Formation






EDUCATION SEXUELLE DES ENFANTS (suite) : REPONSES AUX QUESTIONS
Au début de la séance, on a expliqué avec des dessins les transformations dans le corps (la puberté), mais aussi dans l’esprit et dans le cœur (l’adolescence). On a expliqué aussi le phénomène de la fécondation, les règles, les érections, l’éjaculation etc. d’une façon simple, en étant à l’aise pour que les jeunes qui écoutent soient eux aussi à l’aise.
1°) Se connaître : Toi le garçon, tu peux regarder les filles. Mais qu’est-ce que tu regardes ? Quand tu regardes une fille, à quoi tu penses ? Jésus disait : « Celui qui regarde une femme avec des mauvais désirs dans son cœur, il a déjà fait l’adultère » (Mat 5,28). A
Toi la fille, tu veux plaire aux garçons. C’est normal. Mais par quoi tu veux leur plaire ? Par ton corps et tes formes physiques, ou bien par tes bonnes idées et ton amitié ? Si tu lui montres tes formes, il va s’amuser avec tes formes. Et quand il t’aura déformée, il va te rejeter. Si tu lui plais par tes bonnes idées, il voudra échanger des idées avec toi, il va rester avec toi, et vous serez amis. D’abord, qu’est-ce que tu montres aux garçons : tes seins et tes fesses, ou bien ton sourire et ta joie ? Par quoi tu veux te faire aimer ? Et donc comment tu t’habilles ? Tu dois savoir que tout ce que tu montres aux garçons, il a envie de toucher. Et après, il y a les conséquences. Tu dis : c’est la mode. Mais quelle mode tu veux suivre : la mode des filles intelligentes et sérieuses, ou bien la mode des artistes et des prostituées ?
Tu as envie de connaître l’autre sexe, c’est normal. Mais connaître l’autre sexe, ce n’est pas aller s’enfermer dans les cabinets de l’école, pour se montrer son appareil génital, se toucher et s’amuser. Ce qu’il est important de connaître dans l’autre, c’est d’abord ses idées (sa psychologie) et le comportement des garçons ou des filles, pour bien s’entendre ensuite.
Tu as le droit de savoir aussi comment travaille ton corps, avec toutes les questions que tu te poses, par exemple les règles ou l’érection. Pour cela, tu peux te renseigner auprès de tes enseignants à l’école, des responsables de mouvement, ou de gens sérieux et en qui tu as confiance.
Pour apprendre à se connaître entre garçons et filles, la première chose c’est de s’entendre dans la famille entre frères et sœurs et avec les cousins et les cousines.
2°) Les relations sexuelles Des garçons disent aux filles : » on va essayer juste une fois pour savoir comment c’est ». Mais tu dois savoir, que tu peux devenir enceinte en une seule fois, et même la première fois. Même sans être déviergée : si le garçon reste à la porte, sans entrer complètement dans ton appareil. Il ne fera pas entrer son pénis dans ton ventre, mais les spermatozoïdes eux, ils vont remonter, traverser l’hymen si tu es vierge, et tu seras enceinte malgré tout. Tu ne peux pas dire : » juste une fois pour voir comment c’est, et après on s’arrête ». D’abord si tu commences, c’est très difficile ensuite de s’arrêter.
Des filles disent : » je me suis douchée après un garçon, et je me suis essuyée avec sa serviette, dans laquelle il a avait éjaculé. A cause de ça, je suis tombée enceinte ». C’est complètement faux. Les spermatozoïdes quand ils sont à l’air libre, meurent tout de suite. Les filles qui disent cela cherchent une excuse. Si elles sont enceintes, c’est parce qu’elles se sont amusées avec les garçons.
Des garçons disent aux filles : « cela fait trop longtemps que je n’ai pas fait de relations sexuelles, j’ai trop de liquide dans mon ventre. Si je reste comme ça je vais tomber malade, il faut que tu m’aides ». C’est complètement faux. Rester sans faire de relation sexuelle ne rend jamais malade. Au contraire, c’est quand on fait trop de relations sexuelles, qu’on tombe malade : parce qu’on est trop fatigué, et qu’on attrape des maladies sexuelles. Quand un garçon ne fait pas de relations sexuelles, le liquide séminal sort tout seul, généralement la nuit. C’est normal, et c’est même très bon. En effet, ce liquide commençait à être vieux, et il ne pourrait pas faire des enfants en bonne santé. C’est pourquoi il sort. Mais c’est justement pour être remplacé par du liquide frais, de bonne qualité, pour avoir des enfants forts. C’est la même chose pour les règles de la femme. Donc quand le liquide sort la nuit, c’est aussi normal que les règles de la fille. Cela montre simplement que ton appareil génital travaille normalement. Des garçons disent : » ce sont des spermatozoïdes qui sont perdus ». En fait il n’y a rien de perdu, car c’est seulement le liquide séminal qui contient les spermatozoïdes qui sort. Et les spermatozoïdes, il en meurt par milliers tous les jours. Mais ils sont remplacés aussitôt par d’autres. Il n’y a donc pas de problème.
Dieu a très bien fait les choses, ton appareil génital fonctionne très bien tout seul. Le problème c’est quand tu commences à le toucher, et à t’amuser avec. C’est ce qu’on appelle la masturbation. S’amuser avec son appareil génital, tout seul pour trouver du plaisir, ce n’est pas normal. L’appareil génital c’est fait pour s’aimer entre mari et femme, pas pour s’amuser, surtout pas tout seul, ni avant le mariage.
-Les règles : Quand une femme est enceinte, c’est avec son propre sang, qu’elle va nourrir son enfant. C’est pourquoi, chaque mois, elle prépare du sang pour le bébé à venir. Si elle n’est pas enceinte, le sang est vieux : il n’est plus de bonne qualité, pour faire un enfant en bonne santé, Alors, il sort : ce sont les règles. Mais c’est pour être remplacé par du sang neuf. Donc, même si ça fait un peu mal, les règles, c’est très bon. Quand tu commences à voir tes règles, tu dis merci à Dieu. C’est le signe que tu deviens une femme, et tu te prépares à être mère. Mais cela ne veut pas dire, que tu dois commencer tout de suite à faire des relations sexuelles.
Des filles disent : « si tu as tes règles, et que tu veux aller à une soirée dansante et danser autant que tu veux, tu bois du vinaigre, et ça arrête les règles ». Cela aussi c’est faux. Le vinaigre va te brûler l’estomac, mais il ne rentre pas dans l’appareil génital. Il faut savoir qu’il y a beaucoup de choses comme cela que l’on raconte, et qui ne sont pas vraies.
-Les seins, c’est bon. Une femme qui n’aurait pas de seins, elle ne pourrait pas nourrir (allaiter) son bébé. Mais les seins, c’est pour être mère. Ce n’est pas pour t’amuser avec les garçons à la soirée dansante.
3°) Le copinage : Un phénomène qui apparaît maintenant c’est la recherche des copains et des copines. Chaque garçon veut avoir sa copine, et chaque fille son copain, même déjà à l’école primaire. C’est un appauvrissement très grave. D’abord, il faut s’entendre sur le mot copain : co-pain, cela veut dire que l’on partage le pain, la nourriture, les choses que l’on a, mais pas les appareils génitaux ! Certains, même au collège, commence déjà à faire des relations sexuelles, entre copain et copine. D’abord comme on l’a dit, c’est dangereux. On risque les grossesses et les maladies. Et aussi la fatigue et surtout les mauvaises habitudes.
Ensuite, avoir un copain ou une copine trop jeune, cela risque de te faire rater ton avenir. Si tu t’attaches trop vite à un garçon ou à une fille, tu perds ta liberté. Or, quand on est jeune, on continue à grandir, on avance dans la vie et on change d’idées. Mais si tu as déjà un copain ou une copine, quand tu vas changer d’idées, pour le laisser ce sera difficile. En tout cas, tu vas le faire souffrir. C’est ce qu’on appelle les déceptions amoureuses. Le copinage trop tôt empêche de faire un bon choix pour le mariage.
Ce qui est important, c’est de vivre d’abord la camaraderie, et une vraie amitié entre garçons et filles. Comme cela, tu vas connaître les pensées de l’autre, et son comportement. A ce moment-là, tu seras à l’aise avec l’autre sexe. Tu connaîtras beaucoup de garçons et beaucoup de filles. Tu vas apprendre ainsi à aimer, et à te comporter avec l’autre sexe. Et quand le moment sera venu, tu pourras choisir parmi tous ceux que tu as connus, celui ou celle avec qui tu vas construire ta vie. Mais si tu t’es attaché trop vite à un seul garçon ou à une seule fille, tu ne pourras pas choisir, tu as perdu ta liberté.
4°) la capote et les pilules : Il y a des gens qui disent : « maintenant il n’y a plus de problème, tu peux faire des relations sexuelles quand tu veux : tu prends la capote, toi la fille tu prends la pilule, tu es tranquille, tu ne seras pas enceinte ». D’abord il faut savoir que ce n’est pas si simple que cela. Le condom (la capote), il faut apprendre à le mettre comme il faut. Il faut des condoms de bonne qualité, pas des condoms qui ont traîné dans la poussière, ou qui sont restés au soleil au marché, sinon ils vont se déchirer. Un condom, on ne peut l’utiliser qu’une seule fois. Donc cela coûte cher. Et si tu prends l’habitude de prendre des condoms pour faire des relations sexuelles, quand tu n’auras pas d’argent ou que tu ne trouveras pas de condom au marché, comme tu as pris de mauvaises habitudes, tu ne peux pas te retenir. Tu vas faire des relations sexuelles sans condom. Et alors, tu risques des grossesses pour la fille, et les maladies sexuelles pour toi. Cela est donc très dangereux.
Même si tu n’enceintes pas de filles parce que tu as pris le condom, tu vas prendre de mauvaises habitudes. Tu vas commencer à courir partout, et à t’amuser avec les filles. Tu vas gaspiller ton avenir : tu auras une mauvaise réputation (tu vas gâter ton nom), aucune fille sérieuse ne voudra de toi, et tu ne pourras pas être un bon mari. Quand tu seras marié, tu continueras à faire la même chose. C’est cela le problème du condom et des autres contraceptifs. Même s’ils empêchent la grossesse, il n’empêche pas les mauvaises habitudes. Au contraire, ils les font grandir. Même dans le mariage, on ne peut pas faire des relations sexuelles, chaque fois qu’on en a envie. Par exemple, quand la femme vient d’accoucher, ou quand l’un des deux est malade ou en voyage. Il faut apprendre à commander sa sexualité. C’est cela qui est important. C’est le plus important quand on est jeune, pour bien se préparer au mariage. Car ce qu’il y a de difficile dans le mariage, ce n’est pas de faire des relations sexuelles, c’est de s’entendre. C’est cela que tu dois préparer : apprendre à bien t’entendre avec les filles ou avec les garçons autour de toi, pour pouvoir bien vous comprendre ensuite dans le mariage.
De même pour la jeune fille, prendre des pilules ou d’autres médicaments quand tu es trop jeune, et que ton cycle ne s’est pas encore bien mis en place, cela va t’attirer beaucoup de problèmes. Les médicaments, on les prend quand on est malade. Prendre des médicaments quand on est en bonne santé, cela rend malade. Prendre la pilule quand tu es trop jeune, cela risque de casser ton cycle, et de causer des problèmes plus tard, pour avoir des enfants.. Les méthodes de planification familiale, on les appelle familiale, justement parce que ce sont pour les gens mariés, ceux qui ont déjà une famille, pas pour les jeunes.
-Pourquoi les grossesses précoces sont-elles dangereuses ? Si tu es enceinte, alors que tu es encore jeune, ton  appareil génital (ton ventre) est encore trop petit. L’enfant n’aura pas la place de grandir. Et donc il va sortir avant le 9° mois ; il ne pourra pas vivre. C’est ce qu’on appelle les fausses couches. Ou bien, il aura de la peine à sortir au moment de l’accouchement : il faudra t’opérer : faire une césarienne. De plus, ton cycle n’est pas encore bien en place. Tu auras des problèmes de santé. Et tu auras de la peine à avoir des enfants, quand tu seras mariée. De toutes façons, à ton âge, tu n’es pas encore prêtre à être mère, ni à bien éduquer un bébé. Et si tu es élève, tu seras renvoyée de l’école : tu vas gaspiller ton avenir.



Monsieur le rédacteur en chef,
Je lis dans « le quotidien » d’aujourd’hui 3 décembre 2014 p.4-5 l’article : « L’IVG sans interruption ». Je vous serais reconnaissant de publier les réactions ci jointes, de manière à permettre  à vos lecteurs de se faire une opinion à partir de différents points de vue.


D’abord, il faut être clair et reconnaître que le foetus est bien vivant dans le ventre de sa mère. L'avortement c'est donc supprimer une vie humaine qui est déjà commencée. C'est une chose très grave, en opposition directe avec le commandement de Dieu: "Tu ne tueras pas".
Comment oser dire:" l'avortement médicalisé est une question de respect de la vie humaine". Est-ce respecter la vie humaine, que la supprimer? Drôle de respect!
On n’a donc jamais le droit de supprimer une vie humaine (celle du foetus), pour aider une femme dont la grossesse pose des problèmes. Car le foetus c'est une vie humaine qui est déjà commencée. La femme a le droit de disposer de son corps, c’est vrai. Mais le fœtus ne fait pas partie du corps de la mère. Il a sa vie propre. On ne peut pas l'arracher, comme on arrache une dent qui fait mal, ou comme on se coupe les cheveux quand ils sont trop longs.
Bien sûr, il nous faut marquer beaucoup de compassion et de soutien envers les victimes des abus sexuels, mais pas en supprimant l’enfant. En agissant sur les vraies causes: le viol, la violence, le manque d'éducation sexuelle, le rejet des filles enceintes par leurs familles, etc...Certainement que nous devons nous engager davantage dans ce domaine.
Mais comment prétendre solutionner  un abus sexuel  en y ajoutant un crime supplémentaire, le meurtre du fœtus ?

On dit : «Cela fait dix ans que l’Etat s’est engagé solennellement à autoriser l’avortement médicalisé en  cas de viol, d’abus sexuel et d’inceste, conformément au Protocole de Maputo ». Mais aucune loi ni aucun Protocole ne pourra dépasser le commandement de Dieu : » Tu ne tueras pas ». Or dès le moment de la fécondation, c’est une vie humaine qu est commencée. Elle doit absolument être respectée et protégée.

On nous dit : « Les femmes ont le droit d’accéder à l’avortement médicalisé ». Mais l’enfant lui a le droit à la vie, qui est un droit fondamental et premier. C'est lui qui est le plus faible, c'est lui qui doit être défendu  en premier. Pourquoi le tuer ? Il n’a rien fait de mal. Il n’est pas responsable de la grossesse de sa mère.
De toutes façons, l’avortement ne sera jamais un droit. On n'a jamais le droit de supprimer volontairement une vie humaine, même si la grossesse pose des problèmes à la femme. Il faut chercher d’autres solutions. Sinon, c'est supprimer la base de toute société humaine. Faire de l'avortement un droit, cela ne peut conduire qu'à la mort de notre société, après avoir causé légalement la mort de nombreux enfants, beaucoup plus nombreux encore que ceux qui meurent actuellement par avortements clandestins. On veut seulement « autoriser l’avortement médicalisé en  cas de viol, d’abus sexuel et d’inceste ». Mais toutes les femmes et jeunes filles qui voudront avorter, pour n’importe quelle raison, diront qu’elles ont été violées ou abusées. C’est la porte ouverte  à tous les avortements. Et l’article va beaucoup plus loin, en demandant un «  Plaidoyer pour un droit à l’avortement sans restriction ! »




Mais alors que faire ? Il faut tout faire pour aider la mère à garder son enfant. Agir à tous les niveaux : matériel et financier, car une vie humaine n’a pas de prix. Mais aussi  aux niveaux psychologique, affectif et religieux,  pour soutenir la femme enceinte et lui permettre de mener à bien sa grossesse. Mais certainement pas à s’en débarrasser.
Il faut à tout prix agir sur les causes des viols, abus sexuel et incestes. En cherchant par  tous les moyens à faire prendre conscience aux femmes de leur dignité. Et en apprenant aux garçons et aux hommes à respecter les filles et les femmes. A mon avis, c’est d’abord à ce niveau, que l’état et nous-mêmes devons nous engager.
Assurer l’éducation sexuelle des enfants, des jeunes, mais aussi des adultes. Une vraie éducation, et pas seulement distribuer des condoms ou des pilules
La famille chasse souvent la jeune fille qui est enceinte. C ‘est inadmissible. Il faut apprendre aux parents à aimer et à prendre leurs responsabilités envers leurs enfants. Si on la chasse, que va-t-elle devenir ?

L’article continue : « On ne doit pas mettre en prison les femmes qui ont avorté ». Là, je suis entièrement d’accord. C’est à cette dépénalisation que nous devons nous atteler, sans pour autant vouloir affirmer un faux droit à l’avortement. L'article s'inquiète du nombre de femmes incarcérées, pour cause d'avortement. Mais qu'est-ce qu'il propose comme solution: l'accès à l'avortement médicalisé! C'est à dire d'augmenter encore le nombre des avortements! Est-ce que la solution, ce ne serait pas plutôt d'arrêter de mettre ces femmes en prison? Car ce n'est jamais de gaieté de coeur qu'une femme avorte. C'est parce qu'elle est désespérée, abandonnée et rejetée par sa famille et par la société. Et une femme qui avorte a toujours ensuite des problèmes. Elle ne pourra jamais oublier ce qu’elle a fait. Qu’il s’agisse d’avortement médicalisé ou non, cela n’y change rien.

Cette proposition de l'avortement médicalisé donne l'impression que l'avortement serait un acte banal, une simple opération, comme s'il n'avait pas des conséquences psychologiques très graves. C'est pourquoi, la femme dont la grossesse pose des problèmes a besoin de tout notre soutien et de toute notre compréhension, et non pas de condamnation, ni de solution superficielle et trop facile. La solution c'est de l'aider à vivre sa grossesse le mieux possible, afin de pouvoir accueillir cet enfant qui vient. Mais certainement pas de le tuer avant sa naissance!

Et comment oser parler d'avortement médicalisé? La médecine est faite pour soigner et sauver les vies,  pas pour tuer. L'avortement ne pourra jamais être un acte médical. C'est complètement contradictoire. C'est tuer la médecine. De quel droit traiter les médecins qui veulent respecter la vie de « corps médical généralement conservateur » ? Il ne s’agit pas de « santé sexuelle et reproductive » comme on veut nous le faire croire, mais de supprimer la vie. Les méthodes de régulation des naissances existent. Mais l’avortement ne sera jamais une méthode de régulation de naissance.Les organisations des droits de l’homme doivent défendre les droits de tous les hommes, en particulier les droits des enfants, spécialement ceux qui  commencent à vivre dans le ventre de leur mère.
                 
On fait bien de nous conscientiser sur  un problème qui est une réalité : les  violences faites aux femmes, les viols, l’inceste, les avortements et les infanticides. Et les conséquences des avortements clandestins. Le problème est très grave. Il demande une mobilisation de tous. Mais nous ne pouvons pas accepter la solution proposée, qui est encore pire que le mal dénoncé. On ne défend pas la vie en la supprimant! Il faut agir sur les vraies causes: le manque de respect de la femme, le manque d'éducation sexuelle, le rejet des filles enceintes par leurs familles, etc...Certainement que nous devons nous engager davantage dans ce sens. C’est très difficile, ce sera très long, mais c’est la seule solution valable à long terme. Et surtout de ne plus regarder ces femmes et jeunes filles enceintes comme un problème, mais comme des personnes humaines, qui ont besoin d’être accueillies et comprises, aimées et soutenues, respectées et écoutées dans leur souffrance. Et qui ont le droit à une vraie solution à leur détresse.

Agissons ensemble pour soutenir les femmes et jeunes filles enceintes, et pour défendre la vie. Pas pour la supprimer !



Santé reproductive des jeunes : Lettre à une ONG

Merci de m'avoir remis un tee-shirt, mais je vous avoue que je ne le porterai pas! Pourquoi?
Parce que je trouve très équivoque, et même dangereux votre message: Agissons ensemble pour la promotion des droits sexuels et reproductifs des jeunes.
D'abord les  droits ne vont jamais sans les devoirs: en a-t-on parlé?
De quels droits parle-t-on? Est-ce que c'est le droit de faire des rapports sexuels?  Ou le droit à une véritable éducation sexuelle?
D'abord les jeunes ont le droit à une saine information. Mais ils ont aussi le droit qu'on leur apprenne à maîtriser leur sexualité. Et à vivre une vraie mixité entre garçons et filles dans l'amitié et le respect. Ils ont le droit qu'on leur apprenne à aimer et à se préparer au mariage. Pour avoir des enfants en bonne santé, heureux, aimés et bien éduqués.
Mais les jeunes ne sont pas prêts à vivre des relations sexuelles épanouissantes. Parce qu'ils n'ont pas la maturité psychologique pour cela. Et qu'ils n'ont pas encore vécu un amour adulte et responsable.
Une relation sexuelle c' est un acte qui engage et qui va au plus profond de la personne. Ce n'est pas une simple amusement pour le seul plaisir. Une relation sexuelle réussie demande un amour vrai entre l'homme et la femme, et un engagement, pas seulement l'un par rapport à l'autre, mais aussi devant leurs familles et la société.
On ne peut pas se contenter d'affirmer les droits sexuels et de distribuer des contraceptifs pour éviter les grossesses, le Sida et les IST. D'abord il faudrait que les jeunes apprennent à bien les utiliser, ce qui n'est pas toujours le cas
Mais surtout même s'il n'y a pas de grossesses ni de maladies, il y a toutes les conséquences psychologiques. Ils vont faire des relations sans engagement et sans amour, il vont prendre des mauvaises habitudes, et quand ils ne seront mariés,  ils ne seront pas capables de maîtriser leur sexualité.

Ensuite on parle des droits reproductifs des jeunes. C'est quoi? Les jeunes n'ont pas à se reproduire, car ils ne sont pas encore mariés. Ils n'ont pas à se reproduire, car l'enfant à besoin d'une famille, et d'un père et d'une mère qui s'aiment, et qui vivent ensemble pour prendre soin de lui.

Ce matin même, comme très souvent, j'étais dans une école pour une séance d'éducation secuelles des ézlèves. Je vous mets en pmièce jointe ce que je leur ai dit.

Bon courage pour la suite de votre travail. Je reste à votre disposition





Présentation du 3ème Plan Pastoral de Pikine

1) Pour faire la guerre, il faut d’abord préparer ses armes. On ne peut pas mettre en pratique le Plan Pastoral sans chrétiens et communautés formés, responsables et actifs. C’est pourquoi nous avons d’abord pris le temps de mettre en place nos communautés chrétiennes de quartier (CEB) et les différents groupes et mouvements de jeunes (CPJ). En effet, tant que les réunions de CEB (Communauté Ecclésiale de Base) se limitent à réciter le chapelet et que les activités des jeunes et des mouvements se centrent spécialement sur les fêtes et xawaré, ou les concerts pour les chorales, il n’est pas possible de travailler efficacement au Royaume de Dieu. Ni déjà de mettre en place un vrai Plan Pastoral.
2) Nous avons simplifié la démarche. Nous n’avons pas voulu développer toutes les étapes qui nous semblent vraiment trop compliquées : résultats intermédiaires, résultats clé, ressources, conduite, indicateurs, etc. Et surtout nous n’avons pas voulu les déterminer à l’avance d’une façon théorique. Nous avons préféré laisser à chaque groupe le soin de préciser les différentes modalités de l’action le moment voulu, et par eux-mêmes.
3) Nous n’avons pas voulu faire une longue liste d’activités théoriques rédigée dans un bureau, et qui ne seront jamais mises en place. Nous préférons avancer trimestre par trimestre. Pour chaque trimestre, nous demandons aux différents groupes de choisir une action, (celle qui semble la plus importante, la plus urgente mais aussi réalisable concrètement) pour chacun des quatre objectifs, pour que vraiment tout le Plan soit mis en action. Et nous évaluons tous ensemble ces actions avec les responsables, à la fin de chaque trimestre, après qu’elles aient été évaluées par tous, dans chaque groupe. En effet, nous avons remarqué que les actions se limitaient souvent à la communion et à la liturgie, mais que les chrétiens étaient trop peu engagés pour le témoignage et le service.
4) Nous avons constaté que les quatre objectifs étaient souvent compris comme des actions à mener pour les chrétiens et à l’intérieur de la communauté chrétienne, alors qu’il s’agit bien de faire grandir la communion entre tous et dans le pays tout entier, d’aider tous les hommes et toutes les femmes à mieux prier et célébrer et à devenir plus saints, quelle que soit leur religion. Il s’agit de servir tous les hommes et la société toute entière, et pas seulement les chrétiens et l’Eglise.
5) Si nous devons témoigner, c’est par notre vie et pas seulement dans nos paroles. Cela nous demande d’abord d’être formés (catéchèse) et surtout d’être saints. Mais aussi, comme le Christ, d’accueillir ce que nous dit l’Esprit de Jésus par la bouche et la vie des autres croyants dans un vrai dialogue. Nous avons donc élargi les titres des quatre objectifs :
a. Communion avec tous, dans toute notre vie
b. Liturgie, catéchèse et sanctification
c. Témoignage, accueil, dialogue
d. Service de tous.
6) Enfin, nous cherchons à ce que les quatre objectifs soient pris en compte et réalisés, dans toute activité. Même par exemple, pour les fêtes, ou pour les activités liturgiques.

 



Rencontre avec les jeunes filles sur le travail

Sur la situation des employés domestiques en Afrique, Amélie Perras a reconnu qu’il s’agit d’une réalité très présente dans le continent mais aussi ailleurs comme en Asie. « Une difficulté que ces jeunes ne connaissent pas leurs droits et ne se fassent pas respecter en tant que travailleurs et en tant qu' hommes dignes », a-t-elle déploré avant de relever, toutefois, que la JOC/ Sénégal et d’autres pays africains montrent le chemin d’une vie meilleure pour ces travailleurs domestiques « puisqu’en partenariat avec le BIT, il y a beaucoup d’actions qui se développement pour la promotion du travail décent, notamment envers ces travailleurs domestiques ».



Elle a cité les cas du Sénégal et du Cameroun où la JOC qui ont mis en place de nombreux centres de formation pour permettre à ces travailleurs de connaître leurs droits et de se défendre face aux inégalités.

Amélie Perras a aussi indiqué que la question de l’immigration sera au cœur de la rencontre des jocistes africains : « Nous voulons comprendre pourquoi, en tant que jeunes, nous n’avons pas le droit d’espérer en un avenir là où nous sommes nés, là, d’où nous venons. Pourquoi nous devons toujours réfléchir à où aller chercher du travail, pourquoi nous ne sommes pas capables de construire, en tant qu’hommes dignes, un vrai travail, une vraie vie… Nous devons comprendre pourquoi et comment nous pouvons transformer cette réalité de l’immigration. Il y a surtout un grand rôle de conscientisation des jeunes sur les effets de l’immigration, en apportant des témoignages des jeunes d’autres pays. Nous échangerons sur cette réalité et nous permettront aux jeunes d’ici et d’ailleurs de comprendre que nous devons être acteurs là où nous sommes, de là on vient, parce qu’on ne choisit pas toujours d’émigrer ».


                REFLEXIONS SUR LE TRAVAIL AVEC DES JEUNES FILLES
A. Le travail c’est bon.
1. Pour vivre
2. Pour aider notre famille
3. Mais aussi pour aider les autres, surtout les pauvres
4. Pour construire le pays, en commençant par nos quartiers (avoir une maison propre, nettoyer le quartier : set-setal, etc.)
B. Qu’est-ce que Dieu nous dit sur le travail ?
Quand Dieu a créé Adam et Eve, Il les a mis dans un jardin. Le travail est bon, ce n’est pas une punition du péché. Dieu est lui-même travailleur. Il continue à agir dans le monde, jusqu’à maintenant.
Les prophètes ont été des travailleurs. Moïse et Abraham étaient des bergers. Jésus a été un grand travailleur. Il a été menuisier jusqu’à l’âge de 30 ans, avant d’aller annoncer la Parole de Dieu. Si tu travailles, tu peux aider les autres. Pas seulement en leur faisant l’aumône, mais en travaillant avec eux. Et en leur apprenant à travailler. Mais certains refusent d’enseigner les autres.
Si nous travaillons, nous offrons notre travail à Dieu. Pour les chrétiens, à la messe au moment de l’offertoire, nous disons : « Tu es béni Dieu de l’univers, Toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ». Nous devons donc à la fois respecter et protéger la terre (l’écologie), et travailler. Si tu n’as pas travaillé pendant toute la semaine, et que tu n’as pas aidé tes frères, qu’est-ce que tu vas offrir à Dieu à la messe ? Tes mains seront vides.
Dieu a dit à Moïse dans les 10 commandements : « Tu ne voleras pas ». L’argent et la nourriture que tu gagnes, tu les gagnes par ton travail, et non pas en volant.
Pierre nous dit : « Nous attendons des cieux nouveaux et une terre nouvelle où la justice habitera ». Nous construisons la terre de Dieu, en travaillant avec justice. Et en luttant contre toutes les injustices qui nous entourent, et il y en a beaucoup : des travailleurs qui ne sont pas payés ou que l’on ne respecte pas, les filles employées de maisons, les enfants travailleurs etc.
C. Comment travailler ?
D’abord travailler avec sérieux, montrer l’exemple, travailler comme Dieu le veut.
Le prier pendant le travail, en pensant à Lui dans notre cœur.
Respecter les travailleurs, les « bonnes », les enfants… Par exemple, les employées de maison ne sont pas respectées. On les fait trop travailler, et elles ne sont pas bien payées. Et même parfois elles sont utilisées sexuellement, par les chefs de famille ou les grands enfants. Il y a aussi ceux qui font des petits métiers (le secteur informel). Faire travailler des enfants, ce n’est pas normal. Le mouvement de la JOCF essaie de lutter contre tout cela. Beaucoup de travailleurs ne sont pas respectés, par exemple ceux qui ramassent les ordures et qui balaient les rues, les apprentis, les coxers, les stagiaires que l’on ne paie pas et que l’on renvoie à la fin du stage au lieu de leur donner une place,  etc. Le gouvernement vient de voter une loi pour les apprentis et les stagiaires. Il y a aussi des gens dont on profite, par exemple les bénévoles, que l’on fait travailler à l’hôpital ou dans les bureaux. Ils travaillent sans être payés, et à la place de ceux qui sont payés et ne font pas leur travail.
On ne respecte pas ceux qui ne peuvent plus travailler : les malades, les handicapés, les personnes âgées etc.
Même le travail de la femme à la maison n’est pas respecté. Pourtant c’est un travail très important, et qui demande beaucoup d’intelligence et de courage.
Il y a aussi des travailleurs qui ne sont pas payés par leurs clients, qui s’enfuient ou se cachent. Par exemple les tailleurs, les menuisiers, les mécaniciens etc. Mais à l’inverse, le travailleur doit bien faire son travail, pour mériter l’argent qu’il demande.

 

 REFLEXIONS SUR LA VIE RELIGIEUSE
Dans cet article, après une présentation de la lettre du Pape François, je ferai un retour sur le forum des religieux de 2001 et la 2ème réunion des délégués des Congrégations religieuses du Sénégal (D’où venons-nous, page 2), puis j’aborderai la question de la vie religieuse sous ses différents aspects :
* Notre consécration religieuse (page 4)
* L’engagement de nos congrégations (page 6)
* Nos engagements dans la paroisse (page 8)
* Nos engagements dans la société (page 12) et enfin,
* Notre engagement missionnaire, avec une réflexion sur l’évangélisation (page 13) et le Royaume de Dieu (page 15).
* Pour terminer, une réflexion sur l’inculturation de la vie chrétienne et religieuse (page 19).
En la fête de la Présentation de la Vierge Marie, le 21 novembre 2014, le pape François a adressé une lettre apostolique aux religieux/ses pour l’ouverture de l’Année de la vie consacrée. Cette lettre de François a suscité de nombreuses réactions positives. Je citerai celle de Sœur Mercedes Leticia Casas Sanchez, fsps, présidente de la CLAR (Union des religieuses et religieux d’Amérique latine et des Caraïbes). Elle reprend pour son continent les propos du pape François : En premier lieu, elle nous invite à « renouveler notre fidélité à l’Évangile, à raviver le don de la prophétie et à nous renforcer dans l’espérance, afin de vivre dans l’aujourd’hui de l’humanité ». Dans un second temps, elle encourage ses frères et sœurs : « Nous réveillerons (le monde) lorsqu’on pourra voir une vie religieuse avec “la lumière dans le regard, la parole sur les lèvres et le feu dans le cœur »
Casas Sanchez indique l’importante de la Parole de Dieu pour les religieux : « Puisse cette année porter ses fruits de conversion et de joie, en nous qui vivons cette belle vocation. Puisse la Parole de Dieu, sous toutes ses formes, être au centre de notre cœur et de notre mission. Puisse-t-elle nourrir notre prière personnelle et communautaire, guider nos rencontres fraternelles. Puisse-t-elle constituer le point de départ et le contenu de notre mission évangélisatrice, ainsi que le critère nous incitant à vivre à partir des pauvres et pour les pauvres »
Sœur Mercedes Leticia continue : « Puisse la célébration de cette année de grâce rénover notre identité prophétique et la dynamiser avec audace et créativité, avec l’inquiétude de l’amour, avec la passion devenue compassion, décentrement, tendresse, consolation. Et puisse-t-elle raviver notre espérance, celle qui devance l’avenir et remplit de sens chacun de nos efforts. Pour nous rendre cohérents, transparents, dociles à l’Esprit, qui nous entraîne avec vivacité vers une vie religieuse significative, partageant les joies et les douleurs de l’humanité dont elle fait, elle aussi, partie.
Nous ne réveillerons le monde que dans la mesure où nous ferons preuve de communion, d’échange entre congrégations, de partage de notre charisme et notre mission, aux côtés des laïcs. Les gens se réveilleront lorsqu’ils verront un nouveau visage de la vie religieuse, avec de nouveaux gestes. Lorsqu’ils verront que les nouvelles générations et les anciennes se complètent et se soutiennent mutuellement. Lorsqu’ils nous verront heureux dans la simplicité, dans le service, et dans la qualité humaine de nos relations. Nous réveillerons le monde lorsque nous irons à sa rencontre, et que nous le toucherons avec la tendresse et la joie d’une mère, d’un père, d’une sœur ou d’un frère. Nous le réveillerons, lorsqu’on pourra voir une vie religieuse avec « la lumière dans le regard, la parole sur les lèvres et le feu dans le cœur ».
De son côté, le père Gilles Pagès, spiritain, écrit : » Le service de l’annonce de l’Evangile oblige parfois à dénoncer. Dénoncer ceux qui calomnient, parce que nous les dérangeons. Dénoncer les pensées uniques qui font des hommes des robots. Dénoncer les situations qui emprisonnent ou abaisse le frère, quel qu’il soit. Mais dénoncer aussi la qualité de nos propres vases quand ils se fendillent. Et quand nous dénonçons, est-ce pour proclamer le Royaume ou pour nous annoncer nous-mêmes ? Que nos renoncements favorisent notre disponibilité, et le don total de nous-mêmes. Surtout, qu’ils nous rendent dociles au service de l’annonce de la Bonne Nouvelle ».
Venons-en au contenu de cette lettre. François y insiste sur le témoignage : « C’est votre vie qui doit parler, une vie de laquelle transparaissent la joie et la beauté de vivre l’Évangile, et de suivre le Christ ». Il nous demande de vivre dans l'action de grâce (regarder le passé avec reconnaissance) "là où il y a le religieux, il y a la joie", mais aussi de regarder vers l'avenir où l'Esprit nous envoie. Est-ce que nous nous laissons interpeler par l'Evangile ? Comment le mettre en pratique, dans le monde d’aujourd’hui ? "que notre don total dans le service de l'Eglise, des familles des jeunes, des personnes âgées, des pauvres, nous réalise comme personne, et donne une plénitude à notre vie". François continue : » J'attends que vous réveillez le monde », en rappelant que « l'année de la vie consacrée ne concerne pas seulement les personnes consacrées mais l'Eglise toute entière, et toutes les communautés chrétiennes, même celles appartenant à des églises de traditions différentes". Mais pour réveiller le monde, il faut d’abord que nous soyons nous-mêmes réveillés !
Dans cet article, je voudrais retenir un point particulier de cette lettre apostolique :"en regardant le passé on pourra découvrir des incohérences fruits des faiblesses humaines, parfois même l'oubli de certains aspects essentiels du charisme. Tout est instructif et devient en même temps appel à la conversion". François nous demande donc « de vivre le présent avec passion, dans une écoute attentive de ce que l'Esprit dit à notre Eglise aujourd'hui…J 'attends donc que vous sachiez créer d'autres lieux où se vit la logique évangélique du don, de la fraternité, de l'accueil, de la diversité et de l'amour réciproque. J’espère que tous les lieux que la charité, et la créativité ont fait naître, feront naître encore une créativité nouvelle pour devenir toujours une société inspirée de l'Evangile, et la ville sur la montagne qui dit la vérité et la puissance des paroles de JESUS...Pendant cette année, personne ne devrait se soustraire à une vérification sérieuse concernant sa présence dans la vie de l'Eglise, et sur la manière de répondre aux demandes nouvelles qui se lèvent autour de nous et aux cris des pauvres."
D’OU VENONS-NOUS ?
-Un proverbe dit:" Si tu sais plus où aller, retourne là d'où tu viens". Il est important d'avoir un suivi dans nos réflexions et dans nos actions. Je ne veux pas remonter très loin, mais revenir simplement au forum des religieux de 2011, à Dakar.
Forum des religieux de 2011.
Pendant le week-end du 1er Novembre 2011, a eu lieu une grande rencontre (forum) des religieux et religieuses de tout le Sénégal, sur le thème « Liberté, vérité et responsabilité pour une mission féconde et épanouissante ». Je reprends certaines de mes notes.

 - Le premier jour, nous avons surtout insisté sur notre identité religieuse, notre vie « interne » avec ses conditions : les trois vœux, la prière, la vie de communauté. Tout cela est très important. Mais qu’en est-il de notre présence dans le monde, comme nous le demande le titre de ce forum : « Pour une mission féconde et épanouissante » ?
On a dit aussi : « Témoigner du Christ dans les milieux défavorisés ». Sommes-nous vraiment présents dans ces milieux ? Est-ce que nous partageons la vie des défavorisés. Est-ce que nos communautés ne sont pas trop souvent des enclaves, avec un niveau de vie supérieur à celui de la plupart des gens, malgré notre vœu de pauvreté ?
                                                                                                              
Nous avons ensuite parlé de nous enraciner dans le Christ. C’est absolument nécessaire, mais quelle compréhension avons-nous de son Evangile, en particulier des Béatitudes et de sa mission ? (Voir, par exemple, Luc 4, 14 à 21 ; et Luc 7, 19 à 23). Pierre nous dit en reprenant le Prophète Isaïe (65, 17 + 66, 22) : « Nous attendons des cieux nouveaux et une terre nouvelle, où la justice habite (2ème de Pierre, 3, 13. Voir aussi Apocalypse 21, 1). Jésus disait à ses apôtres : « Qui vous accueille,  m’accueille » (Mat 10,40). Et aussi : »Celui qui accueille un enfant en mon nom, c’est moi qu’il accueille » (Luc 9,48). C’est dans les hommes et les femmes qui nous entourent, et  d’abord dans les petits de notre société,  que nous pouvons rencontrer le Christ chaque jour. Pour cela, il est essentiel que nous gardions l’espérance. Mais n’avons-nous pas un regard trop négatif sur notre société ? Il est essentiel de voir le positif, les bonnes choses que font les gens. Il s’agit de nous laisser interpeler par le monde, et pas seulement par notre propre conscience.

- Le 2° jour, nous avons dit : « Avançons au large, dans la vérité, la liberté et la responsabilité ».
Il n’y a pas de liberté sans libération. Comment d’abord nous  laisser libérer nous-mêmes par le Christ, pour vivre à plein (Jean 10, 10) ? Que faisons-nous pour libérer nos communautés, nos congrégations et notre Eglise, de tout ce qui pèse sur elles, et qui alourdit leur pas ? Prenons-nous, chacun d’entre nous, nos responsabilités pour cela ? Vivons-nous dans la vérité de la vie religieuse ? (il ne s’agit pas seulement de dire la vérité, mais de faire la vérité, comme nous le demande le Christ).
Comment libérer notre société sénégalaise, au milieu de toutes les tensions actuelles et les risques de violences ? Que faisons-nous pour libérer en premier les écrasés, les opprimés, les étrangers et tous les rejetés ? Nous avons parlé de la dimension prophétique de la vie religieuse : en quoi sommes-nous vraiment prophètes actuellement ? Le baptême nous demande d’être « prêtres, prophètes, et rois ». Sommes-nous des « rois » ? C’est-à-dire cherchons-nous à organiser la société actuelle, pour y faire grandir le Royaume de Dieu ? Comment retrouver le prophétisme de la vie religieuse ? Comment également éduquer à la non violence active selon l’Evangile ? N’est-ce pas cela l’une de nos premières responsabilités ?

Nous avons parlé de la prière, mais la prière est aussi contemplation, pour savoir lire les signes des temps, et pour découvrir que faire pour libérer les pauvres, les prisonniers et les aveugles de toutes sortes, et tous les petits de la société (Luc 4, 14 à 21). Car ce sont ces petits qui doivent être nos préférés et nos favorisés. Savons-nous lire les « signes des temps » (Mt 16,2-3), pour découvrir les appels du Seigneur dans le monde d’aujourd’hui, comme nous le demande le document du Concile dont nous fêtons le 50ème anniversaire : « l’Eglise dans le monde de ce temps » ? Et aussi pour changer nos façons de faire, pour commencer des activités nouvelles et des nouvelles façons de vivre notre vie religieuse et nos engagements. Jésus disait : « le sage dans le Royaume de Dieu, c’est celui qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien » (Mat 13,52). Est-ce que nous savons faire du neuf ? Est-ce que nous essayons même de le faire ? Ou est-ce que nous ne nous contentons pas de faire marcher nos œuvres comme nous l’avons toujours fait ?

-Le 3° jour, nous avons parlé de « repartir du Christ ». Le Christ a prié, il a vécu en communauté avec ses apôtres. Il a annoncé l’Evangile, pas seulement en paroles mais en actes. Il a nourri la foule, guéri les malades et chassé les esprits mauvais. Mais le Christ, c’est aussi celui qui a défendu tous ceux qui étaient traités injustement : les pauvres, les petits, les étrangers, les écrasés. Il les défend et Il les fait grandir. De même que les femmes et les enfants : Il défend la femme adultère (Jean 8,11), et aussi la prostituée  devant Simon, le pharisien (Luc 7,40). Il dit : » laissez venir à moi les petits enfants » (Mat 19,14). Il a su encourager et louer le 10ème lépreux samaritain, le seul venu lui dire merci (Luc 17,12). Et Il donne en exemple un autre païen, le bon samaritain (Luc 10,30). Repartir du Christ, cela veut donc dire aussi, pour nous : admirer la foi des non chrétiens, comme Jésus a admiré et donné en exemple la foi du centurion  romain (Mat 8,5), de la syrienne (Marc 7,26). Et la samaritaine, qui a été sa première missionnaire (Jean 4)

Le Concile Vatican 2, dans le document « l’Eglise dans le monde de ce temps », reprend la méthode de l’Action catholique : « voir – réfléchir – agir ». Sommes-nous capables, pour repartir du Christ, de voir la vie de nos frères, et d’y réfléchir à la lumière de la Parole de Dieu, pour agir comme le Christ et avec Lui ? Il s’agit pour nous dans nos communautés, mais aussi avec tous dans la société. Déjà, est-ce que nous comprenons la langue des gens ? Pas seulement le wolof, mais aussi la façon dont ils parlent le français et ce qu’ils veulent dire (leur culture, la culture populaire). Nous ne pouvons pas annoncer Jésus-Christ aux hommes si nous ne parlons pas la langue des hommes. Mais trop souvent nous utilisons un langage religieux que les gens, en particulier les musulmans, ne comprennent pas, et ne peuvent pas comprendre.

-Nous avons dit : il faut repartir du Christ. Cela suppose de connaître le Christ. Mais cela suppose aussi de partir, c’est-à-dire d’avancer. Est-ce que trop souvent nous ne restons pas à tourner autour du Christ, au lieu de repartir de lui, pour aller vers nos frères et dans le monde ? Aujourd’hui, Jésus nous dit, comme à Simon (Luc 5,4) : »Va au large ».Notre pape François nous demande sans cesse « d’aller à  la périphérie ».

Réunions des religieux

Suite à l’Assemblée Générale du 28 Avril 2012, et à la demande du cardinal Théodore Adrien, se sont tenues des réunions des délégués des Congrégations masculines du Diocèse de Dakar, pour voir comment mieux participer au travail du diocèse, dans la ligne de nos vocations et selon nos possibilités. Voici quelques conclusions de la 2ème réunion : Quelle peut être notre place et notre travail spécifique en tant que religieux ? « L’important pour nous c’est d’ouvrir le diocèse aux non chrétiens et à ce qui se passe dans la société. Avec un souci spécialement des jeunes. Mais par exemple pour l’éducation, nous nous limitons souvent aux écoles formelles, du primaire à l’université. Nous sentons le besoin de travailler à l’éducation de tous les jeunes, spécialement les enfants de la rue, les apprentis, les enfants non scolarisés ou dé-scolarisés, surtout les jeunes filles. Et aussi de ne pas rester enfermés dans nos paroisses et communautés. Etre davantage présents dans les quartiers, auprès des organisations laïques : associations de jeunes et de femmes, syndicats, centres culturels, écoles, postes de santé. Etre en contacts réguliers avec les imams et les délégués de quartier. Des questions nous préoccupent plus spécialement, comme en particulier le chômage des jeunes et leur éducation sexuelle. Il y a tous les problèmes des femmes, mais ce sont plutôt nos sœurs, les religieuses, qui les prennent en charge, bien que nous travaillions ensemble. Beaucoup d’entre nous ont la responsabilité de paroisses ; nous nous sommes redit que ce n’est pas obligé. Mais, si nous sommes en paroisse, il nous semble important d’intensifier notre soutien aux Mouvements d’Action Catholique et aux Communautés de quartier (CEB). Et de nous engager davantage dans les Commissions de Justice et Paix, et des relations chrétiens-musulmans. Pour le travail auprès des prisonniers et des malades, nous y sommes déjà engagés ; mais les choses sont toujours à intensifier et à revoir. Nous nous posons aussi la question des médias et de notre participation aux émissions de radio et de télévision. Mais la question de fonds, reste la présence et le travail avec les petits et les pauvres, ceux qui sont mis à l’écart et écrasés ».
NOTRE CONSECRATION RELIGIEUSE
Nous avons fait voeu de pauvreté, de chasteté (célibat consacré) et d’obéissance. Il faut nous demander : quels sont les nouveaux secteurs de la vie moderne qui ont besoin d’être évangélisés. Car le monde a changé. Il y a de nouveaux domaines de manque de foi, comme des nouveaux secteurs de pauvreté et d’injustices, dans lesquels nous devons nous engager. Mais encore faut-il en prendre conscience. Et donc de savoir lire les signes des temps, comme nous l’a rappelé le 2° concile du Vatican, à la suite de Jésus Lui-même (Mat 16,3).
Par exemple, voir les nouvelles formes de pauvreté qui apparaissent. Et les nouvelles maladies et  problèmes actuels de santé, aussi bien dans le monde rural que dans les banlieues.  Pas seulement le SIDA ou  Ebola, mais aussi les maladies causées par la pauvreté et la détérioration de notre environnement : sous- alimentation, mais aussi choléra, trachome, poliomyélite…. Et aussi participer aux propositions actuelles, comme par exemple la CMU  (couverture médicale universelle). Le pape François explique (EG n° 210) : » Il est indispensable de prêter attention aux nouvelles formes de pauvreté et de fragilité dans lesquelles nous sommes appelés à reconnaître le Christ souffrant, même si, en apparence, cela ne nous apporte pas des avantages tangibles et immédiats : les sans-abris, les toxico-dépendants, les réfugiés, les minorités, les personnes âgées toujours plus seules et abandonnées etc. Les migrants me posent un défi particulier parce que je suis Pasteur d’une Église sans frontières qui se sent mère de tous ». Et les réfugiés et migrants ne manquent pas au Sénégal. Des sénégalais se sont encore noyés le 11 janvier 2.015, avec plus de 300 autres personnes, au large de Lampedusa, en voulant gagner l’Europe.   Il nous faut relire le message de François du 1° janvier 2015, journée mondiale de la paix.

Dans son message au symposium international le 9 mars 2014, François exhorte spécialement les religieux et religieuses : « Soyez encore aujourd'hui, pour l’Église et pour le monde, les avant-postes de l’attention à tous les pauvres et à toutes les misères, matérielles, morales et spirituelles, comme dépassement de tout égoïsme, dans la logique de l’Évangile qui enseigne à faire confiance à la Providence de Dieu… Vivez et témoignez que le principe de gratuité et la logique du don trouvent leur place dans l’activité économique », souligne le pape. En rappelant que le charisme de base des Instituts « est inscrit en plein dans cette logique… Administrez les biens avec sagesse et transparence, donnez à la dimension spirituelle la priorité sur la dimension économique et le rendement, ne tolérez pas le gaspillage, et soyez attentifs à la bonne utilisation des ressources…Les instituts ont toujours été des voix prophétiques et des témoins vivants de la conformité à Celui qui s'est fait pauvre ... Votre pauvreté amoureuse n'est pas théorique. Elle s'apprend en touchant la chair du Christ pauvre, dans les humbles, dans les pauvres, dans les malades, dans les enfants. Cette pauvreté est solidarité, partage et charité. Elle s'exprime dans la sobriété, dans la recherche de la justice et dans la joie de l'essentiel. Elle défend contre les idoles matérielles qui obscurcissent le sens authentique de la vie religieuse ».

