse :
Ø
La vie consacrée
pour une Afrique réconciliée avec elle-même (Cosmam)
Ø
Religieuses
engagées pour la justice (Cosmam)
Ø
Consécration
religieuse et respect de la création
Ø
La vie religieuse
et apostolique
Ø
Forum des
religieux du Sénégal, 1er novembre 2011
Ø
Religieux et
Religieuses dans la pastorale du tourisme. Mbour, février 2012
2)
Sur la pastorale :
Ø
Troisième Plan
Pastoral
Ø
L’Evangélisation
Ø
Quelle Eglise
pour quelle évangélisation ?
Ø
Formation à la
Doctrine Sociale de l’Eglise
Ø
Droits Humains et
Doctrine Sociale de l’Eglise
Ø
Droits de
l’enfant
Ø
Vatican II et la
Constitution « L’Eglise dans le monde »
Ø
Synodes (2° pour
l’Afrique et sy nsur la famille)
Ø
La Communauté
Ecclésiale de Base (CEB)
Ø
Célébration des
cérémonies traditionnelles – Inculturation
Ø
Célébration des
enterrements à la maison et au cimetière
Ø
Inculturation et
évangélisation de nos coutumes par les CEB
Ø
Justice et Paix
Ø
Réconciliation
Ø
Préparation au
mariage – Le sacrement et la célébration du mariage
Ø
Formation des
catéchistes
Ø
Rencontres avec
les chorales
Ø
Evaluation des
CEB
Ø
Vocations
Ø
Comment lire
l’Evangile ?
Ø
Les différents
temps liturgiques
Ø
Formation sur
l’engagement des jeunes chrétiens
Ø
Acte 3 de la
Décentralisation
Ø
La démocratie
sénégalaise à l’épreuve de la violence politique
Ø
Rencontre des
jeunes sur l’engagement politique
Ø
Préparation des
élections locales
Ø
L’accaparement
des terres
Ø
Quel avenir pour
le Sénégal ?
Ø
Lettre aux maires
Ø
L’avortement
médicalisé
Ø
L’homosexualité
au Sénégal
Ø
Récollection de
la coordination des Amicales Professionnelles Catholiques de Dakar
Ø
Comment
travailler dans la Caritas et les commissions ?
Ø
Handicapés
mentaux – un point de vue chrétien
Ø
La drogue
Ø
Animation des
prisons
Ø
Les enfants de la
rue
Ø
Violences faites
aux femmes et place de la femme dans la
société moderne
Ø
Travail avec les
médias
Père Armel DUTEIL – Tél : 00 221/
77 680 93 07
E.mail :
armelduteil@hotmail.fr
Site :
http://armel.duteil.free.fr/
Fwd: Re: De la part du P Armel: Réflexion sur la vie religieuse g4
JJ Robilliart
19/04/2015 Bonjour mon Père!
Après une
longue Messe dominicale, j'avais l'intention de me reposer toute cette journée
quoi de plus normal, puisque c'est dimanche!
Mais voila
que j'ai commencé à lire votre contribution pour l'année de la Vie Consacrée et
je n'ai pu m’arrêter qu'à la dernière ligne...
Permettez
que je vous dise simplement merci, pour la clarté de votre exposé.
Dans
l'Eglise et plus particulièrement dans la vie religieuse, les réflexions ne
manquent pas mais bien souvent elles restent au niveau de la tête et ne
touchent pas la vie concrète et encore moins ne conduisent pas à des décisions
bien concrètes qui touchent tous les domaines de notre vie et de notre mission
comme vous venez de le faire...
Merci,
merci, merci!!!
Puisse
l'Esprit Saint continuer son oeuvre en vous pour le plus grand bien de son
Eglise et de son Royaume!!!
Soeur
Bernadette. F. DIARRA
Réflexions à la récollection des élèves
Ce qui va bien dans nos écoles : l’amitié entre les élèves, le travail bien
fait, les nouvelles choses que l’on apprend, les bonnes relations avec les
professeurs, l’éducation reçue, les groupes de travail, la récollection qui
nous aide à mieux travailler et à mieux vivre comme élève.
Ce qui ne va pas : les vols, la tricherie, les mensonges, le bavardage et l’indiscipline,
les bagarres entre élèves. Les bons élèves humilient les autres, la saleté dans
les écoles avec le manque d’eau et le manque d’hygiène. Certains élèves ne
respectent pas le règlement, certaines filles s’habillent mal et provoquent les
garçons. Mais il y a aussi les garçons qui portent des pantalons abaissés et
qui cherchent les filles, le copinage entre filles et garçons.
Certains
professeurs sont trop sévères et certains élèves ne respectent pas les
professeurs.
Qu’est-ce que Jésus nous dit sur
l’école :
D’abord,
Jésus a accueilli et béni les enfants. Nous aussi Il nous aime et Il nous
accueille.
-
Jésus nous
dit : « Quand deux ou trois
sont réunis au milieu d’eux, Je suis au milieu d’eux ». C’est vrai
pour notre vie en famille mais aussi à l’école.
-
Jésus est notre
Roi, Il nous appelle à faire grandir son Royaume dans l’école. Qu’est-ce que le
Royaume de Dieu ? C’est quand il y a l’amour, la justice, la vérité et la
réconciliation, comme le dit la Préface du Christ Roi. C’est cela notre
travail. Comme nous le disons dans le Notre Père « Que Ton Règne vienne. Que Ta Volonté soit faite sur la terre comme au
ciel », à l’école comme à la maison et dans le quartier. Que
faire ?
Nous
nous rappelons ce que Jésus a fait quand Il était enfant.
-
Il priait, Il
obéissait à ses parents, mais aussi Il travaillait. Pour nous les élèves, notre
travail c’est l’école. Jésus grandissait
en taille et en âge mais aussi en sagesse, Il grandissait dans son corps mais
aussi dans son esprit et dans son cœur (Luc 2,40+52).
-
Jésus nous
dit : « Vous êtes le sel de la
terre ». Nous cherchons à rendre notre école meilleure, comme le sel
rend meilleur nos aliments. Jésus nous dit : « Vous êtes la Lumière du monde » (Mat 5,12-15). Nous
conseillons nos camarades, quelle que soit leur ethnie ou leur religion, et
nous les aidons dans leurs difficultés.
-
Jésus nous
dit : « Vous êtes la levure
dans la pâte ». Nous vivons notre vie d’élève ensemble avec nos
camarades, sans nous mettre à l’écart et sans faire de favoritisme.
-
Nous aidons nos
camarades qui ont des problèmes, comme Jésus nous le dira à la fin du
monde : « J’avais faim, tu m’as
donné à manger, j’étais étranger tu m’as accueilli, j’étais triste tu m’as
consolé, j’étais malade tu m’as visité. » (Mat 25,31-46)
-
Jésus a
dit : « Malheur à celui qui
entraîne un enfant dans le péché ». Cela est vrai d’abord pour
nous-mêmes : nous montrons le bon exemple à nos camarades, nous ne les
entraînons pas dans des mauvaises choses.
Ensuite,
nous avons parlé d’un certain nombre de choses. Par exemple, que faire quand un
professeur est trop sévère, comment organiser des groupes de travail, comment
nous conduire entre garçons et filles, comment aider les élèves qui ont de la
peine à suivre les cours, comment aider les élèves de familles pauvres, etc.
REFLEXIONS SUR L’ACTE 3 DE LA DECENTRALISATION
Bonjour à tout le monde,
Je remercie l’Abbé Edouard, le curé de cette paroisse pour l’introduction qu’il a faite, en rappelant en particulier le document du Concile Vatican 2 dont nous fêtons le 50ème anniversaire sur l’Eglise dans le monde :« les joies et les espoirs des hommes, mais aussi leurs souffrances et leurs tristesses, sont aussi les joies, les espoirs, les souffrances et les tristesses de l’Eglise ». Et aussi le rappel de la lettre de Paul VI sur le développement des peuples ‘Développer tout l’homme, et tous les hommes ». Et j’ajouterai avec tous les hommes, tous ensemble. Je rappelle également que l’un des principes de la Doctrine Sociale de l’Eglise c’est la subsidiarité, c’est-à-dire de ne rien faire au sommet, de ce qui peut être fait à la base, et donc de responsabiliser les personnes au maximum. Cela va tout à fait dans la ligne de la Décentralisation. Enfin, je rappelle ce que nous dit notre Pape François en le répétant très souvent : « Allez à la périphérie », c’est-à-dire aller vers les gens qui sont les plus loin, « lutter contre la civilisation du déchet », où on traite les personnes malades, handicapées, âgées ou ne pouvant pas produire comme des déchets et des ordures, que l’on jette en dehors de la société. François a rappelé à la FAO que »les pauvres n’ont pas besoin d’aumône, ils ont besoin de respect et de soutien ». Et enfin, dans sa lettre du 1er janvier, pour la Journée Mondiale de la Paix, il nous appelle à lutter contre toutes les formes d’esclavage moderne dont souffrent les différentes personnes écrasées, marginalisées et mises à l’écart. Cela est en lien direct avec la Décentralisation et lui donne une dimension très importante.
Je remercie aussi les conférenciers qui m’ont précédé pour l’éclairage qu’ils nous ont apportés.
Quelques principes.
Avant d’être chrétiens ou croyants, nous sommes d’abord citoyens. Nous sommes nés,avant d’avoir été baptisés. Un chrétien doit donc travailler avec tous, et pas seulement avec les chrétiens. Et s’unir dans l’action avec tous les citoyens pour construire ensemble la société. Avant de parler directement de la décentralisation, je voudrais apporter quelques précisions. On connaît la phrase célèbre de Jésus « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Je crois que nous les chrétiens du Sénégal, nous rendons vraiment à Dieu ce qui revient à Dieu, avec nos nombreuses prières et dévotions, nos neuvaines, nos pèlerinages, nos groupes charismatiques, etc. Le problème c’est que nous ne rendons pas à César, ce qui revient à César. Nous ne sommes pas suffisamment engagés dans la société.
Jésus a choisi Pierre pour être le chef de son Eglise. Il lui a dit « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Mais il a continué tout de suite « et Je te donnerai les clés du Royaume »(Mat 16,19). Cela nous montre que l’Eglise ne doit pas travailler pour elle-même, elle est au service du Royaume. Et elle doit être elle-même le premier signe vivant de la présence du Royaume dans le monde. Qu’est-ce que le Royaume de Dieu ? Comme nous le dit la préface du Christ Roi : » c’est un royaume sans limite et sans fin, un règne de vie et de vérité, un royaume de grâce et de sainteté, un royaume de justice et de paix ». Ce royaume sans limite et sans fin est ouvert à tous les hommes, sans distinction. L’Evangile est pour tous, et Jésus est venu sauver tous les hommes. Comme le dit Paul : » Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1° Tim 2,4). . A chaque fois que les gens travaillent pour la vie, qu’ils s’engagent pour la vérité, qu’ils luttent pour la justice, qu’ils apportent l’amour et la paix, le Royaume de Dieu est là. C’est cela notre responsabilité. C’est à cela que Dieu nous appelle.
Jésus disait (Matthieu 5, 12-15) : « Vous êtes le sel de la terre ». Il dit bien « de la terre », et pas seulement de la communauté chrétienne, « Vous êtes la Lumière du monde », du monde et pas seulement de l’Eglise, « Vous êtes le levain dans la pâte », dans la pâte, dans la société, avec les autres hommes et non pas à côté, enfermés dans l’Eglise.
Par rapport aux autorités, on retrouve deux attitudes : Pierre et Paul nous demandent de respecter les autorités, de prier pour elles (1ère à Timothée, 3,1), de leur être soumis (Romains 13 – 1ère à Pierre 2, 13). Mais cela à condition que les autorités soient justes, qu’elles cherchent le bien de tous et donc, qu’elles respectent ce que Dieu demande. Sinon, nous devons les refuser et lutter contre elles, comme nous le demande le Livre de l’Apocalypse, quand l’Empire romain a commencé à persécuter les chrétiens. C’est donc à nous de voir dans chacune des circonstances de la vie du pays, si nous devons obéir à l’autorité et comment nous conduire avec elle. Mais nous devons toujours les respecter. Comme Jésus a respecté Pilate, alors que celui-ci le condamnait à mort. Mais sans avoir peur de lui dire la vérité (Jean 18,36).
Une dernière chose : les chrétiens, nous ne sommes pas nombreux dans le pays. Mais Jésus nous dit « N’ayez pas peur petit troupeau ». Nous n’avons pas cherché à être nombreux, mais à travailleravec tous.Il suffit d’un peu de sel pour donner du goût à tout le plat.
Le travail des CEB (communautés écclésiales de base)
La base de notre action, c’est nos CEB (Communauté Ecclésiale de Base). La CEB ce n’est pas seulement un groupe de prières, même si on y prie et qu’on y partage la Parole de Dieu pendant les réunions. C’est une communauté chrétienne de quartiers, donc une communauté qui doit s’engager dans le quartier, le plus possible. C’est pour cela que nous avons donné à nos CEB un programme pour chaque mois.
* La première semaine, partage de l’Evangile, en voyant comment le mettre en pratique dans la société.
* Deuxième semaine, la vie de la paroisse, avec tout ce que cela comporte : la prière, la liturgie, la catéchèse, les mouvements, mais aussi l’évangélisation et le témoignage.
* Troisième réunion, l’engagement dans le quartier avec, en particulier, le travail des amicales des jeunes chrétiens avec les associations de quartiers (ASC), l’association des femmes catholiques avec les groupements des femmes du quartier, et surtout, la Commission Justice et Paix et la Caritas.
* Quatrième réunion : Formation sur un thème choisi et eucharistie
Je ne reviens pas sur laCommission Justice et Paix qui nous a été présentée, de même que l’action des Jeunes artisans de Paix. La Caritas est suffisamment connue mais malheureusement trop souvent, elle se contente de distribution de dons, attendant des choses à distribuer qui nous viennent de l’extérieur. Au lieu de s’engager dans la formation despersonnes nécessiteuses, et de lancer des petits projets de développement : AGR, GIE etc. pour que les gens puissent se prendre en charge, et qu’ils ne deviennent pas des assistés et des mendiants. La Décentralisation est synonyme de responsabilisation et non pas d’assistanat et de mendicité.
Au titre des
engagements de la paroisse de Pikine avec les ONG, je citerai simplement
deux actions : La première avec l’ONG EQUITAS pour la formation des femmes, le
soutien à leur engagement dans la société, la formation aux petits projets
économiques et la lutte contre les violences faites aux femmes et aux
jeunes filles.
La deuxième : notre travail avec l’association DE
SICAP MBAO : SOPPI DJIKOO, pour la détection, le suivi, la guérison et
ensuite le soutien des personnes qui se sont lancées dans la drogue.
De nombreuses autres associations se réunissent aussi
dans notre salle paroissiale.
Pour permettre une
meilleure responsabilisation et un engagement de tous, la Caritas comme la
Commission Justice et Paix, se compose d’un délégué de chacune des CEB et
également des autres groupes de la paroisse, y compris les lecteurs, les
enfants de chœur et les chorales, pas seulement les mouvements. Cela, pour que
ce qui est vécu dans les différents groupes et dans les quartiers, puisse
remonter directement à la commission Justice et paix et à la Caritas, pour être
réfléchi et pour décider des actions. Quand ces actions sont décidées, elles
peuvent redescendre directement à la base et être mis en pratique par chacun les
délégués, dans chacun des groupes et des mouvements. Cela me semble un exemple concret dans l’Eglise, de ce que
peut être une véritable décentralisation. Par ailleurs, je noterai que le
jour de la fête du Christ Roi 2013, Journée de l’engagement de mouvements et
des personnes actives de la paroisse, la messe a été prolongée par toute une
journée de réflexion sur la présentation de l’Acte 3 de la Décentralisation, sa
mise en pratique et l’engagement des chrétiens, pas seulement en politique mais
dans la société en général. Cette journée était animée par des jeunes chrétiens
engagés, dans ces différentes actions. Elle a remporté un très grand succès.
Collaboration avec les municipalitésPour une meilleure collaboration de la paroisse, des CEB et des chrétiens avec la municipalité, nous avons choisi un délégué de la paroisse, choisi par le Conseil paroissial et reconnu par tous, pour chacune des six communes de la paroisse et la ville de Pikine. Le rôle de ces délégués n’est pas seulement de demander de l’aide, de l’assistance ou du soutien pour les fêtes patronales ou pour les fêtes de Noël et de Pâques. C’est bien plutôt de réfléchir avec les CEB et d’apporter dans les municipalités, les idées des chrétiens et les propositions de la paroisse, en participant au Conseil municipal,pour que les communes travaillent mieux pour le bien de tous, et en particulier des plus nécessiteux. Le rôle de ces délégués est aussi d’assurer la coordination entre la paroisse et les différentes communes, et de permettre aux chrétiens de participer aux formations et aux activités lancées par la commune. Enfin, d’être le correspondant de la paroisse pour les différentes actions de soutien aux chrétiens pour que les choses soient claires, organisées dans la transparence et sans détournement. Ce travail des délégués auprès des mairies nous semble très important, et nous avons pris le soin de les former sérieusement, ce qui va permettre une participation plus active de la paroisse à la décentralisation.
Il nous semble important aussi de contacter les délégués de quartier et les imams et de travailler avec les organisations laïques et religieuses dans chacun des quartiers à la base : ASC, associations, ONG, groupements…. Il nous reste beaucoup à faire pour la formation d’abord et ensuite pour l’engagement des chrétiens, personnellement et communautairement, dans ce sens. Mais les choses ont déjà bien commencées, et nous ne nous décourageons pas.
Notre action se base sur les Béatitudes et sur tout le Discours sur la montagne (Matthieu chapitres 5 à 7). Et aussi sur ce que Jésus disait de sa mission, dans la maison de prière de Nazareth : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, Il m’a bénit par l’huile sainte pour apporter la Bonne Nouvelle de l’Evangile aux pauvres, dire aux prisonniers qu’ils vont être libérés, annoncer aux aveugles qu’ils vont voir, renvoyer tous ceux qui sont écrasés dans la liberté et annoncer une année de grâces au Seigneur » (Luc 4, 16 à 19). Jésus reprendra la même chose en disant aux disciples de Jean Baptiste : « Allez dire à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de Moi (Luc 7, 22-23)
Réflexions sur la Décentralisation :
Première chose que je noterai, c’est le danger de la désillusion. Les gens ont beaucoup attendu de cette décentralisation, ils risquent d’être déçus et de se décourager, et donc de ne plus rien faire. Le rôle des chrétiens est certainement d’apporter l’espérance, et un regard positif sur notre société. Mais aussi d’accepter les difficultés et de faire comprendre que tout ne peut pas être parfait. Comme dit le proverbe : « Si tu n’as plus de mère, tu têtes ta grand’mère ». Si on veut la décentralisation et donc une certaine indépendance, il faut, non seulement en prendre les moyens, mais la payer et en supporter les conséquences. Je ne reprends pas les neuf domaines de compétence de l’Acte 2 de la Décentralisation en 1996 et les nouveaux domaines que l’on prévoit pour les nouvelles communes. Cela a été expliqué avant moi. Je rappelle quand même les quatre buts que le Chef de l’Etat a fixés à cet Acte 3 :
-Simplifier l’organisation du
pays pour qu’on puisse mieux travailler, avec des pôles de développement, regroupant plusieurs régions, trop limitées
si elles restent seules.
-Revoir le partage des responsabilités à tous les
niveaux, depuis les collectivités locales (les quartiers et les villages)
jusqu’en haut de l’Etat, en passant par le gouvernement et les régions.
-Rendre meilleure l’utilisation de l’argent, pour qu’il arrive vraiment aux
populations.
-Une meilleure gouvernance, et davantage de collaboration entre les
différents niveaux du pays.
Ce qui est en jeu ici, c’est donc le développement local et la participation
des citoyens à la marche de la commune. Comment former les populations dans ce
sens ? Mais aussi comment faire pour que
les conseils municipaux, et en particulier les maires, jouent le jeu de la
décentralisation. Car l’Etat du
Sénégal veut la décentralisation mais un certain nombre de maires continuent à
se conduire comme des patrons, à décider les choses sans consultation de la
population et même parfois, sans véritable concertation ni réflexion des
conseils municipaux. Il est clair à ce moment-là qu’une vraie décentralisation
ne pourra pas se mettre en place.
Mais le plus grand problème
c’est : est-ce que les populations
vont comprendre ces transformations ? Est-ce qu’elles sont prêtes à
prendre leurs responsabilités ? Et est-ce qu’elles vont être respectées,
et non pas détournées, par ceux qui
seront au pouvoir ? Il faudrait des moyens de contrôle plus importants et plus efficaces… même si
normalement, c’est la population elle-même qui doit le faire. Il est donc
absolument nécessaire que toute la population connaisse ce que l’on met en
place avec cet acte 3 de la décentralisation. Et que l’on forme sérieusement ceux qui seront élus, à leurs
responsabilités et à leur travail. C’est toute la question de la bonne
gouvernance, qui est très importante
Autre problème : avec la communalisation intégrale,
nous risquons d’aller vers une
aggravation des inégalités sociales. Car une ville comme Dakar va se
retrouver avec un budget de 30 milliards, là où les communes qui étaient
anciennement des Communautés rurales vont avoir de la peine à mobiliser des
ressources de 40 millions, voire 30 millions. Dans un contexte de transfert de
compétences, où l’Etat n’intervient plus, cela donne une idée des inégalités
que l’on va avoir dans l’offre de services de proximité. Cela se voit
déjà.. Cela risque d’accentuer encore les inégalités et donc le sentiment
d’injustice et les frustrations. Il faudra faire très attention à cela.
D’autant plus que pour l’argent qui vient de l’Etat, le nombre des
collectivités locales qui étaient de 571 va passer à 599, certains disent même
613. Donc l’argent disponible va diminuer pour chacune des communes,
puisqu’elles sont maintenant plus nombreuses. L’Etat a promis d’augmenter son
soutien aux communes. Nous attendons pour voir ce qui va se faire réellement.
Il est évident que ces problèmes de formation et de participation sont encore plus difficiles dans les communes
rurales, où il y a moins de personnes formées, et où cette expérience de la
décentralisation commence juste. Il faudra donc du temps pour la mettre en
place. Nous habitons en ville, mais nous avons tous des parents au village. C’est
donc important pratiquer une vraie réflexion et une sincère solidarité avec eux.
La décentralisation suppose un changement de mentalités. Trop souvent quand il y a un problème, les gens se tournent vers les autorités et vers les ministres ou les députés originaires de la région. Et même parfois, ils en appellent jusqu’au Président de la République. Comme si celui-ci avait le temps de régler tous les problèmes particuliers, à la base. Ce n’est pas son rôle. Il faut donc que nous apprenions peu à peu à prendre nos responsabilités, et à agir par nous-mêmes avec les petits moyens que nous pouvons avoir.
Il faut que l’on dépasse dans cette action de décentralisation, la seule question financière. La décentralisation doit se faire à tous les niveaux : humanitaire, social, culturel et religieux. Les chrétiens ont un rôle très important à jouer là, à partir de la lumière de l’Evangile, de la force que leur donne leur foi, et de la sagesse que leur apporte la Doctrine Sociale de l’Eglise. A condition qu’ils soient désintéressés et qu’ils cherchent à travailler pour le bien de tous, et pas seulementpour l’intérêt de l’Eglise. Car c’est au niveau des communes que l’on peut plus facilement se connaître, et développer toute cette dimension humanitaire, sociale, culturelle et religieuse de la décentralisation.
L’un des problèmes qui, à mon avis, les communes devront aborder dans le cadre de la décentralisation, c’est le problème foncier. Revoir le problème de la propriété, pour lutter contre l’accaparement des terres par les multinationales, mais aussi par le pouvoir politique ou les gens de la ville qui ont la possibilité financière d’acheter des terrains,. Il y a là un problème très grave. On parle depuis longtemps de réactualiser le droit foncier, mais jusqu’à maintenant, cela ne se fait pas. Les communes doivent à tout prix défendre le droit coutumier de la propriété de ceux qui travaillent la terre. Sinon, les parents vont vendre leurs terres, et les enfants n’auront plus de terrain à cultiver. Ce sera la pauvreté, le chômage et l’exode rural.
La décentralisation c’est aussi une possibilité de passer à la pratique. Car de nombreuses lois ont été votées à l’Assemblée, mais sans que cela ne descende sur le terrain. Les communes vont devoir prendre leurs responsabilités, et exiger que les lois soient appliquées. Je pense par exemple à la loi contre la mendicité, qui n’est pas appliquée.Mais aussi à la CMU (Couverture Médicale Universelle), qui tarde à se mettre en place, par manque de moyens des communes, mais aussi par d’information et de véritable volonté politique. Nous avons été voir le Préfet et le Médecin-Chef du district, mais ils n’étaient même pas au courant de ce qui doit se faire, pour cette couverture médicale universelle. Les communes doivent exiger que les choses décidées soient réalisées.
Dans la décentralisation, on cherche en fait deux choses : une plus grande liberté d’actions des communes, donc une responsabilité à la base, mais aussi une plus grande participation des citoyens. Il ne suffit pas que les maires et les conseillers municipaux aient plus de pouvoir. Il faut que ce pouvoir soit partagé et réfléchi avec tous. Là aussi, l’Eglise peut apporter beaucoup, en particulier à partir du 4ème objectif stratégique du 3ème Plan d’Action Pastoral qui est commun à toute l’Afrique de l’Ouest. J’en rappelle simplement les quatre points :
* Défendre la dignité de toutes les personnes.
* Le développement à la base.
* La justice.
* La paix et la réconciliation.
Il est bien évident que cela a un rapport direct avec la décentralisation. Il va falloir aussiaméliorer la collaboration entre les différents services de l’Etat au niveau des sous-préfectures et des collectivités locales. Et aussi, entre la ville et les communes d’arrondissements. Par exemple pour les marchés de quartiers qui peuvent recouvrir plusieurs communes. Il y a bien sûr des textes qui existent, mais qui ne sont pas très précis.
De toute façon, il faut que les choses se rôdent et se mettent en place peu à peu. Cela demande de tous et de chacun, de la créativité et aussi de la compréhension et un esprit d’ouverture. C’est aussi notre responsabilité de chrétiens de cultiver cela, avec tous c eux qui en sentent la nécessité.
Enfin, il me semble vraiment essentiel d’analyser et de mettre en pratique cette décentralisation en tant que telle, et non pas s’en servir comme un moyen politique, pour ou contre le président, ou le parti au pouvoir et majoritaire. Dans la plupart des cas, nos municipalités fonctionnent comme des permanences de partis politiques, avec des dépenses de fonctionnement très élevées, un personnel pléthorique et sans qualification dans la plupart des cas. Et des manières de travailler qui ne correspondent pas aux besoins du pays, ni à ceux des populations. Tant qu’on ne fera pas de nos Collectivités locales des entités viables, capables d’impulser un vrai développement économique et social, les choses n’avanceront pas. Il faut réfléchir clairement à la vocation de nos Collectivités, comme nous le faisons aujourd’hui.Ces expériences sont à multiplier et à se faire partout. L’Eglise a des paroisses et des communautés dans tout le pays. C’est une de ses responsabilités, en collaboration avec les personnes conscientes de ces problèmes. Pour que cette réforme marche, il faudra vraiment des élus sérieux et responsables, donc des gens engagés, mais aussi compétents et formés. Et l’Eglise a un rôle important d’éducation et de formation, dans tous ces domaines. Pas seulement pour la liturgie. C’est le 3° objectif de notre 3° PAP (Plan d’Action Pastoral) : le témoignage.
Nous ne pouvons pas tous être conseillers municipaux, et tous n’en ont pas les qualités nécessaires. Mais ce que nous pouvons tous faire, c’est de soutenir les élus, et de les encourager dans ce qu’ils font de bien. Et aussi de leur apporter nos idées et nos propositions, contrôler le travail qu’ils font et, si nous ne sommes pas d’accord, le leur dire. Mais bien sûr tout cela dans le respect, la dignité et le respect des lois. Pas en descendant dans la rue pour tout casser. C’est pour cela qu’il est absolument essentiel que la population participe aux débats et aux décisions qui sont prises. Déjà tout le monde peut participer au Conseil municipal. Mais il y a malheureusement trop peu de personnes qui le font. Il est aussi demandé aux municipalités, et donc en particulier aux maires, lorsqu’ils décident de quelque chose à faire dans la commune, de le faire connaître à la population, et de recueillir son avis avant de passer à l’action. Mais la plupart du temps, cela ne se fait pas. Il faudrait que l’on arrive à des assemblées au niveau local de la commune. Et aussi que l’on mette en place un référendum local et un droit de pétition pour les citoyens,comme cela se fait dans certains endroits du monde. Donc développer les libertés locales et les responsabilités citoyennes.
On peut aussi regretter que les candidats doivent être obligatoirement présentés par des partis pour être élus députés et président, et qu’il n’y ait pas de possibilité de candidatures civiles indépendantes, comme cela se fait au niveau local. C’est certainement un grand manque. Car les personnes engagées dans la société civile qui cherchent à avoir un certain pouvoir pour mettre les choses en pratique, sont obligées de passer par un parti. Elles se font récupérer par la politique, et elles ne peuvent plus jouer leur rôle au niveau de la société civile. Et si elles ne sont pas élues, et qu’elles veulent retourner dans cette société civile pour agir, on leur dit : « vous réclamez, parce que vous n’avez pas été capables d’être élus ». Et on ne les écoute pas. Ce n’est pas une base saine pour une véritable démocratie.
On retrouve tous
ces problèmes dans l’actualité. Ainsi la Coalition Defar sa rew (CDR)
regrette que « dans ses vœux à la nation, le président n’ait pas parlé de
la politique de décentralisation, ni d’une politique de soutien à la jeunesse
». Et demande que « les compétences encore détenues par l’état, et qui
reviennent naturellement aux collectivités locales, leur soient définitivement transférées, avec les
ressources correspondantes ».
Le 24 janvier 2015, les élus locaux, à l’occasion de la
mise en place de l’Association des départements du Sénégalont signalé que
« l’état a transféré des responsabilités aux collectivités locales, mais
que les moyens accordés sont insuffisants ». Le ministre chargé de la
Gouvernance locale a répondu que « les fonds de dotation vont passer de 5%
à 15% ou 20% de la Tva. Mais que les
collectivités doivent faire preuve de plus de dynamisme et de responsabilité
dans leur gestion. Et d’arrêter le clientélisme, pour plus de résultats et de
performances ».
A Dakar, autrefois c’était la ville qui prenait en charge
les factures d’eau et d’électricité des centres de santé. Maintenant, c’est aux
communes de le faire, mais elles n’en ont pas les moyens. Ce qui entraîne
beaucoup de difficultés, et des dangers pour la santé des
populations.
En positif, l’ONG La Lumière a assuré en janvier 2015 des
formations pour les conseillers municipaux de Tambacounda, Kédougou et Kolda,
pour se protéger et lutter contre Ebola.
Pour conclure je dirai qu’il est important de passer à l’action, de nous former, de former et d’informer les
autres, pour que la Décentralisation puisse devenir effective. Les
chrétiens ont un rôle essentiel à ce niveau. Même s’ils ne s’engagent pas dans
la politique, qu’ils s’engagent au moins dans la Société Civile, et dans la vie
du quartier. Cela est possible pour tous. Sinon, ce sont les élus municipaux
qui prendront toutes les décisions, sans être éclairés et conseillés, au risque
de se tromper, et d’échouer.L’Eglise peut aider beaucoup à la décentralisation, car elle est déjà décentralisée elle-même depuis très longtemps, avec l’autonomie de chacun des diocèses, mais aussi les différents groupes à la base et qui ont leurs responsables laïques hommes femmes, et même jeunes et enfants dans les mouvements. Dans l’Eglise, on rappelle que ce n’est pas aux prêtres de tout faire ni d’avoir toutes les idées. Tous les chrétiens baptisés ont reçu le Saint Esprit. Et Paul nous dit que le corps se compose de plusieurs membres qui, tous, doivent travailler ensemble (1ère aux Corinthiens, chap. 12).
Bien sûr notre exemple et notre modèle, c’est Jésus Christ. Jésus a été un bon citoyen. Déjà ses parents Joseph et Marie ont quitté leur village de Nazareth et ont marché plusieurs jours, pour aller jusqu’à Bethléemse faire recenser. Jésus a payé l’impôt, Il a envoyé Pierre pêcher pour cela (Mat 17,27). Jésus a respecté les autorités, même quand Il a été arrêté et condamné à mort injustement. En même temps, Il n’a pas eu peur de rappeler à Pilate que son pouvoir vient de Dieu, et que sans Dieu Pilate n’aurait aucun pouvoir. Le gouverneur était donc tenu de gouverner comme Dieu le veut, selon la Loi de Dieu. C’est dans cette ligne là que nous devons agir nous aussi, avec le soutien du Saint Esprit, en travaillant tous ensemble. Car « l’homme est le remède de l’homme ».
Tout d'abord, je dois vous dire que je suis très content de
passer cette nuit avec vous, car je pense que la chorale est quelque chose de
très important dans la vie de l'Eglise. C'est pour cela d’ailleurs, qu'elle doit
remplir un certain nombre de conditions.
1°) Mon témoignage
personnel
Je voudrais d'abord
donner mon témoignage personnel. En 1950 à Dakar à l'âge de 10 ans, j'ai eu la
grande chance de faire partie de la chorale
des enfants de la Cathédrale, dirigée par Maître Sorano, un grand homme sénégalais
de culture et de foi, dont le théâtre national porte le nom. Il nous a appris à
chanter avec foi mais aussi avec beaucoup de respect, à chanter de manière
simple et naturelle, sans prendre des pauses ni faire du théâtre comme les
artistes de télévision. Sans trémolos, ni
vibratos, ni tremblements dans la voix, comme certains choristes se
croient obligés de le faire pour se montrer, ou peut être faire croire qu'ils sont
remués par le Saint Esprit ! Maître Sorano nous a appris à être
nous-mêmes, simples et dans l'entente avec tous, sans tenue ni d'autres dépenses
ou décorations inutiles, pour donner toute sa place et sa force à la Parole de
DIEU, et non pas faire du théâtre.
J'étais aussi scout.
Nous avions beaucoup de chants. Mais des chants éducatifs, qui avaient un sens profond, qui donnaient un
but dans la vie, qui montraient un idéal. Pas des chants seulement pour se
remuer, danser et faire du bruit, ou simplement pour s'amuser. Nous n'étions
pas une chorale, mais nous étions capable d'animer des veillées de prière et
des célébrations nous-mêmes, avec
beaucoup de chants, au moment des sorties. Et surtout aux veillées
préparatoires des promesses scoutes.
Au séminaire de philosophie, on m'a choisi pour être maître de chœur. Là j'ai appris à
préparer des chants, dans la foi et dans la prière. A méditer la Parole de
DIEU, pour pouvoir ensuite la partager tous ensemble dans la chorale. Et ainsi,
mieux la comprendre, chacun donnant ses idées. Et aussi pour choisir les chants
qui vont avec cette Parole de DIEU, et pas seulement parce qu’ils plaisent à
cause de leur rythme. J'ai appris pas seulement à bien prier, mais aussi à
faire prier l'assemblée. Pas seulement à bien chanter, mais à faire chanter
toute la foule avec des chants simples.
Quand je suis arrivé en théologie en Suisse, on m'a choisi
comme organiste. Jai même été amené à donner des concerts d'orgue à
Fribourg. Là, j'ai appris la rigueur de la musique, et aussi l'harmonisation et
l'accompagnement, en se mettant au service de la célébration et de
l’assemblée : Comment accompagner la Parole de DIEU, bien la mettre en
valeur, et aussi donner la place à la foule, à l'assemblée des fidèles. Choisir
les jeux de l'instrument les mieux adaptés, d'après les différents chants. Car
on ne peut pas accompagner tous les chants de la même façon, ni avec les mêmes
instruments. II faut voir le sens qu'ils ont. Alors que parfois ici, nous
battons du tam-tam toujours avec le même rythme, sans nous demander ce que nous
chantons. On ne doit pas chanter de la même manière une demande de pardon, et
un chant pour dire merci à DIEU. J'ai appris aussi à marquer des pauses et des
temps de silence pour permettre aux gens de mieux suivre la liturgie. Par
exemple entre le "Seigneur prends pitié" et le « Gloire à
DIEU", entre le chant de paix et "l'agneau de DIEU", après la
communion ...etc.
Mais surtout, j'ai eu la chance, je dois dire la grâce, de
faire partie de la chorale du Père DEISS,
au moment du concile VATICAN II. A cette époque, l'Eglise était en pleine recherche
pour une vie nouvelle. Le Père DEISS a complètement transformé la liturgie par
ses études, qui ont appris à prier à partir de la Parole de DIEU. Autrefois,
les chants des chorales étaient surtout des cantiques, que les auteurs
composaient à partir de leurs propres
idées. Le Père DEISS lui a commencé à composer des très beaux chants, à partir
de la Parole de DIEU elle-même. Il a appris surtout à tous, à célébrer ensemble
la liturgie dans la dignité et le respect. Mais une dignité simple et
naturelle. Et en même temps, une dignité pleine de joie et d’amitié. Pas en
restant debout, les bras croisés, avec un air sévère et sans ouvrir la bouche.
Il nous a appris à chanter tous ensemble, et à tenir chacun notre rôle, en
respectant les autres. D'ailleurs vous
connaissez certains de ses chants, on les chante encore aujourd’hui : "Souviens-toi de JESUS CHRIST...L'Esprit de
DIEU repose sur moi...Peuple de prêtres, etc...". C'est cela qui a
permis à la foule de chanter la Parole de DIEU, et donc aussi d’annoncer la
Parole de DIEU par le chant: c'est le rôle très important d'évangélisation de
la chorale, et de tous les chrétiens.
En 1962, je suis parti comme missionnaire au Congo Brazzaville. Là j'ai appris à chanter dans
les langues locales (en lingala et en kikongo) avec des airs et des rythmes de
la culture des gens, et non plus en latin. A chanter avec tout notre cœur, mais
aussi à partir de notre vie. Pour cela, nous avions composé beaucoup de chants
à partir des problèmes que nous rencontrions à ce moment là, quand nous étions
persécutés dans la république populaire du Congo, une république marxiste.... C'était juste après le Concile, la première étape
de l'inculturation : vivre la Parole de DIEU dans notre culture, comme
nous le demande le Concile Vatican II. J’ai vécu la même expérience plus tard,
de 1996 à 2006, dans les camps de réfugiés du Libéria et de la Sierra Leone,
pendant la guerre civile.
De retour au Congo en 1966, nous avons alors lancé les scholas populaires. Comme le nom
l'indique, (schola veut dire chorale), c'était des chorales populaires, où on
chantait tous ensemble, sans harmonisation mais avec tous les instruments
locaux. Par cœur et d'une seule voix,
parce que la plupart des gens ne savaient pas lire. Mais ils savaient
chanter ! Nous avions composé des chants adaptés pour évangéliser les
différentes cérémonies traditionnelles, les rites de naissances, la
circoncision, les fiançailles et les mariages traditionnels, toutes les
cérémonies mortuaires, levée de deuil..., pour que toutes ces cérémonies soient
vécues dans la culture locale. Mais aussi dans la foi et la prière, et non pas
dans un esprit païen. Ou même comme cela se faisait avant avec des chants
d'accusation, de malédiction, ou même de sorcellerie au moment de la mort. Cela
a permis d'évangéliser la culture et beaucoup de traditions.
2°) Le choriste et
la chorale
Cette nuit, je voudrais parler de trois choses: premièrement
le rôle de la chorale et du choriste, deuxièmement le choriste en tant que
chrétien, et troisièmement le choriste en tant que citoyen. Car si tu es
choriste, tu es d'abord un chrétien. Et avant d'être chrétien, tu es citoyen. Tu es né avant d'être baptisé et tu
ne peux pas être un bon chrétien si tu n'es pas un bon citoyen, tu ne peux pas
être un bon choriste si tu n'es pas un bon chrétien.
La première chose pour un
choriste, c'est de vivre sa FOI d'une manière personnelle, d'une façon vraie,
la plus vraie possible, de se conduire en chrétien dans toute sa vie. Cela c'est
la responsabilité de chacun. Je n'ai pas à développer cela ce soir, nous savons
tous ce qu'est un chrétien, et ce qu'est la vie chrétienne avec ce qu'elle
comporte: la prière, une vie sérieuse, l'évangélisation pour faire connaître
Jésus aux autres, et enfin l'engagement dans la société. Ces quatre choses
correspondent au troisième plan d'action pastoral: la communion (être unis), être saint, évangéliser (être témoin de
l'Amour de DIEU), et enfin le service de nos frères dans le développement du
pays, la charité la justice et la paix.
Tout cela le chrétien, le
choriste, doit le vivre personnellement. Mais la chorale doit le vivre en tant
que telle, comme groupe, tous les choristes ensemble. C'est pourquoi, je
voudrais rappeler tout de suite les directives du diocèse pour la chorale :"il faut que les chants, les gestes et
les attitudes soient davantage au service de la célébration, et qu'ils en
rehaussent la qualité ». L'introduction à la session de formation du
mois dernier disait (voir l’autre pièce jointe) : »Nous voulons des chants davantage au service
de la célébration, et une participation active et intelligente des fidèles, à
la suite de la vision du Cardinal Archevêque et
de toute l'équipe de la liturgie, selon le Plan d'Action Pastoral en
vigueur. Nous voulons aussi une participation importante à l'évangélisation, et
pas seulement l'amélioration des célébrations eucharistiques. Cela pour
répondre à une demande pressante des jeunes". Cela rejoint directement
le décret sur la liturgie du concile VATICAN II, qui demande une participation pleine et active des fidèles
pendant les célébrations. C'est donc cela la première responsabilité de la
chorale, en particulier pendant à la messe du dimanche : la chorale n'est
pas là pour faire un concert, même pas pour bien chanter des airs polyphoniques
très beaux mais inconnus de la foule, mais d'abord pour faire chanter l'assemblée,
pour que tous les fidèles puissent participer à la célébration, dans la joie et
par le chant. Par conséquent, les fidèles doivent pouvoir au moins chanter l'ordinaire
de la messe et les chants d'acclamation, et aussi les chants d'entrée et de
sortie. Spécialement le chant d'entrée, qui fait l'unité des chrétiens pour
commencer la prière. Mais aussi le chant de sortie, qui les envoie pour
l'évangélisation de la société dans leur quartier. Bien sûr, on peut
chanter des couplets en polyphonie, mais il faut que les refrains soient
suffisamment simples pour que les fidèles puissent les chanter facilement. Cela
demande deux choses : d'abord qu’avant le début de la célébration eucharistique
avec les chrétiens qui sont déjà là on répète ces refrains, pendant quelques
minutes. Et qu'il y ait aussi quelqu'un pour diriger la foule, et la faire
chanter. Par contre, les chants de l'offertoire et de la communion peuvent être
des chants en polyphonie, même si la foule ne les connait pas, et donc réservés
à la chorale. Le rôle de la chorale est donc de prier, et de faire prier. Cela
demande un minimum d'organisation, car
parfois les choristes sont plus préoccupés à préparer le chant suivant, qu'à
participer à la prière. Cela demande en particulier, que l'on a préparé les
feuilles polycopiées avant la messe, pour chaque choriste et dans l'ordre. Sinon
comme on le voit parfois, les choristes n'écoutent pas la Parole de DIEU, ils
sont occupés à distribuer leurs feuilles de chants. Et l’organiste à tapoter
son instrument. Cela bien sûr n'est pas acceptable. On dit souvent que chanter
c'est prier deux fois. Mais quelquefois préparer les chants, c'est prier zéro
fois.
Une autre chose importante : que les chants soient adaptés à la liturgie du jour,
et donc en particulier à l'évangile du dimanche. Cela veut dire que le maître
des chants choisira les chants en conséquence. Le minimum c’est qu'on lise
l'évangile du dimanche suivant au début de la répétition, pour que les
choristes connaissent au moins, quel est
l'évangile du dimanche suivant. Et ce serait encore mieux, si on faisait un petit
partage d'évangile, pour que les choristes puissent accueillir la Parole de
DIEU, pour mieux la chanter. Et non pas chanter pour le seul plaisir de chanter.
En choisissant les chants seulement à cause de leur rythme qui nous plaît.
Tu ne peux pas être choriste, si tu ne vis pas toute ta vie avec le
Seigneur, dans l'amour de tes frères.
A ce niveau l'on devrait aussi s'interroger sur les
relations à l'intérieur de la chorale. Dans la chorale il ya surtout des jeunes, des garçons et des filles; avoir un
groupe de jeunes garçons et filles qui se réunissent régulièrement la nuit et
qui sont sérieux, qui se respectent et qui vivent dans la joie, c'est quelque
chose de très important. C'est un témoignage dont notre société à vraiment
besoin. Cela suppose bien entendu que les relations garçons et filles soient
claires. Et aussi les relations entre tous, que l'on évite les jalousies, les
compétitions, les médisances. Une chorale, c'est une communauté chrétienne,
elle doit donc vivre les qualités d'une communauté chrétienne telle que nous
l’ont décrit les Actes des apôtres, et comme nous le demande également les
lettres de St Paul et d'abord l'Evangile de JESUS CHRIST (voir MAT 7,1-6 ;
Jc 2, 43-47 / Ac 2,32-35 et 4,32-37 ; Col 3).
J'ai parlé un peu plus haut des concerts. On pourrait parler
aussi des choralies. Si la chorale paroissiale fait un concert, normalement il
s'agit d'un concert religieux. Donc il doit se faire dans l'église, et non pas
dans un centre culturel ou ailleurs. Malheureusement, j'ai vu des choralies qui
commençaient par des chants religieux et qui très rapidement se transformaient
en soirée dansante. C'est sûr qu'on assiste là à une déformation de la chorale.
3) le choriste est
un chrétien
Si tu es choriste c'est pour faire prier tes frères et tes sœurs,
en particulier le dimanche à la messe. Cela suppose que toi-même tu sois un
homme ou une femme de prière. Tu es là pour animer l'Eucharistie. Cela suppose
que tu vis en chrétien et donc que tu participes à la vie de la communauté
chrétienne. Tu ne peux pas te contenter de venir à la messe du dimanche. Bien
sûr il y a les répétitions de la chorale, et la chorale est un groupe chrétien
en tant que tel. Mais si tu es jeune, tu participes aussi à la coordination des
jeunes, et aux activités des jeunes de la paroisse. Je ne dis pas que tu dois
être dans tous les mouvements de la paroisse : scouts, cv-av, fraternités et
autres. Mais au moins participer aux activités communes des jeunes.
Par ailleurs, si tu es chrétien, tu participes aussi à la
vie de la famille chrétienne. La famille chrétienne à la base, c'est la CEB/CCB
(Communauté Ecclésiale de Base). Un choriste doit obligatoirement participer
aux réunions de sa communauté de quartier (C.E.B). C'est pour cela que par
exemple à Pikine, le jeudi est réservé aux réunions de communauté de quartier.
Nous avons donc demandé aux chorales de ne pas tenir de répétition le jeudi,
pour que les choristes participent activement aux activités de leur communauté.
Par ailleurs, la chorale est concernée par la CARITAS et par
la commission Justice et Paix. Par la CARITAS, parce que tout chrétien doit
être charitable. Par Justice et Paix, parce que tout chrétien doit non
seulement se conduire de manière juste, mais lutter pour la justice, et faire
régner la paix autour de lui. Bien sûr, tous les choristes ne vont pas faire
partie de la CARITAS ou de la commission Justice et Paix. Mais c'est important
que la chorale y ait un délégué pour représenter les choristes, apporter la vie
et les problèmes de la chorale dans ces commissions, et partager les actions et
les réflexions de ces commissions avec les choristes. Pour qu'ils participent
eux-aussi aux actions. Parce qu’il y a
des manques de charité, dans la chorale comme ailleurs. Il y a aussi des
manques de justice et de paix. C'est donc important que chaque chorale ait un
délégué CARITAS et un délégué Justice et Paix ou même deux, un garçon et une
fille. Il est aussi normal que les choristes participent aux formations, aux
récollections et aux autres activités de la paroisse qui s'adressent à tous.