L’obéissance : « À travers le chemin persévérant dans l’obéissance mûrit la sagesse personnelle et communautaire. Et ainsi il devient possible d’adapter les règles des différents ordres religieux, aux temps actuels. Le vrai aggiornamento, en effet, est œuvre de la sagesse, forgée dans la docilité à l’Esprit Saint, et l’obéissance ». A ce moment-là, notre vœu d'obéissance ce ne sera pas seulement obéir à nos supérieurs, mais chercher ensemble en communauté à quoi le Seigneur nous appelle pour faire sa volonté. Cela demande donc qu'on parle en réunion de communauté de la vie de l'Eglise, et aussi de la vie de la société, pour y décerner les signes des temps, et les appels que l'Esprit nous adresse.
Par rapport à notre vœu de célibat consacré, je pense qu’il est absolument nécessaire, de voir sa signification suite à toutes les transformations actuelles de la façon de vivre la sexualité, le mariage et la famille, au Sénégal comme ailleurs. Le synode sur la famille nous le demande fortement. Comment être signes d’amour et de respect de soi et des autres dans des familles blessées par les grossesses indésirées, les avortements et même les incestes ? Cela se passe même dans nos propres familles. Comment être les témoins de l’amour et de la miséricorde du Christ, dans une société malade de la prostitution, de l’homosexualité et de la pédophilie ? Que faisons-nous par rapport aux essais de plus en plus forts et nombreux, pour une légalisation de l’avortement médicalisé ? Nous ne pouvons pas tout faire, ni tout solutionner. Mais si chacun commençait à faire ce qu’il peut là où il vit, les choses changeraient certainement. Il ne s’agit pas d’un poids à  porter, mais d’une libération de  nous-mêmes, et de nos frères et sœurs. C’est cela qui nous donnera la vraie joie de l’Evangile, et non pas de rester tranquilles dans  notre coin.
Au sujet de la dimension prophétique et missionnaire, mais d’abord simplement sociale, de notre charisme de religieux, il s'agit de vivre notre charisme en vérité, comme l'a demandé l'Eglise au concile Vatican II. Il ne s'agit pas de continuer à mener les mêmes activités que nos fondateurs, mais de comprendre dans quel esprit ils l'ont fait, et à quel besoin ils voulaient répondre. A ce moment-là, nous voyons comment vivre cet esprit dans le monde d'aujourd'hui. François explique : Suivre son charisme, ce n’est pas « cultiver des nostalgies inutiles » mais « parcourir à nouveau le chemin des générations passées, pour y cueillir l’étincelle inspiratrice, les idéaux, les projets, les valeurs qui les ont mues ». C’est pourquoi, par exemple, les religieuses engagées dans la lutte contre la traite des êtres humains et aussi des sœurs qui œuvrent auprès des migrants ou des prisonniers, étaient au cœur des intentions de prière du pape pour le mois de février 2015.
Pour redécouvrir notre charisme, notre Pape François nous donne trois repères:
1- l'Esprit Saint est toujours au départ d'un vrai charisme.
2- Il s'agit d'un cadeau à l'Eglise, et non pas à un groupe particulier.
3- Les fruits du charisme doivent être mis au service de toute l'Eglise :"plus un charisme tournera son regard vers le cœur de l'Evangile, plus son exercice sera au service de l'Eglise" (EG 130).
Mais actuellement il est difficile de voir quel est le vrai charisme de certaines congrégations. En effet, la plupart des religieux prêtres sont tout d'abord prêtres de paroisses, et donc appelés à avoir les mêmes activités que les prêtres diocésains. Les frères et les sœurs font presque tous la même chose : écoles, dispensaires, et centre de promotion féminine. Bien sûr, les congrégations religieuses ont besoin d'argent pour vivre, et c'est sans doute ce qui explique ces choix. Mais alors, est ce que nous répondons aux vrais besoins de notre société? Est-ce que nous traçons des pistes d'avenir, pour répondre aux besoins nouveaux qui apparaissent? Est-ce que nous sommes vraiment proches des pauvres ? Il y a là certainement des choses à revoir!
On rencontre aussi souvent une tension entre le charisme de la congrégation et les dons des personnes. Si on est religieux il n'est pas question de suivre individuellement un projet personnel. Mais en même temps, il est important que les supérieurs aident chacun à s'épanouir, et à développer les talents qu'il a reçus du Seigneur. Pour répondre à sa vocation personnelle, mais dans la ligne du charisme de sa congrégation, et en vivant ses activités en lien avec la communauté.
La communauté nous soutient dans notre vocation. Elle est aussi le premier lieu de témoignage, et le meilleur moyen de vivre la dimension prophétique de notre vie religieuse. Il ne s’agit pas seulement de faire des prières ensemble, mais aussi de tenir des réunions de communauté, où on partage ce qui nous interpelle dans la vie de l'Eglise et de la société.
Cela pose aussi la question de la prière : est ce que nous savons prier à partir de notre vie, en cherchant à lire les signes des temps, comme nous le demande le Concile Vatican II, et d'abord Jésus Christ Lui-même (Luc 12,56 et Mat 16,2) ? Est-ce que nous présentons nos engagements au Seigneur pas seulement dans la prière personnelle, mais aussi communautaire ? Ou est-ce que trop souvent nous ne nous contentons pas d'une prière mécanique de l'office, avec de très beaux chants mais sans aucune actualisation, ni commentaire, ni intentions de prière personnelle, ni partage de la Parole ? Comme si nous ne vivions pas dans une société, avec tous ses problèmes mais aussi ses aspirations et toutes les bonnes choses qui se font et qu'il est tellement important d'offrir au Seigneur. Notre prière de l'office est souvent intemporelle : on aurait pu dire la même chose au 20ème siècle, on pourrait réciter la même chose au Brésil ou au Japon sans aucun problème.
C'est très bien de réciter le chapelet, mais il faut aussi chanter en vérité le Magnificat et pouvoir dire sincèrement, parce que nous le faisons nous-mêmes : » DIEU disperse les orgueilleux, IL renverse les puissants de leur siège de chef et IL élève les petits. IL comble de bien les affamés et renvoie les riches les mains vides, IL relève Israël son serviteur »....et aussi chanter en vérité l'office du matin parce que comme DIEU et avec Lui, nous aussi, nous visitons et rachetons son peuple pour apporter son salut à ceux qui sont écrasés, les arracher de l'ennemi et de la main de leur oppresseurs, pour leur montrer l'Amour de DIEU et les rendre sans crainte; pour les servir dans la justice et la sainteté et vivre en sa présence tout au long de nos jours, pour marcher à la face du Seigneur et pour préparer son chemin pour donner à peuple surtout aux pauvres et aux petits de connaitre le salut, leur montrer la tendresse et l'Amour de notre DIEU; illuminer ceux qui habitent dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort et conduire leur pas au chemin de la paix. Car en tant que religieux, nous sommes bien les prophètes d'aujourd’hui, à la suite de Jean Baptiste.

LES ENGAGEMENTS DE NOS CONGREGATIONS
Je voudrais maintenant partager quelques réflexions sur ce que pourrait être la vie religieuse aujourd’hui (ou demain ?) au Sénégal. D’abord dans l’Eglise, ensuite dans la société.
L’Eglise est reconnue dans le pays pour ses activités sociales, en particulier ses postes de santé, ses centres de formation féminine, ses écoles. Cela est très positif. On apprécie que, tous les gens bénéficient de ces services, sans distinction de religion ou autres. C’est un témoignage vivant et actif de l’amour du Christ, ouvert à tous. Mais cela ne doit pas nous empêcher de nous poser un certain nombre de questions.
Les activités sociales de l’Eglise intéressent les non chrétiens et même font leur admiration, pour le dévouement et le désintéressement de ses acteurs. Mais on peut se demander, si ce n’est pas d’abord pour en profiter. Est-ce que cela les amène à connaître et à rencontrer la personne de Jésus Christ, qui est pourtant la base et le fondement de nos engagements ? Que faire pour cela ?
Beaucoup d’entre nous sont engagés dans les écoles et les dispensaires. C’est notre première responsabilité. C’est là que nous devons d’abord nous engager. Et il faut le faire le mieux possible. Mais nous ne pouvons pas nous contenter de dire : « nous avons   nos écoles, nos dispensaires et  nos centres de formation », sans nous poser de questions, ni voir les transformations à accomplir. Car il semble que l’on se contente souvent de continuer à exercer les formes traditionnelles de l’aide aux pauvres (éducation, santé, formation), mais que l’on ne soit pas suffisamment attentif aux besoins qui se font jour actuellement. Et qu’on ne cherche pas à répondre à ces besoins d’une façon adaptée.
L’enseignement.
Dans nos écoles, on enseigne bien. Beaucoup d’élèves obtiennent leur diplôme. Mais est-ce que nos écoles sont accessibles aux pauvres ? Et avons-nous aussi le souci des autres écoles : les écoles publiques officielles, mais également les écoles privées laïques, qui souvent cherchent surtout à faire de l’argent. Que faisons-nous pour partager notre expérience, pour qu’elles marchent mieux ?  Car nous sommes responsables aussi de ces élèves, et de ces enseignants. Déjà, il y a des enseignants chrétiens dans ces écoles, et aussi des élèves chrétiens. Que faisons-nous pour les soutenir, et les former à s’engager avec les autres ?  Que font les religieux et religieuses enseignants pour soutenir la JEC, et le Mouvement des Equipes enseignantes ? Nous avons plus le souci des élèves de nos écoles catholiques, que des autres élèves du pays, spécialement les plus démunis. Alors que l’enseignement rencontre de graves problèmes : grèves incessantes, baisse de niveau, manque d’éducation, l’Eglise semble plus soucieuse de ses œuvres, que du bien commun et de l’avancée de tous.
Généralement, nous restons enfermés dans un enseignement de type classique pour obtenir des diplômes, sans trop chercher à nous investir dans les nouvelles formes d’éducation, comme par exemple les écoles communautaires prises en charge par les parents et le quartier, l’enseignement mixte (théorie et apprentissage d’un métier), enseignement dans les langues locales et adapté aux plus défavorisés, alphabétisation fonctionnelle, nouvelles méthodes d’enseignement, etc…Alors que des expériences très importantes sont déjà menées dans ce domaine, par exemple par ENDA. En commençant par nos jardins d’enfants, qui pour la plupart sont de type vraiment occidental et réservés à une certaine classe sociale.
Que faisons-nous aussi, pour tous les enfants qui ne pourront jamais aller à l’école ?
La catéchèse même sacramentelle, se fait dans nos écoles catholiques, mais parfois  au risque de devenir une matière scolaire parmi d’autres, et d’être faite par des enseignants pas toujours motivés. On confond catéchèse et enseignement religieux. Et il reste la question : est-ce que notre catéchèse est vraiment une évangélisation et une conversion ? Car la catéchèse n’est pas faite d’abord pour recevoir les sacrements, mais pour rencontrer le Christ, et vivre avec Lui et comme Lui. On ne semble pas former les catéchumènes pour qu’ils soient évangélisateurs de leurs frères. Ni même pour qu’ils participent à la vie de leur paroisse, encore moins de la CEB. En tout cas, les thèmes enseignés en catéchèse devraient certainement être revus, pour répondre davantage aux besoins des enfants et à l’évolution actuelle de la société. Par exemple, est-ce que la doctrine sociale de l’Eglise est vraiment enseignée, en tant que telle? Pourtant, c’est la base de l’engagement dans la société, pour l’Evangélisation et la venue du Royaume. Et toutes les questions de l’éducation sexuelle,  de la préparation au mariage et de la vie de famille, qui sont parmi les problèmes importants des adolescents.
Comment nous laissons-nous interpeler par la préparation de la 2° session du synode de la famille ? Cette préparation ne doit pas être laissée à nos évêques, mais se faire à la base, avec les enseignants, les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes. C’est pour cela que le pape a envoyé un questionnaire, qui s’adresse à tous. A Pikine, nous avons repris le questionnaire préparatoire, en l’adaptant à la vie des jeunes, et au niveau de compréhension des enfants, pour qu’ils puissent eux-aussi apporter leur contribution.
Il reste aussi la question délicate de la prière dans nos écoles, et de l’éducation religieuse à proposer aux élèves musulmans.
Et enfin, le problème de l’argent, de la bonne gestion et de la transparence. Et aussi, la façon dont on le gagne ou l’obtient, et de son utilisation. On a parfois l’impression que la recherche de l’argent devient plus importante que l’éducation humaine et religieuse. Et on a de la peine à accepter qu’un collège catholique ait dépensé 400.000 francs pour payer l’intervention d’un « artiste » pendant 15 minutes, pour une fête du Mardi Gras. Une fête païenne ! Est-ce que  cette fête légitimait une journée entière sans cours ?
On assiste ainsi à une paganisation des fêtes chrétiennes. Dans certains jardins d’enfants, et même écoles primaires, Noel ce n’est plus la fête de la naissance de Jésus, c’est la fête du père Noel. C’est la fête des cadeaux. Comme si le plus beau cadeau de Noel, ce n’était pas Jésus qui vient nous sauver. Même si on veut faire des cadeaux, est-ce qu’on ne peut pas au moins expliquer que c’est à cause de la naissance de Jésus. Même  nos élèves musulmans connaissent Jésus. On en parle dans le Coran !
L’Eglise nous demande l’inculturation de l’Evangile. On parle de nos valeurs traditionnelles. Est-ce que nous cherchons à les faire vivre à nos élèves, d’une manière adaptée à notre monde moderne ? On a parfois l’impression qu’un certain nombre d’écoles, en commençant par les jardins d’enfants, sont des lieux de « toubabisation » et de perte de nos cultures.
Un jésuite, Philippe Lécrivain, écrit : « Aux consacrés, j’ai envie de dire : cessez de vous désespérer, de dire qu’il n’y a plus de vocations, et plus d’argent… Continuez à vous organiser pour mieux vous adapter à la société, mais  d’être présents d’une autre manière ! »
-Les dispensaires privés catholiques
 Il faudrait mener la même réflexion. Tous admirent la qualité des soins, et le dévouement des agents de santé de nos établissements. Nos dispensaires sont propres et nous soignons bien. Nous arrivons à avoir des médicaments pour les gens à des prix accessibles, à la suite de nombreux efforts. Nous avons fait beaucoup de progrès pour dépasser les simples soins (médecine curative) et travailler au niveau de l’éducation à la santé, de l’hygiène, de la prévention, des vaccinations, de la lutte contre la dénutrition, le SIDA, etc.
Mais d’un autre côté, il nous arrive souvent de partir en congés aux mois de Juillet et Août, alors que c’est justement le moment où il y a le plus de malades. Et donc où les gens ont le plus besoin de nous.
Et surtout, agissons-nous suffisamment pour la santé, au niveau du pays ? Quel soutien apportons-nous aux établissements de santé publics ? Comment travaillons-nous avec eux ? Sommes-nous actifs, et pas seulement présents, dans les organisations de la santé publique et des ministères ? Sommes-nous attentifs à l‘action des syndicats ? Au moins pour suivre et encourager les chrétiens qui y sont engagés. Nos employés sont-ils engagés dans les syndicats de la santé ?
Participons-nous  aux réflexions gouvernementales et aux programmes sur la santé ? Ou ne nous contentons-nous pas trop facilement de bien faire marcher nos propres dispensaires, sans penser aux autres ? Le levain doit être dans la pâte (Matthieu 13, 33). Par exemple, sommes-nous engagés pour la CMU (Couverture Médicale Universelle), pour que les plus pauvres puissent se faire soigner plus facilement ? Poussons-nous nos paroisses à mettre en place des mutuelles pour cela ?
-Nous avons des Centres de formation féminine,  où nous enseignons bien. Mais est-ce que nous aidons ces femmes et ces jeunes filles à gagner ensuite leur vie ? Comment nous sentons-nous concernés par le chômage des jeunes, et les souffrances et l’exploitation des femmes ? Que faisons-nous contre cela ?
Il est sûr qu’une véritable évangélisation se fait dans les écoles, les centres de formation et à partir des dispensaires et autres actions sociales de l’Eglise. Mais cette évangélisation aurait besoin d’être réfléchie en tant que telle. Et d’être davantage organisée pour aller plus loin, et surtout plus profond.
Nous n’avons pas à nous décourager, même si nous sommes une minorité dans le pays. Jésus nous dit : » N’ayez pas peur, petit troupeau » (Luc 12,32). Il  suffit d’un peu de sel pour donner du goût à tout le plat (Matthieu 5, 13). Mais encore faut-il que nous ayons gardé la force du sel, et que nous soyons présents au milieu des aliments et dans la pâte, et non pas sur l’étagère. Jésus nous dit : »Vous êtes la lumière du monde » : du monde, de toute notre société. Pas seulement de notre école, notre dispensaire ou notre centre.
NOS ENGAGEMENTS DANS LA PAROISSE
Nous y sommes engagés en particulier dans les CEB et les mouvements. Quel peut être notre rôle ?
Les CEB : La CEB : (Communauté Ecclésiale de Base), c’est la famille chrétienne dans le quartier. Elle doit porter le souci de la vie de tous les habitants, et être engagée avec les autres personnes du quartier, pour y construire ensemble le Royaume de Dieu. Mais la plupart du temps, il n’y a pas eu une véritable formation et réflexion sur ce que doit être une communauté chrétienne de quartier. Non seulement les responsables n’ont pas été formés, mais souvent, ils sont abandonnés à eux-mêmes, les prêtres et les religieux n’ayant pas la volonté de participer à ces réunions de communautés. Comme les chrétiens, ne savaient pas quoi faire, pendant ces réunions, ils en sont venus à réciter le chapelet. Au lieu d’être une famille chrétienne qui prend en charge l’évangélisation de tous, les réunions des communautés sont devenues simplement des réunions de prières. Bien sûr la prière est essentielle à la vie chrétienne, mais elle doit déboucher sur une transformation de la vie, et une action dans le milieu où l’on se trouve.
Religieux et religieuses ont reçu une formation humaine et chrétienne. La plupart font un travail professionnel. N'est-ce pas leur responsabilité de partager cette formation avec les laïcs, et de les aider à vivre leur foi dans leur travail, et leur vie de quartier ? Souvent les religieux disent qu'ils sont trop fatigués pour aller aux réunions de CEB, la nuit. Et que leur premier devoir, c'est leur activité professionnelle. Et donc, ils n'ont pas le temps de s'engager ailleurs. Mais les laïcs qui participent aux réunions de CEB, ou qui s'engagent dans leurs mouvements, ils ont aussi leur travail professionnel. Et en plus, leur vie de famille avec tous les soucis dans le monde actuel. Pourtant ils trouvent le temps et le courage de participer aux activités de l’Eglise, en plus de leurs engagements dans la société : associatif, syndical, politique…Il est très difficile de trouver des frères et des sœurs pour accompagner les communautés de base (CEB). Comment s’étonner alors que celles-ci n’aient pas le souci de l’évangélisation de leur quartier ?
Les amicales ou associations : Ce qui attire beaucoup les jeunes dans le diocèse, mais aussi les adultes, ce sont des amicales ou associations,  où on se retrouve pour faire des fêtes et organiser des soirées dansantes. Les activités principales sont des activités lucratives : repas et fêtes (xaware, ngonal, yendoo, ngel…,), concerts ou soirées payantes pour gagner de l’argent. Cet argent est surtout utilisé ensuite pour des repas et des sorties, ou pour acheter des tenues, tee-shirts et uniformes et organiser des fêtes pour les seuls membres. Mais pas pour aider les plus pauvres, même pas ceux qui appartiennent au groupe en question, qu’ils soient choristes, scouts, enfants de chœur, lecteurs ou autre chose. Encore moins pour le développement du pays, et le soutien de projets pour les plus démunis.
Quand Zachée a parlé avec Jésus, il lui a dit (Luc 19,2-7) : » Je vais donner la moitié de mon argent aux pauvres. Et si j’ai fait du mal à quelqu’un, je vais le payer 4 fois «. Il faudrait donc qu'à chaque fois que l'on fait une activité lucrative, la moitié aille aux pauvres. Que ce soit par l'intermédiaire de la Caritas, dans un projet, ou au moins pour les nécessiteux du groupe même. Par exemple dans les amicales, comme dans les mouvements, chorales et autres associations, il y a des jeunes venant de familles nécessiteuses, des malades, des étudiants qui n'arrivent pas à payer leur inscription, et des élèves qui n'ont pas les moyens de s'acheter les fournitures nécessaires. Il y a aussi des jeunes au chômage, et qui auraient besoin d'aide pour lancer une activité qui leur permettent de vivre. Mais tout l'argent récolté dans l'activité du groupe est "mangé" à nouveau, dans des fêtes, des sorties, et des jumelages. Ou d'autres choses qui n'aident, ni à l'Evangélisation, ni à la charité, ni à la justice dans la société. Notre Eglise est en train de devenir une entreprise commerciale, ou une société de loisirs qui organise des fêtes et des danses. Il manque gravement de gratuité dans nos mouvements et associations.
La plupart du temps aucun membre de ces amicales ou fraternités, associations et autres groupes ne participe au travail de la Caritas...quand celle-ci travaille vraiment dans la paroisse, et n’attend pas des dons venus d’ailleurs, pour faire des distributions. Mais sans former les gens, et sans mener d’action à la base, comme simplement commencer un petit poulailler, faire de la culture sur table, ou tout autre petit projet. Pire que cela, au lieu de mettre les gens debout, de faire jouer la solidarité traditionnelle et de les responsabiliser, on en fait des assistés et des mendiants.  Nous-mêmes les religieux, que faisons-nous par rapport à tout cela? Que faisons-nous des talents que le Seigneur nous a donnés ? Car bien sûr Il nous en demandera des comptes! Où est la dimension prophétique de notre vocation?
Il faudrait aussi lutter contre les injustices, et comme le dit Zachée: " payer quatre fois, si on a fait du tort à quelqu'un". Et là aussi, commencer au moins à l'intérieur de nos paroisses. Il y a des manques de paix et des injustices, même dans nos CEB, nos mouvements, et nos groupes de lecteurs, d'enfants de chœur ou choristes. Est-ce que tout cela ne doit pas nous interroger, en tant que religieux, ayant fait vœu de pauvreté, vivant en communauté, et engagés pour la justice ? Jésus nous dit, à nous aussi : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et vous recevrez tout le reste en plus ». Quelle est notre participation aux commissions Justice et Paix, alors que dans toutes nos congrégations on a choisi un délégué pour cela ?
Au sujet de Justice et Paix, un danger nous guette. C’est d’être surtout prêts à défendre notre Eglise et à réclamer nos droits, plus qu’à défendre ceux qui sont exploités et mis à l’écart, qu’ils soient chrétiens ou non. Or le Seigneur nous appelle à agir au niveau personnel et de nos communautés (car il y a aussi des injustices dans  nos communautés), mais aussi au niveau de la société. Il y a un grand paradoxe dans notre pays : le PIB (Produit Intérieur Brut) c’est-à-dire la richesse du pays augmente,, et en même temps le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté augmente également. C’est tout à fait anormal. Cela veut dire que les richesses du pays sont accaparées par certains, au détriment des plus pauvres et du reste de la population. Dieu dit à Abraham : « Quitte ton pays et la maison de ton père ». Il nous faut parfois sortir de nos communautés et nos paroisses, pour aller rencontrer le Seigneur, qui nous attend dans le monde.
Les chorales : Une autre activité qui attire les chrétiens, beaucoup plus que l’engagement dans leur milieu de vie, ce sont les chorales, où les gens passent de nombreuses heures en répétition de chants, plusieurs soirées par semaine, souvent au détriment de leur vie de famille, et de leurs études pour les élèves et les étudiants. On y fait une prière à toute vitesse…quand on la fait ! On ne lit même pas l’Evangile du dimanche suivant. Je ne parle pas d’un partage d’Evangile, mais au moins lire cette Parole de Dieu. Et choisir les chants à partir de cet Evangile, et pas seulement pour leur rythme. Prendre des chants que la foule peut chanter, même s’il faut en répéter au moins le refrain avant le début de l’eucharistie. Et mettre quelqu’un pour diriger la foule. La conséquence, c’est que les eucharisties se transforment en concerts, ce qui est tout à fait à l’opposé de « la participation pleine et active de l’assemblée » demandée par le décret sur la Liturgie du Concile Vatican 2. Dans nos assemblées, la foule ne chante plus. Les concerts religieux (choralies) se terminent en soirées dansantes. Et pour venir animer par exemple les mariages et autres sacrements, ces chorales se font payer. Mais quand on organise une formation, on ne voit aucun choriste. Ni les autres associations de jeunes d’ailleurs. Quel avenir préparons-nous, pour notre Eglise comme pour notre pays ?
Heureusement il y a des chorales qui font des concerts, par exemple pour aider les malades ou les prisonniers. Ce sont ces initiatives-là, que nous devons soutenir. Dans les chorales comme dans les associations de toutes sortes, il y a des religieux qui en font partie. Que font-ils vraiment pour que les choses changent ?
Même dans les CEB dont j'ai parlé plus haut, l'activité principale est devenu la préparation de la fête patronale, avec bien sûr une soirée, un grand repas, des ventes de t-shirts, des tenues ...etc. Mais quand on demande à ces CEB de soutenir un projet, ou d'aider des personnes en difficultés, ils nous disent : il n'y a pas d'argent dans la caisse. Mais où ont-ils trouvé tout cet argent pour la fête patronale? Avons-nous vraiment essayé de réfléchir avec eux sur ce problème?
Les groupes charismatiques : Ce qui attire aussi beaucoup les chrétiens jeunes et adultes, ce sont les groupes charismatiques. Ce n’est pas le lieu ici d’en faire l’évaluation. Ils ont certainement un rôle à jouer dans l’évangélisation, par leur joie et leur courage de présenter Jésus Christ et son Evangile, sans peur et sans complexe. Il est sûr qu’ils regroupent de nombreux jeunes et adultes, en proposant des formes de prières plus libres et plus animées, mais qui ne sont pas exemptes d’illusion et de sentimentalisme. Or, la foi ce n’est pas seulement une question d’affectivité forte : « avoir le cœur tout chaud ». Elle demande un engagement réel dans la vie.
Il est clair par ailleurs, que beaucoup de gens entrent dans ces mouvements plus par intérêt personnel, que par volonté de vivre vraiment avec le Christ. Par exemple, pour une guérison, trouver du travail, réussir son mariage, avoir des enfants, obtenir son examen, etc… comme on le dit sans complexe, dans les annonces des rencontres. Quand on promet tout cela, est-ce qu’on ne trompe pas les gens ? Et quand ils seront déçus de ne pas avoir ce qu’ils espéraient, ils abandonneront l’Eglise. L’un des signes de cela, c’est le nombre de bénédictions qui s’y pratiquent. Et aussi la recherche de signes extraordinaires, de révélations, de rêves, d’apparitions, de conseils, etc. L’Evangile de Jésus Christ ne suffit plus. Or l’évangélisation c’est bien cela : faire découvrir et aimer Jésus Christ, et vivre de son Evangile.
On peut aussi se poser des questions sur ce qui se dit dans ces groupes sur l’action de Satan et des démons, et plus largement, sur le péché et le mal dans le monde, et sur la recherche de protections. Comme si le monde n’était pas déjà sauvé par Jésus Christ. Il y a aussi l’illusion que, si on a réussi à rassembler beaucoup de monde, que l’on a des gens qui parlent en langues et qui entrent en transe, que l’on entend un certain nombre de témoignages plus ou moins extraordinaires ou miraculeux, on a assuré une véritable évangélisation et une transformation de la société. Les religieux et religieuses ne manquent pas dans ces groupes. Qu’y faisons-nous ?
Un certain nombre de catholiques quittent l’Eglise pour aller chez les marabouts, les musulmans ou chez les protestants, quand ils sont malades. Il y a bien les groupes charismatiques qui font des prières de guérison, mais avec tous les dangers de déviation dont j’ai parlé. A la session de Popenguine du 28-1-15, le Cardinal nous a dit qu’il cherche des gens pour remplir ce ministère de la guérison. Il pense aux catéchistes et aux responsables de communautés, pour que ce ministère ne soit pas monopolisé par les prêtres avec le danger de cléricalisme que cela comporte. Est-ce qu’il n’y aurait pas là un lieu d’engagement pour les religieux et religieuses qui, normalement sont mieux formés et davantage engagés dans la prière.

Les mouvements d’action catholique : Nos choix montrent nos priorités Un simple signe : il y a de moins en moins de sœurs et de frères engagés dans les mouvements d’action catholique. Beaucoup semblent davantage intéressés par les chorales. Quand ils ne limitent pas leur engagement aux œuvres de leur congrégation. N’est-ce pas inquiétant pour l’avenir de l’Eglise, et aussi de la société ?

On a même parfois l'impression que certains religieux et religieuses passent leur temps entre les enterrements et les mariages, les visites familiales, les pèlerinages et les voyages. Cela suffit-il pour faire venir le Royaume de Dieu, qui doit être notre préoccupation première ? Est-ce que c'est vraiment cela notre première responsabilité, en tant que religieux? Pendant tout ce temps, des mouvements d'action catholique diminuent comme la JEC et la JOC, ou les Equipes enseignantes, sans parler de ceux qui ont complètement disparus. Il ne reste actif que le mouvement des enfants, les CV/AV. Pour combien de temps et pour quelles activités? Si on perd le souci de l’Evangélisation des différents milieux de vie, comment s’étonner que l’Eglise se replie sur elle-même, qu’elle se concentre sur une prière et une liturgie coupées de la vie et sans actions concrètes, pour l’affaiblissement de l’Eglise et du Royaume. Cela ne semble pas inquiéter beaucoup d’entre nous.

On pourrait dire la même chose au sujet des Scouts et Guides, des Femmes Catholiques, etc…
De même, la commission pour les relations entre chrétiens et musulmans essaie de renaître. Elle avait pratiquement disparu; pourquoi ne nous sentons-nous pas concernés par cela? Est-ce que nous ne sommes pas responsables aussi de nos frères et de nos sœurs musulmans? Pourtant, ils sont nombreux dans nos écoles, nos dispensaires, et nos autres œuvres.

Jésus nous dira à la fin du monde : « J’étais prisonnier et tu m’as visité». Mais les aumôneries de prison ont beaucoup de peine elles aussi à trouver des religieux et religieuses, pour s’y engager, et travailler avec les laïcs. Jésus nous dira aussi : " j'étais étranger et tu m'as accueilli" (Mt 25,35). Ces paroles s'adressent à nous religieux, comme à tous les autres chrétiens. Que faisons-nous pour les prisonniers, les réfugiés, les émigrés de retour, et les étrangers présents parmi nous (les étrangers pauvres, pas seulement ceux qui sont dans les ONG ou les grandes organisations internationales) ? Est-ce que nous sommes présents, en tant que religieux, dans les Commissions Justice et Paix et les Aumôneries de prison ? Sinon, pourquoi ?
Et dans les aumôneries des lycées et des collèges ? Et l’aumônerie des malades, et dans les hôpitaux ?
A la session sur la Mission de l’Eglise le 28-1-2015, à Popenguine, les responsables laïcs ont demandé un meilleur encadrement des mouvements par les aumôniers et les conseillères. Pour les associations, on a remarqué qu’il y a des associations de femmes, mais pas d’associations d’hommes. C’est une faiblesse de notre Eglise. Est-ce que les religieux frères ne devraient pas s’engager davantage dans la pastorale, spécialement auprès des hommes ?
Il y aurait beaucoup d'autres choses encore à faire: comme par exemple participer à la préparation des fiancés au mariage, et au soutien des couples et des familles. Là aussi, les religieux ont un rôle irremplaçable à jouer, à côté et avec les laïcs. Mais la commission de la famille est pratiquement inexistante et les équipes de foyers chrétiens (comme les équipes Notre-Dame) très rares.
Et comment avons-nous répondu à l'appel du Cardinal qui demandait aux congrégations religieuses de s'implanter davantage en secteur rural ?
Dans les rencontres de doyenné, on ne voit pas beaucoup de religieux, même pas ceux qui sont engagés dans la pastorale paroissiale. Mais encore faudrait-il que les religieux prennent leur responsabilité et se fassent respecter dans leur vocation propre, pour ne pas être traités seulement comme des auxiliaires des prêtres, ou même des simples roues de secours ou des bouche-trous pour ce que les prêtres ne veulent pas faire. Nous sommes souvent mieux placés que les laïcs, pour lutter contre le cléricalisme.

L’ ENGAGEMENT DANS LA SOCIETE
 Dans notre pays, nous avons la chance d’avoir un certain nombre d’ONG et autres organisations qui s’engagent pour les droits humains, et donc aussi pour la liberté de religion. Nous avons la possibilité de travailler avec elles Qu’est-ce qui nous empêche de pousser les chrétiens avec qui nous travaillons à entrer dans ces ONG, associations...et d'y entrer nous-mêmes ?
Cela pose la question de la formation. Nous demandons à nos jeunes frères et sœurs de se former au niveau professionnel pour nos œuvres: santé, enseignement, promotion féminine... C'est nécessaire. Nous en envoyons certains se former en philosophie et en théologie, c'est très bien. Mais ne faudrait-il pas aussi en former dans les sciences humaines, les droits de l'homme, problèmes économiques et politiques, l'animation des groupes, la sociologie en général...pour qu'ils puissent s'engager ensuite dans la société, pas seulement comme professeurs ou agents de santé. Et pas seulement dans nos œuvres catholiques, mais aussi dans les institutions officielles. Pour travailler avec les malades du Sida ou d’Ebola, avec les prostitués et les enfants de la rue, avec les émigrés et les marginaux, pour lutter pour les droits humains et aider les pauvres à se prendre en main, et tant d’autres choses. Notre pape François nous rappelle (La joie de l’Evangile=EG n°178) : » À partir du cœur de l’Évangile, nous reconnaissons la connexion intime entre évangélisation et promotion humaine, qui doit nécessairement se développer dans toute l’action évangélisatrice ». Mais cela suppose que nos étudiants et étudiantes soient plus intéressés par une formation pastorale missionnaire que par les diplômes, comme l’a rappelé aussi fortement et plusieurs fois le pape François. Par exemple, le 27 novembre 2014. Le pape François a appelé les institutions religieuses à «renouveler leurs habitudes» et leurs structures si elles ne répondent plus à ce que Dieu demande aujourd’hui, pour faire avancer son Règne dans le monde». Le pape a aussi évoqué «des zones de faiblesse aujourd’hui dans la vie consacrée, telles que la résistance de certains secteurs au changement ou leur force d’attraction diminuée. Cela me préoccupe car cela dit quelque chose sur la sélection et la formation des candidats». Et le pontife d’insister sur «la fragilité de certains itinéraires de formation». 
Un autre problème, c'est que nos CEB et nos amicales, comme nos différentes associations, se retrouvent uniquement à la paroisse, entre chrétiens. Mais ils n'agissent pratiquement pas dans leur quartier. Ils ne sont pas engagés dans la société : Les jeunes des amicales chrétiennes ne travaillent pas avec les ASC de quartiers. Les femmes catholiques ne collaborent pas avec les autres associations féminines du quartier. De même, les responsables de CEB ne sont en contact suivi, ni avec les imams, ni avec les délégués de quartier. Comment alors travailler ensemble pour faire avancer les choses? Si nous sommes chrétiens, est-ce que nous ne sommes pas d'abord et aussi des citoyens, même les religieux? Nous sommes nés avant d'être baptisés, ou de devenir religieux. Engagés dans ces différents groupes et organisations, que faisons-nous pour que les choses changent? Et pour répondre aux appels du concile Vatican II, et de nos différents Papes ? Et actuellement du Pape François, qui nous demande sans arrêt d'aller à la périphérie, et de lutter contre la civilisation du déchet. Et pour répondre aussi aux appels de nos évêques, qui nous demandent de nous engager dans la société.
C'est l'objet, non seulement du troisième et quatrième objectif de notre 3° Plan d’Action Pastoral, mais aussi du premier: la communion. Mais le connaissons-nous vraiment ? Nous y sommes-nous engagés ? Certaines paroisses ont réduit la communion à l'entente entre chrétiens, et non pas à faire grandir la communion dans la société, entre tous les hommes. IL faudrait revoir la vision que nous avons de ce plan pastoral : nous avons une Eglise centrée sur elle-même, et non pas au service du Royaume de Dieu, comme Jésus nous l'a sans cesse demandé. Il nous a pourtant dit "allez dans le monde entier". Et Lui-même a sans cesse traversé le Jourdain et les frontières, pour aller à Tyr, à Sidon, dans la Décapole, chez les Générasiens, et dans beaucoup d'endroits encore.
Notre communauté vit dans un quartier. Participons-nous à la vie de ce quartier? Connaissons-nous le Maire et les délégués de notre quartier? Avons-nous participé au moins une fois, à un conseil municipal. Car il est ouvert à tous. L'acte trois de la décentralisation se met en place. Est-ce que nous savons ce que cela signifie? Connaissons-nous le plan d'actions et les projets de notre municipalité?
En conclusion, nous devons reconnaître que nous les religieux nous sommes davantage engagés dans l’Eglise que dans la société, et soucieux d’une vie de prière mais sans engagement collectif, pour lutter contre les injustices, Alors que les deux devraient aller ensemble. Et que la prière personnelle et communautaire devrait déboucher sur cet engagement et le nourrir. Comme Jésus qui monte sur la colline prier son Père, Mais qui descend ensuite nourrir la foule qui a faim. Et c'est seulement quand Il a nourri la foule, qu'Il lui enseigne qu'IL est le Pain de la Vie (Jean 6). Et de même, Il dit aux disciples de Jean Baptiste : « Allez raconter à Jean, ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient…et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Luc 7,22).
Notre pape François dit dans sa lettre sur la Joie de l’Evangile : Oui au défi d’une spiritualité missionnaire n°78 : « Aujourd’hui, on peut rencontrer chez beaucoup d’agents pastoraux, y compris des personnes consacrées, une préoccupation exagérée pour les espaces personnels d’autonomie et de détente, qui les conduit à vivre leurs tâches comme un simple appendice de la vie, comme si elles ne faisaient pas partie de leur identité. En même temps, la vie spirituelle se confond avec des moments religieux qui offrent un certain soulagement, mais qui ne nourrissent pas la rencontre avec les autres, l’engagement dans le monde, la passion pour l’évangélisation. Ainsi, on peut trouver chez beaucoup d’agents de l’évangélisation, bien qu’ils prient, une accentuation de l’individualisme, une crise d’identité et une baisse de ferveur. Ce sont trois maux qui se nourrissent l’un l’autre ».

L’EVANGELISATION
Notre pape François nous rappelle (La joie de l’Evangile=EG n°178) : » À partir du cœur de l’Évangile, nous reconnaissons la connexion intime entre évangélisation et promotion humaine, qui doit nécessairement s’exprimer et se développer dans toute l’action évangélisatrice ».
Les congrégations missionnaires sont présentes et nombreuses dans l’archidiocèse. Mais souvent on ne leur permet pas de vivre leur charisme missionnaire. Et d’ailleurs elles-mêmes ne le cherchent pas toujours.  Pour les religieux prêtres, ce que l’on attend d’eux, c’est de tenir des paroisses, mais beaucoup moins de s’engager dans la société pour l’évangélisation en tant que telle. Le pape demande aux évêques « de respecter les missions de chacun : de ne pas demander aux religieux d’animer les communautés paroissiales mais de les laisser vivre et de les soutenir dans leurs missions propres…Que cette Année rappelle à tous que  l’Église n’est pas uniforme et que les uns ne vont pas sans les autres »
Nos écoles, centres de santé et centres de formation pourraient être l’occasion d’une évangélisation plus profonde, dans l’accueil et le respect des autres.  Nos oeuvres sont comprises comme la mise en pratique de la charité du Christ, ce qui est très important et vrai, mais beaucoup moins comme une véritable évangélisation, dans le sens du dialogue et du partage de la foi. Car il est important de garder la gratuité de nos activités et le respect de la liberté des gens, pour éviter tout prosélytisme, comme Jésus Christ l’a fait lui-même. Et que les conversions ne soient pas causées par le désir de bénéficier des actions humanitaires et caritatives de l’Eglise. L’évangélisation doit se faire d’une façon désintéressée, dans l’amour de Dieu qui est gratuit (« ce que vous avez reçu gratuitement, donnez-le aussi gratuitement »).
 Ce qui ralentit l’évangélisation, c’est d’abord qu’elle est difficile, dans un pays à très grande majorité musulmane, même si les gens sont très tolérants. L’Eglise catholique a été reconnue et soutenue au temps de la colonisation. Depuis, elle n’a pas pris suffisamment conscience qu’elle est une minorité, et elle n’en a pas tiré les conclusions qui s’imposaient. Jésus disait : « N’ayez pas peur, petit troupeau » (Luc 12,32). Il disait aussi « Vous êtes le sel de la terre ». Il suffit d’un peu de sel, pour donner du goût à tout le plat. Mais encore faut-il que le sel ne perde pas sa force, sinon on lui marche dessus (Mat 5,13). Et surtout qu’il ne reste pas dans la boîte sur l’étagère, mais qu’il soit vraiment au milieu de la nourriture, présent et agissant. Même si la lumière de l’Eglise n’est pas sous le boisseau, elle reste encore trop souvent enfermée dans la maison. Elle éclaire ceux qui sont dans la maison, mais elle n’est pas encore ouverte, sur une colline, pour éclairer tous les hommes (Mat 5,14). Et le levain est plus souvent partagé entre chrétiens, que présent dans la pâte humaine de la société (Mat 13,33).
Pourtant, nous vivons dans une culture tolérante, qui accepte les idées et la liberté des autres. Cela est renforcé dans le centre et le sud du pays par le fait que dans les mêmes familles il y a des chrétiens et des musulmans. La culture traditionnelle africaine commune à tous les croyants est ainsi une grande chance pour nous, et une base pour construire la paix, l’acceptation mutuelle et le dialogue, et donc pour permettre une véritable évangélisation.
Il est sûr qu’à travers les mouvements d’Action Catholique, et les activités sociales de l’Eglise, l’esprit de l’Evangile et la connaissance de Jésus Christ passent. Un certain nombre de musulmans vivent leur religion et comprennent le Coran, différemment et d’une façon plus spirituelle, grâce à leurs contacts avec les chrétiens. Par exemple au moment du Ramadan, pour ne pas se limiter au jeûne mais chercher une vraie conversion, grâce à la façon des chrétiens de vivre le Carême. Et aussi dans la façon de prier, plus personnelle et à partir de la vie, en dépassant la seule récitation de formules. Ou encore pour vivre leur foi dans l’amour, et pas seulement garder les 10 commandements d’une façon parfois moralisante ou extérieure. On peut se demander, à l‘inverse, dans quelle mesure la foi des chrétiens est purifiée et grandie, grâce à leur vie en commun avec les musulmans. En effet, les musulmans nous appellent à un respect de Dieu plus grand : « Dieu est Dieu, et il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu ». Ils prient 5 fois par jour, et nous rappellent l’importance de la prière, et aussi de manifester notre foi en public. Le sérieux avec lequel ils jeûnent pendant le Ramadan nous interroge sur la façon dont nous vivons le Carême. Et beaucoup d’autres choses encore. Mais combien de chrétiens, trop sûrs de leur foi, sont prêts à se laisser interpeler par les musulmans ? Or il ne peut pas y avoir d’évangélisation sans dialogue et accueil de l’autre.
Notre pape François écrit (La joie de l’Evangile=EG : Le dialogue interreligieux, n° 250) : » Une attitude d’ouverture en vérité et dans l’amour doit caractériser le dialogue avec les croyants des religions non chrétiennes, malgré les divers obstacles et les difficultés, en particulier les fondamentalismes des deux parties. Ce dialogue interreligieux est une condition nécessaire pour la paix dans le monde, et par conséquent est un devoir pour les chrétiens, comme pour les autres communautés religieuses. Ce dialogue est, en premier lieu, une conversation sur la vie humaine, une « attitude d’ouverture envers eux partageant leurs joies et leurs peines. Ainsi, nous apprenons à accepter les autres dans leur manière différente d’être, de penser et de s’exprimer. De cette manière, nous pourrons assumer ensemble le devoir de servir la justice et la paix, qui devra devenir un critère de base de tous les échanges ». N° 251 : » L’Évangélisation et le dialogue interreligieux, loin de s’opposer, se soutiennent et s’alimentent réciproquement ».
Les possibilités ne manquent pas : Au niveau de l’Etat, nous avons la chance de vivre dans un pays laïc qui soutient une laïcité positive où l’Etat reconnait et soutient chacune des religions. Même s’il nous faut rester très attentifs, face au désir de certains d’islamiser la société, et au danger d’intégrisme de certains mouvements qui pourraient venir de pays voisins. Mais le danger vient aussi de certains chrétiens, qui sont eux aussi de tendance intégriste. Pour le moment, l’Eglise catholique est acceptée et reconnue dans le pays. Mais la communauté chrétienne reste trop centrée sur elle et enfermée dans ses problèmes, ce qui à mon avis, est en opposition directe avec une nouvelle évangélisation. On est prêt à accueillir les gens chez nous, mais beaucoup moins à aller vers eux, et encore moins à accueillir les valeurs et les richesses spirituelles qu’ils pourraient nous apporter.
Nous cherchons davantage à être exemplaires, qu’à permettre aux non chrétiens de vivre les valeurs de l’Evangile. On ne cherche donc pas tellement à permettre aux musulmans de mieux connaître Jésus Christ, en allant plus loin que ce qu’il en est dit dans le Coran, pour qu’ils vivent dans l’esprit de l’Evangile, à la manière de Jésus Christ, même s’ils restent musulmans.
Car l’Evangile s’adresse à tout le monde. C’est évident, si on regarde la vie de Jésus. Il traverse sans arrêt les frontières pour aller de l’autre côté du Jourdain (Marc 10, 1), en Samarie (Jean 4,4) ou dans la région de Génésareth (Marc 6, 53). Il guérit les malades et ceux qui sont possédés des esprits mauvais, sans rejeter personne. Il enseigne tout le monde, sans distinction de race ni de religion. Il aime tous les hommes, Il est accueillant à tous. Mais plus que cela, Il reconnaît l’action de l’Esprit Saint dans le cœur des païens, et Il en rend grâce à Dieu son Père. Il remarque que c’est seulement le lépreux samaritain, qui vient lui dire merci d’être guéri. Il dit à la foule en montrant l’officier romain (Mat 8,10) « Je n’ai jamais vu une telle foi en Israël ». Et Il en tire la conclusion : « Ils viendront de l’est et de l’ouest, et prendront place à table au repas du Royaume, avec Abraham (Ibrahima), Isaac (Issakha) et Jacob (Yakhouba ». Les musulmans sont eux aussi fils d’Abraham. Nous avons les mêmes 1° prophètes. Et nous ne pouvons pas oublier qu’avant de recevoir le Corps du Christ dans la communion, c’est la prière d’un païen, cet officier, que nous disons : » Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes chez moi, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ». Nous ne pouvons pas recevoir le Corps du Christ dans la communion, si nous ne sommes pas en communion avec tous, chrétiens ou non. De même, c’est la Samaritaine, une païenne, une femme de mauvaise vie, qui va faire connaître Jésus aux gens de son village, des samaritains, des païens eux aussi (Jean 4,28). C’est une femme syrienne qui fait comprendre à Jésus, qu’Il est envoyé par son Père à tous les hommes : « Même les chiens sous la table mangent les morceaux, que les enfants font tomber » (Marc 7,28).
Jésus dira lui-même : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12,32). Et avant de monter au ciel il dira à ses disciples « Allez annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile à toute la création». En leur disant que pour cela ils doivent « chasser les esprits mauvais et parler des langues nouvelles » (Marc 18,18). Il ne manque pas de rappeler aux pharisiens ce qu’a fait le prophète Jonas, pour appeler les païens de Ninive à la conversion. Et la reine de Saba qui est venue écouter le Roi Salomon. Et Il dit : « il y a plus ici que Salomon » (Matthieu 11, 20-25)). On pourrait continuer à citer de nombreux autres passages de l’Evangile qui vont dans le même sens. Les avons-nous compris ? Est-ce que trop souvent, nous ne les appliquons pas qu’à nous-mêmes les chrétiens, en oubliant les autres ? Nous aimons Jésus. Mais est-ce que nous cherchons à agir comme Lui ?
Paul a consacré toute son énergie à mettre en place des communautés chrétiennes, dans tout l’empire romain. Mais il voulait des communautés ouvertes et missionnaires, qui annoncent l’Evangile à tous. Il s’écrie « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile » (pas seulement malheur à moi si je n’implante pas l’Eglise : 1°Cor 9, 16). Et il affirme : « Dieu ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour évangéliser » (1° Cor 1,17). Il ajoute : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1° Ti 2,4).