3°) l'évangélisation
L'invitation à la session de formation de Popenguine d’Août
2014 disait:" cette session est
organisée à la demande des autorités, qui trouvent dans ces formations un mode
important d'évangélisation". Je pense que la plupart des choristes ont
participé aux JMJ nationales, dont le thème était :"jeunes, acteurs de la nouvelle évangélisation". Comment les
chorales peuvent-elles être actrices d’évangélisation? L'évangélisation, c'est
une question de témoignage, pas de discours. La première chose, c'est donc que
chaque choriste vive selon l'évangile, à la manière de JESUS CHRIST, en
apportant son témoignage de FOI, D ESPERANCE ET DE CHARITE, partout où il va :
dans sa famille, dans son quartier, dans son école ou son lieu de travail. Cela
suppose que les choristes connaissent l'Evangile et qu’ils le lisent régulièrement, pour
éclairer leur vie. Et qu’ils connaissent
par cœur un certain nombre de passages et pour pouvoir la partager avec
les autres, dans la conversation de tous les jours. Il y a certainement un
grand effort à faire pour cela! Le travail d'évangélisation des choristes se
fera aussi par la participation à la C.E.B et aux autres activités
paroissiales. Mais pour le choriste, elle se fera aussi par le chant.
Le chant est un grand
moyen d'évangélisation! Si tu veux annoncer la Parole de DIEU à ceux qui t'entourent,
beaucoup refuseront en disant que cela ne les intéresse pas, ou qu'ils n'ont
pas le temps. Mais si tu apprends des chants qui t'entourent, surtout s'ils sont
beaux et bien rythmés, ils seront heureux. Et ensuite ils les chanteront, à la
maison ou dans la rue. En chantant ces chants, ils feront rentrer la Parole de
DIEU dans leur cœur et dans leur vie, et ils annonceront la Parole de DIEU à ceux qui
les entourent. Le chant est donc un très bon moyen d'évangélisation qui est
facile, qui plait aux gens, et qui permet de faire entendre la Parole de DIEU
partout : dans la rue, dans les "cars rapides", au marché, au
stade et partout où nous allons.
Il y a une autre chose qui me semble importante, c'est l'évangélisation de nos cérémonies
traditionnelles: les rites traditionnels de la naissance, de la
circoncision, du mariage, de la mort...etc. La chorale vient chanter au mariage
religieux. C'est important, mais là aussi il s'agit de bien faire prier
l'assemblée, et non pas un concert. Mais pourquoi la chorale n'irait-elle pas
chanter aussi, lorsqu'un chrétien accueille sa fiancée chez lui lors du mariage coutumier? Pas seulement pour animer la fête, pour chanter
et pour danser, mais pour évangéliser cette célébration. Bien sûr, nous savons
que normalement, avant de faire entrer sa fiancée chez lui, le fiancé doit
d'abord célébrer le mariage religieux. Mais nous voyons que beaucoup commencent
à vivre ensemble, avant de célébrer leur mariage à l'église. Ils vont donc
faire plusieurs années dans leur vie de couple, et aussi leur vie de parents en
ayant des enfants, avant de venir célébrer le sacrement de mariage. Si nous
attendons ce sacrement pour venir chanter et prier avec eux, n’est-ce pas déjà
trop tard? Ils ont déjà vécu de nombreuses années sans notre soutien. C'est
pourquoi, il me semble important que la chorale aille chanter au moment du
mariage coutumier (traditionnel), si ce sont des chrétiens qui commencent à
vivre ensemble. Et aussi au moment des fiançailles, pour fêter avec eux cette
étape importante de leur vie, mais aussi pour l'évangéliser : chanter des
chants religieux, dire des prières, leur donner aussi des conseils pour qu'ils
commencent leur vie de couple, de gens mariés et leur vie de parents, dans la
foi et dans la charité.
-C'est la même chose,
quand il y a une naissance. Nous attendons que l'enfant soit baptisé, pour
venir chanter à la cérémonie du baptême. Mais parfois les enfants ont déjà deux
ou trois ans, quand ils sont baptisés. Pourquoi ne pas aller animer aussi les
célébrations traditionnelles de la naissance
(le 8° jour), pour évangéliser nos
coutumes et nos traditions? Sinon, qu'est ce qui se passe quand il y a une
naissance dans la famille? on célèbre cette naissance selon la tradition de
chaque ethnie, avec les coutumes païennes, mais pas d'une façon chrétienne.
Pourquoi ne pas aller lire la Parole de DIEU, prier et chanter avec les
parents ? Et aussi les conseiller, pour qu'ils commencent tout de suite à
éduquer leur enfant dans la foi, sans attendre le jour du baptême.
De même, c'est important d'évangéliser les cérémonies de circoncision, lorsqu'elles existent
encore. Et aussi les différentes
cérémonies du deuil. Par exemple, lorsque la veuve prend les habits de
deuil, si elle les porte. Et aussi à la fin du deuil, lorsqu'elle "enlève
le deuil", pour le terminer dans la foi et la prière. Animer la veillée
mortuaire, c'est très bien et important. Mais c'est tout le temps du deuil,
toute notre vie, et toutes nos coutumes que nous avons besoins d'évangéliser.
4°) Le choriste
est un citoyen.
Nous vivons dans un pays, nous sommes dans une société.
JESUS nous dit : "vous êtes le sel
de la terre", JESUS dit bien le sel de la terre, pas seulement le sel
de la communauté chrétienne. IL nous dit aussi :"vous êtes la lumière du monde », pas seulement la lumière de
l'Eglise. IL nous dit "vous êtes la
levure dans la pâte" : dans la société, au milieu de nos frères
et avec eux, et non pas entre nous et à l'écart. Il est donc important que nous
soyons concernés, par tout ce qui se passe dans la vie du pays. Déjà à
Nord-foire, vous avez le souci de
participer au travail qui se fait avec les jeunes : pour la formation
professionnelle, pour l'alphabétisation, pour le sport, avec les talibés selon
le slogan "pour les jeunes, avec les jeunes". Nous pouvons vraiment
vous féliciter pour cela. De même, vous avez le souci d'aider une école à
Tambacounda, avec laquelle vous êtes entrés en contact. Cela donne certainement
une ouverture très importante de votre chorale. Mais vous pouvez aussi vous
demander : combien d'entre vous ont voté durant les dernières élections ?
Et déjà, combien d'entre vous sont inscrits sur les listes électorales?
On ne demande pas aux choristes de devenir ministres ou
députés, Ni même conseiller municipal, même si cela est une bonne chose, mais
au moins de voter et de se conduire comme un bon citoyen. JESUS lui-même à
payer l'impôt, IL a respecté les chefs de son pays, Il a été un bon citoyen en
toute chose, en faisant son devoir. Nous venons chaque semaine aux répétitions
de la chorale, c'est nécessaire. Mais est ce que nous participons quelque fois
aux réunions de quartier? Est ce que
nous connaissons au moins le chef de quartier ? Est ce que nous allons
parler avec lui? Si nous sommes jeunes, est ce que nous participons aux
activités de jeunes du quartier, aux A.S.C, aux autres associations? Et aussi aux actions menées dans le quartier,
comme les inondations ou les SET SETAL. Si nous n'y participons jamais, est ce
que nous sommes de bons chrétiens? Et aussi au conseil municipal, qui est ouvert
à tout le monde. Si tu es élève, collégien ou lycéen, est ce que tu es
responsable de classe ? Ou bien, as-tu une autre responsabilité dans ton école? Si tu es étudiant, dans quelle
mesure participes-tu aux activités de l'université, avec les autres étudiants?
Est ce que tu es membre dans une organisation ? Et surtout, est-ce que tu
agis pour défendre les droits des étudiants, et trouver des solutions à vos
problèmes ? Mais dans le dialogue, le respect et non pas dans la violence
et la casse. Il y a certainement beaucoup de choses à faire dans ce domaine, et
c'est votre propre intérêt. Et si tu es travailleur, dans quelle mesure es-tu
membre des amicales des travailleurs, et même d'un syndicat. Cela aussi fait
partie des devoirs du chrétien.
Vous êtes « le sel de la
terre et la lumière du monde », cela doit nous amener à réfléchir à
l'organisation de la chorale. Cette année, j'ai vu des chorales, qui faisaient des choralies et des concerts au
mois de Juin, au moment des élections, et au moment des examens, avec les nombreuses répétitions que cela demande.
Dans ces conditions, comment les choristes pouvaient-ils assister aux
différents meetings, connaître les candidats et avoir le temps de connaître les
différents programmes? Dans ces conditions, comment les choristes ont-ils pu se
préparer aux différents examens ? Et nous avons vu le peu de résultats de
cette année, malheureusement. Cela nous pose la question des activités de la chorale, pas seulement à la fin de
l'année scolaire, mais tout au long de l'année. Si nous avons chaque semaine trois
jours de répétition, qui durent plusieurs heures, quand les élèves et les étudiants auront-ils le
temps de faire leurs études, et de s'engager en tant que chrétien au niveau de
leur université ou de leur collège? Et comment nous tous aurons-nous le temps
de participer à notre vie de famille,
que nous soyons jeunes ou parents? C'est important que nous prenions le temps
de nous retrouver en famille pour être ensemble, échanger nos idées, construire
notre famille. Si nous sommes toujours dehors, notre famille va se casser
rapidement.
-A la fin du monde, JESUS viendra nous juger (Mat 25,31-45).
IL ne nous demandera pas : est ce que nous avons bien chanté ? Mais
IL nous dira : " j'avais faim,
est ce que tu m'as donné à manger. J'étais étranger, est ce que tu m'as
accueilli ? J'étais malade, est ce que tu m'as visité ? J'étais en
prison, qu'est ce que tu as fait pour moi? Tout ce que tu n'as pas fait au plus
petits de ces hommes, qui sont mes frères, c'est à moi que tu ne l'as pas
fait". Notre mission, c'est de continuer le travail de JESUS. C'est
vrai pour tous les choristes et ... pour tous les chrétiens. JESUS disait
"l'Esprit du Seigneur repose sur
moi, Il m'a choisi pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, IL m'a envoyé
pour dire aux prisonniers qu'ils vont être délivrés, et aux aveugles qu'ils
vont voir, pour libérer ceux qui sont écrasés, et pour annoncer une année de
grâce de la part du Seigneur. Cette parole de DIEU, c'est aujourd'hui qu'elle
doit se réaliser, au moment même où vous l'entendez ».
La question de
l'argent.
Nos chorales ont besoin d'un minimum d'argent, pour travailler
et jouer leur rôle. C'est donc normal de chercher l'argent dont nous avons
besoin. Mais est ce que peu à peu, nous ne nous sommes pas laissés prendre par
cette question d'argent ? Par exemple, il ya de plus en plus de xawaré. On
fait la course aux sponsors. Est-ce que cela ne va pas nous faire oublier,
notre vocation de choriste. Nous devons nous poser deux questions à ce sujet: comment
gagnons-nous l'argent dont nous avons besoin? Que faisons-nous de l'argent que
nous gagnons dans ces xawaré, les mariages et les autres activités?
Rappelons-nous ce que Zachée disait, lorsque JESUS est venu
le conseiller: "si j'ai fait du mal
à quelqu'un, je vais le payer quatre fois. Et l'argent que j'ai je vais en
donner la moitié aux pauvres" (Luc 19,2-7). Zachée nous montre ainsi
le chemin. Nous avons besoin d'argent à la chorale. Mais cet argent, si nous le
gagnons, c'est grâce à DIEU. Nous devons donc l'utiliser, comme DIEU le veut : pas seulement pour nous-mêmes,
mais aussi en pensant aux pauvres: c'est cela la charité que JESUS nous
demande.
Dans le troisième plan d'action pastoral, il y a quatre
objectifs: 1) la communion : être amis et unis entre nous. 2) la
sanctification, la chorale doit aider les gens à devenir saints nous (la
liturgie fait partie de la sanctification). 3)l'évangélisation et le
dialogue 4)le service, : le service
du pays, le service en particulier des pauvres (la CARITAS), le service de la
paix, le respect des droits de l'homme et de la liberté, et le service de la
justice. Notre argent doit servir pour ces quatre choses, pas seulement pour la
communion et les fêtes. C'est vrai pour la chorale, c'est vrai pour les autres
groupes. Car le plan d'action pastoral est pour tous, et ce n'est pas
facultatif, c'est obligatoire. Nous pouvons consacrer une partie de notre
argent pour la communion, pour nous retrouver entre nous, faire la fête
ensemble c'est normal. Nous pouvons aussi consacrer notre argent pour les
besoins de la chorale, et les besoins de la liturgie, cela aussi est normal!
Mais cela ne doit pas nous faire oublier, de consacrer une partie de notre
argent pour l'évangélisation et le témoignage dans les quartiers. Et ensuite une
autre partie de l'argent pour les
pauvres, pour la justice, la paix et la réconciliation, comme nous le
demande le Pape François dans sa dernière lettre "la joie de l'évangile".
C'est important que les trésoriers tiennent des comptes. Et
que nous regardions chaque année, combien nous avons utilisé d'argent pour
nous-mêmes (la communion), combien pour la liturgie (la chorale), combien pour
l'évangélisation, combien pour les pauvres (la charité), la justice et la paix.
Si nous n'avons rien utilisé pour le service et l'évangélisation, ce n'est pas
normal! Nous ne respectons pas les orientations du diocèse, ni ce que le Pape
nous demande au nom de JESUS CHRIST. Si nous avons de l'argent ce n'est pas
pour le dépenser seulement dans des fêtes, des tenues, des t-shirt, des
casquettes, des sorties et toutes ces autres choses. Il faut aussi aider les
gens avec notre argent, en commençant
par les choristes. Dans notre chorale, il y a certainement des étudiants
qui n’arrivent pas à payer les droits d'entrée à l'université, car ils ont été beaucoup augmentés. Il y a certainement
des élèves qui n'ont pas de quoi s'acheter les fournitures dont ils ont besoin.
Il y a des choristes qui sont pauvres, qui sont touchés par la maladie, qui
sont en deuil, qui sont au chômage, qui tombent...combien d'argent avons-nous
dépensé pour eux, nos propres choristes mais bien sûr sans oublier les autres.
Et si nous sommes choristes, si nous sommes chrétiens, nous ne pensons pas
seulement aux chrétiens, mais à tous les
pauvres. Comme le demande la CARITAS, au nom de JESUS CHRIST.
Il y a trop de
problèmes d'argent dans certaines chorales : il n'y a pas de compte
rendus, les comptes ne sont pas clairs, il y a des détournements. IL y a trop
de gens qui pensent à l'argent dans la chorale, et qui cherchent leurs intérêts.
Il n'y a plus de gratuité. Pourtant
JESUS nous a dit : "ce que vous
avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement". Il faut que nous
apprenions à chanter, et à agir, à travailler pour les autres gratuitement,
surtout pour ceux qui n'ont pas les moyens. C'est vraiment important que nous
réfléchissions à cette question. Il y a déjà des chorales qui ont réfléchi à ces questions, et nous pouvons les
féliciter. Nous connaissons des chorales qui ont fait des concerts ou des
choralies, et qui ont donné tout l'argent : par exemple à l'hôpital Albert Royer des enfants, une autre pour aller
en Casamance, faire une marche de la paix de Bignona à Ziguinchor. A Grand
Dakar, ils ont organisé une choralie, et tout l'argent est versé à l'aumônerie
de la prison du camp pénal à Liberté 6. A St Paul, ils ont fait un concert pour
aider à payer le toit de l'église... tous ceux là ont réfléchi à ce qu'ils peuvent
faire avec leur argent. Ils nous montrent un chemin intéressant.
Nous allons continuer cette nuit dans les chants, l'action
de grâce et la prière. Vous pourrez continuer cette réflexion entre vous, avec
l'aide de vos aumôniers. Vous pourrez aussi écouter les émissions et les
commentaires d'évangile chaque matin et chaque soir, en français et en wolof, à
radio Espérance la radio du diocèse fréquence 95.2. Pour vous préparer aux
eucharisties du dimanche, vous pouvez lire aussi les livres de commentaire
d'évangile que je viens d'écrire. Ou d’autres choses, bien sûr. L’important,
c’est de vous former à la Prière et à la
Parole de Dieu. En tout cas je suis content de continuer à prier avec vous,
cette nuit. Je vous remercie pour votre accueil, et pour toutes les bonnes
choses que vous faites dans votre chorale. Je vous assure de mon amitié. Je
vais continuer à prier pour vous, pour que le Seigneur bénisse votre chorale,
et chacun d'entre vous.
PREPARATION A LA RENCONTRE MONDIALE DES FEMMES CATHOLIQUES.
THEME: FEMMES SEMEUSES D'ESPERANCE.
Chacune des cellules avait préparé ses réponses au
questionnaire, pour préparer cette rencontre mondiale.
1. Que signifie pour vous être femme, semeuse
d'espérance pour l'évangélisation?
2. Comment être des femmes d'espérance dans le
travail, dans l'Eglise et dans la société?
Chaque groupe a amené ses réponses. A partir de là, j'ai apporté un certain nombre
de réactions, dans le dialogue.
1° partie) femme, semence d'espérance, pour
l'évangélisation, à la suite de Marie. Reprenons ces 4 choses :
a)l'espérance: Il s'agit bien sûr de l'Espérance
chrétienne, qui est beaucoup plus que le simple espoir humain. Quand nous
disons : « j'espère », notre espérance s'appuie sur la
résurrection de JESUS CHRIST, qui a vaincu la mort. Elle est vécue dans la
lumière du Saint Esprit qui nous éclaire, qui nous donne force et courage, et
qui met l'amour de DIEU dans notre cœur. Avec LUI, nous croyons que c'est possible
de construire un monde nouveau (une société nouvelle). Nous croyons que JESUS a
sauvé le monde, que notre monde est déjà sauvé, que la vie est plus forte que
la mort. Et donc que l'Espérance est plus forte que toute forme de
découragement. La base de notre espérance, ce sont les béatitudes, où JESUS n'a
pas peur de dire : ceux qui ont faim, ceux qui sont persécutés et
attaqués, ceux qui pleurent, les pauvres, ils sont heureux. Parce qu'ils sont
enfants de DIEU, ils sont dans le royaume de DIEU. C'est cela notre espérance.
Non pas une espérance pour plus tard, mais une espérance déjà pour aujourd'hui.
Etre semeuse
d'espérance, c'est redonner confiance à ceux qui sont découragés, à ceux
qui sont écrasés, qui sont exploités et profités, ceux que l'on a mis à
l'écart, qu'on ne respecte pas, tous les pauvres et tous les petits. En nous
appuyant sur la force du SAINT ESPRIT, avec la volonté de suivre JESUS. Nous
nous rappelons l'évangile d'hier : avec JESUS et les apôtres, il y avait
tout un groupe de femmes qui travaillaient avec eux, et qui prenaient leur part
à l'évangélisation (Luc 8,1-3). Aujourd'hui, au début de cette rencontre nous
avons lu l'évangile du jour : l'histoire du semeur. Nous sommes semeuses
d'espérance, nous semons la Parole de DIEU, nous apportons la royaume de DIEU à
nos frères et à nos sœurs (Luc 8, 1-15).
b)- L'évangélisation; nous nous rappelons ce que JESUS
dit, quand IL commence sa mission dans la synagogue de Nazareth (Luc 4, 13-21) "l'Esprit de DIEU repose sur moi, IL m'a
choisi pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, ouvrir les yeux des
aveugles, relever ceux qui sont écrasés, annoncer une année de bonheur de la
part du Seigneur..." (nous l’avons chanté en ouolof). C'est cela
évangéliser, non pas faire des grands discours ni des enseignements, non pas
enseigner seulement des vérités éternelles ou des questions et réponses du
catéchisme, mais agir. Car les actions
sont plus fortes que les paroles. On peut nous empêcher de parler, mais on ne
peut pas nous empêcher de vivre. Si nous faisons le bien, cela se voit Cela entraine obligatoirement les autres.
Je ne reprends pas ici, ce que j'ai dit dans mon article
"Quelle Eglise, pour quelle
Evangélisation ?". Je
rappelle simplement, que l'on doit d'abord se laisser évangéliser. D’abord
par le Saint Esprit. Mais se laisser évangéliser aussi par nos frères et sœurs
chrétiens, écouter leurs conseils, faire ce qu'ils nous demandent. Car si je ne
vis pas moi-même l'évangile, comment vais-je l'annoncer aux autres ?
Ensuite, nous partageons l'Evangile dans nos cellules, dans nos mouvements,
dans nos C.E.B (communautés chrétiennes de base). Pour nous soutenir, et nous
aider à mieux vivre cet Evangile de JESUS CHRIST. Par exemple, si nous en avons le temps et la vocation, nous
l'enseignons aux catéchumènes.
Mais l'évangélisation ne doit pas
se limiter à notre Eglise et aux chrétiens. L'Eglise est au service du Royaume de DIEU, comme le rappelle le
concile Vatican 2 (L’Eglise dans le monde). JESUS nous dit : "vous êtes le sel de la terre", de
toute la terre, pas seulement de la communauté chrétienne. JESUS est mort pour
tous les hommes, et son Evangile est pour tous. IL nous dit "allez au large... " (Luc 5,4), comme IL l’a dit à Pierre. Il s'agit donc
d'offrir l'Evangile aux autres, parce qu'ils l'attendent et ils en on besoin,
eux-aussi. Evangéliser, ce n'est pas baptiser, ce n'est pas faire entrer les
musulmans dans nos églises: c'est leur permettre de vivre à la manière de JESUS
CHRIST, et de vivre les valeurs l'Evangile, dans leur propre religion. Alors,
ils sont dans le Royaume. Car le Royaume de DIEU, est beaucoup plus grand que
l'Eglise. C’est « Un Royaume de vie
et de vérité, de grâce et de sainteté, de justice, d’amour et de paix ».
(préface du Christ Roi). A chaque fois que nous aidons nos amis musulmans à
vivre dans la justice et à lutter contre l'injustice, à chaque fois que nous leur
apprenons à mieux aimer, à pardonner et à réconcilier ceux qui les entourent, à
chaque fois que nous les aidons à vivre dans la vérité (pas seulement laisser
le mensonge mais être vrais dans toute leur vie), à chaque fois, nous leur
permettons d’entrer dans le Royaume de DIEU. Ils ne sont pas dans l'Eglise,
mais ils sont dans le Royaume : un Royaume qui est beaucoup plus grand que
l'Eglise, qui est pour tous les hommes, et en qui Jésus sauve tous les hommes.
Mais bien sûr, pour cela il nous
faut beaucoup de patience, comme
nous le dit l'évangile du semeur d'aujourd'hui. Ce n'est pas en un jour, que la
graine porte du fruit. Mais c'est important, d’aller semer partout où vivent
les hommes et les femmes, dès aujourd’hui. Et cela passe par des petites
choses. Pour cela bien sûr, il faudra nous former : c'est la parabole des
talents. Comme le Maître le dit à ses 2 bons serviteurs : »Tu as été fidèle dans les petites choses.
Entre dans la joie de ton Maître « (Mat 25,21). Rappelons-nous l'évangile
de la fin du monde. JESUS nous dira: "Venez les bénis de mon PERE, entrez dans la joie du Royaume. Parce que
j'avais faim, tu m'as donné à manger. J'avais soif tu m'as donné à boire. J'étais
nu, tu m'as habillé. J'étais malade, tu m'as soutenu. J'étais en prison, tu
m'as visité. J'étais un étranger tu m'as accueilli...". Tout cela ce
sont des petites choses, que nous pouvons faire simplement dans notre vie de
tous les jours, d’hommes et de femmes. Comme nous dit JESUS :"le Royaume de DIEU, c'est comme une petite
graine. Mais quand elle a grandi, elle devient le plus grand des arbres"(Mat
13,31).
c ) Etre femme: Etre femme, c'est développer en vous des vertus féminines,
que vous avez vous mêmes signalées. Par exemple, la patience, la tolérance, le
don de soi, la gentillesse, l'amour...tout ce qui correspond à nos vertus
traditionnelles, qu'il faut garder. Mais en cherchant comment les vivre, dans
le monde d'aujourd'hui. La femme, c'est celle qui donne la vie. Donner la vie,
ce n'est pas seulement être enceinte et accoucher. Déjà pour nos enfants, leur
donner la vie, ce n'est pas seulement les mettre au monde. C'est les éduquer,
leur apprendre à se diriger dans la vie, à prendre leurs responsabilité. Pas
seulement les laver, les nourrir et les habiller. Etre mère, c'est faire
grandir la vie sous toutes ses formes, et dans le monde entier. Nous savons que
dans nos sociétés, il y a beaucoup de forces de mort. Il y a beaucoup de choses
qui nous tuent. Pas seulement qui tuent notre corps, mais qui tuent notre cœur,
nos esprits et nos âmes.
La femme est mère. Elle est aussi épouse, une personne
humaine et une citoyenne. Mère nous savons bien ce que cela
veut dire, et comment être de bonnes mères. Ce n'est pas la peine de beaucoup
insister. Nous aidons celles qui nous entourent, à être de vraies mères, à
faire grandir la vie sous toutes ses formes. Mais cela ne doit pas nous
empêcher d'être épouse. D'ailleurs nos enfants ont besoin d'un père et d'une
mère qui s'aiment. Le danger pour nous, c’est
de trop nous attacher à nos enfants, en oubliant nos maris. Par exemple, lorsque
nous accouchons : nous nous occupons de notre bébé, c'est très bien. Mais
il ne faut pas pour autant oublier notre mari. Car c'est ensemble que nous
avons fait cet enfant. Etre épouse, c'est partager les soucis de notre mari, le
soutenir dans ses engagements, l'encourager dans toutes ses activités. Cela ne
veut pas dire faire tous les deux la même chose. C’est partager ce que nous
faisons, et échanger nos idées. Tu n'es pas une bonne épouse, si tu ne dis pas
ce que tu penses à ton mari. Tu lui dis ce que tu veux faire toi, et aussi ce
que tu penses de lui. C’est savoir s'assoir ensemble, pour se parler, et
échanger ses idées quand les enfants sont couchés : ce qu'on appelle le
devoir de s'assoir. C’est être vraiment une amie et une confidente pour ton mari, et pas seulement
la mère de ses enfants.
Mais cela ne doit pas t'empêcher d'être une personne humaine, qui
vit sa vie propre, qui développe ses qualités, qui prend ses responsabilités, qui
a droit au respect. Une personne humaine, fille de DIEU. Devant DIEU, il n'y a
pas de différence, l'homme et la femme sont égaux. Cela veut dire connaître ta
valeur, vivre dans la dignité, te former au maximum, développer toutes les
qualités que DIEU t'a données pour mieux servir. Pas seulement servir ta
famille ,mais servir aussi ton pays. Parce que tu es aussi une citoyenne. Nous nous
sommes demandé, comment remplir notre rôle de citoyen. Et dans quelle mesure,
nous faisons notre devoir de citoyen: est ce que nous avons voté? Est ce que
nous participons au conseil municipal, qui est ouvert à tout le monde? Est ce
que nous participons aux activités, qui sont menées dans le quartier? Ou bien,
est ce que trop souvent nous ne restons pas enfermées dans notre paroisse. Alors
que JESUS nous dit :"allez dans le monde entier...". Nous
sommes des citoyennes. Nous devons prendre nos responsabilités de citoyenne à
part entière, et nous engager.
Certaines ont dit qu'il faut être exemplaire. Mais nous savons bien, que nous ne sommes pas
toujours exemplaires Le principal, ce n'est pas d'être exemplaires. Nous ne
sommes pas meilleures que les autres, même si nous essayons de lutter contre
nos défauts et nos péchés, pour être les meilleures filles de DIEU possible. Ce
que DIEU nous demande, c'est d'être le sel de la terre : avoir la force de
l'Evangile. Sinon les gens vont nous jeter dehors, et nous marcher dessus (Mat
5,14). Si parfois les autres ne nous
respectent pas, nous les chrétiennes n'est ce pas parce que nous avons perdu le
sel de l'Evangile? Nous sommes le sel de la terre, de toute la terre ;
nous sommes la lumière du monde entier; nous sommes la levure dans la pâte,
dans la pâte humaine, dans la société. JESUS nous dit " vous êtes le sel de la terre". Il
suffit d'un peu de sel, pour donner du goût à tout le plat. Même si nous ne
sommes pas nombreuses, nous avons le goût de l'Evangile, et la force de
l’Esprit Saint. Avec JESUS, nous donnerons le goût de DIEU à la société et nous la rendrons meilleure. Nous sommes la
lumière du monde. Mais pour cela il faut être branché sur JESUS CHRIST Si nous ne
vivons pas selon SA Parole, dans son amour, nous sommes comme une belle lampe
posée sur la table, mais qu'on n’a pas branchée : elle n'éclaire pas, elle
ne sert à rien du tout.
2-A l'exemple de Marie et des femmes saintes:
Marie nous la prions. Nous voulons la servir et l'imiter. Mais
quelle image avons-nous de Marie ? Quand on représente Marie, on montre
souvent une statue qui ne bouge pas, qui
récite le chapelet, une belle femme bien habillée avec de très beaux habits, aux
joues toutes roses, toute parfumée. Est-ce bien comme cela, que Marie était?
Bien sûr Marie priait, elle priait lorsque l'ange Gabriel est venu la voir. Mais
Marie c'était une mère de famille,
qui s'est occupé de son mari, et qui a éduqué son enfant JESUS. Elle a su
prendre ses responsabilités, dans sa vie de couple. Quand JESUS était resté au
Temple, ce n'est pas Joseph qui a parlé à JESUS, quand ils l'ont retrouvé.
C'est Marie, qui Lui a dit : "pourquoi
nous a-tu fait cela, à moi et à ton père"(Luc 2,48)? C'était une
voisine, qui allait au puits avec les autres femmes du village, qui les aidait
dans leurs difficultés, qui les encourageait, qui faisait attention à elles. Comme
elle a fait attention, quand le vin était terminé à Cana. Et comme déjà, elle
avait été aidé sa cousine Elisabeth, parce qu'elle était enceinte, âgée et sans
avoir jamais accouché. C’est de cette façon, qu’elle a été semeuse d’espérance.
Marie était une
travailleuse : elle avait les mains calleuses, elle avait souvent les
pieds pleins de poussière, et les habits sales et déchirés parce qu'elle avait
travaillé. Elle n'était pas une femme riche de la ville. Marie était une
analphabète : sans doute qu'elle ne savait ni lire ni écrire, comme la plupart
des femmes de ce temps là. Mais elle avait l'amour dans le cœur. Et la sagesse
du Saint Esprit.
Marie c'est la plus grande des saintes! Pourquoi cela? Elle n'a pas
été prêcher l'Evangile avec JESUS et les apôtres. Elle est restée dans son
village. Elle n'a pas fait de miracles. Pourquoi est-elle la plus grande des
saintes ? Elle n'a fait que des petites choses, de la vie ordinaire d’une
femme de village. Mais elle l'a fait avec beaucoup d'amour. C'est pour cela, qu'elle
est la plus grande des saintes. Et c'est cela que nous avons à faire, pour
suivre Marie. Marie prenait ses responsabilités. Elle a laissé JESUS libre de
faire de son travail. Mais quand JESUS a
été arrêté, condamné à mort et cloué sur la croix, Marie était là, debout sous
la croix. Marie n'a pas eu peur d'être montrée comme la mère du condamné à
mort, et d'être insultée comme JESUS Et c'est elle qui va rassembler les
apôtres, pour se préparer à recevoir le SAINT ESPRIT. Mais là aussi, dans la
simplicité et dans l'humilité.
Il faudrait reprendre
les exemples des autres femmes, dont on parle dans l'Evangile, dans les
épîtres et les actes des apôtres, et déjà dans la première Alliance (l'Ancien
Testament : Marie la sœur de Moïse, Judith, Deborah, Esther, Sarah….). A
notre rencontre, nous avons simplement parlé de la femme syrienne, dont la
fille était malade, qui a dit à JESUS "même
les petits chiens mangent ce qui tombe de la table" (Marc 7,26). Elle a poussé JESUS, à ne pas rester seulement
chez les juifs, mais à traverser le lac
de Génésareth, pour enseigner aussi les païens. Nous avons pensé aussi à la samaritaine,
une païenne, qui est allée faire
connaître Jésus aux autres habitants de son village, païens eux aussi (Jean
4,29). JESUS lui a fait confiance. Comme
IL a accueilli la prostituée (Luc 7,40), et la femme adultère (Jean 8,11) IL
leur a pardonné tous leurs péchés, et leur a permis de commencer une vivre
nouvelle, dans la foi et la paix. IL a aimé Marie Madeleine, qui lui a versé du
parfum sur les pieds, pour annoncer sa mort (Mat 26,6). Il a chassé les sept
esprits mauvais, qui étaient entrés en elle. C'étaient les femmes seules, qui
étaient au pied de la croix. Tous les apôtres avaient fui, sauf le petit Jean C'est
aux femmes que JESUS est apparu, quand IL est ressuscité. C'est à Marie
Madeleine qu'IL a la mission, d'aller annoncer aux apôtres, qu'IL est ressuscité...Alors
vous les femmes, n'ayez pas peur de conseiller vos prêtres et vos évêques,
puisque Marie Madeleine a été conseillé le premier Pape, et lui a fait connaître
la résurrection de JESUS. C'est cela notre responsabilité dans l'Eglise, sans
oublier notre responsabilité dans le monde.
Deuxième partie: Comment
être des femmes semeuses d'Espérance dans l'Eglise?
Nous avons remarqué qu'il y a actuellement un grand problème
dans notre Eglise: on fait trop de fêtes. Et pour faire ces fêtes, on passe son temps à chercher de l'argent,
des soutiens, des parrains, des sponsors..Et à faire des xawaré, des concerts,
des choralies, des galas, des soirées dansantes, et des tas d'autres choses...Plus
grave encore, quand on a cet argent, très souvent on le dépense pour des fêtes,
des sorties, des tenues, des manifestations… Au lieu d'utiliser cet argent,
pour lancer des projets de développement, pour aider les femmes les plus
pauvres, et leur donner les moyens de s'en sortir. Ou pour faire vivre le mouvement,
pour l'évangélisation, pour la justice et la paix, ou la Caritas. Pour les pèlerinages,
les fêtes patronales, les JMJ,
jumelages, anniversaires… nous pensons d'abord à acheter des tenues, des
casquettes et des tas d'autres choses qui coûtent très cher, et quine sont pas
nécessaires. La conséquence, c’est que les plus pauvres ne peuvent pas
participer à nos fêtes et à nos prières.
Nous avons complètement transformés nos baptêmes, nos mariages et nos premières communions, et aussi les
enterrements en des fêtes païennes.
Ils sont devenus des occasions de se montrer, avec sa richesse. Alors que JESUS
a bien dit "celui qui s'élève, il
sera abaissé... et les derniers seront les premiers". Et aussi « vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et
l’argent ». A cause de cela
nous empêchons beaucoup de nos frères et sœurs d'être baptisés, de faire leur
première communion ou de célébrer leur mariage, parce qu'ils n'en ont pas les
moyens financiers. C'est très grave, Il faut vraiment que nous réfléchissions à
cela!
Même dans nos associations féminines, souvent, on nous
utilise uniquement pour chanter, danser, ou faire la cuisine. Que ce soit pour
les fêtes patronales et autre chose. Ce n'est pas cela, notre première
responsabilité de femme. Nous pouvons
faire beaucoup plus, et mieux. JESUS CHRIST attend beaucoup plus de nous.
IL nous appelle à évangéliser nos frères et nos sœurs, à faire naître un monde
nouveau, « une terre nouvelle où la
justice habitera » comme le dit Pierre (2° Pi 3,13). Bien sûr, certaines
chorales font des concerts, par exemple pour les enfants de l'hôpital Albert
Royer, pour organiser une marche pour la paix en Casamance, pour aider aussi à
refaire le toit de l'Eglise Saint Paul, pour soutenir l'aumônerie des prisons,
tout cela est à continuer.
Il y a beaucoup de femmes et d'hommes qui aident les autres,
et qui partagent. Mais trop souvent, cela reste au niveau personnel, ce sont
des actions isolées. Mais nos groupes, nos mouvements, nos cellules, et nos
fraternités ne se consacrent pas, ensemble, en tant que tels, au développement,
au service des pauvres, à la dignité et à la défense des plus petits, à lutter
contre les violences faites aux femmes, à lutter pour la justice et pour la
paix. Et pourtant c'est bien cela, que le troisième
Plan d’Action Pastoral nous demande de faire, avec les quatre objectifs:
la communion et la sanctification (devenir saintes), mais aussi l'évangélisation :
dans le dialogue, en accueillant ce que les non-chrétiens ont à nous enseigner au nom
de DIEU. Et en admirant leurs qualités, comme JESUS a admiré l'officier romain
(Mat 8,5). Et enfin le service : le service des plus pauvres et des
petits de la société, la défense des droits humains et de la dignité de tous,
la lutte pour le développement, la justice, la paix et la réconciliation. Voilà
notre responsabilité, et notre travail dans l'Eglise. C'est cela que l'Eglise
nous demande, c'est cela le troisième plan d'action pastoral. Pas seulement de
faire des fêtes patronales.
-Pour cela, les femmes de Keur Massar nous ont a indiqué un
certain nombre de pistes. En particulier :
1.partager la parole
de DIEU: la savoir même par cœur, pour pouvoir la raconter autour de nous.
C'est cela l'évangélisation dans la vie de chaque jour.
2.regarder ce qui se
passe dans notre société, savoir analyser, voir ce qui se passe, chercher
les causes, voir les conséquences.
Réfléchir à cela à partir de la Parole de DIEU. Voir ce que nous pouvons faire,
ensemble avec les autres.
3.quand nous avons agi, régulièrement évaluer nos actions, voir le suivi, voir ce que nous avons fait. Ce
que nous n'avons pas pu faire, pourquoi? C'est la méthode de l'action
catholique : voir, réfléchir à partir de la Parole de DIEU, et agir.
Ensuite évaluer nos actions. Car on décide beaucoup d'actions, mais ensuite il
n y a pas de suivi. Il y a des paroles, mais pas d'actions. Et il n'y a pas
d'évaluations, pour rendre meilleures nos actions.
-Nous avons aussi
noté l'importance des C.E.B (communautés chrétiennes de base). C'est
important que nous y participions. Que nous les aidions à devenir de vraies
communautés de quartier, qui évangélisent. Et qui transforment le quartier avec
les autres habitants. Nos C.E.B sont devenues des groupes de prières. Les
réunions se limitent à des partages d'évangile, même pas suivis d'actions :
on a parlé, on est content Ou bien, on récite seulement le chapelet. Nous ne
sommes pas soutenus par les prêtres, les frères et les religieuses, qui sont
dans nos paroisses. Il faudrait les motiver, et les aider à s'engager avec nous.
Nous avons rappelé le programme des C.E.B, tel qu'il a été présenté dans un
certain nombre de sessions de formation, dans différentes paroisses : à St
Pierre, aux Martyrs, à MIPA, à Grand-Yoff, à Pikine:
-première réunion : partage d'Evangile suivi d'actions qui seront évaluées Tout le
monde a la parole. La Parole de DIEU est lue et expliquée dans les langues
locales. Avec une démarche de 4 questions simples
-Deuxième réunion sur la
vie de la paroisse : notre engagement pour la catéchèse, pour les
actions au niveau de la paroisse, les projets, les mouvements, toutes les
activités paroissiales pour qu'elles deviennent meilleures.
-Troisième réunion,
la vie du quartier : d'abord nous donner des nouvelles. Ensuite, il
faut que nous nous engagions dans nos quartiers : voir ce qui se passe,
les accidents, les maisons qui ont brûlé, les disputes, les gens qui sont
malades, tous les problèmes. Par exemple, la prévention contre Ebola. Tout ce
qui se passe dans le quartier nous concerne. Voir comment travailler dans le
quartier, avec les autres associations de femmes et les autres associations de
quartier qui ne sont pas chrétiennes, mais qui travaillent. Comment travailler
en lien avec le chef du quartier et les délégués de quartier ? Et leur
proposer notre aide et notre soutien, pour pouvoir entrainer les autres? Nous
avons eu les élections, le nouveau conseil municipal est en place. C’'est à nous de leur apporter des idées, et de
participer aux bonnes choses qu'ils veulent faire.
- Et enfin la dernière réunion de la C.E.B chaque mois, la formation . Car nous avons besoin d'être formés pour agir. Et
nous célébrons l'Eucharistie, quand
c'est possible. Voilà quelques pistes pour notre action de femmes semeuses d'Espérance
dans l'Eglise. Nous en avons cité
d'autres, mais nous ne pouvons pas tout rappeler.
3° partie) Femmes,
semeuses d'Espérance dans la société
Il y a beaucoup de bonnes choses qui se mettent actuellement
en place, dans la société. C'est important que nous y participions. D'abord
ouvrir les yeux et nous renseigner, pour voir les actions qui sont menées. Ensuite,
y prendre notre part. Nous en avons noté quelques unes, parmi beaucoup d'autres,
ou certaines d’entre nous sont engagées, par exemple:
- la lutte contre
l'excision : le nombre d'excisions augmente dans la ville de Dakar,
alors qu'elle diminue dans les villages; c'est en ville.
- Participer à la couverture
médicale universelle : pour cela,
regrouper les femmes, mettre en place un comité où les gens pourront
cotiser, et être reconnu. A ce moment-là, les membres pourront être soignés
gratuitement.
- Faire attention à ce qui se passe dans nos quartiers, et
dans nos propres familles, pour lutter contre le viol, l’inceste et la pédophilie.
- nous engager, pour
que les grandes décisions gouvernementales
soient appliquées: par exemple on a voté depuis plusieurs années maintenant,
l'interdiction de la mendicité. Mais les enfants continuent de mendier dans les
rues. Ils ne s'agit pas d'être contre les talibés (élèves des écoles
coraniques), mais que ces talibés puissent rester dans leur famille. Et venir à
l'école coranique le vendredi, ou un autre jour, pour apprendre la Parole de
DIEU, comme nos enfants catholiques vont au catéchisme. Nous ne pouvons pas
accepter qu'on envoie des enfants mendier. Encore moins qu'ils soient frappés,
qu'ils vivent dans des conditions trop dures, et que des soi-disant marabouts
les utilisent pour s'enrichir.
- le chômage :
il y a trop de gens qui n'ont pas de travail : des jeunes, les étudiants,
mais aussi des femmes. En particulier des femmes chef de famille, qui doivent
se débrouiller pour nourrir les enfants. Il y a des ONG et des projets, qui se
mettent en place. Il y a des moyens pour aider les femmes à s'organiser, se
former, lancer une AGR (Activité génératrice de revenus) ou un GIE (groupement d’intérêt
économique) ? Mais pour cela il faut nous engager. C’est notre
responsabilité.
- l'engagement
politique : pas seulement être une bonne citoyenne, mais avoir le
courage de nous engager dans la politique. Pas obligatoirement ministre, mais
au moins conseillère municipale. C'est déjà très important. Etre dans un parti
pour y apporter, pas seulement nos idées à nous, mais les idées de JESUS CHRIST,
et les valeurs (qualités) de l'Evangile. Si nous n'y participons pas cela ne
pourra pas se faire.
5- quelques idées
sorties lors de la réflexion en petits groupes et de la mise en commun:
- travailler pas seulement dans l’Eglise, mais aussi dans la
société : Levure qui fait lever toute la pâte, pour répondre aux attentes
de nos sœurs, et leur apporter l’espérance (Mat 13,33)
* En agissant dans nos quartiers, à travers nos CEB (communautés
chrétiennes de base)
* En créant toutes les occasions d’échanges et de partage,
dans notre paroisse et notre quartier
* En sachant admirer les bonnes choses que les autres
font, et ainsi augmenter notre foi
* Connaître les délégués de nos quartiers, et parler avec
eux sur ce qu’il serait possible de faire.
* Participer aux réunions du Conseil municipal, entrer
dans les ONG et lancer des GIE (Groupement d’Intérêt Economique) et des AGR
(Actions Génératrices de Revenus).
* Nous montrer solidaires quand quelqu’un est malade, par
les visites et les prières.
* Augmenter la vie de la paroisse, surtout la catéchèse.
* Organiser des causeries sur les droits de la famille
dans la ligne du Synode
* Créer des comités et lancer des cotisations, pour
profiter de la couverture médicale universelle.
Ensuite une des participantes nous a expliqué ce qu’elle
fait, dans une ONG contre la violence
faite aux femmes. Et aussi pour former
les femmes à prendre leurs responsabilités, dans leur vie de chaque jour.
Une action va être menée, pour permettre aux petites
filles et jeunes filles qui n’ont pas d’acte
de naissance ; de pouvoir en avoir. Car cela leur cause beaucoup de
problèmes.
Nous avons noté l’importance des mouvements de jeunesse, en commençant déjà par les enfants. Une
autre femme nous a présenté l’action qu’elles mènent dans le groupement « Penc
Mariama »: restauration, couture, etc…
NOTE POUR L’EDUCATION SEXUELLE
Ce sont de simples notes de travail
utilisées dans plusieurs groupes de jeunes et d’enfants, dans les écoles, les
mouvements et les quartiers. A chacun de les adapter à sa situation.
Définition de la sexualité
La
sexualité c’est une force qu’il y a dans l’homme et dans la femme, qui vient de
Dieu et qui nous permet de nous aimer et de donner la vie. Tous les mots de
cette définition sont importants. D’abord la
sexualité c’est une force. Une force il faut apprendre à la commander et à
la diriger sinon c’est comme la voiture, si tu ne sais pas la conduire, tu
auras des accidents. Il faut donc apprendre à connaître sa sexualité et à la
commander.
C’est
une force qu’il y a dans l’homme et dans
la femme. On ne dit pas dans le corps de l’homme. La sexualité ne se limite
pas au corps, elle est aussi dans l’esprit et dans le cœur. Toutes les cellules
du corps sont sexuées, toute la personne humaine est sexuée, même dans ses
pensées ou dans sa façon d’aimer. La façon d’aimer de l’homme n’est pas la même
que celle de la femme.
Cette sexualité vient de Dieu. Cela veut donc dire qu’il faut la vivre comme Dieu le
veut. C’est pour cela que Dieu a donné ses commandements à Moïse. En
particulier « Tu ne feras pas l’adultère ». Et déjà dès le début du
monde : rappelons-nous tout ce qu’il a dit à Adam et Eve, sur le mariage.
La
sexualité c’est une force qui permet
d’aimer. C’est cela le premier but de la sexualité, et le plus important.
Une sexualité sans amour ne rend pas heureux. Elle ne peut pas être réussie, ni
être vécue dans la paix. L’acte sexuel n’est pas seulement une question de
technique ou de position, c’est une question d’amour.
La
sexualité permet de donner la vie. Pas
seulement de faire des enfants, encore moins d’enceinter une femme, mais de
donner toute la vie : la vie du corps, du cœur et de l’esprit, une vie
totale. Si nous avons des enfants, il ne suffit pas de les nourrir il faut
aussi les éduquer et surtout, les aimer.
Qu’est-ce que l’acte sexuel ?
Comme
on vient de le dire, l’acte sexuel n’est pas seulement un rapport physique.
Pour dire les choses clairement, pas seulement un pénis en érection qui entre
dans un vagin. C’est un homme qui aime, et qui se donne à sa femme. Je dis bien
à sa femme parce que normalement, l’acte sexuel
doit être vécu dans le mariage, et non pas
avec des partenaires de rencontre, à la sortie des bals ou des cinémas. Et
l’homme ne prend pas sa femme, il se donne à elle. Et de même la femme.
En
français il y a trois mots pour désigner l’acte sexuel :
-
Rapport sexuel,
-
Relation sexuelle
-
Union sexuelle
Ce
n’est pas du tout la même chose.
Être en rapport avec quelqu’un c’est être seulement en contact avec
lui. Même si on ne le connait pas, et si on ne l’aime pas. Un rapport sexuel,
c’est une rencontre de passage, pour le plaisir ou pour l’argent.
Être en relation avec quelqu’un c’est déjà le connaître, le rencontrer
régulièrement, échanger des idées. Une relation sexuelle sera donc avec un ami,
une camarade de classe ou de quartier que l’on connaît. Quelqu’un avec qui on
est déjà en relation : il y a déjà connaissance et confiance. Mais cela ne
suffit pas.
L’acte sexuel réussi c’est l’union
sexuelle : quand on est vraiment
unis l’un à l’autre, uni dans son corps mais aussi dans son esprit. On se
connaît, et dans son cœur, on s’aime.
Dans le rapport sexuel, chacun cherche son
propre plaisir. Dans la relation, souvent on cherche à prendre l’autre. Dans
l’union sexuelle, on se donne à l’autre dans l’amour, la confiance et la
liberté.
Tu es libre, et c’est à toi de CHOISIR. Tu peux te lancer tout de suite dans des rapports
sexuels, sans amour et sans avenir. Tu peux attendre d’avoir un copain ou une
copine. Ou tu peux attendre le mariage et de vous aimer vraiment, totalement et
pour toujours. Qu’est qui peut te rendre le plus HEUREUX ?
Comment réussir sa sexualité ?
-La
sexualité, c’est comme une plante, elle grandit doucement. Il faut donc prendre le temps. Des relations
sexuelles faites trop tôt entrainent des problèmes et des difficultés. D’abord
au niveau physique : grossesse indésirée, difficulté pour accoucher,
fausse couche etc… Mais aussi des problèmes psychologiques. Quand on est trop
jeune, on n’est pas encore capable de se donner, parce qu’on ne se possède pas
encore soi-même. Il faut prendre le temps de grandir.
Les
relations sexuelles faites trop tôt et avant le mariage entraînent des problèmes : les maladies
sexuelles, y compris le sida que l’on n’arrive pas à soigner pour le moment,
les grossesses indésirées, les mariages sans amour, etc.
Des garçons disent : « de toutes façons, moi je ne
risque rien. Même si je fais des rapports sexuels, je ne serai pas enceinte ».
C’est vrai que le garçon ne tombe pas enceinte. Mais s’il commence à faire des
relations sexuelles pour s’amuser, sans amour, il va prendre de mauvaises
habitudes. Et ce sera très difficile pour lui, d’être un mari sérieux. (c’est
vrai aussi pour la fille). De plus, on
ne lui fera pas confiance, et ce sera très difficile pour lui de trouver une
femme (ou un mari) sérieuse. Enfin, les maladies sexuelles guettent les garçons,
autant que les filles.
Pour les filles, elles risquent beaucoup, en jouant à ce qu’on appelle
le 693 : 6 minutes de plaisir, 9 mois de grossesse et 3 ans de malheur.
Un
homme qui a une grande jambe et une petite jambe ne peut pas marcher. Il faut
que les deux jambes aient la même longueur (dessin). La sexualité c’est la même
chose. Il faut que le cœur grandisse
autant et en même temps que le corps. Sinon, la sexualité est déséquilibrée,
et l’on va obligatoirement tomber. Ce n’est pas parce qu’une fille voit ses
règles, et qu’un garçon entre en érection, qu’il est prêt pour autant à faire
des relations sexuelles.
Il y a donc des étapes dans la vie et dans la sexualité. Et des gestes qui y correspondent (dessin). Au
jardin d’enfants, les petits garçons et les petites filles sont ensemble. Pour
eux, il n’y a pas de différence, ils chantent et ils dansent ensemble.
A
l’école primaire déjà, les garçons se mettent d’un côté, et les filles de l’autre.
On se regarde l’un l’autre à distance. Le geste qui correspond est de se serrer
la main, quand on se voit. On est camarade.
Au
collège, les garçons commencent à regarder les filles, et les filles cherchent
à plaire aux garçons. Cela est bon, c’est normal. A condition de savoir ce que
l’on cherche et de dominer sa sexualité. Les gestes qui correspondent à cet
état là, c’est de se regarder, de se sourire mais sans aller plus loin. C’est
la mixité.
Souvent
au niveau du lycée, parmi tous les garçons, la fille en préfère un. Elle
dit : « celui-là il n’est pas comme les autres ». De même le
garçon est davantage attiré par une fille, il dit : celle-là je l’aime. On
devient alors ami. On peut se montrer son amitié, en se tenant par les épaules.
Et en étant assis l’un à côté de l’autre, pour pouvoir échanger les idées et
mieux se connaître. Mais normalement, on ne va pas plus loin.
Lorsqu’on
s’aime vraiment, à ce moment-là on s’engage l’un envers l’autre, ce sont les
fiançailles et le mariage. Au moment des fiançailles, on peut se montrer son
amour par des caresses, des baisers etc. Mais la relation sexuelle,
normalement, se fait dans le mariage, car c’est un engagement. Pas seulement
entre le garçon et la fille, mais envers les autres puisqu’on peut avoir un
enfant, et que cet enfant a besoin d’une famille, pour être aimé et éduqué. Et
aussi de la société, pour être enseigné, soigné….. L’union sexuelle c’est donc l’acte des gens mariés. Aller trop vite
au niveau physique, cela ne peut que nous déséquilibrer, et apporter des
problèmes.
-L’organe sexuel le plus important de l’homme et de la femme, c’est l’hypophyse,
c’est-à-dire une glande qui se trouve à la base du cerveau (j’ai bien dit
organe sexuel et non pas organe génital). C’est cette glande qui commande toute
la vie sexuelle : les règles, le murissement de l’ovaire, la fabrication
des spermatozoïdes, par l’intermédiaire des hormones. Si l’on veut commander à
sa sexualité, cela se situe au niveau du
cerveau, et non pas au niveau de l’appareil génital. Cela veut dire
surveiller ses yeux, sa bouche, ses oreilles, et bien sûr ses pensées. Parce
que tout ce que tu regardes, cela rentre dans le cerveau. Tout ce que tu dis,
vient du cerveau. Tout ce que tu entends, entre également dans le cerveau. Si
tu maintiens des pensées impures et le désir sexuel dans ta tête, l’hypophyse
sera excitée et tu ne pourras plus rester tranquille. Cela vient de tes
lectures, de tes conversations, des films que tu regardes, des pensées que tu
as dans ta tête. C’est à ce niveau-là, que tu dois être clair. Et alors, tu
peux commander ta sexualité. Mais si tu regardes des films pornos, tu danses,
bien collés et sans respect, dans des boites où on éteint les lumières, si entre vous vous ne parlez que des filles (ou
des garçons), alors c’est sûr, tu ne pourras pas rester tranquille.
On
pourra mener ici toute une réflexion sur les films, les artistes, les soirées
dansantes, etc…
« Toi
le garçon, tu peux regarder les filles. Mais qu’est-ce que tu regardes chez
elles ? Et à quoi tu penses ? Qu’est ce que tu veux faire avec
elles ? Car il y a beaucoup de belles choses que l’on peut faire ensemble,
entre garçons et filles. Pas seulement des rapports sexuels »
« Et
toi la fille, qu’est-ce que tu montres aux garçons ? Comment tu
t’habilles ? Si tu montres seulement tes formes physiques au garçon (ton
corps), il va s’amuser avec tes formes. Et quand il t’aura ‘déformée’, il te
jettera ! Mais si tu cherches à plaire
au garçon par tes idées, il va venir échanger des idées avec toi, il va
t’aimer, et vous serez heureux ensemble ».
-La sexualité c’est comme une maison à
construire. Pour construire une
maison (dessin), il faut d’abord poser des fondations. Si les fondations ne
sont pas solides, la maison ne tiendra pas. Ensuite, il faut monter les murs. Et
c’est seulement quand les murs sont terminés que l’on peut poser le toit. Si
l’on met le toit avant de monter les murs, le toit va tomber sur les habitants,
et va les écraser. Qu’est-ce que cela veut dire pour la sexualité ?
Les fondations, c’est la camaraderie, l’amitié, la mixité, apprendre
à vivre ensemble dans le respect et dans la joie.
Les murs ce sont les deux familles qui donnent l’éducation. Ce
sont aussi les engagements, dans les mouvements et dans les autres groupes et
associations, où on apprend à se connaître, et à travailler ensemble. C’est là
que l’on apprend à aimer.
Le toit, c’est l’engagement dans le mariage. C’est la vie
commune, et la relation sexuelle. Quelqu’un qui n’a jamais eu d’ami, et qui ne
sait pas être camarade avec les autres, il n’a pas de fondation. Sa sexualité
comme son mariage ne sera jamais solide, sauf s’il apprend à aimer par la
suite. Quelqu’un qui ne s’est jamais été dans un mouvement, qui n’a pas été éduqué
dans la famille, c’est comme une maison sans mur, pour porter le toit. Faire
des relations sexuelles avant le mariage, c’est comme mettre le toit avant les
murs. Le toit va te tomber dessus et t’écraser.
Dans nos traditions africaines, la sexualité était sacrée. Elle ne concernait pas
seulement toute la vie et toute la personne, mais toute la grande famille, et
même l’univers tout entier. Ainsi les anciens disaient que le soleil est mâle,
et que la lune est femelle. C’est pour cela que dans la plupart des langues
africaines, c’est le même mot qui désigne la lune et les règles de la femme.
Ils disaient aussi que le ciel est mâle, et que la terre est femelle. Parce que
c’est le ciel qui féconde la terre, par la semence qui est la pluie. Et ils en
tiraient des conséquences. Par exemple ils disaient : si un homme suit une
femme en brousse dans les champs et qu’il la viole (il la prend de force), ce
n’est pas seulement la femme qui est salie, mais aussi la terre, et le monde
tout entier : La femme a été violée, mais la terre sur laquelle on l’a
violée, elle, elle est devenue stérile. Elle ne donnera plus de fruits. Il
fallait faire un sacrifice aux ancêtres pour leur demander pardon, pour avoir à
nouveau des récoltes.
C’est
important de savoir, ce que les ancêtres disaient au niveau de la sexualité. Et
de connaître l’éducation qu’ils donnaient à ce sujet, en particulier pendant l’initiation. Pour voir comment
le garder et le vivre dans le monde d’aujourd’hui, d’une façon adaptée :
le sens de la famille, de l’accueil, du partage, l’éducation des enfants, la
pudeur, les vertus traditionnelles : teranga, yar, mun, teggin,
kërsa, suttural, cër, etc. Savoir comment l’homme et la femme vivaient la
sexualité autrefois, et voir ce qui a changé maintenant. Par exemple, avec les
possibilités de régulation des naissances. Ainsi, on peut choisir combien avoir
d’enfants, et quand. Et ;il n’est plus nécessaire d’arrêter les relations
sexuelles, jusqu’à ce que l’enfant soit sevré. Mais sans oublier que les
ancêtres demandaient à la jeune fille d’arriver vierge au mariage. Et donc aux
garçons de respecter les filles !
Les cinq dimensions de la sexualité (voir mes livres : « Et pourquoi on
n’aurait pas de relations sexuelles ? « pour les jeunes, et
« Comment réussir nos relations sexuelles ?» pour les gens mariés
1-L’amour
2-Donner la vie
3-Le plaisir. Le plaisir est bon, c’est Dieu qui l’a voulu. Quand
Dieu donne Eve à Adam, il saute de plaisir devant Dieu.
4-La prise en charge réciproque et le
soutien mutuel entre mari et femme.
5-L’engagement dans la famille et la société. C’est pourquoi il y a le mariage traditionnel ou
coutumier et le mariage civil, avant le mariage religieux (sacrement). Le
mariage civil lui aussi est important, car l’homme et la femme qui s’aiment ont
envie d’être reconnus par la société. Et ils ont besoin de la société pour
vivre, en particulier pour éduquer les enfants, les envoyer à l’école, pour se
soigner et soigner les enfants etc. Mais il faudrait unir davantage ces 3
mariages.
.
Pour la dimension chrétienne, voir en particulier ce que dit Paul :
« Vous êtes les temples du Saint Esprit » (1° Cor 6,12 à 7,40). Voir
aussi le Cantique des Cantiques, et ce que j’ai dit dans mes livres précédents.
Et aussi la Genèse, le Cantique des Cantiques, l’histoire de Tobie, Matthieu
18, 19, 1ère aux Corinthiens 12, Colossiens 3, …
L’amour
Aimer qu’est-ce que c’est ? (voir le livre du même nom, que j’ai écrit à ce
sujet) : Laisser les participants
répondre : les qualités de l’amour, son importance, ses conditions,
etc…Comment savoir si un garçon ou une fille t’aime ? (voir mon
livre : »Choisis ta fiancée »).
Aimer, c’est vouloir bien sûr le bien de l’autre.
Mais aimer, c’est aussi avoir un but commun
dans la vie. Comme l’a écrit Saint Exupéry : « S’aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble
dans la même direction ». Aimer c’est se soutenir dans ses engagements
réciproques et prendre des engagements communs : avoir une maison ouverte
à tous, où les gens peuvent trouver la paix et le bonheur.
Il y a beaucoup de faux amours. D’abord l’amour
commercial, les 5 V : villa, voiture, vidéo, virement et
voyage : » Si tu me construis une villa, tu m’achètes une voiture, tu
me payes une vidéo, tu me fais un virement à la banque et tu m’envoies en
voyage, alors chéri je t’aime ». Il y a beaucoup de gens qui disent qu’ils
aiment, en fait ce qu’ils cherchent, c’est l’argent : des filles qui se
vendent pour de l’argent, et des garçons qui achètent des femmes avec leur
argent. Ce n’est pas mieux ni d’un côté, ni de l’autre.
Il y a l’amour boite de sardines : je suis en voyage, j’ai faim, je vais chez un
commerçant, je lui donne l’argent, je prends la boite de sardines, je l’ouvre,
je mange et je la jette. Il y a des garçons qui prennent les filles, comme une
boite de sardine. Il lui donne l’argent pour l’acheter, il la prenne, il
l’ouvre, il mange et il la jette. La fille, il faut la respecter, ce n’est pas
une boite de sardines. Mais il y a des filles qui se vendent comme des boites
de sardines, sans connaître leur valeur et leur dignité.
Il y a l’amour« ceebu jën ». Quand tu dis : j’aime le « ceebu jën,
qu’est-ce que tu aimes ? Tu n’aimes pas le poisson, tu aimes ton ventre.
Si tu aimais le poisson, tu le laisserais se déplacer tranquille et heureux
dans la mer, mais tu le prends, tu le tues, tu le cuis et tu le manges. Tu
cherches donc ton plaisir à toi. Tu dis à l’autre : je t’aime, mais c’est
ton plaisir que tu cherches. Il y a ainsi beaucoup de gens qui font l’amour « ceebu
jën «.
En
tout cas il faut savoir ce que l’on fait, et comment on se conduit dans la vie.
il y a des garçons qui sont des
caméléons. Ils changent de fille d’après l’endroit où ils vont, comme le
caméléon change de couleur. Il y a aussi des garçons qui sont des haut
parleurs, ils parlent bien mais ils n’aiment pas en vérité, ils cherchent
seulement à tromper les gens.
Mais la fille de son côté ne doit pas
faire l’éléphant. L’éléphant a une
grosse tête mais un petit cerveau. Il a de petits yeux et de grandes oreilles ;
et il a une grande trompe. Il y a beaucoup de filles qui se laissent tromper
par les garçons. Quand les garçons viennent leur parler en leur disant : « chérie
tu es belle, je t’aime, je n’ai jamais vu une fille comme toi », elles
ferment les yeux, elles ouvrent de grandes oreilles d’éléphant, et elles ne
savent plus réfléchir. La fille n’est pas un éléphant. Si un garçon te
dit : je t’aime, regarde d’abord comment il vit et ce qu’il fait pour toi.
Regarde aussi comment il se conduit avec les autres, pas avec toi. Car toi, il
cherche à te plaire, donc il va cacher ses défauts. Regarde comment il est dans
la famille et dans le quartier. Car si tu veux te marier avec lui, bien sûr, il
faudra connaître d’abord sa famille. Et c’est la même chose pour le garçon.
S’aimer, c’est se donner l’un à l’autre :
se donner soi-même, et pas seulement
donner des choses. Dans la relation sexuelle, ce n’est pas la femme seulement
qui doit se donner à son mari, mais le mari qui doit aussi se donner à sa femme
dans l’amour, et non pas la prendre.
Il
y a trois façons d’écrire « je t’aime ».
-
JE t’aime
-
je T’aime
-
je T’AIME
Qu’est-ce
que cela veut dire ?
-Dans
le 1° : JE t’aime, JE en majuscule « je pense à moi (JE) et
non pas à l’autre ».
-Dans
le 2° : je T’aime, « je T’aime toi » mais avec un petit
amour.
-
Ce que l’on doit chercher, c’est d’aimer l’autre avec un grand amour, comme
dans le 3° : je T’AIME
Intervention au conseil paroissial de la paroisse de Pikine, du 27 juillet 2014
Voici ce que nous avons dit : être chrétien c’est suivre Jésus. Regardons ce que Jésus fait, dans l’Evangile d’aujourd’hui. Il prie sur la montagne, mais il fait attention à la foule : Il a pitié d’elle, Il guérit les malades, Il nourrit ceux qui ont faim. Quand les apôtres lui disent : « Renvoie les gens, pour qu’ils aillent s’acheter à manger », Jésus leur répond : « Donnez-leur vous-même à manger » (Matthieu 14, 16). C’est cela que nous devons faire, nous aussi. D’abord bien sûr, prier. Et dans notre paroisse nous prions beaucoup, il y a beaucoup de groupes de prière. C’est certainement très bien. Mais cela ne peut pas suffire, et ne doit pas nous faire oublier notre travail de chrétien : avoir pitié de nos frères, aider les malades, ceux qui ont faim, tous ceux qui souffrent, comme Jésus l’a fait. Il faut donc prier mais aussi agir. En effet, à la fin du monde, Jésus nous demandera : « J’ai eu faim, j’ai eu soif, j’étais malade, j’étais en prison, j’étais étranger, qu’est-ce que tu as fait pour moi ?». Et Il dira à ceux de la gauche : « Toutes les fois que vous n’avez pas aidé ces petits, vous ne l’avez pas fait pour moi non plus » (Matthieu 25, 45). C’est donc clair. Nous serons jugés sur ce que nous aurons fait pour nos frères et pour nos soeurs, qui sont aussi les frères et les sœurs de Jésus.
Dans notre paroisse, il y a énormément de groupes, d’associations, de mouvements, de chorales, de fraternités, etc. Nous remercions tous ceux qui travaillent, dans ces différents groupes. Mais il n’y a pas assez d’organisation, ni de coordination, dans notre paroisse. Chacun se lève, et fait ce qu’il veut, quand il le veut, comme il le veut.
Ensuite, on ne choisit pas de priorités, on ne sait pas ce qui est le plus important. Un exemple : au dernier trimestre, nous avons voulu faire une récollection, pour les élèves de toutes les écoles de notre paroisse. Mais nous n’avons pas pu trouver un seul dimanche de libre, parce que chaque dimanche, il y avait des fêtes, des sorties, des jumelages ou d’autres choses. A tous les niveaux : paroissial, ville, doyenné, diocèse. Pourtant nous savons bien qu’il y a beaucoup de problèmes dans nos écoles, surtout les écoles officielles et les écoles privées laïques : il y a des grèves, des manques de professeurs, des manques de fournitures, des élèves malades ou nécessiteux. Nous avons bien vu les mauvais résultats au Bac et aux autres examens, cette année. C’est donc très important que les élèves chrétiens se retrouvent, pour voir ce qu’ils peuvent faire avec leurs autres camarades, pour faire avancer l’école, et la rendre meilleure. Mais on n’a pas pu trouver de temps pour cela.
Nous remercions les différents groupes, pour ce qu’ils font. Mais il faudrait apprendre à être ensemble, et savoir quelles choses il faut faire en premier. Par exemple, cette année, nous avions tous décidé en conseil paroissial, que le jeudi serait réservé aux rencontres des CEB. La CEB, c’est la famille chrétienne, tout le monde en fait partie. C’est la CEB qui doit faire avancer le quartier, y annoncer l’Evangile et aider les gens. Mais il y a par exemple des chorales, qui continuent à faire leurs répétitions le jeudi. Cela veut dire que ces choristes ne vont jamais aux réunions de CEB. Comment peuvent-ils faire prier et chanter les gens les dimanches, sans jamais se retrouver avec les frères et sœurs chrétiens de leur quartier ? A ce moment-là, est-ce que tu ne quittes pas la famille chrétienne ?
De même, on a demandé que chaque groupe envoie au moins un délégué à la CARITAS, pour voir comment aider les nécessiteux, en commençant part ceux de notre propre groupe. Et aussi, dans la commission Justice et Paix. Mais beaucoup de groupes, de mouvements, de chorales, de fraternités, et même de CEB n’y ont jamais envoyé personne. Est-ce que tous les chrétiens ne doivent pas être charitables ? Est-ce que tous ne doivent pas travailler, pour la Justice et pour la Paix ? Pas seulement personnellement, chacun de son côté. Mais ensemble, en communauté. Est-ce qu’il n’y a pas des manques de charité et de paix, et des injustices, dans ces différents groupes ? Les chorales, les mouvements, les fraternités c’est très bon. Mais cela doit nous aider à faire notre travail de chrétien, et non pas nous en empêcher.
Bien sûr, beaucoup de chrétiens, membres de ces différents groupes sont charitables. Ils aident ceux qui souffrent autour d’eux. De même, ils cherchent à vivre d’une manière juste. Et à conseiller les autres. Mais cela reste au niveau personnel. Il n’y a pas d’action communautaire. Les groupes et communautés ne s’engagent pas en tant que tels. La conséquence c’est qu’ils ne forment pas leurs membres, et ne les soutiennent pas en ce sens. Nos actions manquent d’efficacité.
Beaucoup de chrétiens aiment venir à la paroisse pour se rencontrer. Cela aussi c’est très bon. Mais Jésus nous dit : « Allez dans le monde entier », Il nous envoie vers nos frères. Nous avons rappelé que les CEB sont des communautés de quartiers, qui doivent essayer d’animer le quartier, en travaillant ensemble avec les non chrétiens. Mais en fait, notre Eglise est centrée sur elle-même. Et donc, elle n’est pas missionnaire. Dans nos CEB, on fait des partages d’Evangile, c’est très bien. Mais ces partages ne débouchent pas sur des engagements dans les quartiers.
La conséquence, c’est que nous ne prenons pas nos responsabilités de citoyen au sérieux. Là aussi, nous avons donné quelques exemples. Le jeudi avant les élections, on avait prévu une rencontre de réflexion sur les programmes et les choix des candidats, dans chacune des CEB. Mais la coordination des jeunes a organisé ce soir-là une soirée. Et toute la semaine était prise par leur semaine culturelle. Alors qu’on était en plus, en pleine période d’examen. Au même moment, les CV-AV ont organisé des fêtes 3 dimanches de suite. Et les chorales, des concerts et des choralies cette même semaine. Avec toutes ces répétitions et toutes ces fêtes, quand les élèves on-ils eu le temps de préparer leurs examens ? D’ailleurs on a bien vu les résultats, par exemple au baccalauréat. Nous sommes chrétiens, mais nous sommes d’abord des hommes et des femmes citoyens. Et pour les jeunes, des élèves. Il faut que nous apprenions à prendre au sérieux, nos responsabilités citoyennes et nos études. On a lancé des groupes de travail à la paroisse. Mais peu d’élèves y participent. Ils attendent la semaine avant l’examen, pour faire une neuvaine, ou faire bénir leur bic. Cela ne peut pas suffire.
Beaucoup de groupes et de mouvements ont bien travaillé pendant toute l’année. Mais nous ne comprenons pas pourquoi, ils attendent la fête du Christ-Roi pour commencer leurs activités (quand ce n’est pas en janvier !). Alors que le cardinal demande à tous les prêtres, même les nouveaux nommés, de commencer le travail le 1° octobre. Et pourquoi, au mois de juin, ils font des fêtes de clôture. Est-ce que Dieu part en vacances ? De même nous comprenons que les catéchistes arrêtent l’enseignement de la catéchèse pendant les vacances, mais faut-il arrêter pour autant, la prière des enfants le dimanche ?
Tous les CV-AV du doyenné se sont rencontrés pour une fête de fin d’année, le jour de la Fête-Dieu. Cela veut dire qu’ils n’ont pas participé à la procession de la Fête-Dieu, ni dans leur paroisse, ni à Pikine. Pendant ce temps-là, ils chantaient et ils dansaient sur le terrain de sports.
Nous avons eu tout au long de l’année des choralies. C’est certainement une bonne chose, cela permet de dire merci à Dieu. Mais si une choralie, ce sont vraiment des chants religieux, faut-il la faire dans un Centre Culturel ou bien à l’Eglise ? Est-ce normal de demander de l’argent pour une choralie (sauf si c’est pour une action caritative, mais pas pour être partagé entre choristes) ? Et surtout, est-ce normal qu’après une ou deux heures de chants, la choralie se transforme en soirée dansante ? Est-ce que nous ne sommes pas entrain de déformer complètement notre religion ?
Alors que faire ? Nous sommes repartis de ce que Jésus disait, dans la maison de prière de Nazareth, quand Il a commencé sa mission (Luc 4, 18-21) : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, Il m’a choisi, pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, Il m’a envoyé, pour annoncer aux prisonniers, qu’ils vont être libérés. Dire aux aveugles qu’ils vont voir, et que tous ceux qui sont écrasés vont être relevés. Et pour annoncer une année de bonheur, de la part du Seigneur ». Et Jésus ajoute : « C’est aujourd’hui, que ces paroles se réalisent ». Voilà donc notre travail de chrétien : chacun d’entre nous personnellement, mais surtout ensemble en communautés : annoncer la Bonne Nouvelle, aider les pauvres, libérer ceux qui sont écrasés, consoler ceux qui pleurent, délivrer tous ceux qui sont prisonniers dans leurs corps, mais aussi dans leur esprit et dans leur cœur. Avec l’aide de l’Esprit Saint.
Mais ce que l’on voit trop souvent dans la paroisse, ce sont les fêtes. Les fêtes c’est bien, cela nous donne la joie. Mais à condition que l’on ne fasse pas que cela. Et qu’on respecte les conditions. Ainsi les CV-AV ont fait trois fêtes de clôture à la suite, au mois de juillet : une pour le doyenné, une pour la paroisse, et une avec les anciens CV-AV. Est-ce que le premier travail des CV-AV, ce n’est pas l’évangélisation du monde des enfants ? Et de tous les enfants, musulmans comme chrétiens. L’autre week-end, il y a eu quatre fêtes en même temps dans la paroisse : le samedi nuit à Pikine, une choralie suivie de soirée dansante ; à Thiaroye un concert ; et le dimanche, une fête des CV-AV à Thiaroye et un xawaré du GRAPE à Pikine. On a l’impression que ce qui est devenu important pour les chrétiens, ce sont les fêtes. Quand va-t-on trouver du temps pour l’Evangélisation et la construction du Royaume de Dieu ? Et pour s’engager dans la société ? Et déjà, pour bien faire son travail ou ses études, et participer à la vie de la famille ? On est tout le temps en répétitions et en préparation. Beaucoup de chrétiens regrettent de ne pas être assez formés. Mais quand on organise des formations, ils n’ont pas le temps ! Là aussi, il faut savoir ce qui est important.
Et plus grave encore, dans ces fêtes on cherche surtout à gagner de l’argent. Mais il faudrait nous demander sérieusement : pourquoi nous voulons de l’argent, et comment nous l’utilisons ? Car cet argent ne sert souvent qu’aux membres du groupe, quand il n’est pas partagé, ou mangé. Nous nous sommes rappelés, ce que Zachée disait à Jésus (Luc 19, 1-7) : « Si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais le payer quatre fois. Et ce que j’ai, je vais en donner la moitié aux pauvres ». Est-ce que nous ne devons pas faire la même chose, avec l’argent que nous gagnons dans nos soirées dansantes, nos xawaré et autres fêtes payantes ? Mais la plupart du temps, l’argent gagné est mangé à l’intérieur du groupe, pour de nouvelles fêtes, ou des sorties. D’abord, si on fait un concert religieux, pourquoi faut-il payer ? Est-ce qu’on ne peut pas faire un concert gratuitement, pour chanter Dieu ensemble ? Mais dans notre paroisse chaque groupe veut faire des activités, pour gagner de l’argent. Il n’y a pas de gratuité, ni de bénévolat. Pourtant, Jésus nous a bien dit : « Ce que vous avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement » (Mat 10,8). Nous savons qu’il y a beaucoup de gens qui aident ceux qui les entourent, avec beaucoup de courage. Et nous les remercions au nom de Dieu. Mais le problème, c’est au niveau des communautés-CEB, des mouvements et différents groupes chrétiens, qui ne s’engagent pas en tant que tel. En oubliant que le 1° commandement de Jésus, et même le seul, c’est celui de la charité.
Si on veut fait une choralie, est-ce qu’on ne doit pas se demander d’abord, à quoi va servir cet argent ? Nous voyons que dans d’autres paroisses, l’argent gagné aux choralies a été donné, par exemple à l’hôpital Royer des enfants. Ou bien, pour l’aumônerie des prisons. Ou encore, pour des formations, des projets, ou des actions d’évangélisation. Les chorales disent : « on a besoin d’argent pour faire des photocopies ». C’est normal. Mais est-ce la seule chose qu’on doit faire avec notre argent ? Il vaudrait mieux faire moins de photocopies. Et prendre des chants que tout le monde connaît, pour que l’assemblée puisse chanter à la messe, au lieu de rester en silence, sans participer. Souvent l’argent est dépensé dans des fêtes ou des tee-shirts et des tenues, mais pas pour aider, même pas ceux du groupe, qui ont des problèmes : les pauvres, les malades, les étudiants qui n’ont pas de quoi payer leur inscription à l’université, les élèves qui n’ont pas de quoi s’acheter des fournitures, les jeunes qui veulent commencer à travailler mais qui n’ont pas de matériel, etc.
Lorsqu’on demande aux CEB et aux autres groupes et mouvements, de l’argent pour lancer un petit projet de développement (AGR, atelier, petit commerce…), aider des malades ou d’autres personnes en difficulté, ils disent qu’ils n’ont pas de moyen. Mais pour la fête patronale de la paroisse, chaque CEB va donner 50 000 francs, en plus des billets à vendre, et d’un grand xaware (un de plus !). Et en plus, chaque CEB veut faire sa propre fête patronale. Et là, on trouve de l’argent, pour faire un grand repas. Même les élèves trouvent de l’argent pour acheter des tee-shirts et des casquettes, et payer le voyage et la participation aux JMJ et au pèlerinage. Tout cela c’est très bien. Mais pourquoi on ne trouve pas d’argent pour soutenir des projets, et aider les pauvres. Comme le dit Jésus : » Il faut faire cela, mais sans oublier le reste qui est plus important » (Mat 23,23).
De même, on dépense beaucoup trop d’argent pour les baptêmes, les premières communions et les mariages. Cela devient une grande fête, où on ne pense plus qu’à manger, boire et danser, sans respect pour le sacrement. Et où on cherche à se montrer, sans penser à Jésus Christ, ni aux autres. C’est pour cela que nous avons proposé de faire des mariages simples, et si possible des mariages groupés, pour diminuer les frais. Et demandé aux chorales de venir chanter gratuitement, comme ils le font pour la messe le dimanche. Nous remercions beaucoup ceux qui ont eu le courage de commencer, sans avoir peur de ce que diront les autres.
Enfin, dans les CEB et partout, il est important de prendre nos responsabilités. Cette année, on a demandé aux CEB d’accueillir les nécessiteux, de parler avec eux de leurs problèmes et de commencer à faire quelque chose pour eux. Ensuite, on pourra voir ce qu’on peut ajouter, au niveau de la paroisse et de la Caritas. Mais on envoie les personnes en difficultés directement à la paroisse, sans même voir quels sont leurs problèmes.
De même, c’est dans la CEB qu’on doit chercher à réconcilier les gens. Mais beaucoup de chrétiens, dès qu’ils ont un problème, partent tout de suite au commissariat de police, à la gendarmerie ou au tribunal, où ils dépensent beaucoup d’argent inutilement, où ils sont souvent jugés sans justice. Ils font honte à notre Eglise. Pourtant, au début de l’année, nous avons bien expliqué ce qu’est une CEB. Et tout le monde était d’accord. Jésus nous a dit : » Si ton frère fais le mal, dis-le à la communauté » (Mat 18,17). Et Saint Paul demande : » Est-ce qu’il n’y a pas parmi vous, un sage, capable de régler vos problèmes ? » (1° Cor 6,5).
Nous avons eu trop de problèmes ces derniers temps. Car il y a de plus en plus de violences dans nos quartiers. Et même dans notre communauté chrétienne. Nous avons décidé de lancer une réflexion approfondie, pour des actions concrètes dans ce domaine. Nous attendons les propositions.
Pour cette année pastorale, nous allons continuer à mettre en pratique le 3ème Plan d’Action Pastorale. Pour cela, nous allons commencer par une formation, avec tous les responsables de tous les groupes de la paroisse, pour expliquer à nouveau les quatre objectifs de ce projet, et voir quelles actions mener. Merci et bon courage à tous.
CONCILE de VATICAN
2, …. 50 ANS APRES
REFLEXIONS SUR LA
CONSTITUTION APOSTOLIQUE GAUDIUM et SPES (GS) :« L’EGLISE
DANS LE MONDE DE CE TEMPS »
Chapitre 8 : L’écologie :
environnement et respect de la Création
le
chapitre 1 : LE CONCILE VATICAN 2 Introduction générale
le chapitre 2 : COMPRENDRE
LE CONCILE VATICAN 2 AUJOURD’HUI
le chapitre 3 : L’EGLISE DANS LE MONDE DE CE TEMPS Introduction au document
le
chapitre 4 : 1° Partie : L’Eglise et la vocation humaine (n°1à 45)
le
chapitre 5 :
2° Partie,1 : La dignité du mariage et de la famille (n° 46 à 52)
le chapitre 6 : 2°
Partie,2 :L’essor de la Culture (n° 53 à 62)
le chapitre 7 : 2°
Partie,3 :L’économie (n° 63 à 72)
Voici le plan de ce
chapitre :
Introduction : travail et écologie
Définition
de l’écologie
LA SITUATION DU MONDE
Le manque de respect de la terre
L’agriculture
Le problème de l’eau
La pêche
QUE FAIRE ?
Vivre d’une manière plus
simple
Lutter contre les feux de brousse
Reboisement
Des communautés qui se prennent en main
Lutter contre la corruption
Justice pour les hommes et justice pour
l’environnement
ECOLOGIE ET FOI CHRETIENNE
L’homme est libre, et donc responsable de la Création
Savoir se limiter
Entrer dans l’Alliance de Dieu
avec le monde
Lutter contre la
pauvreté
La réconciliation avec la Création
Arrêter la colonisation de la nature
Apporter une espérance
Vivre l’écospiritualité
Les religieux
ENVIRONNEMENT ET
REFLEXIONS RELIGIEUSES
La création
La première Alliance
Jésus, le Christ, Roi et Sauveur de toute la Création
Saint François d’Assise
Le document GS « l’Eglise dans le monde de ce temps
L’enseignement des papes
L’écologie et l’Eglise
catholique
Les autres Eglises
chrétiennes
Un point de vue
musulman :
Les religions
traditionnelles :
ANNEXES
Carême écologique 2013 : Le message des évêques du Sénégal…
Le Pacte des Catacombes
Cantique des Créatures de Saint François
d’Assise
Yann Arthus-Bertrand : la
Terre vue du ciel
Pierre Teilhard de Chardin
Le changement climatique, une menace pour la santé
humaine en Afrique
Introduction : travail et écologie ((rappel du chapitre 7).
Au moment du Concile, les
évêques étaient très optimistes, ils avaient confiance dans la science et les
progrès de la technique (des machines). Ils voyaient que les chrétiens s’étaient
repliés sur eux-mêmes. Ils ont donc décidé de voir le bon côté de la société,
pour redonner confiance et espérance aux chrétiens. Si bien que dans notre
document, on a parfois l’impression, que le progrès technique de la société et
la foi chrétienne seraient unis l’un à l’autre, et avanceraient ensemble. Au
bout de 50 ans, on voit bien que les progrès techniques, avec toutes les
machines, n’ont pas toujours servi la foi chrétienne. Ils n’ont même pas servi
à rendre les hommes plus heureux, ni la société meilleure. Mais ce qui nous
sauve, c’est l’espérance, c’est le Christ. Son Evangile nous permet de voir, ce
qu’il y a de bon dans le progrès. Il nous montre comment se servir de ce progrès, pour le bien de tous les hommes. A
nous maintenant de nous engager dans la société, avec les hommes de bonne
volonté, pour réaliser cela : que le progrès serve vraiment au bien de tous les hommes, en particulier les plus
pauvres et les petits.
Le centre de toute la vie économique (le travail et l’argent) et
sociale (la vie en société), c’est de respecter la dignité (la valeur) de la
personne humaine. Aujourd’hui, les machines nous permettent de mieux diriger
le monde. Mais l’organisation de l’économie devient de plus en plus difficile.
Les pays dépendent de plus en plus les uns des autres. C’est pourquoi il faut
un contrôle politique plus grand, sur les affaires économiques. En effet
l’organisation de l’économie (le travail et l’argent) a amené beaucoup de
difficultés, pour de nombreuses personnes. Elle a écrasé les pauvres, et leur a fait perdre leur dignité.
Pour lutter contre cela, l’Eglise a donné des idées, qui doivent aider à
changer la vie économique des pays.
1.
L’économie ne doit pas chercher seulement, à
augmenter de plus en plus les richesses. Elle est au service des hommes.
L’économie a sa façon de travailler,
mais elle doit respecter la morale et chercher le bien (GS 64). Au moment du
Concile, dans les pays communistes, l’économie était planifiée. C’est-à-dire
que les choses étaient organisées et dirigées par l’Etat, et non pas par des
personnes individuelles. Celles-ci manquaient de liberté et ne pouvaient pas
prendre toutes leurs responsabilités. En Europe de l’Ouest et aux Etats Unis,
jusqu’à maintenant, c’est le marché libre. Mais souvent, c’est une fausse
liberté, où les forts et les riches écrasent les petits, et profitent des
pauvres. Pour l’Eglise il faut trouver l’équilibre, entre une économie
planifiée et le marché libre. Il faut donc organiser les marchés, pour bien utiliser ce qu’on produit.
D’abord au niveau du pays même ; mais aussi au niveau du monde entier.
Pour que ces marchés servent vraiment au bien de tous.
2.
Le plus important dans l’économie, c’est le
travail. Le travail de l’homme est uni au travail du Christ, qui sauve le
monde. Tout homme a donc le droit d’avoir un travail. Et chacun doit travailler en faisant le bien. Et en respectant la
terre.
3.
Il faut mettre en place des lois sociales,
pour protéger les pauvres et les personnes en difficulté. Mais il faut faire
attention, à ce que cela ne pousse pas les gens à devenir paresseux, et à
profiter des autres (mendicité et parasitisme).
|
Le travail
n’est pas la fin et le but de toutes les choses. Il est au contraire au service
des hommes. Il sert à construire la société. On doit donc partager les
résultats du travail avec tous. Il faut aussi savoir s’arrêter pour se reposer.
L’homme a fait beaucoup de progrès dans la manière de travailler. Il a inventé
beaucoup de machines. C’est une très bonne chose. Mais le danger, c’est qu’avec
la force de ces machines, on va trop
utiliser la terre, la fatiguer et finir par la casser. Ce que l’homme doit
chercher, ce n’est pas d’avoir de plus en plus de choses, mais de mieux vivre
grâce à ces choses.
La propriété privée (avoir des choses
pour soi) c’est ce qui permet à la personne et à la famille d’être
indépendante. C’est une partie de la liberté. Mais la société a besoin aussi de
biens, pour faire le bonheur de tous, spécialement des plus faibles et des plus
pauvres. Il faut donc trouver un
équilibre entre les biens de chacun (la propriété privée) et les biens
publics de la société toute entière. Dans tout cela, nous ne devons pas
oublier, ce que notre document GS disait déjà dans la première partie, au
sujet de l’homme. Par son travail, il participe à l’action de Dieu dans le
monde (34). Le progrès est bon, à condition de ne pas chercher seulement notre intérêt
personnel, mais de penser aussi aux autres (37). C’est en nous donnant aux
autres de tout notre cœur, que nous réussissons notre vie (24).
Dans le
chapitre 7, nous avons parlé du rapport de l’homme aux choses : le travail. Un des principaux textes
sur ce sujet, c’est la lettre « Laborem exercens » du Pape Jean Paul
2. Il explique que Dieu a donné à l’homme la responsabilité d’
« organiser » le monde. Ce qui nous amène à parler de l’écologie.
La science et la foi : L’intelligence de l’homme ne s’arrête
pas aux seules choses visibles. Il est capable de comprendre aussi les choses
que l’on ne voit pas… C’est dans la connaissance de la Sagesse de Dieu, que
l’intelligence de l’homme devient parfaite. Car la Sagesse entraîne l’esprit de
l’homme avec force et douceur, pour qu’il recherche le bien et le vrai. Et
ainsi l’homme passe de ce qui est visible, à ce qui est invisible.
Définition de
l’écologie : Le
mot écologie vient de deux mots grecs oikos et logos , qui
signifient respectivement maison ou habitat et science.
L’écologie est donc la science de l’habitat au sens large, autrement dit la
science de l’environnement, de notre maison la terre. On parle alors
d’écosystème.
Qu’est-ce que
l’écologie humaine ? C’est une écologie totale, qui comprend la
personne humaine avec tout ce qui l’entoure : son environnement naturel
(la nature) et social (la société). . L’écologie humaine est un appel adressé à
chacun d’entre nous, pour prendre ses responsabilités, par rapport au monde qui
l’entoure ». Au sens chrétien, cela veut dire que le Christ n’a pas sauvé
seulement les hommes, mais tous les êtres vivants de cette terre. On parlera
alors d’écospiritualité.
NB :
Il y a beaucoup de mots qui vont ensemble : la terre, l’environnement, la
nature, l’écologie l’univers, le monde, la création, l’écosystème, etc.
Actuellement, on parle de plus en plus du
respect de la terre et de sa protection. Nous avons déjà expliqué que les biens
de la terre sont pour tous. Le n° 30,2
de notre document parle de l’écologie indirectement : » Plus le monde devient uni, et plus les
devoirs de l’homme dépassent les petits groupes, pour s’étendre peu à peu à
l’univers tout entier. Cela ne peut se faire, que si les personnes et les
groupes font grandir autour d’eux le bien, et les qualités morales de la vie en
société. Alors, avec la grâce de Dieu, des hommes nouveaux se lèveront qui
construiront une société et une humanité nouvelle ».
C’est vrai que le Concile
Vatican 2 n’a pas beaucoup parlé de l’écologie, parce qu’à cette époque, on
n’avait pas encore bien vu le problème. Mais ce qui est encore plus grave,
c’est que l’on a mal compris ce qu’a dit le Concile, quand il dit que les
hommes doivent dominer la création
(n° 69 + 63). Et que l’homme doit soumettre
la terre, et ce qu’elle contient (n° 34 + 57). Maintenant, c’est à nous de
faire avancer les choses, à partir des nouvelles connaissances d’aujourd’hui,
et avec les nouvelles lumières que Dieu nous donne.
LA SITUATION DU MONDE :
Ce qui se passe dans le monde, nous le savons : la couche
d’ozone, qui protège la terre des rayons du soleil, disparaît. Elle est brûlée
par les gaz de nos machines. La terre se réchauffe de plus en plus. Et il y a
de plus en plus de plantes et d’animaux qui disparaissent pour toujours, à
cause de nos usines et de tout ce que nous utilisons. Et aussi à cause des feux
de brousse, qui non seulement réchauffent la terre, mais salissent l’air. Le
pétrole et les matières premières vont finir par disparaître, car on les
utilise trop. Bien sûr, tout cela a des conséquences sur notre vie. Mais malgré
cela, nous continuons d’augmenter notre croissance économique, et ce que nous
produisons (le PIB : Produit Intérieur Brut). Nous voulons relever notre
niveau de vie : avoir de plus en plus d’argent, et de choses à utiliser.
Les pays pauvres veulent profiter des progrès de la vie moderne et du confort, comme
les pays développés. A commencer par les pays émergents (qui sortent de la
pauvreté). C’est normal. Mais si on ne
change pas notre façon de vivre, il y aura de plus en plus de pollution (de
saletés), et la terre sera de plus en plus cassée. Pourtant nous ne voulons pas
refuser le progrès. Nous voulons vivre de mieux en mieux, et profiter des
progrès de la science. Mais nous dépendons de la terre sur laquelle nous
vivons. La terre est notre mère. Nous ne pouvons pas nous en servir, sans penser à nos enfants, et sans nous demander
: quelle terre allons-nous leur laisser ?
Certains disent « le
problème de l’environnement, ça n’existe pas ». Ou bien : « c’est
le problème des européens, pas le nôtre ». Pourtant nous voyons bien que,
même chez nous, le climat change, la mer attaque nos côtes, l’harmattan a
presque disparu, il y a des vents de sable et le désert avance. En ville, on ne
voit plus les étoiles, à cause des fumées que nos machines envoient dans l’air.
Les maladies se multiplient, et de nouvelles maladies apparaissent. A cause de
la pollution, et de toutes les saletés que nous envoyons dans l’air.
Le manque de
respect de la terre :
Actuellement dans le monde,
il y a beaucoup de problèmes, économiques et autres (la crise mondiale). Malgré
tout, l’Afrique a su s’en sortir et rebondir (la résilience). Sept des dix
économies du monde, qui ont la plus forte croissance (qui augmentent le plus)
sont en Afrique. Il y a de nombreuses ressources naturelles (de grandes
richesses de la nature). Malheureusement, les bénéfices sont mal partagés dans la
population, et même détournés. Comment utiliser ces richesses naturelles, pour
supprimer la pauvreté ? Plusieurs chemins apparaissent aujourd’hui.
1.
Connaître les ressources naturelles. En 2012, a eu lieu à Addis Abeba, le
huitième Forum sur le développement en Afrique. On y a insisté sur la bonne
gouvernance à mettre en place, pour utiliser les ressources naturelles de
l’Afrique : les mines, l’agriculture, l’élevage, les forêts, etc. Par
exemple, l’Afrique produit les trois quart de la production mondiale de
platine, et la moitié du diamant et du chrome. Et aussi beaucoup d’or,
d’uranium et de pétrole. Mais les pays africains n’utilisent pas beaucoup ces
produits, et ils ne les transforment pas sur place. C’est la première chose
qu’il faudrait faire.
2.
60 % des terres ne sont pas cultivées.
Beaucoup sont louées, et même achetées par des sociétés étrangères (l’accaparement
des terres). Cela va empêcher la population d’avoir assez de terres à cultiver.
Et donc elle n’aura plus assez à manger (la sécurité alimentaire). Et elle
pourra encore moins produire elle-même sa nourriture (la souveraineté alimentaire). Il faut à tout prix régler cette
question des terres en Afrique.
3.
Les
forêts donnent la part la plus importante de l’énergie en Afrique (le bois
et le charbon de bois). Les forêts couvrent 23 % du continent. La forêt du
Congo est la 2ème du monde. Mais il faut protéger ces forêts, car
elles sont attaquées de plus en plus.
4.