LE ROYAUME DE DIEU
Ce qui manque à mon avis pour une véritable évangélisation, c’est une théologie du Royaume de Dieu. Sans une réflexion profonde sur ce qu’est le Royaume de Dieu, son importance et les conditions de sa venue, on en restera toujours à une conception limitée de l’évangélisation, comme une simple implantation de l’Eglise. Et on se limitera à ceux qui sont déjà chrétiens, ou qui acceptent de le devenir. Mais alors qu’en sera-t-il de tous les autres hommes ? Le pape François écrit : « Évangéliser c’est rendre présent dans le monde le Royaume de Dieu. » (EG 176). Il ajoute n°180 : « Le Royaume nous appelle. En lisant les Écritures, il apparaît clairement que la proposition de l’Évangile ne consiste pas seulement en une relation personnelle avec Dieu. La proposition est le Royaume de Dieu (Luc 4, 43). Il s’agit d’aimer Dieu qui règne dans le monde. Dans la mesure où il réussira à régner parmi nous, la vie sociale sera un espace de fraternité, de justice, de paix, de dignité pour tous. Donc, aussi bien l’annonce que l’expérience chrétienne tendent à provoquer des conséquences sociales. Cherchons son Royaume : « Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus » (Mt 6, 33). Le projet de Jésus est d’instaurer le Royaume de son Père ; il demande à ses disciples : « Proclamez que le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 10, 7).
Je n’ai pas la place ici de présenter cette théologie du Royaume. Je me contente de quelques citations de l’Evangile, qui concernent plus directement l’évangélisation.
Dans l’Evangile, on parle très souvent de la Bonne Nouvelle du Royaume (Matthieu 4, 23 – Matthieu 9, 35 – Luc 4, 43 etc.). Ce qui montre bien que l’évangélisation est liée à la venue du Royaume. Le Royaume c’est vraiment ce qu’il y a de plus important. Comme le dit encore Jésus (Matthieu 6,33) : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et Dieu vous donnera tout le reste en plus ». Et ces paroles s’adressent à tous les hommes, comme les béatitudes. Pas seulement aux chrétiens. Jésus, le nouveau Moïse, les prononce en haut de la montagne, pour toute la foule. Le Royaume c’est un trésor, une perle fine (Matthieu 13, 44-45) pour lequel nous sommes prêts à tout laisser. C’est le sens de notre consécration religieuse.
Ce Royaume nous devons d’abord l’accueillir. Et en premier, accueillir Jésus et vivre avec Lui car le cœur du Royaume c’est Jésus. C’est Lui qui nous l’apporte dans le monde, il doit être accueilli par nous-mêmes et en communauté. C’est à partir de là que nous pourrons construire son Royaume avec Lui. Le Royaume, c’est d’abord Jésus lui-même. C’est Lui que nous aimons, c’est avec Lui que nous vivons, c’est autour de Lui que nous nous rassemblons. Jésus disait : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux » (Matthieu 18, 20). Le Royaume, c’est vivre avec Jésus, et comme Lui.
Le Royaume de Dieu n’est pas au ciel, il est sur la terre, comme nous l’a dit Jésus dans la prière du Notre Père « Que Ton Règne vienne, Que Ta Volonté soit faite, sur la terre comme au ciel ». Le Royaume, c’est donc commencer à vivre déjà sur la terre avec tous, comme nous vivrons au ciel. Le Royaume est pour tous, pas seulement pour les chrétiens. Et Dieu y appelle sans cesse de nouvelles personnes, comme le maître a appelé les ouvriers aux différentes heures de la journée (Matthieu 20,1). Le Royaume est pour tout le monde, car Jésus « a racheté pour Dieu, des hommes de toutes tribus, de toutes langues, de tous peuples et de toutes nations » (Apocalypse 5,10). Dieu le disait déjà, par la bouche d’Isaïe (56,7): »Ma maison s’appellera : maison de prière pour tous les peuples ». Et Jésus explique : « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père » (Jean 14, 2).
La mission du 3ème PAP diocésain dit : « L’Eglise, lieu et artisan du Royaume ». Il ne faut donc pas opposer l’Eglise au Royaume de Dieu. L’Eglise doit être le premier lieu (le sacrement) du Royaume, pas seulement le signe. Elle doit aussi en être l’artisan pour faire grandir le Royaume de Dieu dans toute la société. La question qui se pose alors est : que faisons-nous, religieux, non seulement pour être lieu du Royaume dans nos communautés religieuses, mais artisans de ce Royaume dans les quartiers où nous vivons et là où nous travaillons ?
Le Royaume, comme l’Evangile, est d’abord pour les pauvres, et pour ceux que l’on fait souffrir à cause de la justice (comparer Matthieu 5, 3 + 10 et Luc 4, 18-21). C’est donc à eux que nous annonçons l’Evangile en premier. Et aussi aux pécheurs, et aux hommes et aux femmes de mauvaise vie. Jésus l’a dit avec force : « Les ramasseurs d’impôts et les prostituées arriveront avant vous, dans le Royaume de Dieu » (Matthieu 21, 31).
-Quels sont les signes de ce Royaume, qui nous montrent ce que nous devons faire pour qu’il arrive parmi nous ? En premier, c’est l’Amour. Quand l’enseignant de la loi rappelle le commandement de Moïse « Tu aimeras le Seigneur Ton Dieu de tout ton cœur… tu aimeras ton prochain comme toi-même », Jésus lui dit : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu » (Matthieu 12, 34). Evangéliser et faire venir le Royaume, c’est pardonner et avoir pitié de nos frères (Matthieu 18, 23). Jésus dira à tous les hommes rassemblés à la fin du monde : « Venez, vous qui êtes les bénis de mon Père. Recevez le Royaume qu’Il a préparé pour vous, depuis le début du monde… car j’ai eu faim, vous m’avez donné à manger. J’ai eu soif, j’étais étranger, nu, malade, en prison… Tout ce que tu as fait au plus petit de mes frères, c’est à Moi que tu l’as fait » (Matthieu 25, 40). Il ne s’agit donc pas seulement d’aimer, mais de reconnaître dans tout homme un enfant de Dieu, et un frère ou une sœur de Jésus. C’est de cette façon-là, que nous pouvons vraiment évangéliser. Et accueillir tous les hommes, dans le respect, et sans distinction.
Le Royaume c’est se faire petit devant Dieu et devant les hommes, comme un enfant (Matthieu 18, 1). Et se faire le serviteur de tous, comme Jésus a lavé les pieds de ses apôtres (Jean 13). » Le Royaume est comme un filet, qui attrape toutes sortes de poissons, et que les anges viendront trier à la fin du monde « (Matthieu 13, 47). Ce n’est donc pas à nous de choisir les gens.
Paul explique (1ère Cor 4, 20) : « le Royaume de Dieu ce n’est pas une affaire de paroles, mais de puissance. Ce n’est pas une question de nourriture ou de boisson, mais de justice, de paix et de joie dans l’Esprit Saint » (Romains 14, 17). Le Seigneur nous demande donc d’écouter le Saint Esprit, pour « tirer de notre trésor, de l’ancien et du nouveau ». Et de nous adapter au monde de ce temps (Matthieu 13, 52). De commencer tout petit, comme la graine de moutarde, qui est la plus petite des graines (Matthieu 13, 21). Et ensuite de grandir peu à peu, et d’étendre nos bras pour accueillir nos frères, comme l’arbre étend ses branches pour que les oiseaux viennent se reposer. Et qu’ils puissent ensuite repartir librement poursuivre leur propre chemin (Matthieu 13, 31).
Il s’agit bien de partager la vie des hommes et de nous engager dans la société, comme le levain doit être mélangé à la pâte pour agir, et la faire lever toute entière (Matthieu 13, 33). Jésus a dit à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». t Il ajoute : « Je te donnerai les clés du Royaume ». Du Royaume, pas seulement les clés de l’Eglise (Matthieu 16, 19). L’Eglise doit donc être au service du Royaume : « Un règne sans limite et sans fin, règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix » (Préface du Christ Roi).
Il est donc absolument nécessaire que les membres des congrégations missionnaires retrouvent leur souffle et le souci de l’évangélisation, et qu’ils reviennent à leur charisme. Même s’ils travaillent en paroisse, que celle-ci soit ouverte à tous, avec le souci des plus pauvres. Qu’ils ne se laissent pas enfermer dans les activités paroissiales. Et qu’ils poussent les chrétiens à s’engager davantage dans la société, en groupe et pas seulement personnellement, comme Jésus a envoyé l’équipe des apôtres dans le monde.
Encore faut-il en prendre les moyens. D’abord un véritable renouvellement spirituel. Notre pape François a écrit (EG[A1]  79) : » Beaucoup d’agents pastoraux, même s’ils prient, développent une sorte de complexe d’infériorité, qui les conduit à relativiser ou à occulter leur identité chrétienne et leurs convictions. ..Ils finissent par étouffer la joie de la mission, par une espèce d’obsession pour être comme tous les autres et pour avoir ce que les autres possèdent. De cette façon, la tâche de l’évangélisation devient forcée et ils lui consacrent peu d’efforts et un temps très limité.
80. Il faut souligner le fait que, même celui qui apparemment dispose de solides convictions doctrinales et spirituelles, tombe souvent dans un style de vie qui porte à s’attacher à des sécurités économiques, ou à des espaces de pouvoir et de gloire humaine qu’il se procure de n’importe quelle manière, au lieu de donner sa vie pour les autres dans la mission. Ne nous laissons pas voler l’enthousiasme missionnaire ! »
Si des gens veulent devenir chrétiens et être baptisés, nous en sommes très heureux, et nous les accueillons avec joie. Mais l’évangélisation ne se limite pas au baptême. Notre responsabilité, c’est de faire grandir le Royaume de Dieu, un Royaume offert à tous les hommes. Notre travail c’est donc d’aider les non chrétiens qui nous entourent, à vivre dans l’esprit de l’Evangile, même s’ils ne deviennent pas chrétiens. Pour mettre en pratique, dans leur propre religion, les valeurs de l’Evangile qu’ils découvrent, grâce à notre amitié et à notre témoignage. Et pour vivre à la manière de Jésus Christ, chacun là où il est, autant qu’il le peut.. « Le Royaume de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint …Recherchons donc ce qui aide à la paix, et ce qui nous unit les uns aux autres pour construire ce Royaume» (Rom 13,17-19). A chaque fois que nous aidons les hommes et les femmes, quelle que soit leur religion, à vivre dans la justice, la paix et l’amour, le Royaume est là. Et ils sont dans le Royaume.

-Les actes des apôtres nous présentent trois piliers de l’évangélisation et du témoignage :
Le premier pilier, c’est d’annoncer une Bonne Nouvelle dans la joie. Non pas des commandements, ou seulement de la morale, mais une parole qui libère et qui rend heureux, comme le Pape François nous l’explique dans sa lettre « La Joie de l’Evangile ». C’est faire connaître que Dieu et notre Père et qu’Il nous aime. Que Jésus est mort et ressuscité pour nous, qu’Il est vivant et qu’Il nous fait vivre d’une vie nouvelle. Qu’Il reviendra pour nous ressusciter et remplir notre vie totalement. Et qu’Il nous a envoyé son Esprit Saint, « qui souffle où Il veut (Jean 3,9), et qui veut des adorateurs en esprit et en vérité quel que soit le lieu (Jean 4,23) ». Car il parle dans le cœur de tous les hommes et de toutes les femmes.
Le deuxième pilier c’est donc le Saint Esprit. C’est Lui qui nous fait comprendre la Parole de Dieu, et qui nous donne la force de la mettre en pratique. C’est Lui qui nous conduit dans toute notre vie. Si nous l’écoutons dans notre cœur, Il nous montrera comment évangéliser.
Le troisième pilier c’est la communauté. On n’est pas chrétien pour soi, on est croyant avec les autres, comme le dit Pierre : « Autrefois vous n’étiez pas un peuple, maintenant vous êtes le peuple de Dieu » (1ère Pierre 2, 10). Evangéliser, cela nous demande donc d’être près des gens, de connaître leur vie et la vie de notre peuple. François a écrit : « La mission, c’est un amour pour Jésus, mais en même temps, c’est un grand amour pour son peuple » (La Joie de l’Evangile n° 268). « Nous partageons avec les autres l’espérance que Dieu a mise dans nos cœurs, mais avec douceur et avec respect «, comme le demande Pierre (1ère Pierre 3, 16), sans nous décourager, même si c’est difficile et que les gens refusent de nous écouter. Ils peuvent nous empêcher de parler mais ils ne peuvent pas nous empêcher de vivre, et donc de témoigner. (Voir mon document : Comment Jésus a-t-il évangélisé ?)
Une nouvelle étape de l’Evangélisation
Il est important de savoir lire les signes des temps, comme nous l’a rappelé le 2° concile du Vatican, à la suite de Jésus Lui-même (Mat 16,3). Lorsque les premiers missionnaires sont arrivés au Sénégal, ils se sont consacrés à implanter l’Eglise locale, ce qui est bien normal. Ils se sont donc donnés à la catéchèse, à l’organisation des paroisses et à ouvrir des séminaires. En même temps, ils ont eu le souci du développement humain, de l’éducation et de lancements de projets dans les différents secteurs de la vie. Ils n’ont donc pas oublié la dimension caritative et humanitaire : mise en place de dispensaires, d’écoles, de centres de formation professionnelle et technique etc. Maintenant, et déjà depuis de nombreuses années, l’Eglise est en place. Est-ce que tous les  chrétiens, mais les congrégations religieuses en particulier, ne devraient pas se tourner plus directement vers une nouvelle évangélisation, d’ailleurs demandée par l’Eglise ? D’abord, rendre leurs paroisses, comme toutes leurs autres activités, beaucoup plus missionnaires. Mais ne faudrait-il pas passer en même temps à une deuxième étape ?
D’abord, voir tous les nouveaux secteurs de la vie moderne qui ont besoin d’être évangélisés. Car le monde a changé. Il y a de nombreux domaines de manque de foi, comme des nouveaux secteurs de pauvreté et d’injustices, dans lesquels nous devons nous engager. Mais encore faut-il avoir des idées claires sur ce qu’il faut faire. . Simplement une citation (EG n° 20) : »Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile ».
Ensuite, proposer à tous les hommes de vivre les valeurs de l’Evangile. Pas seulement les chrétiens mais tous les habitants du pays, à l’intérieur même de leurs différentes cultures et religions. Pour la venue du Royaume de Dieu. Maintenant, tous les gens ont choisi : ils sont déjà soit chrétiens, soit musulmans. Et on ne peut pas espérer  baptiser beaucoup de musulmans pour les faire entrer dans l’Eglise. Mais nous pouvons leur permettre d’entrer dans le Royaume de Dieu, en offrant aux musulmans qui le veulent, de vivre à la manière de Jésus Christ, même s’ils restent musulmans. Et aussi à ceux qui pratiquent les religions traditionnelles ou ceux qui se disent incroyants, Quand nous travaillons avec eux dans l’amour et en vérité, pour la justice et pour la paix, nous les évangélisons. Ils ne sont pas chrétiens, ils ne sont pas dans l’Eglise, mais ils sont dans le Royaume de Dieu. Nous n’avons pas besoin de parler pour cela. Il suffit de nous engager ensemble. Comme le dit Jésus : » Celui qui fait la vérité, il vient à la lumière ».  
Le document Lumen Gentium du concile Vatican II affirme : “L’Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain” (LG 1). L’Eglise est le signe et le moyen de la venue du Royaume de Dieu sur la terre.
LG 4 : « La mission de l’Eglise que lui a donné son Seigneur, c’est la formation spirituelle, morale et humaine de tout homme, de toute femme et de tout enfant. Elle participe au bien des peuples, répare les fractures existant entre eux et élève la dignité humaine ».
LG 48, “Le Christ a constitué son Corps, qui est l’Eglise, comme le sacrement universel du salut”. Il faudrait lire le document tout entier, et aussi les autres documents du Concile, en particulier Gaudium et Spes (l’Eglise dans le monde). Sans oublier les documents plus récents du Vatican. Lire aussi Rom 8,19-23.

L’INCULTURATION DE LA VIE CHRETIENNE ET DE LA VIE RELIGIEUSE
Se pose aussi la question de l’inculturation. Car il est clair qu’on ne peut pas avoir d’Evangélisation en profondeur sans inculturation. Comme le dit notre pape François (la joie de l’Evangile n°116) : » Quand une communauté accueille l’annonce du salut, l’Esprit Saint féconde sa culture avec la force transformante de l’Évangile…. Par l’inculturation, l’Église  introduit les peuples avec leurs cultures dans sa propre communauté, parce que toute culture offre des valeurs et des modèles positifs qui peuvent enrichir la manière dont l’Évangile est annoncé, compris et vécu ….Que l’Église fasse comprendre et présente la vérité du Christ, en s’inspirant des traditions et des cultures de la région » (N°118).
C’est sûr qu’il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine. Le pape ajoute au n° 129 : » Dans les pays où le christianisme est minoritaire, en plus d’encourager chaque baptisé à annoncer l’Évangile, les Églises particulières doivent développer activement des formes, au moins initiales, d’inculturation. Ce à quoi on doit tendre, en définitive, c’est que la prédication de l’Évangile, exprimée par des catégories propres à la culture où il est annoncé, provoque une nouvelle synthèse avec cette culture…Si nous laissons les doutes et les peurs étouffer toute audace, il est possible qu’au lieu d’être créatifs, nous restions simplement tranquilles sans provoquer aucune avancée. Dans ce cas, nous ne serons pas participants aux processus historiques par notre coopération, mais nous serons simplement spectateurs d’une stagnation stérile de l’Église ».
Nous religieux et religieuses, nous avons une famille. N’est-ce pas à l’intérieur de nos propres familles que nous pouvons agir en premier ? Et dans nos paroisses, mais aussi dans nos lieux de travail et nos différents engagements. Au cours du chapitre général des Filles du Saint Cœur de Marie, le vendredi 3 Août 2.012, nous avons réfléchi à l’inculturation. Voici rapidement l’une ou l’autre idée qui ont été relevées. La première chose, c’est de connaître la culture et les différentes religions du milieu, où le Seigneur nous a appelés à vivre. Il s’agit d’en découvrir les valeurs, donc de le regarder d’une manière positive. Mais en même temps en étant réaliste. Par exemple en ouolof, le Jom, c’est le sens de l’honneur et de la dignité. Mais cela peut devenir de l’orgueil.
Ensuite il s’agit de voir comment vivre ces valeurs traditionnelles dans le monde d’aujourd’hui. Par exemple la Téranga. Quand on habite dans un 2 pièces au 5ème étage, on ne peut pas accueillir les gens aussi facilement qu’on le faisait au village, là où on avait une grande cour. Autrefois quand on recevait un parent, on pouvait ensuite l’amener travailler avec nous au champ. Mais si tu es en ville et que tu es médecin ou enseignant, cela n’est évidemment pas possible.
Enfin, il faut voir les choses telles qu’elles se passent aujourd’hui. Par exemple, on parle du respect de la vie en Afrique, et c’est sûr que c’est une grande valeur. Mais nous ne pouvons pas oublier tout ce qui se passe en réalité, en particulier les avortements et les infanticides. Et on pourrait dire la même chose des autres secteurs de notre pays. Trop souvent nous rêvons à un monde traditionnel idéalisé et non pas tel qu’il était vraiment et qui, de toute façon, n’existe plus aujourd’hui. Par exemple, il ne s’agit pas de dire qu’autrefois la dot était un cadeau symbolique pour créer une alliance entre les deux familles. Il faut voir ce qu’elle est devenue aujourd’hui et voir comment lutter efficacement contre ces déviations et ces exagérations.

Trop souvent nous les religieux, nous sommes des rêveurs. N’étant pas mariés nous ne portons pas le poids d’une famille et nous travaillons dans nos œuvres que nous pouvons faire marcher comme nous voulons. Et non pas dans la société où les gens doivent  accepter les directives des responsables et des chefs. A cause de cela, nous ne percevons plus la réalité des choses et nous ne cherchons pas suffisamment à la connaître. Nous avons fait vœu de pauvreté mais nous vivons beaucoup mieux que la plupart des sénégalais. Nous avons fait vœu d’obéissance mais nous sommes indépendants et nous n’avons pas à supporter l’autorité des patrons et des chefs de service qui nous font souffrir. Nous sommes chastes mais est-ce que nous ne sommes pas comme des anges, alors que nos frères et nos sœurs chrétiens doivent vivre leur sexualité dans les difficultés d’une vie très érotisée et soumise à toutes les tentations et les pressions de la société moderne.


-L’inculturation doit aller dans les deux sens : enrichir l’Eglise par les valeurs des différentes cultures africaines, mais aussi inculturer (enraciner)  l’Evangile dans nos différentes cultures, pour les convertir et les christianiser. Pour nous religieux, cela demande deux choses :
* D’abord de rester vraiment africain et sénégalais, profondément enracinés dans notre culture, alors que toute notre formation a tendu à nous occidentaliser et à nous coloniser culturellement. Beaucoup d’entre nous préfère parler français et ne sont même plus capables de s’exprimer clairement dans leurs propres langues, encore moins dans la langue nationale ouolof. Pour les étrangers, leur devoir c’est de comprendre et de respecter les différentes cultures sénégalaises le mieux possible.
* Vivre réellement et concrètement l’Evangile dans les réalités actuelles de notre société et non pas en théorie.
L’inculturation ne peut pas se limiter aux danses d’offertoire, et aux processions d’offrande. Il s’agit d’inculturer et d’évangéliser toute notre vie. D’abord l’organisation de la paroisse et des CEB. Dans les réunions de CEB, on commence par se donner des nouvelles comme au village. Il n’y a pas seulement un président pour diriger (surtout que c’est presque toujours un homme, et rarement une présidente) mais une équipe d’animation, un homme, une femme, un jeune garçon et une jeune fille (responsables de la CPJ : Coordination Pastorale des Jeunes). Cela pour respecter à la fois la séparation traditionnelle entre hommes et femme, et aussi les classes d’âge. Par ailleurs, nous cherchons à répartir les responsabilités entre plusieurs responsables, conformément aux différents charismes dont parle Paul (1° Corinthiens, chapitres 10 et 12). En particulier nous avons choisi des « sages », des conseillers hommes et femmes pour la réconciliation, conformément à nos traditions, mais aussi à ce que Jésus propose (Mat 18,15-19. Voir aussi Romains 6, 1-14) Le conseil paroissial s’est réuni pour évaluer le travail de l’année. Au sujet des CEB, nous avons remarqué en particulier une chose : » les chrétiens participent au sacrement de baptême des bébés, mais ils ne participent pas aux cérémonies coutumières du 8° jour, la présentation des enfants aux ancêtres comme cela se fait dans la tradition. Souvent on prie pour les malades en réunion de CEB, mais on va beaucoup moins souvent prier avec les malades. Bien sûr toute la communauté ne peut pas se déplacer chaque jour, mais après une prière commune, qu’est-ce qui empêche d’envoyer un délégué de la communauté chaque jour, pas seulement pour prier avec la famille mais pour voir comment ils vivent ce temps de la maladie, pour éviter en particulier toutes les pratiques magiques et le maraboutage, les accusations de sorcellerie et pour vivre la maladie dans la foi. Une simple prière en réunion de communauté ne peut pas transformer tout cela 

De même, nos CEB ne sont pas présentes au moment du mariage traditionnel. Alors que les chrétiens participent à une grande fête le jour où on célèbre le sacrement de mariage. Déjà il faudrait se poser des questions sur les dépenses énormes qui se font ce jour-là, comme au moment des baptêmes et des premières communions, mais aussi des enterrements. Dans ces conditions, les pauvres qui n’ont pas les moyens, ne pourront jamais être baptisés, faire  leur première communion ni se marier, parce que c’est trop lourd pour eux.
Mais au-delà de cela, attendre que les gens célèbrent le sacrement de mariage à l’église pour les suivre, c’est trop tard. Souvent les fiancés commencent à vivre ensemble, avant de célébrer le sacrement. C’est dès le début de leur vie commune qu’il faut les éclairer et les évangéliser. Pourquoi la communauté chrétienne lorsqu’un de ses membres garçon prend sa fiancée chez lui, n’irait-elle pas réfléchir avec les deux familles sur les questions concrètes, par exemple du montant de la dot. Et aussi pour conseiller les fiancés, et les aider à vivre leur mariage d’une façon chrétienne dès le début, sans attendre le sacrement. Et lire au moins la Parole de Dieu et prier ensemble. C’est difficile.  Mais est-ce que nous religieux, nous ne pouvons pas le faire, au moins dans notre propre famille ?

De même on passe beaucoup de temps aux enterrements : la veillée le soir, la levée du corps à l’hôpital, la prière à l’église, l’enterrement au cimetière, les condoléances dans la famille. Comment les gens qui ont un travail salarié vont-ils assurer leur travail dans ces conditions ? Mais surtout, on vient au moment de l’enterrement et ensuite la communauté chrétienne disparaît complètement. Ne serait-ce pas important, non seulement d’être présent à la veillée mortuaire mais surtout de s’asseoir ensuite, ensemble avec la famille, pour voir comment ils vont régler les problèmes laissés par le défunt, les questions d’héritage, la condition de la veuve et des orphelins. Et là aussi, éviter les pratiques traditionnelles païennes, les accusations de sorcellerie et autres habitudes incompatibles avec la foi. Et que la communauté envoie chaque jour pendant les  premiers jours du deuil, au moins une ou deux personnes à tour de rôle pour visiter la famille, les conseiller, les soutenir, les encourager et prier avec eux. Il y aurait donc toute une réflexion à faire, aussi bien pour l’inculturation de l’Eglise que pour la conversion de nos cultures. A Pikine, nous avons composé un livret de prières pour ces célébrations traditionnelles.

Cela fait partie de notre responsabilité de religieux de sanctifier nos traditions et d’évangéliser toute la vie de nos frères et sœurs.  Mais encore faut-il que nous participions aux activités de nos CEB et aux formations qui se font au niveau de la paroisse. Et que nous nous engagions dans nos propres familles pour une vraie conversion et une évangélisation en profondeur de nos cultures. Le pape François l’a bien dit : » L’Année de la vie consacrée ne concerne pas seulement les personnes consacrées, mais l’Église entière pour stimuler tous les baptisés ». Un évêque affirme : « Par leur mode de vie qui rappelle celui du Christ, les consacrés sont un peu comme des poteaux indicateurs vivants, des aiguillons pour notre vie de baptisés. Ils nous posent la question : quel est le moteur de ta vie ? Bien sûr, nous ne sommes pas tous appelés à vivre comme eux, mais nous sommes tous appelés à nous demander quel est notre rapport aux biens, au pouvoir… C’est une façon de vivre ensemble qui est très importante pour  le monde d’aujourd’hui ».

MES LIVRES

Ø  Enraciner l’Evangile jour après jour : Commentaires des Evangiles du dimanche.
5  volumes
Ø  Célébrations chrétiennes des cérémonies traditionnelles
Ø  Mon livre de prières
Ø  Nombreux livres d’éducation pour jeunes et adultes

AUTRES DOCUMENTS (par mail)
1)      Sur la vie religieuse :

Ø  La vie consacrée pour une Afrique réconciliée avec elle-même (Cosmam)
Ø  Religieuses engagées pour la justice (Cosmam)
Ø  Consécration religieuse et respect de la création
Ø  La vie religieuse et apostolique
Ø  Forum des religieux du Sénégal, 1er novembre 2011
Ø  Religieux et Religieuses dans la pastorale du tourisme. Mbour, février 2012

2)       Sur la pastorale :

Ø  Troisième Plan Pastoral
Ø  L’Evangélisation
Ø  Quelle Eglise pour quelle évangélisation ?
Ø  Formation à la Doctrine Sociale de l’Eglise
Ø  Droits Humains et Doctrine Sociale de l’Eglise
Ø  Droits de l’enfant
Ø  Vatican II et la Constitution « L’Eglise dans le monde »
Ø  Synodes (2° pour l’Afrique et sy nsur la famille)
Ø  La Communauté Ecclésiale de Base (CEB)
Ø  Célébration des cérémonies traditionnelles – Inculturation
Ø  Célébration des enterrements à la maison et au cimetière
Ø  Inculturation et évangélisation de nos coutumes par les CEB
Ø  Justice et Paix
Ø  Réconciliation
Ø  Préparation au mariage – Le sacrement et la célébration du mariage
Ø  Formation des catéchistes
Ø  Rencontres avec les chorales
Ø  Evaluation des CEB
Ø  Vocations
Ø  Comment lire l’Evangile ?
Ø  Les différents temps liturgiques
Ø  Formation sur l’engagement des jeunes chrétiens
Ø  Acte 3 de la Décentralisation
Ø  La démocratie sénégalaise à l’épreuve de la violence politique
Ø  Rencontre des jeunes sur l’engagement politique
Ø  Préparation des élections locales
Ø  L’accaparement des terres
Ø  Quel avenir pour le Sénégal ?
Ø  Lettre aux maires
Ø  L’avortement médicalisé
Ø  L’homosexualité au Sénégal
Ø  Récollection de la coordination des Amicales Professionnelles Catholiques de Dakar
Ø  Comment travailler dans la Caritas et les commissions ?
Ø  Handicapés mentaux – un point de vue chrétien
Ø  La drogue
Ø  Animation des prisons
Ø  Les enfants de la rue
Ø  Violences faites aux femmes et place de  la femme dans la société moderne
Ø  Travail avec les médias

Père Armel DUTEIL – Tél : 00 221/ 77 680 93 07
                                                                                  E.mail : armelduteil@hotmail.fr
                                                                                  Site : http://armel.duteil.free.fr/
                                                                                                              Blog : www.armelduteilsenegal.blogspot.com

Fwd: Re: De la part du P Armel: Réflexion sur la vie religieuse g4

JJ Robilliart
19/04/2015 Bonjour mon Père!
Après une longue Messe dominicale, j'avais l'intention de me reposer toute cette journée quoi de plus normal, puisque c'est dimanche!
Mais voila que j'ai commencé à lire votre contribution pour l'année de la Vie Consacrée et je n'ai pu m’arrêter qu'à la dernière ligne...
Permettez que je vous dise simplement merci, pour la clarté de votre exposé.
Dans l'Eglise et plus particulièrement dans la vie religieuse, les réflexions ne manquent pas mais bien souvent elles restent au niveau de la tête et ne touchent pas la vie concrète et encore moins ne conduisent pas à des décisions bien concrètes qui touchent tous les domaines de notre vie et de notre mission comme vous venez de le faire...
Merci, merci, merci!!!
Puisse l'Esprit Saint continuer son oeuvre en vous pour le plus grand bien de son Eglise et de son Royaume!!!
Soeur Bernadette. F. DIARRA


 [A1]




Réflexions à la récollection des élèves

Ce qui va bien dans nos écoles : l’amitié entre les élèves, le travail bien fait, les nouvelles choses que l’on apprend, les bonnes relations avec les professeurs, l’éducation reçue, les groupes de travail, la récollection qui nous aide à mieux travailler et à mieux vivre comme élève.
Ce qui ne va pas : les vols, la tricherie, les mensonges, le bavardage et l’indiscipline, les bagarres entre élèves. Les bons élèves humilient les autres, la saleté dans les écoles avec le manque d’eau et le manque d’hygiène. Certains élèves ne respectent pas le règlement, certaines filles s’habillent mal et provoquent les garçons. Mais il y a aussi les garçons qui portent des pantalons abaissés et qui cherchent les filles, le copinage entre filles et garçons.
Certains professeurs sont trop sévères et certains élèves ne respectent pas les professeurs.

Qu’est-ce que Jésus nous dit sur l’école :
D’abord, Jésus a accueilli et béni les enfants. Nous aussi Il nous aime et Il nous accueille.
-          Jésus nous dit : « Quand deux ou trois sont réunis au milieu d’eux, Je suis au milieu d’eux ». C’est vrai pour notre vie en famille mais aussi à l’école.
-          Jésus est notre Roi, Il nous appelle à faire grandir son Royaume dans l’école. Qu’est-ce que le Royaume de Dieu ? C’est quand il y a l’amour, la justice, la vérité et la réconciliation, comme le dit la Préface du Christ Roi. C’est cela notre travail. Comme nous le disons dans le Notre Père « Que Ton Règne vienne. Que Ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel », à l’école comme à la maison et dans le quartier. Que faire ?

Nous nous rappelons ce que Jésus a fait quand Il était enfant.
-          Il priait, Il obéissait à ses parents, mais aussi Il travaillait. Pour nous les élèves, notre travail c’est l’école. Jésus grandissait en taille et en âge mais aussi en sagesse, Il grandissait dans son corps mais aussi dans son esprit et dans son cœur (Luc 2,40+52).
-          Jésus nous dit : « Vous êtes le sel de la terre ». Nous cherchons à rendre notre école meilleure, comme le sel rend meilleur nos aliments. Jésus nous dit : « Vous êtes la Lumière du monde » (Mat 5,12-15). Nous conseillons nos camarades, quelle que soit leur ethnie ou leur religion, et nous les aidons dans leurs difficultés.
-          Jésus nous dit : « Vous êtes la levure dans la pâte ». Nous vivons notre vie d’élève ensemble avec nos camarades, sans nous mettre à l’écart et sans faire de favoritisme.
-          Nous aidons nos camarades qui ont des problèmes, comme Jésus nous le dira à la fin du monde : « J’avais faim, tu m’as donné à manger, j’étais étranger tu m’as accueilli, j’étais triste tu m’as consolé, j’étais malade tu m’as visité. » (Mat 25,31-46)
-          Jésus a dit : « Malheur à celui qui entraîne un enfant dans le péché ». Cela est vrai d’abord pour nous-mêmes : nous montrons le bon exemple à nos camarades, nous ne les entraînons pas dans des mauvaises choses.

Ensuite, nous avons parlé d’un certain nombre de choses. Par exemple, que faire quand un professeur est trop sévère, comment organiser des groupes de travail, comment nous conduire entre garçons et filles, comment aider les élèves qui ont de la peine à suivre les cours, comment aider les élèves de familles pauvres, etc.

A nous de mettre cela en pratique maintenant








REFLEXIONS SUR L’ACTE 3 DE LA DECENTRALISATION
Bonjour à tout le monde,
Je remercie l’Abbé Edouard, le curé de cette paroisse pour l’introduction qu’il a faite, en rappelant en particulier le document du Concile Vatican 2 dont nous fêtons le 50ème anniversaire sur l’Eglise dans le monde :«  les joies et les espoirs des hommes, mais aussi leurs souffrances et leurs tristesses, sont aussi les joies, les espoirs, les souffrances et les tristesses de l’Eglise ». Et aussi le rappel de la lettre de Paul VI sur le développement des peuplesDévelopper tout l’homme, et tous les hommes ». Et j’ajouterai avec tous les hommes, tous ensemble. Je rappelle également que l’un des principes de la Doctrine Sociale de l’Eglise c’est la subsidiarité, c’est-à-dire de ne rien faire au sommet, de ce qui peut être fait à la base, et donc de responsabiliser les personnes au maximum. Cela va tout à fait dans la ligne de la Décentralisation. Enfin, je rappelle ce que nous dit notre Pape François en le répétant très souvent : « Allez à la périphérie », c’est-à-dire aller vers les gens qui sont les plus loin, « lutter contre la civilisation du déchet », où on traite les personnes malades, handicapées, âgées ou ne pouvant pas produire comme des déchets et des ordures, que l’on jette en dehors de la société. François a rappelé à la FAO que »les pauvres n’ont pas besoin d’aumône, ils ont besoin de respect et de soutien ». Et enfin, dans sa lettre du 1er janvier, pour la Journée Mondiale de la Paix, il nous appelle à lutter contre toutes les formes d’esclavage moderne dont souffrent les différentes personnes écrasées, marginalisées et mises à l’écart. Cela est en lien direct avec la Décentralisation et lui donne une dimension très importante.
Je remercie aussi les conférenciers qui m’ont précédé pour l’éclairage qu’ils nous ont apportés.
Quelques principes.
Avant d’être chrétiens ou croyants, nous sommes d’abord citoyens. Nous sommes nés,avant d’avoir été baptisés. Un chrétien doit donc travailler avec tous, et pas seulement avec les chrétiens. Et s’unir dans l’action avec tous les citoyens pour construire ensemble la société. Avant de parler directement de la décentralisation, je voudrais apporter quelques précisions. On connaît la phrase célèbre de Jésus « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Je crois que nous les chrétiens du Sénégal, nous rendons vraiment à Dieu ce qui revient à Dieu, avec nos nombreuses prières et dévotions, nos neuvaines, nos pèlerinages, nos groupes charismatiques, etc. Le problème c’est que nous ne rendons pas à César, ce qui revient à César. Nous ne sommes pas suffisamment engagés dans la société.
Jésus a choisi Pierre pour être le chef de son Eglise. Il lui a dit « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Mais il a continué tout de suite « et Je te donnerai les clés du Royaume »(Mat 16,19). Cela nous montre que l’Eglise ne doit pas travailler pour elle-même, elle est au service du Royaume. Et elle doit être elle-même le premier signe vivant de la présence du Royaume dans le monde. Qu’est-ce que le Royaume de Dieu ? Comme nous le dit la préface du Christ Roi : » c’est un royaume sans limite et sans fin, un règne de vie et de vérité, un royaume de grâce et de sainteté, un royaume de justice et de paix ». Ce royaume sans limite et sans fin est ouvert à tous les hommes, sans distinction. L’Evangile est pour tous, et Jésus est venu sauver tous les hommes. Comme le dit Paul : » Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1° Tim 2,4). . A chaque fois que les gens travaillent pour la vie, qu’ils s’engagent pour la vérité, qu’ils luttent pour la justice, qu’ils apportent l’amour et la paix, le Royaume de Dieu est là. C’est cela notre responsabilité. C’est à cela que Dieu nous appelle.
Jésus disait (Matthieu 5, 12-15) : « Vous êtes le sel de la terre ». Il dit bien « de la terre », et  pas seulement de la communauté chrétienne, « Vous êtes la Lumière du monde », du monde et pas seulement de l’Eglise, « Vous êtes le levain dans la pâte », dans la pâte, dans la société, avec les autres hommes et non pas à côté, enfermés dans l’Eglise.
Par rapport aux autorités, on retrouve deux attitudes : Pierre et Paul nous demandent de respecter les autorités, de prier pour elles (1ère à Timothée, 3,1), de leur être soumis (Romains 13 – 1ère à Pierre 2, 13). Mais cela à condition que les autorités soient justes, qu’elles cherchent le bien de tous et donc, qu’elles respectent ce que Dieu demande. Sinon, nous devons les refuser et lutter contre elles, comme nous le demande le Livre de l’Apocalypse, quand l’Empire romain a commencé à persécuter les chrétiens. C’est donc à nous de voir dans chacune des circonstances de la vie du pays, si nous devons obéir à l’autorité et comment nous conduire avec elle. Mais nous devons toujours les respecter. Comme Jésus a respecté Pilate, alors que celui-ci  le condamnait à mort. Mais sans avoir peur de lui dire la vérité (Jean 18,36).
Une dernière chose : les chrétiens, nous ne sommes pas nombreux dans le pays. Mais Jésus nous dit « N’ayez pas peur petit troupeau ». Nous n’avons pas cherché à être nombreux, mais à travailleravec tous.Il suffit d’un peu de sel pour donner du goût à tout le plat.
Le travail des CEB (communautés écclésiales de base)
La base de notre action, c’est nos CEB (Communauté Ecclésiale de Base). La CEB ce n’est pas seulement un groupe de prières, même si on y prie et qu’on y partage la Parole de Dieu pendant les réunions. C’est une communauté chrétienne de quartiers, donc une communauté qui doit s’engager dans le quartier, le plus possible. C’est pour cela que nous avons donné à nos CEB un programme pour chaque mois.
* La première semaine, partage de l’Evangile, en voyant comment le mettre en pratique dans la société.
* Deuxième semaine, la vie de la paroisse, avec tout ce que cela comporte : la prière, la liturgie, la catéchèse, les mouvements, mais aussi l’évangélisation et le témoignage.
* Troisième réunion, l’engagement dans le quartier avec, en particulier, le travail des amicales des jeunes chrétiens avec les associations de quartiers (ASC), l’association des femmes catholiques avec les groupements des femmes du quartier, et surtout, la Commission Justice et Paix et la Caritas.
* Quatrième réunion : Formation sur un thème choisi et eucharistie
Je ne reviens pas sur laCommission Justice et Paix qui nous a été présentée, de même que l’action des Jeunes artisans de Paix. La Caritas est suffisamment connue mais malheureusement trop souvent, elle se contente de distribution de dons, attendant des choses à distribuer qui nous viennent de l’extérieur. Au lieu de s’engager dans la formation despersonnes nécessiteuses, et de lancer des petits projets de développement : AGR, GIE etc. pour que les gens puissent se prendre en charge, et qu’ils ne deviennent pas des assistés et des mendiants. La Décentralisation est synonyme de responsabilisation et non pas d’assistanat et de mendicité.

Au titre des engagements de la paroisse de Pikine avec les ONG, je citerai simplement deux actions : La première avec l’ONG EQUITAS pour la formation des femmes, le soutien à leur engagement dans la société, la formation aux petits projets  économiques et la lutte contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles.

La deuxième : notre travail avec l’association DE SICAP MBAO : SOPPI DJIKOO, pour la détection, le suivi, la guérison et ensuite le soutien des personnes qui se sont lancées dans la drogue.

De nombreuses autres associations se réunissent aussi dans notre salle paroissiale.



 Pour permettre une meilleure responsabilisation et un engagement de tous, la Caritas comme la Commission Justice et Paix, se compose d’un délégué de chacune des CEB et également des autres groupes de la paroisse, y compris les lecteurs, les enfants de chœur et les chorales, pas seulement les mouvements. Cela, pour que ce qui est vécu dans les différents groupes et dans les quartiers, puisse remonter directement à la commission Justice et paix et à la Caritas, pour être réfléchi et pour décider des actions. Quand ces actions sont décidées, elles peuvent redescendre directement à la base et être mis en pratique par chacun les délégués, dans chacun des groupes et des mouvements. Cela me semble un exemple concret dans l’Eglise, de ce que peut être une véritable décentralisation. Par ailleurs, je noterai que le jour de la fête du Christ Roi 2013, Journée de l’engagement de mouvements et des personnes actives de la paroisse, la messe a été prolongée par toute une journée de réflexion sur la présentation de l’Acte 3 de la Décentralisation, sa mise en pratique et l’engagement des chrétiens, pas seulement en politique mais dans la société en général. Cette journée était animée par des jeunes chrétiens engagés, dans ces différentes actions. Elle a remporté un très grand succès.
Collaboration avec les municipalités
Pour une meilleure collaboration de la paroisse, des CEB et des chrétiens avec la municipalité, nous avons choisi un délégué de la paroisse, choisi par le Conseil paroissial et reconnu par tous, pour chacune des six communes de la paroisse et la ville de Pikine. Le rôle de ces délégués n’est pas seulement de demander de l’aide, de l’assistance ou du soutien pour les fêtes patronales ou pour les fêtes de Noël et de Pâques. C’est bien plutôt de réfléchir avec les CEB et d’apporter dans les municipalités, les idées des chrétiens et les propositions de la paroisse, en participant au Conseil municipal,pour que les communes travaillent mieux pour le bien de tous, et en particulier des plus nécessiteux. Le rôle de ces délégués est aussi d’assurer la coordination entre la paroisse et les différentes communes, et de permettre aux chrétiens de participer aux formations et aux activités lancées par la commune. Enfin, d’être le correspondant de la paroisse pour les différentes actions de soutien aux chrétiens pour que les choses soient claires, organisées dans la transparence et sans détournement. Ce travail des délégués auprès des mairies nous semble très important, et nous avons pris le soin de les former sérieusement, ce qui va permettre une participation plus active de la paroisse à la décentralisation.
Il nous semble important aussi de contacter les délégués de quartier et les imams et de travailler avec les organisations laïques et religieuses dans chacun des quartiers à la base : ASC, associations, ONG, groupements…. Il nous reste beaucoup à faire pour la formation d’abord et ensuite pour l’engagement des chrétiens, personnellement et communautairement,  dans ce sens. Mais les choses ont déjà bien commencées, et nous ne nous décourageons pas.
Notre action se base sur les Béatitudes et sur tout le Discours sur la montagne (Matthieu chapitres 5 à 7). Et aussi sur ce que Jésus disait de sa mission, dans la maison de prière de Nazareth : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, Il m’a bénit par l’huile sainte pour apporter la Bonne Nouvelle de l’Evangile aux pauvres, dire aux prisonniers qu’ils vont être libérés, annoncer aux aveugles qu’ils vont voir, renvoyer tous ceux qui sont écrasés dans la liberté et annoncer une année de grâces au Seigneur » (Luc 4, 16 à 19). Jésus reprendra la même chose en disant aux disciples de Jean Baptiste : « Allez dire à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de Moi (Luc 7, 22-23)
Réflexions sur la Décentralisation :
Première chose que je noterai, c’est le danger de la désillusion. Les gens ont beaucoup attendu de cette décentralisation, ils risquent d’être déçus et de se décourager, et donc de ne plus rien faire. Le rôle des chrétiens est certainement d’apporter l’espérance, et un regard positif sur notre société. Mais aussi d’accepter les difficultés et de faire comprendre que tout ne peut pas être parfait. Comme dit le proverbe : « Si tu n’as plus de mère, tu têtes ta grand’mère ». Si on veut la décentralisation et donc une certaine indépendance, il faut, non seulement en prendre les moyens, mais la payer et en supporter les conséquences. Je ne reprends pas les neuf domaines de compétence de l’Acte 2 de la Décentralisation en 1996 et les nouveaux domaines que l’on prévoit pour les nouvelles communes. Cela a été expliqué avant moi. Je rappelle quand même les quatre buts que le Chef de l’Etat a fixés à cet Acte 3 :

-Simplifier l’organisation du pays pour qu’on puisse mieux travailler, avec des pôles de développement, regroupant plusieurs régions, trop limitées si elles restent seules.
-Revoir le partage des responsabilités à tous les niveaux, depuis les collectivités locales (les quartiers et les villages) jusqu’en haut de l’Etat, en passant par le gouvernement et les régions.
-Rendre meilleure l’utilisation de l’argent, pour qu’il arrive vraiment aux populations.
-Une meilleure gouvernance, et davantage de collaboration entre les différents niveaux du pays.
Ce qui est en jeu ici, c’est donc le développement local et la participation des citoyens à la marche de la commune. Comment former les populations dans ce sens ? Mais aussi comment faire pour que les conseils municipaux, et en particulier les maires, jouent le jeu de la décentralisation.  Car l’Etat du Sénégal veut la décentralisation mais un certain nombre de maires continuent à se conduire comme des patrons, à décider les choses sans consultation de la population et même parfois, sans véritable concertation ni réflexion des conseils municipaux. Il est clair à ce moment-là qu’une vraie décentralisation ne pourra pas se mettre en place.
Mais le plus grand problème c’est : est-ce que les populations vont comprendre ces transformations ? Est-ce qu’elles sont prêtes à prendre leurs responsabilités ? Et est-ce qu’elles vont être respectées, et non pas détournées, par ceux qui  seront au pouvoir ? Il faudrait des moyens de contrôle plus importants et plus efficaces… même si normalement, c’est la population elle-même qui doit le faire. Il est donc absolument nécessaire que toute la population connaisse ce que l’on met en place avec cet acte 3 de la décentralisation. Et que l’on forme sérieusement ceux qui seront élus, à leurs responsabilités et à leur travail. C’est toute la question de la bonne gouvernance, qui est très importante

Autre problème : avec la communalisation intégrale, nous risquons d’aller vers une aggravation des inégalités sociales. Car une ville comme Dakar va se retrouver avec un budget de 30 milliards, là où les communes qui étaient anciennement des Communautés rurales vont avoir de la peine à mobiliser des ressources de 40 millions, voire 30 millions. Dans un contexte de transfert de compétences, où l’Etat n’intervient plus, cela donne une idée des inégalités que l’on va avoir dans l’offre de services de proximité. Cela se voit déjà.. Cela risque d’accentuer encore les inégalités et donc le sentiment d’injustice et les frustrations. Il faudra faire très attention à cela. D’autant plus que pour l’argent qui vient de l’Etat, le nombre des collectivités locales qui étaient de 571 va passer à 599, certains disent même 613. Donc l’argent disponible va diminuer pour chacune des communes, puisqu’elles sont maintenant plus nombreuses. L’Etat a promis d’augmenter son soutien aux communes. Nous attendons pour voir ce qui va se faire réellement.
Il est évident que ces problèmes de formation et de participation sont encore plus difficiles dans les communes rurales, où il y a moins de personnes formées, et où cette expérience de la décentralisation commence juste. Il faudra donc du temps pour la mettre en place. Nous habitons en ville, mais nous avons tous des parents au village. C’est donc important pratiquer une vraie réflexion et une sincère solidarité avec eux.
La décentralisation suppose un changement de mentalités. Trop souvent quand il y a un problème, les gens se tournent vers les autorités et vers les ministres ou les députés originaires de la région. Et même parfois, ils en appellent jusqu’au Président de la République. Comme si celui-ci avait le temps de régler tous les problèmes particuliers, à la base. Ce n’est pas son rôle. Il faut donc que nous apprenions peu à peu à prendre nos responsabilités, et à agir par nous-mêmes avec les petits moyens que nous pouvons avoir.
Il faut que l’on dépasse dans cette action de décentralisation, la seule question financière. La décentralisation doit se faire à tous les niveaux : humanitaire, social, culturel et religieux. Les chrétiens ont un rôle très important à jouer là, à partir de la lumière de l’Evangile, de la force que leur donne leur foi, et de la sagesse que leur apporte la Doctrine Sociale de l’Eglise. A condition qu’ils soient désintéressés et qu’ils cherchent à travailler pour le bien de tous, et  pas seulementpour l’intérêt de l’Eglise. Car c’est au niveau des communes que l’on peut plus facilement se connaître, et développer toute cette dimension humanitaire, sociale, culturelle et religieuse de la décentralisation.
L’un des problèmes qui, à mon avis, les communes devront aborder dans le cadre de la décentralisation, c’est le problème foncier. Revoir le problème de la propriété, pour lutter contre l’accaparement des terres par les multinationales, mais aussi par le pouvoir politique ou les gens de la ville qui ont la possibilité financière d’acheter des terrains,. Il y a là un problème très grave. On parle depuis longtemps de réactualiser le droit foncier, mais jusqu’à maintenant, cela ne se fait pas. Les communes doivent à tout prix défendre le droit coutumier de la propriété de ceux qui travaillent la terre. Sinon, les parents vont vendre leurs terres, et les enfants n’auront plus de terrain à cultiver. Ce sera la pauvreté, le chômage et l’exode rural.
La décentralisation c’est aussi une possibilité de passer à la pratique. Car de nombreuses lois ont été votées à l’Assemblée, mais sans que cela ne descende sur le terrain. Les communes vont devoir prendre leurs responsabilités, et exiger que les lois soient appliquées. Je pense par exemple à la loi contre la mendicité, qui n’est pas appliquée.Mais aussi à la CMU (Couverture Médicale Universelle), qui tarde à se mettre en place, par manque de moyens des communes, mais aussi par d’information et de véritable volonté politique. Nous avons été voir le Préfet et le Médecin-Chef du district, mais ils n’étaient même pas au courant de ce qui doit se faire, pour cette couverture médicale universelle. Les communes doivent exiger que les choses décidées soient réalisées.
 Dans la décentralisation, on cherche en fait deux choses : une plus grande liberté d’actions des communes, donc une responsabilité à la base, mais aussi une plus grande participation des citoyens. Il ne suffit pas que les maires et les conseillers municipaux aient plus de pouvoir. Il faut que ce pouvoir soit partagé et réfléchi avec tous. Là aussi, l’Eglise peut apporter beaucoup, en particulier à partir du 4ème objectif stratégique du 3ème Plan d’Action Pastoral qui est commun à toute l’Afrique de l’Ouest. J’en rappelle simplement les quatre points :
* Défendre la dignité de toutes les personnes.
* Le développement à la base.
* La justice.
* La paix et la réconciliation.
Il est bien évident que cela a un rapport direct avec la décentralisation.
Il va falloir aussiaméliorer la collaboration entre les différents services de l’Etat au niveau des sous-préfectures et des collectivités locales. Et aussi, entre la ville et les communes d’arrondissements. Par exemple pour les marchés de quartiers qui peuvent recouvrir plusieurs communes. Il y a bien sûr des textes qui existent, mais qui ne sont pas très précis.
De toute façon, il faut que les choses se rôdent et se mettent en place peu à peu. Cela demande de tous et de chacun, de la créativité et aussi de la compréhension et un esprit d’ouverture. C’est aussi notre responsabilité de chrétiens de cultiver cela, avec tous c eux qui en sentent la nécessité.
Enfin, il me semble vraiment essentiel d’analyser et de mettre en pratique cette décentralisation en tant que telle, et non pas s’en servir comme un moyen politique, pour ou contre le président, ou le parti au pouvoir et majoritaire. Dans la plupart des cas, nos municipalités fonctionnent comme des permanences de partis politiques, avec des dépenses de fonctionnement très élevées, un personnel pléthorique et sans qualification dans la plupart des cas. Et des manières de travailler qui ne correspondent pas aux besoins du pays, ni à ceux des populations. Tant qu’on ne fera pas de nos Collectivités locales des entités viables, capables d’impulser un vrai développement économique et social, les choses n’avanceront pas. Il faut réfléchir clairement à la vocation de nos Collectivités, comme nous le faisons aujourd’hui.Ces expériences sont à multiplier et à se faire partout. L’Eglise a des paroisses et des communautés dans tout le pays. C’est une de ses responsabilités, en collaboration avec les personnes conscientes de ces problèmes. Pour que cette réforme marche, il faudra vraiment des élus sérieux et responsables, donc des gens engagés, mais aussi compétents et formés. Et l’Eglise a un rôle important d’éducation et de formation, dans tous ces domaines. Pas seulement pour la liturgie. C’est le 3° objectif de notre 3° PAP (Plan d’Action Pastoral) : le témoignage.
Nous ne pouvons pas tous être conseillers municipaux, et tous n’en ont pas les qualités nécessaires. Mais ce que nous pouvons tous faire, c’est de soutenir les élus, et de les encourager dans ce qu’ils font de bien. Et aussi de leur apporter nos idées et nos propositions, contrôler le travail qu’ils font et, si nous ne sommes pas d’accord, le leur dire. Mais bien sûr tout cela dans le respect, la dignité et le respect des lois. Pas en descendant dans la rue pour tout casser. C’est pour cela qu’il est absolument essentiel que la population participe aux débats et aux décisions qui sont prises. Déjà tout le monde peut participer au Conseil municipal. Mais il y a malheureusement trop peu de personnes qui le font. Il est aussi demandé aux municipalités, et donc en particulier aux maires, lorsqu’ils décident de quelque chose à faire dans la commune, de le faire connaître à la population, et de recueillir son avis avant de passer à l’action. Mais la plupart du temps, cela ne se fait pas. Il faudrait que l’on arrive à des assemblées au niveau local de la commune. Et aussi que l’on mette en place un référendum local et un droit de pétition pour les citoyens,comme cela se fait dans certains endroits du monde. Donc développer les libertés locales et les responsabilités citoyennes.
On peut aussi regretter que les candidats doivent être obligatoirement présentés par des partis pour être élus députés et président, et qu’il n’y ait pas de possibilité de candidatures civiles indépendantes, comme cela se fait au niveau local. C’est certainement un grand manque. Car les personnes engagées dans la société civile qui cherchent à avoir un certain pouvoir pour mettre les choses en pratique, sont obligées de passer par un parti. Elles se font récupérer par la politique, et elles ne peuvent plus jouer leur rôle au niveau de la société civile. Et si elles ne sont pas élues, et qu’elles veulent retourner dans cette société civile pour agir, on leur dit : « vous réclamez, parce que vous n’avez pas été capables d’être élus ». Et on ne les écoute pas. Ce n’est pas une base saine pour une véritable démocratie.
On retrouve tous ces problèmes dans l’actualité. Ainsi la Coalition Defar sa rew (CDR) regrette que «  dans ses vœux à la nation, le président n’ait pas parlé de la politique de décentralisation, ni d’une politique de soutien à la jeunesse ». Et demande que « les compétences encore détenues par l’état, et qui reviennent naturellement aux collectivités locales, leur soient  définitivement transférées, avec les ressources correspondantes ».
Le 24 janvier 2015, les élus locaux, à l’occasion de la mise en place de l’Association des départements du Sénégalont signalé que « l’état a transféré des responsabilités aux collectivités locales, mais que les moyens accordés sont insuffisants ». Le ministre chargé de la Gouvernance locale a répondu que « les fonds de dotation vont passer de 5% à 15% ou 20% de la Tva.  Mais que les collectivités doivent faire preuve de plus de dynamisme et de responsabilité dans leur gestion. Et d’arrêter le clientélisme, pour plus de résultats et de performances ».
A Dakar, autrefois c’était la ville qui prenait en charge les factures d’eau et d’électricité des centres de santé. Maintenant, c’est aux communes de le faire, mais elles n’en ont pas les moyens. Ce qui entraîne beaucoup de difficultés, et des dangers pour la santé des populations.
En positif, l’ONG La Lumière a assuré en janvier 2015 des formations pour les conseillers municipaux de Tambacounda, Kédougou et Kolda, pour se protéger et lutter contre Ebola.
Pour conclure je dirai qu’il est important de passer à l’action, de nous former, de former et d’informer les autres, pour que la Décentralisation puisse devenir effective. Les chrétiens ont un rôle essentiel à ce niveau. Même s’ils ne s’engagent pas dans la politique, qu’ils s’engagent au moins dans la Société Civile, et dans la vie du quartier. Cela est possible pour tous. Sinon, ce sont les élus municipaux qui prendront toutes les décisions, sans être éclairés et conseillés, au risque de se tromper, et d’échouer.
L’Eglise peut aider beaucoup à la décentralisation, car elle est déjà décentralisée elle-même depuis très longtemps, avec l’autonomie de chacun des diocèses, mais aussi les différents groupes à la base et qui ont leurs responsables laïques hommes femmes, et même jeunes et enfants dans les mouvements. Dans l’Eglise, on rappelle que ce n’est pas aux prêtres de tout faire ni d’avoir toutes les idées. Tous les chrétiens baptisés ont reçu le Saint Esprit. Et Paul nous dit que le corps se compose de plusieurs membres qui, tous, doivent travailler ensemble (1ère aux Corinthiens, chap. 12).
 Bien sûr notre exemple et notre modèle, c’est Jésus Christ. Jésus a été un bon citoyen. Déjà ses parents Joseph et Marie ont quitté leur village de Nazareth et ont marché plusieurs jours, pour aller jusqu’à Bethléemse faire recenser. Jésus a payé l’impôt, Il a envoyé Pierre pêcher pour cela (Mat 17,27). Jésus a respecté les autorités, même quand Il a été arrêté et condamné à mort injustement. En même temps, Il n’a pas eu peur de rappeler à Pilate que son pouvoir vient de Dieu, et que sans Dieu Pilate n’aurait aucun pouvoir. Le gouverneur était donc tenu de gouverner comme Dieu le veut, selon la Loi de Dieu. C’est dans cette ligne là que nous devons agir nous aussi, avec le soutien du Saint Esprit, en travaillant tous ensemble. Car « l’homme est le remède de l’homme ».