Il y a encore beaucoup de poissons dans les mers d’Afrique. C’est
d’ailleurs pour cela que de nombreux
bateaux étrangers, européens et asiatiques surtout, viennent y pêcher.
Mais ils détruisent les fonds. Bientôt il n’y aura plus de poissons pour les
populations africaines. Alors que c’est la source principale de protéines
actuellement. Et que la pêche donne du travail à beaucoup de personnes, et fait
vivre de nombreuses familles.
5.
Actuellement les pays africains font venir
de l’étranger, presque tous les intrants (les engrais), et même maintenant les
semences. Et ils vendent leurs produits
agricoles sans les transformer.
6.
Pour
les mines, les bénéfices des 40 plus grandes industries minières ont
augmenté de 150 % en 2010. Mais la part des pays africains n’a augmenté que de
60 %. Les plus grands bénéfices partent en Australie et au Canada. Les
bénéfices de ces 40 plus grandes sociétés (110 milliards de dollars) font
autant que les exportations de tous les
pays moins avancés africains (PMA).
7.
Actuellement, de plus en plus de groupes
africains se révoltent, parce qu’ils ne peuvent pas profiter des richesses du
continent. Dans les mines, il y a de nombreux conflits sociaux, avec parfois
des morts, comme en 2012 en Afrique du Sud (34 mineurs tués à Marikana). Il
faut que les mines, et toutes les autres richesses des pays africains, servent au développement du pays, et à
une meilleure vie pour tous. Qu’elles ne soient pas seulement l’occasion de
faire payer des taxes, qui profitent uniquement à ceux qui sont bien placés, dans
le gouvernement et dans ces sociétés. Quand elles ne sont pas détournées, et
envoyées dans des banques étrangères en dehors du pays, au lieu de servir au
développement (investissement). Il faut donc revoir les contrats, et la façon
dont sont organisées les mines.
8.
La
Vision Minière Africaine (VMA) : en février 2009, des hommes d’état
africains ont adopté cette VMA, pour une meilleure utilisation des mines, au
profit de l’Afrique elle-même. Et que ses richesses profitent au développement
de tous, sans casser l’environnement
(la nature). Mais il faudrait que ce programme soit mieux connu, en particulier
par la société civile (les citoyens). Pour qu’elle oblige les chefs des pays à
la mettre en pratique, comme cela a été fait par exemple, avec succès, au
Botswana. Sinon, la VMA restera un discours de plus, aussi inutile que les
autres. L’espoir, c’est que la société
civile se réveille, connaisse mieux les choses et agisse davantage.
De plus en plus de personnes
savent maintenant que nous sommes en train de casser la terre. Nous ne pourrons
pas continuer à vivre comme maintenant. Ni utiliser de plus en plus les choses
de la terre, en salissant le ciel, l’eau et la terre elle-même. Mais changer
notre façon de vivre demande de gros efforts. C’est difficile. Jusqu’à
maintenant beaucoup préfèrent continuer de profiter des richesses de la terre,
sans réfléchir. Ils disent « on verra plus tard ». Mais surtout
beaucoup de gens ne savent pas très bien comment
faire, pour changer les choses. Alors ils ont peur de l’avenir. Il faut
donc nous demander : quelle méthode utiliser pour changer notre manière de
vivre ? Quels moyens utiliser pour cela ? Par quoi commencer ?
Avec qui travailler ?
L’agriculture :
Quand le désert et la
sécheresse avancent, il y a moins de pluie. Cela a des conséquences sur les
récoltes et les productions de l’agriculture. Les premiers à en souffrir, ce
sont les paysans, qui n’ont plus de quoi gagner leur vie. Mais certains paysans
commencent à trouver des solutions, en revenant aux méthodes traditionnelles de
production. Par exemple pour lutter contre l’érosion (l’usure des sols), ils
plantent des arbres qui, en même temps rendent la terre meilleure. C’est ce
qu’on appelle l’agro foresterie. Par
exemple en plantant des acacias, qui perdent leurs feuilles au moment de la
saison des pluies, ce qui protège la terre et la rend plus fertile. Alors, les
cultures poussent mieux. Les paysans utilisent à nouveau des plantes qui
poussent plus vite. Ou des espèces qui demandent moins d’eau, et qui résistent
mieux à la sécheresse. Il y a aussi ce qu’on appelle l’agriculture partagée. On plante dans le même champ des plantes
différentes, qui se complètent les unes les autres, et qui nourrissent la
terre. Par exemple, le maïs et le haricot. A ce moment-là, on n’a plus besoin
d’autant d’engrais, qui attaquent la terre. La production augmente, mais la
terre reste bonne. Et on s’adapte en même temps, au changement du climat. Il
faudrait aussi augmenter l’utilisation du
fumier et du compost, et mieux utiliser l’eau que l’on a.
Actuellement, les grandes sociétés
sont venues, avec des semences qui ont besoin de beaucoup d’engrais chimiques,
qui coûtent cher. Elles utilisent des pesticides qui attaquent et tuent la
terre (l’environnement, l’éco système), et qui sont dangereux pour la santé. Ces
grandes sociétés utilisent beaucoup d’eau, alors qu’il y en a de moins en
moins. Les paysans connaissent des semences
locales traditionnelles, aussi bien pour la saison des pluies, que pour la
saison sèche. Il faudrait développer les échanges, et la vente de ces semences.
Mais les grandes sociétés internationales qui dirigent l’économie mondiale
empêchent cela, pour garder leurs bénéfices et leurs avantages. Et les grands
producteurs préfèrent payer les amendes à la pollution ou la taxe carbone, et
continuer à polluer (salir) l’eau, la terre et l’air, pour gagner plus d’argent.
Ils achètent de plus en plus de terrains (l’accaparement de terres), si bien
que les paysans n’ont plus de terre pour travailler avec leur famille. Il faut
à tout prix redonner sa place à la science
traditionnelle des fermiers africains, et à leurs possibilités de s’adapter.
Et inventer de nouvelles façons de travailler la terre (créativité)
Bien sûr, il faudra aussi changer les façons de faire, qui ne
sont pas bonnes. Par exemple arrêter les feux de brousse. Utiliser moins de
charbon de bois, qui supprime beaucoup d’arbres. Et pour cela utiliser
davantage le gaz, au moins en ville, où c’est plus facile d’en avoir. Même si
l’état doit le subventionner (en payer une partie du prix, pour qu’il soit
moins cher). Bien sûr, on aura toujours besoin de bois, pour faire la cuisine et
pour construire des maisons. Mais alors, à chaque fois qu’on coupe un arbre, qu’on
en replante au moins deux. Ce qui en même temps, empêchera le désert d’avancer.
Le rôle principal de
l’agriculture c’est de produire de la nourriture, et des matières de base à
transformer. Mais s’il n’y a pas de routes, les paysans ne peuvent pas recevoir
d’engrais, ni de semences. Et ils ne peuvent pas vendre ce qu’ils produisent.
D’abord, la production agricole est faible. En plus, par manque d’une bonne
organisation, une partie des récoltes est perdue. Il faut soutenir le développement
agricole, avec de nouvelles techniques. Et mettre en place des services et
des conseils, pour lutter contre les maladies des plantes et des animaux.
Fournir de l’eau pour l’irrigation, avoir de meilleures semences et des moyens
de conserver les récoltes, avoir des réserves alimentaires en cas de sécheresse
ou de malheur (inondation, tremblement de terre etc.). Il faut organiser la
vente (la commercialisation), qui demande des routes, des chemins de fer et des
meilleures communications, et la mise en place de marchés modernes.
Il faut aussi une formation et
une organisation des paysans. En
particulier pour s’adapter aux changements du climat actuels. Pour cela, on a
besoin de services spécialisés, qui les aident et qui les forment. Avec des
solutions adaptées pour l’environnement : utiliser les énergies renouvelables, qui ne se finissent pas, et qui
ne salissent pas l’air et la terre : le soleil, le vent, les rivières, la
mer…et non pas le charbon, le gaz ou le pétrole, qui vont se terminer (qui sont
non renouvelables), et surtout qui salissent et réchauffent la terre. Il faut
lutter contre l’augmentation du carbone dans l’air, en plantant les plantes qui
peuvent l’absorber. Et aussi utiliser es techniques d’irrigation qui
économisent l’eau.
Le problème de l’eau
Il y a des sources d’énergie
différentes, dans le monde. Quand l’une manque, on peut en chercher une autre.
Mais sans eau, il n’y a pas d’agriculture possible. L’eau, c’est la vie et la
santé. C’est la dignité de l’homme. Or la population augmente rapidement. Elle
demande donc de plus en plus d’eau. Or, à cause du réchauffement de la terre et
des activités humaines, il y a de moins en moins d’eau. 95 % de la nourriture
en Afrique sous le Sahara, vient des cultures pluviales (à partir de la pluie),
mais les pluies diminuent. Il faut donc, à la fois : économiser l’eau, pour
ne pas la gaspiller ; conserver
les eaux de pluies, au lieu de les laisser partir dans la mer ; chercher
de l’eau là où il y en a, au lieu d’attendre les pluies pour
cultiver (l’irrigation).
A l’occasion de la
journée mondiale du tourisme du 27-9-2013, organisée par l’ONU : « le tourisme et l’eau :
protéger notre avenir », le Conseil Pontifical du Vatican pour la
pastorale des migrants et des personnes en déplacement, a demandé aux touristes
« de penser à ce qu’ils font, et de
réfléchir à leurs responsabilités par rapport à l’eau : tout n’est pas
permis ». Il s’agissait d’éduquer les touristes, pour qu’ils
comprennent mieux l’importance de l’eau, qu’ils ne la gaspillent pas, et qu’ils
ne la salissent pas (la pollution). »Sans
eau, il n’y a pas de vie. Malheureusement, on utilise de plus en plus d’eau,
dans notre façon de vivre moderne. Alors qu’une personne sur trois dans le
monde, vit dans un pays où on manque d’eau. En 2.030, la moitié de la
population de la terre, manquera d’eau ». En effet, la terre se
réchauffe de plus en plus, à cause des gaz de nos usines, de nos machines, des
feux de brousse et des autres activités humaines. La terre devient sèche, les
forêts qui attirent la pluie disparaissent, et le désert avance. Déjà
maintenant, un milliard de personnes dans le monde, n’ont plus d’eau potable.
Et ce nombre va continuer d’augmenter. De plus, l’eau est mal distribuée, elle
est gaspillée, et elle est salie (polluée). Et surtout, elle est utilisée par
certains, pour des choses moins importantes, comme laver les voitures, arroser
les jardins ou remplir des piscines. Alors que d’autres personnes à côté n’ont même pas d’eau à boire.
Il
nous faut donc penser à notre façon de vivre. Par exemple, les touristes (les gens qui
vont visiter d’autres pays, en vacances). Ils peuvent jouer un grand rôle, pour
nous apprendre à protéger la nature. Mais ils peuvent aussi casser notre
terre, personnellement en ne respectant
pas la nature, mais surtout par les grands hôtels, que l’on construit et que
l’on fait marcher sans respect de l’environnement. Il est donc très important,
d’aider ces touristes à réfléchir, et à changer leurs idées et leur façon de se
conduire. Même s’ils ont beaucoup d’argent, ils ne doivent pas gaspiller l’eau,
et ils ne doivent pas la salir.
Tout cela montre bien, que le problème de l’eau, ce
n’est pas seulement une question de technique, de machines ou d’argent. C’est une question sociale (une façon de
vivre en société), et morale (chercher le bien de tous). Il faut absolument
se rappeler, que les choses de la terre sont pour tous ses habitants, pas
seulement pour quelques uns. Le droit à l’eau fait partie des droits
humains : la terre est à tous. Il faut donc faire des lois, pour que tous
les hommes puissent avoir l’eau, dont ils ont besoin pour vivre. Car tous les
hommes ont la même dignité, et les mêmes droits. Ceux qui vivent en ce moment
sur la terre, mais aussi, ceux qui viendront après nous : nous avons le
devoir de leur laisser une terre, où ils pourront vivre. Cela touche aussi la
religion. Nous en parlerons plus loin.
La pêche :
Au Sénégal 17% de la population qui travaille
vit de la pêche (600 000 emplois directs ou indirects). La pêche fournit 70 % des protéines animales
à la population, qui sont nécessaires pour vivre en bonne santé. Mais le
réchauffement de la terre diminue le
nombre des poissons en Afrique, car ils remontent vers les eaux plus
froides en Europe. Et les bateaux
étrangers qui viennent pêcher chez nous, viennent diminuer encore plus
le nombre des poissons. En plus, nous
jetons nos ordures, le carburant des bateaux, nos sacs plastiques et tout ce dont
nous n’avons plus besoin dans la mer. La mer est devenue une vraie
poubelle. Cela rend les populations de plus en plus pauvres, diminue les emplois
et crée des chômeurs. Et cela diminue la nourriture pour la population. Il va
falloir trouver d’autres moyens de vivre, pour tous ces pêcheurs qui vont se
retrouver au chômage. Mais où les trouver dans un pays pauvre, et où le chômage
est déjà très important ? Si on continue, il n’y aura bientôt plus de
poissons dans la mer. Il faut à tout prix
faire des lois, pour empêcher les bateaux étrangers, de venir vider les
fonds de nos mers, et détruire tous les poissons. Et des amendes et des
punitions, pour les gens qui salissent la mer.
Beaucoup d’animaux et de plantes disparaissent maintenant, suite à
l’augmentation de la population des hommes, qui ne laissent plus de place pour
les animaux. Et à cause de la pollution, du réchauffement du climat, des
produits chimiques et de l’exploitation des animaux et des plantes (par exemple
la pêche en trop grande quantité). Ces animaux sont tués par les feux de
brousse, mais aussi par la chasse. A la chasse, on tue même les petits et les
femelles enceintes. Dans les rivières, on pêche même les petits poissons, qui
n’ont pas le temps de grandir, et qui finissent par disparaître. Dans la mer,
on pêche même les petits poissons, sans leur laisser le temps de se multiplier.
Il va falloir à tout prix arrêter cela. Et faire de l’élevage d’animaux et de poissons (pisciculture).
Il faut donc à la fois un changement d’esprit dans notre relation
avec la nature, et des décisions
politiques pour arrêter le mal que l’on fait.
QUE FAIRE ?
Vivre d’une manière plus simple.
Cela veut dire diminuer notre consommation
(l’utilisation que nous faisons des choses) : l’eau, l’électricité, le
bois etc... Même s’il y a des consommations que nous ne pouvons pas arrêter, ni
même diminuer. Mais tout le monde ne le fait pas. Et c’est très difficile de
faire comprendre aux gens, que c’est très important. Des pays ont commencé à
faire payer les usines, pour la pollution qu’elles créent. C’est ce qu’on
appelle la fiscalité écologique :
payer quand on ne respecte pas la nature. Par exemple, la taxe carbone quand on
produit du gaz carbonique. Ou des taxes sur l’énergie fossile (par exemple le
pétrole). C’est pour que les gens diminuent leur consommation, et pas seulement
pour que l’Etat ait de l’argent pour faire marcher le pays. Il faudrait aussi
taxer les autres activités qui polluent (salissent) la terre : les fumées,
les gaz, es saletés, les ordures, les sacs plastiques…. Il faut arrêter de
soutenir les travaux et les usines qui cassent la terre, mais aussi les feux de
brousse, les arbres que l’on coupe sans en replanter d’autres…. Mais à cause de
la compétition (la lutte pour l’argent entre
les sociétés et les pays), on ne peut pas leur faire payer des taxes ou limiter
leurs activités, si les autres ne le font pas aussi, dans les autres pays.
Personne ne veut commencer, et on continue comme avant !
Comment continuer à satisfaire
les besoins des hommes, en diminuant ce
qu’ils utilisent (la consommation) ? Il faut que l’on rende nos
machines meilleures, pour qu’elles demandent moins de carburant. Il faut mettre
plus de cars et de moyens de transport public (chemins de fer, etc.), au lieu
que chaque personne utilise sa voiture. Car les trains, à eux seuls,
transportent beaucoup de monde d’un seul coup. Et ils produisent moins de gaz,
qui salissent l’air. Il faut aussi conserver les choses en bon état, pour
qu’elles durent plus longtemps, au lieu de changer sans arrêt les choses que
nous utilisons.
C’est surtout le carbone, qui
réchauffe et salit l’air. Il faut donc diminuer l’utilisation du pétrole, qui
de toute façon sera bientôt fini. Et utiliser davantage les énergies renouvelables (qui ne finissent pas), et qui ne salissent pas l’air :
la force de l’eau des rivières et même de la mer, celle du vent (les éoliennes)
et du soleil (les panneaux solaires), pour produire de l’énergie. Il faudrait
utiliser des protéagineux pour la culture, plutôt que des engrais azotés. Et recycler
(réutiliser après les avoir nettoyées) les eaux usées, par exemple dans des
étangs filtrants. Il faudrait aussi permettre aux plantes et aux animaux de
revenir : par exemple nettoyer les terres, faire l’irrigation et créer des
lacs artificiels, mettre des cailloux dans la mer pour que les animaux puissent
se reproduire, etc.
Bien sûr tout cela demande un gros effort d’explications et
d’éducation, pour que les gens comprennent que c’est important, pour eux et
pour l’avenir de leurs enfants. A ce moment-là, ils accepteront de faire les
efforts nécessaires. Ensuite, il faudra
chercher des financements, car bien sûr tout cela demande de l’argent.
Mais c’est pour notre avenir, et l’avenir de la terre entière. Et aussi former
des gens, pour tout ce travail d’assainissement (propreté), de lutte contre la
pollution (saleté), et pour l’écologie en général (la protection de la nature).
Il faut donc protéger la Terre (l’environnement). Nous adapter au changement
climatique (le réchauffement de la
terre), et aux difficultés qu’il entraine : les inondations, les
tempêtes, le désert qui avance, les forêts qui diminuent, beaucoup de plantes
et d’animaux qui disparaissent pour toujours. Les savants disent que, si on ne
fait rien, dans les dix années qui viennent, entre 75 et 200 millions de
personnes seront obligées de partir de chez eux, à cause du réchauffement de la
terre, pour pouvoir continuer à vivre (la migration climatique). Cela va encore
augmenter les problèmes de l’émigration dans le monde (les émigrés et les
réfugiés).
C’est pour cela qu’on parle de
plus en plus d’écologie (les lois pour
respecter la terre). Les chrétiens, parlent du respect de la Création (le monde
que Dieu a créé). Car nous sommes en
train de finir les matières premières, et les autres richesses de la planète (le
pétrole et les minerais, mais aussi les plantes et les arbres, les animaux et
les plantes…). Il nous faut diminuer ce
que nous mangeons et utilisons (limiter notre consommation). Des partis
« verts » apparaissent dans de nombreux pays, pour défendre la
Nature. Car nous ne pourrons pas continuer à vivre et à consommer (dépenser),
comme le font les pays riches aujourd’hui. Or les pays pauvres veulent devenir
riches eux aussi. C’est normal. Il faut donc se développer, mais d’une
manière différente : chercher des énergies durables et renouvelables
(qui ne se terminent pas), comme le vent, le soleil et la mer. Qui en plus ne
salissent pas la terre (la pollution). Et qui ne sont pas dangereuses comme
l’énergie atomique, qui a causé beaucoup de morts et de malheurs, par exemple
il n’y a pas longtemps encore au Japon. Nous devons apprendre « à utiliser le monde dans un esprit de
liberté, mais aussi de pauvreté » (GS n° 37).
Le développement durable, l’écologie, le respect
de l’environnement, la protection de la planète, le respect de la Création…
toutes ces expressions parlent de la même chose, vue de différentes façons :
la réalité c’est que les hommes, les animaux et les plantes vivent dans des écosystèmes,
où ils dépendent les uns des autres. Nous n’avons qu’une seule planète pour
vivre. Nous devons la partager avec tous, ceux qui sont près et ceux qui sont
loin, ceux qui vivent aujourd’hui et ceux qui viendront après nous. Les grandes
orientations et décisions doivent être prises par les états, mais aussi par les
sociétés, les collectivités locales, les associations et chacun d’entre nous… Déjà
en 2001 le secrétaire des Nations Unies,
un africain, Kofi Annan disait : « le grand défi de notre siècle, c’est de partir d’une idée
théorique (le développement durable),
pour en faire une réalité pour tous les
peuples du monde ». Chacun
d’entre nous a des choix à faire, et des questions à se poser chaque jour, dans
toutes sortes de situations. Voyons quelques exemples d’actions à la base.
Lutter
contre les feux de brousse
Au Sénégal on brûle chaque année
plus de 200 000 hectares de terrain. Cela diminue les cultures et l’élevage. Ces feux sont causés par les
hommes et ils reviennent chaque année. Cela
coûte environ 27 milliards de francs Cfa au pays (plus de 40 millions d’euros). Les feux détruisent les plantes jusqu’en
profondeur, cela empêche les plantes de
repousser. Et cela oblige les troupeaux à partir ailleurs, car ils n’ont plus d’herbe à manger. Des
récoltes sont brûlées, et même des villages. En plus, cela réchauffe la terre
et produit des gaz qui attaquent l’air
(gaz à effet de serre). Le gouvernement a mis en place un plan d’action, qui cherche à faire participer les populations à
la lutte contre les feux de brousse. D’abord, on a acheté des voitures légères pour transporter
de l’eau, qui coûtent beaucoup moins chères que les grosses voitures, utilisées
jusqu’à maintenant. On a mis en place des groupes de volontaires dans les
villages, qui ont reçu une formation, pour faire réfléchir la population, et pour empêcher les feux de
brousse. En effet, ces feux sont souvent causés par la cuisine, le ramassage du
miel sauvage, ou par les chasseurs pour faire sortir les animaux. On a donné à
ces volontaires des moyens simples, pour lutter contre les feux de brousse :
brouettes, coupe-coupe, rateaux, balais à feux, etc…
Le reboisement :
De même, aucune action de
reboisement ne peut réussir, sans la
participation responsable des populations : On veut qu’ils protègent
les arbres contre les animaux et les feux de brousse, qu’ils en prennent soin,
et qu’ils ne les laissent pas casser par les enfants. Pour cela, il faut que ce
soit vraiment leurs arbres, qu’ils ont plantés eux-mêmes. Mais souvent dans les villages, les gens pensent plus à lutter
contre les maladies, ou à trouver à manger, qu’à protéger la nature. Et quand
ils voient que le désert avance, ou que les récoltes diminuent, ils pensent surtout à prier Dieu, ou à faire
des sacrifices aux ancêtres. C’est bon ! Mais est-ce qu’il ne faudrait
pas, en même temps, changer de comportement, et lutter contre la destruction de
la nature ? Beaucoup de jeunes ne savent même plus appeler un arbre, une
plante ou un animal par leur nom, dans leur propre langue. Dans ces conditions,
comment respecter la nature ? Au point de vue de la santé, beaucoup de nos
enfants ne connaissent plus les plantes, qui servent à nous soigner ou à nous nourrir, parce que
celles-ci sont en train de disparaître complètement. C’est sûr que nos pays
doivent se développer pour avancer : il faut lutter contre la faim et la maladie. Mais pas en
fatigant la terre, ni en cassant la création. Parce que, à ce moment-là, on
obtient le résultat exactement contraire.
Education
et engagement des élèves :
Ceux qui ont une responsabilité dans l’éducation des enfants et des étudiants,
doivent les faire réfléchir sur cette question de l’environnement. Pas
seulement en enseignant, mais en
faisant des actions pratiques :
comme par exemple des camps de reboisement, pour planter des arbres pendant les
vacances. Et que pendant ces camps, on ne se contente pas de planter des
arbres. Mais qu’on forme les élèves. Et d’abord, qu’on écoute les gens du
village eux-mêmes sur ces questions.
En Haïti, on a fait un calendrier écologique, avec des
pensées et des phrases écologiques. Pour que chaque jour, en regardant le
calendrier, les gens soient appelés à respecter la création. L’éducation peut
aussi se faire par des radios locales ou
communautaires, où c’est plus facile d’avoir la parole, que sur les grandes radios nationales. Dans certains
diocèses, on a mis des panneaux solaires sur les églises, les salles de
réunions et les presbytères, pour
diminuer la consommation de carburant, et utiliser les énergies durables. On a
appris aux gens à trier les ordures, et à en faire des engrais naturels. Il y a
tellement de choses à faire ! C’est simple, et c’est possible. Il suffit
de le vouloir
Des communautés
qui se prennent en main
Dans les années 1970,
on a voulu aider les populations des villages
des pays sous-développés, en leur apportant du matériel et de l’argent.
Mais cela les a rendus dépendants des pays étrangers. En 1972, on a créé en
Inde, « l’Université des pieds-nus », pour permettre aux gens
pauvres, d’agir par eux-mêmes. Déjà les villageois récupéraient l’eau des
pluies, dans des fûts. On leur a appris
à récupérer l’eau, à partir des toits des maisons et des écoles, et à faire
des réservoirs. A ce moment-là, ils ont pu cultiver pendant la saison
sèche. Pour arrêter de couper les arbres, les femmes ont appris à faire la
cuisine avec des fourneaux solaires. Puis elles ont cotisé, pour acheter des
panneaux solaires. Cela a coûté cher au départ, mais ensuite elles ont fait des
économies. Car elles n’ont plus eu besoin d’acheter du carburant qui coûte très cher, pour les moteurs qui
produisent de l’électricité. Avec ces panneaux solaires, on va même pouvoir enlever
le sel des eaux de la mer. Ce sont les gens du village eux-mêmes qui font ce travail, ils ont été formés pour cela.
Lutter
contre la corruption :
Dans la plupart de nos pays
africains, il y a une politique pour l’environnement. Mais cette politique
n’est pas respectée, à cause des problèmes de pauvreté et de développement. Le gouvernement ne soutient pas les
actions pour l’écologie, et la protection de la nature. On ne donne pas des
moyens pour cela. C’est pour cela qu’il y a souvent des problèmes, entre les gouvernements et les ONG
qui travaillent pour la protection de la nature, et le respect de
l’environnement. Dans beaucoup de nos pays, par exemple, on coupe des arbres
sur des milliers d’hectares. En particulier, dans des pays dirigés par des
dictateurs, qui sont souvent soutenus par des pays riches, et des sociétés internationales
qui ne pensent qu’à leur intérêt. Un président honnête, et qui cherche le bien
de son pays, ne se permettra jamais de faire cela.
Voici
un
exemple d’action menée ensemble en France, par des ONG chrétiennes et non
chrétiennes : CCFD-Terre Solidaire, Oxfam France, One France,
Partenia 2000, Secours Catholique-Caritas France, Sherpa, Survie, Info
Birmanie, Membres de la Coalition « Publiez Ce Que Vous Payez – France ».
Elles ont écrit dans le journal Le Monde du 17-9-2012 : L’Europe-doit-en-finir-avec-la-corruption-du-secteur-extractif.
« Nous, citoyens préoccupés par le
pillage des revenus, liés à l’exploitation des ressources naturelles, demandons
aux dirigeants et députés européens, d’imposer la transparence aux entreprises
pétrolières, gazières, minières et forestières. Des règles européennes
ambitieuses permettront de mettre fin aux pratiques opaques, des grands groupes
et gouvernements corrompus, qui favorisent les intérêts privés, au détriment
des populations, maintenues dans la pauvreté »
Cette action a duré de nombreuses
années. Finalement, le 13-6-2013, les Etats européens ont demandé aux
entreprises du pétrole, du gaz, des mines et des forêts, de dire combien ils
gagnent d’argent, combien ils en donnent à l’Etat, et ce qu’on fait avec cet
argent. Cela pour lutter contre la corruption et les détournements d’argent. Et
pour arrêter le pillage des ressources de la nature, qui finissent les
richesses de la terre. Car la plupart
des pays où il y a des mines, du pétrole,
du gaz ou des forêts, il y a des gens qui sont devenus très riches d’un seul coup. Et ils ont mis
cet argent dans des banques à
l’étranger, au lieu de l’utiliser pour
la santé, le travail et l’éducation des
populations du pays. Déjà les Etats Unis ont voté des lois pour cela.
Maintenant, c’est l’Europe qui le fait. Car il y a un milliard et demi de personnes dans les pays pauvres, qui doivent vivre avec moins de 2 dollars par jour (1000 f Cfa),
alors que d’autres sont très riches.
Justice pour les hommes et justice pour l’environnement :
En conclusion, protéger
l’environnement, c’est une question de
justice. C’est ce que nous rappelle la Doctrine Sociale de l’Eglise (voir
le compendium, qui comprend un chapitre entier sur l’écologie). Il nous faut
donc continuer à travailler dans ce chemin. Cela nous demande de partager les
biens de la création avec tous. Sur cette question, notre document GS nous
rappelle au n° 69 : « Les
formes de propriété sont différentes, selon les peuples et selon les moments.
Elles peuvent changer. Mais on n’oubliera jamais, que les biens de la terre
sont pour tous ». Cela veut dire, qu’il faut chercher le bien de tous
les hommes. Mais aussi le bien de tous les êtres vivants, et de la création
toute entière. Cela demande une action de tous les hommes et de tous les
peuples, dans le monde entier, en
pensant aux plus pauvres. D’abord parce que ce sont souvent les plus riches
qui salissent (qui polluent) la terre, mais ce sont les pauvres qui en
supportent les conséquences. Ensuite, si on veut que les pays pauvres mettent
en place des moyens de développement qui respectent la nature, il faut leur
donner les moyens pour cela. C’est l’intérêt de tous. Par exemple, comme je
l’ai expliqué plus haut, donner aux paysans, les moyens de lutter contre
l’érosion (l’usure) de la terre. Leur apprendre à utiliser les engrais naturels,
plutôt que les produits chimiques. Leur enseigner des manières de cultiver, qui
respectent la terre, et ne la fatiguent pas, etc… Mais toujours en partant de
ce qu’ils savent déjà eux-mêmes. Et en leur donnant la responsabilité de ces
actions.
Ce qui est vrai pour les
paysans est vrai aussi, pour toutes les autres activités de l’homme et de la
femme. En particulier, pour les gens qui vivent dans les bidonvilles. Sinon, pour
vivre, ils seront obligés d’utiliser tous les moyens, jusqu’à fatiguer et
casser l’environnement. Par conséquent, il faut lutter contre la pauvreté. Il nous faut apprendre à utiliser les
moyens modernes, pour le bien de l’homme et de la nature, et non pas contre
eux. Pas en les attaquant et en les cassant.
Tant qu’il n’y aura pas la paix entre l’homme et la nature, il
n’y aura pas de vraie paix sur la terre. Car il y a une relation, entre la
façon dont nous nous conduisons envers les hommes, et la façon dont nous nous
conduisons avec la terre. Et aussi, entre la façon dont nous vivons notre
sexualité, et dont nous respectons la fécondité de la terre. Nos ancêtres nous
ont enseigné que le monde entier est sexué. Le ciel est mâle, et la terre est
femelle. Le soleil est mâle, et la lune est femelle. Dans beaucoup de nos
langues, c’est le même mot qui désigne la lune, et les règles de la femme. C’est
pourquoi, ils interdisaient de faire des relations sexuelles en plein air, dans
les champs, par respect pour la terre. Ils disaient aussi, que si un homme
suivait une femme à la plantation, pour la violer (la prendre de force), ce
n’était pas seulement la femme qui était salie, mais aussi la terre. Et qu’il
fallait faire des sacrifices, pour demander pardon aux ancêtres. Sinon la terre
ne donnerait plus de récolte. Il s’agit donc de respecter à la fois, les hommes
et la nature. Et de refuser de les exploiter (en profiter), ou de les faire
souffrir, l’un comme l’autre. Et de les prendre pour notre propre plaisir, ou
notre intérêt personnel. Le respect de l’environnement doit nous amener à respecter davantage les hommes. Par exemple,
à quoi ça sert d’arrêter de tuer les bébés baleines, si on continue à tuer les
jeunes bébés humains, dans le ventre de leur mère, par l’avortement ? Ou
les grands malades, qu’on n’arrive pas à soigner (l’euthanasie)?
II) ECOLOGIE ET FOI CHRETIENNE
Les chrétiens eux aussi, pensent de plus en
plus à l’écologie (la protection de la terre, pour sauver le monde que Dieu
nous a donné), surtout chez les plus jeunes. Cela a pris de l’importance dans
les années 1960, au moment du Concile. C’est Teilhard de Chardin en particulier, qui a développé ce qu’on a
appelé la théologie de la création. Ensuite, il y a eu le grand rassemblement
des différentes religions chrétiennes à Bâle en Suisse, en 1989, sur le
thème : « Paix, Justice et
Sauvegarde de la création ». Depuis, les commissions Justice et Paix
se sont mises en place. Le Pape Jean Paul 2 a parlé de l’écologie, en
particulier dans le message pour la journée de la paix du 1er
Janvier 1990.
Les problèmes de la destruction de la nature, et
les solutions techniques sont connues. Bien sûr il faudra continuer à les
étudier, et nous tenir au courant. Mais ici, nous voudrions davantage
développer une réflexion chrétienne. A quoi Dieu nous appelle-t-il, à partir de
notre foi, sur tous ces problèmes ?
La question de l’écologie est une
question de vie et de mort. Pas seulement pour les personnes, mais pour la
création toute entière. Nous croyons que Dieu est la source de la vie. Et que
Jésus est venu nous libérer de la mort, et de tout mal. Il est donc absolument
nécessaire que, nous les chrétiens, nous fassions quelque chose, ensemble
avec tous les autres hommes, pour faire
vivre la Création. En comprenant bien ce qui se passe. Par exemple, le
réchauffement de la terre n’est pas causé par des lois de la nature, qui
auraient changé. Mais par notre soif, d’avoir toujours plus de choses et
d’énergie. C’est cette soif, qui nous pousse à salir et fatiguer la terre.
C’est ce désir que nous devons apprendre
à commander, comme tous les autres désirs de notre cœur et de notre
société. Il nous faut donc changer notre façon de vivre, pour diminuer notre
consommation (l’utilisation que nous faisons des choses). Et aussi pour penser
davantage aux autres. Les religieux et les religieuses nous en montrent un
chemin, par leur vœu de pauvreté et leur vie en communauté. Il nous faut avoir
une nouvelle idée plus large, et mieux adaptée à notre vie actuelle, sur le
péché et la souffrance. Ne pas respecter la nature, c’est un péché, et même
très grave. Saint Paul nous rappelle que
la nature elle-même souffre à cause de nous, et du mal que nous lui faisons.
(Rom 8,22) Nous devons apporter l’espérance chrétienne, également dans ce
secteur de la vie des hommes et du monde.
Jésus est venu dans le monde. Il a pris en charge toute la vie du
monde, il a guéri les malades. Mais Il a aussi guéri la nature : il a
calmé la tempête. Nous croyons en lui, nous devons donc continuer son travail.
Nous sommes responsables, de tout ce qui
se passe dans le monde. Notre monde est malade, nous devons chercher à le
guérir, avec la force de Jésus. En agissant à tous les niveaux :
personnellement, mais aussi au niveau social et communautaire. Et dans tous les
secteurs : la prière, l’économie,
l’éducation, les médias, sans oublier la
politique. Sinon nous péchons par omission, comme nous le disons dans le « je
confesse à Dieu ». C’est cela notre devoir de solidarité, avec tous les
hommes et toute la création, auquel
Jésus notre grand frère nous appelle. Aujourd’hui, Jésus pleure sur le
monde que nous détruisons, comme il a pleuré sur Jérusalem (Luc 19- 41).
Mais la
question n’est pas simple. Dieu dit à Adam et Eve, dans le premier chapitre
de la Genèse : « Dominez la
terre, et soumettez-la ». Comment comprendre cela ? Est-ce que
l’homme doit se servir de la terre, sans réfléchir et sans se limiter ? Et
l’utiliser avec force ? En la faisant souffrir. Et donc rendre la terre
malade et pauvre ? Est-ce qu’il ne doit pas au contraire la protéger, et
aussi la faire grandir (la rendre meilleure et plus belle) ? Il est sûr
qu’un chrétien doit respecter la terre avec ses plantes et ses animaux, et le
monde tout entier (l’univers). Mais que faire pour cela ? Le mot
« écologie » veut dire respecter les lois de la nature. Cela fait
partie de la nouvelle culture, dont nous a parlé le Concile (voir le chapitre
5). Elle demande non seulement une nouvelle relation des hommes avec la nature,
mais une nouvelle façon de comprendre le monde et de le respecter. Il s’agit de
garder l’harmonie (l’entente et l’union) de tout ce qui existe sur la terre, et
même dans l’univers tout entier : la matière, les plantes et les animaux,
la terre et le ciel et ce qu’il y a sous la terre. Ce qui devient alors
important, ce n’est plus de dominer et de commander, mais d’être en communion avec la nature et de la respecter. Essayons de
mieux comprendre cela.
1-L’homme est libre, et donc responsable de la Création
Certains disent que tout va bien, et qu’il n’y a même pas
de problème écologique. D’autres disent
« il faut avoir confiance en Dieu, il protègera notre terre ». Mais
depuis le début du monde, Dieu nous a confié la terre. Il nous a dit de prendre nos responsabilités, en nous
appuyant sur les nouvelles connaissances de la
science, et les moyens que les
techniques modernes nous donnent.
Et en pensant aux personnes et aux pays les plus pauvres qui souffrent le plus
de la situation actuelle. Nous ne devons donc pas oublier ce que dit aussi le
Livre de la Genèse (1, 26) : « Dieu
crée l’homme à son image, et à sa ressemblance ». L’homme est
responsable de la création, mais il doit s’en servir comme Dieu le veut. Et
comme Dieu lui-même le fait (à son image). Saint Irénée explique : « Dieu a tout créé d’une manière libre ».
L’homme a donc une place
spéciale dans le monde. Il est libre, à l’image de Dieu. Cela veut dire qu’il
doit réfléchir à ce qu’il fait. Car en agissant dans le monde, il continue
l’action de Dieu qui a créé ce monde. Il faut donc bien comprendre ce que veut
dire ce mot « dominer le monde ». On peut dominer avec force, et même
avec méchanceté, en pensant seulement à soi-même et pas aux autres. Mais
dominer cela peut vouloir dire aussi diriger, mais en respectant, en éduquant
et en faisant grandir. C’est à l’homme de choisir,
comment il va se conduire avec la nature. A l’exemple de Jésus, qui est le
Roi du monde. Mais qui se met au service des hommes : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais
pour servir ! »
2-Savoir se limiter
Tu dois manger à ta faim. Mais s’il y a beaucoup de
nourriture, tu ne vas pas tout manger, jusqu’à t’en rendre malade. Tu manges à
ta faim, mais tu en gardes pour demain, et tu partages avec les autres. C’est
la même chose pour les richesses de la nature. Il s’agit de partager la terre avec tous, comme Dieu
a partagé sa création avec nous. Nous devenons capables de nous priver, parce
que nous pensons aux autres, et à nos enfants qui viendront après nous. C’est
cela notre responsabilité.
Dieu a créé le monde, et il nous
l’a confié (il nous l’a donné avec confiance). Mais il reviendra nous demander
ce que nous avons fait du monde, comme dans l’histoire du maître qui part en
voyage (Matthieu 25,14-30). Nous devons donc développer la terre (augmenter nos
talents), mais pas la casser. Et savoir la
laisser se reposer (ce qu’on appelle la jachère, que les anciens savaient très
bien respecter).Comme Dieu qui a créé le monde en six jours, mais qui s’est
reposé le 7ème jour. C’est même l’une des raisons du Sabbat chez les
Juifs, et du Dimanche chez les chrétiens.
L’une des vertus chrétiennes les
plus importantes, c’est la tempérance. C'est-à-dire
de savoir limiter l’utilisation que nous faisons des choses, et vivre d’une
manière simple. JESUS nous demande de chercher DIEU, et non pas à avoir de plus
en plus de choses : « Ne
vous demandez pas sans arrêt : qu’est-ce que nous allons manger ?
Qu’est-ce que nous allons boire ? Avec quoi nous allons nous
habiller ? Votre PERE du ciel sait
très bien, que vous avez besoin de tout cela ! Cherchez d’abord le Royaume
de DIEU et sa JUSTICE, et vous aurez
tout le reste en plus » (Mt 6,31).
JESUS Lui-même nous a donné l’exemple d’une vie simple. Et Il a
demandé à ses apôtres, de tout quitter pour le suivre. Et alors, ils recevront
cent fois plus en récompense (Mt 19,29). Pour JESUS, les personnes sont plus
importantes que les choses. Et les richesses doivent être utilisées, comme
DIEU le veut, et pour le bien de tous.
Les causes les plus profondes, du
manque de respect de notre environnement,
se trouvent donc dans le cœur de l’homme (le péché) : la peur de manquer,
le désir d’avoir toujours plus (la cupidité), la volonté de se montrer devant
les hommes (l’orgueil, etc…. Nous ne
pourrons pas guérir la terre, si nous ne commençons pas par guérir notre propre
cœur. C’est bon d’avoir des choses, surtout ce qui est nécessaire pour
vivre. Mais c’est mauvais, quand quelques uns cherchent à prendre tout ce
qu’ils peuvent, pour eux. Et que les autres n’ont plus assez, pour vivre d’une
façon digne de l’homme (lettre de JEAN PAUL 2 sur la question sociale n°22 et
31).
3.Entrer dans l’Alliance de Dieu avec le monde
Quand Dieu crée le monde, il
fait Alliance avec les hommes, mais aussi avec « tous les êtres vivants qui sont avec les hommes » (Genèse 9, 12
+ 16). N’est-ce pas un appel pour l’homme, à faire alliance lui aussi, avec
tous les êtres vivants : les respecter, et vivre en paix avec eux, pour
conduire toutes les créatures vers Dieu ? Au lieu de casser la terre, et
tout ce qu’elle contient.
L’homme doit donc, non
seulement respecter la terre, mais lui faire confiance et l’écouter. Et éviter de
la faire souffrir, comme nous l’ont d’ailleurs enseigné nos ancêtres. Ils
appelaient la terre « notre mère », et ils la respectaient. Il ne
faudrait surtout pas perdre cette idée importante, que les anciens nous ont
enseignée. La terre n’est pas seulement une matière à utiliser, c’est le lieu
où reposent nos ancêtres. Elle est vivante, elle nous donne la nourriture. Mais
alors, il faut la faire vivre, et non pas la tuer. Nos morts continuent à vivre
dans la terre. Et les génies et les esprits sont présents dans le ciel, pas
seulement les mauvais mais aussi les bons. Ils sont sous le pouvoir de Jésus
Christ, qui est le Maître de toutes les choses, mais qui les domine avec amour
et pour le bien, et non pas pour le mal
ou pour les faire souffrir. C’est cela que nous devons faire nous aussi,
comme Jésus, et avec son aide. C’est cela notre travail : faire réussir le
monde et garder le respect, l’équilibre
et l’entente, entre tous les êtres de la création de Dieu. C’est cela que
le monde entier attend, et pas seulement les hommes. Comme le dit Saint Paul
(Romains 8, 22) : « La nature
pleure: elle est dans la douleur de l’accouchement, elle attend une création
nouvelle ». C’est aussi ce que nous dit le prophète Isaïe : Dans
le monde que Dieu veut, « le loup
habitera avec l’agneau. Et on ne fera plus de mal, ni de violence (méchanceté)
sur ma montagne sainte » (65, 25). Jean Paul 2 disait en 1990, dans
son message pour la Journée Mondiale de
la Paix ‘la Paix avec Dieu Créateur, la Paix avec toute la
création’ : « Actuellement on se rend compte du manque de respect pour la nature, qui met la Paix du monde en danger.
Il faut donc faire grandir le respect de l’écologie, par des programmes de
formation et des actions qui
conviennent ». Et les
évêques de France ont écrit en
2008 : « Le devoir de notre temps, c’est de sauver la création. Car nous sommes unis aux
hommes de partout, nous partageons la
même création. Il ne s’agit pas seulement de faire des règlements, pour ne pas
trop fatiguer la terre. Ce qu’il faut c’est une vraie Alliance, avec Dieu et
avec toutes les créatures. C’est pour être fidèle à cette Alliance, que nous changeons
notre façon de vivre. Pour respecter l’Alliance que Dieu a faite avec toutes
les choses créées, et pour y participer.
Le but de la formation à
l’écologie sera donc
1. De nous apprendre à reconnaître la
beauté du monde, et à célébrer sa richesse et sa grandeur, en disant merci
à Dieu.
2. De faire comprendre que l’on est
actuellement en train de détruire notre terre.
3. De montrer que les changements du
climat sont causés principalement par les hommes.
Quatre choses peuvent nous
permettre de bien comprendre, ce à quoi
Dieu nous appelle : L’expérience de la pauvreté, l’importance de la
communauté et de la réconciliation, la fin de la colonisation, et la nécessité
d’avoir une espérance et un but dans la vie, pour nous-même et pour notre
société.
Lutter contre la pauvreté :
Nous cherchons à faire grandir la
vie, en respectant la terre et en respectant les pauvres. Ces 2 choses vont
obligatoirement ensemble. Quand nous cherchons à vivre d’une vie simple, nous
ne pensons pas seulement à nous-mêmes. Nous nous rappelons que nous sommes au
service du monde, pour le bien de tous. Chacun là où il est, avec les qualités
que Dieu lui a données. En nous laissant conduire par le Saint Esprit. Nous
sommes tous enfants de Dieu, nous ne pouvons donc pas accepter, que certains
pays riches consomment toute la richesse de la terre. Et qu’ils ne laissent
plus rien aux pays pauvres. Et en plus, ces pays pauvres doivent supporter les conséquences du mauvais
comportement des pays riches : La destruction de la couche d’ozone qui
protège la terre des rayons du soleil, à cause des gaz. Le réchauffement du
climat à cause de la trop grande production de carbone,, qui entraîne la fonte
des glaces, les inondations, les tornades, l’avancée du désert, les plantes et
les animaux qui disparaissent. La pollution par les produits chimiques qui
salissent et tuent la terre, et même les déchets atomiques. Nous en avons des
exemples chaque jour, dans les journaux, la radio et la télévision, internet et
les autres media. Car ce ne sont pas les pays pauvres, qui sont les principaux
responsables de la pollution et de la détérioration de l’environnement, mais bien les usines des pays riches. Même si
dans ces pays pauvres, il y a aussi des choses à changer, par exemple les feux
de brousse, et la chasse et la pêche sans limite, comme je l’ai expliqué plus
haut. On ne peut pas accepter non plus, que certains s’enrichissent et
consomment de plus en plus, sans penser à leurs frères et à leurs sœurs, qui
vivent dans la pauvreté.
Il nous faut mettre
en place une autre forme de société, où les hommes formeront une communauté,
et auront le même projet (les mêmes idées et le même but pour le monde). Où
tous les hommes seront unis entre eux, mais aussi à la nature et à toute la création. Pour vivre ensemble, dans le
respect de toutes les formes de vie, et
de la dignité de tous les hommes. Cela rejoint l’action de Dieu, depuis le
début du monde. Et c’est en rapport
direct avec le Royaume de Dieu, que Jésus a fait venir sur la terre, et que
nous voulons continuer à construire. Car l’homme n’est pas séparé des autres
créatures : nous vivons tous ensemble, et nous avons le même avenir. Mais
l’homme, en tant que créature intelligente,
a la responsabilité de rendre la
création meilleure, et de la faire monter vers Dieu.