 
RENCONTRE AVEC LA CHORALE DE NORD FOIRE.
Tout d'abord, je dois vous dire que je suis très content de passer cette nuit avec vous, car je pense que la chorale est quelque chose de très important dans la vie de l'Eglise. C'est pour cela d’ailleurs, qu'elle doit remplir un certain nombre de conditions.
1°) Mon témoignage personnel
 Je voudrais d'abord donner mon témoignage personnel. En 1950 à Dakar à l'âge de 10 ans, j'ai eu la grande chance de faire partie de la chorale des enfants de la Cathédrale, dirigée par Maître Sorano, un grand homme sénégalais de culture et de foi, dont le théâtre national porte le nom. Il nous a appris à chanter avec foi mais aussi avec beaucoup de respect, à chanter de manière simple et naturelle, sans prendre des pauses ni faire du théâtre comme les artistes de télévision. Sans trémolos, ni  vibratos, ni tremblements dans la voix, comme certains choristes se croient obligés de le faire pour se montrer, ou peut être faire croire qu'ils sont remués par le Saint Esprit ! Maître Sorano nous a appris à être nous-mêmes, simples et dans l'entente avec tous, sans tenue ni d'autres dépenses ou décorations inutiles, pour donner toute sa place et sa force à la Parole de DIEU,  et non pas faire du théâtre.
J'étais aussi scout. Nous avions beaucoup de chants. Mais des chants éducatifs,  qui avaient un sens profond, qui donnaient un but dans la vie, qui montraient un idéal. Pas des chants seulement pour se remuer, danser et faire du bruit, ou simplement pour s'amuser. Nous n'étions pas une chorale, mais nous étions capable d'animer des veillées de prière et des célébrations nous-mêmes,  avec beaucoup de chants, au moment des sorties. Et surtout aux veillées préparatoires des promesses scoutes.
Au séminaire de philosophie, on m'a choisi pour être maître de chœur. Là j'ai appris à préparer des chants, dans la foi et dans la prière. A méditer la Parole de DIEU, pour pouvoir ensuite la partager tous ensemble dans la chorale. Et ainsi, mieux la comprendre, chacun donnant ses idées. Et aussi pour choisir les chants qui vont avec cette Parole de DIEU, et pas seulement parce qu’ils plaisent à cause de leur rythme. J'ai appris pas seulement à bien prier, mais aussi à faire prier l'assemblée. Pas seulement à bien chanter, mais à faire chanter toute la foule avec des chants simples.
Quand je suis arrivé en théologie en Suisse, on m'a choisi comme organiste. Jai même été  amené à donner des concerts d'orgue à Fribourg. Là, j'ai appris la rigueur de la musique, et aussi l'harmonisation et l'accompagnement, en se mettant au service de la célébration et de l’assemblée : Comment accompagner la Parole de DIEU, bien la mettre en valeur, et aussi donner la place à la foule, à l'assemblée des fidèles. Choisir les jeux de l'instrument les mieux adaptés, d'après les différents chants. Car on ne peut pas accompagner tous les chants de la même façon, ni avec les mêmes instruments. II faut voir le sens qu'ils ont. Alors que parfois ici, nous battons du tam-tam toujours avec le même rythme, sans nous demander ce que nous chantons. On ne doit pas chanter de la même manière une demande de pardon, et un chant pour dire merci à DIEU. J'ai appris aussi à marquer des pauses et des temps de silence pour permettre aux gens de mieux suivre la liturgie. Par exemple entre le "Seigneur prends pitié" et le « Gloire à DIEU", entre le chant de paix et "l'agneau de DIEU", après la communion ...etc.
Mais surtout, j'ai eu la chance, je dois dire la grâce, de faire partie de la chorale du Père DEISS, au moment du concile VATICAN II. A cette époque, l'Eglise était en pleine recherche pour une vie nouvelle. Le Père DEISS a complètement transformé la liturgie par ses études, qui ont appris à prier à partir de la Parole de DIEU. Autrefois, les chants des chorales étaient surtout des cantiques, que les auteurs composaient  à partir de leurs propres idées. Le Père DEISS lui a commencé à composer des très beaux chants, à partir de la Parole de DIEU elle-même. Il a appris surtout à tous, à célébrer ensemble la liturgie dans la dignité et le respect. Mais une dignité simple et naturelle. Et en même temps, une dignité pleine de joie et d’amitié. Pas en restant debout, les bras croisés, avec un air sévère et sans ouvrir la bouche. Il nous a appris à chanter tous ensemble, et à tenir chacun notre rôle, en respectant les autres.  D'ailleurs vous connaissez certains de ses chants, on les chante encore aujourd’hui : "Souviens-toi de JESUS CHRIST...L'Esprit de DIEU repose sur moi...Peuple de prêtres, etc...". C'est cela qui a permis à la foule de chanter la Parole de DIEU, et donc aussi d’annoncer la Parole de DIEU par le chant: c'est le rôle très important d'évangélisation de la chorale, et de tous les chrétiens.
En 1962, je suis parti comme missionnaire au Congo Brazzaville. Là j'ai appris à chanter dans les langues locales (en lingala et en kikongo) avec des airs et des rythmes de la culture des gens, et non plus en latin. A chanter avec tout notre cœur, mais aussi à partir de notre vie. Pour cela, nous avions composé beaucoup de chants à partir des problèmes que nous rencontrions à ce moment là, quand nous étions persécutés dans la république populaire du Congo, une république marxiste.... C'était juste après le Concile, la première étape de l'inculturation : vivre la Parole de DIEU dans notre culture, comme nous le demande le Concile Vatican II. J’ai vécu la même expérience plus tard, de 1996 à 2006, dans les camps de réfugiés du Libéria et de la Sierra Leone, pendant la guerre civile.
De retour au Congo en 1966, nous avons alors lancé les scholas populaires. Comme le nom l'indique, (schola veut dire chorale), c'était des chorales populaires, où on chantait tous ensemble, sans harmonisation mais avec tous les instruments locaux. Par cœur et  d'une seule voix, parce que la plupart des gens ne savaient pas lire. Mais ils savaient chanter ! Nous avions composé des chants adaptés pour évangéliser les différentes cérémonies traditionnelles, les rites de naissances, la circoncision, les fiançailles et les mariages traditionnels, toutes les cérémonies mortuaires, levée de deuil..., pour que toutes ces cérémonies soient vécues dans la culture locale. Mais aussi dans la foi et la prière, et non pas dans un esprit païen. Ou même comme cela se faisait avant avec des chants d'accusation, de malédiction, ou même de sorcellerie au moment de la mort. Cela a permis d'évangéliser la culture et beaucoup de traditions.

2°) Le choriste et la chorale
Cette nuit, je voudrais parler de trois choses: premièrement le rôle de la chorale et du choriste, deuxièmement le choriste en tant que chrétien, et troisièmement le choriste en tant que citoyen. Car si tu es choriste, tu es d'abord un chrétien. Et avant d'être chrétien, tu es citoyen. Tu es né avant d'être baptisé et tu ne peux pas être un bon chrétien si tu n'es pas un bon citoyen, tu ne peux pas être un bon choriste si tu n'es pas un bon chrétien.
La première chose pour un choriste, c'est de vivre sa FOI d'une manière personnelle, d'une façon vraie, la plus vraie possible, de se conduire en chrétien dans toute sa vie. Cela c'est la responsabilité de chacun. Je n'ai pas à développer cela ce soir, nous savons tous ce qu'est un chrétien, et ce qu'est la vie chrétienne avec ce qu'elle comporte: la prière, une vie sérieuse, l'évangélisation pour faire connaître Jésus aux autres, et enfin l'engagement dans la société. Ces quatre choses correspondent au troisième plan d'action pastoral: la communion (être unis), être saint, évangéliser (être témoin de l'Amour de DIEU), et enfin le service de nos frères dans le développement du pays, la charité la justice et la paix.  Tout  cela le chrétien, le choriste, doit le vivre personnellement. Mais la chorale doit le vivre en tant que telle, comme groupe, tous les choristes ensemble. C'est pourquoi, je voudrais rappeler tout de suite les directives du diocèse pour la chorale :"il faut que les chants, les gestes et les attitudes soient davantage au service de la célébration, et qu'ils en rehaussent la qualité ». L'introduction à la session de formation du mois dernier disait (voir l’autre pièce jointe) : »Nous voulons des chants davantage au service de la célébration, et une participation active et intelligente des fidèles, à la suite de la vision du Cardinal Archevêque et  de toute l'équipe de la liturgie, selon le Plan d'Action Pastoral en vigueur. Nous voulons aussi une participation importante à l'évangélisation, et pas seulement l'amélioration des célébrations eucharistiques. Cela pour répondre à une demande pressante des jeunes". Cela rejoint directement le décret sur la liturgie du concile VATICAN II, qui demande une participation pleine et active des fidèles pendant les célébrations. C'est donc cela la première responsabilité de la chorale, en particulier pendant à la messe du dimanche : la chorale n'est pas là pour faire un concert, même pas pour bien chanter des airs polyphoniques très beaux mais inconnus de la foule,  mais d'abord pour faire chanter l'assemblée, pour que tous les fidèles puissent participer à la célébration, dans la joie et par le chant. Par conséquent, les fidèles doivent pouvoir au moins chanter l'ordinaire de la messe et les chants d'acclamation, et aussi les chants d'entrée et de sortie. Spécialement le chant d'entrée, qui fait l'unité des chrétiens pour commencer la prière. Mais aussi le chant de sortie, qui les envoie pour l'évangélisation de la société dans leur quartier. Bien sûr,  on peut chanter des couplets en polyphonie, mais il faut que les refrains soient suffisamment simples pour que les fidèles puissent les chanter facilement. Cela demande deux choses : d'abord qu’avant le début de la célébration eucharistique avec les chrétiens qui sont déjà là on répète ces refrains, pendant quelques minutes. Et qu'il y ait aussi quelqu'un pour diriger la foule, et la faire chanter. Par contre, les chants de l'offertoire et de la communion peuvent être des chants en polyphonie, même si la foule ne les connait pas, et donc réservés à la chorale. Le rôle de la chorale est donc de prier, et de faire prier. Cela demande un minimum d'organisation, car parfois les choristes sont plus préoccupés à préparer le chant suivant, qu'à participer à la prière. Cela demande en particulier, que l'on a préparé les feuilles polycopiées avant la messe, pour chaque choriste et dans l'ordre. Sinon comme on le voit parfois, les choristes n'écoutent pas la Parole de DIEU, ils sont occupés à distribuer leurs feuilles de chants. Et l’organiste à tapoter son instrument. Cela bien sûr n'est pas acceptable. On dit souvent que chanter c'est prier deux fois. Mais quelquefois préparer les chants, c'est prier zéro fois.
Une autre chose importante : que les chants soient adaptés à la liturgie du jour, et donc en particulier à l'évangile du dimanche. Cela veut dire que le maître des chants choisira les chants en conséquence. Le minimum c’est qu'on lise l'évangile du dimanche suivant au début de la répétition, pour que les choristes connaissent  au moins, quel est l'évangile du dimanche suivant. Et ce serait encore mieux, si on faisait un petit partage d'évangile, pour que les choristes puissent accueillir la Parole de DIEU, pour mieux la chanter. Et non pas chanter pour le seul plaisir de chanter. En choisissant les chants seulement à cause de leur rythme qui nous plaît.
Tu ne peux pas être choriste, si tu ne vis pas toute ta vie avec le Seigneur, dans l'amour de tes frères.
A ce niveau l'on devrait aussi s'interroger sur les relations à l'intérieur de la chorale. Dans la chorale il ya surtout des  jeunes, des garçons et des filles; avoir un groupe de jeunes garçons et filles qui se réunissent régulièrement la nuit et qui sont sérieux, qui se respectent et qui vivent dans la joie, c'est quelque chose de très important. C'est un témoignage dont notre société à vraiment besoin. Cela suppose bien entendu que les relations garçons et filles soient claires. Et aussi les relations entre tous, que l'on évite les jalousies, les compétitions, les médisances. Une chorale, c'est une communauté chrétienne, elle doit donc vivre les qualités d'une communauté chrétienne telle que nous l’ont décrit les Actes des apôtres, et comme nous le demande également les lettres de St Paul et d'abord l'Evangile de JESUS CHRIST (voir MAT 7,1-6 ; Jc 2, 43-47 / Ac 2,32-35 et 4,32-37 ; Col 3).
J'ai parlé un peu plus haut des concerts. On pourrait parler aussi des choralies. Si la chorale paroissiale fait un concert, normalement il s'agit d'un concert religieux. Donc il doit se faire dans l'église, et non pas dans un centre culturel ou ailleurs. Malheureusement, j'ai vu des choralies qui commençaient par des chants religieux et qui très rapidement se transformaient en soirée dansante. C'est sûr qu'on assiste là à une déformation de la chorale.
3) le choriste est un chrétien
Si tu es choriste c'est pour faire prier tes frères et tes sœurs, en particulier le dimanche à la messe. Cela suppose que toi-même tu sois un homme ou une femme de prière. Tu es là pour animer l'Eucharistie. Cela suppose que tu vis en chrétien et donc que tu participes à la vie de la communauté chrétienne. Tu ne peux pas te contenter de venir à la messe du dimanche. Bien sûr il y a les répétitions de la chorale, et la chorale est un groupe chrétien en tant que tel. Mais si tu es jeune, tu participes aussi à la coordination des jeunes, et aux activités des jeunes de la paroisse. Je ne dis pas que tu dois être dans tous les mouvements de la paroisse : scouts, cv-av, fraternités et autres. Mais au moins participer aux activités communes des jeunes.
Par ailleurs, si tu es chrétien, tu participes aussi à la vie de la famille chrétienne. La famille chrétienne à la base, c'est la CEB/CCB (Communauté Ecclésiale de Base). Un choriste doit obligatoirement participer aux réunions de sa communauté de quartier (C.E.B). C'est pour cela que par exemple à Pikine, le jeudi est réservé aux réunions de communauté de quartier. Nous avons donc demandé aux chorales de ne pas tenir de répétition le jeudi, pour que les choristes participent activement aux activités de leur communauté.
Par ailleurs, la chorale est concernée par la CARITAS et par la commission Justice et Paix. Par la CARITAS, parce que tout chrétien doit être charitable. Par Justice et Paix, parce que tout chrétien doit non seulement se conduire de manière juste, mais lutter pour la justice, et faire régner la paix autour de lui. Bien sûr, tous les choristes ne vont pas faire partie de la CARITAS ou de la commission Justice et Paix. Mais c'est important que la chorale y ait un délégué pour représenter les choristes, apporter la vie et les problèmes de la chorale dans ces commissions, et partager les actions et les réflexions de ces commissions avec les choristes. Pour qu'ils participent eux-aussi aux actions. Parce qu’il y a des manques de charité, dans la chorale comme ailleurs. Il y a aussi des manques de justice et de paix. C'est donc important que chaque chorale ait un délégué CARITAS et un délégué Justice et Paix ou même deux, un garçon et une fille. Il est aussi normal que les choristes participent aux formations, aux récollections et aux autres activités de la paroisse qui s'adressent à tous.
3°) l'évangélisation
L'invitation à la session de formation de Popenguine d’Août 2014 disait:" cette session est organisée à la demande des autorités, qui trouvent dans ces formations un mode important d'évangélisation". Je pense que la plupart des choristes ont participé aux JMJ nationales, dont le thème était :"jeunes, acteurs de la nouvelle évangélisation". Comment les chorales peuvent-elles être actrices d’évangélisation? L'évangélisation, c'est une question de témoignage, pas de discours. La première chose, c'est donc que chaque choriste vive selon l'évangile, à la manière de JESUS CHRIST, en apportant son témoignage de FOI, D ESPERANCE ET DE CHARITE, partout où il va : dans sa famille, dans son quartier, dans son école ou son lieu de travail. Cela suppose que les choristes connaissent l'Evangile  et qu’ils le lisent régulièrement, pour éclairer leur vie. Et qu’ils connaissent  par cœur un certain nombre de passages et pour pouvoir la partager avec les autres, dans la conversation de tous les jours. Il y a certainement un grand effort à faire pour cela! Le travail d'évangélisation des choristes se fera aussi par la participation à la C.E.B et aux autres activités paroissiales. Mais pour le choriste, elle se fera aussi par le chant.
Le chant est un grand moyen d'évangélisation! Si tu veux annoncer la Parole de DIEU à ceux qui t'entourent, beaucoup refuseront en disant que cela ne les intéresse pas, ou qu'ils n'ont pas le temps. Mais si tu apprends des chants qui t'entourent, surtout s'ils sont beaux et bien rythmés, ils seront heureux. Et ensuite ils les chanteront, à la maison ou dans la rue. En chantant ces chants, ils feront rentrer la Parole de DIEU dans leur cœur et dans leur vie, et  ils annonceront la Parole de DIEU à ceux qui les entourent. Le chant est donc un très bon moyen d'évangélisation qui est facile, qui plait aux gens, et qui permet de faire entendre la Parole de DIEU partout : dans la rue, dans les "cars rapides", au marché, au stade et partout où nous allons.
Il y a une autre chose qui me semble importante, c'est l'évangélisation de nos cérémonies traditionnelles: les rites traditionnels de la naissance, de la circoncision, du mariage, de la mort...etc. La chorale vient chanter au mariage religieux. C'est important, mais là aussi il s'agit de bien faire prier l'assemblée, et non pas un concert. Mais pourquoi la chorale n'irait-elle pas chanter aussi, lorsqu'un chrétien accueille sa fiancée chez lui lors du mariage coutumier?  Pas seulement pour animer la fête, pour chanter et pour danser, mais pour évangéliser cette célébration. Bien sûr, nous savons que normalement, avant de faire entrer sa fiancée chez lui, le fiancé doit d'abord célébrer le mariage religieux. Mais nous voyons que beaucoup commencent à vivre ensemble, avant de célébrer leur mariage à l'église. Ils vont donc faire plusieurs années dans leur vie de couple, et aussi leur vie de parents en ayant des enfants, avant de venir célébrer le sacrement de mariage. Si nous attendons ce sacrement pour venir chanter et prier avec eux, n’est-ce pas déjà trop tard? Ils ont déjà vécu de nombreuses années sans notre soutien. C'est pourquoi, il me semble important que la chorale aille chanter au moment du mariage coutumier (traditionnel), si ce sont des chrétiens qui commencent à vivre ensemble. Et aussi au moment des fiançailles, pour fêter avec eux cette étape importante de leur vie, mais aussi pour l'évangéliser : chanter des chants religieux, dire des prières, leur donner aussi des conseils pour qu'ils commencent leur vie de couple, de gens mariés et leur vie de parents, dans la foi et dans la charité.
-C'est la même chose, quand il y a une naissance. Nous attendons que l'enfant soit baptisé, pour venir chanter à la cérémonie du baptême. Mais parfois les enfants ont déjà deux ou trois ans, quand ils sont baptisés. Pourquoi ne pas aller animer aussi les célébrations traditionnelles de la naissance  (le 8° jour),  pour évangéliser nos coutumes et nos traditions? Sinon, qu'est ce qui se passe quand il y a une naissance dans la famille? on célèbre cette naissance selon la tradition de chaque ethnie, avec les coutumes païennes, mais pas d'une façon chrétienne. Pourquoi ne pas aller lire la Parole de DIEU, prier et chanter avec les parents ? Et aussi les conseiller, pour qu'ils commencent tout de suite à éduquer leur enfant dans la foi, sans attendre le jour du baptême.
De même, c'est important d'évangéliser les cérémonies de circoncision, lorsqu'elles existent encore. Et aussi les différentes cérémonies du deuil. Par exemple, lorsque la veuve prend les habits de deuil, si elle les porte. Et aussi à la fin du deuil, lorsqu'elle "enlève le deuil", pour le terminer dans la foi et la prière. Animer la veillée mortuaire, c'est très bien et important. Mais c'est tout le temps du deuil, toute notre vie, et toutes nos coutumes que nous avons besoins d'évangéliser.
4°) Le choriste est un citoyen.
Nous vivons dans un pays, nous sommes dans une société. JESUS nous dit : "vous êtes le sel de la terre", JESUS dit bien le sel de la terre, pas seulement le sel de la communauté chrétienne. IL nous dit aussi :"vous êtes la lumière du monde », pas seulement la lumière de l'Eglise. IL nous dit "vous êtes la levure dans la pâte" : dans la société, au milieu de nos frères et avec eux, et non pas entre nous et à l'écart. Il est donc important que nous soyons concernés, par tout ce qui se passe dans la vie du pays. Déjà à Nord-foire, vous avez le souci de participer au travail qui se fait avec les jeunes : pour la formation professionnelle, pour l'alphabétisation, pour le sport, avec les talibés selon le slogan "pour les jeunes, avec les jeunes". Nous pouvons vraiment vous féliciter pour cela. De même, vous avez le souci d'aider une école à Tambacounda, avec laquelle vous êtes entrés en contact. Cela donne certainement une ouverture très importante de votre chorale. Mais vous pouvez aussi vous demander : combien d'entre vous ont voté durant les dernières élections ? Et déjà, combien d'entre vous sont inscrits sur les listes électorales?
On ne demande pas aux choristes de devenir ministres ou députés, Ni même conseiller municipal, même si cela est une bonne chose, mais au moins de voter et de se conduire comme un bon citoyen. JESUS lui-même à payer l'impôt, IL a respecté les chefs de son pays, Il a été un bon citoyen en toute chose, en faisant son devoir. Nous venons chaque semaine aux répétitions de la chorale, c'est nécessaire. Mais est ce que nous participons quelque fois aux réunions de quartier? Est ce que nous connaissons au moins le chef de quartier ? Est ce que nous allons parler avec lui? Si nous sommes jeunes, est ce que nous participons aux activités de jeunes du quartier, aux A.S.C, aux autres associations?  Et aussi aux actions menées dans le quartier, comme les inondations ou les SET SETAL. Si nous n'y participons jamais, est ce que nous sommes de bons chrétiens? Et aussi au conseil municipal, qui est ouvert à tout le monde. Si tu es élève, collégien ou lycéen, est ce que tu es responsable de classe ? Ou bien, as-tu une autre responsabilité dans ton école? Si tu es étudiant, dans quelle mesure participes-tu aux activités de l'université, avec les autres étudiants? Est ce que tu es membre dans une organisation ? Et surtout, est-ce que tu agis pour défendre les droits des étudiants, et trouver des solutions à vos problèmes ? Mais dans le dialogue, le respect et non pas dans la violence et la casse. Il y a certainement beaucoup de choses à faire dans ce domaine, et c'est votre propre intérêt. Et si tu es travailleur, dans quelle mesure es-tu membre des amicales des travailleurs, et même d'un syndicat. Cela aussi fait partie des devoirs du chrétien.
Vous êtes « le sel de la terre et la lumière du monde », cela doit nous amener à réfléchir à l'organisation de la chorale. Cette année, j'ai vu des chorales,  qui faisaient des choralies et des concerts au mois de Juin, au moment des élections, et au moment des examens, avec  les nombreuses répétitions que cela demande. Dans ces conditions, comment les choristes pouvaient-ils assister aux différents meetings, connaître les candidats et avoir le temps de connaître les différents programmes? Dans ces conditions, comment les choristes ont-ils pu se préparer aux différents examens ? Et nous avons vu le peu de résultats de cette année, malheureusement. Cela nous pose la question des activités de la chorale, pas seulement à la fin de l'année scolaire, mais tout au long de l'année. Si nous avons chaque semaine trois jours de répétition, qui durent plusieurs heures, quand  les élèves et les étudiants auront-ils le temps de faire leurs études, et de s'engager en tant que chrétien au niveau de leur université ou de leur collège? Et comment nous tous aurons-nous le temps de participer à notre vie de famille, que nous soyons jeunes ou parents? C'est important que nous prenions le temps de nous retrouver en famille pour être ensemble, échanger nos idées, construire notre famille. Si nous sommes toujours dehors, notre famille va se casser rapidement.
-A la fin du monde, JESUS viendra nous juger (Mat 25,31-45). IL ne nous demandera pas : est ce que nous avons bien chanté ? Mais IL nous dira : " j'avais faim, est ce que tu m'as donné à manger. J'étais étranger, est ce que tu m'as accueilli ? J'étais malade, est ce que tu m'as visité ? J'étais en prison, qu'est ce que tu as fait pour moi? Tout ce que tu n'as pas fait au plus petits de ces hommes, qui sont mes frères, c'est à moi que tu ne l'as pas fait". Notre mission, c'est de continuer le travail de JESUS. C'est vrai pour tous les choristes et ... pour tous les chrétiens. JESUS disait "l'Esprit du Seigneur repose sur moi, Il m'a choisi pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, IL m'a envoyé pour dire aux prisonniers qu'ils vont être délivrés, et aux aveugles qu'ils vont voir, pour libérer ceux qui sont écrasés, et pour annoncer une année de grâce de la part du Seigneur. Cette parole de DIEU, c'est aujourd'hui qu'elle doit se réaliser, au moment même où vous l'entendez ».
La question de l'argent.
Nos chorales ont besoin d'un minimum d'argent, pour travailler et jouer leur rôle. C'est donc normal de chercher l'argent dont nous avons besoin. Mais est ce que peu à peu, nous ne nous sommes pas laissés prendre par cette question d'argent ? Par exemple, il ya de plus en plus de xawaré. On fait la course aux sponsors. Est-ce que cela ne va pas nous faire oublier, notre vocation de choriste. Nous devons nous poser deux questions à ce sujet: comment gagnons-nous l'argent dont nous avons besoin? Que faisons-nous de l'argent que nous gagnons dans ces xawaré, les mariages et les autres activités?
Rappelons-nous ce que Zachée disait, lorsque JESUS est venu le conseiller: "si j'ai fait du mal à quelqu'un, je vais le payer quatre fois. Et l'argent que j'ai je vais en donner la moitié aux pauvres" (Luc 19,2-7). Zachée nous montre ainsi le chemin. Nous avons besoin d'argent à la chorale. Mais cet argent, si nous le gagnons, c'est grâce à DIEU. Nous devons donc l'utiliser, comme DIEU le veut : pas seulement pour nous-mêmes, mais aussi en pensant aux pauvres: c'est cela la charité que JESUS nous demande.
Dans le troisième plan d'action pastoral, il y a quatre objectifs: 1) la communion : être amis et unis entre nous. 2) la sanctification, la chorale doit aider les gens à devenir saints nous (la liturgie fait partie de la sanctification). 3)l'évangélisation et le dialogue  4)le service, : le service du pays, le service en particulier des pauvres (la CARITAS), le service de la paix, le respect des droits de l'homme et de la liberté, et le service de la justice. Notre argent doit servir pour ces quatre choses, pas seulement pour la communion et les fêtes. C'est vrai pour la chorale, c'est vrai pour les autres groupes. Car le plan d'action pastoral est pour tous, et ce n'est pas facultatif, c'est obligatoire. Nous pouvons consacrer une partie de notre argent pour la communion, pour nous retrouver entre nous, faire la fête ensemble c'est normal. Nous pouvons aussi consacrer notre argent pour les besoins de la chorale, et les besoins de la liturgie, cela aussi est normal! Mais cela ne doit pas nous faire oublier, de consacrer une partie de notre argent pour l'évangélisation et le témoignage dans les quartiers. Et ensuite une autre partie de l'argent pour les pauvres, pour la justice, la paix et la réconciliation, comme nous le demande le Pape François dans sa dernière lettre "la joie de l'évangile".
C'est important que les trésoriers tiennent des comptes. Et que nous regardions chaque année, combien nous avons utilisé d'argent pour nous-mêmes (la communion), combien pour la liturgie (la chorale), combien pour l'évangélisation, combien pour les pauvres (la charité), la justice et la paix. Si nous n'avons rien utilisé pour le service et l'évangélisation, ce n'est pas normal! Nous ne respectons pas les orientations du diocèse, ni ce que le Pape nous demande au nom de JESUS CHRIST. Si nous avons de l'argent ce n'est pas pour le dépenser seulement dans des fêtes, des tenues, des t-shirt, des casquettes, des sorties et toutes ces autres choses. Il faut aussi aider les gens avec notre argent, en commençant par les choristes. Dans notre chorale, il y a certainement des étudiants qui n’arrivent pas à payer les droits d'entrée à l'université, car ils ont  été beaucoup augmentés. Il y a certainement des élèves qui n'ont pas de quoi s'acheter les fournitures dont ils ont besoin. Il y a des choristes qui sont pauvres, qui sont touchés par la maladie, qui sont en deuil, qui sont au chômage, qui tombent...combien d'argent avons-nous dépensé pour eux, nos propres choristes mais bien sûr sans oublier les autres. Et si nous sommes choristes, si nous sommes chrétiens, nous ne pensons pas seulement aux chrétiens, mais à tous les pauvres. Comme le demande la CARITAS, au nom de JESUS CHRIST.
Il y a trop de problèmes d'argent dans certaines chorales : il n'y a pas de compte rendus, les comptes ne sont pas clairs, il y a des détournements. IL y a trop de gens qui pensent à l'argent dans la chorale, et qui cherchent leurs intérêts. Il n'y a plus de gratuité. Pourtant JESUS nous a dit : "ce que vous avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement". Il faut que nous apprenions à chanter, et à agir, à travailler pour les autres gratuitement, surtout pour ceux qui n'ont pas les moyens. C'est vraiment important que nous réfléchissions à cette question. Il y a déjà des chorales qui ont  réfléchi à ces questions, et nous pouvons les féliciter. Nous connaissons des chorales qui ont fait des concerts ou des choralies, et qui ont donné tout l'argent : par exemple à l'hôpital Albert Royer des enfants, une autre pour aller en Casamance, faire une marche de la paix de Bignona à Ziguinchor. A Grand Dakar, ils ont organisé une choralie, et tout l'argent est versé à l'aumônerie de la prison du camp pénal à Liberté 6. A St Paul, ils ont fait un concert pour aider à payer le toit de l'église... tous ceux là ont réfléchi à ce qu'ils peuvent faire avec leur argent. Ils nous montrent un chemin intéressant.
Nous allons continuer cette nuit dans les chants, l'action de grâce et la prière. Vous pourrez continuer cette réflexion entre vous, avec l'aide de vos aumôniers. Vous pourrez aussi écouter les émissions et les commentaires d'évangile chaque matin et chaque soir, en français et en wolof, à radio Espérance la radio du diocèse fréquence 95.2. Pour vous préparer aux eucharisties du dimanche, vous pouvez lire aussi les livres de commentaire d'évangile que je viens d'écrire. Ou d’autres choses, bien sûr. L’important, c’est de vous former à la Prière et à la Parole de Dieu. En tout cas je suis content de continuer à prier avec vous, cette nuit. Je vous remercie pour votre accueil, et pour toutes les bonnes choses que vous faites dans votre chorale. Je vous assure de mon amitié. Je vais continuer à prier pour vous, pour que le Seigneur bénisse votre chorale, et chacun d'entre vous.



















PREPARATION A LA RENCONTRE MONDIALE DES FEMMES CATHOLIQUES.
THEME: FEMMES SEMEUSES D'ESPERANCE.
Chacune des cellules avait préparé ses réponses au questionnaire, pour préparer cette rencontre mondiale.
1.       Que signifie pour vous être femme, semeuse d'espérance pour l'évangélisation?
2.       Comment être des femmes d'espérance dans le travail, dans l'Eglise et dans la société?
Chaque groupe a amené ses réponses. A  partir de là, j'ai apporté un certain nombre de réactions, dans le dialogue.
1° partie)  femme, semence d'espérance, pour l'évangélisation, à la suite de Marie.  Reprenons ces 4 choses :
a)l'espérance: Il s'agit bien sûr de l'Espérance chrétienne, qui est beaucoup plus que le simple espoir humain. Quand nous disons : « j'espère », notre espérance s'appuie sur la résurrection de JESUS CHRIST, qui a vaincu la mort. Elle est vécue dans la lumière du Saint Esprit qui nous éclaire, qui nous donne force et courage, et qui met l'amour de DIEU dans notre cœur. Avec LUI, nous croyons que c'est possible de construire un monde nouveau (une société nouvelle). Nous croyons que JESUS a sauvé le monde, que notre monde est déjà sauvé, que la vie est plus forte que la mort. Et donc que l'Espérance est plus forte que toute forme de découragement. La base de notre espérance, ce sont les béatitudes, où JESUS n'a pas peur de dire : ceux qui ont faim, ceux qui sont persécutés et attaqués, ceux qui pleurent, les pauvres, ils sont heureux. Parce qu'ils sont enfants de DIEU, ils sont dans le royaume de DIEU. C'est cela notre espérance. Non pas une espérance pour plus tard, mais une espérance déjà pour aujourd'hui.
Etre semeuse d'espérance, c'est redonner confiance à ceux qui sont découragés, à ceux qui sont écrasés, qui sont exploités et profités, ceux que l'on a mis à l'écart, qu'on ne respecte pas, tous les pauvres et tous les petits. En nous appuyant sur la force du SAINT ESPRIT, avec la volonté de suivre JESUS. Nous nous rappelons l'évangile d'hier : avec JESUS et les apôtres, il y avait tout un groupe de femmes qui travaillaient avec eux, et qui prenaient leur part à l'évangélisation (Luc 8,1-3). Aujourd'hui, au début de cette rencontre nous avons lu l'évangile du jour : l'histoire du semeur. Nous sommes semeuses d'espérance, nous semons la Parole de DIEU, nous apportons la royaume de DIEU à nos frères et à nos sœurs (Luc 8, 1-15).
b)- L'évangélisation; nous nous rappelons ce que JESUS dit, quand IL commence sa mission dans la synagogue de Nazareth (Luc 4, 13-21) "l'Esprit de DIEU repose sur moi, IL m'a choisi pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, ouvrir les yeux des aveugles, relever ceux qui sont écrasés, annoncer une année de bonheur de la part du Seigneur..." (nous l’avons chanté en ouolof). C'est cela évangéliser, non pas faire des grands discours ni des enseignements, non pas enseigner seulement des vérités éternelles ou des questions et réponses du catéchisme, mais agir. Car les actions sont plus fortes que les paroles. On peut nous empêcher de parler, mais on ne peut pas nous empêcher de vivre. Si nous faisons le bien, cela se voit  Cela entraine obligatoirement les autres.
Je ne reprends pas ici, ce que j'ai dit dans mon article "Quelle Eglise, pour quelle Evangélisation ?".  Je rappelle simplement,  que l'on doit d'abord se laisser évangéliser. D’abord par le Saint Esprit. Mais se laisser évangéliser aussi par nos frères et sœurs chrétiens, écouter leurs conseils, faire ce qu'ils nous demandent. Car si je ne vis pas moi-même l'évangile, comment vais-je l'annoncer aux autres ? Ensuite, nous partageons l'Evangile dans nos cellules, dans nos mouvements, dans nos C.E.B (communautés chrétiennes de base). Pour nous soutenir, et nous aider à mieux vivre cet Evangile de JESUS CHRIST. Par exemple, si nous  en avons le temps et la vocation, nous l'enseignons aux catéchumènes.
Mais l'évangélisation ne doit pas se limiter à notre Eglise et aux chrétiens. L'Eglise est au service du Royaume de DIEU, comme le rappelle le concile Vatican 2 (L’Eglise dans le monde). JESUS nous dit : "vous êtes le sel de la terre", de toute la terre, pas seulement de la communauté chrétienne. JESUS est mort pour tous les hommes, et son Evangile est pour tous. IL nous dit "allez au large... " (Luc 5,4), comme IL l’a dit à Pierre. Il s'agit donc d'offrir l'Evangile aux autres, parce qu'ils l'attendent et ils en on besoin, eux-aussi. Evangéliser, ce n'est pas baptiser, ce n'est pas faire entrer les musulmans dans nos églises: c'est leur permettre de vivre à la manière de JESUS CHRIST, et de vivre les valeurs l'Evangile, dans leur propre religion. Alors, ils sont dans le Royaume. Car le Royaume de DIEU, est beaucoup plus grand que l'Eglise. C’est « Un Royaume de vie et de vérité, de grâce et de sainteté, de justice, d’amour et de paix ». (préface du Christ Roi). A chaque fois que nous aidons nos amis musulmans à vivre dans la justice et à lutter contre l'injustice, à chaque fois que nous leur apprenons à mieux aimer, à pardonner et à réconcilier ceux qui les entourent, à chaque fois que nous les aidons à vivre dans la vérité (pas seulement laisser le mensonge mais être vrais dans toute leur vie), à chaque fois, nous leur permettons d’entrer dans le Royaume de DIEU. Ils ne sont pas dans l'Eglise, mais ils sont dans le Royaume : un Royaume qui est beaucoup plus grand que l'Eglise, qui est pour tous les hommes, et en qui Jésus sauve tous les hommes.
Mais bien sûr, pour cela il nous faut beaucoup de patience, comme nous le dit l'évangile du semeur d'aujourd'hui. Ce n'est pas en un jour, que la graine porte du fruit. Mais c'est important, d’aller semer partout où vivent les hommes et les femmes, dès aujourd’hui. Et cela passe par des petites choses. Pour cela bien sûr, il faudra nous former : c'est la parabole des talents. Comme le Maître le dit à ses 2 bons serviteurs : »Tu as été fidèle dans les petites choses. Entre dans la joie de ton Maître « (Mat 25,21). Rappelons-nous l'évangile de la fin du monde. JESUS nous dira: "Venez les bénis de mon PERE, entrez dans la joie du Royaume. Parce que j'avais faim, tu m'as donné à manger. J'avais soif tu m'as donné à boire. J'étais nu, tu m'as habillé. J'étais malade, tu m'as soutenu. J'étais en prison, tu m'as visité. J'étais un étranger tu m'as accueilli...". Tout cela ce sont des petites choses, que nous pouvons faire simplement dans notre vie de tous les jours, d’hommes et de femmes. Comme nous dit JESUS :"le Royaume de DIEU, c'est comme une petite graine. Mais quand elle a grandi, elle devient le plus grand des arbres"(Mat 13,31).
c ) Etre femme: Etre femme,  c'est développer en vous des vertus féminines, que vous avez vous mêmes signalées. Par exemple, la patience, la tolérance, le don de soi, la gentillesse, l'amour...tout ce qui correspond à nos vertus traditionnelles, qu'il faut garder. Mais en cherchant comment les vivre, dans le monde d'aujourd'hui. La femme, c'est celle qui donne la vie. Donner la vie, ce n'est pas seulement être enceinte et accoucher. Déjà pour nos enfants, leur donner la vie, ce n'est pas seulement les mettre au monde. C'est les éduquer, leur apprendre à se diriger dans la vie, à prendre leurs responsabilité. Pas seulement les laver, les nourrir et les habiller. Etre mère, c'est faire grandir la vie sous toutes ses formes, et dans le monde entier. Nous savons que dans nos sociétés, il y a beaucoup de forces de mort. Il y a beaucoup de choses qui nous tuent. Pas seulement qui tuent notre corps, mais qui tuent notre cœur, nos esprits et nos âmes.
La femme est mère. Elle est aussi épouse, une personne humaine et une citoyenne. Mère nous savons bien ce que cela veut dire, et comment être de bonnes mères. Ce n'est pas la peine de beaucoup insister. Nous aidons celles qui nous entourent, à être de vraies mères, à faire grandir la vie sous toutes ses formes. Mais cela ne doit pas nous empêcher d'être épouse. D'ailleurs nos enfants ont besoin d'un père et d'une mère qui s'aiment. Le danger pour nous,  c’est de trop nous attacher à nos enfants, en oubliant nos maris. Par exemple, lorsque nous accouchons : nous nous occupons de notre bébé, c'est très bien. Mais il ne faut pas pour autant oublier notre mari. Car c'est ensemble que nous avons fait cet enfant. Etre épouse, c'est partager les soucis de notre mari, le soutenir dans ses engagements, l'encourager dans toutes ses activités. Cela ne veut pas dire faire tous les deux la même chose. C’est partager ce que nous faisons, et échanger nos idées. Tu n'es pas une bonne épouse, si tu ne dis pas ce que tu penses à ton mari. Tu lui dis ce que tu veux faire toi, et aussi ce que tu penses de lui. C’est savoir s'assoir ensemble, pour se parler, et échanger ses idées quand les enfants sont couchés : ce qu'on appelle le devoir de s'assoir. C’est être vraiment une amie et  une confidente pour ton mari, et pas seulement la mère de ses enfants.
Mais cela ne doit pas t'empêcher d'être une personne humaine, qui vit sa vie propre, qui développe ses qualités, qui prend ses responsabilités, qui a droit au respect. Une personne humaine, fille de DIEU. Devant DIEU, il n'y a pas de différence, l'homme et la femme sont égaux. Cela veut dire connaître ta valeur, vivre dans la dignité, te former au maximum, développer toutes les qualités que DIEU t'a données pour mieux servir. Pas seulement servir ta famille ,mais servir aussi ton pays. Parce que tu es aussi une citoyenne. Nous nous sommes demandé, comment remplir notre rôle de citoyen. Et dans quelle mesure, nous faisons notre devoir de citoyen: est ce que nous avons voté? Est ce que nous participons au conseil municipal, qui est ouvert à tout le monde? Est ce que nous participons aux activités, qui sont menées dans le quartier? Ou bien, est ce que trop souvent nous ne restons pas enfermées dans notre paroisse. Alors que JESUS nous dit :"allez dans le monde entier...". Nous sommes des citoyennes. Nous devons prendre nos responsabilités de citoyenne à part entière, et nous engager.
Certaines ont dit qu'il faut être exemplaire. Mais nous savons bien, que nous ne sommes pas toujours exemplaires Le principal, ce n'est pas d'être exemplaires. Nous ne sommes pas meilleures que les autres, même si nous essayons de lutter contre nos défauts et nos péchés, pour être les meilleures filles de DIEU possible. Ce que DIEU nous demande, c'est d'être le sel de la terre : avoir la force de l'Evangile. Sinon les gens vont nous jeter dehors, et nous marcher dessus (Mat 5,14). Si parfois les autres ne nous respectent pas, nous les chrétiennes n'est ce pas parce que nous avons perdu le sel de l'Evangile? Nous sommes le sel de la terre, de toute la terre ; nous sommes la lumière du monde entier; nous sommes la levure dans la pâte, dans la pâte humaine, dans la société. JESUS nous dit " vous êtes le sel de la terre". Il suffit d'un peu de sel, pour donner du goût à tout le plat. Même si nous ne sommes pas nombreuses, nous avons le goût de l'Evangile, et la force de l’Esprit Saint. Avec JESUS, nous donnerons le goût de DIEU à la société  et nous la rendrons meilleure. Nous sommes la lumière du monde. Mais pour cela il faut être branché sur JESUS CHRIST Si nous ne vivons pas selon SA Parole, dans son amour, nous sommes comme une belle lampe posée sur la table, mais qu'on n’a pas branchée : elle n'éclaire pas, elle ne sert à rien du tout.
2-A l'exemple de Marie et des femmes saintes:
Marie nous la prions. Nous voulons la servir et l'imiter. Mais quelle image avons-nous de Marie ? Quand on représente Marie, on montre souvent  une statue qui ne bouge pas, qui récite le chapelet, une belle femme bien habillée avec de très beaux habits, aux joues toutes roses, toute parfumée. Est-ce bien comme cela, que Marie était? Bien sûr Marie priait, elle priait lorsque l'ange Gabriel est venu la voir. Mais Marie c'était une mère de famille, qui s'est occupé de son mari, et qui a éduqué son enfant JESUS. Elle a su prendre ses responsabilités, dans sa vie de couple. Quand JESUS était resté au Temple, ce n'est pas Joseph qui a parlé à JESUS, quand ils l'ont retrouvé. C'est Marie, qui Lui a dit : "pourquoi nous a-tu fait cela, à moi et à ton père"(Luc 2,48)? C'était une voisine, qui allait au puits avec les autres femmes du village, qui les aidait dans leurs difficultés, qui les encourageait, qui faisait attention à elles. Comme elle a fait attention, quand le vin était terminé à Cana. Et comme déjà, elle avait été aidé sa cousine Elisabeth, parce qu'elle était enceinte, âgée et sans avoir jamais accouché. C’est de cette façon, qu’elle a été semeuse d’espérance.
Marie était une travailleuse : elle avait les mains calleuses, elle avait souvent les pieds pleins de poussière, et les habits sales et déchirés parce qu'elle avait travaillé. Elle n'était pas une femme riche de la ville. Marie était une analphabète : sans doute qu'elle ne savait ni lire ni écrire, comme la plupart des femmes de ce temps là. Mais elle avait l'amour dans le cœur. Et la sagesse du Saint Esprit.
 Marie c'est la plus grande des saintes! Pourquoi cela? Elle n'a pas été prêcher l'Evangile avec JESUS et les apôtres. Elle est restée dans son village. Elle n'a pas fait de miracles. Pourquoi est-elle la plus grande des saintes ? Elle n'a fait que des petites choses, de la vie ordinaire d’une femme de village. Mais elle l'a fait avec beaucoup d'amour. C'est pour cela, qu'elle est la plus grande des saintes. Et c'est cela que nous avons à faire, pour suivre Marie. Marie prenait ses responsabilités. Elle a laissé JESUS libre de faire de son travail. Mais quand JESUS  a été arrêté, condamné à mort et cloué sur la croix, Marie était là, debout sous la croix. Marie n'a pas eu peur d'être montrée comme la mère du condamné à mort, et d'être insultée comme JESUS Et c'est elle qui va rassembler les apôtres, pour se préparer à recevoir le SAINT ESPRIT. Mais là aussi, dans la simplicité et dans l'humilité.
Il faudrait reprendre les exemples des autres femmes, dont on parle dans l'Evangile, dans les épîtres et les actes des apôtres, et déjà dans la première Alliance (l'Ancien Testament : Marie la sœur de Moïse, Judith, Deborah, Esther, Sarah….). A notre rencontre, nous avons simplement parlé de la femme syrienne, dont la fille était malade, qui a dit à JESUS "même les petits chiens mangent ce qui tombe de la table" (Marc  7,26). Elle a poussé JESUS, à ne pas rester seulement  chez les juifs, mais à traverser le lac de Génésareth, pour enseigner aussi les païens. Nous avons pensé aussi à la samaritaine, une païenne, qui est allée  faire connaître Jésus aux autres habitants de son village, païens eux aussi (Jean 4,29).  JESUS lui a fait confiance. Comme IL a accueilli la prostituée (Luc 7,40), et la femme adultère (Jean 8,11) IL leur a pardonné tous leurs péchés, et leur a permis de commencer une vivre nouvelle, dans la foi et la paix. IL a aimé Marie Madeleine, qui lui a versé du parfum sur les pieds, pour annoncer sa mort (Mat 26,6). Il a chassé les sept esprits mauvais, qui étaient entrés en elle. C'étaient les femmes seules, qui étaient au pied de la croix. Tous les apôtres avaient fui, sauf le petit Jean C'est aux femmes que JESUS est apparu, quand IL est ressuscité. C'est à Marie Madeleine qu'IL a la mission, d'aller annoncer aux apôtres, qu'IL est ressuscité...Alors vous les femmes, n'ayez pas peur de conseiller vos prêtres et vos évêques, puisque Marie Madeleine a été conseillé le premier Pape, et lui a fait connaître la résurrection de JESUS. C'est cela notre responsabilité dans l'Eglise, sans oublier notre responsabilité dans le monde.
Deuxième partie: Comment être des femmes semeuses d'Espérance dans l'Eglise?
Nous avons remarqué qu'il y a actuellement un grand problème dans notre Eglise: on fait trop de fêtes. Et pour faire ces fêtes, on passe son temps à chercher de l'argent, des soutiens, des parrains, des sponsors..Et à faire des xawaré, des concerts, des choralies, des galas, des soirées dansantes, et des tas d'autres choses...Plus grave encore, quand on a cet argent, très souvent on le dépense pour des fêtes, des sorties, des tenues, des manifestations… Au lieu d'utiliser cet argent, pour lancer des projets de développement, pour aider les femmes les plus pauvres, et leur donner les moyens de s'en sortir. Ou pour faire vivre le mouvement, pour l'évangélisation, pour la justice et la paix, ou la Caritas. Pour les pèlerinages, les  fêtes patronales, les JMJ, jumelages, anniversaires… nous pensons d'abord à acheter des tenues, des casquettes et des tas d'autres choses qui coûtent très cher, et quine sont pas nécessaires. La conséquence, c’est que les plus pauvres ne peuvent pas participer à nos  fêtes et à nos prières.
Nous avons complètement transformés nos baptêmes, nos mariages et nos premières communions, et aussi les enterrements  en des fêtes païennes. Ils sont devenus des occasions de se montrer, avec sa richesse. Alors que JESUS a bien dit "celui qui s'élève, il sera abaissé... et les derniers seront les premiers". Et aussi « vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ». A  cause de cela nous empêchons beaucoup de nos frères et sœurs d'être baptisés, de faire leur première communion ou de célébrer leur mariage, parce qu'ils n'en ont pas les moyens financiers. C'est très grave, Il faut vraiment que nous réfléchissions à cela!
Même dans nos associations féminines, souvent, on nous utilise uniquement pour chanter, danser, ou faire la cuisine. Que ce soit pour les fêtes patronales et autre chose. Ce n'est pas cela, notre première responsabilité de femme. Nous pouvons faire beaucoup plus, et mieux. JESUS CHRIST attend beaucoup plus de nous. IL nous appelle à évangéliser nos frères et nos sœurs, à faire naître un monde nouveau, « une terre nouvelle où la justice habitera » comme le dit Pierre (2° Pi 3,13). Bien sûr, certaines chorales font des concerts, par exemple pour les enfants de l'hôpital Albert Royer, pour organiser une marche pour la paix en Casamance, pour aider aussi à refaire le toit de l'Eglise Saint Paul, pour soutenir l'aumônerie des prisons, tout cela est à continuer.
Il y a beaucoup de femmes et d'hommes qui aident les autres, et qui partagent. Mais trop souvent, cela reste au niveau personnel, ce sont des actions isolées. Mais nos groupes, nos mouvements, nos cellules, et nos fraternités ne se consacrent pas, ensemble, en tant que tels, au développement, au service des pauvres, à la dignité et à la défense des plus petits, à lutter contre les violences faites aux femmes, à lutter pour la justice et pour la paix. Et pourtant c'est bien cela, que le troisième Plan d’Action Pastoral nous demande de faire, avec les quatre objectifs: la communion et la sanctification (devenir saintes), mais aussi l'évangélisation : dans le dialogue, en accueillant ce que  les non-chrétiens ont à nous enseigner au nom de DIEU. Et en admirant leurs qualités, comme JESUS a admiré l'officier romain (Mat 8,5). Et enfin le service : le service des plus pauvres et des petits de la société, la défense des droits humains et de la dignité de tous, la lutte pour le développement, la justice, la paix et la réconciliation. Voilà notre responsabilité, et notre travail dans l'Eglise. C'est cela que l'Eglise nous demande, c'est cela le troisième plan d'action pastoral. Pas seulement de faire des fêtes patronales.
-Pour cela, les femmes de Keur Massar nous ont a indiqué un certain nombre de pistes.  En particulier :
1.partager la parole de DIEU: la savoir même par cœur, pour pouvoir la raconter autour de nous. C'est cela l'évangélisation dans la vie de chaque jour.
2.regarder ce qui se passe dans notre société, savoir analyser, voir ce qui se passe, chercher les causes,  voir les conséquences. Réfléchir à cela à partir de la Parole de DIEU. Voir ce que nous pouvons faire, ensemble avec les autres.
3.quand nous avons agi, régulièrement évaluer nos actions, voir le suivi, voir ce que nous avons fait. Ce que nous n'avons pas pu faire, pourquoi? C'est la méthode de l'action catholique : voir, réfléchir à partir de la Parole de DIEU, et agir. Ensuite évaluer nos actions. Car on décide beaucoup d'actions, mais ensuite il n y a pas de suivi. Il y a des paroles, mais pas d'actions. Et il n'y a pas d'évaluations, pour rendre meilleures nos actions.
-Nous avons aussi noté l'importance des C.E.B (communautés chrétiennes de base). C'est important que nous y participions. Que nous les aidions à devenir de vraies communautés de quartier, qui évangélisent. Et qui transforment le quartier avec les autres habitants. Nos C.E.B sont devenues des groupes de prières. Les réunions se limitent à des partages d'évangile, même pas suivis d'actions : on a parlé, on est content Ou bien, on récite seulement le chapelet. Nous ne sommes pas soutenus par les prêtres, les frères et les religieuses, qui sont dans nos paroisses. Il faudrait les motiver, et les aider à s'engager avec nous. Nous avons rappelé le programme des C.E.B, tel qu'il a été présenté dans un certain nombre de sessions de formation, dans différentes paroisses : à St Pierre, aux Martyrs, à MIPA, à Grand-Yoff, à Pikine:
-première réunion : partage d'Evangile suivi d'actions qui seront évaluées Tout le monde a la parole. La Parole de DIEU est lue et expliquée dans les langues locales. Avec une démarche de 4 questions simples
-Deuxième réunion sur la vie de la paroisse : notre engagement pour la catéchèse, pour les actions au niveau de la paroisse, les projets, les mouvements, toutes les activités paroissiales pour qu'elles deviennent meilleures.
-Troisième réunion, la vie du quartier : d'abord nous donner des nouvelles. Ensuite, il faut que nous nous engagions dans nos quartiers : voir ce qui se passe, les accidents, les maisons qui ont brûlé, les disputes, les gens qui sont malades, tous les problèmes. Par exemple, la prévention contre Ebola. Tout ce qui se passe dans le quartier nous concerne. Voir comment travailler dans le quartier, avec les autres associations de femmes et les autres associations de quartier qui ne sont pas chrétiennes, mais qui travaillent. Comment travailler en lien avec le chef du quartier et les délégués de quartier ? Et leur proposer notre aide et notre soutien, pour pouvoir entrainer les autres? Nous avons eu les élections, le nouveau conseil municipal est en place. C’'est  à nous de leur apporter des idées, et de participer aux bonnes choses qu'ils veulent faire.
- Et enfin la dernière réunion de la C.E.B  chaque mois, la formation . Car nous avons besoin d'être formés pour agir. Et nous célébrons l'Eucharistie, quand c'est possible. Voilà quelques pistes pour notre action de femmes semeuses d'Espérance  dans l'Eglise. Nous en avons cité d'autres, mais nous ne pouvons pas tout rappeler.
3° partie) Femmes, semeuses d'Espérance dans la société
Il y a beaucoup de bonnes choses qui se mettent actuellement en place, dans la société. C'est important que nous y participions. D'abord ouvrir les yeux et nous renseigner, pour voir les actions qui sont menées. Ensuite, y prendre notre part. Nous en avons noté quelques unes, parmi beaucoup d'autres, ou certaines d’entre nous sont engagées, par exemple:
- la lutte contre l'excision : le nombre d'excisions augmente dans la ville de Dakar, alors qu'elle diminue dans les villages; c'est en ville.
- Participer à la couverture médicale universelle : pour cela,  regrouper les femmes, mettre en place un comité où les gens pourront cotiser, et être reconnu. A ce moment-là, les membres pourront être soignés gratuitement. 
- Faire attention à ce qui se passe dans nos quartiers, et dans nos propres familles, pour lutter contre le viol, l’inceste et la pédophilie.
-  nous engager, pour que les grandes décisions gouvernementales soient appliquées: par exemple on a voté depuis plusieurs années maintenant, l'interdiction de la mendicité. Mais les enfants continuent de mendier dans les rues. Ils ne s'agit pas d'être contre les talibés (élèves des écoles coraniques), mais que ces talibés puissent rester dans leur famille. Et venir à l'école coranique le vendredi, ou un autre jour, pour apprendre la Parole de DIEU, comme nos enfants catholiques vont au catéchisme. Nous ne pouvons pas accepter qu'on envoie des enfants mendier. Encore moins qu'ils soient frappés, qu'ils vivent dans des conditions trop dures, et que des soi-disant marabouts les utilisent pour s'enrichir.
- le chômage : il y a trop de gens qui n'ont pas de travail : des jeunes, les étudiants, mais aussi des femmes. En particulier des femmes chef de famille, qui doivent se débrouiller pour nourrir les enfants. Il y a des ONG et des projets, qui se mettent en place. Il y a des moyens pour aider les femmes à s'organiser, se former,  lancer une AGR  (Activité génératrice de revenus)  ou un GIE (groupement d’intérêt économique) ? Mais pour cela il faut nous engager. C’est notre responsabilité.
- l'engagement politique : pas seulement être une bonne citoyenne, mais avoir le courage de nous engager dans la politique. Pas obligatoirement ministre, mais au moins conseillère municipale. C'est déjà très important. Etre dans un parti pour y apporter, pas seulement nos idées à nous, mais les idées de JESUS CHRIST, et les valeurs (qualités) de l'Evangile. Si nous n'y participons pas cela ne pourra pas se faire.
5- quelques idées sorties lors de la réflexion en petits groupes et de la mise en commun:
- travailler pas seulement dans l’Eglise, mais aussi dans la société : Levure qui fait lever toute la pâte, pour répondre aux attentes de nos sœurs, et leur apporter l’espérance (Mat 13,33)
* En agissant dans nos quartiers, à travers nos CEB (communautés chrétiennes de base)
* En créant toutes les occasions d’échanges et de partage, dans notre paroisse  et notre quartier
* En sachant admirer les bonnes choses que les autres font, et ainsi augmenter notre foi
* Connaître les délégués de nos quartiers, et parler avec eux sur ce qu’il serait possible de faire.
* Participer aux réunions du Conseil municipal, entrer dans les ONG et lancer des GIE (Groupement d’Intérêt Economique) et des AGR (Actions Génératrices de Revenus).
* Nous montrer solidaires quand quelqu’un est malade, par les visites et les prières.
* Augmenter la vie de la paroisse, surtout la catéchèse.
* Organiser des causeries sur les droits de la famille dans la ligne du Synode
* Créer des comités et lancer des cotisations, pour profiter de la couverture médicale universelle.