La réconciliation avec la Création :
Dans nos communautés chrétiennes
de base (CCB-CEB), nous cherchons à vivre ensemble, et à trouver des solutions
à nos problèmes, en apportant quand c’est nécessaire le pardon et la
réconciliation. Ce que nous faisons dans
nos communautés de quartier, nous devons aussi le faire, avec la création toute entière. Nous cherchons à respecter les
plus pauvres, et ceux qui sont écrasés et
utilisés (exploités). Nous cherchons à faire grandir, une réconciliation
avec les créatures de la terre, dont nous faisons partie. Nos efforts de
libération ne doivent pas s’arrêter aux hommes. Ils doivent rejoindre tout
l’univers. Car notre terre, et la
création toute entière, sont elles aussi utilisées et écrasées. A l’offertoire
de la Messe, nous offrons le pain et le vin
« fruit de la terre, et du travail des hommes ». C’est ce
fruit de la terre et de nos engagements, le pain et le vin, qui deviennent le
Corps et le Sang du Christ. Et au moment de la consécration, la 1ère
prière eucharistique pour la réconciliation dit : « sachant qu’il allait tout
réconcilier en lui, par le sang de la croix, il prit la coupe remplie
de vin ». Le Christ ne vient pas seulement réconcilier les hommes,
mais toutes les choses créées, dont
le vin, fruit de la terre est le signe. Le Christ vient nous réconcilier entre nous, mais aussi
avec la terre, et la création toute
entière. De même, la 2è prière eucharistique
pour la réconciliation dit : «avant
de s’offrir à toi pour notre libération, le Christ prit
le pain ». Jésus n’est pas venu
seulement libérer les hommes, mais aussi le pain, fruit de la
terre, signe de toutes les choses créées,
et qui va devenir son corps ressuscité. Jésus nous appelle à continuer son travail : « vous ferez ceci en mémoire de moi…Aide-nous
à préparer la venue de ton Règne,
jusqu’au jour où nous serons devant toi… Alors au cœur de la création nouvelle, enfin libérée de la
corruption, nous pourrons chanter l’action de grâce du Christ à jamais
vivant » (fin de la 1ère
prière eucharistique pour la réconciliation). De même nous disons dans la 4ème Prière Eucharistique : « Père Saint, nous proclamons que tu es grand et que tu as créé toutes choses avec Sagesse et par Amour. Tu as fait l’homme à ton
image, et tu lui as donné l’univers, pour qu’en te servant Toi son Créateur, il commande la
création …A nous qui sommes tes
enfants, donne-nous l’héritage de la vie éternelle dans ton Royaume… avec
tous les Saints, et la création toute
entière, enfin libérée du péché et de la mort. »
Arrêter la colonisation de la nature :
Dans nos pays, nous avons pu nous
libérer de la colonisation et de
l’esclavage, après beaucoup d’efforts et de souffrances. Mais nous continuons à
coloniser la nature, comme on nous a colonisés nous -mêmes : nous
soumettons la nature aux travaux forcés, et nous l’épuisons sans aucun respect
de sa dignité. Pourtant elle est créée par Dieu lui-même, autant que les hommes, et même avant eux. Il nous faut donc changer
nos idées et notre comportement, pour apprendre
à respecter la création, comme
Dieu Lui-même la respecte. Il ne s’agit plus de commander la terre et de la dominer, mais
de vivre en paix et en harmonie avec elle, dans le respect et pour la faire
grandir. Les comportements de force ne sont pas bons avec les hommes. Ils ne
peuvent pas être bons non plus, avec la création. Les deux vont ensemble. Nous
devons faire avancer ces deux domaines
en même temps, car ils dépendent l’un de l’autre. Il nous faut apprendre à être bons, non seulement
devant les hommes, mais aussi devant la
nature créée par Dieu : Car elle est le lieu de la présence de Jésus
Christ, et c’est le Saint Esprit qui la fait vivre. Lui qui déjà planait sur les eaux, au moment
de la création, au début du monde (Gen 1, 2).
Apporter une espérance :
Bien sûr, nous sommes très loin
de cela. Mais c’est cela que nous voulons atteindre. Nous avons confiance, car
comme le dit St Pierre : « nous
espérons des cieux nouveaux et une terre
nouvelle où la justice
habitera » (2 Pi 3,13). Si Dieu
nous l’a promis, il nous donnera les moyens de le faire. Quand nous
mettons en place des communautés
durables, nous travaillons aussi à un développement durable, qui n’est pas
seulement une question de machine et de technique. Quand nous bâtissons des
communautés ouvertes à tous, sans rejeter personne, nous apprenons du même coup
à respecter toute la création. L’Apocalypse n’est pas la fin du monde, mais au
contraire le début
d’un monde nouveau. C’est cela notre avenir.
Nous devons donc faire grandir ensemble nos différentes
relations : nos relations avec Dieu, nos relations avec les hommes, et nos
relations avec la nature. En nous rappelant que nous sommes, nous aussi, de
simples créatures, au milieu des autres
créatures.
Nous espérons que rechercher
ensemble la protection de la terre, ce sera
un moyen pour réunir tous les peuples, tous les pays et toutes les
religions, pour travailler ensemble. Dans la crise actuelle de l’environnement,
la religion a un très grand rôle à jouer. Car il ne s’agit pas seulement d’une
crise économique, mais bien d’une crise morale. Il faut revoir notre attitude,
envers la nature. Et les religions peuvent beaucoup nous y aider.
Vivre l’écospiritualité
La première chose à faire pour
l’environnement, c’est de diminuer les herbicides et les pesticides. Car ils tuent
les plantes et les animaux, et ils brûlent la terre. Il faut laisser aussi les
engrais chimiques, pour utiliser les engrais naturels. C’est ce qu’on appelle l’agro écologie : travailler la
terre sans la casser, mais au contraire la protéger, et lui permettre de
reprendre des forces. Il faut donc redonner sa valeur à l’agriculture et aux paysans ;
aider les familles paysannes, plutôt que les grandes sociétés ; produire
nous-mêmes notre nourriture, au lieu de l’acheter à l’extérieur (la
souveraineté alimentaire) ; et nous adapter à l’augmentation de la population
et au changement du climat. Mais nous les chrétiens, nous devons aller plus
loin, et vivre l’écologie dans la foi.
C’est ce qu’on appelle l’éco spiritualité.
La Bible dit que l’homme est
le responsable du Paradis terrestre (Genèse). Il est l’intermédiaire entre Dieu
et la terre, que Dieu a créée et lui a donnée. Il doit donc prendre soin de la
nature, comme un bon jardinier. Et non pas la casser ou la détruire. Or,
actuellement, avec toutes les usines et les machines, l’homme est entrain de
casser la terre. Il faut à tout prix arrêter cela. Cela demande que nous soyons
vraiment décidés à le faire. Et que nous
soyons touchés jusqu’au fond de notre cœur, par ce qui se passe. Il ne
suffit pas de connaître les problèmes de l’environnement. Il faut nous engager
vraiment pour que ça change. Mais c’est toujours difficile de changer. Et il y
a beaucoup de personnes et de sociétés, qui profitent de la terre, et qui
refusent de penser aux conséquences. Elles pensent seulement à gagner plus d’argent.
On a fait de grandes déclarations, par exemple au Sommet de Rio + 20 (20 ans après le premier sommet de Rio). Mais
ce sont seulement des discours, sans vrai engagement. Ce sont seulement des
promesses, sans contrôle ni moyen d’agir. C’est pourquoi, peu de choses
changent.
Nous devons nous rendre compte,
que la situation est très grave. On ne peut pas continuer à utiliser les
richesses de la terre, comme on le fait maintenant. Et il faut agir vite. Nous
sommes déjà en pleine crise. Par exemple, la couche d’ozone qui nous protège du
soleil est déjà attaquée, et pleine de trous. La terre s’est déjà réchauffée, et
les glaces fondent. Cela fait monter le niveau de la mer, qui attaque les
terres. Cela amène aussi les cyclones, les tornades et les inondations. De
nombreuses plantes et de nombreux animaux ont complètement disparus, et aussi
des grandes forêts. Il ne suffit pas d’agir, au point de vue économique ou
politique. Il faut changer les idées
que nous avons, sur notre place dans le monde. Et nous rappeler ce que nos
ancêtres nous ont appris : Le monde a une âme, la terre est sacrée. Ce
n’est pas seulement une matière, dont on peut faire ce qu’on veut. Ou un objet
qu’on peut utiliser, pour en profiter au maximum. La terre est notre Mère. Il
nous faut donc une écologie intérieure, dans notre tête et dans
notre cœur. C’est cela que l’on appelle l’éco spiritualité. Ce n’est pas le
monde qu’il faut transformer, c’est d’abord nous-mêmes. Pour nos ancêtres, la
nature était vivante, on devait la respecter. Mais en Europe, à partir du Moyen
Age, on a oublié la dimension sacrée de la nature. On l’a considérée seulement
comme une chose. On a chassé Dieu, les esprits et les ancêtres de la nature. Et
à ce moment-là, on ne l’a plus respectée. Les bois sont devenus des arbres à
abattre, pour faire du charbon de bois. Il n’y a plus de forêts sacrées.
Notre premier travail, c’est
donc de revenir à cette idée spirituelle
et vivante de la nature, qui est une création de Dieu. Pour évangéliser, on
a lutté contre la sorcellerie et contre le fétichisme, pour se libérer des
mauvais esprits: c’était une libération. Mais on a lutté en même temps contre les religions traditionnelles.
Et on a perdu le caractère sacré de la nature. Est-ce qu’on ne peut pas refuser
la sorcellerie, et garder quand même le respect de la création ? Pour nous
libérer des idées païennes sur la nature, est-ce qu’on est obligé de devenir matérialiste ?
La nature n’est pas Dieu. Cela, c’était l’erreur du panthéisme. Mais Dieu est
présent dans la nature. D’abord, parce que c’est Lui qui l’a créée. Et jusqu’à
aujourd’hui, Dieu agit dans la nature. Car
elle est toujours sa création
Il nous faut revoir aussi, la place de l’homme dans la
nature. Souvent, on a pensé à l’homme en l’opposant (en le mettant contre)
à la nature. Trop souvent, l’homme s’est mis au-dessus de la création, en
disant : je dois la dominer. Mais si on parle d’environnement, cela veut dire
que l’homme est au milieu de ce qui l’environne (l’entoure), et pas au-dessus.
D’autres au contraire regardent l’homme, comme un simple animal parmi les
autres. Mais alors, il ne peut pas protéger la nature, ni la faire grandir. Il
faut donc choisir un troisième chemin. C’est
Dieu qui est au centre de la création, et l’homme en fait partie. Mais en
tant qu’homme, créé à l’image de Dieu, et avec ses qualités et ses
responsabilités d’homme. Nous nous sommes séparés de la nature. En ville, nos
enfants ne connaissent plus, ni les plantes ni les animaux, comme autrefois au
village. Pourtant le mot « homme » vient du latin
« humus », qui veut dire la terre. Et ce mot a donné le mot humilité,
pour montrer la façon dont l’homme doit être dans la création, et devant Dieu
qui l’a créé. Donc, la terre n’est pas seulement notre environnement (ce qui
nous entoure). Elle est aussi notre origine (Dieu nous a créés à partir de la
terre), et notre avenir. Si la terre meurt, nous mourrons avec elle. Dieu est
notre Père, et la terre est notre mère. Saint François d’Assise l’a bien
compris. Lui qui disait merci à Dieu pour notre frère, le soleil, et pour notre
sœur, la lune. Et aussi pour les pierres, les plantes et les animaux (voir le Cantique de Frère Soleil et des Créatures
de François d’Assise en annexe).
1. Les
Pères de l’Eglise parlent de micro cosmos. Dieu a créé l’homme à partir de la terre, et le même jour
que les animaux. Nous faisons partie de l’Univers (le cosmos).Nous sommes le
résultat, de l’évolution du monde et des animaux. La nature fait partie non
seulement de notre corps, mais aussi de notre âme. Quand nous faisons du mal à la nature, c’est à nous-mêmes que nous faisons du mal en premier.
2. Mais
bien sûr, en même temps, nous sommes une créature céleste, créée spécialement
par Dieu, à son image. Il a soufflé
dans notre corps, tiré de la terre (Gen 2,7). C’est de là que vient notre
responsabilité. Nous avons une intelligence, une liberté et une force (un
pouvoir). Nous voulons vivre les problèmes de l’écologie et de l’environnement,
d’une façon intelligente, spirituelle et responsable. Mais alors, il faut vivre toute notre vie de cette façon.
Par exemple, la culture se réduit souvent maintenant, aux matches de football,
à la lutte et à la danse. La politique n’est plus le service de l’homme et du
pays, mais une lutte pour le pouvoir. L’économie n’est plus pour faire vivre
tous les hommes d’une façon plus humaine. Elle est devenue seulement, une
question d’argent et de profit. Elle est dominée par les banques et la finance.
Elle est commandée par quelques-uns, elle n’est plus au service de tous les
hommes. Même pour la santé, on se limite parfois à la matière. Par exemple à
l’hôpital, souvent, on donne des médicaments, mais on s’occupe seulement du corps
du malade. On ne soigne plus son cœur, comme les guérisseurs traditionnels le
faisaient autrefois. On soigne le malade tout seul, en l’écartant de la
famille. Alors que les féticheurs traditionnels appelaient toute la famille
pour la réconcilier, afin que le malade puisse guérir. Car ils savaient que
pour guérir, le malade devait être en paix dans son cœur, avec toute sa famille,
et aussi avec la nature, les morts et les ancêtres (voir mon
livre « Santé et bonheur pour tous »).
3. L’homme
est appelé à être l’intermédiaire (le médiateur) entre le visible et
l’invisible (ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas), entre le matériel et le
spirituel (les choses et l’esprit), entre le temporel et l’éternel (les choses
de ce temps et celles de toujours), entre la terre et le ciel. Nous sommes organisateurs
du monde, mais en continuant à en faire partie. Nous avons la grande
responsabilité, de nous transformer d’abord nous-mêmes, pour pouvoir transformer
le monde, et le rendre meilleur. C’est-à-dire lui donner une meilleure figure.
Que faire pour cela ?
§ D’abord
utiliser notre liberté, notre intelligence, nos qualités et toutes nos forces.
Pour vivre en communion avec tous
les hommes, mais aussi avec toute la création. Au lieu de vivre d’une façon
égoïste, en ne pensant qu’à nous-mêmes, et à notre seul intérêt. Cela nous
demande de limiter l’utilisation des choses que nous avons (notre consommation
des biens de la terre), ne pas chercher à profiter au maximum de ses richesses, et ne pas la
tuer.
§ Vivre
en union avec toute la nature, nous
rappeler qu’elle est sacrée, et la respecter. Parce qu’elle est créée par Dieu.
§ Apprendre
à commander notre vie, et à dominer les
forces qui sont en nous. Nous faire un cœur bon, pour ne pas nous conduire
comme un animal. Limiter nos désirs et dominer notre cœur. Alors que la
publicité dans les journaux et à la télévision, nous fait désirer de plus en
plus de choses dont, souvent, nous n’avons même pas besoin. Nous ne sommes plus
respectés comme des personnes humaines. Nous sommes devenus seulement des
clients et des consommateurs, dont il faut profiter. Et qu’il faut exciter,
pour qu’ils achètent de plus en plus de choses.
§ Il
nous faut limiter les qualités qu’on appelle masculines : la compétition
(le concours), l’analyse intellectuelle (le raisonnement logique), la
domination et la conquête extérieure. Il nous faut développer les qualités qu’on appelle féminines :
l’humilité, le remerciement, la douceur, l’intuition (comprendre les choses
avec son cœur), la bonté et la pitié, l’amour de l’enfant, des autres et de la
terre. La Genèse, le 1° livre de la Bible, nous dit bien : » Dieu a fait la personne humaine. Il les a
fait à son image, homme et femme » (Gen 1,27). C’est seulement ensemble,
homme et femme, que nous sommes à l’image de Dieu. En unissant nos qualités
masculines et féminines.
Limiter notre consommation, ce
n’est pas une privation (se faire souffrir). Au contraire, c’est une
libération. Car alors, nous sommes libérés
des besoins et des désirs inutiles. Nous pouvons vivre dans la paix et dans
la joie. Nous pouvons vivre d’une façon plus simple. Notre document GS du
Concile Vatican 2 nous a rappelé que « l’homme
vaut plus par ce qu’il est, que par les choses qu’il a ». Limiter
notre consommation nous permet de marcher légèrement sur la terre, pour ne pas
écraser les plantes et les animaux. Et leur laisser la place dont ils ont
besoin, pour vivre et pour grandir. C’est respecter leurs droits, en commençant
par le droit à la vie. Alors que nous avons déjà tué des milliers d’espèces. L’écologie
c’est la justice, le partage et la solidarité, qui ne se limitent plus aux
hommes, mais qui s’étend au monde entier : à tout l’univers et à toute la
création. Dieu nous a donné ce commandement, par Moïse : « Tu ne tueras pas ».Cela ne vaut pas
seulement pour les hommes, mais aussi pour les plantes et les animaux. Nous ne
devons pas les tuer sans raison.
Pour arriver à cela, il faudra
beaucoup d’efforts. Il faut en
parler aux autres sans arrêt, car « une
seule main ne peut pas applaudir ». Pour pouvoir agir tous ensemble,
il faudra du temps. Il faut s’appuyer sur la prière et sur le jeûne, comme le
dit Jésus dans l’Evangile (Marc 9, 29 – Actes 13, 3 – Matthieu 6, 5 + 16). Mais
c’est cela qui va empêcher notre terre de mourir. Et nous permettre de vivre
heureux, avec la création toute entière. Il suffit de commencer par de petites
choses.
« Car ce sont des petits ruisseaux, qui font de grandes rivières ».
Et » les petites termites en se mettant ensemble, arrivent à construire de
grandes termitières ». Chacun peut commencer, là où il est. Et faire
ce qu’il peut, selon ses moyens. Car Dieu a mis au plus profond de notre cœur
le désir d’être heureux, en respectant la terre d’où nous venons.
Nous croyons que c’est encore
possible de construire un autre monde.
Et que le plus important, c’est l’amour :
nous aimer nous-mêmes, aimer les autres hommes et les autres femmes, aimer les
hommes qui viendront après nous sur la terre, aimer notre terre. Car seul
l’amour peut amener une solution à la crise écologique. En effet, nous ne
pouvons pas sauver la terre, si nous ne l’aimons pas vraiment.
Il nous faut faire aujourd’hui librement, ce que nos
gouvernements seront bientôt obligés de faire par force, pour permettre à la
terre de continuer à vivre. C’est ce que l’on appelle l’éco-citoyenneté. Nous ne devons donc pas attendre, que les
gouvernements fassent quelque chose. D’abord ils ne le feront, que s’ils sont
obligés. Et si nous sommes devenus vraiment écologiques nous-mêmes, dans toutes
les dimensions de notre vie, comme nous venons de l’expliquer. Nous commençons
par faire nous-mêmes, ce que nous
demandons aux autres. Pour leur montrer que c’est possible, et pour les
entraîner : en respectant davantage la terre, en limitant notre
consommation, et en changeant notre façon de vivre.
- Il nous faut aussi comprendre le sens religieux et spirituel
des choses. Par exemple, nous avons parlé plus haut, de la question de l’eau : Il est
important de ne pas la gaspiller, mais aussi de la respecter, et de ne pas la
salir (la pollution). Pour nous
chrétiens, l’eau nous parle de Dieu : c’est Dieu qui nous l’a donnée. Dieu a libéré son peuple de
l’’esclavage en Egypte, en le faisant traverser les eaux de la mer Rouge, avec
Moïse.
Jésus nous a apporté la vraie eau, qui nous fait vivre. Le dernier
jour de la fête des Tabernacles, Jésus disait à la foule, dans le Temple de
Jérusalem (Jean 7,37-39) : »Si
quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et
qu’il boive ! Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vivante couleront
de son cœur. En disant cela, Jésus parlait du Saint Esprit, qu’ils allaient
recevoir » (le jour de la Pentecôte). Et Jésus dit à la femme
samaritaine, qui vient puiser de l’eau
au puits de Jacob : »Celui qui
boira l’eau que je lui donnerai, il n’aura plus jamais soif. Et l’eau que je
lui donnerai deviendra en lui, une
source de la vie éternelle ». Avec cette femme, nous disons à
Jésus : »Maître, donne-nous de
cette eau ! » (Jean 4,14). Jésus nous donne l’eau, qui finit la
soif de notre cœur, et pas seulement de notre corps. Il vient remplir nos
désirs les plus profonds, pour que nous soyons vraiment heureux, du bonheur
même de Dieu.
Jésus nous a montré son amour, en lavant les pieds de ses apôtres
(Jean 13). Et au moment de sa mort, quand un soldat lui a percé le cœur avec sa
lance, il est sorti du sang, mais aussi de l’eau (Jean 19,34). Cette eau était
le signe du baptême. L‘eau du baptême nous lave de tous nos péchés. Par l’eau
du baptême, nous devenons enfants de Dieu, et nous vivons d’une vie nouvelle.
Nous commençons la vie éternelle, la vie de Dieu lui-même.
Cet exemple de l’eau nous
montre, que toutes les choses que Dieu a faites, sont bonnes pour nous. Nous
devons les protéger, et les respecter, comme l’eau. Mais aussi que toutes ces
choses : le vent, l’air, le feu, l’arbre…ont un sens spirituel et
religieux. Elles nous font connaître des choses cachées. Elles nous aident à
mieux vivre. Elles nous conduisent vers Dieu. Cela ne doit pas nous empêcher,
de prendre nos responsabilités dans la société. Au contraire ! Par
exemple, cela demande à ceux qui croient au Christ, de respecter encore davantage l’eau. Et de s’en
servir, pour le bien de tous nos frères et sœurs, comme Dieu le veut.
Avec François d’Assise, nous
disons : »Loué sois-tu
Seigneur, pour notre sœur l’eau. Car elle est utile, humble et chaste ».
Les religieux :
Les religieux (les
pères, les frères et les sœurs) vivent ensemble en communauté. Ils font les 3
vœux (promesses et engagement) de pauvreté, de chasteté (le célibat consacré)
et d’obéissance. Comment vivre la vie religieuse d’une manière
écologique ?
Le vœu de pauvreté
religieuse doit toujours être vécu, en relation avec la pauvreté de la société, et les conditions de vie des plus
pauvres. Ces personnes ont de grandes difficultés pour vivre. Mais en plus,
elles sont souvent méprisées, mises de côté et écrasées. La vie religieuse doit être une vie simple. Elle doit être aussi une vie au service des plus pauvres.
C’est la responsabilité des
religieux de faire comprendre à tous, que la terre ne nous appartient pas. Elle
nous a été confiée par Dieu, pour que
nous la protégions. Et que nous la rendions meilleure à vivre, pour nous-mêmes et pour ceux qui viendront après nous. Cela
se vit dans les petites choses : Comment prenons-nous soin des choses que
nous avons ? Comment mangeons-
nous ? Mangeons –nous des produits
simples, et cultivés sur place ?
Est-ce que nous ne mangeons pas trop de viande ? Car pour produire
celle-ci, il faut beaucoup de protéines végétales et de terrain. Comment
prenons-nous soin de nos corps ? Savons-nous aimer et respecter l’air et l’eau ?
L’obéissance religieuse, ce n’est pas seulement obéir à un
supérieur. C’est aussi obéir à la nature créée par Dieu, et la respecter. C’est
nous mettre au service de la vie et de
la création. C’est chercher ensemble, en communauté, ce à quoi Dieu nous appelle, et le faire
ensemble. Pour le respect de la création, aussi bien que pour toutes les autres actions de notre vie. Notre obéissance, c’est de vivre comme Jésus, qui a respecté la nature, et qui a dit merci à
Dieu son Père pour elle. La terre continue de grandir, la création de Dieu se continue. Nous avons à y participer, et à lutter contre ceux qui
cassent la terre. Car c’est la volonté de Dieu, à laquelle nous voulons obéir.
Dans le célibat religieux, on ne se marie pas, on ne fait pas d’enfants. C’est une
libération, pour faire grandir la vie
de toutes les façons possibles. Et donc
aussi, pour faire vivre la nature que
Dieu a créée. Notre célibat nous appelle à aimer le monde (toute la nature, et
pas seulement les personnes), d’une
manière chaste. C'est-à-dire sans vouloir en profiter pour nous-mêmes, mais en
nous mettant à son service, dans un
respect désintéressé. Car c’est cela la chasteté. Les célibataires n’ont
pas une famille, à laquelle se consacrer en premier. C’est donc un appel à la
liberté, pour aimer le monde entier, et la création toute entière. Le célibat
religieux est un appel à la maîtrise de
soi, qui nous demande de nous limiter dans la consommation des choses.
Les religieux vivent en communauté. Nous devons protéger toute
la communauté humaine, et protéger son avenir. Et nous portons cela dans la
prière. Nous choisissons la meilleure façon de
vivre nos relations, non
seulement avec les autres hommes, mais avec la nature toute entière. Nous
sommes arrivés à un moment, où il nous faut choisir entre la destruction du
monde, et la naissance d’un monde nouveau, plus heureux et meilleur à vivre. Mais sommes –nous
prêts à entendre l’Evangile de jésus
Christ sur cette question ?
Le psaume 8 nous invite
à regarder la nature qui nous entoure, comme un cadeau de Dieu. Et à comprendre
notre responsabilité envers elle : 8 2 :
O Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre !
Jusqu’aux cieux, ta splendeur est chantée
3 par la bouche des enfants, des tout-petits :
rempart que tu opposes à l’adversaire,
où l’ennemi se brise en sa révolte.
3 par la bouche des enfants, des tout-petits :
rempart que tu opposes à l’adversaire,
où l’ennemi se brise en sa révolte.
4 A voir ton ciel, ouvrage de tes
doigts,
la lune et les étoiles que tu fixas,
5 qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui,
le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?
la lune et les étoiles que tu fixas,
5 qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui,
le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?
6 Tu l’as voulu un peu
moindre qu’un dieu,
le couronnant de gloire et d’honneur
7 tu l’établis sur les œuvres de tes mains,
tu mets toute chose à ses pieds :
le couronnant de gloire et d’honneur
7 tu l’établis sur les œuvres de tes mains,
tu mets toute chose à ses pieds :
8 les troupeaux de bœufs et
de brebis,
et même les bêtes sauvages,
9 les oiseaux du ciel et les poissons de la mer,
tout ce qui va son chemin dans les eaux.
et même les bêtes sauvages,
9 les oiseaux du ciel et les poissons de la mer,
tout ce qui va son chemin dans les eaux.
10 R/ O Seigneur, notre
Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre !
Je fais attention à la vie, présente autour de moi. Je regarde la vie qui travaille dans notre monde, à travers
toute la création (l’air, la terre, l’eau, le feu, la végétation, les
animaux…). Dans notre société, ma ville ou mon village, mon entourage, mes
amis, ma famille, ma vie personnelle.
Quand il a créé le monde, « Dieu vit que cela
était bon ». Je regarde ma vie avec le regard de Dieu : Ce qu’il y a de bon
dans ma vie. Ce que je reçois de bon. Ce que je fais de bon dans ma vie, et dont je ne vois pas toujours la vraie
valeur. Je m’interroge : qu’est-ce qui donne la vie pour moi ? Et pour
l’humanité ? Je fais davantage attention, à ce qui a du goût pour moi.
ENVIRONNEMENT ET REFLEXIONS
RELIGIEUSES
Continuons notre réflexion, à partir de la Parole de Dieu
dans la 1° Alliance, à partir de la vie de Jésus, du document ’l’Eglise dans le
monde de ce temps’ GS du Concile du Vatican 2, et de l’enseignement des papes.
Mais aussi des autres Eglises chrétiennes et des autres religions.
LA
CREATION : Ecologie et Foi Chrétienne
Le monde est beau ! C’est DIEU qui l’a créé. Et à
chaque fois que DIEU crée une espèce d’animaux ou de plantes « Il voit que c’est beau « (Gen
1,10+13+18+21+26). Et la Bible dit, quand Dieu crée l’homme et la femme : « DIEU vit que ce qu’Il avait fait, Il
le regarda et Il vit que c’était très bon » (31). La Genèse nous dit aussi :
« dès le début du monde, l’ESPRIT DE
DIEU planait sur les eaux ». Et
l’ESPRIT SAINT est présent et agissant dans le monde jusqu’à aujourd’hui ».
Dieu crée l’homme et les animaux le même jour (Gen 1,24-31). Par conséquent
nous sommes frères et sœurs de la création, nous sommes tous liés à elle. Parce
que nous sommes créés à partir de la terre (Gen 2, 7). Nous en partageons la
vie c’est pourquoi nous devons l’écouter et vivre en union avec
elle : la terre peut exister sans nous mais nous ne pouvons pas exister sans
la terre. Et dans la deuxième histoire de la création (Gen 2, 4 à
3,24), « DIEU met les hommes dans le
jardin, pour cultiver le sol et le garder » (2,15). Il faut donc que
nous soyons justes et honnêtes, au service de DIEU, mais aussi de sa création. D’ailleurs
quand nous protégeons la terre, c’est nous-mêmes que nous protégeons. Car c’est
dans le monde que nous vivons, agissons et avançons. C’est par le monde que
nous allons à DIEU, pas seulement par la prière et les cérémonies religieuses.
Chaque dimanche nous chantons « je crois en DIEU, le Père
tout-puissant, créateur du ciel et de la terre… » Mais nous devons
nous rappeler, que DIEU agit dans le
monde jusqu’à maintenant. Et que toute la création est pour la gloire de DIEU. C’est pourquoi, il est très important
de soutenir l’écologie, qui travaille pour le respect et le progrès de la
nature. Et pour les chrétiens, de comprendre
le rapport entre ce que cherche l’écologie, et la foi chrétienne. Car
souvent on accuse les chrétiens, d’avoir mal compris ces paroles du début de la
Bible : « Dominez la terre et soumettez-là ». Et d’avoir
cassé la nature, et profité de la terre, sans réfléchir à ses limites. Et même
d’avoir enseigné, que pour aimer Dieu et pouvoir le rejoindre au ciel, il fallait
rejeter la terre. En disant que c’est seulement au ciel que nous trouverons
toutes les bonnes choses de la terre, purifiées de tout péché. Alors que, quand
Dieu a créé le monde, il a dit que le
monde était beau (Gen 1). C’est vrai que maintenant, la terre a été cassée
par l’homme, surtout avec les derniers progrès de la science moderne. Mais
Jésus est venu sauver le monde : le monde entier, et pas seulement les
hommes. Mais souvent, nous faisons du mal à la terre, sans raison, sans que ce
soit nécessaire, et sans nous limiter. Par exemple pour avoir notre nourriture.
Nous ne nous conduisons pas comme des hommes intelligents et sages. Par
conséquent, nous ne sommes pas des bons chrétiens. Nos activités dans le monde préparent le monde nouveau, que Dieu veut
nous donner. Dieu a aimé le monde qu’Il a créé, Il continue à l’aimer. Nous
faisons comme Lui. En nous rappelant que Dieu est venu dans ce monde pour nous
sauver avec lui, par son Fils Jésus Christ.
Mais respecter la création de cette façon, est-ce que cela
ne va pas nous amener, à oublier la
dignité de l’homme ? Et à le ramener au niveau des animaux ? Et en
effet, certains écologiques refusent, qu’on mette la personne de l’homme au
centre du monde, au-dessus des autres espèces animales. Comme si l’homme
n’était qu’un animal. Le Concile au contraire, affirme que l’homme est une
créature spéciale, créée à l’image de Dieu : « la seule que Dieu a voulu pour elle-même ». C’est la
seule créature, capable de connaître son Créateur. L’homme est le seul à pouvoir
partager la vie de Dieu, dans la connaissance et l’amour. C’est pourquoi,
l’homme doit continuer la création de Dieu. Pas seulement pour lui-même, mais
pour le bien de tous les vivants, et de la création toute entière. L’homme ne
doit pas se servir du monde n’importe comment, car Dieu en a fait le responsable.
Mais aujourd’hui, on a
compris qu’on ne peut pas vraiment respecter l’homme, si on ne respecte pas
toute la création, et donc les plantes, la terre et les animaux : « le respect de la création est la conséquence
du respect de l’homme, et de sa dignité… C’est en nous rappelant que le monde
est créé par Dieu, que nous pouvons mettre en place une bonne morale, par
rapport à l’environnement ».
Bien sûr, pour vivre sur cette
terre, nous avons besoin d’abattre des arbres, par exemple pour construire nos
maisons. Et de tuer des animaux pour manger. C’est normal. Dieu a créé le monde
pour l’homme. Mais comme disait Jean Paul 2 : « ceux qui servent Jésus, ne doivent pas casser la terre, ni la
fatiguer. Il faut donc changer nos façons de consommer (d’utiliser les biens de
la terre). Et vivre d’une autre manière, dans l’humilité ». Nous
devons utiliser la science, non pas pour tuer la terre, mais au contraire pour
la protéger. Et la faire mieux vivre, comme le dit GS : « Que l’homme développe la terre, par
le travail de ses mains, et avec les progrès de la science. Pour que la terre
puisse porter du fruit, et devenir une maison, où toute la famille humaine peut
vivre. C’est cela qui continue ce que Dieu a fait au début du monde, pour
rendre la création meilleure, et faire grandir les hommes ».
Il faut donc tenir les deux
choses en même temps : utiliser la terre, non seulement pour nos besoins
personnels, mais pour faire grandir les hommes, et pour le développement du
monde entier. Mais en nous conduisant comme des hommes intelligents et des
vrais croyants, en respectant la terre,
et dans la dignité. Car si l’homme domine la terre, c’est pour la faire
grandir et avancer, pas pour la casser ou la tuer. Comme nous le rappelle
GS : « Les usines et les
machines (l’industrialisation) ont permis de fabriquer beaucoup de choses. Mais
elles ont apporté aussi beaucoup de souffrances chez les travailleurs, et même
la pauvreté et le chômage. Les moyens modernes de communication (les médias)
permettent d’entrer en contact avec le monde entier. Mais ils n’apportent pas
toujours l’égalité, ni l’union de tous les hommes (la solidarité). Au
contraire, ces moyens sont souvent utilisés par les pays modernes
(industrialisés), pour commander les autres et en profiter. Maintenant, les
hommes ont plus de choses. Mais est-ce qu’ils n’ont pas perdu beaucoup des
valeurs traditionnelles, et des qualités de l’esprit et du cœur ? C’est à
nous de remettre les choses droites, pour grandir et avancer. Pour le bien de
tous, et pas seulement de quelques uns ».
-La joie d’un père, c’est de
faire un beau cadeau à son fils. Dieu notre Père nous a fait un très beau
cadeau : l’univers : «Je vous
donne les pl antes comme
nourriture, et tout ce qui porte des semences sur la terre. Je vous donne les
arbres, qui portent des fruits. Je vous donne toutes les bêtes de la terre :
tout ce qui vole dans les airs, et tout ce qui se déplace sur la terre, qui vit
et qui respire. C’est fait ! Et Dieu voit que tout ce qu’il a fait, c’est
vraiment bon ! » (Gen 1,29-30). Chaque jour, grâce à la
science, nous découvrons des nouvelles choses, que Dieu a faites, des nouveaux
cadeaux. Mais le problème c’est, qu’au lieu de lui dire merci, nous prenons ce
cadeau pour nous-mêmes, en oubliant d’où il vient. Et souvent, en plus, nous
nous en servons d’une manière égoïste (pour nous tout seuls), sans penser aux
autres, ni aux conséquences de ce que nous faisons. Ou même pour faire le mal.
Au lieu de dire merci à Dieu pour la découverte de l’énergie atomique, et
d’utiliser cette force pour le bonheur des hommes, nous en avons fait des armes
pour tuer (la bombe atomique). La terre où je vis, avec tout ce qu’elle
contient : l’eau, la mer, l’air, le soleil, et toutes les autres choses,
tout cela vient de Dieu. Elles ont besoin de retourner vers Dieu d’où elles
viennent, grâce à notre prière
d’offrande. C’est notre travail de croyants, de dire merci à Dieu, au nom
de toutes les belles choses qu’Il a faites. Mais si je les prends pour moi tout
seul, je les empêche de vivre. Je les tue.
Mais je dis aussi merci à Dieu, pour
toutes les bonnes choses que les hommes ont fabriquées, grâce à l’intelligence
que Dieu leur a donnée : devant une belle maison, ou une belle usine.
Devant une belle voiture ou un avion moderne. Tout ce que fait l’homme n’est
pas mauvais, au contraire. A chaque fois que l’homme prend les choses que Dieu
a faites, pour les transformer et les rendre meilleures, il les fait vivre.
Le problème de l’environnement
ce n’est donc pas seulement une question de machines. C’est que nous ne
reconnaissons plus, que le monde est une créature de Dieu. Et c’est que l’homme
veut être indépendant, et qu’il
n’accepte plus d’être le gardien et le protecteur d’un monde, que Dieu lui-même
a créé. C’est pour cela que l’homme ne
respecte plus la nature. Alors qu’au contraire, respecter la création c’est
rendre gloire à Dieu.
Est-ce
que je sais admirer les belles choses que Dieu a faites ? Est-ce que je
lui dis merci ? Comment j’utilise toutes ces choses ?
La crise de l’environnement est une crise
spirituelle :
L’homme moderne veut vivre comme si DIEU n’existait
pas ! IL veut être le chef de tout, il veut remplacer la nature par ses
machines. En ville, il recouvre la terre avec du béton, du ciment ou du
goudron. Autrefois on pensait que DIEU faisait vivre le monde. Et que l’homme
était entre les deux. Mais maintenant c’est l’homme qui veut se mettre au
centre et qui veut mettre DIEU de côté. Le monde n’est plus la Création de
DIEU, mais l’œuvre de l’homme et des savants. L’homme moderne domine le monde
et le forme à son image. Il voit
seulement ce qu’il fabrique lui-même, et il oublie Dieu. Il ne connaît plus sa dignité de fils de
DIEU. Et les hommes qui ne sont pas capables de produire des choses dans la
société, ils ne sont plus respectés. On pense qu’ils sont inutiles.
L’écologie, c’est pour les personnes
qui aiment la vie.
Gandhi
disait : »Nous devons devenir
nous-mêmes, le changement que nous voulons pour le monde ». Notre
document GS affirme : »Dieu est
la source de la vie. Celui qui veut rencontrer Dieu dans la Création et
défendre la vie, il doit vivre en amitié
avec tous les êtres vivants ». Ce document dit encore : » Des gens pensent que les
choses créées ne dépendent pas de Dieu. Et qu’on peut utiliser les êtres et les
choses de la Création, sans penser à
Dieu qui les a créées. Un croyant ne peut pas accepter cela. En effet, les
créatures sans le Créateur disparaîtraient » (GS 36). Le livre de la
Sagesse explique (1,5): »L’Esprit
du Seigneur remplit tout l’univers. C’est Lui qui fait vivre ensemble, tous les
êtres. »
Tant que nous vivrons dans des
sociétés libérales ou capitalistes, où l’on pense d’abord à l’argent, et où on
veut produire et utiliser le plus de choses possible, l’écologie ne sera pas
possible. Par conséquent, il ne suffit pas de chercher des solutions à la crise
économique, il faut une révolution culturelle. Il nous faut construire une nouvelle civilisation,
avec une autre idée de l’homme et de la nature. Pour que l’homme apprenne à
aimer vraiment la nature. Et connaisse sa place dans la Création. L’écologie
doit transformer, non seulement l’économie, mais aussi la politique, la
société, les sciences, la culture et aussi la religion. Elle doit transformer
toutes les dimensions de la vie. Pour les croyants, l’écologie est une grâce de
Dieu. Mais pour cela, il faut se laisser
conduire par l’Esprit de Dieu, qui a créé le monde. Cet Esprit Saint qui planait sur les eaux, depuis
le début du monde (Gen 1,2). Il nous
faut apprendre à utiliser tout ce que Dieu nous a donné, pour le bien, et non
pas pour le mal. En sachant comment nous conduire : « Dieu dit à l’homme : Mange librement de
tous les arbres du jardin. Mais ne mange pas de l’arbre de la connaissance du
bien et du mal. Car le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Gen
2,16-17). Voir aussi Dt 14, 3-20 ;
Lv 11, 2-42…
Dieu a demandé à l’homme de cultiver
et de protéger la terre, pas de la fatiguer. Et encore moins de la salir et de
la tuer. Il faut respecter les saisons et les rythmes de la création. Et cela
regarde aussi, les relations entre les
hommes : c’est pour cela qu’on parle d’écologie humaine. Mais au
contraire, nous avons mis en place une société de consommation, où il
faut fabriquer de plus en plus de
choses, même si on n’en a pas besoin. L’homme n’est plus respecté, ni dans son travail, ni dans sa vie
en société. Nous vivons dans une société de gaspillage, où l’argent est roi, et
où on jette même la nourriture. Alors que beaucoup d’hommes ont faim autour de nous. Quand les
cours de la Bourse baissent (les banques), pour beaucoup c’est un malheur. Mais que des hommes et des enfants
meurent de faim autour d’eux, ça ne leur dit plus rien.
Par conséquent, l’écologie ce n’est
pas seulement le respect de l’environnement. C’est aussi une vie plus simple, et la justice envers les pauvres. Elle est
intérieure à notre personne. Benoit 16 a écrit dans ‘La Charité dans la Vérité’
au n° 56 : »L’Eglise a une responsabilité envers la
Création. Elle doit le montrer publiquement, dans la vie de la société. Elle
doit respecter la terre, l’eau et l’air, qui sont des cadeaux de Dieu. Et qui
appartiennent à tous les bommes. Elle doit surtout respecter l’homme lui-même.
C’est ce qu’on appelle l’écologie
humaine, qui doit être respectée par la société. Si nous ne respections pas
la terre, nous ne respecterons pas l’homme,
qui vit sur la terre. A l’inverse, quand on respecte l’écologie humaine, à
ce moment-là on respecte aussi l’environnement…L’écologie demande que les
hommes et les créatures vivent dans l’entente et dans l’amitié »
St Maximin le confesseur demande : « comment aimer Dieu, sans aimer les arbres, les fleurs
les animaux et les beautés de la création ? ». Et St Barthélémy de Constantinople dit que nous
serons jugés, sur le respect que nous aurons pour la nature.
A la Messe on prie pour les pauvres, et ceux qui sont traités injustement. Mais on ne prie jamais pour les
rivières qui sont polluées par nos
saletés, ni pour les forêts qui sont tuées. Pourtant, ne pas respecter la nature, c’est aussi un péché. Mais combien de
personnes se confessent, d’avoir manqué de respect envers la création ?
La
première Alliance
Après le Déluge, Dieu refait une nouvelle Alliance. Pas seulement
avec Noé et les hommes, mais avec la Création toute entière (Gen 9,9-16) :
« Me voici, pour faire Alliance
avec vous, et avec tous les hommes qui viendront après vous, et avec tous les
êtres vivants : tout ce qui vole, toutes les bêtes, et tous les animaux du
monde avec vous…Il n’y aura plus de déluge pour casser la terre….Et voici le
signe de l’Alliance, que je vous donne : l’arc en ciel dans les nuages,
signe de mon Alliance entre moi et la terre ». DIEU demande donc à Noé,
de protéger la nature. En même temps que Lui-même continue à s’occuper du monde,
qu’IL a créé.
Dans la première alliance, DIEU demande aux hommes de
prendre soin de la terre, et de répondre aux besoins de tous les animaux :
aussi bien les animaux sauvages, que les animaux domestiques. Car tous sont
entrés dans l’Alliance que DIEU a fait avec le monde, dès sa création (Ex 23,
10-12) : « la septième
année, tu ne cultiveras pas la terre. Tu en laisseras ce qu’elle produit aux
pauvres de ton peuple, et aux bêtes des champs. Ils mangeront ce qu’ils
trouveront. Et de même, pour ta vigne et pour ton olivier. Tu travailleras
pendant six jours, le septième tu te reposeras, pour que ton bœuf et ton âne se
reposent aussi, de même que le fils de ta servante et que l’étranger». On lit
dans le livre du Deutéronome (22,4) : « si tu vois tomber l’âne ou le bœuf de ton frère sur la route, tu
aideras ton frère à le relever ». Et au n°6 : « si sur ta route, tu vois un nid
d’oiseau avec des petits ou des œufs, sur un arbre ou par terre, et que la mère
est assise sur les oiseaux, ou sur les
œufs pour les couver, tu ne prendras pas la mère sur les petits ».
C’est pourquoi les hommes sont
appelés à respecter les arbres (Dt 20, 19-20), même en temps de guerre. Et à
respecter les animaux. Par exemple (Dt 25, 4) : « tu n’empêcheras pas le bœuf de manger, en lui attachant la
bouche, quand il écrase le grain ». Car
DIEU prend soin de tout, des arbres et des plantes, et même des herbes les plus
petites. L’homme doit se tenir avec les autres créatures, pour ensemble avec
elles, rendre gloire à DIEU. C’est pourquoi, la majesté de DIEU est chantée au
ciel et sur la terre (Ps 8). D’un côté, l’homme est au-dessus des anges. Mais
de l’autre côté, il est avec la lune et les étoiles, les bœufs et les brebis,
les oiseaux dans le ciel, et les poissons de la mer (Ps 119 et 104). C’est tous ensemble qu’ils chantent DIEU,
dans le cantique des trois enfants (Dn 3, 51-90). Car les hommes et les animaux
vivent ensemble, ils ont le même avenir, et la même punition après le péché (Gn
3,17-19). Mais ce péché contre la terre, nous sommes en train de le continuer
actuellement. C’est ce que Saint Paul explique, dans ce texte que nous avons
déjà souvent cité : «
toute la création est dans les douleurs de l’accouchement. Elle attend d’être
libérée de la corruption, ensemble avec nous » (Rom 8, 21-23). Un
psaume chante : » qu’elles
sont belles, toutes les œuvres du Seigneur. Toutes les choses ont été faites,
avec leur utilité ». Et en effet, toute créature a une place dans le
plan de DIEU. Chaque créature, même la plus petite, est importante et précieuse pour DIEU. Le
psaume 36,7 chante : « DIEU
Tu sauves les hommes et les bêtes ». Le Psaume 104
29-30 chante la beauté du monde, que DIEU a créé. Nous pouvons le lire
en entier.
Ben Sirac le Sage
explique (17,1-5) : « Le Seigneur a remis aux hommes, le pouvoir sur tout ce qui
est sur la terre. Il leur a donné l’intelligence, une langue, des yeux, des oreilles
et un cœur pour penser … Il a mis la crainte dans leur cœur, pour leur
montrer la grandeur de ses œuvres. »
Le prophète Isaïe dit au chapitre 11 : « Le
loup habitera avec l’agneau, la panthère se couchera avec le petit
de la chèvre , le petit lion et
les bêtes grasses iront ensemble, conduit par un petit garçon, la vache et
l’ours mangeront de l’herbe ensemble et leurs petits se
coucheront ensemble, le lion mangera de
l’herbe comme le bœuf , le bébé jouera sur le trou du serpent, et le jeune
enfant mettra sa main sur le trou de la vipère sans danger, car on ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte. Le
pays sera rempli de la connaissance de Dieu, comme les eaux recouvrent le fond de la mer ». Et pour bien
insister, il reprend cela : » Le loup et le petit du mouton mangeront
de l’herbe ensemble. Le lion comme le bœuf mangera de la paille. Le serpent se
nourrira de poussière. On ne fera plus de mal ni de méchanceté, sur toute ma
montagne sainte. Et les jours de l’homme seront aussi longs que les jours des
arbres » (Is 65,22- 25). Voilà ce que Dieu veut pour le monde qu’il a
créé : Que les hommes vivent
longtemps et heureux, dans la bonté et l’amour. Et que les hommes, les animaux
et les plantes vivent ensemble, en paix.
Et le prophète dit à
propos du Messie « l’Esprit de Dieu reposera sur lui : un esprit de Sagesse et
d’Intelligence, un esprit de Conseil et de Force, un esprit de connaissance et
de crainte de Dieu. Sa sagesse viendra
de la Parole de Dieu qu’il écoute. Il ne jugera pas d’après les apparences, il jugera les faibles
avec justice, il rendra un jugement juste
pour les petits du pays. La justice sera
la ceinture pour attacher ses reins,
et la fidélité la ceinture de ses hanches ». Ce sont ces
qualités-là dont nous avons besoin, nous aussi aujourd’hui, pour construire
notre monde, et respecter la création
de Dieu.
Jésus, le
Christ, Roi et Sauveur de toute la Création
JESUS a passé toute sa vie en union avec la nature, qu’il aimait et
respectait. A sa naissance, IL est couché dans une mangeoire d’animaux, et des
bergers sont venus l’adorer avec leurs troupeaux (Luc 2, 7-8). JESUS
connaissait très bien, les plantes et les arbres, les fleurs et les fruits, les
oiseaux et les animaux de son pays : Il en parle sans cesse dans
l’Evangile. Et avant de commencer sa mission, IL part vivre au désert, parmi
les bêtes sauvages (Mc 1,13). Et là, les anges le servent. IL annonce la parole
DIEU, aussi bien depuis le haut des collines et des montagnes (Mt 5, 1/Mc 17,
1), qu’au bord de la mer (Mt 13, 1-52).
Pour
enseigner la parole de DIEU, JESUS prend
des exemples dans la nature : le soleil et la pluie (Mt 5,45), le ciel
et la lumière ( 5,13-14), les oiseaux (6,26) , les fleurs ( 6,28), et les
herbes ( 6,30), les raisins (6,17), le bon arbre avec de bons fruits (7,18),les
renards (Lc 9,58), la graine de moutarde (Mt 13,31), la semence (Mt 13,04), la
vigne (Jn 15, 1-17), le berger et ses moutons (Lc 15, 4-7 + Jn 10, 1-15+ Mc 6,
30-44). Il se compare lui-même à l’eau vive (Jn 4,13-14), au pain (Jn 6,48) et
à la lumière (Jn 8,12). On ne peut donc
pas séparer l’Evangile de la création. On ne peut donc pas respecter l’Evangile,
sans respecter la terre que DIEU nous a donné.
JESUS nous appelle à vivre une vie simple. Il nous dit : « ne
prenez pour la route ni bâton, ni sac, ni argent, ni pain, même pas des
habits » (Lc 9, 3) « ne vous inquiétez pas de ce que vous allez
manger, et comment vous allez vous habiller » (Mt 6,25-34). Au contraire, IL
dit qu’il est « difficile à un
riche d’entrer dans le Royaume de DIEU » (Mc 10,23).
JESUS n’est pas
ressuscité pour LUI-MEME, mais pour que
toute la création vive avec LUI, pour toujours. C’est JESUS ressuscité qui
fait vivre tous les hommes. C’est LUI le Seigneur de l’Alliance, que DIEU a
faite avec son peuple, comme il a sauvé son peuple au temps de Moïse. Il est le
Pasteur de son troupeau, qui le fait entrer dans la terre sainte, le Royaume de
Dieu.
Paul explique dans Ephésiens 1,10: « le plan de DIEU, c’est de réunir tout ce
qui est dans les cieux et sur la terre, sous un seul chef, le CHRIST ». Et
il ajoute (Col 1,15-17) : « Le
CHRIST est le FILS DE DIEU le premier né de toute la Création. Il est au-dessus
de tout ce qui a été créé. C’est par lui que DIEU a été tout créé, dans le ciel
et sur la terre : ce qu’on peut voir et ce qui est invisible, les
puissances, et les esprits, les forces, les génies et les pouvoirs du monde
invisible. DIEU a tout créé, par le
CHRIST et pour LUI. Le CHRIST existait déjà, avant la création du monde. C’est
grâce à LUI, que toutes les choses créées sont maintenues dans la vie, chacune
à sa place». Le CHRIST n’a pas sauvé seulement les hommes, Il a sauvé la
création toute entière. Et le salut de DIEU, que Jésus nous a obtenu, c’est que
nous les hommes nous vivions en amitié et en harmonie (en union) avec le monde
entier, en bonnes relations avec toutes les choses créées.
Saint François
d’Assise.
Toutes les pensées de François
d’Assise sont remplies de tendresse et de bonté, envers toutes les créatures.
Il nous montre une façon nouvelle de vivre dans le monde. Comme l’écrit Thomas
de Celano : « Dans toutes les choses,
François adore Dieu le Créateur. Il
reconnait la présence de Dieu, dans tout ce qui se passe dans le monde :
dans les bonnes choses, il admire la beauté de Dieu, dans les mauvaises choses, il
admire la bonté de Dieu». François vivait uni à toutes les créatures. C’est
avec elles toutes, qu’il chante Dieu. Alors que l’homme moderne lui, il se met
au- dessus des créatures. Il a des rapports de domination avec le monde. Et ainsi
il devient dur et méchant : il se décourage, car il ne peut pas transformer le monde comme
il le voudrait. Pour retrouver l’espérance, il faut se faire humble, et descendre à la hauteur des autres créatures,
pour créer un monde de fils et de
frères.
Cultiver la terre ou la tuer avec des pesticides et en la fatigant
jusqu’à la mort, en lui demandant de produire le maximum, ce n’est pas la même
chose. Abattre un arbre pour un vrai besoin,
et abattre toute une forêt pour
gagner de l’argent, ce n’est pas pareil. Nettoyer son champ, et allumer
des feux de brousse qui vont faire avancer le désert, ce n’est pas la même chose. Saint François nous rappelle, que les créatures ne sont pas
seulement des objets : Dieu est
présent en elles. Il a mis en elles, sa vie et son esprit. Nous ne
sommes pas seulement de passage dans le
monde, nous vivons avec lui. Notre monde moderne a besoin de Saint
François, et de tout ce qu’il nous a enseigné.
Saint François et ses
compagnons ont vécu une vie simple,
à la suite du Christ pauvre et humble. Ils
ont refusé le pouvoir de l’argent. Ils n’ont pas voulu prendre le monde et ses richesses
pour eux-mêmes. Ils n’ont pas voulu commander aux autres, ni à la création, en
se mettant au-dessus d’eux. Ils ont
regardé les créatures avec humilité, simplicité et bonté, comme des frères. Ils ont aimé, aussi bien la
nature que les hommes, pour eux-mêmes, et
non pas pour l’argent qu’ils pourraient
en tirer.
C’est à cause de cela, qu’ils ont découvert la beauté du
monde, même dans les petites choses de
la vie. C’est ce qui leur a permis de vivre heureux. Ils ont su admirer la
terre pour elle-même, sans chercher à en profiter, ni voir ce qu’ils
pourraient en tirer. Aussi bien l’air,
l’eau, la lumière, le feu, le vent que toutes les choses naturelles de la création. La terre
n’était plus pour eux, un endroit où on se bat, ou que l’on cherche
à commander. Mais un lieu pour vivre,
comme des frères et sœurs. C’est cela
qu’ils nous enseignent, encore
aujourd’hui. Nous en avons tellement besoin, dans notre monde de technique, qui casse la création. Et où nous ne savons plus admirer la beauté de la
nature. N’est-ce pas pour cela, que notre pape a pris le nom de François ?
Le document GS «
l’Eglise dans le monde de ce temps »
Nous en avons déjà cité quelques passages, au sujet de
l’environnement. En voici d’autres.
GS 47 : Dieu a demandé à l’homme, de terminer la création qu’il a commencée. Quand l’homme
cultive la terre de ses mains, ou avec
l’aide de machines, pour produire des fruits, la terre devient une maison, digne de Dieu et de la famille
humaine. Et aussi quand il participe
avec intelligence, aux différents groupes de la société. En faisant cela,
en même temps, il se cultive lui-même.
GS 13 : L’homme a souvent refusé de venir de Dieu. A ce
moment -là, il a cassé l’ordre, qui le
conduisait jusqu’au but de sa vie. Et alors, il a cassé l’harmonie (l’entente) par rapport à
lui-même, par rapport aux autres hommes,
et aussi par rapport à toute la création.
GS 12 : La Bible enseigne que l’homme a été créé à
l’image de Dieu, il est capable de
connaitre et d’aimer son Créateur,… il doit se servir de la création,
pour rendre gloire à Dieu.
GS 19 : L’homme ne vit totalement dans la vérité, que
s’il reconnait librement l’amour de Dieu,
et qu’il se donne à Dieu son Créateur.
Le chapitre 3 de notre document, comme chaque chapitre, se
termine par une réflexion chrétienne. Ce n° 72
part de la situation du monde,
pour l’éclairer à la lumière de l’Evangile. Et arriver jusqu’au Christ, qui
sauve le monde. Ce numéro montre le rapport entre la vie économique (le travail
et l’argent), et le Royaume de Dieu à construire sur cette terre. Il dit :
« Des chrétiens sont engagés dans le
développement économique, pour faire avancer la société. Ils luttent pour faire
grandir la charité. En faisant cela, ils font beaucoup, pour le bien des hommes
et pour la paix du monde « (72, 1). Cela nous rappelle les numéros 67
et 34 qui expliquent que par son travail, l’homme participe à l’action du
Christ, qui sauve le monde. Donc chercher le Royaume de Dieu ne doit pas nous
amener, à oublier les problèmes du monde. Au contraire, cela nous donne encore
plus de force, pour aider nos frères, et chercher des solutions aux problèmes
de la société, en particulier ceux de l’environnement : « Celui qui suit le Christ et cherche d’abord
le Royaume de Dieu, il trouve un amour plus fort et meilleur, pour aider ses
frères, et pour travailler dans la justice et dans l’amour » (72, 2).
Le chrétien donne l’exemple d’une vie écologique, en suivant les Béatitudes
dans l’esprit de pauvreté (72, 1). Alors l’amour du Christ passe dans toute la vie
économique. Et les actions faites ensemble avec les autres hommes, construisent
le Royaume de Dieu, qui est déjà présent sur cette terre d’une façon cachée
(39).
Les papes
Rappelons où nous sommes arrivés : Nous sommes tous responsables
de la terre. Nous ne devons ni la salir (la pollution), encore moins la casser.
Pourtant c’est ce que nous faisons, avec nos usines, nos voitures, nos feux de
brousse et beaucoup d’autres choses. Nous en connaissons bien les
conséquences : La terre se réchauffe, les glaces des pôles fondent, et le
niveau de la mer augmente. Les gaz, que nous produisons par nos usines et nos voitures, attaquent la
couche d’ozone, qui nous protège des rayons du soleil. Nous coupons trop
d’arbres, sans en replanter d’autres, et le désert avance. Les forêts
disparaissent, mais aussi beaucoup de plantes et d’animaux. On parle beaucoup
actuellement de la protection de la terre, et du respect de la création de
Dieu. Mais cela reste souvent au niveau des idées. On fait de grandes
conférences internationales, qui coûtent très cher, où on fait beaucoup de discours, mais où on ne
prend aucune décision. Et il n’y a aucun pouvoir international, pour contrôler ce qui se fait réellement.
Pourtant, le respect de la création peut nous aider beaucoup. Pas seulement
pour partager les richesses de la terre dans la justice, mais aussi pour l’écologie. Que faire ?
Ecoutons ce que les derniers papes ont dit.
-La première chose, c’est de
s’occuper de l’homme, pour le faire
grandir dans toute sa personne : son corps, son esprit, sa force de
travail, et sa place dans la société. Pour le bien, non seulement de chaque
homme en particulier, mais de la société toute entière. Et pour un meilleur
avenir du monde. Benoît 16 expliquait :
« L’Eglise doit protéger la terre,
l’eau et l’air. Car c’est la création de Dieu, qui appartient à tous. Mais
l’Eglise doit surtout protéger l’homme. Et ces deux choses doivent aller
ensemble : la nature (l’environnement, le monde qui nous entoure), et l’homme.
Nous avons donc les mêmes droits, par rapport à la nature et par rapport à la personne
humaine».
-Dieu a donné la création à
l’homme. Les écologistes nous rappellent qu’il ne faut pas respecter seulement l’homme, mais toute la création. L’homme
doit se servir de la terre, que Dieu nous a donnée, comme Dieu le veut : en
la respectant, et en la protégeant pour qu’elle vive. Au moment du Concile en
1965, on n’avait pas encore très bien compris l’importance de l’écologie (le
respect de la nature). Mais maintenant, nous devons à tout prix le faire. Si on sait respecter l’homme, on saura
aussi respecter la nature. Car les plantes et les animaux, ont aussi été créés
par Dieu. Rappelons ce que dit Saint
Paul : « La création attend que
le Fils de Dieu apparaisse… et elle espère être libérée elle aussi, de la
pourriture et de l’esclavage, pour entrer dans la liberté et la gloire des
enfants de Dieu. En effet nous le savons, toute la création est dans les
souffrances d’une nouvelle naissance » (Romains 8, 19 à 21).
Jean
Paul 2 a expliqué cela dans sa lettre « Le
Rédempteur de l’homme », n° 9 : Le Dieu qui a créé le monde, Il est aussi celui qui le
sauve. Dieu est « fidèle à lui-même ». Il est fidèle à son amour, envers
l’homme, et envers le monde. Aujourd’hui, aussi bien qu’au 1° jour de la
création. Et son amour est un amour, qui ne recule devant rien de ce que
demande la justice. Son amour est toujours plus grand que toutes les créatures,
« car Dieu est amour ». Et la justice de Dieu est un amour
qui fait toute chose, pour le bien de l’homme dans l’harmonie (l’entente et la paix). Jean
Paul 2 disait encore dans sa lettre du 1er janvier 1990, pour la
Journée Mondiale de la Paix : « Les
hommes pensent de plus en plus, au respect de la création de Dieu (l’écologie).
Il faut y encourager les hommes. Et mettre en place des actions concrètes pour
cela ».
Jean Paul 2 rappelle tout ce
qu’on fait dans le monde, contre l’environnement. Et il ajoute : « Mais
le plus grave, c’est que l’homme ne
respecte plus la vie : fabriquer beaucoup de choses est devenu plus important, que la vie des
travailleurs. On ne respecte plus leur dignité. L’argent est devenu plus
important que les personnes humaines… Et c’est la même chose avec la biologie
(les sciences de la vie) : on cherche à transformer les plantes (les OGM)
et les animaux (les clonages), et même les hommes. Cela risque d’être très dangereux pour notre avenir… Dieu a fait
la terre pour tous. Ce n’est pas juste que quelques personnes prennent les
biens de la terre pour eux seuls, pendant que de nombreuses personnes vivent
dans la misère. Dans le monde que Dieu a
créé, nous dépendons les uns des autres. Nous devons agir en pensant à tous les
autres.
-Il ne suffit pas de bien partager les choses, entre les hommes qui vivent
maintenant sur terre. Nous devons penser
aussi aux hommes, qui viendront après nous. Et leur laisser les moyens de
bien vivre. Benoît 16 expliquait
pour la Journée Mondiale de la Paix (1er janvier 2010) : « Nous utilisons les richesses de la
terre, pour nos besoins actuels (les ressources naturelles). Mais il ne faut
pas que cela fasse souffrir les hommes, et toutes les plantes et les animaux
qui vivent aujourd’hui. Et encore moins, ceux qui vont venir plus tard. Il ne
faut pas que les activités des hommes d’aujourd’hui, cassent la fécondité de la
terre, ni pour aujourd’hui, ni pour demain. » (n°8). Voir aussi le
compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise au n° 482
Benoît 16 disait encore dans ce message de la journée mondiale de
la PAIX, du 1er Janvier 2010 : « si tu veux construire la paix, protège la création (ce que DIEU
a créé). La création est très importante. C’est le début de toutes les choses
que DIEU a faites. Le développement total de l’homme, dépend du rapport que
l’homme a, avec le monde qui l’entoure. Ce monde c’est un cadeau que DIEU a
fait à tous. Nous devons le protéger, et le faire grandir. Nous en sommes
responsables devant tous les hommes, en particulier devant les pauvres, et les
hommes qui viendront après nous. Certains pensent que la nature a été créée,
seulement par hasard. Et que l’homme est le résultat obligé, de l’évolution des
espèces animales. A ce moment-là, on risque d’oublier la responsabilité que
nous avons, face au monde ». Benoît 16 ajoutait : « Quand
on utilise les ressources de la nature,
il ne faut pas que ce qu’on gagne ait des conséquences mauvaises, pour les
êtres vivants, hommes, animaux et plantes, présents et futurs. Que les actions
de l'homme ne cassent pas la fécondité de la terre, pour le bien d'aujourd'hui
et celui de demain…Il
faut prendre des décisions courageuses, pour refaire une alliance forte entre
les hommes et la terre, avant que ce ne soit trop tard. Il faut dire oui avec
force, à la protection de la création. Et vivre cet engagement fortement, pour
arrêter les façons de faire, qui vont casser la terre pour toujours ». Benoît 16 expliquait
encore : « Pour cette question,
il faut penser à toutes ces dimensions : l’écologie (la nature), les lois
et la politique, l’économie (la production des richesses), la culture (la
civilisation), les traditions et les valeurs » (Lettre : La
Charité dans la Vérité).
-Le pape François, dès qu’il a été nommé pape, a dit (homélie
du 19-3-13) : »Nous sommes les
gardiens de la Création. Nous voulons faire ce que Dieu nous demande pour
l’environnement. Ne permettons pas que des actions de mort, cassent la marche
de notre monde. C’est notre responsabilité : Dieu a confié le monde entier
à l’homme ».Et il ajoutait à l’audience du 5-6-2013 : » Au début du monde, Dieu a dit à Adam et Eve,
de cultiver et de protéger la terre. Il redit la même chose aujourd’hui à
chacun de nous. ‘Dieu veut que nous fassions grandir le monde, mais en prenant
nos responsabilités. Pour en faire un jardin, où tous pourront vivre.
Malheureusement, souvent, nous sommes orgueilleux. Nous voulons commander, et
dominer la Création. Nous la prenons pour nous. Nous l’utilisons, et nous
l’exploitons, sans la respecter. Nous oublions que c’est un grand cadeau, que
Dieu nous a donné gratuitement, et dont il faut prendre soin. Nous ne savons
pas admirer la beauté du monde. Nous ne savons plus l’écouter…Prenons
l’engagement sérieux, de respecter et de
protéger la Création. De faire attention à toutes les personnes. De lutter
contre le gaspillage. Et de faire grandir la civilisation de la solidarité, de l’amitié
et de la rencontre. »
Voici la 22ème
proposition des Evêques au 2ème Synode pour l’Afrique :
« nous constatons que de nombreuses
personnes, à tous les niveaux, continuent de faire souffrir la nature. Et à détruire le monde si beau, que DIEU
nous a donné. On utilise les richesses de la nature, plus que ce qui est
acceptable et utile. La terre est notre mère, mais on l’a cassée, sans
réfléchir. Et on continue à la détruire, sans intelligence. Des hommes et des
femmes d’affaires, des gouvernements et des sociétés multinationales se mettent
d’accord, avec des responsables politiques et économiques africains : ils
lancent des activités qui salissent l’environnement (la pollution), et qui
détruisent les plantes, les animaux, la nature et les forêts. C’est cela, la
cause de l’usure de la terre (l’érosion), et de l’avancée du désert sur de
grandes étendues, comme cela n’a jamais été fait avant. Tout cela est un grand
danger pour l’humanité et l’univers tout entier». Il ne s’agit donc pas
d’une crise naturelle et économique, mais d’une crise spirituelle, qui est causée par l’homme. C’est parce que
l’homme ne sait plus accueillir le monde, comme un cadeau de DIEU qu’il nous
faut protéger. Pourtant, c’est en respectant la création de DIEU, que nous
pouvons Lui rendre gloire. Donc ce sont bien des hommes et des femmes, qui
détruisent et cassent la terre. Et cela par égoïsme, sans penser aux autres,
pour l’argent (raison économique), sans réfléchir, et sans faire ce qui est
nécessaire pour éviter cela. C’est pourquoi, les évêques ajoutent : » Pour rendre la terre habitable pour ceux qui viendront après nous,
mettons en place un environnement durable et responsable. Nous
demandons aux Eglises, de faire une véritable
éducation sur les problèmes de l’environnement. Qu’elles demandent aux
gouvernements, de mettre en place
des plans pour la protection de la terre,
et pour développer d’autres sources
d’énergie renouvelable. Qu’elles demandent à tout le monde, de planter des
arbres et de respecter la nature, qui est notre bien commun à tous, et qui est
sacrée. Tout cela dans la clarté, et le respect de la dignité humaine ».
L’écologie et l’Eglise catholique
L’Homme moderne pense qu’il
est au-dessus de la nature. Qu’il ne dépend pas d’elle. Et qu’il peut la
commander, l’utiliser et faire ce qu’il veut, grâce au progrès de la science et
des techniques modernes. Il faut retrouver le respect de la nature, qui était
si importante pour nos ancêtres. Il faut obliger nos Etats et les grandes
sociétés internationales, d’arrêter de casser, de salir et de tuer la nature.
Pour cela on a besoin d’un pouvoir mondial, qui cherche le bien de
tous les hommes : Le bien de l’humanité d’aujourd’hui et le bien de ceux
qui viendront après nous. Cela pourrait être le rôle de l’Union Africaine, si
elle s’en donnait les moyens. Et de l’ONU si elle en avait vraiment la volonté.
Avec la mondialisation, nous vivons aux dimensions du monde. Nous ne pouvons
pas laisser les Etats et les sociétés faire ce qu’ils veulent, pour leurs
propres profits. Sans penser à la souffrance des pays moins développés, et des
plus pauvres de chez eux, ni à l’avenir du monde. L’Eglise catholique (c’est-à-dire
Universelle) a un rôle important à jouer, à ce niveau. De même que toutes les
autres Organisations Internationales : ONG, Associations, etc…C’est ce que
nous demandent l’Evangile, et le Christ maître du monde entier. Car Il est le
Sauveur, non seulement des hommes, mais de tous l’Univers : le ciel, la
terre et tout ce qu’il y a sous la terre. Et de tous ceux qui vivent : les
plantes, les animaux, aussi bien que les hommes. Ceux d’aujourd’hui et ceux de
demain
L’ONU a organisé le sommet de Copenhague du 7 au 18
décembre 2009, sur la question du réchauffement climatique. Il regroupait les
responsables de tous les pays du monde. Voici ce que les responsables des
Eglises de France ont écrit au Président
de la République : «A cette
occasion, vous pouvez ouvrir un chemin nouveau, pour toute l’humanité qui est en danger. C’est très
important et l’espérance est immense….
Nous croyons que la terre est un cadeau
de Dieu, Dieu nous a donné la responsabilité d’organiser la terre, avec un
grand respect, en cherchant la justice
pour tous. C’est l’avenir de
toute la création qui est en jeu. Et
ce sont les peuples les plus pauvres qui
souffrent le plus, de la mauvaise organisation actuelle du monde. L’heure n’est
plus aux sentiments généreux (aux
grandes idées et aux grands discours). Il faut des décisions précises, et des
actions concrètes. Si on veut bien utiliser les biens de la terre d’une façon
plus intelligente, il faut changer notre façon de vivre. Il faut prendre des
décisions claires, pour diminuer notre consommation (l’utilisation que nous faisons
des choses de la terre). Aussi bien au niveau de chaque personne, qu’au niveau
de nos communautés, de chaque pays et du monde entier ».
Voici maintenant l’appel d’un groupe de chrétiens, pour
cette rencontre de Copenhague : « nous
chrétiens, nous nous engageons à mener des actions, et à soutenir les associations,
les partis politiques et les Eglises, pour diminuer la production des gaz à
effets de serre (les gaz produits par nos moteurs, qui attaquent la couche
d’ozone, qui protège la terre des rayons ultraviolets du soleil ; quand cette
couche disparaît le soleil tape directement sur la terre, qui se réchauffe,
avec toutes les conséquences). Nous croyons qu’il est possible d’habiter la terre
sans la casser. Nous nous engageons à
changer nos comportements, par tous les moyens qui sont les nôtres, pour
l’alimentation, les transports, les loisirs, le travail, la construction des
maisons, etc… Nous avons décidé de vivre d’une façon plus simple et plus
responsable, en réfléchissant aux conséquences de ce que nous faisons, et en
étant plus solidaires des autres et plus communautaires»
Les évêques de
France ont écrit en 2012 ( Enjeux
et défis écologique de l’avenir) :
« L’Eglise ne peut pas remplacer les savants, ni les responsables
politiques. Mais elle souhaite participer à la création, parce que c’est Dieu
qui a créé l’homme. Par conséquent, tout ce qui concerne l’homme intéresse
Dieu. Dieu a créé l’homme le 6ème
jour après les plantes et les animaux, puisqu’il a besoin d’eux, pour vivre. Et
d’abord de la terre, de l’eau et de l’air. Noé a pris un mâle et une femelle de tous les animaux, pour les
sauver. Et Dieu a fait alliance avec eux, après le déluge. Par conséquent, l’homme doit vivre en amitié
avec toute la nature. Il n’a pas le droit d’en faire ce qu’il veut. Les hommes doivent donc
réfléchir ensemble, à la façon dont ils vivent dans le monde. Dans toutes les
activités de la société, on doit penser à l’environnement et à l’écologie. Et
par l’Arbre de la Croix, les arbres sont
présents, même dans le mystère de Jésus qui nous sauve. Car c’est sur un arbre ( par sa Croix) que Jésus a sauvé toute la création. »
En juillet 2.013, l’Union
Européenne a refusé à nouveau l’utilisation des OGM, venant des Etats Unis, (Organismes
Génétiquement Modifiés : des semences qu’on a transformées, et qui peuvent
avoir des conséquences sur les semences naturelles, et sur la santé). Et la
société Monsanto a arrêté ses projets de vente en Europe. A l’inverse, les députés français ont voté une
loi, permettant des recherches sur les embryons humains, alors qu’on peut
obtenir les mêmes résultats, en faisant ces recherches sur les autres cellules
du corps (les cellules-souches). Dans un entretien publié le dimanche
21 juillet dans le journal Le
Parisien, l’archevêque de Paris,
le cardinal André Vingt-Trois, a réaffirmé les positions de l’Église sur
les questions de société, notamment les recherches sur l’embryon. Il a insisté
sur la nécessité d’un engagement politique, pour la défense et le respect de la
vie : « Le statut de l’embryon
est une question de société. On est devant un premier stade de l’existence
humaine, qui n’a pas encore toutes les possibilités d’une personne. Mais
l’embryon mérite d’être traité comme une personne humaine, avec le même respect. L’écologie
doit d’abord être au service de l’homme. Et le principe de précaution (pour
éviter des conséquences mauvaises) , qui vaut pour les OGM, doit aussi être
appliqué à la personne humaine ».
La Conférence des
évêques catholiques des Etats Unis explique : « Nous
devons beaucoup apprendre des mouvements
écologiques, pour la protection de l’environnement, et le respect de la
nature : reconnaître nos limites, et les relations entre la terre, les
plantes, les animaux et les hommes. Nous voulons mettre en place des actions et
des politiques durables, et qui respectent l’écologie. Tous nous pensons à
l’avenir de la terre, et nous pouvons faire beaucoup de choses ensemble. Le
monde, comme l’homme, ont été créés par Dieu. Un chrétien ne peut pas séparer le respect des autres hommes, et le
respect de la création. Faire souffrir la terre diminue notre dignité. Pas
seulement parce que nous détruisons, ce dont les hommes qui viendront après nous,
auront besoin pour vivre. Mais d’abord, parce que cela nous rend mauvais et
méchants, et nous empêche d’être vraiment hommes. La défense de la vie des
hommes ne peut pas être séparée, de la défense de tous les êtres vivants. Le
respect de la création de Dieu fait partie de notre foi ».
Pour bien comprendre cela,
nous devons nous demander : quel est
le but de la vie sur la terre ? Est-ce que c’est seulement de préparer
notre vie au ciel ? En effet le monde est bon, il a été créé par Dieu. Si
le monde est bon, nous devons donc l’aimer. C’est pourquoi, il est nécessaire
de rendre cette terre plus belle. Et d’abord de la protéger, par amour de nos
frères et de nos sœurs.
Pour cela il faut que l’homme accepte de ne plus être le
centre du monde. Le centre du monde c’est Dieu. Et son Fils Jésus Christ s’est
fait homme, pour sauver la terre entière (pas seulement les hommes). L’humanité
(l’ensemble des hommes) fait partie de l’univers qui avance. Le mercredi des
cendres on nous dit : « Souviens-toi
homme, que tu viens de la terre, et que tu retourneras à la terre ».
Mais en même temps, nous savons que Jésus Christ reviendra ressusciter tous nos
morts (la résurrection de la chair), comme nous le disons dans le « Je
crois en Dieu ». Nous attendons le retour de Jésus, à la fin du monde. Jésus
ne prendra pas seulement nos âmes, Il ressuscitera nos corps. Et Lui-même
reviendra avec son corps glorieux. Notre corps qui vient de la terre ne sera
pas détruit, mais au contraire rempli de la lumière de Dieu, pour vivre pour
toujours. Et Saint Pierre dit : « Nous
attendons des cieux nouveaux, et une
terre nouvelle, où la justice habitera » (2ème Pierre,
3, 13) – voir déjà Isaïe 65, 17 et 66, 22 et le Rêve de Saint Jean (Apocalypse
21, 1).
C’est donc notre foi en Dieu qui donne la vraie raison
de l’écologie. Elle nous en donne une base solide. C’est cette base que
nous avons à partager avec le mouvement écologique : pas seulement les
moyens pour protéger la terre, mais les raisons de la protéger. Notre monde a
besoin d’être sauvé. Notre document GS rappelle que « comme l’homme et avec lui, le monde créé par Dieu dans l’amour, est
tombé dans l’esclavage du péché. Mais Dieu veut le sauver, pour qu’il arrive à
son but final en totalité ». La création n’est pas finie, elle
est en marche vers sa perfection finale.
Malgré tout, la personne humaine reste la plus grande richesse de la
terre. C’est la vie humaine, qui doit être respectée en premier. Il est
vrai que, avec les découvertes modernes et les changements dans notre société,
on ne respecte plus autant la vie de l’homme : que ce soit sa naissance
avec les avortements, ou la fin de la vie avec l’autorisation de l’euthanasie.
Et c’est pareil pour les autres choses. Par exemple, on ne respecte pas la vie
des travailleurs. Ce qui compte pour beaucoup de personnes et de sociétés,
c’est l’argent. Pourtant la plus grande richesse du monde, c’est l’homme. On
doit donc le respecter, comme le disait le fondateur de la JOC (Jeunesse
Ouvrière Chrétienne), le père Cardjin : « un jeune travailleur vaut plus que tout l’or du monde ». Mais
c’est aussi parce que l’homme peut faire avancer la terre, et faire grandir le
monde. C’est pour cela que l’on parle de ressources humaines. Elles sont plus
importantes que les ressources naturelles : le fer, l’or, ou le pétrole.
La première chose à faire c’est donc de respecter et de faire grandir la vie
humaine, et la vie de tous les hommes.
L’homme n’est pas le maître de la création, il en est seulement le
responsable. Ce n’est pas lui qui a créé le monde, c’est Dieu. L’homme doit
donc protéger la création de Dieu, et la rendre meilleure. Et non pas la tuer,
ou la rendre plus sale ou malade. L’homme doit rendre la terre belle, et
meilleure à vivre. C’est cela la volonté de Dieu. Quand Dieu a créé le monde,
il a vu que tout cela était bon. Il nous l’a confiée, pour que nous la
gardions. Et même que nous la rendions meilleure. Car la création n’est pas
finie. Dieu fait vivre le monde, jusqu’à aujourd’hui. Et Il nous appelle à
travailler avec Lui, pour faire avancer le monde et rendre la création
meilleure.
Donc le bien de l’homme et le
bien de la création avancent ensemble. L’homme doit vivre en paix avec les
autres hommes, mais aussi avec la nature. Notre foi chrétienne est très
importante pour cela. Elle nous rappelle, que nous pouvons utiliser la terre
pour nos besoins. Mais sans oublier ce que Dieu a fait, et ce qu’il veut pour
la terre. Donc de nous servir de la
terre, comme Dieu le veut. Et de travailler ensemble avec Dieu. Et non pas
de prendre sa place. D’ailleurs si nous faisons souffrir la terre, elle va se
révolter, et nous serons les premiers à en souffrir. Avant de penser à utiliser
les richesses de la terre, il nous faut donc dire merci à Dieu, comme nous le
dit notre document GS : « Gardez
les qualités de contemplation (voir Dieu dans le monde) et d’admiration, qui
peuvent nous conduire à la vraie sagesse… C’est le Saint Esprit qui nous
conduit à la foi, et à voir l’action de Dieu dans le monde, avec joie… Cela
nous demande de détacher notre esprit des choses matérielles ».
Dans chaque pays, il est important de mettre en pratique,
ce que nos évêques disent. Par exemple, sur le déboisement et les feux de
brousse. Ou sur les conséquences des mines qui salissent la terre, et empêchent
les habitants de bien vivre. (Voir par exemple en annexe, la lettre de Carême
2.013 des évêques du Sénégal). Et aussi de se renseigner, sur ce que les autres
églises chrétiennes et les autres religions, disent de cette question. En voici
quelques 1° idées.
Les autres Eglises chrétiennes :
Il y a des groupes
« chrétiens » (des sectes ?), qui disent qu’on peut détruire la
terre sans problème. Au contraire, quand on aura coupé le dernier arbre, ce
sera la fin du monde. Et alors Jésus reviendra ! Mais ce n’est pas l’avis
des religions chrétiennes. Par exemple, l’Eglise
baptiste des Etats Unis affirme : « nous sommes appelés à travailler avec Dieu, pour transformer ce monde,
cassé par le péché. Pour qu’il reçoive ce que Dieu veut pour lui : la
beauté, la santé, la paix, l’entente, la justice et la joie. Comme le dit la
Parole de Dieu (Isaïe 11, 6-9 – Michée 4, 3 à 4 – Ephésiens 2, 10 –
Apocalypse 21, 1 à 5). Nous devons
travailler avec Dieu pour protéger la terre, la rendre nouvelle et la faire
grandir. Pour conserver la vie sur la terre, permettre à tous les hommes de
mieux vivre, et augmenter la justice dans un monde de paix ».
Le réseau pour l’environnement de l’Eglise évangélique est « une action, pour annoncer que le Christ est
le roi de la création » (Corinthiens 1, 15 à 20). Pour eux les besoins
de l’environnement, ce sont d’abord les besoins spirituels. Si nous voulons
prier et honorer Dieu en vérité, nous devons aimer et prendre soin de la
création. Mais nous avons péché, nous n’avons pas su respecter la création, que
Dieu nous a donnée. Maintenant, nous voulons travailler pour guérir et protéger
la création, pour l’honneur et la gloire de Dieu son Créateur. Pour cela la Bible nous dit quatre choses :
1.
Convertissez-vous, changez vos manières de
faire. Car la terre appartient à Dieu.
2.
Résistez aux faux prophètes, et aux idées
nouvelles qui vont contre la volonté de Dieu.
3.
Comprenez ce que la Bible nous dit, sur Dieu
comme Créateur. Et sur notre responsabilité, par rapport à la terre. En nous
rappelant que la création attend, que les enfants de Dieu se montrent (Romains
8, 19).
4.
Admirez la beauté de la création, et de tout
ce que Dieu fait dans le monde, pour comprendre à la fois, sa grandeur et sa
bonté. Car le but de Dieu, c’est de guérir et de rendre parfait, grâce au
Christ. Pas seulement les personnes, mais tout ce qui existe… Le Christ apporte
l’espoir, pas seulement aux hommes, mais à toute la création, qui souffre à
cause du mauvais comportement des hommes.
L’archevêque Thabo,
de l’Eglise anglicane d’Afrique du Sud a invité les croyants, à faire un
jeûne du carbone pendant le Carême (car c’est la production de Carbone, qui
réchauffe la terre, avec toutes ses conséquences). Il explique : « le carême est le temps de la
pénitence et du jeûne, pour laisser tout ce qui va contre la volonté de Dieu, et pour faire ce qu’il veut pour le monde. Pendant ce carême, je
vous invite tous à agir
« pour l’amour et le sacrifice »,
en luttant contre les changements du climat. Et pour aider tous ceux qui en supportent les
conséquences ». Et il a proposé
des actions, pour les pays qui souffrent le plus des changements du climat. Par exemple le
Mozambique, où plus de 150 000 personnes
se sont retrouvées sans maison,
suite à des inondations. Il dirige l’ ACEN (réseau de la Communion
Anglicane pour l’Environnement). Il explique : « au lieu de faire des aumônes, il vaut mieux
diminuer notre production de carbone,
en changeant notre façon de
vivre ». Il demande aussi de diminuer la quantité de viande que l’on
mange. « Car pour produire 1 Kg de viande, on rejette dans l’air, autant de gaz
que si on conduit une voiture pendant
plusieurs heures, ou si on laisse la lumière allumée toute la
nuit dans une maison ». Et pour produire une protéine animale, il faut
environ 7 protéines végétales (l’herbe que mangent les animaux).
Toutes les Eglises chrétiennes d’Europe ont écrit ensemble un
document (les Eglises faces aux changements climatiques du
06/11/2009) : « il y a de grands problèmes actuels dans le
monde, au niveau économique. En particulier, par rapport à l’écologie. Nous les
chrétiens, nous devons vivre ces problèmes selon notre foi, en gardant
l’espérance. En aimant non seulement DIEU, mais le monde entier, que DIEU
lui-même à créé…
Le problème de l’écologie n’est pas seulement un problème technique. Nos
cultures (nos traditions), la morale (faire le bien), la foi et la religion ne doivent pas être oubliées, pour trouver des
solutions valables pour tous. Des solutions durables, et qui permettent un développement total de l’homme,
et de tous les hommes. Il ne s’agit pas seulement, de penser à nos droits. Nous
devons penser aussi à nos responsabilités les uns envers les autres, et envers
le monde entier. Et également par rapport à nos enfants, et aux hommes qui
viendront après nous.
Nous demandons à tous les chrétiens d’entrer en contact avec
leur gouvernement, pour prendre les mesures nécessaires, pour diminuer le changement
de climat. Même si cela coûte cher, et nous demande des efforts, et des changements
dans notre façon de vivre. Dans cette action, nous devons surtout penser aux
plus pauvres d’entre nous. Ils ne sont pas responsables de la destruction
de la nature, parce qu’ils n’ont presque pas de machines qui polluent
(salissent) l’air et réchauffent la terre. Pourtant ce sont eux qui en
souffrent le plus, car ils supportent les conséquences du mauvais comportement
des riches, qui ont pris la terre pour eux. Ce n’est pas juste !
Nous demandons aux gouvernements, de faire les efforts
qu’il faut. Et de trouver les moyens nécessaires, pour arrêter de casser la
terre. Et pour diminuer toutes les souffrances, qui viennent du réchauffement
de la terre, de la diminution des
richesses de la nature, et de tous les autres problèmes du monde.
Nous commençons par
demander à toutes les Eglises, de
faire elles-mêmes des efforts, pour diminuer l’énergie qu’elles utilisent
(carburant, électricité,…etc.). Et d’utiliser d’avantage les énergies
renouvelables (vent, eau, soleil qui ne s’épuisent pas), par les éoliennes, les
panneaux solaires…etc. Nous demandons à toutes les Eglises de travailler
ensemble. Et aussi de travailler avec les autres organisations du monde, qu’elles
soient religieuses ou non. Nous demandons aux Eglises de prier pour la terre.
Et en particulier, de prier avec ceux qui souffrent le plus, de ces
transformations de la terre. De prier aussi, pour trouver le courage, pour
changer notre façon de vivre (n°27).»
C’est pourquoi, les Eglises ont
organisé sur place des prières, pendant toute la conférence de Copenhague. Et
elles ont demandé à toutes les communautés chrétiennes, partout dans le monde,
de prier le jour de l’ouverture à 15heures, toutes en même temps. Et de sonner
les cloches 350 fois à 15 heures, d’après leur heure à eux : pour qu’il y
ait une longue chaine de prière à la suite, dans chacun des pays du monde
entier, pendant 24 heures. C’était un signe important, pour montrer l’engagement
les Eglises du monde entier, par rapport à l’écologie. Le message se termine
ainsi : « Nous demandons à DIEU,
de nous donner dans sa grâce et sa sagesse, la possibilité de faire face aux
crises actuelles de l’environnement. Et nous nous engageons à répondre à
l’appel de JESUS et de son Evangile, pour construire nos sociétés selon LA
JUSTICE et LA SOLIDARITE ».
Le réseau
environnemental chrétien européen (ECEL) a été créé au rassemblement
œcuménique de Gratz, en 1997, suite à l’action de pasteurs protestants, en
faveur du respect de la création, depuis les années 1950. Il a été rattaché à
la Conférence des Eglises européennes (KEK). Il travaille en lien avec les
conférences épiscopales catholiques européennes(CCEE). L’ECEL demande un
changement de vie, à cause des transformations du climat. Il intervient aussi,
auprès des députés de chaque pays (parlement), et des rencontres de l’ONU, par
exemple à Kyoto et à Bali. Il lance aussi de grands projets pour économiser
l’énergie, des journées de la création, et des actions œcuméniques pour la
justice, la paix et la réconciliation.
Le 10 juin 2002, le Pape Jean Paul 2 et le Patriarche Bartholomée 1
de Constantinople, ont fait une déclaration commune. Ils ont insisté sur le
fait, que le respect de la création vient du respect de la vie humaine, et de
la dignité de l’homme. Le manque de responsabilité par rapport à la nature, ce
n’est pas seulement un problème technique (de moyens). C’est un problème moral
(de bon comportement). Il faut donc changer de comportement. Et nous regarder
les uns les autres, mais aussi le monde qui nous entoure, dans la foi. Pour
faire ce que Dieu veut, pour la création. La science est un bon moyen de
protéger la terre. A condition de voir comment les découvertes de la science
sont utilisées, pour respecter l’homme, le bien commun et le bien de la
création elle-même. C’est une question difficile. C’est pourquoi, nous devons
travailler avec tous, écouter les avis de tous, même de ceux qui n’ont pas les
mêmes idées que nous.
Ensuite,
Jean Paul 2 a envoyé une lettre à Bartholomée 1, en janvier
2003, à l’occasion du 5ème
Symposium
sur l’environnement. Il demande de bien comprendre, d’où vient exactement le
problème
de l’environnement. Pour lui, cela vient de ce que l’homme oublie, que dans son
action dans le
monde, il doit toujours respecter ce que Dieu
veut. Il
faut donc une conversion écologique, pour rejeter
le désir de toujours produire plus, pour profiter
davantage
des choses (productivisme et consommation). Et chercher à vivre dans la justice
et la solidarité.
Les
orthodoxes pour cette question insistent surtout sur la conversion intérieure
qu’ils appellent enkrateia : se
Limiter,
et savoir se retenir dans notre consommation de nourriture, et des autres biens
de la terre : nous limiter
à ce dont nous avons besoin, au lieu de suivre tous nos désirs.
Devant la publicité et les biens modernes, savoir
dire non,
ou ça me suffit comme ça, j’ai déjà ce
qu’il faut. C’est de cette façon, que nous pourrons trouver notre
vraie
place dans l’univers. C’est cela la base de la morale, par rapport à
l’environnement. La croix du Christ est
au
centre du monde, et elle nous sauve. Notre croix (nos sacrifices et nos
efforts) doit être aussi au centre de
nos
actions, pour rendre le monde meilleur et le transformer.
Jean Paul II parle surtout
de « l’écologie humaine, pour rendre
plus digne la vie de toutes les créatures. Protéger
la bonté de la vie dans toutes ses manifestations. Et
pour garder un bon environnement pour les hommes
qui viendront après nous, comme Dieu le veut ».
Prière œcuménique : Seigneur tu nous as donné la terre en cadeau, pour la rendre plus
belle. Mais nous n’avons pas su reconnaitre ta Gloire, dans la grandeur de la
nature. Seigneur tu nous as donné la vie,
pour que nous habitions dans le monde,
qui est ta maison. Et pour que nous
la partagions, avec tous nos frères les
hommes. Mais nous avons refusé, d’aimer le
monde comme tu nous aimes. Seigneur que ton règne vienne, et nous
remplisse de ta vie.
Un point de vue musulman :
D’après Ibrahim Ozdemir de l’Université d’Ankara : « Il faut reconnaître le pouvoir de
Dieu, sur toutes les créatures. Mais reconnaître aussi, que l’homme est le
lieutenant (le gérant) de Dieu sur la terre. La création nous montre la
grandeur de Dieu : elle est le livre, dans lequel nous pouvons lire
l’action de Dieu. C’est pourquoi, nous devons conserver les richesses de la
terre, et les protéger ». Ibrahim cite un passage du Coran, qui ressemble
à ce que le livre de Job nous dit dans la Bible : « L’homme n’est rien devant Dieu. Au jugement
dernier, il devra rendre compte à Dieu, de ce qu’il aura fait avec la création.
Et comment il l’aura traitée ». Donc respecter la terre, c’est un devoir.
Une des idées très importantes
de l’Islam, c’est l’unité. Dieu est unique. C’est pourquoi, l’homme doit garder
l’unité, entre les hommes et la nature.
C’est ce qu’on appelle l’intégrité de la création.
Une deuxième idée très
importante de l’Islam, c’est la pureté. Il faut garder la pureté de l’homme,
mais aussi de la création et de l’environnement : « La pureté c’est la moitié de la foi ».
Le prophète a interdit de salir, les routes et les chemins que les hommes
utilisent, et les endroits où il s’assoit. Dieu a créé l’univers propre. C’est un devoir de le garder propre.
Quand nous admirons la beauté
de la vie et la grandeur du monde, nous admirons Dieu qui a fait tout cela.
Alors, nous sommes prêts à agir avec Lui, et comme Lui. Pour continuer sa création, et faire avancer le monde entier, pas
seulement la société des hommes.
Les sourates 25 et
45 demandent à l’homme, de faire la différence entre le bien et le mal. Et
se conduire dans l’Amour, la Justice et
la Bonté. Car l’homme est le représentant (Khalifa) de DIEU sur la terre.
Les
religions traditionnelles :
La Parole de Dieu est dans la Bible
(la première et la nouvelle Alliance). Mais
Dieu parle aussi dans les autres religions, dans les autres cultures, et
dans les différentes situations humaines (la vie du monde, les signes des
temps). Car Dieu est la source de la lumière et de la vie, pour toute la
Création. Il a mis son Amour et sa Parole, aussi dans les autres civilisations
et religions. Notre document (GS 44) affirme : »L’expérience des hommes des siècles passés, les progrès de la
science, et les richesses des
différentes cultures, nous permettent de mieux connaître l’homme lui-même. Ce
sont des chemins vers la vérité. Ils sont utiles à l’Eglise ». C’est
donc important de revenir à ce que les anciens nous ont enseigné. Ils vivaient
en harmonie (en entente) avec la terre. Ils savaient la protéger, et la
travailler sans trop la fatiguer, parce qu’ils se sentaient unis à la terre et
à la forêt. La terre n’était pas une propriété privée, elle appartenait à toute
la famille. Car c’est le lieu où sont enterrés les morts, et où vivent les
ancêtres.
Il ne faut donc pas oublier les religions traditionnelles, qui sont
encore vivantes dans le monde entier. En 1854, le chef indien Seattle a dit aux
américains blancs, dans un discours célèbre : « Vos morts arrêtent de vous aimer, vous et la terre où ils ont vécu. Dès qu’ils sont enterrés et sont partis
vers les étoiles, vous les oubliez rapidement. Nos morts à nous les indiens,
ils n’oublient jamais le beau monde, dans lequel ils ont vécu. Ils continuent à
aimer nos vallées vertes, nos rivières qui coulent, et nos belles montagnes. Ils
continuent à aimer, ceux qui sont tristes. Ils les visitent souvent, pour les
guider et les consoler ».