Ensuite une des participantes nous a expliqué ce qu’elle fait, dans une ONG contre la violence faite aux femmes. Et aussi pour former les femmes à prendre leurs responsabilités, dans leur vie de chaque jour.
Une action va être menée, pour permettre aux petites filles et jeunes filles qui n’ont pas d’acte de naissance ; de pouvoir en avoir. Car cela leur cause beaucoup de problèmes.
Nous avons noté l’importance des mouvements de jeunesse, en commençant déjà par les enfants. Une autre femme nous a présenté l’action qu’elles mènent dans le groupement « Penc Mariama »: restauration, couture, etc…




NOTE POUR L’EDUCATION SEXUELLE

Ce sont de simples notes de travail utilisées dans plusieurs groupes de jeunes et d’enfants, dans les écoles, les mouvements et les quartiers. A chacun de les adapter à sa situation.

Définition de la sexualité
La sexualité c’est une force qu’il y a dans l’homme et dans la femme, qui vient de Dieu et qui nous permet de nous aimer et de donner la vie. Tous les mots de cette définition sont importants. D’abord la sexualité c’est une force. Une force il faut apprendre à la commander et à la diriger sinon c’est comme la voiture, si tu ne sais pas la conduire, tu auras des accidents. Il faut donc apprendre à connaître sa sexualité et à la commander.
C’est une force qu’il y a dans l’homme et dans la femme. On ne dit pas dans le corps de l’homme. La sexualité ne se limite pas au corps, elle est aussi dans l’esprit et dans le cœur. Toutes les cellules du corps sont sexuées, toute la personne humaine est sexuée, même dans ses pensées ou dans sa façon d’aimer. La façon d’aimer de l’homme n’est pas la même que celle de la femme.
Cette sexualité vient de Dieu. Cela veut donc dire qu’il faut la vivre comme Dieu le veut. C’est pour cela que Dieu a donné ses commandements à Moïse. En particulier « Tu ne feras pas l’adultère ». Et déjà dès le début du monde : rappelons-nous tout ce qu’il a dit à Adam et Eve, sur le mariage.
La sexualité c’est une force qui permet d’aimer. C’est cela le premier but de la sexualité, et le plus important. Une sexualité sans amour ne rend pas heureux. Elle ne peut pas être réussie, ni être vécue dans la paix. L’acte sexuel n’est pas seulement une question de technique ou de position, c’est une question d’amour.
La sexualité permet de donner la vie. Pas seulement de faire des enfants, encore moins d’enceinter une femme, mais de donner toute la vie : la vie du corps, du cœur et de l’esprit, une vie totale. Si nous avons des enfants, il ne suffit pas de les nourrir il faut aussi les éduquer et surtout, les aimer.

Qu’est-ce que l’acte sexuel ?
Comme on vient de le dire, l’acte sexuel n’est pas seulement un rapport physique. Pour dire les choses clairement, pas seulement un pénis en érection qui entre dans un vagin. C’est un homme qui aime, et qui se donne à sa femme. Je dis bien à sa femme parce que normalement, l’acte sexuel
 doit être vécu dans le mariage, et non pas avec des partenaires de rencontre, à la sortie des bals ou des cinémas. Et l’homme ne prend pas sa femme, il se donne à elle. Et de même la femme.
En français il y a trois mots pour désigner l’acte sexuel :
-          Rapport sexuel,
-          Relation sexuelle
-          Union sexuelle
Ce n’est pas du tout la même chose.
Être en rapport avec quelqu’un c’est être seulement en contact avec lui. Même si on ne le connait pas, et si on ne l’aime pas. Un rapport sexuel, c’est une rencontre de passage, pour le plaisir ou pour l’argent.
Être en relation avec quelqu’un c’est déjà le connaître, le rencontrer régulièrement, échanger des idées. Une relation sexuelle sera donc avec un ami, une camarade de classe ou de quartier que l’on connaît. Quelqu’un avec qui on est déjà en relation : il y a déjà connaissance et confiance. Mais cela ne suffit pas.
L’acte sexuel réussi c’est l’union sexuelle : quand on est vraiment unis l’un à l’autre, uni dans son corps mais aussi dans son esprit. On se connaît, et dans son cœur, on s’aime.
 Dans le rapport sexuel, chacun cherche son propre plaisir. Dans la relation, souvent on cherche à prendre l’autre. Dans l’union sexuelle, on se donne à l’autre dans l’amour, la confiance et la liberté.

Tu es libre, et c’est à toi de CHOISIR. Tu peux te lancer tout de suite dans des rapports sexuels, sans amour et sans avenir. Tu peux attendre d’avoir un copain ou une copine. Ou tu peux attendre le mariage et de vous aimer vraiment, totalement et pour toujours. Qu’est qui peut te rendre le plus HEUREUX ?

Comment réussir sa sexualité ?
-La sexualité, c’est comme une plante, elle grandit doucement. Il faut donc prendre le temps. Des relations sexuelles faites trop tôt entrainent des problèmes et des difficultés. D’abord au niveau physique : grossesse indésirée, difficulté pour accoucher, fausse couche etc… Mais aussi des problèmes psychologiques. Quand on est trop jeune, on n’est pas encore capable de se donner, parce qu’on ne se possède pas encore soi-même. Il faut prendre le temps de grandir.

Les relations sexuelles faites trop tôt et avant le mariage entraînent des problèmes : les maladies sexuelles, y compris le sida que l’on n’arrive pas à soigner pour le moment, les grossesses indésirées, les mariages sans amour, etc.
Des garçons disent : « de toutes façons, moi je ne risque rien. Même si je fais des rapports sexuels, je ne serai pas enceinte ». C’est vrai que le garçon ne tombe pas enceinte. Mais s’il commence à faire des relations sexuelles pour s’amuser, sans amour, il va prendre de mauvaises habitudes. Et ce sera très difficile pour lui, d’être un mari sérieux. (c’est vrai  aussi pour la fille). De plus, on ne lui fera pas confiance, et ce sera très difficile pour lui de trouver une femme (ou un mari) sérieuse. Enfin, les maladies sexuelles guettent les garçons, autant que les filles.
Pour les filles, elles risquent beaucoup, en jouant à ce qu’on appelle le 693 : 6 minutes de plaisir, 9 mois de grossesse et 3 ans de malheur.

Un homme qui a une grande jambe et une petite jambe ne peut pas marcher. Il faut que les deux jambes aient la même longueur (dessin). La sexualité c’est la même chose. Il faut que le cœur grandisse autant et en même temps que le corps. Sinon, la sexualité est déséquilibrée, et l’on va obligatoirement tomber. Ce n’est pas parce qu’une fille voit ses règles, et qu’un garçon entre en érection, qu’il est prêt pour autant à faire des relations sexuelles.

Il y a donc des étapes dans la vie et dans la sexualité. Et des gestes qui y correspondent (dessin). Au jardin d’enfants, les petits garçons et les petites filles sont ensemble. Pour eux, il n’y a pas de différence, ils chantent et ils dansent ensemble.
A l’école primaire déjà, les garçons se mettent d’un côté, et les filles de l’autre. On se regarde l’un l’autre à distance. Le geste qui correspond est de se serrer la main, quand on se voit. On est camarade.
Au collège, les garçons commencent à regarder les filles, et les filles cherchent à plaire aux garçons. Cela est bon, c’est normal. A condition de savoir ce que l’on cherche et de dominer sa sexualité. Les gestes qui correspondent à cet état là, c’est de se regarder, de se sourire mais sans aller plus loin. C’est la mixité.
Souvent au niveau du lycée, parmi tous les garçons, la fille en préfère un. Elle dit : « celui-là il n’est pas comme les autres ». De même le garçon est davantage attiré par une fille, il dit : celle-là je l’aime. On devient alors ami. On peut se montrer son amitié, en se tenant par les épaules. Et en étant assis l’un à côté de l’autre, pour pouvoir échanger les idées et mieux se connaître. Mais normalement, on ne va pas plus loin.
Lorsqu’on s’aime vraiment, à ce moment-là on s’engage l’un envers l’autre, ce sont les fiançailles et le mariage. Au moment des fiançailles, on peut se montrer son amour par des caresses, des baisers etc. Mais la relation sexuelle, normalement, se fait dans le mariage, car c’est un engagement. Pas seulement entre le garçon et la fille, mais envers les autres puisqu’on peut avoir un enfant, et que cet enfant a besoin d’une famille, pour être aimé et éduqué. Et aussi de la société, pour être enseigné, soigné….. L’union sexuelle c’est donc l’acte des gens mariés. Aller trop vite au niveau physique, cela ne peut que nous déséquilibrer, et apporter des problèmes.

-L’organe sexuel le plus important de l’homme et de la femme, c’est l’hypophyse, c’est-à-dire une glande qui se trouve à la base du cerveau (j’ai bien dit organe sexuel et non pas organe génital). C’est cette glande qui commande toute la vie sexuelle : les règles, le murissement de l’ovaire, la fabrication des spermatozoïdes, par l’intermédiaire des hormones. Si l’on veut commander à sa sexualité, cela se situe au niveau du cerveau, et non pas au niveau de l’appareil génital. Cela veut dire surveiller ses yeux, sa bouche, ses oreilles, et bien sûr ses pensées. Parce que tout ce que tu regardes, cela rentre dans le cerveau. Tout ce que tu dis, vient du cerveau. Tout ce que tu entends, entre également dans le cerveau. Si tu maintiens des pensées impures et le désir sexuel dans ta tête, l’hypophyse sera excitée et tu ne pourras plus rester tranquille. Cela vient de tes lectures, de tes conversations, des films que tu regardes, des pensées que tu as dans ta tête. C’est à ce niveau-là, que tu dois être clair. Et alors, tu peux commander ta sexualité. Mais si tu regardes des films pornos, tu danses, bien collés et sans respect, dans des boites où on éteint les lumières, si  entre vous vous ne parlez que des filles (ou des garçons), alors c’est sûr, tu ne pourras pas rester tranquille.
On pourra mener ici toute une réflexion sur les films, les artistes, les soirées dansantes, etc…
« Toi le garçon, tu peux regarder les filles. Mais qu’est-ce que tu regardes chez elles ? Et à quoi tu penses ? Qu’est ce que tu veux faire avec elles ? Car il y a beaucoup de belles choses que l’on peut faire ensemble, entre garçons et filles. Pas seulement des rapports sexuels »
« Et toi la fille, qu’est-ce que tu montres aux garçons ? Comment tu t’habilles ? Si tu montres seulement tes formes physiques au garçon (ton corps), il va s’amuser avec tes formes. Et quand il t’aura ‘déformée’, il te jettera ! Mais si tu cherches à plaire au garçon par tes idées, il va venir échanger des idées avec toi, il va t’aimer, et vous serez heureux ensemble ».

-La sexualité c’est comme une maison à construire. Pour construire une maison (dessin), il faut d’abord poser des fondations. Si les fondations ne sont pas solides, la maison ne tiendra pas. Ensuite, il faut monter les murs. Et c’est seulement quand les murs sont terminés que l’on peut poser le toit. Si l’on met le toit avant de monter les murs, le toit va tomber sur les habitants, et va les écraser. Qu’est-ce que cela veut dire pour la sexualité ?
Les fondations, c’est la camaraderie, l’amitié, la mixité, apprendre à vivre ensemble dans le respect et dans la joie.
Les murs ce sont les deux familles qui donnent l’éducation. Ce sont aussi les engagements, dans les mouvements et dans les autres groupes et associations, où on apprend à se connaître, et à travailler ensemble. C’est là que l’on apprend à aimer.
Le toit, c’est l’engagement dans le mariage. C’est la vie commune, et la relation sexuelle. Quelqu’un qui n’a jamais eu d’ami, et qui ne sait pas être camarade avec les autres, il n’a pas de fondation. Sa sexualité comme son mariage ne sera jamais solide, sauf s’il apprend à aimer par la suite. Quelqu’un qui ne s’est jamais été dans un mouvement, qui n’a pas été éduqué dans la famille, c’est comme une maison sans mur, pour porter le toit. Faire des relations sexuelles avant le mariage, c’est comme mettre le toit avant les murs. Le toit va te tomber dessus et t’écraser.

Dans nos traditions africaines, la sexualité était sacrée. Elle ne concernait pas seulement toute la vie et toute la personne, mais toute la grande famille, et même l’univers tout entier. Ainsi les anciens disaient que le soleil est mâle, et que la lune est femelle. C’est pour cela que dans la plupart des langues africaines, c’est le même mot qui désigne la lune et les règles de la femme. Ils disaient aussi que le ciel est mâle, et que la terre est femelle. Parce que c’est le ciel qui féconde la terre, par la semence qui est la pluie. Et ils en tiraient des conséquences. Par exemple ils disaient : si un homme suit une femme en brousse dans les champs et qu’il la viole (il la prend de force), ce n’est pas seulement la femme qui est salie, mais aussi la terre, et le monde tout entier : La femme a été violée, mais la terre sur laquelle on l’a violée, elle, elle est devenue stérile. Elle ne donnera plus de fruits. Il fallait faire un sacrifice aux ancêtres pour leur demander pardon, pour avoir à nouveau des récoltes.
C’est important de savoir, ce que les ancêtres disaient au niveau de la sexualité. Et de connaître l’éducation qu’ils donnaient à ce sujet, en particulier pendant l’initiation. Pour voir comment le garder et le vivre dans le monde d’aujourd’hui, d’une façon adaptée : le sens de la famille, de l’accueil, du partage, l’éducation des enfants, la pudeur, les vertus traditionnelles : teranga, yar, mun, teggin, kërsa, suttural, cër, etc. Savoir comment l’homme et la femme vivaient la sexualité autrefois, et voir ce qui a changé maintenant. Par exemple, avec les possibilités de régulation des naissances. Ainsi, on peut choisir combien avoir d’enfants, et quand. Et ;il n’est plus nécessaire d’arrêter les relations sexuelles, jusqu’à ce que l’enfant soit sevré. Mais sans oublier que les ancêtres demandaient à la jeune fille d’arriver vierge au mariage. Et donc aux garçons de respecter les filles !

Les cinq dimensions de la sexualité (voir mes livres : « Et pourquoi on n’aurait pas de relations sexuelles ? « pour les jeunes, et « Comment réussir nos relations sexuelles ?» pour les gens mariés
1-L’amour
2-Donner la vie
3-Le plaisir. Le plaisir est bon, c’est Dieu qui l’a voulu. Quand Dieu donne Eve à Adam, il saute de plaisir devant Dieu.
4-La prise en charge réciproque et le soutien mutuel entre mari et femme.
5-L’engagement dans la famille et la société. C’est pourquoi il y a le mariage traditionnel ou coutumier et le mariage civil, avant le mariage religieux (sacrement). Le mariage civil lui aussi est important, car l’homme et la femme qui s’aiment ont envie d’être reconnus par la société. Et ils ont besoin de la société pour vivre, en particulier pour éduquer les enfants, les envoyer à l’école, pour se soigner et soigner les enfants etc. Mais il faudrait unir davantage ces 3 mariages.
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Pour la dimension chrétienne, voir en particulier ce que dit Paul : « Vous êtes les temples du Saint Esprit » (1° Cor 6,12 à 7,40). Voir aussi le Cantique des Cantiques, et ce que j’ai dit dans mes livres précédents. Et aussi la Genèse, le Cantique des Cantiques, l’histoire de Tobie, Matthieu 18, 19, 1ère aux Corinthiens 12, Colossiens 3, …


L’amour 
Aimer qu’est-ce que c’est ? (voir le livre du même nom, que j’ai écrit à ce sujet) : Laisser les participants répondre : les qualités de l’amour, son importance, ses conditions, etc…Comment savoir si un garçon ou une fille t’aime ? (voir mon livre : »Choisis ta fiancée »).
 Aimer, c’est vouloir bien sûr le bien de l’autre. Mais aimer, c’est aussi avoir un but commun dans la vie. Comme l’a écrit Saint Exupéry : « S’aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction ». Aimer c’est se soutenir dans ses engagements réciproques et prendre des engagements communs : avoir une maison ouverte à tous, où les gens peuvent trouver la paix et le bonheur.

Il y a beaucoup de faux amours. D’abord l’amour commercial, les 5 V : villa, voiture, vidéo, virement et voyage : » Si tu me construis une villa, tu m’achètes une voiture, tu me payes une vidéo, tu me fais un virement à la banque et tu m’envoies en voyage, alors chéri je t’aime ». Il y a beaucoup de gens qui disent qu’ils aiment, en fait ce qu’ils cherchent, c’est l’argent : des filles qui se vendent pour de l’argent, et des garçons qui achètent des femmes avec leur argent. Ce n’est pas mieux ni d’un côté, ni de l’autre.
Il y a l’amour boite de sardines : je suis en voyage, j’ai faim, je vais chez un commerçant, je lui donne l’argent, je prends la boite de sardines, je l’ouvre, je mange et je la jette. Il y a des garçons qui prennent les filles, comme une boite de sardine. Il lui donne l’argent pour l’acheter, il la prenne, il l’ouvre, il mange et il la jette. La fille, il faut la respecter, ce n’est pas une boite de sardines. Mais il y a des filles qui se vendent comme des boites de sardines, sans connaître leur valeur et leur dignité.
Il y a l’amour« ceebu jën ». Quand tu dis : j’aime le « ceebu jën, qu’est-ce que tu aimes ? Tu n’aimes pas le poisson, tu aimes ton ventre. Si tu aimais le poisson, tu le laisserais se déplacer tranquille et heureux dans la mer, mais tu le prends, tu le tues, tu le cuis et tu le manges. Tu cherches donc ton plaisir à toi. Tu dis à l’autre : je t’aime, mais c’est ton plaisir que tu cherches. Il y a ainsi beaucoup de gens qui font l’amour « ceebu jën «.

En tout cas il faut savoir ce que l’on fait, et comment on se conduit dans la vie. il y a des garçons qui sont des caméléons. Ils changent de fille d’après l’endroit où ils vont, comme le caméléon change de couleur. Il y a aussi des garçons qui sont des haut parleurs, ils parlent bien mais ils n’aiment pas en vérité, ils cherchent seulement à tromper les gens.
Mais la fille de son côté ne doit pas faire l’éléphant. L’éléphant a une grosse tête mais un petit cerveau. Il a de petits yeux et de grandes oreilles ; et il a une grande trompe. Il y a beaucoup de filles qui se laissent tromper par les garçons. Quand les garçons viennent leur parler en leur disant : « chérie tu es belle, je t’aime, je n’ai jamais vu une fille comme toi », elles ferment les yeux, elles ouvrent de grandes oreilles d’éléphant, et elles ne savent plus réfléchir. La fille n’est pas un éléphant. Si un garçon te dit : je t’aime, regarde d’abord comment il vit et ce qu’il fait pour toi. Regarde aussi comment il se conduit avec les autres, pas avec toi. Car toi, il cherche à te plaire, donc il va cacher ses défauts. Regarde comment il est dans la famille et dans le quartier. Car si tu veux te marier avec lui, bien sûr, il faudra connaître d’abord sa famille. Et c’est la même chose pour le garçon.

S’aimer, c’est se donner l’un à l’autre : se donner soi-même, et pas seulement donner des choses. Dans la relation sexuelle, ce n’est pas la femme seulement qui doit se donner à son mari, mais le mari qui doit aussi se donner à sa femme dans l’amour, et non pas la prendre.
Il y a trois façons d’écrire « je t’aime ».
-          JE t’aime
-          je T’aime
-          je T’AIME
Qu’est-ce que cela veut dire ?

-Dans le 1° : JE t’aime, JE en majuscule « je pense à moi (JE) et non pas à l’autre ».
-Dans le 2° : je T’aime, « je T’aime toi » mais avec un petit amour.

- Ce que l’on doit chercher, c’est d’aimer l’autre avec un grand amour, comme dans le 3° : je T’AIME



Intervention au conseil paroissial de la paroisse de Pikine, du 27 juillet 2014
Voici ce que nous avons dit : être chrétien c’est suivre Jésus. Regardons ce que Jésus fait, dans l’Evangile d’aujourd’hui. Il prie sur la montagne, mais il fait attention à la foule : Il a pitié d’elle, Il guérit les malades, Il nourrit ceux qui ont faim. Quand les apôtres lui disent : « Renvoie les gens, pour qu’ils aillent s’acheter à manger », Jésus leur répond : « Donnez-leur vous-même à manger » (Matthieu 14, 16). C’est cela que nous devons faire, nous aussi. D’abord bien sûr, prier. Et dans notre paroisse nous prions beaucoup, il y a beaucoup de groupes de prière. C’est certainement très bien. Mais cela ne peut pas suffire, et ne doit pas nous faire oublier notre travail de chrétien : avoir pitié de nos frères, aider les malades, ceux qui ont faim, tous ceux qui souffrent, comme Jésus l’a fait. Il faut donc prier mais aussi agir. En effet, à la fin du monde, Jésus nous demandera : « J’ai eu faim, j’ai eu soif, j’étais malade, j’étais en prison, j’étais étranger, qu’est-ce que tu as fait pour moi ?». Et Il dira à ceux de la gauche : « Toutes les fois que vous n’avez pas aidé ces petits, vous ne l’avez pas fait pour moi non plus » (Matthieu 25, 45). C’est donc clair. Nous serons jugés sur ce que nous aurons fait pour nos frères et pour nos soeurs, qui sont aussi les frères et les sœurs de Jésus.
Dans notre paroisse, il y a énormément de groupes, d’associations, de mouvements, de chorales, de fraternités, etc. Nous remercions tous ceux qui travaillent, dans ces différents groupes. Mais il n’y a pas assez d’organisation, ni de coordination, dans notre paroisse. Chacun se lève, et fait ce qu’il veut, quand il le veut, comme il le veut.
Ensuite, on ne choisit pas de priorités, on ne sait pas ce qui est le plus important. Un exemple : au dernier trimestre, nous avons voulu faire une récollection, pour les élèves de toutes les écoles de notre paroisse. Mais nous n’avons pas pu trouver un seul dimanche de libre, parce que chaque dimanche, il y avait des fêtes, des sorties, des jumelages ou d’autres choses. A tous les niveaux : paroissial, ville, doyenné, diocèse. Pourtant nous savons bien qu’il y a beaucoup de problèmes dans nos écoles, surtout les écoles officielles et les écoles privées laïques : il y a des grèves, des manques de professeurs, des manques de fournitures, des élèves malades ou nécessiteux. Nous avons bien vu les mauvais résultats au Bac et aux autres examens, cette année. C’est donc très important que les élèves chrétiens se retrouvent, pour voir ce qu’ils peuvent faire avec leurs autres camarades, pour faire avancer l’école, et la rendre meilleure. Mais on n’a pas pu trouver de temps pour cela.
Nous remercions les différents groupes, pour ce qu’ils font. Mais il faudrait apprendre à être ensemble, et savoir quelles choses il faut faire en premier. Par exemple, cette année, nous avions tous décidé en conseil paroissial, que le jeudi serait réservé aux rencontres des CEB. La CEB, c’est la famille chrétienne, tout le monde en fait partie. C’est la CEB qui doit faire avancer le quartier, y annoncer l’Evangile et aider les gens. Mais il y a par exemple des chorales, qui continuent à faire leurs répétitions le jeudi. Cela veut dire que ces choristes ne vont jamais aux réunions de CEB. Comment peuvent-ils faire prier et chanter les gens les dimanches, sans jamais se retrouver avec les frères et sœurs chrétiens de leur quartier ? A ce moment-là, est-ce que tu ne quittes pas la famille chrétienne ?
De même, on a demandé que chaque groupe envoie au moins un délégué à la CARITAS, pour voir comment aider les nécessiteux, en commençant part ceux de notre propre groupe. Et aussi, dans la commission Justice et Paix. Mais beaucoup de groupes, de mouvements, de chorales, de fraternités, et même de CEB n’y ont jamais envoyé personne. Est-ce que tous les chrétiens ne doivent pas être charitables ? Est-ce que tous ne doivent pas travailler, pour la Justice et pour la Paix ? Pas seulement personnellement, chacun de son côté. Mais ensemble, en communauté. Est-ce qu’il n’y a pas des manques de charité et de paix, et des injustices, dans ces différents groupes ? Les chorales, les mouvements, les fraternités c’est très bon. Mais cela doit nous aider à faire notre travail de chrétien, et non pas nous en empêcher.
Bien sûr, beaucoup de chrétiens, membres de ces différents groupes sont charitables. Ils aident ceux qui souffrent autour d’eux. De même, ils cherchent à vivre d’une manière juste. Et à conseiller les autres. Mais cela reste au niveau personnel. Il n’y a pas d’action communautaire. Les groupes et communautés ne s’engagent pas en tant que tels. La conséquence c’est qu’ils ne forment pas leurs membres, et ne les soutiennent pas en ce sens. Nos actions manquent d’efficacité.
Beaucoup de chrétiens aiment venir à la paroisse pour se rencontrer. Cela aussi c’est très bon. Mais Jésus nous dit : « Allez dans le monde entier », Il nous envoie vers nos frères. Nous avons rappelé que les CEB sont des communautés de quartiers, qui doivent essayer d’animer le quartier, en travaillant ensemble avec les non chrétiens. Mais en fait, notre Eglise est centrée sur elle-même. Et donc, elle n’est pas missionnaire. Dans nos CEB, on fait des partages d’Evangile, c’est très bien. Mais ces partages ne débouchent pas sur des engagements dans les quartiers.
La conséquence, c’est que nous ne prenons pas nos responsabilités de citoyen au sérieux. Là aussi, nous avons donné quelques exemples. Le jeudi avant les élections, on avait prévu une rencontre de réflexion sur les programmes et les choix des candidats, dans chacune des CEB. Mais la coordination des jeunes a organisé ce soir-là une soirée. Et toute la semaine était prise par leur semaine culturelle. Alors qu’on était en plus, en pleine période d’examen. Au même moment, les CV-AV ont organisé des fêtes 3 dimanches de suite. Et les chorales, des concerts et des choralies cette même semaine. Avec toutes ces répétitions et toutes ces fêtes, quand les élèves on-ils eu le temps de préparer leurs examens ? D’ailleurs on a bien vu les résultats, par exemple au baccalauréat. Nous sommes chrétiens, mais nous sommes d’abord des hommes et des femmes citoyens. Et pour les jeunes, des élèves. Il faut que nous apprenions à prendre au sérieux, nos responsabilités citoyennes et nos études. On a lancé des groupes de travail à la paroisse. Mais peu d’élèves y participent. Ils attendent la semaine avant l’examen, pour faire une neuvaine, ou faire bénir leur bic. Cela ne peut pas suffire.
Beaucoup de groupes et de mouvements ont bien travaillé pendant toute l’année. Mais nous ne comprenons pas pourquoi, ils attendent la fête du Christ-Roi pour commencer leurs activités (quand ce n’est pas en janvier !). Alors que le cardinal demande à tous les prêtres, même les nouveaux nommés, de commencer le travail  le 1° octobre. Et pourquoi, au mois de juin, ils font des fêtes de clôture. Est-ce que Dieu part en vacances ? De même nous comprenons que les catéchistes arrêtent l’enseignement de la catéchèse pendant les vacances, mais faut-il arrêter pour autant, la prière des enfants le dimanche ?
Tous les CV-AV du doyenné se sont rencontrés pour une fête de fin d’année, le jour de la Fête-Dieu. Cela veut dire qu’ils n’ont pas participé à la procession de la Fête-Dieu, ni dans leur paroisse, ni à Pikine. Pendant ce temps-là, ils chantaient et ils dansaient sur le terrain de sports.
Nous avons eu tout au long de l’année des choralies. C’est certainement une bonne chose, cela permet de dire merci à Dieu. Mais si une choralie, ce sont vraiment des chants religieux, faut-il la faire dans un Centre Culturel ou bien à l’Eglise ? Est-ce normal de demander de l’argent pour une choralie (sauf si c’est pour une action caritative, mais pas pour être partagé entre choristes) ? Et surtout, est-ce normal qu’après une ou deux heures de chants, la choralie se transforme en soirée dansante ? Est-ce que nous ne sommes pas entrain de déformer complètement notre religion ?

Alors que faire ? Nous sommes repartis de ce que Jésus disait, dans la maison de prière de Nazareth, quand Il a commencé sa mission (Luc 4, 18-21) : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, Il m’a choisi, pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, Il m’a envoyé, pour annoncer aux prisonniers, qu’ils vont être libérés. Dire aux aveugles qu’ils vont voir, et que tous ceux qui sont écrasés vont être relevés. Et pour annoncer une année de bonheur, de la part du Seigneur ». Et Jésus ajoute : « C’est aujourd’hui, que ces paroles se réalisent ». Voilà donc notre travail de chrétien : chacun d’entre nous personnellement, mais surtout ensemble en communautés : annoncer la Bonne Nouvelle, aider les pauvres, libérer ceux qui sont écrasés, consoler ceux qui pleurent, délivrer tous ceux qui sont prisonniers dans leurs corps, mais aussi dans leur esprit et dans leur cœur. Avec l’aide de l’Esprit Saint.
Mais ce que l’on voit trop souvent dans la paroisse, ce sont les fêtes. Les fêtes c’est bien, cela nous donne la joie. Mais à condition que l’on ne fasse pas que cela. Et qu’on respecte les conditions. Ainsi les CV-AV ont fait trois fêtes de clôture à la suite, au mois de juillet : une pour le doyenné, une pour la paroisse, et une avec les anciens CV-AV. Est-ce que le premier travail des CV-AV, ce n’est pas l’évangélisation du monde des enfants ? Et de tous les enfants, musulmans comme chrétiens. L’autre week-end, il y a eu quatre fêtes en même temps dans la paroisse : le samedi nuit à Pikine, une choralie suivie de soirée dansante ; à Thiaroye un concert ; et le dimanche, une fête des CV-AV à Thiaroye et un xawaré du GRAPE à Pikine. On a l’impression que ce qui est devenu important pour les chrétiens, ce sont les fêtes. Quand va-t-on trouver du temps pour l’Evangélisation et la construction du Royaume de Dieu ? Et pour s’engager dans la société ? Et déjà, pour bien faire son travail ou ses études, et participer à la vie de la famille ? On est tout le temps en répétitions et en préparation. Beaucoup de chrétiens regrettent de ne pas être assez formés. Mais quand on organise des formations, ils n’ont pas le temps ! Là aussi, il faut savoir ce qui est important.
Et plus grave encore, dans ces fêtes on cherche surtout à gagner de l’argent. Mais il faudrait nous demander sérieusement : pourquoi nous voulons de l’argent, et comment nous l’utilisons ? Car cet argent ne sert souvent qu’aux membres du groupe, quand il n’est pas partagé, ou mangé. Nous nous sommes rappelés, ce que Zachée disait à Jésus (Luc 19, 1-7) : « Si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais le payer quatre fois. Et ce que j’ai, je vais en donner la moitié aux pauvres ». Est-ce que nous ne devons pas faire la même chose, avec l’argent que nous gagnons dans nos soirées dansantes, nos xawaré et autres fêtes payantes ? Mais la plupart du temps, l’argent gagné est mangé à l’intérieur du groupe, pour de nouvelles fêtes, ou des sorties. D’abord, si on fait un concert religieux, pourquoi faut-il payer ? Est-ce qu’on ne peut pas faire un concert gratuitement, pour  chanter Dieu ensemble ? Mais dans notre paroisse chaque groupe veut faire des activités, pour gagner de l’argent. Il n’y a pas de gratuité, ni de bénévolat. Pourtant, Jésus  nous a bien dit : « Ce que vous avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement » (Mat 10,8). Nous savons qu’il y a  beaucoup de gens qui aident ceux qui les entourent, avec beaucoup de courage. Et nous les remercions au nom de Dieu. Mais le problème, c’est au niveau des communautés-CEB, des mouvements et différents groupes chrétiens, qui ne s’engagent pas en tant que tel. En oubliant que le 1° commandement de Jésus, et même le seul, c’est celui de la charité.
Si on veut fait une choralie, est-ce qu’on ne doit pas se demander d’abord, à quoi va servir cet argent ? Nous voyons que dans d’autres paroisses, l’argent gagné aux choralies a été donné, par exemple à l’hôpital Royer des enfants. Ou bien, pour l’aumônerie des prisons. Ou encore, pour des formations, des projets, ou des actions d’évangélisation. Les chorales disent : « on a besoin d’argent pour faire des photocopies ». C’est normal. Mais est-ce la seule chose qu’on doit faire avec notre argent ? Il vaudrait mieux faire moins de photocopies. Et prendre des chants que tout le monde connaît, pour que l’assemblée puisse chanter à la messe, au lieu de rester en silence, sans participer. Souvent l’argent est dépensé dans des fêtes ou des tee-shirts et des tenues, mais pas pour aider, même pas ceux  du groupe, qui ont des problèmes : les pauvres, les malades, les étudiants qui n’ont pas de quoi payer leur inscription à l’université, les élèves qui n’ont pas de quoi s’acheter des fournitures, les jeunes qui veulent commencer à travailler mais qui n’ont pas de matériel, etc.
Lorsqu’on demande aux CEB et aux autres groupes et mouvements, de l’argent pour lancer un petit projet de développement (AGR, atelier, petit commerce…), aider des malades ou d’autres personnes en difficulté, ils disent qu’ils n’ont pas de moyen. Mais pour la fête patronale de la paroisse, chaque CEB va donner 50 000 francs, en plus des billets à vendre, et d’un grand xaware (un de plus !). Et en plus, chaque CEB veut faire sa propre fête patronale. Et là, on trouve de l’argent, pour faire un grand repas. Même les élèves trouvent de l’argent pour acheter des tee-shirts et des casquettes, et payer le voyage et la participation aux JMJ et au pèlerinage. Tout cela c’est très bien. Mais pourquoi on ne trouve pas d’argent pour soutenir des projets, et aider les pauvres. Comme le dit Jésus : » Il faut faire cela, mais sans oublier le reste qui est plus important » (Mat 23,23).
De même, on dépense beaucoup trop d’argent pour les baptêmes, les premières communions et les mariages. Cela devient une grande fête, où on ne pense plus qu’à manger, boire et danser, sans respect pour le sacrement. Et où on cherche à se montrer, sans penser à Jésus Christ, ni aux autres. C’est pour cela que nous avons proposé de faire des mariages simples, et si possible des mariages groupés, pour diminuer les frais. Et demandé aux chorales de venir chanter gratuitement, comme ils le font pour la messe le dimanche. Nous remercions beaucoup ceux qui ont eu le courage de commencer, sans avoir peur de ce que diront les autres.
Enfin, dans les CEB et partout, il est important de prendre nos responsabilités. Cette année, on a demandé aux CEB d’accueillir les nécessiteux, de parler avec eux de leurs problèmes et de commencer à faire quelque chose pour eux. Ensuite, on pourra voir ce qu’on peut ajouter, au niveau de la paroisse et de la Caritas. Mais on envoie les personnes en difficultés directement à la paroisse, sans même voir quels sont leurs problèmes.
De même, c’est dans la CEB qu’on doit chercher à réconcilier les gens. Mais beaucoup de chrétiens, dès qu’ils ont un problème, partent tout de suite au commissariat de police, à la gendarmerie ou au tribunal, où ils dépensent beaucoup d’argent inutilement, où ils sont souvent jugés sans justice. Ils font honte à notre Eglise. Pourtant, au début de l’année, nous avons bien expliqué ce qu’est une CEB. Et tout le monde était d’accord. Jésus nous a dit : » Si ton frère fais le mal, dis-le à la communauté » (Mat 18,17). Et Saint Paul demande : » Est-ce qu’il n’y a pas parmi vous, un sage, capable de régler vos problèmes ? » (1° Cor 6,5).
Nous avons eu trop de problèmes ces derniers temps. Car il y a de plus en plus de violences dans nos quartiers. Et même dans notre communauté chrétienne. Nous avons décidé de lancer une réflexion approfondie, pour des actions concrètes dans ce domaine. Nous attendons les propositions.
Pour cette année pastorale, nous allons continuer à mettre en pratique le 3ème Plan d’Action Pastorale. Pour cela, nous allons commencer par une formation, avec tous les responsables de tous les groupes de la paroisse, pour expliquer à nouveau les quatre objectifs de ce projet, et voir quelles actions mener. Merci et bon courage à tous.
                                                       



CONCILE de VATICAN 2, …. 50 ANS APRES
REFLEXIONS SUR LA CONSTITUTION APOSTOLIQUE  GAUDIUM et SPES (GS) :« L’EGLISE DANS LE MONDE DE CE TEMPS »
Chapitre 8 : L’écologie : environnement et respect de la Création
Vous pouvez lire d’abord  (mon site : http://armel.duteil.free.fr/ rubrique : Vatican 2, 50 ans)
le chapitre 1 LE CONCILE VATICAN 2  Introduction générale
le chapitre 2 COMPRENDRE LE CONCILE VATICAN 2 AUJOURD’HUI

le chapitre 3 : L’EGLISE DANS LE MONDE DE CE TEMPS  Introduction au document  

le chapitre 4 : 1° Partie : L’Eglise et la vocation humaine (n°1à 45)
le chapitre 5 :  2° Partie,1 : La dignité du mariage et de la famille (n° 46 à 52)
le chapitre 6 :  2° Partie,2 :L’essor de la Culture (n° 53 à 62)
le chapitre 7 :  2° Partie,3 :L’économie (n° 63 à 72)
Voici le plan de ce chapitre :
Introduction : travail et écologie
Définition de l’écologie 

LA SITUATION DU MONDE 
Le manque de respect de la terre
L’agriculture 
Le problème de l’eau
La pêche 

QUE FAIRE ?
Vivre d’une manière plus simple
Lutter contre les feux de brousse 
Reboisement 
Des communautés qui se prennent en main
Lutter contre la corruption
Justice pour les hommes et justice pour l’environnement  

ECOLOGIE ET FOI CHRETIENNE
L’homme est libre, et donc responsable de la Création
Savoir se limiter
Entrer dans l’Alliance de Dieu avec le monde
Lutter contre la pauvreté 
La réconciliation avec la Création
Arrêter la colonisation de la nature 
Apporter une espérance 
Vivre l’écospiritualité
Les religieux 

ENVIRONNEMENT  ET REFLEXIONS RELIGIEUSES
La création 
La première Alliance
Jésus, le Christ, Roi et Sauveur de toute la Création
Saint François d’Assise
Le document GS « l’Eglise dans le monde de ce temps 
L’enseignement des papes
L’écologie et l’Eglise catholique
Les autres Eglises chrétiennes 
Un point de vue musulman :
Les religions traditionnelles :

ANNEXES
Carême écologique 2013 : Le message des évêques du Sénégal…
Le Pacte des Catacombes
Cantique des Créatures de Saint François d’Assise
Yann Arthus-Bertrand : la Terre vue du ciel
Pierre Teilhard de Chardin
Le changement climatique, une menace pour la santé humaine en Afrique


 Introduction : travail et écologie ((rappel du chapitre 7).
Au moment du Concile, les évêques étaient très optimistes, ils avaient confiance dans la science et les progrès de la technique (des machines). Ils voyaient que les chrétiens s’étaient repliés sur eux-mêmes. Ils ont donc décidé de voir le bon côté de la société, pour redonner confiance et espérance aux chrétiens. Si bien que dans notre document, on a parfois l’impression, que le progrès technique de la société et la foi chrétienne seraient unis l’un à l’autre, et avanceraient ensemble. Au bout de 50 ans, on voit bien que les progrès techniques, avec toutes les machines, n’ont pas toujours servi la foi chrétienne. Ils n’ont même pas servi à rendre les hommes plus heureux, ni la société meilleure. Mais ce qui nous sauve, c’est l’espérance, c’est le Christ. Son Evangile nous permet de voir, ce qu’il y a de bon dans le progrès. Il nous montre comment se servir de ce progrès, pour le bien de tous les hommes. A nous maintenant de nous engager dans la société, avec les hommes de bonne volonté, pour réaliser cela : que le progrès serve vraiment au bien  de tous les hommes, en particulier les plus pauvres et les petits.
Le centre de toute la vie économique (le travail et l’argent) et sociale (la vie en société), c’est de respecter la dignité (la valeur) de la personne humaine. Aujourd’hui, les machines nous permettent de mieux diriger le monde. Mais l’organisation de l’économie devient de plus en plus difficile. Les pays dépendent de plus en plus les uns des autres. C’est pourquoi il faut un contrôle politique plus grand, sur les affaires économiques. En effet l’organisation de l’économie (le travail et l’argent) a amené beaucoup de difficultés, pour de nombreuses personnes. Elle a écrasé les pauvres, et leur a fait perdre leur dignité. Pour lutter contre cela, l’Eglise a donné des idées, qui doivent aider à changer la vie économique des pays.
1.       L’économie ne doit pas chercher seulement, à augmenter de plus en plus les richesses. Elle est au service des hommes. L’économie a sa façon  de travailler, mais elle doit respecter la morale et chercher le bien (GS 64). Au moment du Concile, dans les pays communistes, l’économie était planifiée. C’est-à-dire que les choses étaient organisées et dirigées par l’Etat, et non pas par des personnes individuelles. Celles-ci manquaient de liberté et ne pouvaient pas prendre toutes leurs responsabilités. En Europe de l’Ouest et aux Etats Unis, jusqu’à maintenant, c’est le marché libre. Mais souvent, c’est une fausse liberté, où les forts et les riches écrasent les petits, et profitent des pauvres. Pour l’Eglise il faut trouver l’équilibre, entre une économie planifiée et le marché libre. Il faut donc organiser les marchés, pour bien utiliser ce qu’on produit. D’abord au niveau du pays même ; mais aussi au niveau du monde entier. Pour que ces marchés servent vraiment au bien de tous.
2.       Le plus important dans l’économie, c’est le travail. Le travail de l’homme est uni au travail du Christ, qui sauve le monde. Tout homme a donc le droit d’avoir un travail. Et chacun doit travailler en faisant le bien. Et en respectant la terre.
3.       Il faut mettre en place des lois sociales, pour protéger les pauvres et les personnes en difficulté. Mais il faut faire attention, à ce que cela ne pousse pas les gens à devenir paresseux, et à profiter des autres (mendicité et parasitisme).


Le travail n’est pas la fin et le but de toutes les choses. Il est au contraire au service des hommes. Il sert à construire la société. On doit donc partager les résultats du travail avec tous. Il faut aussi savoir s’arrêter pour se reposer. L’homme a fait beaucoup de progrès dans la manière de travailler. Il a inventé beaucoup de machines. C’est une très bonne chose. Mais le danger, c’est qu’avec la force de ces machines, on va trop utiliser la terre, la fatiguer et finir par la casser. Ce que l’homme doit chercher, ce n’est pas d’avoir de plus en plus de choses, mais de mieux vivre grâce à ces choses.
La propriété privée (avoir des choses pour soi) c’est ce qui permet à la personne et à la famille d’être indépendante. C’est une partie de la liberté. Mais la société a besoin aussi de biens, pour faire le bonheur de tous, spécialement des plus faibles et des plus pauvres. Il faut donc trouver un équilibre entre les biens de chacun (la propriété privée) et les biens publics de la société toute entière. Dans tout cela, nous ne devons pas oublier, ce que notre document GS disait déjà dans la première partie, au sujet de l’homme. Par son travail, il participe à l’action de Dieu dans le monde (34). Le progrès est bon, à condition de ne pas chercher seulement notre intérêt personnel, mais de penser aussi aux autres (37). C’est en nous donnant aux autres de tout notre cœur, que nous réussissons notre vie (24).

Dans le chapitre 7, nous avons parlé du rapport de l’homme aux choses : le travail. Un des principaux textes sur ce sujet, c’est la lettre « Laborem exercens » du Pape Jean Paul 2. Il explique que Dieu a donné à l’homme la responsabilité d’ « organiser » le monde. Ce qui nous amène à parler de l’écologie.
La science et la foi : L’intelligence de l’homme ne s’arrête pas aux seules choses visibles. Il est capable de comprendre aussi les choses que l’on ne voit pas… C’est dans la connaissance de la Sagesse de Dieu, que l’intelligence de l’homme devient parfaite. Car la Sagesse entraîne l’esprit de l’homme avec force et douceur, pour qu’il recherche le bien et le vrai. Et ainsi l’homme passe de ce qui est visible, à ce qui est invisible.

Définition de l’écologie : Le mot écologie vient de deux mots grecs oikos et logos , qui signifient respectivement maison ou habitat et science. L’écologie est donc la science de l’habitat au sens large, autrement dit la science de l’environnement, de notre maison la terre. On parle alors d’écosystème.
Qu’est-ce que l’écologie humaine ? C’est une écologie totale, qui comprend la personne humaine avec tout ce qui l’entoure : son environnement naturel (la nature) et social (la société). . L’écologie humaine est un appel adressé à chacun d’entre nous, pour prendre ses responsabilités, par rapport au monde qui l’entoure ». Au sens chrétien, cela veut dire que le Christ n’a pas sauvé seulement les hommes, mais tous les êtres vivants de cette terre. On parlera alors d’écospiritualité.
NB : Il y a beaucoup de mots qui vont ensemble : la terre, l’environnement, la nature, l’écologie l’univers, le monde, la création, l’écosystème, etc.
Actuellement, on parle de plus en plus du respect de la terre et de sa protection. Nous avons déjà expliqué que les biens de la terre sont pour tous. Le n° 30,2 de notre document parle de l’écologie indirectement : » Plus le monde devient uni, et plus les devoirs de l’homme dépassent les petits groupes, pour s’étendre peu à peu à l’univers tout entier. Cela ne peut se faire, que si les personnes et les groupes font grandir autour d’eux le bien, et les qualités morales de la vie en société. Alors, avec la grâce de Dieu, des hommes nouveaux se lèveront qui construiront une société et une humanité nouvelle ».
C’est vrai que le Concile Vatican 2 n’a pas beaucoup parlé de l’écologie, parce qu’à cette époque, on n’avait pas encore bien vu le problème. Mais ce qui est encore plus grave, c’est que l’on a mal compris ce qu’a dit le Concile, quand il dit que les hommes doivent dominer la création (n° 69 + 63). Et que l’homme doit soumettre la terre, et ce qu’elle contient (n° 34 + 57). Maintenant, c’est à nous de faire avancer les choses, à partir des nouvelles connaissances d’aujourd’hui, et avec les nouvelles lumières que Dieu nous donne.


LA SITUATION DU MONDE :
Ce qui se passe dans le monde, nous le savons : la couche d’ozone, qui protège la terre des rayons du soleil, disparaît. Elle est brûlée par les gaz de nos machines. La terre se réchauffe de plus en plus. Et il y a de plus en plus de plantes et d’animaux qui disparaissent pour toujours, à cause de nos usines et de tout ce que nous utilisons. Et aussi à cause des feux de brousse, qui non seulement réchauffent la terre, mais salissent l’air. Le pétrole et les matières premières vont finir par disparaître, car on les utilise trop. Bien sûr, tout cela a des conséquences sur notre vie. Mais malgré cela, nous continuons d’augmenter notre croissance économique, et ce que nous produisons (le PIB : Produit Intérieur Brut). Nous voulons relever notre niveau de vie : avoir de plus en plus d’argent, et de choses à utiliser. Les pays pauvres veulent profiter des progrès de la vie moderne et du confort, comme les pays développés. A commencer par les pays émergents (qui sortent de la pauvreté). C’est normal. Mais si on ne change pas notre façon de vivre, il y aura de plus en plus de pollution (de saletés), et la terre sera de plus en plus cassée. Pourtant nous ne voulons pas refuser le progrès. Nous voulons vivre de mieux en mieux, et profiter des progrès de la science. Mais nous dépendons de la terre sur laquelle nous vivons. La terre est notre mère. Nous ne pouvons pas nous en servir, sans penser à nos enfants, et sans nous demander : quelle terre allons-nous leur laisser ?
Certains disent « le problème de l’environnement, ça n’existe pas ». Ou bien : « c’est le problème des européens, pas le nôtre ». Pourtant nous voyons bien que, même chez nous, le climat change, la mer attaque nos côtes, l’harmattan a presque disparu, il y a des vents de sable et le désert avance. En ville, on ne voit plus les étoiles, à cause des fumées que nos machines envoient dans l’air. Les maladies se multiplient, et de nouvelles maladies apparaissent. A cause de la pollution, et de toutes les saletés que nous envoyons dans l’air.

Le manque de respect de la terre :

 Actuellement dans le monde, il y a beaucoup de problèmes, économiques et autres (la crise mondiale). Malgré tout, l’Afrique a su s’en sortir et rebondir (la résilience). Sept des dix économies du monde, qui ont la plus forte croissance (qui augmentent le plus) sont en Afrique. Il y a de nombreuses ressources naturelles (de grandes richesses de la nature). Malheureusement, les bénéfices sont mal partagés dans la population, et même détournés. Comment utiliser ces richesses naturelles, pour supprimer la pauvreté ? Plusieurs chemins apparaissent aujourd’hui.
1.       Connaître les ressources naturelles. En 2012, a eu lieu à Addis Abeba, le huitième Forum sur le développement en Afrique. On y a insisté sur la bonne gouvernance à mettre en place, pour utiliser les ressources naturelles de l’Afrique : les mines, l’agriculture, l’élevage, les forêts, etc. Par exemple, l’Afrique produit les trois quart de la production mondiale de platine, et la moitié du diamant et du chrome. Et aussi beaucoup d’or, d’uranium et de pétrole. Mais les pays africains n’utilisent pas beaucoup ces produits, et ils ne les transforment pas sur place. C’est la première chose qu’il faudrait faire.
2.       60 % des terres ne sont pas cultivées. Beaucoup sont louées, et même achetées par des sociétés étrangères (l’accaparement des terres). Cela va empêcher la population d’avoir assez de terres à cultiver. Et donc elle n’aura plus assez à manger (la sécurité alimentaire). Et elle pourra encore moins produire elle-même sa nourriture (la souveraineté alimentaire). Il faut à tout prix régler cette question des terres en Afrique.
3.       Les forêts donnent la part la plus importante de l’énergie en Afrique (le bois et le charbon de bois). Les forêts couvrent 23 % du continent. La forêt du Congo est la 2ème du monde. Mais il faut protéger ces forêts, car elles sont attaquées de plus en plus.
4.       Il y a encore beaucoup de poissons dans les mers d’Afrique. C’est d’ailleurs pour cela que de nombreux  bateaux étrangers, européens et asiatiques surtout, viennent y pêcher. Mais ils détruisent les fonds. Bientôt il n’y aura plus de poissons pour les populations africaines. Alors que c’est la source principale de protéines actuellement. Et que la pêche donne du travail à beaucoup de personnes, et fait vivre de nombreuses familles.
5.       Actuellement les pays africains font venir de l’étranger, presque tous les intrants (les engrais), et même maintenant les semences. Et ils vendent leurs produits agricoles sans les transformer.
6.       Pour les mines, les bénéfices des 40 plus grandes industries minières ont augmenté de 150 % en 2010. Mais la part des pays africains n’a augmenté que de 60 %. Les plus grands bénéfices partent en Australie et au Canada. Les bénéfices de ces 40 plus grandes sociétés (110 milliards de dollars) font autant que les exportations de tous les  pays moins avancés africains (PMA).
7.       Actuellement, de plus en plus de groupes africains se révoltent, parce qu’ils ne peuvent pas profiter des richesses du continent. Dans les mines, il y a de nombreux conflits sociaux, avec parfois des morts, comme en 2012 en Afrique du Sud (34 mineurs tués à Marikana). Il faut que les mines, et toutes les autres richesses des pays africains, servent au développement du pays, et à une meilleure vie pour tous. Qu’elles ne soient pas seulement l’occasion de faire payer des taxes, qui profitent uniquement à ceux qui sont bien placés, dans le gouvernement et dans ces sociétés. Quand elles ne sont pas détournées, et envoyées dans des banques étrangères en dehors du pays, au lieu de servir au développement (investissement). Il faut donc revoir les contrats, et la façon dont sont organisées les mines.
8.       La Vision Minière Africaine (VMA) : en février 2009, des hommes d’état africains ont adopté cette VMA, pour une meilleure utilisation des mines, au profit de l’Afrique elle-même. Et que ses richesses profitent au développement de tous, sans casser l’environnement (la nature). Mais il faudrait que ce programme soit mieux connu, en particulier par la société civile (les citoyens). Pour qu’elle oblige les chefs des pays à la mettre en pratique, comme cela a été fait par exemple, avec succès, au Botswana. Sinon, la VMA restera un discours de plus, aussi inutile que les autres. L’espoir, c’est que la société civile se réveille, connaisse mieux les choses et agisse davantage.
                                                           
De plus en plus de personnes savent maintenant que nous sommes en train de casser la terre. Nous ne pourrons pas continuer à vivre comme maintenant. Ni utiliser de plus en plus les choses de la terre, en salissant le ciel, l’eau et la terre elle-même. Mais changer notre façon de vivre demande de gros efforts. C’est difficile. Jusqu’à maintenant beaucoup préfèrent continuer de profiter des richesses de la terre, sans réfléchir. Ils disent « on verra plus tard ». Mais surtout beaucoup de gens ne savent pas très bien comment faire, pour changer les choses. Alors ils ont peur de l’avenir. Il faut donc nous demander : quelle méthode utiliser pour changer notre manière de vivre ? Quels moyens utiliser pour cela ? Par quoi commencer ? Avec qui travailler ?

L’agriculture :
Quand le désert et la sécheresse avancent, il y a moins de pluie. Cela a des conséquences sur les récoltes et les productions de l’agriculture. Les premiers à en souffrir, ce sont les paysans, qui n’ont plus de quoi gagner leur vie. Mais certains paysans commencent à trouver des solutions, en revenant aux méthodes traditionnelles de production. Par exemple pour lutter contre l’érosion (l’usure des sols), ils plantent des arbres qui, en même temps rendent la terre meilleure. C’est ce qu’on appelle l’agro foresterie. Par exemple en plantant des acacias, qui perdent leurs feuilles au moment de la saison des pluies, ce qui protège la terre et la rend plus fertile. Alors, les cultures poussent mieux. Les paysans utilisent à nouveau des plantes qui poussent plus vite. Ou des espèces qui demandent moins d’eau, et qui résistent mieux à la sécheresse. Il y a aussi ce qu’on appelle l’agriculture partagée. On plante dans le même champ des plantes différentes, qui se complètent les unes les autres, et qui nourrissent la terre. Par exemple, le maïs et le haricot. A ce moment-là, on n’a plus besoin d’autant d’engrais, qui attaquent la terre. La production augmente, mais la terre reste bonne. Et on s’adapte en même temps, au changement du climat. Il faudrait aussi augmenter l’utilisation du fumier et du compost, et mieux utiliser l’eau que l’on a.
Actuellement, les grandes sociétés sont venues, avec des semences qui ont besoin de beaucoup d’engrais chimiques, qui coûtent cher. Elles utilisent des pesticides qui attaquent et tuent la terre (l’environnement, l’éco système), et qui sont dangereux pour la santé. Ces grandes sociétés utilisent beaucoup d’eau, alors qu’il y en a de moins en moins. Les paysans connaissent des semences locales traditionnelles, aussi bien pour la saison des pluies, que pour la saison sèche. Il faudrait développer les échanges, et la vente de ces semences. Mais les grandes sociétés internationales qui dirigent l’économie mondiale empêchent cela, pour garder leurs bénéfices et leurs avantages. Et les grands producteurs préfèrent payer les amendes à la pollution ou la taxe carbone, et continuer à polluer (salir) l’eau, la terre et l’air, pour gagner plus d’argent. Ils achètent de plus en plus de terrains (l’accaparement de terres), si bien que les paysans n’ont plus de terre pour travailler avec leur famille. Il faut à tout prix redonner sa place à la science traditionnelle des fermiers africains, et à leurs possibilités de s’adapter. Et inventer de nouvelles façons de travailler la terre (créativité)

Bien sûr, il faudra aussi changer les façons de faire, qui ne sont pas bonnes. Par exemple arrêter les feux de brousse. Utiliser moins de charbon de bois, qui supprime beaucoup d’arbres. Et pour cela utiliser davantage le gaz, au moins en ville, où c’est plus facile d’en avoir. Même si l’état doit le subventionner (en payer une partie du prix, pour qu’il soit moins cher). Bien sûr, on aura toujours besoin de bois, pour faire la cuisine et pour construire des maisons. Mais alors, à chaque fois qu’on coupe un arbre, qu’on en replante au moins deux. Ce qui en même temps, empêchera le désert d’avancer.
Le rôle principal de l’agriculture c’est de produire de la nourriture, et des matières de base à transformer. Mais s’il n’y a pas de routes, les paysans ne peuvent pas recevoir d’engrais, ni de semences. Et ils ne peuvent pas vendre ce qu’ils produisent. D’abord, la production agricole est faible. En plus, par manque d’une bonne organisation, une partie des récoltes est perdue. Il faut soutenir le développement agricole, avec de nouvelles techniques. Et mettre en place des services et des conseils, pour lutter contre les maladies des plantes et des animaux. Fournir de l’eau pour l’irrigation, avoir de meilleures semences et des moyens de conserver les récoltes, avoir des réserves alimentaires en cas de sécheresse ou de malheur (inondation, tremblement de terre etc.). Il faut organiser la vente (la commercialisation), qui demande des routes, des chemins de fer et des meilleures communications, et la mise en place de marchés modernes.

Il faut aussi une formation et une organisation des paysans. En particulier pour s’adapter aux changements du climat actuels. Pour cela, on a besoin de services spécialisés, qui les aident et qui les forment. Avec des solutions adaptées pour l’environnement : utiliser les énergies renouvelables, qui ne se finissent pas, et qui ne salissent pas l’air et la terre : le soleil, le vent, les rivières, la mer…et non pas le charbon, le gaz ou le pétrole, qui vont se terminer (qui sont non renouvelables), et surtout qui salissent et réchauffent la terre. Il faut lutter contre l’augmentation du carbone dans l’air, en plantant les plantes qui peuvent l’absorber. Et aussi utiliser es techniques d’irrigation qui économisent l’eau.


Le problème de l’eau

Il y a des sources d’énergie différentes, dans le monde. Quand l’une manque, on peut en chercher une autre. Mais sans eau, il n’y a pas d’agriculture possible. L’eau, c’est la vie et la santé. C’est la dignité de l’homme. Or la population augmente rapidement. Elle demande donc de plus en plus d’eau. Or, à cause du réchauffement de la terre et des activités humaines, il y a de moins en moins d’eau. 95 % de la nourriture en Afrique sous le Sahara, vient des cultures pluviales (à partir de la pluie), mais les pluies diminuent. Il faut donc, à la fois : économiser l’eau, pour ne pas la gaspiller ;  conserver les eaux de pluies, au lieu de les laisser partir dans la mer ; chercher de l’eau là où il y en a, au lieu d’attendre les pluies pour cultiver (l’irrigation).

A l’occasion de la journée mondiale du tourisme du 27-9-2013, organisée par l’ONU : « le tourisme et l’eau : protéger notre avenir », le Conseil Pontifical du Vatican pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, a demandé aux touristes « de penser à ce qu’ils font, et de réfléchir à leurs responsabilités par rapport à l’eau : tout n’est pas permis ». Il s’agissait d’éduquer les touristes, pour qu’ils comprennent mieux l’importance de l’eau, qu’ils ne la gaspillent pas, et qu’ils ne la salissent pas (la pollution). »Sans eau, il n’y a pas de vie. Malheureusement, on utilise de plus en plus d’eau, dans notre façon de vivre moderne. Alors qu’une personne sur trois dans le monde, vit dans un pays où on manque d’eau. En 2.030, la moitié de la population de la terre, manquera d’eau ». En effet, la terre se réchauffe de plus en plus, à cause des gaz de nos usines, de nos machines, des feux de brousse et des autres activités humaines. La terre devient sèche, les forêts qui attirent la pluie disparaissent, et le désert avance. Déjà maintenant, un milliard de personnes dans le monde, n’ont plus d’eau potable. Et ce nombre va continuer d’augmenter. De plus, l’eau est mal distribuée, elle est gaspillée, et elle est salie (polluée). Et surtout, elle est utilisée par certains, pour des choses moins importantes, comme laver les voitures, arroser les jardins ou remplir des piscines. Alors que d’autres personnes à côté n’ont même pas d’eau à boire.
Il nous faut donc penser à notre façon de vivre. Par exemple, les touristes (les gens qui vont visiter d’autres pays, en vacances). Ils peuvent jouer un grand rôle, pour nous apprendre à protéger la nature. Mais ils peuvent aussi casser notre terre,  personnellement en ne respectant pas la nature, mais surtout par les grands hôtels, que l’on construit et que l’on fait marcher sans respect de l’environnement. Il est donc très important, d’aider ces touristes à réfléchir, et à changer leurs idées et leur façon de se conduire. Même s’ils ont beaucoup d’argent, ils ne doivent pas gaspiller l’eau, et ils ne doivent pas la salir.
Tout cela montre bien, que le problème de l’eau, ce n’est pas seulement une question de technique, de machines ou d’argent. C’est une question sociale (une façon de vivre en société), et morale (chercher le bien de tous). Il faut absolument se rappeler, que les choses de la terre sont pour tous ses habitants, pas seulement pour quelques uns. Le droit à l’eau fait partie des droits humains : la terre est à tous. Il faut donc faire des lois, pour que tous les hommes puissent avoir l’eau, dont ils ont besoin pour vivre. Car tous les hommes ont la même dignité, et les mêmes droits. Ceux qui vivent en ce moment sur la terre, mais aussi, ceux qui viendront après nous : nous avons le devoir de leur laisser une terre, où ils pourront vivre. Cela touche aussi la religion. Nous en parlerons plus loin.
La pêche :

 Au Sénégal 17% de la population qui travaille vit de la pêche (600 000 emplois directs ou indirects).  La pêche fournit 70 % des protéines animales à la population, qui sont nécessaires pour vivre en bonne santé. Mais le réchauffement de la terre diminue le nombre des poissons en Afrique, car ils remontent vers les eaux plus froides en Europe. Et les bateaux  étrangers qui viennent pêcher chez nous, viennent diminuer encore plus le nombre des poissons. En plus,  nous jetons nos ordures, le carburant des bateaux, nos sacs plastiques et tout  ce dont  nous n’avons plus besoin dans la mer. La mer est devenue une vraie poubelle. Cela rend les populations de plus en plus pauvres, diminue les emplois et crée des chômeurs. Et cela diminue la nourriture pour la population. Il va falloir trouver d’autres moyens de vivre, pour tous ces pêcheurs qui vont se retrouver au chômage. Mais où les trouver dans un pays pauvre, et où le chômage est déjà très important ? Si on continue, il n’y aura bientôt plus de poissons dans la mer. Il faut à tout prix  faire des lois, pour empêcher les bateaux étrangers, de venir vider les fonds de nos mers, et détruire tous les poissons. Et des amendes et des punitions, pour les gens qui salissent la mer.
Beaucoup d’animaux et de plantes disparaissent maintenant, suite à l’augmentation de la population des hommes, qui ne laissent plus de place pour les animaux. Et à cause de la pollution, du réchauffement du climat, des produits chimiques et de l’exploitation des animaux et des plantes (par exemple la pêche en trop grande quantité). Ces animaux sont tués par les feux de brousse, mais aussi par la chasse. A la chasse, on tue même les petits et les femelles enceintes. Dans les rivières, on pêche même les petits poissons, qui n’ont pas le temps de grandir, et qui finissent par disparaître. Dans la mer, on pêche même les petits poissons, sans leur laisser le temps de se multiplier. Il va falloir à tout prix arrêter cela. Et faire de l’élevage d’animaux et de poissons (pisciculture).
Il faut donc à la fois un changement d’esprit dans notre relation avec la nature, et des décisions politiques pour arrêter le mal que l’on fait.

QUE FAIRE ?

Vivre d’une manière plus simple.

Cela veut dire diminuer notre consommation (l’utilisation que nous faisons des choses) : l’eau, l’électricité, le bois etc... Même s’il y a des consommations que nous ne pouvons pas arrêter, ni même diminuer. Mais tout le monde ne le fait pas. Et c’est très difficile de faire comprendre aux gens, que c’est très important. Des pays ont commencé à faire payer les usines, pour la pollution qu’elles créent. C’est ce qu’on appelle la fiscalité écologique : payer quand on ne respecte pas la nature. Par exemple, la taxe carbone quand on produit du gaz carbonique. Ou des taxes sur l’énergie fossile (par exemple le pétrole). C’est pour que les gens diminuent leur consommation, et pas seulement pour que l’Etat ait de l’argent pour faire marcher le pays. Il faudrait aussi taxer les autres activités qui polluent (salissent) la terre : les fumées, les gaz, es saletés, les ordures, les sacs plastiques…. Il faut arrêter de soutenir les travaux et les usines qui cassent la terre, mais aussi les feux de brousse, les arbres que l’on coupe sans en replanter d’autres…. Mais à cause de la compétition (la lutte  pour l’argent entre les sociétés et les pays), on ne peut pas leur faire payer des taxes ou limiter leurs activités, si les autres ne le font pas aussi, dans les autres pays. Personne ne veut commencer, et on continue comme avant !

Comment continuer à satisfaire les besoins des hommes, en diminuant ce qu’ils utilisent (la consommation) ? Il faut que l’on rende nos machines meilleures, pour qu’elles demandent moins de carburant. Il faut mettre plus de cars et de moyens de transport public (chemins de fer, etc.), au lieu que chaque personne utilise sa voiture. Car les trains, à eux seuls, transportent beaucoup de monde d’un seul coup. Et ils produisent moins de gaz, qui salissent l’air. Il faut aussi conserver les choses en bon état, pour qu’elles durent plus longtemps, au lieu de changer sans arrêt les choses que nous utilisons.

C’est surtout le carbone, qui réchauffe et salit l’air. Il faut donc diminuer l’utilisation du pétrole, qui de toute façon sera bientôt fini. Et utiliser davantage les énergies renouvelables (qui ne finissent pas), et qui ne salissent pas l’air : la force de l’eau des rivières et même de la mer, celle du vent (les éoliennes) et du soleil (les panneaux solaires), pour produire de l’énergie. Il faudrait utiliser des protéagineux pour la culture, plutôt que des engrais azotés. Et recycler (réutiliser après les avoir nettoyées) les eaux usées, par exemple dans des étangs filtrants. Il faudrait aussi permettre aux plantes et aux animaux de revenir : par exemple nettoyer les terres, faire l’irrigation et créer des lacs artificiels, mettre des cailloux dans la mer pour que les animaux puissent se reproduire, etc.
Bien sûr tout cela demande un gros effort d’explications et d’éducation, pour que les gens comprennent que c’est important, pour eux et pour l’avenir de leurs enfants. A ce moment-là, ils accepteront de faire les efforts nécessaires. Ensuite, il faudra  chercher des financements, car bien sûr tout cela demande de l’argent. Mais c’est pour notre avenir, et l’avenir de la terre entière. Et aussi former des gens, pour tout ce travail d’assainissement (propreté), de lutte contre la pollution (saleté), et pour l’écologie en général (la protection de la nature). Il faut donc protéger la Terre (l’environnement). Nous adapter au changement climatique (le réchauffement de la  terre), et aux difficultés qu’il entraine : les inondations, les tempêtes, le désert qui avance, les forêts qui diminuent, beaucoup de plantes et d’animaux qui disparaissent pour toujours. Les savants disent que, si on ne fait rien, dans les dix années qui viennent, entre 75 et 200 millions de personnes seront obligées de partir de chez eux, à cause du réchauffement de la terre, pour pouvoir continuer à vivre (la migration climatique). Cela va encore augmenter les problèmes de l’émigration dans le monde (les émigrés et les réfugiés).

C’est pour cela qu’on parle de plus en plus d’écologie  (les lois pour respecter la terre). Les chrétiens, parlent du respect de la Création (le monde que Dieu a créé).  Car nous sommes en train de finir les matières premières, et les autres richesses de la planète (le pétrole et les minerais, mais aussi les plantes et les arbres, les animaux et les plantes…). Il nous faut  diminuer ce que nous mangeons et utilisons (limiter notre consommation). Des partis « verts » apparaissent dans de nombreux pays, pour défendre la Nature. Car nous ne pourrons pas continuer à vivre et à consommer (dépenser), comme le font les pays riches aujourd’hui. Or les pays pauvres veulent devenir riches  eux aussi. C’est normal. Il faut donc se développer, mais d’une manière différente : chercher des énergies durables et renouvelables (qui ne se terminent pas), comme le vent, le soleil et la mer. Qui en plus ne salissent pas la terre (la pollution). Et qui ne sont pas dangereuses comme l’énergie atomique, qui a causé beaucoup de morts et de malheurs, par exemple il n’y a pas longtemps encore au Japon. Nous devons apprendre « à utiliser le monde dans un esprit de liberté, mais aussi de pauvreté » (GS n° 37).
Le développement durable, l’écologie, le respect de l’environnement, la protection de la planète, le respect de la Création… toutes ces expressions parlent de la même chose, vue de différentes façons : la réalité c’est que les hommes, les animaux et les plantes vivent dans des écosystèmes, où ils dépendent les uns des autres. Nous n’avons qu’une seule planète pour vivre. Nous devons la partager avec tous, ceux qui sont près et ceux qui sont loin, ceux qui vivent aujourd’hui et ceux qui viendront après nous. Les grandes orientations et décisions doivent être prises par les états, mais aussi par les sociétés, les collectivités locales, les associations et chacun d’entre nous… Déjà en 2001 le secrétaire  des Nations Unies, un africain, Kofi Annan disait : «  le grand défi de notre siècle, c’est de partir d’une idée théorique  (le développement durable), pour en faire  une réalité pour tous les peuples du monde ». Chacun d’entre nous a des choix à faire, et des questions à se poser chaque jour, dans toutes sortes de situations. Voyons quelques exemples d’actions à la base.
Lutter contre les feux de brousse 
Au Sénégal on brûle chaque année plus de 200 000 hectares de terrain. Cela diminue les cultures  et l’élevage. Ces feux sont causés par les hommes  et ils reviennent chaque année. Cela coûte environ 27 milliards de francs Cfa au pays (plus de  40 millions d’euros).  Les feux détruisent les plantes jusqu’en profondeur, cela empêche les  plantes de repousser. Et cela oblige les troupeaux à partir ailleurs,  car ils n’ont plus d’herbe à manger. Des récoltes sont brûlées, et même des villages. En plus, cela réchauffe la terre et  produit des gaz qui attaquent l’air (gaz à effet de serre). Le gouvernement a mis en place un plan d’action, qui cherche à faire participer les populations à la lutte contre les feux de brousse. D’abord, on a acheté des voitures légères pour transporter de l’eau, qui coûtent beaucoup moins chères que les grosses voitures, utilisées jusqu’à maintenant. On a mis en place des groupes de volontaires dans les villages, qui ont reçu une formation, pour faire réfléchir la  population, et pour empêcher les feux de brousse. En effet, ces feux sont souvent causés par la cuisine, le ramassage du miel sauvage, ou par les chasseurs pour faire sortir les animaux. On a donné à ces volontaires des moyens simples, pour lutter contre les feux de brousse : brouettes, coupe-coupe, rateaux, balais à feux, etc…
Le reboisement :
De même, aucune action de reboisement ne peut réussir, sans la participation responsable des populations : On veut qu’ils protègent les arbres contre les animaux et les feux de brousse, qu’ils en prennent soin, et qu’ils ne les laissent pas casser par les enfants. Pour cela, il faut que ce soit vraiment leurs arbres, qu’ils ont plantés eux-mêmes. Mais souvent dans les villages, les gens pensent plus à lutter contre les maladies, ou à trouver à manger, qu’à protéger la nature. Et quand ils voient que le désert avance, ou que les récoltes diminuent,  ils pensent surtout à prier Dieu, ou à faire des sacrifices aux ancêtres. C’est bon ! Mais est-ce qu’il ne faudrait pas, en même temps, changer de comportement, et lutter contre la destruction de la nature ? Beaucoup de jeunes ne savent même plus appeler un arbre, une plante ou un animal par leur nom, dans leur propre langue. Dans ces conditions, comment respecter la nature ? Au point de vue de la santé, beaucoup de nos enfants ne connaissent plus les plantes, qui servent à  nous soigner ou à nous nourrir, parce que celles-ci sont en train de disparaître complètement. C’est sûr que nos pays doivent se développer pour avancer : il faut lutter  contre la faim et la maladie. Mais pas en fatigant la terre, ni en cassant la création. Parce que, à ce moment-là, on obtient le résultat exactement contraire.
Education et engagement des élèves : Ceux qui ont une responsabilité dans l’éducation des enfants et des étudiants, doivent les faire réfléchir sur cette question de l’environnement. Pas seulement en enseignant,  mais en faisant  des actions pratiques : comme par exemple des camps de reboisement, pour planter des arbres pendant les vacances. Et que pendant ces camps, on ne se contente pas de planter des arbres. Mais qu’on forme les élèves. Et d’abord, qu’on écoute les gens du village eux-mêmes sur ces questions.
En Haïti, on a fait un calendrier écologique, avec des pensées et des phrases écologiques. Pour que chaque jour, en regardant le calendrier, les gens soient  appelés  à respecter la création. L’éducation peut aussi se faire par des radios locales ou communautaires, où c’est plus facile d’avoir la parole, que sur  les grandes radios nationales. Dans certains diocèses, on a mis des panneaux solaires sur les églises, les salles de réunions et  les presbytères, pour diminuer la consommation de carburant, et utiliser les énergies durables. On a appris aux gens à trier les ordures, et à en faire des engrais naturels. Il y a tellement de choses à faire ! C’est simple, et c’est possible. Il suffit de le vouloir
Des communautés qui se prennent en main
Dans  les années 1970, on a voulu aider les populations des villages  des pays sous-développés, en leur apportant du matériel et de l’argent. Mais cela les a rendus dépendants des pays étrangers. En 1972, on a créé en Inde, « l’Université des pieds-nus », pour permettre aux gens pauvres, d’agir par eux-mêmes. Déjà les villageois récupéraient l’eau des pluies, dans des fûts. On leur a appris  à récupérer l’eau, à partir des toits des maisons et des écoles, et  à faire  des réservoirs. A ce moment-là, ils ont pu cultiver pendant la saison sèche. Pour arrêter de couper les arbres, les femmes ont appris à faire la cuisine avec des fourneaux solaires. Puis elles ont cotisé, pour acheter des panneaux solaires. Cela a coûté cher au départ, mais ensuite elles ont fait des économies. Car elles n’ont plus eu besoin d’acheter du carburant  qui coûte très cher, pour les moteurs qui produisent de l’électricité. Avec ces panneaux solaires, on va même pouvoir enlever le sel des eaux de la mer. Ce sont les gens du village eux-mêmes qui font  ce travail, ils ont été formés pour cela.
Lutter contre la corruption :

Dans la plupart de nos pays africains, il y a une politique pour l’environnement. Mais cette politique n’est pas respectée, à cause des problèmes de pauvreté et de développement. Le gouvernement ne soutient pas les actions pour l’écologie, et la protection de la nature. On ne donne pas des moyens pour cela. C’est pour cela qu’il y a souvent des  problèmes, entre les gouvernements et les ONG qui travaillent pour la protection de la nature, et le respect de l’environnement. Dans beaucoup de nos pays, par exemple, on coupe des arbres sur des milliers d’hectares. En particulier, dans des pays dirigés par des dictateurs, qui sont souvent soutenus par des pays riches, et des sociétés internationales qui ne pensent qu’à leur intérêt. Un président honnête, et qui cherche le bien de son pays, ne se permettra jamais de faire cela.
Voici un exemple d’action menée ensemble en France, par des ONG chrétiennes et non chrétiennes : CCFD-Terre Solidaire, Oxfam France, One France, Partenia 2000, Secours Catholique-Caritas France, Sherpa, Survie, Info Birmanie, Membres de la Coalition « Publiez Ce Que Vous Payez – France ». Elles ont écrit dans le journal Le Monde du 17-9-2012 : L’Europe-doit-en-finir-avec-la-corruption-du-secteur-extractif. 
« Nous, citoyens préoccupés par le pillage des revenus, liés à l’exploitation des ressources naturelles, demandons aux dirigeants et députés européens, d’imposer la transparence aux entreprises pétrolières, gazières, minières et forestières. Des règles européennes ambitieuses permettront de mettre fin aux pratiques opaques, des grands groupes et gouvernements corrompus, qui favorisent les intérêts privés, au détriment des populations, maintenues dans la pauvreté »

Cette action a duré de nombreuses années. Finalement, le 13-6-2013, les Etats européens ont demandé aux entreprises du pétrole, du gaz, des mines et des forêts, de dire combien ils gagnent d’argent, combien ils en donnent à l’Etat, et ce qu’on fait avec cet argent. Cela pour lutter contre la corruption et les détournements d’argent. Et pour arrêter le pillage des ressources de la nature, qui finissent les richesses de la terre.  Car la plupart des pays où il y a des mines, du pétrole,  du gaz ou des forêts, il y a des gens qui sont devenus  très riches d’un seul coup. Et ils ont mis cet argent dans des banques  à l’étranger, au lieu  de l’utiliser pour la santé, le travail et l’éducation  des populations du pays. Déjà les Etats Unis ont voté des lois pour cela. Maintenant, c’est l’Europe qui le fait. Car il y a  un milliard et demi de personnes  dans les pays pauvres, qui doivent vivre  avec moins de 2 dollars par jour (1000 f Cfa), alors que d’autres sont très riches.
Justice pour les hommes et justice pour l’environnement :
En conclusion, protéger l’environnement, c’est une question de justice. C’est ce que nous rappelle la Doctrine Sociale de l’Eglise (voir le compendium, qui comprend un chapitre entier sur l’écologie). Il nous faut donc continuer à travailler dans ce chemin. Cela nous demande de partager les biens de la création avec tous. Sur cette question, notre document GS nous rappelle au n° 69 : « Les formes de propriété sont différentes, selon les peuples et selon les moments. Elles peuvent changer. Mais on n’oubliera jamais, que les biens de la terre sont pour tous ». Cela veut dire, qu’il faut chercher le bien de tous les hommes. Mais aussi le bien de tous les êtres vivants, et de la création toute entière. Cela demande une action de tous les hommes et de tous les peuples, dans le monde entier, en pensant aux plus pauvres. D’abord parce que ce sont souvent les plus riches qui salissent (qui polluent) la terre, mais ce sont les pauvres qui en supportent les conséquences. Ensuite, si on veut que les pays pauvres mettent en place des moyens de développement qui respectent la nature, il faut leur donner les moyens pour cela. C’est l’intérêt de tous. Par exemple, comme je l’ai expliqué plus haut, donner aux paysans, les moyens de lutter contre l’érosion (l’usure) de la terre. Leur apprendre à utiliser les engrais naturels, plutôt que les produits chimiques. Leur enseigner des manières de cultiver, qui respectent la terre, et ne la fatiguent pas, etc… Mais toujours en partant de ce qu’ils savent déjà eux-mêmes. Et en leur donnant la responsabilité de ces actions.
Ce qui est vrai pour les paysans est vrai aussi, pour toutes les autres activités de l’homme et de la femme. En particulier, pour les gens qui vivent dans les bidonvilles. Sinon, pour vivre, ils seront obligés d’utiliser tous les moyens, jusqu’à fatiguer et casser l’environnement. Par conséquent, il faut lutter contre la pauvreté. Il nous faut apprendre à utiliser les moyens modernes, pour le bien de l’homme et de la nature, et non pas contre eux. Pas en les attaquant et en les cassant.
Tant qu’il n’y aura pas la paix entre l’homme et la nature, il n’y aura pas de vraie paix sur la terre. Car il y a une relation, entre la façon dont nous nous conduisons envers les hommes, et la façon dont nous nous conduisons avec la terre. Et aussi, entre la façon dont nous vivons notre sexualité, et dont nous respectons la fécondité de la terre. Nos ancêtres nous ont enseigné que le monde entier est sexué. Le ciel est mâle, et la terre est femelle. Le soleil est mâle, et la lune est femelle. Dans beaucoup de nos langues, c’est le même mot qui désigne la lune, et les règles de la femme. C’est pourquoi, ils interdisaient de faire des relations sexuelles en plein air, dans les champs, par respect pour la terre. Ils disaient aussi, que si un homme suivait une femme à la plantation, pour la violer (la prendre de force), ce n’était pas seulement la femme qui était salie, mais aussi la terre. Et qu’il fallait faire des sacrifices, pour demander pardon aux ancêtres. Sinon la terre ne donnerait plus de récolte. Il s’agit donc de respecter à la fois, les hommes et la nature. Et de refuser de les exploiter (en profiter), ou de les faire souffrir, l’un comme l’autre. Et de les prendre pour notre propre plaisir, ou notre intérêt personnel. Le respect de l’environnement doit nous amener à respecter davantage les hommes. Par exemple, à quoi ça sert d’arrêter de tuer les bébés baleines, si on continue à tuer les jeunes bébés humains, dans le ventre de leur mère, par l’avortement ? Ou les grands malades, qu’on n’arrive pas à soigner  (l’euthanasie)?

II) ECOLOGIE ET FOI CHRETIENNE
 Les chrétiens eux aussi, pensent de plus en plus à l’écologie (la protection de la terre, pour sauver le monde que Dieu nous a donné), surtout chez les plus jeunes. Cela a pris de l’importance dans les années 1960, au moment du Concile. C’est Teilhard de Chardin  en particulier, qui a développé ce qu’on a appelé la théologie de la création. Ensuite, il y a eu le grand rassemblement des différentes religions chrétiennes à Bâle en Suisse, en 1989, sur le thème : « Paix, Justice et Sauvegarde de la création ». Depuis, les commissions Justice et Paix se sont mises en place. Le Pape Jean Paul 2 a parlé de l’écologie, en particulier dans le message pour la journée de la paix du 1er Janvier 1990.  
Les  problèmes de la destruction de la nature, et les solutions techniques sont connues. Bien sûr il faudra continuer à les étudier, et nous tenir au courant. Mais ici, nous voudrions davantage développer  une réflexion chrétienne. A quoi Dieu nous appelle-t-il, à partir de notre foi, sur tous ces problèmes ?
La question de l’écologie est une question de vie et de mort. Pas seulement pour les personnes, mais pour la création toute entière. Nous croyons que Dieu est la source de la vie. Et que Jésus est venu nous libérer de la mort, et de tout mal. Il est donc absolument nécessaire que,  nous les chrétiens,  nous fassions quelque chose, ensemble avec  tous les autres hommes, pour faire vivre la Création. En comprenant bien ce qui se passe. Par exemple, le réchauffement de la terre n’est pas causé par des lois de la nature, qui auraient changé. Mais par notre soif, d’avoir toujours plus de choses et d’énergie. C’est cette soif, qui nous pousse à salir et fatiguer la terre. C’est ce désir que nous devons apprendre à commander, comme tous les autres désirs de notre cœur et de notre société. Il nous faut donc changer notre façon de vivre, pour diminuer notre consommation (l’utilisation que nous faisons des choses). Et aussi pour penser davantage aux autres. Les religieux et les religieuses nous en montrent un chemin, par leur vœu de pauvreté et leur vie en communauté. Il nous faut avoir une nouvelle idée plus large, et mieux adaptée à notre vie actuelle, sur le péché et la souffrance. Ne pas respecter la nature, c’est un péché, et même très grave. Saint Paul nous  rappelle que la nature elle-même souffre à cause de nous, et du mal que nous lui faisons. (Rom 8,22) Nous devons apporter l’espérance chrétienne, également dans ce secteur de la vie des hommes et du monde.
Jésus est venu dans le monde. Il a pris en charge toute la vie du monde, il a guéri les malades. Mais Il a aussi guéri la nature : il a calmé la tempête. Nous croyons en lui, nous devons donc continuer son travail. Nous sommes  responsables, de tout ce qui se passe dans le monde. Notre monde est malade, nous devons chercher à le guérir, avec la force de Jésus. En agissant à tous les niveaux : personnellement, mais aussi au niveau social et communautaire. Et dans tous les secteurs : la prière,  l’économie, l’éducation,  les médias, sans oublier la politique. Sinon nous péchons par omission, comme nous le disons dans le « je confesse à Dieu ». C’est cela notre devoir de solidarité, avec tous les hommes  et toute la création, auquel  Jésus notre grand frère nous appelle. Aujourd’hui, Jésus pleure sur le monde que nous détruisons, comme il a pleuré sur Jérusalem (Luc 19- 41).
 Mais la question n’est pas simple. Dieu dit à Adam et Eve, dans le premier chapitre de la Genèse : « Dominez la terre, et soumettez-la ». Comment comprendre cela ? Est-ce que l’homme doit se servir de la terre, sans réfléchir et sans se limiter ? Et l’utiliser avec force ? En la faisant souffrir. Et donc rendre la terre malade et pauvre ? Est-ce qu’il ne doit pas au contraire la protéger, et aussi la faire grandir (la rendre meilleure et plus belle) ? Il est sûr qu’un chrétien doit respecter la terre avec ses plantes et ses animaux, et le monde tout entier (l’univers). Mais que faire pour cela ? Le mot « écologie » veut dire respecter les lois de la nature. Cela fait partie de la nouvelle culture, dont nous a parlé le Concile (voir le chapitre 5). Elle demande non seulement une nouvelle relation des hommes avec la nature, mais une nouvelle façon de comprendre le monde et de le respecter. Il s’agit de garder l’harmonie (l’entente et l’union) de tout ce qui existe sur la terre, et même dans l’univers tout entier : la matière, les plantes et les animaux, la terre et le ciel et ce qu’il y a sous la terre. Ce qui devient alors important, ce n’est plus de dominer et de commander, mais d’être en communion avec la nature et de la respecter. Essayons de mieux comprendre cela.

1-L’homme est libre, et donc responsable de la Création

Certains disent que tout va bien, et qu’il n’y a même pas de problème écologique. D’autres  disent « il faut avoir confiance en Dieu, il protègera notre terre ». Mais depuis le début du monde, Dieu nous a confié la terre. Il nous a dit de prendre nos responsabilités, en nous appuyant sur les nouvelles connaissances de la  science, et les moyens que les  techniques modernes  nous donnent. Et en pensant aux personnes et aux pays les plus pauvres qui souffrent le plus de la situation actuelle. Nous ne devons donc pas oublier ce que dit aussi le Livre de la Genèse (1, 26) : « Dieu crée l’homme à son image, et à sa ressemblance ». L’homme est responsable de la création, mais il doit s’en servir comme Dieu le veut. Et comme Dieu lui-même le fait (à son image). Saint Irénée explique : « Dieu a tout créé d’une manière libre ».
L’homme a donc une place spéciale dans le monde. Il est libre, à l’image de Dieu. Cela veut dire qu’il doit réfléchir à ce qu’il fait. Car en agissant dans le monde, il continue l’action de Dieu qui a créé ce monde. Il faut donc bien comprendre ce que veut dire ce mot « dominer le monde ». On peut dominer avec force, et même avec méchanceté, en pensant seulement à soi-même et pas aux autres. Mais dominer cela peut vouloir dire aussi diriger, mais en respectant, en éduquant et en faisant grandir. C’est à l’homme de choisir, comment il va se conduire avec la nature. A l’exemple de Jésus, qui est le Roi du monde. Mais qui se met au service des hommes : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir ! »

2-Savoir se limiter

Tu dois manger à ta faim. Mais s’il y a beaucoup de nourriture, tu ne vas pas tout manger, jusqu’à t’en rendre malade. Tu manges à ta faim, mais tu en gardes pour demain, et tu partages avec les autres. C’est la même chose pour les richesses de la nature. Il s’agit de partager la terre avec tous, comme Dieu a partagé sa création avec nous. Nous devenons capables de nous priver, parce que nous pensons aux autres, et à nos enfants qui viendront après nous. C’est cela notre responsabilité.
Dieu a créé le monde, et il nous l’a confié (il nous l’a donné avec confiance). Mais il reviendra nous demander ce que nous avons fait du monde, comme dans l’histoire du maître qui part en voyage (Matthieu 25,14-30). Nous devons donc développer la terre (augmenter nos talents), mais pas la casser. Et savoir la laisser se reposer (ce qu’on appelle la jachère, que les anciens savaient très bien respecter).Comme Dieu qui a créé le monde en six jours, mais qui s’est reposé le 7ème jour. C’est même l’une des raisons du Sabbat chez les Juifs, et du Dimanche chez les chrétiens.
L’une des vertus chrétiennes les plus importantes, c’est la tempérance. C'est-à-dire de savoir limiter l’utilisation que nous faisons des choses, et vivre d’une manière simple. JESUS nous demande de chercher DIEU, et non pas à avoir de plus en plus de choses : « Ne vous demandez pas sans arrêt : qu’est-ce que nous allons manger ? Qu’est-ce que nous allons boire ? Avec quoi nous allons nous habiller ? Votre  PERE du ciel sait très bien, que vous avez besoin de tout cela ! Cherchez d’abord le Royaume de DIEU et sa JUSTICE, et vous aurez  tout le reste en plus » (Mt 6,31).
JESUS Lui-même nous a donné l’exemple d’une vie simple. Et Il a demandé à ses apôtres, de tout quitter pour le suivre. Et alors, ils recevront cent fois plus en récompense (Mt 19,29). Pour JESUS, les personnes sont plus importantes que les choses. Et les richesses doivent être utilisées, comme DIEU  le veut, et pour le bien de tous. 
Les causes les plus profondes, du manque de respect  de notre environnement, se trouvent donc dans le cœur de l’homme (le péché) : la peur de manquer, le désir d’avoir toujours plus (la cupidité), la volonté de se montrer devant les hommes (l’orgueil, etc…. Nous ne pourrons pas guérir la terre, si nous ne commençons pas par guérir notre propre cœur. C’est bon d’avoir des choses, surtout ce qui est nécessaire pour vivre. Mais c’est mauvais, quand quelques uns cherchent à prendre tout ce qu’ils peuvent, pour eux. Et que les autres n’ont plus assez, pour vivre d’une façon digne de l’homme (lettre de JEAN PAUL 2 sur la question sociale n°22 et 31).
3.Entrer dans l’Alliance de Dieu avec le monde
Quand Dieu crée le monde, il fait Alliance avec les hommes, mais aussi avec « tous les êtres vivants qui sont avec les hommes » (Genèse 9, 12 + 16). N’est-ce pas un appel pour l’homme, à faire alliance lui aussi, avec tous les êtres vivants : les respecter, et vivre en paix avec eux, pour conduire toutes les créatures vers Dieu ? Au lieu de casser la terre, et tout ce qu’elle contient.
L’homme doit donc, non seulement respecter la terre, mais lui faire confiance et l’écouter. Et éviter de la faire souffrir, comme nous l’ont d’ailleurs enseigné nos ancêtres. Ils appelaient la terre « notre mère », et ils la respectaient. Il ne faudrait surtout pas perdre cette idée importante, que les anciens nous ont enseignée. La terre n’est pas seulement une matière à utiliser, c’est le lieu où reposent nos ancêtres. Elle est vivante, elle nous donne la nourriture. Mais alors, il faut la faire vivre, et non pas la tuer. Nos morts continuent à vivre dans la terre. Et les génies et les esprits sont présents dans le ciel, pas seulement les mauvais mais aussi les bons. Ils sont sous le pouvoir de Jésus Christ, qui est le Maître de toutes les choses, mais qui les domine avec amour et pour le bien, et non pas pour le mal  ou pour les faire souffrir. C’est cela que nous devons faire nous aussi, comme Jésus, et avec son aide. C’est cela notre travail : faire réussir le monde et garder le respect, l’équilibre et l’entente, entre tous les êtres de la création de Dieu. C’est cela que le monde entier attend, et pas seulement les hommes. Comme le dit Saint Paul (Romains 8, 22) : « La nature pleure: elle est dans la douleur de l’accouchement, elle attend une création nouvelle ». C’est aussi ce que nous dit le prophète Isaïe : Dans le monde que Dieu veut, « le loup habitera avec l’agneau. Et on ne fera plus de mal, ni de violence (méchanceté) sur ma montagne sainte » (65, 25). Jean Paul 2 disait en 1990, dans son message  pour la Journée Mondiale de la Paix ‘la Paix avec Dieu Créateur, la Paix avec toute la création’ : « Actuellement  on se rend compte du manque de respect pour  la nature, qui met la Paix du monde en danger. Il faut donc faire grandir le respect de l’écologie, par des programmes de formation et  des actions qui conviennent ». Et les évêques  de France ont écrit en 2008 : « Le devoir de notre temps, c’est de  sauver la création. Car nous sommes unis aux hommes de partout,  nous partageons la même création. Il ne s’agit pas seulement de faire des règlements, pour ne pas trop fatiguer la terre. Ce qu’il faut c’est une vraie Alliance, avec Dieu et avec toutes les créatures. C’est pour être fidèle à cette Alliance, que nous changeons notre façon de vivre. Pour respecter l’Alliance que Dieu a faite avec toutes les choses créées, et pour y participer.