En Afrique aussi, les anciens nous ont appris à respecter la
terre. La terre n’est pas une chose à vendre, c’est le lieu où sont
enterrés nos morts. Mais actuellement, les terres sont accaparées (prises de
force, ou par l’argent) par l’état, les riches du pays ou les sociétés
étrangères. La terre est notre Mère, il faut l’aimer et la respecter. Avant de
commencer à travailler la terre, les anciens la saluaient. Et même parfois, ils
priaient la terre pour lui demander pardon, pour les souffrances qu’ils allaient
lui faire supporter, par leur travail et les cultures. De même, on respectait
les animaux, car on en avait besoin pour la nourriture. Nos anciens respectaient les rivières, les arbres
et les carrefours des routes. Ils
disaient qu’ils étaient sacrés, et que
les esprits et les génies y habitaient. Les Bois Sacrés étaient une façon de respecter la nature, et
de permettre aux plantes et aux animaux, de vivre et de se multiplier. Certains arbres étaient regardés comme sacrés,
parce qu’ils étaient le lieu où des ancêtres habitaient. Et ils assuraient le
contact, entre le monde visible et le monde invisible. C’est pourquoi jusqu’à
maintenant dans certains villages, les anciens refusent de couper certains
arbres, même si c’est pour construire une route ou une maison importante. Ou
bien, ils font une cérémonie pour demander pardon à l’ancêtre, qui vivait dans
cet arbre depuis toujours, et qui va être déplacé.
De même, dans les religions
hindoues, on explique qu’il n’y a pas de séparation, entre le sacré et le
profane (les choses saintes et les choses ordinaires). Tout est saint et bon.
Et L’ETRE SUPREME (DIEU) est présent en tout : « tout repose sur moi, l’ETRE SUPREME, comme les perles enfilées
sur un fil. Je suis le goût dans l’eau, je suis la chaleur dans le feu, je suis
le sang dans l’espace, je suis la lumière du soleil, et la vie de tout ce qui
vit » (bagata digita 7-7-9)
Mais cette sagesse
se perd de plus en plus. On coupe les arbres sans réfléchir. De même, on
tue les animaux, jusqu’à les supprimer complètement. On jette les saletés dans
les rues, on envoie de la fumée partout, on verse les eaux sales dans la mer. Parce
que l’homme ne sait plus, que la terre est la création de DIEU. Et que DIEU a
donné à l’homme, la responsabilité du monde. En même temps, que l’homme rejette
DIEU, il casse le monde. Et cela lui
retombe dessus. Comme dit le proverbe « quand tu égorges un animal, le sang te coule sur les mains »
.ANNEXES
1)
CAREME ECOLOGIQUE 2013 : Le message des évêques DU SENEGAL ,…
I. Qu’est ce que l’écologie ?
1.1 Définition de l’écologie
Le mot écologie vient de deux mots
grecs oikos et logos qui signifient respectivement maison
ou habitat et science. Sur le plan étymologique, le mot
écologie est donc la science de l’habitat au sens large, autrement dit la
science de l’environnement.
1.2 Qu’est ce que l’écologie humaine ?
L’écologie humaine dépasse le cadre
restreint de l’environnement pour s’inscrire dans une démarche plus globale. On
retrouve cette définition dans le message des évêques : « « L’écologie
est une écologie intégrale qui absorbe dans un même élan de communion la
personne humaine avec tout son environnement naturel et social. Théologiquement
fondée sur l’universalité du salut qui embrasse tous les êtres vivants de cette
terre et les ordonne au Christ, l’écologie humaine est un appel adressé à
chacun d’entre nous pour qu’il reprenne conscience de ses responsabilités à
l’égard du monde qui l’entoure »
II. Objectifs du message des évêques
Les évêques veulent interpeller, stimuler la
foi des chrétiens, en les poussant à reconsidérer leur relation avec la
Création et, par-delà, avec le Créateur en ce qui concerne l’écologie etencourager à
prendre notre destinée et celle de l’humanité entre nos mains, en toute
conscience et responsabilité pour des changements de mentalités, des lignes de
conduites nouvelles, des attitudes tranchant avec certaines habitudes qu’ils
voudraient désormais considérer appartenant au passé.
III. Ce qu’ils dénoncent
Ø Dans nos habitats et nos rues
· l’habitude à passer à côté des eaux
usées et des ordures versées dans les rues ; à y voir les enfants s’amuser
et les jeunes gens jouer au football ;
· la dictature du plastique qui enlaidit
et pollue les rues, les périphéries de nos villes et villages ;
· manque de balayage et de ramassage
réguliers des rues ;
· manque discipline pour combattre
certaines mauvaises habitudes, comme laisser des animaux en divagation, jeter
n’importe quoi dans la rue, salir les murs avec des graffiti, endommager les
enseignes et panneaux de signalisation ;
· manque d’éducation pour acquérir la
discipline de poser des gestes simples, comme avoir des poubelles pour y jeter
les ordures.
Ø Dans nos églises et autres lieux de
cultes
· la banalisation du corps et l’atteinte à
sa dignité par certaines tenues vestimentaires (certains adultes ne
donnent pas toujours le bon exemple);
· l’atteinte au caractère sacré de
l’église, Maison de Dieu par les tenues indécentes, qui constitue
également une atteinte à la charité parce qu’elles peuvent gêner le
recueillement et la prière des autres ;
· le bavardage avant, pendant ou
après les célébrations, aussi bien dans l’église qu’à la sacristie;
· les concerts et autres manifestations
similaires qui se tiennent dans les églises.
IV. Ce qu’ils attendent des fidèles
catholiques
· que chaque chrétien plante et
entretienne un arbre chaque année ;
· que les jeunes chrétiens deviennent des
leaders écologiques au sein de leurs quartiers, en s’engageant, avec leurs
concitoyens, à rendre propres et attrayantes les rues et les places, par des
campagnes périodiques de nettoyage et d’embellissement ;
· que les familles chrétiennes se
distinguent par la propreté et la bonne tenue de leurs maisons ;
· que dans les églises l’aération et
l’éclairage naturels soient favorisés;
· que les décorations des églises se
fassent, autant que possible, avec des plantes et des fleurs naturelles ;
· que les jeunes, garçons et filles, et
les hommes s’engagent aussi dans le nettoyage régulier des églises et de leurs
environs.
V. Ce que les évêques attendent des
autorités publiques
Qu’elles prennent partout des mesures
pratiques et efficaces telles :
ü le ramassage, le traitement, le recyclage des ordures ;
ü la création d’espaces verts et d’aires de jeux pour les
jeunes ;
ü la lutte pour un environnement sain…
COMMENTAIRE :
Les évêques de la conférence
épiscopale interterritoriale Sénégal, Mauritanie, Cap-Vert et Guinée-Bissau
inscrivent leur message pour le carême 2013, dont le thème est : «Quelques
Défis de l’Ecologie à la lumière de la Foi chrétienne », dans le
contexte de l’Année de la Foi. Ils résument ce thème en deux mots : « Foi
et Ecologie » et donnent aux fidèles les raisons de
leur choix : « Par cette
exhortation, nous voulons vous intéresser à la problématique écologique et
environnementale, non pas seulement parce qu’elle répond à une préoccupation
ponctuelle de survie de l’humanité, mais encore parce qu’elle interpelle et
stimule la foi des chrétiens, en les poussant à reconsidérer leur relation avec
la Création et, par-delà, avec le Créateur. Cette exhortation est d’autant plus
importante qu’elle se situe dans le cadre providentiel de l’Année de la Foi décrétée par le Pape Benoît XVI ». Ils
ajoutent que foi et écologie
sont deux réalités à tenir pour complémentaires.
La structure du message
Le message des évêques est
structuré en trois parties : la première, titrée Parole de Dieu et
Ecologie, porte sur l’enseignement des auteurs sacrés (de la Bible) sur la
nécessité pour l’homme d’apprendre à respecter la Création en la protégeant, en
la conservant et en la valorisant ; dans la seconde partie, les évêques
exposent les enseignements du Magistère (les Pères de l’Eglise, le Concile
Vatican II, les papes Jean Paul II et Benoît XVI) sur l’écologie et la troisième partie contient des orientations pratiques
qu’ils donnent aux chrétiens. Il faut noter que ces trois parties sont
encadrées par une introduction et une conclusion.
Qu’est ce que l’écologie humaine ?
Les évêques reprennent Joël
SPRUNG, un militant de la civilisation de l'amour, respectueuse de la vie et de la
dignité humaine, reposant sur la doctrine sociale de l'Eglise, et
indiquent que l’écologie humaine « est
une écologie intégrale qui absorbe dans un même élan de communion la personne
humaine avec tout son environnement naturel et social. » Pour eux,
l’écologie humaine comporte, pour les fidèles, des implications concrètes qu’il
convient d’observer et de réaliser
Les orientations pour des actions concrètes
Elles sont au nombre de quatre.
Les évêques souhaitent premièrement qu’à partir de ce carême 2013, que chaque
chrétien plante et entretienne un arbre chaque année ; que les jeunes
chrétiens deviennent des leaders écologiques au sein de leurs quartiers, en
s’engageant, avec leurs concitoyens, à rendre propres et attrayantes les rues
et les places, par des campagnes périodiques de nettoyage et d’embellissement.
Ils demandent aux familles chrétiennes de se distinguer par la propreté et la
bonne tenue de leurs maisons. Orientation élargie aux presbytères, maisons
religieuses, et à toutes les autres structures de l’Eglise, soulignent-ils.
Deuxièmement, les évêques sensibilisent sur trois préoccupations qui les
habitent sur la tenue des églises : favoriser l’aération et l’éclairage
naturels; décorer les églises en utilisant, autant que possible, des plantes et
des fleurs naturelles et encourager les jeunes, garçons et filles, et les
hommes à s’engager dans le nettoyage régulier des églises et de leurs environs.
Troisièmement, comme en 2011, les évêques reviennent sur les tenues décentes à
l’église, rappellent le caractère sacré des églises qui exige un profond
respect et comptent sur les adultes pour donner le bon exemple. Ils dénoncent
aussi les bavardages et les concerts dans ces lieux de culte. Enfin, les
autorités locales et les gouvernants sont invités à prendre partout des mesures
pratiques et efficaces telles le ramassage, le traitement, le recyclage des
ordures, la création d’espaces verts et d’aires de jeux pour les jeunes, la
lutte pour un environnement sain…
2) Le
Pacte des Catacombes
Le
16 novembre 1965, peu avant la clôture de Vatican II, une quarantaine
d’évêques, dont les noms ne sont pas connus, se réunirent dans la Catacombe de
St Domitilla et signèrent un pacte concernant la richesse, les pompes et les
cérémonies dans l’Eglise catholique. Le 7 décembre 1965, la veille de la
clôture officielle du Concile Vatican II, ils diffusèrent parmi leurs
confrères, ce qu’ils appelèrent le « Schéma XIV », allusion aux 13
« schémas » préparatoires des grands textes, lignes directrices que
la Curie avait distribuées aux « Pères conciliaires » avant les
Assemblées délibératives.
Nous,
évêques réunis au Concile Vatican ; ayant été éclairés sur les déficiences
de notre vie de pauvreté selon l’Evangile ; encouragés les uns par les autres,
dans une démarche où chacun de nous voudrait éviter la singularité et la
présomption ; unis à tous nos frères dans l’Episcopat ; comptant
surtout sur la force et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, sur la prière
des fidèles et des prêtres de nos diocèses respectifs ; nous plaçant par
la pensée et la prière, devant la Trinité, devant l’Eglise du Christ, devant
les prêtres et les fidèles de nos diocèses, dans l’humilité et la conscience de
notre faiblesse mais aussi avec toute la détermination et la force dont Dieu
veut bien nous donner la grâce, nous nous engageons à ce qui suit :
1)
Nous essayerons de
vivre selon le mode ordinaire de notre population en ce qui concerne
l’habitation, la nourriture, les moyens de locomotion et tout ce qui s’ensuit.
2)
Nous renonçons pour
toujours à l’apparence et à la réalité de richesse spécialement dans les
habits (étoffes riches et couleurs voyantes), les insignes en matière
précieuse : ces insignes doivent être en effet évangéliques.
3)
Nous ne posséderons
ni immeubles, ni meubles ni comptes en banque, etc., en notre propre nom ;
et s’il faut posséder, nous mettrons tout au nom du diocèse, ou des œuvres
sociales ou caritatives.
4)
Nous confierons,
chaque fois qu’il est possible, la gestion financière er matérielle, dans nos
diocèses, à un comité de laïcs compétents et conscients de leur rôle
apostolique, en vue d’être moins des administrateurs que des pasteurs et
apôtres.
5)
Nous refusons d’être
appelés oralement ou par écrit des noms et des titres signifiant la grandeur et
la puissance (Eminence, Excellence, Monseigneur). Nous préférons être appelés
du nom évangélique de Père.
6)
Nous éviterons dans
notre comportement, nos relations sociales, ce qui peut sembler donner des
privilèges, des priorités ou même une préférence quelconque aux riches et aux
puissants (ex. : banquets offerts ou acceptés, classes dans les services
religieux).
7)
Nous éviterons
d’encourager ou de flatter la vanité de quiconque en vue de récompenser ou de
solliciter les dons, ou pour toute autre raison. Nous inviterons nos fidèles à
considérer leurs dons comme une participation normale au culte, à l’apostolat
et à l’action sociale.
8)
Nous donnerons tout
ce qui est nécessaire de notre temps, réflexion, cœur, moyens, etc., au service
apostolique et pastoral des personnes et des groupes laborieux et
économiquement faibles et sous-développés, sans que cela nuise aux autres
personnes et groupes du diocèse. Nous soutiendrons les laïcs, religieux,
diacres ou prêtres que le Seigneur appelle à évangéliser les pauvres et les
ouvriers en partageant la vie ouvrière et le travail.
9)
Conscients des
exigences de la justice et de la charité et de leurs rapports mutuels, nous
essayerons de transformer les œuvres de « bienfaisance » en œuvres
sociales basées sur la charité et la justice qui tiennent compte de tous et de
toutes les exigences, comme un humble service des organismes publics
compétents.
10)
Nous mettrons tout
en œuvre pour que les responsables de notre gouvernement et de nos services
publics décident et mettent en application les lois, les structures et les
institutions sociales nécessaires à la justice, à l’égalité et au développement
harmonisé et total de tout l’homme chez tous les hommes et par là l’avènement
d’un autre ordre social, nouveau, digne des fils de l’homme et des fils de
Dieu.
11)
La collégialité des
évêques trouvant sa plus évangélique réalisation dans la prise en charge
commune des masses humaines en état de misère physique, culturelle et morale –
les 2/3 de l’humanité- nous nous engageons :
-
à participer, selon
nos moyens, aux investissements urgents des épiscopats des nations
pauvres ;
-
à acquérir ensemble,
au plan des organismes internationaux mais en témoignant de l’Evangile, comme
le pape Paul VI à l’O.N.U., la mise en place de structures économiques et
culturelles qui ne fabriquent plus de nations prolétaires dans un monde de
plus en plus riche, mais qui permettent aux masses pauvres de sortir de leur
misère.
12)
Nous nous engageons
à partager dans la charité pastorale notre vie avec nos frères dans le Christ,
prêtres, religieux et laïcs pour que notre ministère soit un vrai
service ; ainsi :
-
nous nous
efforcerons de « réviser notre vie » avec eux ;
-
nous susciterons des
collaborateurs pour être davantage des animateurs selon l’Esprit, que des chefs
13)
selon le
monde ;
-
nous chercherons à
être plus humainement présents, accueillants ;
-
nous nous montrerons
ouverts à tous, quelle que soit leur religion ;
14)
Revenus dans nos
diocèses respectifs, nous ferons connaître à nos diocésains notre résolution,
les priant de nous aider de leur compréhension, leur concours et leurs prières.
15)
Que Dieu nous aide à
être fidèles.
3) CANTIQUE
DE FRÈRE SOLEIL OU DES CREATURES.
1. Très haut, tout puissant
et bon Seigneur,
à toi louange, gloire, honneur,
et toute bénédiction ;
à toi louange, gloire, honneur,
et toute bénédiction ;
2. à toi seul ils
conviennent, ô Très-Haut,
et nul homme n’est digne de te nommer.
et nul homme n’est digne de te nommer.
3. Loué sois-tu, mon
Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil.
par qui tu nous donnes le jour, la lumière :
spécialement messire frère Soleil.
par qui tu nous donnes le jour, la lumière :
4. il est beau, rayonnant
d’une grande splendeur,
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.
5. Loué sois-tu, mon
Seigneur, pour soeur Lune et les étoiles :
dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.
dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.
6. Loué sois-tu, mon
Seigneur, pour frère Vent,
et pour l’air et pour les nuages,
pour l’azur calme et tous les temps :
grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.
et pour l’air et pour les nuages,
pour l’azur calme et tous les temps :
grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.
7. Loué sois-tu, mon
Seigneur, pour soeur Eau.
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.
8. Loué sois-tu, mon
Seigneur, pour soeur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.
9. Loué sois-tu, mon
Seigneur, pour ceux
qui pardonnent par amour pour toi ;
qui supportent épreuves et maladies :
qui pardonnent par amour pour toi ;
qui supportent épreuves et maladies :
10. heureux s’ils conservent
la paix
car par toi, le Très-Haut, ils seront couronnés.
car par toi, le Très-Haut, ils seront couronnés.
11. Loué sois-tu, mon
Seigneur,
pour notre soeur la Mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
pour notre soeur la Mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
12. Malheur à ceux qui
meurent en péché mortel ;
heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.
heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.
13. Louez et bénissez mon
Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité !
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité !
4)Yann
Arthus-Bertrand, un astronome, parle de ce qu’est pour lui, la Terre vue du
ciel :
«A regarder la Terre de tout là-haut, j’ai appris que la vie s’y trouvait
partout et constituait un tout en perpétuelle évolution. La forêt, la rivière,
le désert, la banquise, la montagne, l’île et l’océan s’y entremêlent. Le
flamant rose des lacs salés africains ou l’ours solitaire des vastes étendues
polaires y cohabitent avec nous, les hommes. Chaque jour, plantes, animaux et
humains donnent un nouveau visage à la Terre. C’est ce fabuleux mouvement de la
vie qui continue à m’émouvoir à chacun de mes voyages comme au premier de mes
vols.
…Comment
pourrait-on rester silencieux avec une telle planète sous les yeux ?» Les
auteurs sacrés nous livrent leur admiration devant l’œuvre de la création. Le
livre de la Genèse s’ouvre sur les origines du monde et de l’humanité. Dans un
récit conçu comme un poème, Dieu est présenté comme le Créateur de toute chose,
de la lumière jusqu’à l’être humain, son chef-d’œuvre. Chaque jour, Dieu
s’émerveille devant la beauté et la bonté de son œuvre. « Dieu vit tout
ce qu’il avait fait : cela était très bon » (Gn 1,31). Aussi n’est-on
pas surpris de rencontrer la même admiration dans les autres livres des saintes
Écritures. L’auteur du livre de Daniel invite tous les éléments de la création
à louer et à bénir leur Seigneur : « Vous toutes, œuvres du
Seigneur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement. […] Vous,
enfants des hommes, bénissez le Seigneur » (Dn 3,31s).
Dieu n’a pas
abandonné son œuvre: il continue à insuffler le souffle de vie aux êtres
humains. L’homme et la femme sont les procréateurs de vie. Leur union, dans
l’amour, rapproche les éléments nécessaires pour la formation du corps d’un
nouvel être. Mais c’est Dieu qui poursuit son œuvre de création et qui préside
à la vie nouvelle qui en naîtra. « C’est toi qui m’as formé les reins,
qui m’as tissé au ventre de ma mère … » (Ps 139,13-16). Non seulement
l’être humain est appelé à devenir procréateur d’autres humains, mais il a reçu
une mission dès sa création, comme nous le rapporte le livre de la Genèse:
« Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la;
dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui
rampent sur la terre » (Gn 1,28). L’être humain a donc la mission
d’accueillir l’œuvre de création, de la développer, de la transformer, de la
rendre accessible à tous, pour que tous puissent l’admirer et en tirer profit.
Cette mission de l’homme est merveilleusement traduite dans le livre de Ben
Sirac le Sage, au chapitre 17. « Le Seigneur a tiré l’homme de la terre
pour l’y renvoyer ensuite. Il a assigné aux hommes un nombre précis de jours et
un temps déterminé, il a remis en leur pouvoir ce qui est sur la terre. [ ... ]
Il leur donna le jugement, une langue, des yeux, des oreilles et un cœur pour
penser … Il mit la crainte dans leur cœur pour leur montrer la grandeur de
ses œuvres. » L’homme biblique savait donc que son Dieu avait pensé
l’être humain pour qu’il jouisse pleinement et intelligemment de la création où
il avait été placé.
Il est intéressant
de constater que le Seigneur Jésus lui-même s’est laissé imprégner par les
beautés qui l’entouraient. Il savait ouvrir les yeux sur les lis des champs et
sur la hauteur des arbres, prêter l’oreille au chant des oiseaux et aux pleurs
de la veuve, tracer des signes sur le sol pour permettre aux accusateurs d’une
femme adultère de quitter les lieux, contempler les mains de sa mère en train
de mêler le levain à la farine pour confectionner le pain quotidien, apprécier
le parfum dont la femme de Magdala lui oignit les pieds, reconnaître la voix du
Père et celle du larron qui implorait le pardon à ses côtés. Jésus a profité
des œuvres de la création pour annoncer la Bonne Nouvelle. Tantôt pour révéler
la providence de Dieu qui habille les lis des champs mieux que Salomon n’était
vêtu dans toute sa gloire. Tantôt pour exhorter les gens à s’armer d’une foi à
déplacer le grand arbre ou les montagnes. Tantôt pour faire confiance au Père
des cieux qui nourrit les oiseaux de la terre. Tantôt pour souligner la dignité
des personnes et l’acceptation de leurs faiblesses. Tantôt pour inviter la
foule à prêter l’oreille à la Parole de Dieu qui se fait entendre dans tous les
événements de la vie de chaque jour…
Où en sommes-nous,
nous du XXIe siècle, dans le respect de la création qui nous entoure?
Savons-nous nous émerveiller devant la beauté de tout ce qui nous environne ?
4) Pierre
Teilhard de Chardin
En 1923,
dans les steppes d’Asie, Pierre Teilhard de Chardin n’a ni pain, ni vin, ni
autel, pour dire la messe. Il présente à Dieu toute l’humanité :
« Le
soleil vient d’illuminer, là-bas, la frange du premier orient. Une fois de
plus, sous la nappe mouvante de ses feux, la surface vivante de la terre
s’éveilla, frémit et recommence son effrayant labeur. Je placerai sur ma
patène, ô mon Dieu, la moisson attendue de ce nouvel effort. Je verserai dans
mon calice la sève de tous les fruits qui seront aujourd’hui broyés. Mon calice
et ma patène, ce sont les profondeurs d’une âme largement ouverte à toutes les
forces qui dans un instant vont s’élever de tous les points du globe et
converger vers l’Esprit.
Tout ce
qui va augmenter dans le monde, au cours de cette journée, tout ce qui va
diminuer, tout ce qui va mourir aussi. Voilà ce que j’efforce de ramasser en
moi pour vous le tendre. Voilà la matière de mon sacrifice. Le seul dont vous
ayez envie !
Jadis, on
traînait dans votre temple les prémices des récoltes et la fleur des troupeaux.
L’offrande que vous attendez vraiment, celle dont vous avez mystérieusement
besoin chaque jour pour apaiser votre faim, pour étancher votre soif, ce n’est
rien moins que l’accroissement du monde emporté par l’universel devenir.
Recevez, Seigneur, cette hostie totale que la Création, mue par votre attrait,
vous présente à l’aube nouvelle ! Ce pain, notre effort, il n’est de lui-même,
je le sais, qu’une désagrégation immense. Ce vin, notre douleur, il n’est
encore, hélas, qu’un dissolvant breuvage. Mais, au fond de cette masse informe,
vous avez mis, j’en suis sûr, parce que je le sens, un irrésistible et
sanctifiant désir qui nous fait tous crier, depuis l’impie jusqu’au fidèle :
Seigneur, faites-nous Un ! »
6)Le changement climatique, une menace pour la santé humaine en Afrique
La santé humaine est influencée par une série de conditions et de facteurs
tels que l’accès à l’eau potable, une nourriture de qualité en suffisance, un
abri, la qualité de l’air, l’état de l’environnement, les conditions de
travail, le niveau de l’éducation, la génétique, les relations, la qualité des
services de santé et des médicaments et l’accès à ceux-ci, etc. Les facteurs
qui influencent la santé humaine sont appelés les déterminants sociaux de la
santé. Ils sont façonnés par des politiques publiques qui dépendent des
idéologies politiques des gouvernements et des institutions internationales. Le
changement climatique, du fait qu’il influence les déterminants sociaux de la
santé, constitue une menace importante pour la santé et représente un lourd fardeau
humain, social et économique pour l’Afrique.Bien qu’il n’y ait pas d’évaluation globale de l’effet du changement climatique sur la santé dans les pays africains, on estime que le coût sera élevé pour le continent. Le modeste réchauffement qui s’est produit depuis les années 1970 avait déjà causé avant l’année 2004 plus de 140.000 décès supplémentaires annuels [1]. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que les coûts globaux des dommages directs à la santé (c.-à-d. en excluant les coûts des secteurs déterminants pour la santé tels que l’agriculture, l’eau et les installations sanitaires), seront entre 2 et 4 milliards de dollars US d’ici 2030[2]. Plusieurs des tueuses principales d’Afrique, comme les maladies diarrhéiques, la malnutrition et la malaria, sont très sensibles au climat et on s’attend à ce qu’elles empirent à mesure que le climat change. Le changement climatique causera une augmentation de 5 à 7% de la population à risque en Afrique : jeunes enfants, adultes aînés, sociétés traditionnelles, fermiers qui pratiquent l’agriculture vivrière, populations rurales, urbaines pauvres et du littoral. La faible infrastructure de santé sur le continent est un fardeau supplémentaire.
Le changement climatique représente un problème de santé publique car il affecte la santé de plusieurs manières différentes.
Les changements de température altèrent la distribution géographique des insectes, des escargots et des animaux à sang froid qui transmettent des maladies. L’impact de la distribution et de la transmission saisonnière de maladies transmises par des vecteurs, comme la malaria (moustique anophèle), la maladie du sommeil (mouche tsé-tsé) et la schistosomiase/bilharzia (un escargot) se fait déjà sentir et, selon les projections, s’élargira de manière significative. La malaria a déjà augmenté dans les régions montagneuses d’Afrique à cause de changements du climat et de pratiques d’usage des terres. Des études [3] suggèrent que le changement climatique pourrait exposer 2 milliards de personnes de plus à la transmission de la dengue d’ici 2080.
Depuis 1970, les catastrophes naturelles se sont aggravées à cause du changement climatique. Ceci a causé plus de 60.000 décès par an, principalement dans les pays en développement. Les impacts de ces catastrophes (inondations et sécheresses) font croître le risque de maladies contagieuses et, avec l’élévation du niveau des mers, ils créent beaucoup de stress, augmentant les maladies mentales. Des pluies torrentielles et des inondations peuvent aussi contaminer les réserves d’eau douce et augmenter le nombre de parasites transmis par l’eau, qui causent des maladies diarrhéiques, tuant 2,2 millions de personnes chaque année. Les inondations peuvent élargir les zones de reproduction des moustiques, accroissant la malaria, et elles peuvent détruire des infrastructures et des services, en désorganisant les services de soins de santé.
Les changements des cycles de précipitations influencent l’agriculture familiale et les rendements. Dans le cas des pays africains, l’impact est surtout négatif. On estime que la production des aliments de base pourrait diminuer jusqu’à 50% d’ici 2020. Ceci augmentera la malnutrition et la maladie. D’ici les années 2090s, on estime que le changement climatique élargira la région affectée par la sécheresse, doublera la fréquence des sécheresses extrêmes et multipliera par 6 leur durée moyenne [4]. La sécheresse favorise la propagation de l’épidémie de méningite à méningocoque, qui se produit durant la saison sèche, principalement dans la ceinture de méningite, qui s’étend du Sénégal à l’Ouest jusqu’à l’Ethiopie à l’est. On prévoit que les pires de ces effets se produiront dans les pays en développement, parmi les populations vulnérables.
L’action est urgente!
Chaque personne, communauté ou pays a une part de responsabilité dans le changement climatique et son impact sur la santé. Notre comportement et notre choix de style de vie sont une opportunité de diminuer ou d’aggraver l’impact du changement climatique sur la santé. Nous pouvons réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre en faisant usage des transports publics, en adoptant le cyclisme ou la marche comme alternative aux véhicules, en consommant moins de viande, en mangeant des légumes et fruits de saison, en utilisant l’énergie verte, en recyclant et réparant des appareils, en achetant des produits en gros et avec le minimum d’emballage, en évitant le gaspillage de nourriture… Nous pouvons aussi contribuer à créer une prise de conscience et plaider pour des politiques qui réduisent la consommation d’énergie, les émissions de gaz à effet de serre et qui produisent de grands avantages pour la santé.
Des pays et des communautés en Afrique prennent déjà des mesures pour diminuer le changement climatique (“mitigation”) et réduire son impact sur la santé maintenant et pour les générations futures (“adaptation”). Les méthodes traditionnelles d’adaptation des fermiers à différentes précipitations, ainsi que des systèmes de santé et sécurité publiques, peuvent aider. Investir dans les secteurs de la santé, de l’eau et de l’énergie et développer une infrastructure sont d’autres manières de s’adapter à la variabilité du climat. Il faut que les efforts soient renforcés dans chaque pays, mais la communauté internationale et surtout les pays riches ont une responsabilité, non seulement de diminuer leurs émissions et leur consommation d’énergie, mais aussi d’assister et de soutenir des pays en développement pour réduire la vulnérabilité de leur santé au changement climatique et renforcer leurs systèmes de santé. (Dossier AEFJN)
Les agriculteurs doivent être
partie prenante dans les négociations climatiques !
© Farm
Africa
Depuis
longtemps les agriculteurs familiaux africains se basent sur les connaissances
de leurs ancêtres pour s’adapter aux conditions météorologiques variables et
ils ont ainsi nourri des générations. Néanmoins, ces agriculteurs, qui ont un
rôle clef pour assurer la souveraineté alimentaire et pour combattre le
changement climatique, sont ignorés dans le débat sur le changement
climatique ! Effectivement, lors de la dernière réunion de la Conférence
des Parties[1] à
Doha, l’agriculture a été largement négligée comme facteur important dans le
changement climatique, malgré l’énorme potentiel de mitigation[2] de l’agriculture familiale. Et, de plus,
les donateurs promeuvent un modèle agro-industriel polluant pour l’Afrique, qui
exerce un impact négatif sur la souveraineté alimentaire ! Analysons les
contradictions entre ces modèles.
Le modèle
agro-industriel, une fausse solution pour combattre la famine et le réchauffement
climatique
Le
monde occidental a promu plusieurs initiatives pour l’agriculture africaine,
comme l’Alliance pour une révolution Verte en Afrique (AGRA) et la
Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique du
G8. Ces programmes promeuvent des partenariats publics-privés incluant les
grandes multinationales de l’agro-industrie. Le modèle agro-industriel implique
l’utilisation intensive d’intrants chimiques et de semences très chères, ce qui
a de nombreux désavantages
pour les agriculteurs familiaux de l’Afrique entre autres : coûts d’opération trop
élevés et des impacts néfastes sur la
souveraineté alimentaire et l’environnement local.
Tout
d’abord l’augmentation des frais pour les agriculteurs peut avoir des conséquences
désastreuses : certains fermiers se voient contraints de déclarer la
faillite. Les agriculteurs familiaux constituent la majorité de la population
en Afrique sub-saharienne et ils sont indispensables pour garantir la souveraineté alimentaire. Par
contre, les entreprises agro-industrielles présentes en Afrique produisent pour
des marchés d’exportation et en même temps elles rapatrient souvent tous les
bénéfices. De plus, la promotion par l’agro-industrie de monocultures
d’organismes génétiquement modifiés (OGM) pourrait aboutir à la disparition des
variétés locales. En effet, les variétés locales en semences et en cultures
sont cruciales pour assurer la souveraineté alimentaire et pour lutter contre
le changement climatique, tandis que les OGM sont une cause de la faim et
qu’ils n’ont pas prouvé leur résilience aux changements climatiques.
Ensuite,
l’impact du modèle agro-industriel sur l’environnement est clairementnégatif:
l’augmentation d’émission de gaz à effet de serre, l’épuisement des ressources
aquatiques, la dégradation de la biodiversité locale, l’augmentation de la
pollution, l’érosion des sols, la surexploitation, et la pollution des nappes
phréatiques[3]. Le modèle agro-industriel est centré sur
l’obtention de rendements à court terme, tout en épuisant les ressources
naturelles et la fertilité des terres en Afrique.
De bons
exemples de l’agriculture familiale africaine
L’agriculture
familiale a le potentiel de combattre
à la fois la famine et le réchauffement climatique. Les
pratiques durables des agriculteurs familiaux génèrent moins d’émissions de gaz
à effets de serre, augmentent l’accès à la nourriture pour les communautés
locales et elles sont évidemment plus adaptées à la réalité africaine.
En
effet, en s’organisant en groupes communautaires et en pratiquant une
agriculture durable, les agriculteurs dans le « Nyando Basin » au
Kenya se sont vus améliorer
leurs revenus, leur production alimentaire et leurs niveaux de nutrition. Les
femmes remplissent un rôle clef dans ces groupes, elles représentent entre 70
et 85% des membres actifs. Ces groupes explorent de nouvelles possibilités de
subsistancetout en conservant l’environnement.
Citons entre autres, l’amélioration de la gestion des sols et des eaux,
l’introduction de nouvelles cultures (patates douces, tomates, sorgho,
pastèques, petit pois, etc.), l’agroforesterie, l’élevage du petit bétail et
l’apiculture, qui est très utile pour les femmes qui ont un accès limité à la
terre cultivable.[4] Au Swaziland, le même système de
coopératives, composé principalement de femmes, se consacre à l’agriculture
de conservation par la
production et distribution de semences locales pour les légumineuses. Ceci a
comme avantages que les semences peuvent être replantées, que les légumineuses
sont plus résistantes que le maïs à la sécheresse, et que les légumineuses
contribuent à augmenter la diversité des cultures. Auparavant, la culture des
légumineuses était marginalisée par rapport au maïs.[5] Au Burkina Faso les agriculteurs se sont
adaptés aux conditions météorologiques changeantes en retenant de l’eau par la
construction de digues de pierres filtrantes et par la pratique de la méthode Zaï en combinaison avec des cordons
pierreux (même si le terrain est plat, voir photo). Pour la méthode Zaï les agriculteurs creusent des
petits trous dans leurs champs, tout en respectant les lignes et les distances
entre les trous pour bien semer. Ensuite ils remplissent les trous avec du
compost ou du fumier et ils entourent les terrains par des cordons pierreux.
Les résultats sont positifs : les agriculteurs ont réalisé de meilleures
récoltes et ils ont mieux conservé l’eau rare.[6]
Ces
exemples africains montrent clairement qu’un modèle basé sur les connaissances
des agriculteurs familiaux, tout en les soutenant[7],
produit des résultats positifs pour les communautés locales tant sur le plan
alimentaire que climatique. Pour faire valoir les connaissances des
agriculteurs familiaux sur le changement climatique, les mouvements paysans
doivent être consultés lors des prochaines négociations sur le changement
climatique au plan international et local.
Gino
Brunswijck
Conseiller
politique
[1] La Conférence des Parties est l’organe
suprême de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques (CCNUCC).
[2] Morrison Rwakakamba, “Farmers must take
part in the Fight against Climate Change” (les fermiers doivent prendre part à
la lutte contre le changement climatique), Agency for Transformation (agence
pour la transformation), 2013, consulté sur :
http://tntfactory.com/works/aft1/wp-content/uploads/2013/03/Farmers-and-fight-against-climate-change-New-vision-expert-opinion.pdf
[3] Euractiv, « Agriculture
intensive : écologiquement durable ? », Juillet 2011, consulté
sur :
http://www.euractiv.com/fr/pac/agriculture-intensive-ecologique-linksdossier-506746
[4] CGIAR, “Community Groups help themselves
to tackle climate change” (des groupes communautaires s’aident à réagir au
changement climatique), Mai 2013, Consulté sur:
http://www.cgiar.org/consortium-news/community-groups-help-themselves-to-tackle-climate-change/
[5] Inter Press Service, “In Swaziland,
Seeds Beat Drought”(au Swaziland, les semences l’emportent sur la sécheresse),
juin 2013, consulté sur: http://www.ipsnews.net/2013/06/in-swaziland-seeds-beat-drought/
[6] ABC Burkina, SEDELAN, « Changement
climatique et adaptation (3) : Apprendre de la terre du Sahel »,
consulté sur : http://www.abcburkina.net/fr/nos-dossiers/vu-au-sud-vu-du-sud/732-356-changement-climatique-et-adaptations-3
ABC
Burkina, SEDELAN, « Zaï », consulté sur
http://www.abcburkina.net/en/le-burkina-faso/de-a-a-z/447-zai
[7] Un soutien à l’agriculture familiale peut
consister en : infrastructure, services d’encadrement, incitations pour la
production locale des semences et pour les cultures locales.
COMPTE RENDU DE LA REUNION DE LA CEB de la zone de captage du 22-2-13
Ø NOUVELLES
ü La
femme de Gabriel a présenté sa maman qui est venue pour une visite.
ü Marie
Jeanne a informé la communauté qu’ils sont en train de préparer la fête du
jardin d’enfants sur le thème de l’environnement qui va se dérouler le 9 mars
2013.
ü Marie
Pierre a informé la communauté de la nomination du fils de sa grande sœur comme
ministre de commerce en la personne d’Alioune Sarr.
Ø LE
MESSAGE DES EVEQUES : un CAREME D’ECOLOGIE
Gabriel a fait un résumé en disant
que
ü le
sujet n’est pas nouveau, mais c’est une question d’actualité.
ü Cette
question d’environnement a été banalisée et est devenue une conversation de
tous les jours. Les partis politiques l’ont récupérée pour gagner des voix,
sans être vraiment décidés à agir
ü c’est
non seulement une question d’éthique mais également une question religieuse. En
citant Gn 2,15, il nous a fait comprendre qu’il s’agit d’une gestion de l’environnement
d’une manière durable.
ü Ce
sujet entre aussi dans le cadre de la justice en terme de relations entre les
hommes, et envers nos enfants qui viendront après nous..
ü Il
nous renvoie aussi au rapport entre le riche et le pauvre.
Ø DEBATS
ü Le
problème nous concerne tous et il s’agit d’éducation, éveiller la conscience de
gens.
ü Trouver
des poubelles pour mettre les ordures, et organiser le ramassage.
ü C’est
un engagement personnel qui doit commencer chez nous.
ü La
libération du commerce doit être contrôlée.
ü On
doit mettre en place le recyclage.
ü Il
faut intégrer cette éducation dans le programme scolaire.
ü Organiser
la sensibilisation à partir des écoles.
ü Garder
le souci du monde rural.
ü La
vente des terres doit être contrôlée.
ü avancées
scientifiques ou à la déforestation ?
ü Parmi
les documents de base à utiliser, nous notons le message des Évêques du Sénégal
sur l’écologie humaine : Foi et écologie. Nous pouvons retenir que la
question écologique va au-delà du cadre environnemental. Elle touche notre vie
humaine, les relations personnelles avec Dieu, mais aussi les relations entre
les personnes. Etant donné que la question écologique est un thème d’une grande
actualité et d’une importance remarquable dans l’aujourd’hui de notre monde,
nous avions noté plusieurs réactions dans un échange bien enrichissant et dans
un climat de fraternité.
Réactions :
-
Le bavardage et tenues vestimentaires
comme le présentent le message des Évêques du Sénégal sont-ils du registre de
l’écologie ?
-
L’insalubrité a-t-elle la même influence
que les pollutions dues aux gaz et à des
Suite à ces différentes interrogations,
on invite chacun à la prise de connaissance du message des Évêques du Sénégal
sur l’écologie qui est très intéressant, d’une grande richesse sur le fond et
d’une importance capitale. Car les Évêques interpellent, dans ce message, les
chrétiens et tout le peuple sénégalais sur leur vécu quotidien, entre eux et
avec l’environnement.
Dans la même ligne des contributions par
rapport aux questions posées, le Père Armel prenant la parole exprima ses
remerciements par rapport au choix du
thème et de son élaboration. Mais le Père Armel, aurait souhaité que dans le
message des Evêques, on parle davantage des problèmes d’environnement dans le
monde rural (la chasse et la pêche qui tuent les femelles et les petits, les
feux de brousse, le déboisement…) et surtout de l’accaparement des terres, de
l’écologie humaine (à la fois pour respecter notre corps et avoir un style de
vie plus simple, pour résister à la société de consommation), de l’économie
humaine à la suite de Benoit XVI (ne pas chercher seulement le rendement et le
profit, mais une économie du don et de la gratuité) et de l’éco spiritualité.
Que l’on ne se contente pas de faire appel aux responsables du pays, mais que
l’on demande aux chrétiens de s’engager dans la société et les organisations de
la société civile : pas seulement d’agir au niveau personnel ou à
l’intérieur de l’Eglise.
En revenant sur la question des tenues
vestimentaires dans les lieux de culte et qui empêchent les fidèles de bien
méditer, quelqu’un affirma qu’il s’agit là d’un style de vie, d’une écologie
humaine et spirituelle. Une sorte de maîtrise de soi-même et de son propre
corps.
Des remarques ont été soulignées comme :
ü La perte des bonnes habitudes dans
notre vie environnementale : Autrefois, à chaque 25m, il y’avait des
poubelles dans les rues pour permettre aux gens de jeter la saleté après usage.
Maintenant, les poubelles ne sont pas ramassées régulièrement.
ü Le manque d’entretien des maisons
comme avant.
ü La disparition des espaces verts.
ü Le désengagement total de l’autorité
publique sur l’entretien de l’espace.
ü On jette les ordures par terre, même
à côté des poubelles, ce qui est anormal.
ü L’occupation des territoires par les
commerçants.
ü Les marchands ambulants encombrent
les espaces publics, au lieu de payer les loyers comme les autres commerçants. Et ils dérangent les gens.
ü La vente des terres par l’état alors
qu’il doit inciter les paysans à travailler.
ü L’utilisation des sacs plastiques est
accentuée de nos jours, alors que ces derniers sont es et mettent des centaines d’années pour se
décomposer .
ü Parlant de l’écologie humaine :
nos produits sont devenus cancérogènes avec l’utilisation des
plats et des couches à jeter…
ü
ü Solution. Recycler les bouteilles, matières plastiques, …
ü Que chaque personne, essaie de faire
un effort pour l’entretien des poubelles.
ü Intégrer dans l’enseignement de la
maternelle à la secondaire la gestion
des ordures.
ü Sensibiliser les populations pour la
propreté de l’environnement à travers les mouvements, les amicales, les
associations, les manifestations comme les JMJ c’est une façon de mettre en pratique nos actions
ü Pousser les autorités à prendre des
mesures strictes.
III) Compte rendu de
la réunion des femmes de la paroisse
Il y’avait 60 présences venues des
différentes CEB, des amicales…
Les grandes lignes développées :
ü Motiver les femmes à adhérer aux activités
paroissiales
ü Création d’AGR (Activités Génératrices
de Revenus) et de GIE (Groupements d’Intérêts Economiques = projets) pour les
femmes qui ne travaillent pas.
ü Elles prévoient de faire une messe
d’ouverture pour démarrer leurs activités le : 08/03/2013 lors de la
journée mondiale de la femme. Elles ont aussi programmé une conférence sur le
cancer du col de l’utérus le dimanche 10.
ü Elles ont eu élire un nouveau bureau.
ü Elles ont remarqué que les jeunes de
la paroisse ne sont plus engagés et ne pratique plus comme avant.
ü Elles prévoient de faire une
recollection avec une cotisation de
5000f.
ü Remotiver les jeunes à participer
aux activités de la paroisse.
ü Remotiver les femmes au foyer, les
inciter à travailler
2. Formation des catéchistes à la Paroisse Ste BAKHITA le 29-01-2012
A partir de l’exhortation du 2° synode pour l’Afrique : »
L’engagement de l’Afrique » n° 125 et 127.
Prière :
Chant –Parole de DIEU – Silence - Partage- Intentions- Conclusion.
Dans son enseignement, le Père Armel
DUTEIL nous a rappelé que l’Eglise est
au service du monde : elle ne doit pas travailler pour elle-même. Voir
le document du concile Vatican II « l’Eglise dans le monde
d’aujourd’hui » (Gaudium et Spes), dont nous fêtons le 50° anniversaire.
Les enfants de DIEU ne sont pas seulement ceux qui ont reçu le baptême mais toute personne
qui est artisan de PAIX (Mat 5, 9).
Etre catéchiste c’est garder le bon sens, à savoir : supporter la souffrance ;
travailler à l’annonce de l’Evangile ; vivre sa vocation avec Jésus en le
faisant connaitre ; aimer et enseigner.
Voilà la mission du Catéchiste. Pour le Pape Benoit 16 et le 2° Synode
pour l’Afrique de 2009, dont le thème était « Réconciliation, Justice,
Paix », « le rôle du catéchiste a été très important dans la première
évangélisation, l’accompagnement des catéchumènes, l’animation et le soutien
des communautés ; ils ont opéré une inculturation réussie qui a porté de
merveilleux fruits » (EA : L’engagement de l’Afrique n°125).
L’inculturation
c’est faire entrer la culture africaine
dans l’Eglise universelle ; mais c’est aussi faire entrer l’Evangile dans
la culture. Les 2 mouvements vont ensemble. « Le sage dans le royaume de
DIEU c’est celui qui tire de son trésor du nouveau de l’ancien » (Mat
13,52). Il nous faut donc continuer à chercher, lire les signes des temps (Luc
12,56), et respecter ce qu’il y a de bon dans notre culture. Au sujet des
mariages avec disparité de culte, des catéchumènes polygames ou leurs femmes et
d’autres situations difficiles, en particulier celles causées par la culture
traditionnelle, nous avons rappelé ce conseil de Paul : « le mari non
croyant est rendu saint par sa femme et la femme non croyante est rendue sainte
par son mari croyant. Sinon, vos enfants ne seraient pas purifiés…chacun doit
continuer à vivre dans la situation que le Seigneur lui a donnée en partage, et
où il était quand Dieu l’a appelé » (1° Cor 7,14 + 17).
Nous avons rappelé aussi que les
premiers responsables de l’enfant, ce sont les
parents. Ainsi nous catéchistes nous ne devons pas accepter la démission
des parents ; sans oublier le rôle des parrains et marraines qui reste incontournable dans l’éducation
catholique de l’enfant. Chaque catéchumène devrait avoir son parrain ou sa marraine dès le début de la catéchèse.
La communauté doit s’intéresser à la catéchèse. On doit en
parler à chaque réunion de CEB. Et chaque CEB doit organiser la catéchèse des
petits dans son quartier (éveil religieux, avant la catéchèse préparatoire aux
sacrements).
-Après l’intervention, nous sommes
allés en carrefour pour répondre à
la question suivante : Quelles
conclusions tirons-nous des textes étudiés (N° 125 et 127 de l’exhortation du 2°
synode pour l’Afrique de 1999 ?
En résumé, les quatre groupes ont
donné ces conclusions pratiques :
1.
Suivre
les enfants au niveau familial.
2.
Amener
les enfants à s’engager dans l’Eglise. Chaque enfant doit être dans un
mouvement ou un groupe, celui de son choix. Sinon, à la fin de la catéchèse,
ils vont disparaître.
3.
Le
coût de la vie et les difficultés
détournent l’attention des parents, ce qui joue négativement sur l’éducation
chrétienne des enfants et rend difficile la tâche du catéchiste.
4.
L’importance
que les parents accordent aux sacrements,
à la place de l’éducation religieuse qui est le fondement d’une foi solide en
Jésus.