 Le but de la formation à l’écologie sera donc
1.       De nous apprendre à reconnaître la beauté du monde, et à célébrer sa richesse et sa grandeur, en disant merci à  Dieu.
2.       De faire comprendre que l’on est actuellement en train de détruire notre terre.
3.       De montrer que les changements du climat sont causés principalement par les hommes.
Quatre  choses peuvent nous permettre de bien comprendre, ce à quoi  Dieu nous appelle : L’expérience de la pauvreté, l’importance de la communauté et de la réconciliation, la fin de la colonisation, et la nécessité d’avoir une espérance et un but dans la vie, pour nous-même et pour notre société.
Lutter contre la pauvreté :
Nous cherchons à faire grandir la vie,  en respectant la terre et en respectant les pauvres. Ces 2 choses vont obligatoirement ensemble. Quand nous cherchons à vivre d’une vie simple, nous ne pensons pas seulement à nous-mêmes. Nous nous rappelons que nous sommes au service du monde, pour le bien de tous. Chacun là où il est, avec les qualités que Dieu lui a données. En nous laissant conduire par le Saint Esprit. Nous sommes tous enfants de Dieu, nous ne pouvons donc pas accepter, que certains pays riches consomment toute la richesse de la terre. Et qu’ils ne laissent plus rien aux pays pauvres. Et en plus, ces pays pauvres doivent   supporter les conséquences du mauvais comportement des pays riches : La destruction de la couche d’ozone qui protège la terre des rayons du soleil, à cause des gaz. Le réchauffement du climat à cause de la trop grande production de carbone,, qui entraîne la fonte des glaces, les inondations, les tornades, l’avancée du désert, les plantes et les animaux qui disparaissent. La pollution par les produits chimiques qui salissent et tuent la terre, et même les déchets atomiques. Nous en avons des exemples chaque jour, dans les journaux, la radio et la télévision, internet et les autres media. Car ce ne sont pas les pays pauvres, qui sont les principaux responsables de la pollution et de la détérioration  de l’environnement,  mais bien les usines des pays riches. Même si dans ces pays pauvres, il y a aussi des choses à changer, par exemple les feux de brousse, et la chasse et la pêche sans limite, comme je l’ai expliqué plus haut. On ne peut pas accepter non plus, que certains s’enrichissent et consomment de plus en plus, sans penser à leurs frères et à leurs sœurs, qui vivent dans la pauvreté.
Il nous  faut mettre en place une autre forme de société, où les hommes formeront une communauté, et auront le même projet (les mêmes idées et le même but pour le monde). Où tous les hommes seront unis entre eux, mais aussi à la nature et à toute  la création. Pour vivre ensemble, dans le respect  de toutes les formes de vie, et de la dignité de tous les hommes. Cela rejoint l’action de Dieu, depuis le début du monde. Et c’est en  rapport direct avec le Royaume de Dieu, que Jésus a fait venir sur la terre, et que nous voulons continuer à construire. Car l’homme n’est pas séparé des autres créatures : nous vivons tous ensemble, et nous avons le même avenir. Mais l’homme, en tant que créature intelligente,  a  la responsabilité de rendre la création meilleure, et de la faire monter vers Dieu.
La réconciliation avec la Création :
Dans nos communautés chrétiennes de base (CCB-CEB), nous cherchons à vivre ensemble, et à trouver des solutions à nos problèmes, en apportant quand c’est nécessaire le pardon et la réconciliation. Ce que nous faisons  dans nos communautés de quartier, nous devons aussi le faire, avec la création  toute entière. Nous cherchons à respecter les plus pauvres, et ceux qui sont écrasés et  utilisés (exploités). Nous cherchons à faire grandir, une réconciliation avec les créatures de la terre, dont nous faisons partie. Nos efforts de libération ne doivent pas s’arrêter aux hommes. Ils doivent rejoindre tout l’univers. Car notre terre,  et la création toute entière, sont elles aussi utilisées et écrasées. A l’offertoire de la Messe, nous offrons le pain et le vin  « fruit de la terre, et du travail des hommes ». C’est ce fruit de la terre et de nos engagements, le pain et le vin, qui deviennent le Corps et le Sang du Christ. Et au moment de la consécration, la 1ère prière eucharistique pour la réconciliation dit : « sachant qu’il allait tout réconcilier en lui, par le sang de la croix, il prit la coupe remplie de vin ». Le Christ ne  vient pas seulement réconcilier les hommes, mais toutes les choses   créées,  dont  le vin, fruit de la terre est le signe. Le Christ vient nous réconcilier entre nous, mais aussi avec la terre, et la création  toute entière. De même, la 2è prière eucharistique  pour la réconciliation dit : «avant de s’offrir à toi pour notre libération,  le  Christ prit le pain ». Jésus  n’est pas venu seulement libérer  les hommes,  mais aussi le pain, fruit de la terre,  signe de toutes les choses créées, et qui va devenir son corps ressuscité. Jésus nous appelle  à continuer son travail : « vous ferez ceci en mémoire de moi…Aide-nous à  préparer la venue de ton Règne, jusqu’au jour où nous serons devant toi…  Alors au cœur de la création nouvelle, enfin libérée de la corruption, nous pourrons chanter l’action de grâce du Christ à jamais vivant » (fin de la 1ère  prière eucharistique pour la réconciliation). De même nous disons  dans la 4ème  Prière Eucharistique : «  Père Saint, nous proclamons  que tu es grand et que tu as  créé toutes choses avec Sagesse  et par Amour. Tu as fait l’homme à ton image, et tu lui as donné l’univers, pour qu’en te servant  Toi son Créateur, il commande la création  …A nous qui sommes tes enfants, donne-nous l’héritage de la vie éternelle dans ton Royaume… avec tous  les Saints, et la création toute entière, enfin libérée du péché et de la mort. »

Arrêter la colonisation de la nature :
Dans nos pays, nous avons pu nous libérer de la colonisation et de l’esclavage, après beaucoup d’efforts et de souffrances. Mais nous continuons à coloniser la nature, comme on nous a colonisés nous -mêmes : nous soumettons la nature aux travaux forcés, et nous l’épuisons sans aucun respect de sa dignité. Pourtant elle est créée par Dieu lui-même,  autant que les hommes,  et même avant eux. Il nous faut donc changer nos idées et notre comportement, pour apprendre  à respecter la création, comme Dieu Lui-même la respecte. Il ne s’agit plus  de commander la terre et de la dominer, mais de vivre en paix et en harmonie avec elle, dans le respect et pour la faire grandir. Les comportements de force ne sont pas bons avec les hommes. Ils ne peuvent pas être bons non plus, avec la création. Les deux vont ensemble. Nous devons  faire avancer ces deux domaines en même temps, car ils dépendent l’un de l’autre. Il nous faut  apprendre à être bons, non seulement devant  les hommes, mais aussi devant la nature créée par Dieu : Car elle est le lieu de la présence de Jésus Christ, et c’est le Saint Esprit qui la fait vivre.  Lui qui déjà planait sur les eaux, au moment de la création, au début du monde (Gen 1, 2).
Apporter une espérance :
Bien sûr, nous sommes très loin de cela. Mais c’est cela que nous voulons atteindre. Nous avons confiance, car comme le dit St Pierre : « nous espérons des cieux nouveaux et une terre nouvelle  où la justice habitera » (2 Pi 3,13).  Si Dieu nous l’a promis, il nous donnera les moyens de le faire. Quand nous mettons  en place des communautés durables,  nous travaillons aussi  à un développement durable, qui n’est pas seulement une question de machine et de technique. Quand nous bâtissons des communautés ouvertes à tous, sans rejeter personne, nous apprenons du même coup à respecter toute la création. L’Apocalypse n’est pas la fin du monde, mais au contraire  le  début  d’un monde nouveau. C’est cela notre avenir.
Nous devons donc  faire grandir ensemble nos différentes relations : nos relations avec Dieu, nos relations avec les hommes, et nos relations avec la nature. En nous rappelant que nous sommes, nous aussi, de simples créatures,  au milieu des autres créatures.
Nous espérons que rechercher ensemble la protection de la terre, ce sera  un moyen pour réunir tous les peuples, tous les pays et toutes les religions, pour travailler ensemble. Dans la crise actuelle de l’environnement, la religion a un très grand rôle à jouer. Car il ne s’agit pas seulement d’une crise économique, mais bien d’une crise morale. Il faut revoir notre attitude, envers la nature. Et les religions peuvent beaucoup nous y aider.
Vivre l’écospiritualité

La première chose à faire pour l’environnement, c’est de diminuer les herbicides et les pesticides. Car ils tuent les plantes et les animaux, et ils brûlent la terre. Il faut laisser aussi les engrais chimiques, pour utiliser les engrais naturels. C’est ce qu’on appelle l’agro écologie : travailler la terre sans la casser, mais au contraire la protéger, et lui permettre de reprendre des forces. Il faut donc redonner sa valeur à l’agriculture et aux paysans ; aider les familles paysannes, plutôt que les grandes sociétés ; produire nous-mêmes notre nourriture, au lieu de l’acheter à l’extérieur (la souveraineté alimentaire) ; et nous adapter à l’augmentation de la population et au changement du climat. Mais nous les chrétiens, nous devons aller plus loin, et vivre l’écologie dans la foi. C’est ce qu’on appelle l’éco spiritualité.

La Bible dit que l’homme est le responsable du Paradis terrestre (Genèse). Il est l’intermédiaire entre Dieu et la terre, que Dieu a créée et lui a donnée. Il doit donc prendre soin de la nature, comme un bon jardinier. Et non pas la casser ou la détruire. Or, actuellement, avec toutes les usines et les machines, l’homme est entrain de casser la terre. Il faut à tout prix arrêter cela. Cela demande que nous soyons vraiment décidés à le faire. Et que nous soyons touchés jusqu’au fond de notre cœur, par ce qui se passe. Il ne suffit pas de connaître les problèmes de l’environnement. Il faut nous engager vraiment pour que ça change. Mais c’est toujours difficile de changer. Et il y a beaucoup de personnes et de sociétés, qui profitent de la terre, et qui refusent de penser aux conséquences. Elles pensent seulement à gagner plus d’argent. On a fait de grandes déclarations, par exemple au Sommet de Rio + 20  (20 ans après le premier sommet de Rio). Mais ce sont seulement des discours, sans vrai engagement. Ce sont seulement des promesses, sans contrôle ni moyen d’agir. C’est pourquoi, peu de choses changent.
Nous devons nous rendre compte, que la situation est très grave. On ne peut pas continuer à utiliser les richesses de la terre, comme on le fait maintenant. Et il faut agir vite. Nous sommes déjà en pleine crise. Par exemple, la couche d’ozone qui nous protège du soleil est déjà attaquée, et pleine de trous. La terre s’est déjà réchauffée, et les glaces fondent. Cela fait monter le niveau de la mer, qui attaque les terres. Cela amène aussi les cyclones, les tornades et les inondations. De nombreuses plantes et de nombreux animaux ont complètement disparus, et aussi des grandes forêts. Il ne suffit pas d’agir, au point de vue économique ou politique. Il faut changer les idées que nous avons, sur notre place dans le monde. Et nous rappeler ce que nos ancêtres nous ont appris : Le monde a une âme, la terre est sacrée. Ce n’est pas seulement une matière, dont on peut faire ce qu’on veut. Ou un objet qu’on peut utiliser, pour en profiter au maximum. La terre est notre Mère. Il nous faut donc une écologie intérieure, dans notre tête et dans notre cœur. C’est cela que l’on appelle l’éco spiritualité. Ce n’est pas le monde qu’il faut transformer, c’est d’abord nous-mêmes. Pour nos ancêtres, la nature était vivante, on devait la respecter. Mais en Europe, à partir du Moyen Age, on a oublié la dimension sacrée de la nature. On l’a considérée seulement comme une chose. On a chassé Dieu, les esprits et les ancêtres de la nature. Et à ce moment-là, on ne l’a plus respectée. Les bois sont devenus des arbres à abattre, pour faire du charbon de bois. Il n’y a plus de forêts sacrées.
Notre premier travail, c’est donc de revenir à cette idée spirituelle et vivante de la nature, qui est une création de Dieu. Pour évangéliser, on a lutté contre la sorcellerie et contre le fétichisme, pour se libérer des mauvais esprits: c’était une libération. Mais on a  lutté en même temps contre les religions traditionnelles. Et on a perdu le caractère sacré de la nature. Est-ce qu’on ne peut pas refuser la sorcellerie, et garder quand même le respect de la création ? Pour nous libérer des idées païennes sur la nature, est-ce qu’on est obligé de devenir matérialiste ? La nature n’est pas Dieu. Cela, c’était l’erreur du panthéisme. Mais Dieu est présent dans la nature. D’abord, parce que c’est Lui qui l’a créée. Et jusqu’à aujourd’hui, Dieu agit dans la nature. Car  elle est toujours sa création

Il nous faut revoir aussi, la place de l’homme dans la nature. Souvent, on a pensé à l’homme en l’opposant (en le mettant contre) à la nature. Trop souvent, l’homme s’est mis au-dessus de la création, en disant : je dois la dominer. Mais si on parle d’environnement, cela veut dire que l’homme est au milieu de ce qui l’environne (l’entoure), et pas au-dessus. D’autres au contraire regardent l’homme, comme un simple animal parmi les autres. Mais alors, il ne peut pas protéger la nature, ni la faire grandir. Il faut donc choisir un troisième chemin. C’est Dieu qui est au centre de la création, et l’homme en fait partie. Mais en tant qu’homme, créé à l’image de Dieu, et avec ses qualités et ses responsabilités d’homme. Nous nous sommes séparés de la nature. En ville, nos enfants ne connaissent plus, ni les plantes ni les animaux, comme autrefois au village. Pourtant le mot « homme » vient du latin « humus », qui veut dire la terre. Et ce mot a donné le mot humilité, pour montrer la façon dont l’homme doit être dans la création, et devant Dieu qui l’a créé. Donc, la terre n’est pas seulement notre environnement (ce qui nous entoure). Elle est aussi notre origine (Dieu nous a créés à partir de la terre), et notre avenir. Si la terre meurt, nous mourrons avec elle. Dieu est notre Père, et la terre est notre mère. Saint François d’Assise l’a bien compris. Lui qui disait merci à Dieu pour notre frère, le soleil, et pour notre sœur, la lune. Et aussi pour les pierres, les plantes et les animaux (voir le Cantique de Frère Soleil et des Créatures de François d’Assise  en annexe).

1.       Les Pères de l’Eglise parlent de micro cosmos. Dieu a créé l’homme à partir de la terre, et le même jour que les animaux. Nous faisons partie de l’Univers (le cosmos).Nous sommes le résultat, de l’évolution du monde et des animaux. La nature fait partie non seulement de notre corps, mais aussi de notre âme. Quand nous faisons  du mal à la nature, c’est à nous-mêmes  que nous faisons du mal en premier. 
2.       Mais bien sûr, en même temps, nous sommes une créature céleste, créée spécialement par Dieu, à son image. Il a soufflé dans notre corps, tiré de la terre (Gen 2,7). C’est de là que vient notre responsabilité. Nous avons une intelligence, une liberté et une force (un pouvoir). Nous voulons vivre les problèmes de l’écologie et de l’environnement, d’une façon intelligente, spirituelle et responsable. Mais alors,  il faut vivre toute notre vie de cette façon. Par exemple, la culture se réduit souvent maintenant, aux matches de football, à la lutte et à la danse. La politique n’est plus le service de l’homme et du pays, mais une lutte pour le pouvoir. L’économie n’est plus pour faire vivre tous les hommes d’une façon plus humaine. Elle est devenue seulement, une question d’argent et de profit. Elle est dominée par les banques et la finance. Elle est commandée par quelques-uns, elle n’est plus au service de tous les hommes. Même pour la santé, on se limite parfois à la matière. Par exemple à l’hôpital, souvent, on donne des médicaments, mais on s’occupe seulement du corps du malade. On ne soigne plus son cœur, comme les guérisseurs traditionnels le faisaient autrefois. On soigne le malade tout seul, en l’écartant de la famille. Alors que les féticheurs traditionnels appelaient toute la famille pour la réconcilier, afin que le malade puisse guérir. Car ils savaient que pour guérir, le malade devait être en paix dans son cœur, avec toute sa famille, et aussi avec la nature, les morts et les ancêtres (voir mon livre « Santé et bonheur pour tous »).
3.       L’homme est appelé à être l’intermédiaire (le médiateur) entre le visible et l’invisible (ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas), entre le matériel et le spirituel (les choses et l’esprit), entre le temporel et l’éternel (les choses de ce temps et celles de toujours), entre la terre et le ciel. Nous sommes  organisateurs du monde, mais en continuant à en faire partie. Nous avons la grande responsabilité, de nous transformer d’abord nous-mêmes, pour pouvoir transformer le monde, et le rendre meilleur. C’est-à-dire lui donner une meilleure figure. Que faire pour cela ?
§  D’abord utiliser notre liberté, notre intelligence, nos qualités et toutes nos forces. Pour vivre en communion avec tous les hommes, mais aussi avec toute la création. Au lieu de vivre d’une façon égoïste, en ne pensant qu’à nous-mêmes, et à notre seul intérêt. Cela nous demande de limiter l’utilisation des choses que nous avons (notre consommation des biens de la terre), ne pas chercher à profiter  au maximum de ses richesses, et ne pas la tuer.
§  Vivre en union avec toute la nature, nous rappeler qu’elle est sacrée, et la respecter. Parce qu’elle est créée par Dieu.
§  Apprendre à commander notre vie, et à dominer les forces qui sont en nous. Nous faire un cœur bon, pour ne pas nous conduire comme un animal. Limiter nos désirs et dominer notre cœur. Alors que la publicité dans les journaux et à la télévision, nous fait désirer de plus en plus de choses dont, souvent, nous n’avons même pas besoin. Nous ne sommes plus respectés comme des personnes humaines. Nous sommes devenus seulement des clients et des consommateurs, dont il faut profiter. Et qu’il faut exciter, pour qu’ils achètent de plus en plus de choses.
§  Il nous faut limiter les qualités qu’on appelle masculines : la compétition (le concours), l’analyse intellectuelle (le raisonnement logique), la domination et la conquête extérieure. Il nous faut développer les qualités qu’on appelle féminines : l’humilité, le remerciement, la douceur, l’intuition (comprendre les choses avec son cœur), la bonté et la pitié, l’amour de l’enfant, des autres et de la terre. La Genèse, le 1° livre de la Bible, nous dit bien : » Dieu a fait la personne humaine. Il les a fait à son image, homme et femme » (Gen 1,27). C’est seulement ensemble, homme et femme, que nous sommes à l’image de Dieu. En unissant nos qualités masculines et féminines.

Limiter notre consommation, ce n’est pas une privation (se faire souffrir). Au contraire, c’est une libération. Car alors, nous sommes libérés des besoins et des désirs inutiles. Nous pouvons vivre dans la paix et dans la joie. Nous pouvons vivre d’une façon plus simple. Notre document GS du Concile Vatican 2 nous a rappelé que « l’homme vaut plus par ce qu’il est, que par les choses qu’il a ». Limiter notre consommation nous permet de marcher légèrement sur la terre, pour ne pas écraser les plantes et les animaux. Et leur laisser la place dont ils ont besoin, pour vivre et pour grandir. C’est respecter leurs droits, en commençant par le droit à la vie. Alors que nous avons déjà tué des milliers d’espèces. L’écologie c’est la justice, le partage et la solidarité, qui ne se limitent plus aux hommes, mais qui s’étend au monde entier : à tout l’univers et à toute la création. Dieu nous a donné ce commandement, par Moïse : « Tu ne tueras pas ».Cela ne vaut pas seulement pour les hommes, mais aussi pour les plantes et les animaux. Nous ne devons pas les tuer sans raison.

Pour arriver à cela, il faudra beaucoup d’efforts. Il faut en parler aux autres sans arrêt, car « une seule main ne peut pas applaudir ». Pour pouvoir agir tous ensemble, il faudra du temps. Il faut s’appuyer sur la prière et sur le jeûne, comme le dit Jésus dans l’Evangile (Marc 9, 29 – Actes 13, 3 – Matthieu 6, 5 + 16). Mais c’est cela qui va empêcher notre terre de mourir. Et nous permettre de vivre heureux, avec la création toute entière. Il suffit de commencer par de petites choses.  « Car ce sont des petits ruisseaux, qui font de grandes rivières ». Et » les petites termites en se mettant ensemble, arrivent à construire de grandes termitières ». Chacun peut commencer, là où il est. Et faire ce qu’il peut, selon ses moyens. Car Dieu a mis au plus profond de notre cœur le désir d’être heureux, en respectant la terre d’où nous venons.
Nous croyons que c’est encore possible de construire un autre monde. Et que le plus important, c’est l’amour : nous aimer nous-mêmes, aimer les autres hommes et les autres femmes, aimer les hommes qui viendront après nous sur la terre, aimer notre terre. Car seul l’amour peut amener une solution à la crise écologique. En effet, nous ne pouvons pas sauver la terre, si nous ne l’aimons pas vraiment.
Il nous faut faire aujourd’hui librement, ce que nos gouvernements seront bientôt obligés de faire par force, pour permettre à la terre de continuer à vivre. C’est ce que l’on appelle l’éco-citoyenneté. Nous ne devons donc pas attendre, que les gouvernements fassent quelque chose. D’abord ils ne le feront, que s’ils sont obligés. Et si nous sommes devenus vraiment écologiques nous-mêmes, dans toutes les dimensions de notre vie, comme nous venons de l’expliquer. Nous commençons par  faire nous-mêmes, ce que nous demandons aux autres. Pour leur montrer que c’est possible, et pour les entraîner : en respectant davantage la terre, en limitant notre consommation, et en changeant notre façon de vivre.

- Il nous faut aussi comprendre le sens religieux et spirituel des choses. Par exemple, nous avons parlé plus haut, de la question de l’eau : Il est important de ne pas la gaspiller, mais aussi de la respecter, et de ne pas la salir  (la pollution). Pour nous chrétiens, l’eau nous parle de Dieu : c’est Dieu qui nous l’a donnée. Dieu a libéré son peuple de l’’esclavage en Egypte, en le faisant traverser les eaux de la mer Rouge, avec Moïse.
Jésus nous a apporté la vraie eau, qui nous fait vivre. Le dernier jour de la fête des Tabernacles, Jésus disait à la foule, dans le Temple de Jérusalem (Jean 7,37-39) : »Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive ! Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vivante couleront de son cœur. En disant cela, Jésus parlait du Saint Esprit, qu’ils allaient recevoir » (le jour de la Pentecôte). Et Jésus dit à la femme samaritaine, qui  vient puiser de l’eau au puits de Jacob : »Celui qui boira l’eau que je lui donnerai, il n’aura plus jamais soif. Et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui, une source de la vie éternelle ». Avec cette femme, nous disons à Jésus : »Maître, donne-nous de cette eau ! » (Jean 4,14). Jésus nous donne l’eau, qui finit la soif de notre cœur, et pas seulement de notre corps. Il vient remplir nos désirs les plus profonds, pour que nous soyons vraiment heureux, du bonheur même de Dieu.
Jésus nous a montré son amour, en lavant les pieds de ses apôtres (Jean 13). Et au moment de sa mort, quand un soldat lui a percé le cœur avec sa lance, il est sorti du sang, mais aussi de l’eau (Jean 19,34). Cette eau était le signe du baptême. L‘eau du baptême nous lave de tous nos péchés. Par l’eau du baptême, nous devenons enfants de Dieu, et nous vivons d’une vie nouvelle. Nous commençons la vie éternelle, la vie de Dieu lui-même.
Cet exemple de l’eau nous montre, que toutes les choses que Dieu a faites, sont bonnes pour nous. Nous devons les protéger, et les respecter, comme l’eau. Mais aussi que toutes ces choses : le vent, l’air, le feu, l’arbre…ont un sens spirituel et religieux. Elles nous font connaître des choses cachées. Elles nous aident à mieux vivre. Elles nous conduisent vers Dieu. Cela ne doit pas nous empêcher, de prendre nos responsabilités dans la société. Au contraire ! Par exemple, cela demande à ceux qui croient au Christ, de  respecter encore davantage l’eau. Et de s’en servir, pour le bien de tous nos frères et sœurs, comme Dieu le veut.
Avec François d’Assise, nous disons : »Loué sois-tu Seigneur, pour notre sœur l’eau. Car elle est utile, humble et chaste ».

Les religieux :
Les religieux (les pères, les frères et les sœurs) vivent ensemble en communauté. Ils font les 3 vœux (promesses et engagement) de pauvreté, de chasteté (le célibat consacré) et d’obéissance. Comment vivre la vie religieuse d’une manière écologique ?

Le vœu de pauvreté religieuse doit toujours être vécu, en relation avec la pauvreté de  la société, et les conditions de vie des plus pauvres. Ces personnes ont de grandes difficultés pour vivre. Mais en plus, elles sont souvent méprisées, mises de côté et écrasées.  La vie religieuse  doit être une vie simple. Elle doit être aussi une vie au service des plus pauvres.
C’est la responsabilité des religieux de faire comprendre à tous, que la terre ne nous appartient pas. Elle nous a été confiée par Dieu, pour que nous la protégions. Et que nous la rendions meilleure à vivre, pour nous-mêmes  et pour ceux qui viendront après nous. Cela se vit dans les petites choses : Comment prenons-nous soin des choses que nous avons ? Comment  mangeons- nous ? Mangeons –nous  des produits simples, et cultivés sur place ?  Est-ce que nous ne mangeons pas trop de viande ? Car pour produire celle-ci, il faut beaucoup de protéines végétales et de terrain. Comment prenons-nous soin de nos corps ? Savons-nous aimer et respecter  l’air et l’eau ?

L’obéissance religieuse, ce n’est pas seulement obéir à un supérieur. C’est aussi obéir à la nature créée par Dieu, et la respecter. C’est nous mettre au service de la vie et de la création. C’est chercher ensemble, en communauté, ce  à quoi Dieu nous appelle, et le faire ensemble. Pour le respect de la création, aussi bien que pour toutes  les autres actions de notre vie. Notre  obéissance, c’est de vivre comme Jésus, qui a respecté la nature, et qui a dit merci à Dieu son Père pour elle. La terre continue de grandir, la création  de Dieu se continue. Nous avons à  y participer, et à lutter contre ceux qui cassent la terre. Car c’est la volonté de Dieu, à laquelle nous voulons obéir.

Dans le célibat religieux, on ne se marie pas,  on ne fait pas d’enfants. C’est une libération, pour faire grandir  la vie de  toutes les façons possibles. Et donc aussi,  pour faire vivre la nature que Dieu a créée. Notre célibat nous appelle à aimer le monde (toute la nature, et pas  seulement les personnes), d’une manière chaste. C'est-à-dire sans vouloir en profiter pour nous-mêmes, mais en nous mettant à son service, dans un respect désintéressé. Car c’est cela la chasteté. Les célibataires n’ont pas une famille, à laquelle se consacrer en premier. C’est donc un appel à la liberté, pour aimer le monde entier, et la création toute entière. Le célibat religieux est un appel à  la maîtrise de soi, qui nous demande de nous limiter dans la consommation des choses.
Les religieux vivent en communauté. Nous devons protéger toute la communauté humaine, et protéger son avenir. Et nous portons cela dans la prière. Nous choisissons la meilleure façon de  vivre  nos relations, non seulement avec les autres hommes, mais avec la nature toute entière. Nous sommes arrivés à un moment, où il nous faut choisir entre la destruction du monde, et la naissance d’un monde nouveau, plus heureux et  meilleur à vivre. Mais sommes –nous prêts  à entendre l’Evangile de jésus Christ sur cette question ?
Le psaume 8 nous invite à regarder la nature qui nous entoure, comme un cadeau de Dieu. Et à comprendre notre responsabilité envers elle : 2 : O Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre !
Jusqu’aux cieux, ta splendeur est chantée
3 par la bouche des enfants, des tout-petits :
rempart que tu opposes à l’adversaire,
où l’ennemi se brise en sa révolte.
A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu fixas,
5 qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui,
le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?
6 Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu,
le couronnant de gloire et d’honneur
7 tu l’établis sur les œuvres de tes mains,
tu mets toute chose à ses pieds :
8 les troupeaux de bœufs et de brebis,
et même les bêtes sauvages,
9 les oiseaux du ciel et les poissons de la mer,
tout ce qui va son chemin dans les eaux.
10 R/ O Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre !
Je fais attention à la vie, présente autour de moi. Je regarde la vie  qui travaille dans notre monde, à travers toute la création (l’air, la terre, l’eau, le feu, la végétation, les animaux…). Dans notre société, ma ville ou mon village, mon entourage, mes amis, ma famille, ma vie personnelle.
Quand il a créé le monde, «  Dieu vit que cela était bon ». Je regarde ma vie avec le regard de Dieu : Ce qu’il y a de bon dans ma vie. Ce que je reçois de bon. Ce que je fais de bon dans ma vie, et dont je ne vois pas toujours la vraie valeur. Je m’interroge : qu’est-ce qui donne la vie pour moi ? Et pour l’humanité ? Je fais davantage attention, à ce qui a du goût pour moi.

ENVIRONNEMENT  ET REFLEXIONS RELIGIEUSES
Continuons notre réflexion, à partir de la Parole de Dieu dans la 1° Alliance, à partir de la vie de Jésus, du document ’l’Eglise dans le monde de ce temps’ GS du Concile du Vatican 2, et de l’enseignement des papes. Mais aussi des autres Eglises chrétiennes et des autres religions.

LA CREATION : Ecologie et Foi Chrétienne

Le monde est beau ! C’est DIEU qui l’a créé. Et à chaque fois que DIEU crée une espèce d’animaux ou de plantes « Il voit que c’est beau « (Gen 1,10+13+18+21+26). Et la Bible dit, quand Dieu crée l’homme et la femme : « DIEU vit que ce qu’Il avait fait, Il le regarda et Il vit que c’était très bon » (31). La Genèse nous dit aussi : « dès le début du monde, l’ESPRIT DE DIEU planait sur les eaux ». Et l’ESPRIT SAINT est présent et agissant dans le monde jusqu’à aujourd’hui ». Dieu crée l’homme et les animaux le même jour (Gen 1,24-31). Par conséquent nous sommes frères et sœurs de la création, nous sommes tous liés à elle. Parce que nous sommes créés à partir de la terre (Gen 2, 7). Nous en partageons la vie c’est pourquoi nous devons l’écouter et vivre en union avec elle : la terre peut exister sans nous mais nous ne pouvons pas exister sans la terre. Et dans la deuxième histoire de la création (Gen 2, 4 à 3,24), « DIEU met les hommes dans le jardin, pour cultiver le sol et le garder » (2,15). Il faut donc que nous soyons justes et honnêtes, au service de DIEU, mais aussi de sa création. D’ailleurs quand nous protégeons la terre, c’est nous-mêmes que nous protégeons. Car c’est dans le monde que nous vivons, agissons et avançons. C’est par le monde que nous allons à DIEU, pas seulement par la prière et les cérémonies religieuses.
Chaque dimanche nous chantons « je crois en DIEU, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre… » Mais nous devons nous  rappeler, que DIEU agit dans le monde jusqu’à maintenant. Et que toute la création est pour la gloire de DIEU. C’est pourquoi, il est très important de soutenir l’écologie, qui travaille pour le respect et le progrès de la nature. Et pour les chrétiens, de comprendre le rapport entre ce que cherche l’écologie, et la foi chrétienne. Car souvent on accuse les chrétiens, d’avoir mal compris ces paroles du début de la Bible : « Dominez la terre et soumettez-là ». Et d’avoir cassé la nature, et profité de la terre, sans réfléchir à ses limites. Et même d’avoir enseigné, que pour aimer Dieu et pouvoir le rejoindre au ciel, il fallait rejeter la terre. En disant que c’est seulement au ciel que nous trouverons toutes les bonnes choses de la terre, purifiées de tout péché. Alors que, quand Dieu a créé le monde, il a dit que le monde était beau (Gen 1). C’est vrai que maintenant, la terre a été cassée par l’homme, surtout avec les derniers progrès de la science moderne. Mais Jésus est venu sauver le monde : le monde entier, et pas seulement les hommes. Mais souvent, nous faisons du mal à la terre, sans raison, sans que ce soit nécessaire, et sans nous limiter. Par exemple pour avoir notre nourriture. Nous ne nous conduisons pas comme des hommes intelligents et sages. Par conséquent, nous ne sommes pas des bons chrétiens. Nos activités dans le monde préparent le monde nouveau, que Dieu veut nous donner. Dieu a aimé le monde qu’Il a créé, Il continue à l’aimer. Nous faisons comme Lui. En nous rappelant que Dieu est venu dans ce monde pour nous sauver avec lui, par son Fils Jésus Christ.

Mais respecter la création de cette façon, est-ce que cela ne va pas nous amener, à oublier la dignité de l’homme ? Et à le ramener au niveau des animaux ? Et en effet, certains écologiques refusent, qu’on mette la personne de l’homme au centre du monde, au-dessus des autres espèces animales. Comme si l’homme n’était qu’un animal. Le Concile au contraire, affirme que l’homme est une créature spéciale, créée à l’image de Dieu : « la seule que Dieu a voulu pour elle-même ». C’est la seule créature, capable de connaître son Créateur. L’homme est le seul à pouvoir partager la vie de Dieu, dans la connaissance et l’amour. C’est pourquoi, l’homme doit continuer la création de Dieu. Pas seulement pour lui-même, mais pour le bien de tous les vivants, et de la création toute entière. L’homme ne doit pas se servir du monde n’importe comment, car Dieu en a fait le responsable.
 Mais aujourd’hui, on a compris qu’on ne peut pas vraiment respecter l’homme, si on ne respecte pas toute la création, et donc les plantes, la terre et les animaux : « le respect de la création est la conséquence du respect de l’homme, et de sa dignité… C’est en nous rappelant que le monde est créé par Dieu, que nous pouvons mettre en place une bonne morale, par rapport à l’environnement ».
Bien sûr, pour vivre sur cette terre, nous avons besoin d’abattre des arbres, par exemple pour construire nos maisons. Et de tuer des animaux pour manger. C’est normal. Dieu a créé le monde pour l’homme. Mais comme disait Jean Paul 2 : « ceux qui servent Jésus, ne doivent pas casser la terre, ni la fatiguer. Il faut donc changer nos façons de consommer (d’utiliser les biens de la terre). Et vivre d’une autre manière, dans l’humilité ». Nous devons utiliser la science, non pas pour tuer la terre, mais au contraire pour la protéger. Et la faire mieux vivre, comme le dit GS : « Que l’homme développe la terre, par le travail de ses mains, et avec les progrès de la science. Pour que la terre puisse porter du fruit, et devenir une maison, où toute la famille humaine peut vivre. C’est cela qui continue ce que Dieu a fait au début du monde, pour rendre la création meilleure, et faire grandir les hommes ».

Il faut donc tenir les deux choses en même temps : utiliser la terre, non seulement pour nos besoins personnels, mais pour faire grandir les hommes, et pour le développement du monde entier. Mais en nous conduisant comme des hommes intelligents et des vrais croyants, en respectant la terre, et dans la dignité. Car si l’homme domine la terre, c’est pour la faire grandir et avancer, pas pour la casser ou la tuer. Comme nous le rappelle GS : « Les usines et les machines (l’industrialisation) ont permis de fabriquer beaucoup de choses. Mais elles ont apporté aussi beaucoup de souffrances chez les travailleurs, et même la pauvreté et le chômage. Les moyens modernes de communication (les médias) permettent d’entrer en contact avec le monde entier. Mais ils n’apportent pas toujours l’égalité, ni l’union de tous les hommes (la solidarité). Au contraire, ces moyens sont souvent utilisés par les pays modernes (industrialisés), pour commander les autres et en profiter. Maintenant, les hommes ont plus de choses. Mais est-ce qu’ils n’ont pas perdu beaucoup des valeurs traditionnelles, et des qualités de l’esprit et du cœur ? C’est à nous de remettre les choses droites, pour grandir et avancer. Pour le bien de tous, et pas seulement de quelques uns ».

-La joie d’un père, c’est de faire un beau cadeau à son fils. Dieu notre Père nous a fait un très beau cadeau : l’univers : «Je vous donne les pl            antes comme nourriture, et tout ce qui porte des semences sur la terre. Je vous donne les arbres, qui portent des fruits. Je vous donne toutes les bêtes de la terre : tout ce qui vole dans les airs, et tout ce qui se déplace sur la terre, qui vit et qui respire. C’est fait ! Et Dieu voit que tout ce qu’il a fait, c’est vraiment bon ! » (Gen 1,29-30).  Chaque jour, grâce à la science, nous découvrons des nouvelles choses, que Dieu a faites, des nouveaux cadeaux. Mais le problème c’est, qu’au lieu de lui dire merci, nous prenons ce cadeau pour nous-mêmes, en oubliant d’où il vient. Et souvent, en plus, nous nous en servons d’une manière égoïste (pour nous tout seuls), sans penser aux autres, ni aux conséquences de ce que nous faisons. Ou même pour faire le mal. Au lieu de dire merci à Dieu pour la découverte de l’énergie atomique, et d’utiliser cette force pour le bonheur des hommes, nous en avons fait des armes pour tuer (la bombe atomique). La terre où je vis, avec tout ce qu’elle contient : l’eau, la mer, l’air, le soleil, et toutes les autres choses, tout cela vient de Dieu. Elles ont besoin de retourner vers Dieu d’où elles viennent, grâce à notre prière d’offrande. C’est notre travail de croyants, de dire merci à Dieu, au nom de toutes les belles choses qu’Il a faites. Mais si je les prends pour moi tout seul, je les empêche de vivre. Je les tue.
Mais je dis aussi merci à Dieu, pour toutes les bonnes choses que les hommes ont fabriquées, grâce à l’intelligence que Dieu leur a donnée : devant une belle maison, ou une belle usine. Devant une belle voiture ou un avion moderne. Tout ce que fait l’homme n’est pas mauvais, au contraire. A chaque fois que l’homme prend les choses que Dieu a faites, pour les transformer et les rendre meilleures, il les fait vivre.
Le problème de l’environnement ce n’est donc pas seulement une question de machines. C’est que nous ne reconnaissons plus, que le monde est une créature de Dieu. Et c’est que l’homme veut  être indépendant, et qu’il n’accepte plus d’être le gardien et le protecteur d’un monde, que Dieu lui-même a créé.  C’est pour cela que l’homme ne respecte plus la nature. Alors qu’au contraire, respecter la création c’est rendre gloire à Dieu.
Est-ce que je sais admirer les belles choses que Dieu a faites ? Est-ce que je lui dis merci ? Comment j’utilise toutes ces choses ?

La crise de l’environnement est une crise spirituelle :
L’homme moderne veut vivre comme si DIEU n’existait pas ! IL veut être le chef de tout, il veut remplacer la nature par ses machines. En ville, il recouvre la terre avec du béton, du ciment ou du goudron. Autrefois on pensait que DIEU faisait vivre le monde. Et que l’homme était entre les deux. Mais maintenant c’est l’homme qui veut se mettre au centre et qui veut mettre DIEU de côté. Le monde n’est plus la Création de DIEU, mais l’œuvre de l’homme et des savants. L’homme moderne domine le monde et le forme à son image.  Il voit seulement ce qu’il fabrique lui-même, et il oublie Dieu. Il ne connaît plus sa dignité de fils de DIEU. Et les hommes qui ne sont pas capables de produire des choses dans la société, ils ne sont plus respectés. On pense qu’ils sont inutiles.
L’écologie, c’est pour les personnes qui aiment la vie.

Gandhi disait : »Nous devons devenir nous-mêmes, le changement que nous voulons pour le monde ». Notre document GS affirme : »Dieu est la source de la vie. Celui qui veut rencontrer Dieu dans la Création et défendre la  vie, il doit vivre en amitié avec tous les êtres vivants ». Ce document dit encore : » Des gens pensent que les choses créées ne dépendent pas de Dieu. Et qu’on peut utiliser les êtres et les choses de la Création, sans penser à Dieu qui les a créées. Un croyant ne peut pas accepter cela. En effet, les créatures sans le Créateur disparaîtraient » (GS 36). Le livre de la Sagesse explique (1,5): »L’Esprit du Seigneur remplit tout l’univers. C’est Lui qui fait vivre ensemble, tous les êtres. »
Tant que nous vivrons dans des sociétés libérales ou capitalistes, où l’on pense d’abord à l’argent, et où on veut produire et utiliser le plus de choses possible, l’écologie ne sera pas possible. Par conséquent, il ne suffit pas de chercher des solutions à la crise économique, il faut une révolution culturelle. Il nous faut construire une nouvelle civilisation, avec une autre idée de l’homme et de la nature. Pour que l’homme apprenne à aimer vraiment la nature. Et connaisse sa place dans la Création. L’écologie doit transformer, non seulement l’économie, mais aussi la politique, la société, les sciences, la culture et aussi la religion. Elle doit transformer toutes les dimensions de la vie. Pour les croyants, l’écologie est une grâce de Dieu. Mais pour cela, il faut se laisser conduire par l’Esprit de Dieu, qui a créé le monde. Cet  Esprit Saint qui planait sur les eaux, depuis le début du monde (Gen  1,2). Il nous faut apprendre à utiliser tout ce que Dieu nous a donné, pour le bien, et non pas pour le mal. En sachant comment nous conduire : « Dieu dit à l’homme : Mange librement de tous les arbres du jardin. Mais ne mange pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Car le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Gen 2,16-17). Voir aussi Dt 14, 3-20 ; Lv 11, 2-42…
Dieu a demandé à l’homme de cultiver et de protéger la terre, pas de la fatiguer. Et encore moins de la salir et de la tuer. Il faut respecter les saisons et les rythmes de la création. Et cela regarde aussi, les  relations entre les hommes : c’est pour cela qu’on parle d’écologie humaine. Mais au contraire, nous avons  mis en place  une société de consommation, où il faut fabriquer  de plus en plus de choses, même si on n’en a pas besoin. L’homme n’est plus  respecté, ni dans son travail, ni dans sa vie en société. Nous vivons dans une société de gaspillage, où l’argent est roi, et où on jette même la nourriture. Alors que beaucoup  d’hommes ont faim autour de nous. Quand les cours de la Bourse baissent (les banques), pour beaucoup c’est un  malheur. Mais que des hommes et des enfants meurent de faim autour d’eux, ça ne leur dit plus rien.

Par conséquent, l’écologie ce n’est pas seulement le respect de l’environnement. C’est aussi une vie plus simple, et la justice envers les pauvres. Elle est intérieure à notre personne. Benoit 16 a écrit dans ‘La Charité dans la Vérité’ au  n° 56 : »L’Eglise a une responsabilité envers la Création. Elle doit le montrer publiquement, dans la vie de la société. Elle doit respecter la terre, l’eau et l’air, qui sont des cadeaux de Dieu. Et qui appartiennent à tous les bommes. Elle doit surtout respecter l’homme lui-même. C’est ce qu’on appelle l’écologie humaine, qui doit être respectée par la société. Si nous ne respections pas la terre, nous ne respecterons pas l’homme, qui vit sur la terre. A l’inverse, quand on respecte l’écologie humaine, à ce moment-là on respecte aussi l’environnement…L’écologie demande que les hommes et les créatures vivent dans l’entente et dans l’amitié »
St Maximin le confesseur demande : « comment  aimer Dieu, sans aimer les arbres, les fleurs les animaux et les beautés de la création ? ». Et St  Barthélémy de Constantinople dit que nous serons jugés, sur le respect que nous aurons pour la nature.
A la Messe on prie pour les pauvres,  et ceux qui sont traités  injustement. Mais on ne prie jamais pour les rivières qui sont polluées  par nos saletés, ni pour les forêts qui sont tuées. Pourtant, ne pas respecter la nature, c’est aussi un péché. Mais combien de personnes se confessent, d’avoir manqué de respect envers la création ?
La première Alliance

Après le Déluge, Dieu refait une nouvelle Alliance. Pas seulement avec Noé et les hommes, mais avec la Création toute entière (Gen 9,9-16) : «  Me voici, pour faire Alliance avec vous, et avec tous les hommes qui viendront après vous, et avec tous les êtres vivants : tout ce qui vole, toutes les bêtes, et tous les animaux du monde avec vous…Il n’y aura plus de déluge pour casser la terre….Et voici le signe de l’Alliance, que je vous donne : l’arc en ciel dans les nuages, signe de mon Alliance entre moi et la terre ». DIEU demande donc à Noé, de protéger la nature. En même temps que Lui-même continue à s’occuper du monde, qu’IL a créé.

Dans la première alliance, DIEU demande aux hommes de prendre soin de la terre, et de répondre aux besoins de tous les animaux : aussi bien les animaux sauvages, que les animaux domestiques. Car tous sont entrés dans l’Alliance que DIEU a fait avec le monde, dès sa création (Ex 23, 10-12) : « la septième année, tu ne cultiveras pas la terre. Tu en laisseras ce qu’elle produit aux pauvres de ton peuple, et aux bêtes des champs. Ils mangeront ce qu’ils trouveront. Et de même, pour ta vigne et pour ton olivier. Tu travailleras pendant six jours, le septième tu te reposeras, pour que ton bœuf et ton âne se reposent aussi, de même que le fils de ta servante et que l’étranger». On lit dans le livre du Deutéronome (22,4) : « si tu vois tomber l’âne ou le bœuf de ton frère sur la route, tu aideras ton frère à le relever ». Et au n°6 : « si sur ta route, tu vois un nid d’oiseau avec des petits ou des œufs, sur un arbre ou par terre, et que la mère est assise sur les oiseaux,  ou sur les œufs pour les couver, tu ne prendras pas la mère sur les petits ».
C’est pourquoi les hommes sont appelés à respecter les arbres (Dt 20, 19-20), même en temps de guerre. Et à respecter les animaux. Par exemple (Dt 25, 4) : « tu n’empêcheras pas le bœuf de manger, en lui attachant la bouche, quand il écrase le grain ». Car DIEU prend soin de tout, des arbres et des plantes, et même des herbes les plus petites. L’homme doit se tenir avec les autres créatures, pour ensemble avec elles, rendre gloire à DIEU. C’est pourquoi, la majesté de DIEU est chantée au ciel et sur la terre (Ps 8). D’un côté, l’homme est au-dessus des anges. Mais de l’autre côté, il est avec la lune et les étoiles, les bœufs et les brebis, les oiseaux dans le ciel, et les poissons de la mer (Ps 119 et 104). C’est tous ensemble qu’ils chantent DIEU, dans le cantique des trois enfants (Dn 3, 51-90). Car les hommes et les animaux vivent ensemble, ils ont le même avenir, et la même punition après le péché (Gn 3,17-19). Mais ce péché contre la terre, nous sommes en train de le continuer actuellement. C’est ce que Saint Paul explique, dans ce texte que nous avons déjà souvent cité : «  toute la création est dans les douleurs de l’accouchement. Elle attend d’être libérée de la corruption, ensemble avec nous » (Rom 8, 21-23). Un psaume chante : » qu’elles sont belles, toutes les œuvres du Seigneur. Toutes les choses ont été faites, avec leur utilité ». Et en effet, toute créature a une place dans le plan de DIEU. Chaque créature, même la plus petite,  est importante et précieuse pour DIEU. Le psaume 36,7 chante : « DIEU  Tu sauves les hommes et les bêtes ». Le Psaume 104 29-30  chante la beauté  du monde, que DIEU a créé. Nous pouvons le lire en entier.
Ben Sirac le Sage explique (17,1-5) : « Le Seigneur  a remis aux hommes, le pouvoir sur tout ce qui est sur la terre. Il leur a donné l’intelligence, une langue, des yeux, des oreilles et un cœur pour penser … Il a mis la crainte dans leur cœur, pour leur montrer la grandeur de ses œuvres. »

Le prophète  Isaïe dit au chapitre 11 : «  Le loup habitera avec l’agneau, la panthère se couchera  avec le petit  de la chèvre ,  le petit lion et les bêtes grasses iront ensemble, conduit par un petit garçon, la vache et l’ours  mangeront  de l’herbe ensemble et leurs petits se coucheront ensemble, le lion  mangera de l’herbe comme le bœuf , le bébé jouera sur le trou du serpent, et le jeune enfant mettra sa main sur le trou de la vipère sans danger,  car on ne fera plus de mal ni de  violence sur toute ma montagne sainte. Le pays sera rempli de la connaissance de Dieu, comme les eaux recouvrent  le fond de la mer ». Et pour bien insister, il reprend cela : » Le loup et le petit du mouton mangeront de l’herbe ensemble. Le lion comme le bœuf mangera de la paille. Le serpent se nourrira de poussière. On ne fera plus de mal ni de méchanceté, sur toute ma montagne sainte. Et les jours de l’homme seront aussi longs que les jours des arbres » (Is 65,22- 25). Voilà ce que Dieu veut pour le monde qu’il a créé : Que les hommes vivent longtemps et heureux, dans la bonté et l’amour. Et que les hommes, les animaux et les plantes vivent ensemble, en paix.
Et le prophète dit à propos  du Messie « l’Esprit de Dieu reposera sur lui : un esprit de Sagesse et d’Intelligence, un esprit de Conseil et de Force, un esprit de connaissance et de crainte de Dieu. Sa sagesse viendra  de la Parole de Dieu qu’il écoute. Il ne jugera pas  d’après les apparences, il jugera les faibles avec justice, il rendra  un jugement juste pour  les petits du pays. La justice sera la ceinture  pour attacher  ses reins,  et la fidélité la ceinture de ses hanches ». Ce sont ces qualités-là dont nous avons besoin, nous aussi aujourd’hui, pour construire notre monde,  et respecter la création de  Dieu.

Jésus, le Christ, Roi et Sauveur de toute la Création

JESUS a passé toute sa vie en union avec la nature, qu’il aimait et respectait. A sa naissance, IL est couché dans une mangeoire d’animaux, et des bergers sont venus l’adorer avec leurs troupeaux (Luc 2, 7-8). JESUS connaissait très bien, les plantes et les arbres, les fleurs et les fruits, les oiseaux et les animaux de son pays : Il en parle sans cesse dans l’Evangile. Et avant de commencer sa mission, IL part vivre au désert, parmi les bêtes sauvages (Mc 1,13). Et là, les anges le servent. IL annonce la parole DIEU, aussi bien depuis le haut des collines et des montagnes (Mt 5, 1/Mc 17, 1), qu’au bord de la mer (Mt 13, 1-52).
Pour enseigner la parole de DIEU, JESUS prend des exemples dans la nature : le soleil et la pluie (Mt 5,45), le ciel et la lumière ( 5,13-14), les oiseaux (6,26) , les fleurs ( 6,28), et les herbes ( 6,30), les raisins (6,17), le bon arbre avec de bons fruits (7,18),les renards (Lc 9,58), la graine de moutarde (Mt 13,31), la semence (Mt 13,04), la vigne (Jn 15, 1-17), le berger et ses moutons (Lc 15, 4-7 + Jn 10, 1-15+ Mc 6, 30-44). Il se compare lui-même à l’eau vive (Jn 4,13-14), au pain (Jn 6,48) et à la lumière (Jn 8,12). On ne  peut donc pas séparer l’Evangile de la création. On ne peut donc pas respecter l’Evangile, sans respecter la terre que DIEU nous a donné.