5.
Le
travail du catéchiste doit susciter de nouvelles vocations. Pour cela, nous
devons être des modèles et nous engager partout : dans le quartier, au
travail…car les catéchumènes nous regardent vivre. Nous devons honorer notre
vocation.
6.
Approfondir
la communion entre les catéchistes de la Paroisse. Dépasser les divisions
ethniques.
7.
L’amour
fraternel doit être la base de nos relations avec les enfants, donc l’enfant ne
doit pas craindre son catéchiste.
8.
Nous
devons chercher l’implication de tous les paroissiens (parents ;
CEB ; responsables de communautés).
9.
Le
catéchiste doit faire preuve de discipline, de ponctualité et d’assiduit.é. Et
mettre lui-même en acte son propre enseignement
10.
Pour
mieux comprendre l’inculturation, il faut que le catéchiste s’intègre dans son
milieu et s’informe sur la culture traditionnelle, pour mieux apporter des
éléments de réponses concernant cette relation entre la religion et la culture.
11.
Revoir
l’âge de la confirmation, pour que les enfants soient plus âgés et plus mûrs
12.
Impliquer
les parrains et marraines dans le processus de formation chrétienne des
enfants.
13.
Chercher
une formation individuelle ou collective
solide en tant que catéchiste, pour pouvoir donner un enseignement de
qualité aux enfants et répondre aux attentes de leurs parents. Ne pas se
contenter des sessions. Lire et étudier personnellement. Demander des documents
pour cela.
14.
Chercher
à connaître les parents des enfants, les visiter et entretenir de bonnes
relations avec eux.
15.
C’est
très important de partager la Parole de Dieu et d’apprendre aux enfants à prier
personnellement (donner des intentions)
16.
Apprendre
aux enfants à vivre en paix avec les autres croyants. Ne jamais mal parler des
autres religions
-Au cours de l’eucharistie, chacun s’est exprimé pour demander
pardon, pour prier pour les catéchumènes et leurs parents mais aussi pour le
Sénégal, et à la fin pour rendre grâces au Seigneur. Nous avons partagé
l’Evangile du jour. Et en sortant, nous avons vénéré l’Evangile de Jésus qui
nous sauve.
-Après le repas, nous avons abordé les
questions pratiques, pour mieux enseigner la catéchèse, à partir de la
feuille « réflexions pour la catéchèse ». La catéchèse, ce n’est pas
seulement un enseignement, c’est une initiation
à la vie chrétienne. La catéchèse ne
se limite pas au seul temps de la catéchèse. C’est pour cela que les réunions
avec les parents sont si importantes. Et que les CEB prennent la responsabilité
de la catéchèse.
Nous aimons nos catéchumènes. Nous cherchons à les écouter et à les
comprendre. Nous cherchons ce à quoi Dieu nous appelle, ensemble avec eux. Nous
les éduquons à la liberté et à la
responsabilité, pour qu’ils s’engagent dans l’Eglise mais aussi dans la
société. Nous acceptons les enfants
tels qu’ils sont. Nous ne faisons pas de différences entre les pauvres et les
riches, les faibles et les intelligents. Nous nous adaptons à chaque
enfant : son caractère, son âge…
Nous ne sommes pas toujours des modèles, mais nous cherchons au moins à rendre témoignage de notre foi. Car
être catéchiste, c’est un appel de Dieu
et une vocation. Nous avons parlé
aussi des étapes du baptême.
Certains parents nous reprochent de ne pas enseigner les prières. Mais
d’abord, c’est leur responsabilité. C’est à eux de le faire, avec les
parrains. Cependant, à chaque leçon, on
pourra faire réciter une prière chrétienne, les unes après les autres, et
l’expliquer.
-Dans un 2° temps, nous avons rappelé comment sensibiliser et
conscientiser tous ceux qui nous entourent, pas seulement les chrétiens, pour
que la campagne et les élections se
passent sans violence et sans corruption, que chacun vote librement selon son
cœur, mais après avoir bien réfléchi pour choisir son candidat (voir les 10
commandements de l’électeur)
-Nous avons aussi distribué une feuille avec les N°s 128 à 131 de
l’exhortation du 2° synode pour l’Afrique sur l’engagement des laïcs (à lire et à partager avec les autres)
Fait à Dakar le 31- 01- 2012
Blaise THIAW
1.L’HOMOSEXUALITE AU SENEGAL
J’ai été invité à l’Université de
Dakar, à l’Ecole Nationale des Etudiants en Science Sociale (ENEASS), pour
intervenir sur la question de l’homosexualité. Cette Conférence était organisée
par l’Amicale des étudiants catholiques de cette école. L’homosexualité est
actuellement un sujet très brûlant au
Sénégal. Pas seulement suite au vote du « mariage pour tous » en
France, mais à cause du changement de la société sénégalaise elle-même, où
certains homosexuels se montrent maintenant en public. Les réactions sont
nombreuses et souvent très dures. Même des ministres sont accusés
d’homosexualité : cela devient un moyen de lutte politique. Les personnes
reconnues comme telles sont injuriées, rejetées de leur famille et même frappées
dans les quartiers. En cas de
manifestation en public, la loi actuelle demande de les mettre en prison. Et
certains y sont effectivement. Le Président de la République s’est engagé à ne pas
dépénaliser l’homosexualité : L’homosexualité continuera à être condamnée
par la loi, et suivie d’emprisonnement. Et on accuse par exemple les Etats Unis,
de conditionner leur aide économique à la reconnaissance de l’homosexualité, ce
que la très grande majorité de la population refuse absolument. A titre
d’exemple, voici ce qu’a déclaré l’avocat général lors du jugement en appel de
Tamsir Jupiter Ndiaye : « Cette pratique contre nature (c’est le
terme officiel et juridique utilisé pour les rapports entre homosexuels)
commence à devenir un phénomène dans notre société foncièrement croyante. Face
à ces dérives, on doit renforcer les sanctions en portant des peines sévères,
justes et dissuasives. Car le problème commence à se poser mêmes dans les
écoles. Pour lutter efficacement contre ce fléau, nous devons sévir ». Et
il a demandé 5 ans d’emprisonnement ferme. (Journal Wal Fadjri du 29-6-13).
Du côté de l’Islam, la question est tranchée. L’homosexualité est purement et simplement
condamnable. L’Iman qui est intervenu lors de notre Conférence a été clair et
précis, sur la position de l’Islam : « Il faut condamner absolument
l’homosexualité, c’est une perversion et un péché. Elle va contre nos valeurs
traditionnelles et islamiques. Ce sont des lobbys étrangers qui veulent nous
l’imposer de force, pour des intérêts inavoués. Ce qui risque d’aboutir à un
changement de nos comportements sexuels ». La théorie du genre est
évidemment rejetée, avec tout autant de vigueur
Voici des notes, prises à partir de ce que j’ai essayé d’expliquer, en tenant compte des aspects
culturel, religieux,... Il me fallait avancer « doucement », dans les
2 sens du mot: lentement et avec
douceur. Car c’est évident, que cela ne sert à rien de choquer les gens, ni
d’imposer de force des idées. Cela ne pourrait servir qu’à bloquer les choses,
et à empêcher toute réflexion et tout progrès. Je donnerai en annexe le point
de vue d’un psychologue qui est intervenu le même jour.
Plan : Du côté de l’Islam
QU’EST-CE QUE L’HOMOSEXUALITE ?
p.2
D’où vient l’homosexualité ? p.2
Que faire si tu es jeune, et découvre
en toi des tendances homosexuelles ? p.4
COMMENT NOUS CONDUIRE PAR RAPPORT AUX
HOMOSEXUELS ? p. 5
Un point de vue chrétien p.6
REFLEXIONS SUR L’HOMOSEXUALITE p.6
Que penser du mariage
homosexuel ? p.9
Pour des travailleurs sociaux p.10
INTERVENTION DE HADJA TANDIAN SOCIOLOGUE p.11
QUELQUES QUESTIONS ABORDEES
AU COURS DU DEBAT p.12
Questions à l’Eglise p.13
Qu’est-ce que l’homosexualité ?
C’est l’attirance vers une personne
du même sexe (appelée lesbianisme pour les femmes). Quand on passe à l’acte, c’est
non seulement vivre une amitié, mais aussi avoir des rapports sexuels entre
personnes du même sexe. Personne ne choisit cette tendance. Souvent les personnes
concernées en souffrent, parfois atrocement. Elles ne sont pas heureuses, elles
méritent tout notre respect.
Qu’en dire ?
Premièrement reconnaître que cela existe. Il y a effectivement des personnes
homosexuelles vivant parmi nous. Il ne faut pas se cacher la face. D’ailleurs
l’homosexualité existait déjà autrefois, et les homosexuels étaient même
reconnus d’une certaine façon : c’est ainsi que lors des grandes
cérémonies, ils étaient invités par les cuisinières, pour les aider lors de la
cuisson des repas (utilisation de leur force pour les travaux lourds :
remuer les aliments dans les marmites, soulever les ustensiles lourds, le bois
de chauffe, etc.…). Mais cela restait une réalité cachée, alors actuellement
des gens ont le courage de se dire homosexuels, devant tout le monde. Comme
d’autres ont eu le courage de se reconnaître malades du SIDA, il y a une
dizaine d’années.
D’où vient l’homosexualité ?
Certains ont voulu dire que
l’homosexualité est congénitale (on l’aurait depuis la naissance). Mais
personne n’a trouvé le gène de l’homosexualité dans les chromosomes humains.
D’autres disent que l’homosexualité est une maladie comme les autres. Mais
traiter toutes les personnes
homosexuelles de malades, est-ce vraiment les aider ? N’est-ce pas plutôt les rejeter et les
culpabiliser? Puisqu’on n’a trouvé aucun médicament pour le moment, pour
soigner cette prétendue maladie.
En fait, la plupart des gens pensent
que l’homosexualité viendrait de
l’éducation. Par exemple, si le Père de la petite fille ou la Mère du petit
garçon a une influence trop forte, ou est trop méchant avec l’enfant. L’enfant se
tournerait alors vers une personne du même sexe, parce qu’il à peur ou simplement
se sent mal à l’aise, avec le parent de l’autre sexe.
Ou bien au contraire si le Parent du
même sexe a trop gardé l’enfant pour lui (il l’a attiré et même monopolisé,
sans laisser sa place au parent de l’autre sexe. Il l’a accaparé et supprimé sa
liberté). A ce moment là l’enfant quant il va grandir, il va chercher à
retrouver l’Amour et la présence du parent aimé, dans une personne du même
sexe. Ou bien, encore si un enfant a été privé de l’amour de son parent de
l’autre sexe quand il est éduqué par sa mère seule.
L’homosexualité pourrait aussi venir
d’adultes de l’autre sexe, qui ont imposé
des violences ou des souffrances sexuelles à l’enfant. Alors il a peur de
l’autre sexe, et il se tourne vers des personnes du même sexe, pour vivre sa
sexualité sans peur ou dans la sécurité. Par exemple après un viol, ou même
simplement des attouchements sexuels imposés de force.
Certains psychologues pensent qu’il
s’agirait d’un développement de
l’adolescent qui n’a pas été jusqu’au bout, au point de vue psychologique
et sexuel. En effet au moment de l’adolescence, la sexualité se réveille et
devient très active chez le jeune. Mais au début, il a peur de l’autre sexe. Il
cherche donc l’amitié auprès de camarades du même sexe. C’est peu à peu qu’il
va s’orienter vers les jeunes de l’autre sexe, pour vivre la mixité, avant de
choisir quelqu’un avec qui il pourra se marier. Cela c’est l’évolution normale.
Mais si cette évolution est arrêtée en cours de route, pour une raison ou pour une
autre, que parfois on a beaucoup de peine à connaître, alors le jeune resterait
au stade de l’homosexualité.
La relation sexuelle a deux buts essentiels : d’abord se montrer son amour
mutuellement, et ensuite donner la vie. On reconnait maintenant que des personnes
homosexuelles peuvent vraiment s’aimer. Mais bien sûr, elles ne peuvent pas
avoir d’enfant. Leur sexualité n’est donc pas vécue complètement. Car pour
avoir un enfant, la relation sexuelle doit être vécue entre un Homme et une
Femme. Mais aussi par voie « naturelle », pour que l’homme dépose les
spermatozoïdes dans le vagin de sa femme. Cela n’est évidemment pas possible en
cas de masturbation, qu’elle soit individuelle ou mutuelle. Ni en cas de
relation sexuelle entre femmes (cunnilingus) ou entre hommes (fellation ou
sodomisation), ni non plus d’ailleurs si celles-ci sont pratiquées entre un
homme et une femme. C’est pourquoi, on peut dire que l’acte sexuel, pour être
complet et pour répondre au deux buts principaux de la sexualité, doit être
fait d’une manière qui permet d’avoir un Enfant. Même s’il n’y a pas grossesse
à chaque fois et que l’acte ne soit pas
naturel. Certains vont jusqu’à dire qu’il est contre nature.
La sexualité a aussi d’autres dimensions : par exemple, donner du plaisir.
Et aussi une dimension sociale. Si on donne au plaisir la première place, il
est clair que l’homosexualité devient normale et importante. Et si la
conception du rôle de la société évolue, et aussi celle de la place de la
personne humaine dans cette société, l’idée que l’on aura de l’homosexualité va
aussi évoluer. Et aussi selon la compréhension que l’on a des droits humains,
et en particulier de l’égalité fondamentale entre les personnes humaines. Cela
montre bien que l’on ne peut pas parler de l’homosexualité d’une façon absolue
et théorique (« en l’air » !). Cela dépend de l’idée que l’on a
de la sexualité, de la personne humaine et de la société que l’on veut
construire. J’y reviendrai plus loin.
En tout cas, des gens disent actuellement
que l’homosexualité est normale. Mais au contraire, des psychologues disent,
que c’est la différence qui permet de se compléter. Et que les relations entrent
personnes de sexes différents sont de très grandes richesses.
Que faire si tu es jeune, et découvre
en toi des tendances homosexuelles ?
Si tu t’aperçois que tu es attiré par
des personnes de l’autre sexe, c’est seulement une tendance. On ne peut pas te
traiter d’homosexuel, tu es simplement homosensible, ou homophile. C’est ce qui
se passe pour tout le monde, d’une façon normale, au moment de l’adolescence. Cette tendance peut être dominée. Tu
n’es pas obligé de passer à l’acte (de la mettre en pratique, dans des rapports
sexuels).
Donc, même si tu en as envie, il vaut
sans doute mieux ne pas commencer des rapports sexuels avec quelqu’un de même
sexe. Il faut au moins prendre le temps de réfléchir
sérieusement, si possible avec des personnes de bon conseil. Car si tu
commences, ce sera très difficile ensuite de revenir en arrière. En effet, ces actes vont augmenter tes
tendances. C’est pourquoi c’est très grave d’imposer des rapports homosexuels à
une autre personne, surtout à un jeune ou à un enfant. Cela peut engendrer en
lui de graves problèmes psychologiques (traumatisme).
La solution, c’est de chercher à vivre l’amitié avec tous, et donc aussi
avec les personnes de l’autre sexe. Si possible, en groupe. Et d’aider ceux qui
en ont besoin. Il y a beaucoup de choses que tu peux faire pour cela. D’ailleurs,
souvent les personnes homosexuelles sont très gentilles. Elles sont très
sensibles, et elles sont un sens artistique développé. Alors, si c’est ton cas,
profite de ces qualités qui sont les tiennes, pour les faire grandir. En
faisant cela, tu pourras sans doute dépasser, ou au moins orienter les tendances
qui sont en toi. Et peut-être arriver à vivre un véritable amour conjugal entre
homme et femme, et aussi avoir des enfants. Ce qui, pour nous en Afrique, reste
une priorité et un but essentiel du mariage et de la sexualité. Sans oublier la
dimension communautaire. Le mariage est encore aujourd’hui une alliance entre
deux (grandes) familles. Il demande l’accord et le soutien des deux familles.
Si tu es croyant, pendant tout ce temps, continue à avoir confiance en Dieu et à le
prier. Tu sais qu’il est pour nous un Père très bon. Il t’aime, il te connaît
comme tu es, car c’est lui qui t’a créé. Il t’accueille tel que tu es, Il ne te
rejette pas. Si tu es chrétien, rappele-toi que Jésus n’a jamais condamné
personne, pas même la Femme adultère ou la Femme prostituée. Il ne te
condamnera pas non plus. Entre dans un groupe de chrétiens mixte : un
mouvement d’action catholique, un groupe de prière, ou une autre activité où il
y a des garçons et des filles qui se respectent et qui s’aiment.
Et si tu n’arrives pas à aimer une personne de l’autre sexe pour la marier, alors tu seras peut-être
appelé à vivre l’amitié avec des personnes homosexuelles, pour répondre au
besoin de ton cœur, mais sans passer à l’acte (sans faire de rapport sexuel).
C’est possible, ce n’est pas plus difficile que pour les Prêtres, les
religieuses et religieux. Et aussi pour certains laïcs célibataires, qui vivent
heureux et réussissent leur vie, sans faire de relations sexuelles. Mais bien
sûr, cela dépend de toi. A toi de réfléchir, et de prier, pour savoir ce que
tu es capable de faire, dans les
circonstances actuelles. Et alors, bien sûr, il faudra en prendre les moyens.
COMMENT NOUS CONDUIRE PAR RAPPORT AUX
HOMOSEXUELS ?
Quelle que soit l’idée que nous avons
sur eux, nous nous rappelons que ce sont des personnes humaines, comme nous. Elles ont droit au respect. Il n’est
donc pas question de les insulter, et encore moins de les frapper.
Même si s’est la loi au Sénégal, je pense donc que ce n’est pas normal de mettre des
homosexuels en prison. Bien sûr, la société doit se protéger. Mais tous les
homosexuels ne sont pas dangereux. Et de quoi doit-elle se protéger ? Car
en fait, les violeurs et les pédophiles, ce ne sont pas des homosexuels, mais
des gens qui attaquent les adultes ou les enfants de l’autre sexe. De toute
façon est-ce que mettre les gens en prison est une solution ? Est-ce cela
qui va les guérir ? Ou même les aider, sinon à changer de comportement, au
moins à vivre leur sexualité d’une manière heureuse et épanouissante, dans leur
situation. Car c’est bien à cela, qu’il faut arriver. En tous cas, les
homosexuels ne sont pas des pédophiles. Il ne faut pas confondre les choses.
A l’inverse,
cela ne veut pas dire que les homosexuels ont tous les Droits. Et qu’ils
peuvent faire n’importe quoi, surtout en public. Car l’attentat à la pudeur,
cela existe pour eux, comme pour les hétérosexuels. Certains disent : »
du moment que nous sommes des adultes libres et consentants, nous pouvons faire
ce que nous voulons ! ». Même si on est d’accord entre adultes,
est-ce qu’on peut faire ce qu’on veut ? Il faut au moins se poser la question, et
tenir compte de la société dans laquelle on vit. Quitte à la faire évoluer.
Mais pour cela, il faut du temps et beaucoup d’intelligence. En tout cas, la
provocation n’est certainement pas la meilleure solution pour cela. Il ne
suffit pas de dire : « je suis né comme ça ! ». Même si on
a des tendances très fortes en soi, est-ce qu’il faut obligatoirement passer à
l’acte ? Il faut au moins voir comment le faire, pour que ce soit accepté
plus facilement.
Un point de vue chrétien :
Même si l’Eglise,
à la suite du Christ, refuse de condamner les gens, elle n’est pas pour le
mariage homosexuel pour autant. Ni pour les relations sexuelles entre personnes
homosexuelles. Et même si la loi de certains pays autorise le mariage civil
entre homosexuels, il n’en n’est pas
question dans l’Eglise. Mais il est absolument
nécessaire de garder le respect des personnes homosexuelles, et de les aimer
avec une véritable amitié. En se rappelant bien sûr, qu’elles ne sont pas
coupables. C’est une tendance qu’elles ont en elles, dont elles ne sont pas
responsables.
Pour une chrétien, l’attitude à suivre me semble être celle de
Jésus avec la femme adultère (Jean 8, 1-11). L’adultère était condamné chez
les juifs, comme il l’est dans toutes les sociétés depuis toujours. Moïse avait
même prévu de faire tuer les personnes adultères à coup de cailloux (lapidation :
Dt 17). Mais d’abord, Jésus nous fait comprendre que la Loi de Dieu n’est pas
la Loi des hommes. Et que même la Loi de Moïse dans la première Alliance doit
changer et être transformée. Ce n’est pas parce que la loi de notre pays
condamne les homosexuels, que nous devons les punir. Ce n’est pas parce que
l’homosexualité est mauvaise, comme l’adultère, qu’il faut condamner les personnes.
Jésus dit à cette femme : « je
ne te condamne pas ». Nous devons donc réfléchir sérieusement, pour
voir si nous ne devons pas faire évoluer les lois de notre pays, pour les
rendre meilleures. Comme Jésus a transformé la Loi de Moïse lui-même. Ensuite,
Jésus dit à cette femme : » va
en paix ». Cela veut dire, que notre rôle n’est pas de faire souffrir
les personnes homosexuelles. Mais au contraire de les défendre, pour qu’elles
puissent vivre en paix dans la société.
Enfin Jésus dit à la femme : » ne pêche plus ». La
personne homosexuelle de son côté devra se demander : est-ce qu’elle
ne doit pas cesser ses actes
homosexuels ? Ou au moins voir ce qu’elle peut changer, dans son
comportement et dans sa vie. Mais en tenant compte de tout ce qu’on a dit
jusqu’à maintenant. En sachant qu’on ne
peut pas changer d’un seul coup, qu’il faut beaucoup d’efforts et beaucoup
de patience. Cela aussi Jésus le reconnaît. Par exemple, quand il dit à Pierre, qu’il faut « pardonner 70 fois 7 fois ! » (Mt
18,22).
REFLEXIONS SUR L’HOMOSEXUALITE
En France, on a légalisé le mariage homosexuel, à cause du principe de
l’égalité pour tous. Bien sûr, au cours de cette conférence, on s’est posé
beaucoup de questions à ce sujet. Car tout ce qui se passe en Europe,
spécialement en France, a aussitôt des répercutions au Sénégal. Cela devrait d’ailleurs
nous interroger. Est-ce que nous devons
suivre l’Occident en toutes choses, pour nous développer ? D’abord, nous
n’avons pas voulu entrer dans un débat de fonds sur ce qui se passe en France,
et qui remet en cause aussi bien la
conception traditionnelle du mariage, que celle de l’égalité des droits. Voici
simplement quelques réflexions qui ont été faite.
On peut se demander si le fait de
reconnaître le mariage homosexuel officiellement, au lieu de diminuer les
attaques contre ces personnes, ne les a pas au contraire augmentées, de la part
de certains.
Il faut bien comprendre qu’autoriser le mariage
pour tous, ce n’est pas seulement permettre à un petit groupe de personnes
homosexuelles (environ 5%), d’avoir le même statut que les autres. Reconnaître
le mariage homosexuel, c’est transformer complètement l’idée du mariage, et
donc toucher à la base même de la société. Autoriser le
mariage pour tous, cela demande une transformation profonde du code civil et de
la constitution. Hors au Sénégal, nous sommes fatigués avec les changements de
constitution, qui ont amené tellement de problèmes, au temps du Président
passé. Et on ne change la constitution, simplement pour gagner des voix aux élections,
ou pour un autre intérêt. Les français ont décidé de le faire, mais avec
beaucoup d’oppositions d’ailleurs. De nombreuses personnes, et pas seulement
l’Eglise catholique, ont demandé pour cette raison un débat national sur le
sujet, qui serait suivi d’un référendum. Mais le gouvernement ne l’a pas
accepté. Nous n’avons pas les mêmes valeurs ni la même société au Sénégal. Nous
ne sommes pas obligés de les suivre !
C’est vrai que la façon dont le mariage a été vécu dans le
passé a beaucoup changé, avec le temps. Et elle continuera de changer encore.
Mais les familles et les mariages ont pratiquement toujours été compris, comme
le lieu où la vie et où on éduque, et où on transmet les valeurs reçues des
générations précédentes.
On parle aussi de droit à l’enfant.
Mais que deviennent alors les droits de l’enfant ? Car on ne
fait pas un enfant pour soi-même, mais pour lui. Et pour son avenir heureux,
avec toutes les conditions nécessaires pour cela. En reconnaissant le mariage
homosexuel, on touche à la réalité de ce que sont un père et une mère. Puisque
dans le mariage homosexuel, les deux sont du même sexe. Qui sera le père, et
qui sera la mère? Et quel sera le rôle de chacun dans le mariage
homosexuel ? Jusqu’à preuve du contraire, l’enfant pour grandir et se
développer, a besoin d’un père et d’une mère différents, qui se complètent et qui s’aiment. L’enfant a besoin de
connaître ses parents. Que va-t-on lui dire, quand il va demander qui est son
Père ? On parle du Droit du mariage pour Tous, mais que deviennent alors
les Droits des enfants. Est-ce que les adultes ont le Droit d’imposer une
famille homosexuelle à ces enfants, qu’ils n’ont pas fait eux-mêmes ? On
se demande alors si ces adultes veulent un enfant pour le bien de l’enfant, ou
pour eux-mêmes ?
Et on se pose beaucoup de questions au sujet
de l’adoption, et encore plus la procréation assistée, pour les couples
homosexuels. Jusqu’où va-t-on aller ? C’est vrai que la science à fait
beaucoup de progrès : des couples stériles peuvent avoir des enfants,
grâce au progrès de la médecine. Mais est-ce que toutes les façons
(scientifiques) d’avoir des enfants sont bonnes pour autant : la
procréation assistée, mais aussi les mères porteuses (les femmes qui portent un
enfant pour une autre), le clonage (faire plusieurs enfants absolument
semblable à partir du même œuf, etc.…). La question de l’adoption n’est pas
simple non plus. Est-ce que cela ne va pas augmenter les ventes et les trafics
d’enfants, contre lesquels nous avons tant de mal à lutter, dans certains de
nos pays ?
Il faut aussi réfléchir aux raisons que l’on donne au mariage homosexuel. On parle de
mariage pour tous. Mais, de toutes façons, le mariage n’est pas autorisé pour les mineurs,
ni entre membres de la même famille. Il n’y a donc pas de mariage pour tous. On
dit qu’il faut l’égalité des Droits pour tous. Mais est-ce que l’égalité, c’est faire la même chose pour tous ?
Est-ce qu’il ne s’agit pas plutôt que tous soient respectés, mais aussi reconnus,
non seulement dans leur dignité, mais également dans leurs différences. C’est
dans ce sens que l’on parle des Droits des minorités. Tous les hommes sont
égaux en Dignité et en Droit. Mais les Droits des enfants sont plus important
que ceux des adultes, parce qu’ils sont plus faibles. On a déterminé des droits
spécifiques de la femme, alors que c’est une personne humaine égale à l’homme.
Il y a aussi les Droits des prisonniers, les Droits des émigrés, etc.…. Nous ne
sommes pas égaux par notre taille, ni par notre intelligence. Ni par la couleur
de notre peau, ni par notre place dans la société. La société demande qu’on
traite les personnes d’une façon différente, quand les circonstances sont différentes.
Donc » les Droits pour Tous » cela ne veut pas dire » la même
chose pour Tous ». Même si l’on veut l’égalité entre les personnes (la
même dignité et le respect), de toute façon un couple homosexuel ne sera jamais
comme un couple hétérosexuel, parce qu’ils ne peuvent pas faire d’enfants
eux-mêmes. C’est une différence fondamentale. Pour défendre le mariage
homosexuel, certains disent qu’on a fait des études par exemple aux Etats-Unis
qui noteraient que les enfants adoptés des couples homosexuels reçoivent une
éducation aussi bonne que ceux des enfants éduqués par leurs pères et leurs
mères. Mais d’autres études très sérieuses, comme par exemple celle de Mark Regnerus
en juin 2012, affirme que les enfants des familles traditionnelles sont plus
équilibrés psychologiquement et plus à l’aise dans la société. Alors qui a
raison ? On ne peut pas trouver une solution à un tel problème seulement
avec des enquêtes et des sondages. Il faut une vraie réflexion anthropologique
(au niveau de la nature profonde de l’homme) philosophique et juridique.
Cette question du mariage homosexuel
est le signe que l’homme grâce à la culture (l’éducation et la civilisation)
veut commander à sa nature (ce qu’il
est naturel). Cela peut lui permettre de devenir plus homme (plus humain) et
plus heureux. Mais à condition de bien réfléchir là où il va. Cela n’est pas
une raison pour accepter toutes les théories, comme par exemple la théorie du
genre, qui voudrait nous faire croire que notre sexe ne dépend pas de notre
nature (notre corps), mais de notre choix libre. Et que toutes les façons de
vivre sa sexualité seraient égales (indifférentes), sans conséquences et
bonnes. Nous devons bien reconnaître que cette théorie nous est imposée par des
pays étrangers. Elle est même parfois posée comme condition, pour accorder une
aide économique. Ce qui est évidemment inacceptable. Il ne faut pas enfermer la
personne humaine dans les limites de sa seule sexualité. La culture permet de
dépasser la nature et de se comporter en homme civilisé (cultivé). Et il est
important de vivre sa sexualité d’une façon personnelle, selon ce que l’on est.
Mais cela ne veut pas dire pour autant accepter la théorie du genre, ni les
pratiques homosexuelles, ni le "mariage pour tous ».
Déjà en France, il y a eu le PACS qui reconnaît l’union entre deux personnes non mariées et
mêmes homosexuelles. Est-ce que cela ne suffit pas ? Certains ont dit que
le PACS ne permettait pas d’hériter de l’autre ou de profiter de sa pension. Ce
sont des choses qui pouvaient très bien être réglées dans le cadre du PACS. Est-ce
qu’on avait besoin pour cela, de faire le mariage pour Tous, et de changer ainsi
les bases même de la société ?
Bien sûr, ces questions sont
difficiles. Il faut y réfléchir profondément, et prendre le temps nécessaires
pour cela. Il faut écouter les raisons et les explications de tous et de
chacun, sans les rejeter au départ. Mais cela ne veut pas dire tout accepter,
ni copier obligatoirement les pays occidentaux….même si l’Afrique du Sud a
reconnu ce mariage. Au contraire, ce « mariage » nous pose de vraies
interrogations. Et nous demande de réfléchir d’abord, à la façon dont nous vivons le mariage entre hommes et femmes, dans la
société sénégalaise. Et comment nous éduquons nos enfants. A ce niveau, la
question du mariage homosexuel est donc très importante pour nous. Elle doit
nous permettre de faire des progrès.
Que penser du mariage
homosexuel ?
Il faut revenir à notre tradition.
Dans le mariage traditionnel, le mariage était d’abord fait pour avoir des
enfants. Il est bien évident que le mariage homosexuel ne peut pas répondre à
ce besoin. Mais depuis, nous avons été touchés par les idées modernes sur le
mariage. Maintenant l’autre raison principale, pour lesquelles on se marie,
c’est pour vivre une amitié profonde entre mari et femme. La relation sexuelle n’est plus faite seulement pour avoir des
enfants, mais devient un geste d’amour qui unit profondément deux
personnes. Bien sûr, je ne parle pas ici des mariages forcés qui existent
encore. Ni des mariages d’intérêt, pour l’argent…
L’amitié et l’amour entre deux hommes ou deux femmes, cela existe, et cela peut être très beau. La
question est de savoir, si cet amour
peut et doit se vivre obligatoirement dans des rapports physiques ?
Par exemple, un homme ou une femme mariée peuvent vivre une véritable amitié,
avec une autre personne que leur conjoint. D’ailleurs, ils ont sans doute eu
des amis avant de se marier, et cette amitié peut très bien continuer. Cela ne
veut pas dire qu’ils vont faire des rapports sexuels. Au contraire, le mari
comme la femme peuvent avoir des amis, tout en étant fidèles l’un à l’autre.
Mais bien sûr dans ces conditions, il vaut mieux que l’ami devienne l’ami du
couple tout entier.
Au point de vue physique, c’est bien
évident que l’appareil génital de l’homme et de la femme sont faits l’un pour
l’autre. Et que c’est le vagin de la femme, qui est fait pour recevoir le pénis
de l’homme. En tout cas, c’est la façon
naturelle d’avoir des enfants.
La question de fond qui se pose
est : quel type de société
voulons-nous construire? Il est clair que les sociétés occidentales
sont devenues de plus en plus individualistes. Chacun cherche d’abord son
propre intérêt et son propre plaisir. A ce moment-là, il est évident que chacun
va demander des Droits pour lui-même. Et si on est homosexuel, on demande le
droit non seulement à la sexualité, mais aussi au mariage. C’est l’intérêt
personnel, qui passe avant la dimension
communautaire. Chez nous, notre société est d’abord communautaire. Cela
signifie vivre ensemble. Comme le dit le proverbe « L’homme est le remède
de l’homme.» Le mariage n’est pas seulement l’union d’un homme et d’une femme,
mais l’alliance entre deux familles. Et le mariage traditionnel a gardé sa
force jusqu’à maintenant. On a donc des difficultés à accepter les homosexuels,
et encore plus à leur accorder des droits. Car on veut protéger la société, et
que tout le monde se conduise de la même manière. C’est très important de
garder la dimension Communautaire. Mais à condition de ne pas écraser les personnes. D’un autre côté, c’est important
d’assurer la liberté de chacun et les mêmes droits pour tous. Mais cela ne veut
pas dire accepter tous les comportements. Il y a donc un équilibre très
difficile à trouver.
Pour des travailleurs sociaux.
Je m’adresse à des travailleurs
sociaux. Votre travail est d’abord d’aider et de soutenir les gens. Cela
demande que vous les acceptiez, que vous
les accueillez tels qu’ils sont, avec leurs problèmes et leurs difficultés,
sans imposer vos idées et sans les condamner. Vous serez donc amener à
rencontrer des personnes homosexuelles. Elles ont droit au respect et au
soutien de votre part.
Il est important aussi, que vous considériez les conditions de vie des gens.
Par exemple, vous serez appelés à travailler avec des prisonniers. Des hommes
et des femmes adultes, ayant des activités sexuelles régulières se trouvent
d’un seul coup arrêtées et enfermées en prison. Les hommes se trouvent
seulement avec des hommes, des femmes avec des femmes. Il est bien évident à ce
moment-là, la tentation de l’homosexualité se pose, pour des gens qui
n’arrivent pas à maîtriser leur sexualité. D’autre part, on sait bien qu’en
prison, il y a des chefs de bande, qui commandent les autres. Et qui donc vont
se servir de certains prisonniers pour leur plaisir sexuel. Leur imposant ainsi
des relations homosexuelles contre leur volonté. Ce qui est bien sûr un viol,
et une exploitation de la personne humaine absolument inadmissible. Il n’est
certainement pas question d’accepter cela. Mais d’autre part, ne faut-il pas
être réalistes, et voir les choses en face ? Or jusqu’à maintenant, on
ferme les yeux. On interdit l’entrée de condoms dans la prison, alors qu’on
sait bien ce qui s’y passe. Il est absolument nécessaire d’éduquer et de
conseiller les gens, de lutter contre toutes les formes d’oppression et
d’utilisation sexuelle des plus faibles. Mais il est aussi important de lutter contre la propagation
du SIDA.
INTERVENTION DE HADJA TANDIAN SOCIOLOGUE
Le sociologue est membre de la
société. La société avance ? et il faut réfléchir à ses transformations. On peut avoir une attitude subjective ou
objective. Il y a donc deux points de vue sociologiques. Un point positif
ou compréhensif, et une position de rejet. Ensuite se posent les obstacles,
apportés par l’Etat-civil : la loi
telle qu’elle existe dans le pays. Enfin, il y a les opinions des
gens dans la société, et les questions tabous qu’on évite absolument. Celle de
l’homosexualité en est une. Il faut donc se demander, dans quelle société
sommes-nous ? Et ensuite, quelle société voulons-nous ? Est-ce qu’on
doit suivre ce qui se passe dans les pays étrangers, en particulier
occidentaux ? Ou bien devons-nous rester nous-mêmes. Et dans ce cas,
comment se protéger ? De toute façon, il est important de parler de ces
questions, parce que le problème existe. Allons-nous accepter que
l’homosexualité est une pratique, différente mais normale, de la vie sexuelle
et morale ? Ou bien est-ce qu’elle doit être marginalisée et cachée? Et
même rejetée ? Est-ce que l’homosexualité est une maladie (une pathologie),
et donc un comportement exceptionnel. Si c’est une maladie sociale, il faut
s’en occuper pour la soigner. De toute façon, il est important de garder une
attitude scientifique par rapport au problème.
Pour le positif, le sociologue doit
refuser le faux exemple. Faire des découvertes, cela conduit toujours à aller
contre les idées reçues. Il ne faut pas se laisser intimider, ni refuser les
résultats des enquêtes que l’on fait. Mais souvent nos sentiments et nos idées
préconçues s’y mêlent. Nous sommes très passionnés. Il est donc important de
mettre une distance, entre le sens
commun et la recherche scientifique. Mais dans la société, la liberté doit
tenir compte de la vie sociale, et ne pas devenir libertinage. Il faut savoir
se comporter selon les normes sociales. Les homosexuels font partie eux aussi
de la société. Même s’ils ont des comportements déviants, ce sont des
citoyens : ils payent l’impôt, ils doivent avoir leur place dans le pays.
On se trouve devant deux obstacles :
-
Premièrement
le contrôle social : la société veut que ses membres se comportent selon
les normes établies.
-
Deuxièmement
l’identité sociale de l’individu.
Souvent les normes sociales sont
intériorisées par la personne. Et si elle ne se conduit pas comme la société le
demande, elle se sent coupable (elle se culpabilise).
Dans notre travail, il est
important de comprendre et non pas de
condamner, et d’éviter les préjugés. De regarder les choses de manière
objective. Mais est-ce que l’objectivité est possible ? Le plus important
en tout cas, c’est d’accueillir les personnes homosexuelles, pour qu’elles
puissent nous dire le sens qu’elles donnent à leur vie. Et comment elles vivent
leur homosexualité. C’est la première étape nécessaire. On ne peut pas juger
les gens, sans les avoir d’abord écoutées.
Au niveau du Droit et de
l’Etat-civil, en Europe, le mariage était organisé par l’Eglise catholique. C’était
même un sacrement. Au moment de la révolution française, en 1789, on a parlé du
Droit naturel et on a détaché le mariage de l’Eglise, pour composer un code
civil. Cela a été la porte ouverte à toutes les évolutions, puisque le mariage
n’était plus sur le terrain religieux. Or, la société a continué à avancer et à
se transformer. C’est ainsi que dans les années 1990, on a mis en place le
PACS, qui était une reconnaissance par la Loi, des gens qui vivent ensemble
sans vouloir se marier. A partir du moment que le code civil suit l’évolution de la vie en société,
toutes les situations peuvent être reconnues. En effet, dans la société, il y a
souvent un système de valeur dominante qui est reconnue par la Loi. Il y a
aussi des groupes et des lobbys, c’est-à-dire des groupes minoritaires qui ont
le pouvoir politique et économique, et qui veulent imposer leurs idées et leurs
façons de faire, grâce à leur pouvoir. Dans une société, si on donne des Droits
à certains et pas à d’autres, c’est une injustice.
Par ailleurs dans la société actuelle, le
mariage échappe de plus en plus, non seulement à l’autorité des religions, mais
aussi à l’autorité de la famille. Les gens demandent d’être libres de se marier,
et pour certains de se marier avec qui ils veulent, et comme ils veulent. Mais
pour une Loi juste et qui fait progresser, on ne peut pas se contenter de
reconnaître les valeurs dominantes, et de faire des Lois, à partir des
sondages. La loi doit avoir un fondement
social solide, et permettre aux personnes et au pays d’avancer. On doit
chercher le plus possible le consensus social dans le pays. Ce consensus (se
mettre d’accord) il n’est pas donné au départ. Il doit se construire, dans le
dialogue et le respect mutuel. On doit éviter l’isolement et le manque de
confiance dans les autres. Ce n’est pas souhaitable. Il faut aussi chercher à
garder le plus haut degré de moralité possible. Une société ne peut pas
accepter plusieurs morales et des comportements différents en même temps. En résumé
le sociologue doit avoir un point de vue positif. Pour cela, il faut du recul
pour mieux voir les choses. Il doit avoir une attitude compréhensive, et
reconnaître que la façon de vivre le mariage a évolué. Le droit civil a pris la
place des lois religieuses. Et le code civil doit évoluer lui aussi. Tout le
monde est interpellé. Encore une fois, Il faut chercher tous ensemble, quelle société nous voulons. Et quel but
nous donnons à la société sénégalaise.
QUELQUES QUESTIONS
ABORDEES AU COURS DU DEBAT :
-Si nous sommes croyants,
nous suivons notre religion. Même si cela doit aller contre les Lois du pays.
Mais seulement quand c’est nécessaire, et pour des raisons graves. Et cela nous
demande de réfléchir d’abord sérieusement à la question, calmement et sans préjugés. On ne peut pas dire : c’est la
religion qui dit ça ! Dieu nous a
donné une intelligence, et pour les chrétiens son Esprit, l’Esprit Saint,
pour cela !
-Il est absolument
nécessaire de mettre en place une
véritable éducation sexuelle des enfants et des jeunes. Et que cela se
fasse en premier, par les parents. Nous parlons bien d’éducation sexuelle, et
pas seulement d’information sur le fonctionnement des appareils génitaux.
Actuellement les enfants et les jeunes voient toutes les pratiques sexuelles au
cinéma, à la télévision, et toutes déviations possibles dans les DVD pornos qui
circulent partout. Ils ne savent plus ce qui est normal ou anormal, ce qui de
l’amour et ce qui est de l’érotisme débridé, ce qui fait grandir et ce qui va
les abaisser. Si on présente l’homosexualité comme un modèle au cinéma, à la
télévision et dans les clubs, il est bien évident que les jeunes seront poussés
à la pratiquer.
-La libération principale par rapport
au mariage au Sénégal, ce n’est certainement pas de reconnaître le mariage
homosexuel. Mais plutôt de lutter contre
le mariage forcé, et le mariage précoce. Et de permettre le mariage entre
ethnies et castes différentes. Ce serait déjà une grande évolution. Et au
niveau de la sexualité, la première chose c’est de lutter contre l’excision. Il ne faut pas se tromper
de problèmes et d’objectifs.
-Notre rencontre était très
importante, pour la liberté d’expression et pour oser aborder ces problèmes.
-La morale étatique, n’est pas la
morale religieuse. La société a autorisé la prostitution dans certaines
conditions (carnet de santé), alors qu’elle est interdite par les religions. De
même, l’alcool et le tabac sont interdits dans l’islam. Mais l’état en permet
la vente. Et même il s’enrichit avec, en faisant payer des taxes. Ce n’est pas
parce que l’alcool est autorisé dans le pays, que tu dois obligatoirement en
boire. Ni te prostituer.
-Un Assistant social est membre de la
société, mais il doit aborder les questions sociales avec responsabilité, et
une attitude de compréhension. Même devant des déviations. Il est important de
ne pas traiter les gens de délinquants, et encore moins les condamner.
Certainement qu’il faut inviter la population de changer son comportement, par rapport aux homosexuels. Et
que l’on revoie les Lois du pays sur cette question
Questions à l’Eglise
Toujours en France, il y a eu de
grandes manifestations contre le mariage homosexuel. Auquel beaucoup de
chrétiens ont participé. Il faut respecter ces chrétiens qui ont agi selon leur
conscience, et qui ont voulu défendre la morale chrétienne. Mais c’est quand
même important de réfléchir à ce qui ont dit et fait, pour notre propre société
sénégalaise. Ils ont voulu défendre l’Eglise Catholique. Mais est-ce la meilleure façon de la
défendre ? Est-ce qu’ils ne continuent pas de rêver d’une Eglise qui
commanderait la société ? Au lieu de reconnaître une bonne fois pour toute,
que l’Eglise est et doit être minoritaire. Et que les Lois de la société ne
seront plus obligatoirement celles de l’Eglise. Ce qui ne nous empêche pas de
rester chrétiens. Et comme le dit Saint Pierre : » d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes »(Actes
4,19+5,29). Est-ce que ces manifestations ne sont pas la suite de ce qu’on
a appelé le catholicisme intransigeant, qui autrefois a refusé la révolution
française (Liberté – Egalité – Fraternité), et ensuite la Déclaration
Universelle des Droits Humains ? Et qui a refusé pendant longtemps la
Laïcité ?
On a bien vu que ces manifestations
des chrétiens ont été parfois récupérées par les Partis politiques de droite,
par des groupes violents et même des casseurs. Les chrétiens qui le veulent ont
le droit d’être dans un mouvement politique de la droite. Mais à condition de laisser la liberté à d’autres chrétiens
d’être de gauche. Et surtout de ne pas imposer leurs idées politico-sociales à
toute l’Eglise. Sinon, certains ennemis de l’Eglise seront trop heureux de dire
que l’Eglise est violente, qu’elle est attachée à un parti politique, ou même
qu’elle est retardataire et obscurantiste : qu’elle vit dans la nuit, en
refusant la lumière et la vie moderne.
Nous ne sommes pas d’accord avec le
mariage homosexuel, ni que ces personnes adoptent des enfants. Mais il faut bien voir où est le problème.
Si on est arrivé à cela dans certains pays comme la France, n’est-ce pas parce
que le mariage a perdu de sa force ? Et que l’on a oublié les valeurs de
la vie et de l’Education ? N’est-ce pas parce qu’on devient de plus en
plus individualiste, et que chacun veut faire ce qu’il veut, et avoir ce qui
lui plaît ? Et avoir les mêmes Droits que les autres, sans en accepter les
conditions. Parce que l’on n’aime plus l’enfant pour lui-même, mais pour soi.
On fait passer le Droit à avoir des Enfants, avant le Droit de l’Enfant
lui-même. Alors bien sûr, on peut être contre le mariage homosexuel. Mais cela
ne suffit pas. Le plus important est de lutter pour rendre notre société plus
humaine et plus communautaire. De lutter contre l’égoïsme et l’individualisme
dans tous les domaines. De respecter davantage le mariage et de chercher une
meilleure éducation des enfants. Et aussi de respecter les idées des autres,
sans vouloir imposer nos propres idées par la force. C’est aussi de faire que
les personnes humaines ne soient pas traitées comme des objets, utilisés à
notre profit. Que se soient les enfants, en particulier les enfants mendiants, les
enfants de la rue, ou les enfants travailleurs. Mais aussi les chômeurs, les
femmes et les paysans, les analphabètes et les infirmes, les réfugiés et tant
d’autres personnes. C’est de lutter contre la perte de la Foi en Dieu, et la
perte de nos valeurs que nous ont laissés nos ancêtres.
Actuellement au Sénégal, tous les
journaux, comme les émissions à la radio et la télévision sont occupées par la
question de l’homosexualité. Au lieu de penser d’abord, aux vrais moyens de faire
avancer le pays, et de trouver une solution aux difficultés de la vie. Il ne
faudrait pas que se soit la même chose dans l’Eglise. Qu’elle ne cherche pas
tellement à se défendre, mais plutôt à défendre les pauvres et les petits. A la
suite de Jésus, qui est venu « servir
et sauver ce qui était perdu » (Luc 19,10) et « réunir tous les enfants dispersés »
(Jean 10,52).
Jésus disait : (Luc 12,32) « N’ayez pas peur petit troupeau, car
il a plu à votre Père de vous donner le Royaume » (Le Royaume, mais
pas la direction de la société). Nous sommes le levain dans la pâte. Le levain
est tout petit, par rapport à la pâte toute entière. Et il suffit un peu de sel,
pour donner du goût à toute la terre (Matthieu 5,12). En tout cas, vue notre
situation très minoritaire au Sénégal, nous ne pouvons rêver à de grandes manifestations
comme celles qui ont eu lieu en France.
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