JESUS nous appelle à vivre une vie simple. Il nous dit : « ne prenez pour la route ni bâton, ni sac, ni argent, ni pain, même pas des habits » (Lc 9, 3) « ne vous inquiétez pas de ce que vous allez manger, et comment vous allez vous habiller » (Mt 6,25-34). Au contraire, IL dit qu’il est « difficile à un riche d’entrer dans le Royaume de DIEU » (Mc 10,23).
JESUS  n’est pas ressuscité pour LUI-MEME, mais pour que toute la création vive avec LUI, pour toujours. C’est JESUS ressuscité qui fait vivre tous les hommes. C’est LUI le Seigneur de l’Alliance, que DIEU a faite avec son peuple, comme il a sauvé son peuple au temps de Moïse. Il est le Pasteur de son troupeau, qui le fait entrer dans la terre sainte, le Royaume de Dieu.
Paul explique dans Ephésiens 1,10: «  le plan de DIEU, c’est de réunir tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, sous un seul chef, le CHRIST ». Et il ajoute (Col 1,15-17) : « Le CHRIST est le FILS DE DIEU le premier né de toute la Création. Il est au-dessus de tout ce qui a été créé. C’est par lui que DIEU a été tout créé, dans le ciel et sur la terre : ce qu’on peut voir et ce qui est invisible, les puissances, et les esprits, les forces, les génies et les pouvoirs du monde invisible. DIEU  a tout créé, par le CHRIST et pour LUI. Le CHRIST existait déjà, avant la création du monde. C’est grâce à LUI, que toutes les choses créées sont maintenues dans la vie, chacune à sa place». Le CHRIST n’a pas sauvé seulement les hommes, Il a sauvé la création toute entière. Et le salut de DIEU, que Jésus nous a obtenu, c’est que nous les hommes nous vivions en amitié et en harmonie (en union) avec le monde entier, en bonnes relations avec toutes les choses créées.
Saint François d’Assise.
Toutes les pensées de François d’Assise sont remplies de tendresse et de bonté, envers toutes les créatures. Il nous montre une façon nouvelle de vivre dans le monde. Comme l’écrit Thomas de  Celano : «  Dans  toutes les choses, François  adore Dieu le Créateur. Il reconnait la présence de Dieu, dans tout ce qui se passe dans le monde : dans les bonnes choses, il admire la  beauté de Dieu, dans les mauvaises choses, il admire la bonté de Dieu». François vivait uni à toutes les créatures. C’est avec elles toutes, qu’il chante Dieu. Alors que l’homme moderne lui, il se met au- dessus des créatures. Il a des rapports de domination avec le monde. Et ainsi il devient dur et méchant : il se décourage,  car il ne peut pas transformer le monde comme il le voudrait. Pour retrouver l’espérance, il faut se faire humble, et descendre à la hauteur des autres créatures, pour créer un  monde de fils et de frères.
Cultiver la terre ou  la tuer avec des pesticides et en la fatigant jusqu’à la mort,  en lui demandant  de produire le maximum, ce n’est pas la même chose. Abattre un arbre pour un vrai besoin,  et abattre toute une forêt pour  gagner de l’argent, ce n’est pas pareil. Nettoyer son champ, et allumer des feux de brousse qui vont faire avancer le désert, ce n’est pas la  même chose. Saint François nous  rappelle, que les créatures ne sont pas seulement des objets : Dieu est présent  en elles. Il  a mis en elles, sa vie et son esprit. Nous ne sommes pas seulement de passage dans le  monde, nous vivons avec lui. Notre monde moderne a besoin de Saint François,  et de tout ce qu’il  nous a enseigné.
Saint François et ses compagnons  ont vécu une vie simple, à la  suite du Christ pauvre et humble. Ils ont refusé le pouvoir de l’argent. Ils n’ont  pas voulu prendre le monde et ses richesses pour eux-mêmes. Ils n’ont pas voulu commander aux autres, ni à la création, en se mettant au-dessus d’eux.  Ils ont regardé les créatures avec humilité, simplicité et bonté, comme  des frères. Ils ont aimé, aussi bien la nature  que les hommes, pour eux-mêmes, et non pas pour  l’argent qu’ils pourraient en tirer. 
C’est à cause de cela, qu’ils ont découvert la beauté du monde, même dans les  petites choses de la vie. C’est ce qui leur a permis de vivre heureux. Ils ont su admirer la  terre pour elle-même, sans chercher à en profiter, ni voir ce qu’ils pourraient en tirer. Aussi bien l’air,  l’eau, la lumière, le feu, le vent que toutes les  choses naturelles de la création. La terre n’était plus  pour eux,  un endroit où on se bat, ou que l’on cherche à  commander. Mais un lieu pour vivre, comme  des frères et sœurs. C’est cela qu’ils  nous enseignent, encore aujourd’hui. Nous en avons tellement besoin, dans notre monde de technique,  qui casse la création. Et où nous  ne savons plus admirer la beauté de la nature. N’est-ce pas pour cela, que notre pape a pris le nom de François ?
Le document GS « l’Eglise dans le monde de ce temps » 
Nous en avons déjà cité quelques passages, au sujet de l’environnement. En voici d’autres.
GS 47 : Dieu a demandé à l’homme, de terminer  la création qu’il a commencée. Quand l’homme cultive la terre de  ses mains, ou avec l’aide de machines, pour produire des fruits, la terre devient  une maison, digne de Dieu et de la famille humaine. Et aussi quand il participe  avec intelligence, aux différents groupes de la société. En faisant cela, en même temps, il se  cultive lui-même.
GS 13 : L’homme a souvent refusé de venir de Dieu. A ce moment -là,  il a cassé l’ordre, qui le conduisait jusqu’au but de sa vie. Et alors, il a  cassé l’harmonie (l’entente) par rapport à lui-même, par rapport aux autres hommes,  et aussi par rapport à toute la création.
GS 12 : La Bible enseigne que l’homme a été créé à l’image de Dieu, il est capable de  connaitre et d’aimer son Créateur,… il doit se servir de la création, pour  rendre gloire à Dieu.
GS 19 : L’homme ne vit totalement dans la vérité, que s’il reconnait librement  l’amour de Dieu, et qu’il se donne à Dieu son Créateur.
Le chapitre 3 de notre document, comme chaque chapitre, se termine par une réflexion chrétienne. Ce n° 72  part de la situation du monde, pour l’éclairer à la lumière de l’Evangile. Et arriver jusqu’au Christ, qui sauve le monde. Ce numéro montre le rapport entre la vie économique (le travail et l’argent), et le Royaume de Dieu à construire sur cette terre. Il dit : « Des chrétiens sont engagés dans le développement économique, pour faire avancer la société. Ils luttent pour faire grandir la charité. En faisant cela, ils font beaucoup, pour le bien des hommes et pour la paix du monde « (72, 1). Cela nous rappelle les numéros 67 et 34 qui expliquent que par son travail, l’homme participe à l’action du Christ, qui sauve le monde. Donc chercher le Royaume de Dieu ne doit pas nous amener, à oublier les problèmes du monde. Au contraire, cela nous donne encore plus de force, pour aider nos frères, et chercher des solutions aux problèmes de la société, en particulier ceux de l’environnement : « Celui qui suit le Christ et cherche d’abord le Royaume de Dieu, il trouve un amour plus fort et meilleur, pour aider ses frères, et pour travailler dans la justice et dans l’amour » (72, 2). Le chrétien donne l’exemple d’une vie écologique, en suivant les Béatitudes dans l’esprit de pauvreté (72, 1). Alors l’amour du Christ passe dans toute la vie économique. Et les actions faites ensemble avec les autres hommes, construisent le Royaume de Dieu, qui est déjà présent sur cette terre d’une façon cachée (39).
Les papes
Rappelons où nous sommes arrivés : Nous sommes tous responsables de la terre. Nous ne devons ni la salir (la pollution), encore moins la casser. Pourtant c’est ce que nous faisons, avec nos usines, nos voitures, nos feux de brousse et beaucoup d’autres choses. Nous en connaissons bien les conséquences : La terre se réchauffe, les glaces des pôles fondent, et le niveau de la mer augmente. Les gaz, que nous produisons  par nos usines et nos voitures, attaquent la couche d’ozone, qui nous protège des rayons du soleil. Nous coupons trop d’arbres, sans en replanter d’autres, et le désert avance. Les forêts disparaissent, mais aussi beaucoup de plantes et d’animaux. On parle beaucoup actuellement de la protection de la terre, et du respect de la création de Dieu. Mais cela reste souvent au niveau des idées. On fait de grandes conférences internationales, qui coûtent très cher,  où on fait beaucoup de discours, mais où on ne prend aucune décision. Et il n’y a aucun pouvoir international,  pour contrôler ce qui se fait réellement. Pourtant, le respect de la création peut nous aider beaucoup. Pas seulement pour partager les richesses de la terre dans la justice,  mais aussi pour l’écologie. Que faire ? Ecoutons ce que les derniers papes ont dit.
-La première chose, c’est de s’occuper de l’homme, pour le faire grandir dans toute sa personne : son corps, son esprit, sa force de travail, et sa place dans la société. Pour le bien, non seulement de chaque homme en particulier, mais de la société toute entière. Et pour un meilleur avenir du monde. Benoît  16 expliquait : « L’Eglise doit protéger la terre, l’eau et l’air. Car c’est la création de Dieu, qui appartient à tous. Mais l’Eglise doit surtout protéger l’homme. Et ces deux choses doivent aller ensemble : la nature (l’environnement, le monde qui nous entoure), et l’homme. Nous avons donc les mêmes droits, par rapport à la nature et par rapport à la personne humaine».

-Dieu a donné la création à l’homme. Les écologistes nous rappellent qu’il ne faut pas respecter seulement l’homme, mais toute la création. L’homme doit se servir de la terre, que Dieu nous a donnée, comme Dieu le veut : en la respectant, et en la protégeant pour qu’elle vive. Au moment du Concile en 1965, on n’avait pas encore très bien compris l’importance de l’écologie (le respect de la nature). Mais maintenant, nous devons à tout prix le faire. Si on sait respecter l’homme, on saura aussi respecter la nature. Car les plantes et les animaux, ont aussi été créés par Dieu.  Rappelons ce que dit Saint Paul : « La création attend que le Fils de Dieu apparaisse… et elle espère être libérée elle aussi, de la pourriture et de l’esclavage, pour entrer dans la liberté et la gloire des enfants de Dieu. En effet nous le savons, toute la création est dans les souffrances d’une nouvelle naissance » (Romains 8, 19 à 21).
Jean Paul 2  a expliqué cela dans sa lettre « Le Rédempteur de l’homme », n° 9 : Le Dieu qui a créé le monde, Il est aussi celui qui le sauve. Dieu est « fidèle à lui-même ». Il est fidèle à son amour, envers l’homme, et envers le monde. Aujourd’hui, aussi bien qu’au 1° jour de la création. Et son amour est un amour, qui ne recule devant rien de ce que demande la justice. Son amour est toujours plus grand que toutes les créatures, « car Dieu est amour ». Et la justice de Dieu est un amour qui fait toute chose, pour le bien de l’homme dans l’harmonie (l’entente et la paix). Jean Paul 2 disait encore dans sa lettre du 1er janvier 1990, pour la Journée Mondiale de la Paix : « Les hommes pensent de plus en plus, au respect de la création de Dieu (l’écologie). Il faut y encourager les hommes. Et mettre en place des actions concrètes pour cela ».
Jean Paul 2 rappelle tout ce qu’on fait dans le monde, contre l’environnement. Et il ajoute : « Mais le plus grave, c’est que l’homme ne respecte plus la vie : fabriquer beaucoup de choses  est devenu plus important, que la vie des travailleurs. On ne respecte plus leur dignité. L’argent est devenu plus important que les personnes humaines… Et c’est la même chose avec la biologie (les sciences de la vie) : on cherche à transformer les plantes (les OGM) et les animaux (les clonages), et même les hommes. Cela risque d’être  très dangereux pour notre avenir… Dieu a fait la terre pour tous. Ce n’est pas juste que quelques personnes prennent les biens de la terre pour eux seuls, pendant que de nombreuses personnes vivent dans la misère. Dans le monde  que Dieu a créé, nous dépendons les uns des autres. Nous devons agir en pensant à tous les autres.
-Il ne suffit pas de bien partager les choses, entre les hommes qui vivent maintenant sur terre. Nous devons penser aussi aux hommes, qui viendront après nous. Et leur laisser les moyens de bien vivre. Benoît 16 expliquait pour la Journée Mondiale de la Paix (1er janvier 2010) : « Nous utilisons les richesses de la terre, pour nos besoins actuels (les ressources naturelles). Mais il ne faut pas que cela fasse souffrir les hommes, et toutes les plantes et les animaux qui vivent aujourd’hui. Et encore moins, ceux qui vont venir plus tard. Il ne faut pas que les activités des hommes d’aujourd’hui, cassent la fécondité de la terre, ni pour aujourd’hui, ni pour demain. » (n°8). Voir aussi le compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise au n° 482
Benoît 16 disait encore dans ce message de la journée mondiale de la PAIX, du 1er Janvier 2010 : « si tu veux construire la paix, protège la création (ce que DIEU a créé). La création est très importante. C’est le début de toutes les choses que DIEU a faites. Le développement total de l’homme, dépend du rapport que l’homme a, avec le monde qui l’entoure. Ce monde c’est un cadeau que DIEU a fait à tous. Nous devons le protéger, et le faire grandir. Nous en sommes responsables devant tous les hommes, en particulier devant les pauvres, et les hommes qui viendront après nous. Certains pensent que la nature a été créée, seulement par hasard. Et que l’homme est le résultat obligé, de l’évolution des espèces animales. A ce moment-là, on risque d’oublier la responsabilité que nous avons, face au monde ». Benoît 16 ajoutait : « Quand on utilise les ressources de la  nature, il ne faut pas que ce qu’on gagne ait des conséquences mauvaises, pour les êtres vivants, hommes, animaux et plantes, présents et futurs. Que les actions de l'homme ne cassent pas la fécondité de la terre, pour le bien d'aujourd'hui et celui de demain…Il faut prendre des décisions courageuses, pour refaire une alliance forte entre les hommes et la terre, avant que ce ne soit trop tard. Il faut dire oui avec force, à la protection de la création. Et vivre cet engagement fortement, pour arrêter les façons de faire, qui vont casser la terre pour toujours ». Benoît 16 expliquait encore : « Pour cette question, il faut penser à toutes ces dimensions : l’écologie (la nature), les lois et la politique, l’économie (la production des richesses), la culture (la civilisation), les traditions et les valeurs » (Lettre : La Charité dans la Vérité).
-Le pape François, dès qu’il a été nommé pape, a dit (homélie du 19-3-13) : »Nous sommes les gardiens de la Création. Nous voulons faire ce que Dieu nous demande pour l’environnement. Ne permettons pas que des actions de mort, cassent la marche de notre monde. C’est notre responsabilité : Dieu a confié le monde entier à l’homme ».Et il ajoutait à l’audience du 5-6-2013 : » Au début du monde, Dieu a dit à Adam et Eve, de cultiver et de protéger la terre. Il redit la même chose aujourd’hui à chacun de nous. ‘Dieu veut que nous fassions grandir le monde, mais en prenant nos responsabilités. Pour en faire un jardin, où tous pourront vivre. Malheureusement, souvent, nous sommes orgueilleux. Nous voulons commander, et dominer la Création. Nous la prenons pour nous. Nous l’utilisons, et nous l’exploitons, sans la respecter. Nous oublions que c’est un grand cadeau, que Dieu nous a donné gratuitement, et dont il faut prendre soin. Nous ne savons pas admirer la beauté du monde. Nous ne savons plus l’écouter…Prenons l’engagement  sérieux, de respecter et de protéger la Création. De faire attention à toutes les personnes. De lutter contre le gaspillage. Et de faire grandir la civilisation de la solidarité, de l’amitié et de la rencontre. »
Voici la 22ème proposition des Evêques au  2ème Synode pour l’Afrique : « nous constatons que de nombreuses personnes, à tous les niveaux, continuent de faire souffrir la nature. Et à détruire le monde si beau, que DIEU nous a donné. On utilise les richesses de la nature, plus que ce qui est acceptable et utile. La terre est notre mère, mais on l’a cassée, sans réfléchir. Et on continue à la détruire, sans intelligence. Des hommes et des femmes d’affaires, des gouvernements et des sociétés multinationales se mettent d’accord, avec des responsables politiques et économiques africains : ils lancent des activités qui salissent l’environnement (la pollution), et qui détruisent les plantes, les animaux, la nature et les forêts. C’est cela, la cause de l’usure de la terre (l’érosion), et de l’avancée du désert sur de grandes étendues, comme cela n’a jamais été fait avant. Tout cela est un grand danger pour l’humanité et l’univers tout entier». Il ne s’agit donc pas d’une crise naturelle et économique, mais d’une crise spirituelle, qui est causée par l’homme. C’est parce que l’homme ne sait plus accueillir le monde, comme un cadeau de DIEU qu’il nous faut protéger. Pourtant, c’est en respectant la création de DIEU, que nous pouvons Lui rendre gloire. Donc ce sont bien des hommes et des femmes, qui détruisent et cassent la terre. Et cela par égoïsme, sans penser aux autres, pour l’argent (raison économique), sans réfléchir, et sans faire ce qui est nécessaire pour éviter cela. C’est pourquoi, les évêques ajoutent : » Pour rendre la terre  habitable pour ceux qui viendront après nous, mettons en place  un  environnement durable et responsable. Nous demandons aux Eglises, de faire  une véritable éducation sur les problèmes de l’environnement. Qu’elles demandent aux gouvernements,  de mettre en place des  plans pour la protection de la terre, et pour développer d’autres  sources d’énergie renouvelable. Qu’elles demandent à tout le monde, de planter des arbres et de respecter la nature, qui est notre bien commun à tous, et qui est sacrée. Tout cela dans la clarté, et le respect de la dignité humaine ».
L’écologie et l’Eglise catholique

L’Homme moderne pense qu’il est au-dessus de la nature. Qu’il ne dépend pas d’elle. Et qu’il peut la commander, l’utiliser et faire ce qu’il veut, grâce au progrès de la science et des techniques modernes. Il faut retrouver le respect de la nature, qui était si importante pour nos ancêtres. Il faut obliger nos Etats et les grandes sociétés internationales, d’arrêter de casser, de salir et de tuer la nature.
Pour cela on a besoin d’un pouvoir mondial, qui cherche le bien de tous les hommes : Le bien de l’humanité d’aujourd’hui et le bien de ceux qui viendront après nous. Cela pourrait être le rôle de l’Union Africaine, si elle s’en donnait les moyens. Et de l’ONU si elle en avait vraiment la volonté. Avec la mondialisation, nous vivons aux dimensions du monde. Nous ne pouvons pas laisser les Etats et les sociétés faire ce qu’ils veulent, pour leurs propres profits. Sans penser à la souffrance des pays moins développés, et des plus pauvres de chez eux, ni à l’avenir du monde. L’Eglise catholique (c’est-à-dire Universelle) a un rôle important à jouer, à ce niveau. De même que toutes les autres Organisations Internationales : ONG, Associations, etc…C’est ce que nous demandent l’Evangile, et le Christ maître du monde entier. Car Il est le Sauveur, non seulement des hommes, mais de tous l’Univers : le ciel, la terre et tout ce qu’il y a sous la terre. Et de tous ceux qui vivent : les plantes, les animaux, aussi bien que les hommes. Ceux d’aujourd’hui et ceux de demain
L’ONU a organisé le sommet de Copenhague du 7 au 18 décembre 2009, sur la question du réchauffement climatique. Il regroupait les responsables de tous les pays du monde. Voici ce que les responsables des Eglises  de France ont écrit au Président de la République : «A cette occasion, vous pouvez ouvrir un chemin nouveau, pour  toute  l’humanité qui est en danger. C’est très important  et l’espérance est immense…. Nous croyons que  la terre est un cadeau de Dieu, Dieu nous a donné la responsabilité d’organiser la terre, avec un grand respect, en cherchant la justice  pour tous. C’est l’avenir de toute la création  qui est en jeu. Et ce sont les  peuples les plus pauvres qui souffrent le plus, de la mauvaise organisation actuelle du monde. L’heure n’est plus aux sentiments généreux  (aux grandes idées et aux grands discours). Il faut des décisions précises, et des actions concrètes. Si on veut bien utiliser les biens de la terre d’une façon plus intelligente, il faut changer notre façon de vivre. Il faut prendre des décisions claires, pour diminuer notre consommation (l’utilisation que nous faisons des choses de la terre). Aussi bien au niveau de chaque personne, qu’au niveau de nos communautés, de chaque pays et du monde entier ».
Voici maintenant l’appel d’un groupe de chrétiens, pour cette rencontre de Copenhague : « nous chrétiens, nous nous engageons à mener des actions, et à soutenir les associations, les partis politiques et les Eglises, pour diminuer la production des gaz à effets de serre (les gaz produits par nos moteurs, qui attaquent la couche d’ozone, qui protège la terre des rayons ultraviolets du soleil ; quand cette couche disparaît le soleil tape directement sur la terre, qui se réchauffe, avec toutes les conséquences). Nous  croyons qu’il est possible d’habiter la terre sans la casser. Nous nous engageons à changer nos comportements, par tous les moyens qui sont les nôtres, pour l’alimentation, les transports, les loisirs, le travail, la construction des maisons, etc… Nous avons décidé de vivre d’une façon plus simple et plus responsable, en réfléchissant aux conséquences de ce que nous faisons, et en étant plus solidaires des autres et plus communautaires»
 Les évêques de  France ont écrit en 2012  ( Enjeux et défis écologique de l’avenir) : « L’Eglise ne peut pas remplacer les savants, ni les responsables politiques. Mais elle souhaite participer à la création, parce que c’est Dieu qui a créé l’homme. Par conséquent, tout ce qui concerne l’homme intéresse Dieu.  Dieu a créé l’homme le 6ème jour après les plantes et les animaux, puisqu’il a besoin d’eux, pour vivre. Et d’abord de la terre, de l’eau et de l’air. Noé a pris un mâle  et une femelle de tous les animaux, pour les sauver. Et Dieu a fait alliance avec eux, après le déluge.  Par conséquent, l’homme doit vivre en amitié avec toute la nature. Il n’a pas le droit d’en faire  ce qu’il veut. Les hommes doivent donc réfléchir ensemble, à la façon dont ils vivent dans le monde. Dans toutes les activités de la société, on doit penser à l’environnement et à l’écologie. Et par l’Arbre de la Croix, les arbres sont  présents, même dans le mystère de Jésus qui nous sauve. Car c’est sur un arbre ( par sa  Croix) que Jésus a sauvé toute la création. »
En juillet 2.013, l’Union Européenne a refusé à nouveau l’utilisation des OGM, venant des Etats Unis, (Organismes Génétiquement Modifiés : des semences qu’on a transformées, et qui peuvent avoir des conséquences sur les semences naturelles, et sur la santé). Et la société Monsanto a arrêté ses projets de vente en Europe. A  l’inverse, les députés français ont voté une loi, permettant des recherches sur les embryons humains, alors qu’on peut obtenir les mêmes résultats, en faisant ces recherches sur les autres cellules du corps (les cellules-souches). Dans un entretien publié le dimanche 21 juillet dans le journal Le Parisien, l’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, a réaffirmé les positions de l’Église sur les questions de société, notamment les recherches sur l’embryon. Il a insisté sur la nécessité d’un engagement politique, pour la défense et le respect de la vie : « Le statut de l’embryon est une question de société. On est devant un premier stade de l’existence humaine, qui n’a pas encore toutes les possibilités d’une personne. Mais l’embryon mérite d’être traité comme une personne humaine, avec le même respect. L’écologie doit d’abord être au service de l’homme. Et le principe de précaution (pour éviter des conséquences mauvaises) , qui vaut pour les OGM, doit aussi être appliqué à la personne humaine ».

La Conférence des évêques catholiques des Etats Unis explique : « Nous devons beaucoup apprendre des mouvements écologiques, pour la protection de l’environnement, et le respect de la nature : reconnaître nos limites, et les relations entre la terre, les plantes, les animaux et les hommes. Nous voulons mettre en place des actions et des politiques durables, et qui respectent l’écologie. Tous nous pensons à l’avenir de la terre, et nous pouvons faire beaucoup de choses ensemble. Le monde, comme l’homme, ont été créés par Dieu. Un chrétien ne peut pas séparer le respect des autres hommes, et le respect de la création. Faire souffrir la terre diminue notre dignité. Pas seulement parce que nous détruisons, ce dont les hommes qui viendront après nous, auront besoin pour vivre. Mais d’abord, parce que cela nous rend mauvais et méchants, et nous empêche d’être vraiment hommes. La défense de la vie des hommes ne peut pas être séparée, de la défense de tous les êtres vivants. Le respect de la création de Dieu fait partie de notre foi ».

Pour bien comprendre cela, nous devons nous demander : quel est le but de la vie sur la terre ? Est-ce que c’est seulement de préparer notre vie au ciel ? En effet le monde est bon, il a été créé par Dieu. Si le monde est bon, nous devons donc l’aimer. C’est pourquoi, il est nécessaire de rendre cette terre plus belle. Et d’abord de la protéger, par amour de nos frères et de nos sœurs.
Pour cela il faut que l’homme accepte de ne plus être le centre du monde. Le centre du monde c’est Dieu. Et son Fils Jésus Christ s’est fait homme, pour sauver la terre entière (pas seulement les hommes). L’humanité (l’ensemble des hommes) fait partie de l’univers qui avance. Le mercredi des cendres on nous dit : « Souviens-toi homme, que tu viens de la terre, et que tu retourneras à la terre ». Mais en même temps, nous savons que Jésus Christ reviendra ressusciter tous nos morts (la résurrection de la chair), comme nous le disons dans le « Je crois en Dieu ». Nous attendons le retour de Jésus, à la fin du monde. Jésus ne prendra pas seulement nos âmes, Il ressuscitera nos corps. Et Lui-même reviendra avec son corps glorieux. Notre corps qui vient de la terre ne sera pas détruit, mais au contraire rempli de la lumière de Dieu, pour vivre pour toujours. Et Saint Pierre dit : « Nous attendons des cieux nouveaux, et une terre nouvelle, où la justice habitera » (2ème Pierre, 3, 13) – voir déjà Isaïe 65, 17 et 66, 22 et le Rêve de Saint Jean (Apocalypse 21, 1).
C’est donc notre foi en Dieu qui donne la vraie raison de l’écologie. Elle nous en donne une base solide. C’est cette base que nous avons à partager avec le mouvement écologique : pas seulement les moyens pour protéger la terre, mais les raisons de la protéger. Notre monde a besoin d’être sauvé. Notre document GS rappelle que « comme l’homme et avec lui, le monde créé par Dieu dans l’amour, est tombé dans l’esclavage du péché. Mais Dieu veut le sauver, pour qu’il arrive à son but final en totalité ». La création n’est pas finie, elle est en marche vers sa perfection finale.

Malgré tout, la personne humaine reste la plus grande richesse de la terre. C’est la vie humaine, qui doit être respectée en premier. Il est vrai que, avec les découvertes modernes et les changements dans notre société, on ne respecte plus autant la vie de l’homme : que ce soit sa naissance avec les avortements, ou la fin de la vie avec l’autorisation de l’euthanasie. Et c’est pareil pour les autres choses. Par exemple, on ne respecte pas la vie des travailleurs. Ce qui compte pour beaucoup de personnes et de sociétés, c’est l’argent. Pourtant la plus grande richesse du monde, c’est l’homme. On doit donc le respecter, comme le disait le fondateur de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), le père Cardjin : « un jeune travailleur vaut plus que tout l’or du monde ». Mais c’est aussi parce que l’homme peut faire avancer la terre, et faire grandir le monde. C’est pour cela que l’on parle de ressources humaines. Elles sont plus importantes que les ressources naturelles : le fer, l’or, ou le pétrole. La première chose à faire c’est donc de respecter et de faire grandir la vie humaine, et la vie de tous les hommes.
L’homme n’est pas le maître de la création, il en est seulement le responsable. Ce n’est pas lui qui a créé le monde, c’est Dieu. L’homme doit donc protéger la création de Dieu, et la rendre meilleure. Et non pas la tuer, ou la rendre plus sale ou malade. L’homme doit rendre la terre belle, et meilleure à vivre. C’est cela la volonté de Dieu. Quand Dieu a créé le monde, il a vu que tout cela était bon. Il nous l’a confiée, pour que nous la gardions. Et même que nous la rendions meilleure. Car la création n’est pas finie. Dieu fait vivre le monde, jusqu’à aujourd’hui. Et Il nous appelle à travailler avec Lui, pour faire avancer le monde et rendre la création meilleure.
Donc le bien de l’homme et le bien de la création avancent ensemble. L’homme doit vivre en paix avec les autres hommes, mais aussi avec la nature. Notre foi chrétienne est très importante pour cela. Elle nous rappelle, que nous pouvons utiliser la terre pour nos besoins. Mais sans oublier ce que Dieu a fait, et ce qu’il veut pour la terre. Donc de nous servir de la terre, comme Dieu le veut. Et de travailler ensemble avec Dieu. Et non pas de prendre sa place. D’ailleurs si nous faisons souffrir la terre, elle va se révolter, et nous serons les premiers à en souffrir. Avant de penser à utiliser les richesses de la terre, il nous faut donc dire merci à Dieu, comme nous le dit notre document GS : « Gardez les qualités de contemplation (voir Dieu dans le monde) et d’admiration, qui peuvent nous conduire à la vraie sagesse… C’est le Saint Esprit qui nous conduit à la foi, et à voir l’action de Dieu dans le monde, avec joie… Cela nous demande de détacher notre esprit des choses matérielles ».
Dans chaque pays, il est important de mettre en pratique, ce que nos évêques disent. Par exemple, sur le déboisement et les feux de brousse. Ou sur les conséquences des mines qui salissent la terre, et empêchent les habitants de bien vivre. (Voir par exemple en annexe, la lettre de Carême 2.013 des évêques du Sénégal). Et aussi de se renseigner, sur ce que les autres églises chrétiennes et les autres religions, disent de cette question. En voici quelques 1° idées.

Les autres Eglises chrétiennes :

Il y a des groupes « chrétiens » (des sectes ?), qui disent qu’on peut détruire la terre sans problème. Au contraire, quand on aura coupé le dernier arbre, ce sera la fin du monde. Et alors Jésus reviendra ! Mais ce n’est pas l’avis des religions chrétiennes. Par exemple, l’Eglise baptiste des Etats Unis affirme : « nous sommes appelés à travailler avec Dieu, pour transformer ce monde, cassé par le péché. Pour qu’il reçoive ce que Dieu veut pour lui : la beauté, la santé, la paix, l’entente, la justice et la joie. Comme le dit la Parole de Dieu (Isaïe 11, 6-9 – Michée 4, 3 à 4 – Ephésiens 2, 10 – Apocalypse 21, 1 à 5). Nous devons travailler avec Dieu pour protéger la terre, la rendre nouvelle et la faire grandir. Pour conserver la vie sur la terre, permettre à tous les hommes de mieux vivre, et augmenter la justice dans un monde de paix ».

Le réseau pour l’environnement de l’Eglise évangélique est « une action, pour annoncer que le Christ est le roi de la création » (Corinthiens 1, 15 à 20). Pour eux les besoins de l’environnement, ce sont d’abord les besoins spirituels. Si nous voulons prier et honorer Dieu en vérité, nous devons aimer et prendre soin de la création. Mais nous avons péché, nous n’avons pas su respecter la création, que Dieu nous a donnée. Maintenant, nous voulons travailler pour guérir et protéger la création, pour l’honneur et la gloire de Dieu son Créateur. Pour cela la Bible nous dit quatre choses :
1.       Convertissez-vous, changez vos manières de faire. Car la terre appartient à Dieu.
2.       Résistez aux faux prophètes, et aux idées nouvelles qui vont contre la volonté de Dieu.
3.       Comprenez ce que la Bible nous dit, sur Dieu comme Créateur. Et sur notre responsabilité, par rapport à la terre. En nous rappelant que la création attend, que les enfants de Dieu se montrent (Romains 8, 19).
4.       Admirez la beauté de la création, et de tout ce que Dieu fait dans le monde, pour comprendre à la fois, sa grandeur et sa bonté. Car le but de Dieu, c’est de guérir et de rendre parfait, grâce au Christ. Pas seulement les personnes, mais tout ce qui existe… Le Christ apporte l’espoir, pas seulement aux hommes, mais à toute la création, qui souffre à cause du mauvais comportement des hommes.
L’archevêque Thabo, de l’Eglise anglicane d’Afrique du Sud a invité les croyants, à faire un jeûne du carbone pendant le Carême (car c’est la production de Carbone, qui réchauffe la terre, avec toutes ses conséquences). Il explique : « le carême est le temps de la pénitence et du jeûne, pour laisser tout ce qui va contre la volonté  de Dieu, et pour faire ce qu’il veut  pour le monde. Pendant ce carême, je vous  invite tous à agir  « pour l’amour et le sacrifice »,  en luttant contre les changements du climat. Et pour  aider tous ceux qui en supportent les conséquences ». Et il a proposé  des actions, pour les pays qui souffrent le plus  des changements du climat. Par exemple le Mozambique, où plus de 150 000 personnes  se sont retrouvées sans maison,  suite à des inondations. Il dirige l’ ACEN (réseau de la Communion Anglicane pour l’Environnement). Il explique : «  au lieu de faire des aumônes, il vaut mieux diminuer notre production de  carbone, en  changeant notre façon de vivre ». Il demande aussi de diminuer la quantité de viande que l’on mange. « Car pour produire 1 Kg de  viande, on rejette dans l’air, autant de gaz que si on conduit une voiture  pendant plusieurs  heures,  ou si on laisse la lumière allumée toute la nuit dans une maison ». Et pour produire une protéine animale, il faut environ 7 protéines végétales (l’herbe que mangent les animaux).

Toutes les Eglises chrétiennes d’Europe ont écrit ensemble un document (les Eglises faces aux changements climatiques du 06/11/2009) : « il y a de grands problèmes actuels dans le monde, au niveau économique. En particulier, par rapport à l’écologie. Nous les chrétiens, nous devons vivre ces problèmes selon notre foi, en gardant l’espérance. En aimant non seulement DIEU, mais le monde entier, que DIEU lui-même à créé…
Le problème de l’écologie n’est pas seulement un problème technique. Nos cultures (nos traditions), la morale (faire le bien), la foi et la religion ne doivent pas être oubliées, pour trouver des solutions valables pour tous. Des solutions durables, et qui  permettent un développement total de l’homme, et de tous les hommes. Il ne s’agit pas seulement, de penser à nos droits. Nous devons penser aussi à nos responsabilités les uns envers les autres, et envers le monde entier. Et également par rapport à nos enfants, et aux hommes qui viendront après nous.
Nous demandons à tous les chrétiens d’entrer en contact avec leur gouvernement, pour prendre les mesures nécessaires, pour diminuer le changement de climat. Même si cela coûte cher, et nous demande des efforts, et des changements dans notre façon de vivre. Dans cette action, nous devons surtout penser aux plus pauvres d’entre nous. Ils ne sont pas responsables de la destruction de la nature, parce qu’ils n’ont presque pas de machines qui polluent (salissent) l’air et réchauffent la terre. Pourtant ce sont eux qui en souffrent le plus, car ils supportent les conséquences du mauvais comportement des riches, qui ont pris la terre pour eux. Ce n’est pas juste !
Nous demandons aux gouvernements, de faire les efforts qu’il faut. Et de trouver les moyens nécessaires, pour arrêter de casser la terre. Et pour diminuer toutes les souffrances, qui viennent du réchauffement de la terre, de la  diminution des richesses de la nature, et de tous les autres problèmes du monde.
Nous commençons par demander à toutes les Eglises, de faire elles-mêmes des efforts, pour diminuer l’énergie qu’elles utilisent (carburant, électricité,…etc.). Et d’utiliser d’avantage les énergies renouvelables (vent, eau, soleil qui ne s’épuisent pas), par les éoliennes, les panneaux solaires…etc. Nous demandons à toutes les Eglises de travailler ensemble. Et aussi de travailler avec les autres organisations du monde, qu’elles soient religieuses ou non. Nous demandons aux Eglises de prier pour la terre. Et en particulier, de prier avec ceux qui souffrent le plus, de ces transformations de la terre. De prier aussi, pour trouver le courage, pour changer notre façon de vivre (n°27).»
C’est pourquoi, les Eglises ont organisé sur place des prières, pendant toute la conférence de Copenhague. Et elles ont demandé à toutes les communautés chrétiennes, partout dans le monde, de prier le jour de l’ouverture à 15heures, toutes en même temps. Et de sonner les cloches 350 fois à 15 heures, d’après leur heure à eux : pour qu’il y ait une longue chaine de prière à la suite, dans chacun des pays du monde entier, pendant 24 heures. C’était un signe important, pour montrer l’engagement les Eglises du monde entier, par rapport à l’écologie. Le message se termine ainsi : « Nous demandons à DIEU, de nous donner dans sa grâce et sa sagesse, la possibilité de faire face aux crises actuelles de l’environnement. Et nous nous engageons à répondre à l’appel de JESUS et de son Evangile, pour construire nos sociétés selon LA JUSTICE et LA SOLIDARITE ».
Le réseau environnemental chrétien européen (ECEL) a été créé au rassemblement œcuménique de Gratz, en 1997, suite à l’action de pasteurs protestants, en faveur du respect de la création, depuis les années 1950. Il a été rattaché à la Conférence des Eglises européennes (KEK). Il travaille en lien avec les conférences épiscopales catholiques européennes(CCEE). L’ECEL demande un changement de vie, à cause des transformations du climat. Il intervient aussi, auprès des députés de chaque pays (parlement), et des rencontres de l’ONU, par exemple à Kyoto et à Bali. Il lance aussi de grands projets pour économiser l’énergie, des journées de la création, et des actions œcuméniques pour la justice, la paix et la réconciliation.
Le 10 juin 2002, le Pape Jean Paul 2 et le Patriarche Bartholomée 1 de Constantinople, ont fait une déclaration commune. Ils ont insisté sur le fait, que le respect de la création vient du respect de la vie humaine, et de la dignité de l’homme. Le manque de responsabilité par rapport à la nature, ce n’est pas seulement un problème technique (de moyens). C’est un problème moral (de bon comportement). Il faut donc changer de comportement. Et nous regarder les uns les autres, mais aussi le monde qui nous entoure, dans la foi. Pour faire ce que Dieu veut, pour la création. La science est un bon moyen de protéger la terre. A condition de voir comment les découvertes de la science sont utilisées, pour respecter l’homme, le bien commun et le bien de la création elle-même. C’est une question difficile. C’est pourquoi, nous devons travailler avec tous, écouter les avis de tous, même de ceux qui n’ont pas les mêmes idées que nous.

Ensuite, Jean Paul 2 a envoyé une lettre à Bartholomée 1, en janvier 2003, à l’occasion du 5ème
Symposium sur l’environnement. Il demande de bien comprendre, d’où vient exactement le
problème de l’environnement. Pour lui, cela vient de ce que l’homme oublie, que dans son action dans le
 monde, il doit toujours respecter ce que Dieu
veut. Il faut donc une conversion écologique, pour rejeter le désir de toujours produire plus, pour profiter
davantage des choses (productivisme et consommation). Et chercher à vivre dans la justice et la solidarité.
Les orthodoxes pour cette question insistent surtout sur la conversion intérieure qu’ils appellent enkrateia : se
Limiter, et savoir se retenir dans notre consommation de nourriture, et des autres biens de la terre : nous limiter
 à ce dont nous avons besoin, au lieu de suivre tous nos désirs. Devant la publicité et les biens modernes, savoir
 dire non, ou ça me suffit comme ça, j’ai déjà ce qu’il faut. C’est de cette façon, que nous pourrons trouver notre
vraie place dans l’univers. C’est cela la base de la morale, par rapport à l’environnement. La croix du Christ est
au centre du monde, et elle nous sauve. Notre croix (nos sacrifices et nos efforts) doit être aussi au centre de
nos actions, pour rendre le monde meilleur et le transformer.
Jean Paul II parle surtout de « l’écologie humaine, pour rendre plus digne la vie de toutes les créatures. Protéger
 la bonté  de la vie dans toutes ses manifestations. Et pour garder un bon environnement pour les hommes
qui viendront après nous, comme Dieu le veut ».

Prière œcuménique : Seigneur tu nous as  donné la terre en cadeau, pour la rendre plus belle. Mais nous n’avons pas su reconnaitre ta Gloire, dans la grandeur de la nature. Seigneur tu nous as donné la  vie, pour que nous habitions dans le  monde, qui est ta maison. Et  pour que nous la  partagions, avec tous nos frères les hommes. Mais nous avons refusé, d’aimer le  monde comme tu nous aimes. Seigneur que ton règne vienne, et nous remplisse de ta vie.

Un point de vue musulman :
D’après Ibrahim Ozdemir  de l’Université d’Ankara : « Il faut reconnaître le pouvoir de Dieu, sur toutes les créatures. Mais reconnaître aussi, que l’homme est le lieutenant (le gérant) de Dieu sur la terre. La création nous montre la grandeur de Dieu : elle est le livre, dans lequel nous pouvons lire l’action de Dieu. C’est pourquoi, nous devons conserver les richesses de la terre, et les protéger ». Ibrahim cite un passage du Coran, qui ressemble à ce que le livre de Job nous dit dans la Bible : « L’homme n’est rien devant Dieu. Au jugement dernier, il devra rendre compte à Dieu, de ce qu’il aura fait avec la création. Et comment il l’aura traitée ». Donc respecter la terre, c’est un devoir.
Une des idées très importantes de l’Islam, c’est l’unité. Dieu est unique. C’est pourquoi, l’homme doit garder l’unité, entre les hommes et la nature. C’est ce qu’on appelle l’intégrité de la création.
Une deuxième idée très importante de l’Islam, c’est la pureté. Il faut garder la pureté de l’homme, mais aussi de la création et de l’environnement : « La pureté c’est la moitié de la foi ». Le prophète a interdit de salir, les routes et les chemins que les hommes utilisent, et les endroits où il s’assoit. Dieu a créé l’univers propre. C’est un devoir de le garder propre.
Quand nous admirons la beauté de la vie et la grandeur du monde, nous admirons Dieu qui a fait tout cela. Alors, nous sommes prêts à agir avec Lui, et comme Lui. Pour continuer sa création, et faire avancer le monde entier, pas seulement la société des hommes.
Les sourates 25 et 45 demandent à l’homme, de faire la différence entre le bien et le mal. Et se conduire dans l’Amour, la Justice et la Bonté. Car l’homme est le représentant (Khalifa) de DIEU sur la terre.
Les religions traditionnelles :

La Parole de Dieu est dans la Bible (la première et la nouvelle Alliance). Mais Dieu parle aussi dans les autres religions, dans les autres cultures, et dans les différentes situations humaines (la vie du monde, les signes des temps). Car Dieu est la source de la lumière et de la vie, pour toute la Création. Il a mis son Amour et sa Parole, aussi dans les autres civilisations et religions. Notre document (GS 44) affirme : »L’expérience des hommes des siècles passés, les progrès de la science,  et les richesses des différentes cultures, nous permettent de mieux connaître l’homme lui-même. Ce sont des chemins vers la vérité. Ils sont utiles à l’Eglise ». C’est donc important de revenir à ce que les anciens nous ont enseigné. Ils vivaient en harmonie (en entente) avec la terre. Ils savaient la protéger, et la travailler sans trop la fatiguer, parce qu’ils se sentaient unis à la terre et à la forêt. La terre n’était pas une propriété privée, elle appartenait à toute la famille. Car c’est le lieu où sont enterrés les morts, et où vivent les ancêtres.

Il ne faut donc pas oublier les religions traditionnelles, qui sont encore vivantes dans le monde entier. En 1854, le chef indien Seattle a dit aux américains blancs, dans un discours célèbre : « Vos morts arrêtent de vous aimer, vous et la terre où ils ont  vécu. Dès qu’ils sont enterrés et sont partis vers les étoiles, vous les oubliez rapidement. Nos morts à nous les indiens, ils n’oublient jamais le beau monde, dans lequel ils ont vécu. Ils continuent à aimer nos vallées vertes, nos rivières qui coulent, et nos belles montagnes. Ils continuent à aimer, ceux qui sont tristes. Ils les visitent souvent, pour les guider et les consoler ».

En Afrique  aussi, les anciens nous ont appris à respecter la terre. La terre n’est pas une chose à vendre, c’est le lieu où sont enterrés nos morts. Mais actuellement, les terres sont accaparées (prises de force, ou par l’argent) par l’état, les riches du pays ou les sociétés étrangères. La terre est notre Mère, il faut l’aimer et la respecter. Avant de commencer à travailler la terre, les anciens la saluaient. Et même parfois, ils priaient la terre pour lui demander pardon, pour les souffrances qu’ils allaient lui faire supporter, par leur travail et les cultures. De même, on respectait les animaux, car on en avait besoin pour la nourriture. Nos  anciens respectaient les rivières, les arbres et les  carrefours des routes. Ils disaient qu’ils étaient sacrés, et que  les esprits et les génies y habitaient. Les Bois Sacrés  étaient une façon de respecter la nature, et de permettre aux plantes et aux animaux, de vivre et de se multiplier.  Certains arbres étaient regardés comme sacrés, parce qu’ils étaient le lieu où des ancêtres habitaient. Et ils assuraient le contact, entre le monde visible et le monde invisible. C’est pourquoi jusqu’à maintenant dans certains villages, les anciens refusent de couper certains arbres, même si c’est pour construire une route ou une maison importante. Ou bien, ils font une cérémonie pour demander pardon à l’ancêtre, qui vivait dans cet arbre depuis toujours, et qui va être déplacé.

De même, dans les religions hindoues, on explique qu’il n’y a pas de séparation, entre le sacré et le profane (les choses saintes et les choses ordinaires). Tout est saint et bon. Et L’ETRE SUPREME (DIEU) est présent en tout : « tout repose sur moi, l’ETRE SUPREME, comme les perles enfilées sur un fil. Je suis le goût dans l’eau, je suis la chaleur dans le feu, je suis le sang dans l’espace, je suis la lumière du soleil, et la vie de tout ce qui vit » (bagata digita 7-7-9)

Mais cette sagesse se perd de plus en plus. On coupe les arbres sans réfléchir. De même, on tue les animaux, jusqu’à les supprimer complètement. On jette les saletés dans les rues, on envoie de la fumée partout, on verse les eaux sales dans la mer. Parce que l’homme ne sait plus, que la terre est la création de DIEU. Et que DIEU a donné à l’homme, la responsabilité du monde. En même temps, que l’homme rejette DIEU, il casse le  monde. Et cela lui retombe dessus. Comme dit le proverbe « quand tu égorges un animal, le sang te coule sur les mains »


.ANNEXES
1)   CAREME ECOLOGIQUE 2013 : Le message des évêques DU SENEGAL ,…
       I.            Qu’est ce que l’écologie ?
1.1                Définition de l’écologie
Le mot écologie vient de deux mots grecs oikos et logos qui signifient respectivement maison ou habitat et science. Sur le plan étymologique, le mot écologie est donc la science de l’habitat au sens large, autrement dit la science de l’environnement.
1.2               Qu’est ce que l’écologie humaine ?
L’écologie humaine dépasse le cadre restreint de l’environnement pour s’inscrire dans une démarche plus globale. On retrouve cette définition dans le message des évêques : « « L’écologie est une écologie intégrale qui absorbe dans un même élan de communion la personne humaine avec tout son environnement naturel et social. Théologiquement fondée sur l’universalité du salut qui embrasse tous les êtres vivants de cette terre et les ordonne au Christ, l’écologie humaine est un appel adressé à chacun d’entre nous pour qu’il reprenne conscience de ses responsabilités à l’égard du monde qui l’entoure »  
    II.            Objectifs du message des évêques
Les évêques veulent interpeller, stimuler la foi des chrétiens, en les poussant à reconsidérer leur relation avec la Création et, par-delà, avec le Créateur en ce qui concerne l’écologie etencourager à prendre notre destinée et celle de l’humanité entre nos mains, en toute conscience et responsabilité pour des changements de mentalités, des lignes de conduites nouvelles, des attitudes tranchant avec certaines habitudes qu’ils voudraient désormais considérer appartenant au passé.  
  III.            Ce qu’ils dénoncent 
Ø  Dans nos habitats et nos rues
·         l’habitude à passer à côté des eaux usées et des ordures versées dans les rues ; à y voir les enfants s’amuser et les jeunes gens jouer au football ;
·         la dictature du plastique qui enlaidit et pollue les rues, les périphéries de nos villes et villages ;
·         manque de balayage et de ramassage réguliers des rues ;
·         manque discipline pour combattre certaines mauvaises habitudes, comme laisser des animaux en divagation, jeter n’importe quoi dans la rue, salir les murs avec des graffiti, endommager les enseignes et panneaux de signalisation ;
·         manque d’éducation pour acquérir la discipline de poser des gestes simples, comme avoir des poubelles pour y jeter les ordures.  
Ø  Dans nos églises et autres lieux de cultes
·         la banalisation du corps et l’atteinte à sa dignité par certaines tenues vestimentaires (certains adultes ne donnent pas toujours le bon exemple);
·         l’atteinte au caractère sacré de l’église, Maison de Dieu  par les tenues indécentes, qui constitue également  une atteinte à la charité parce qu’elles peuvent gêner le recueillement et la prière des autres ;
·         le bavardage avant, pendant  ou après les célébrations, aussi bien dans l’église qu’à la sacristie;
·         les concerts et autres manifestations similaires qui se tiennent dans les églises. 
  IV.            Ce qu’ils attendent des fidèles catholiques
·         que chaque chrétien plante et entretienne un arbre chaque année ;
·         que les jeunes chrétiens deviennent des leaders écologiques au sein de leurs quartiers, en s’engageant, avec leurs concitoyens, à rendre propres et attrayantes les rues et les places, par des campagnes périodiques de nettoyage et d’embellissement ;
·         que les familles chrétiennes se distinguent par la propreté et la bonne tenue de leurs maisons ; 
·         que dans les églises l’aération et l’éclairage naturels soient favorisés;
·         que les décorations des églises se fassent, autant que possible, avec des plantes et des fleurs naturelles ;
·         que les jeunes, garçons et filles, et les hommes s’engagent aussi dans le nettoyage régulier des églises et de leurs environs.   
     V.            Ce que les évêques attendent des autorités publiques
Qu’elles prennent partout des mesures pratiques et efficaces telles :
ü  le ramassage, le traitement, le recyclage des ordures ;
ü  la création d’espaces verts et d’aires de jeux pour les jeunes ;
ü  la lutte pour un environnement sain… 
COMMENTAIRE :
Les évêques de la conférence épiscopale interterritoriale Sénégal, Mauritanie, Cap-Vert et Guinée-Bissau inscrivent leur message pour le carême 2013, dont le thème est : «Quelques Défis de l’Ecologie à la lumière de la Foi chrétienne  », dans le contexte de l’Année de la Foi. Ils résument ce thème en deux mots : « Foi et Ecologie » et donnent aux fidèles les raisons de leur choix : « Par cette exhortation, nous voulons vous intéresser à la problématique écologique et environnementale, non pas seulement parce qu’elle répond à une préoccupation ponctuelle de survie de l’humanité, mais encore parce qu’elle interpelle et stimule la foi des chrétiens, en les poussant à reconsidérer leur relation avec la Création et, par-delà, avec le Créateur. Cette exhortation est d’autant plus importante qu’elle se situe dans le cadre providentiel de l’Année de la Foi décrétée par le Pape Benoît XVI ». Ils ajoutent que foi et écologie sont deux réalités à tenir pour complémentaires. 

La structure du message
Le message des évêques est structuré en trois parties : la première, titrée Parole de Dieu et Ecologie, porte sur l’enseignement des auteurs sacrés (de la Bible) sur la nécessité pour l’homme d’apprendre à respecter la Création en la protégeant, en la conservant et en la valorisant ; dans la seconde partie, les évêques exposent les enseignements du Magistère (les Pères de l’Eglise, le Concile Vatican II, les papes Jean Paul II et Benoît XVI) sur l’écologie et la  troisième partie contient des orientations pratiques qu’ils donnent aux chrétiens. Il faut noter que ces trois parties sont encadrées par une introduction et une conclusion.

Qu’est ce que l’écologie humaine ?
Les évêques reprennent Joël SPRUNG, un militant de la civilisation de l'amour, respectueuse de la vie et de la dignité humaine, reposant sur la doctrine sociale de l'Eglise, et indiquent que l’écologie humaine « est une écologie intégrale qui absorbe dans un même élan de communion la personne humaine avec tout son environnement naturel et social. » Pour eux, l’écologie humaine comporte, pour les fidèles, des implications concrètes qu’il convient d’observer et de réaliser

Les orientations pour des actions concrètes
Elles sont au nombre de quatre. Les évêques souhaitent premièrement qu’à partir de ce carême 2013, que chaque chrétien plante et entretienne un arbre chaque année ; que les jeunes chrétiens deviennent des leaders écologiques au sein de leurs quartiers, en s’engageant, avec leurs concitoyens, à rendre propres et attrayantes les rues et les places, par des campagnes périodiques de nettoyage et d’embellissement. Ils demandent aux familles chrétiennes de se distinguer par la propreté et la bonne tenue de leurs maisons. Orientation élargie aux presbytères, maisons religieuses, et à toutes les autres structures de l’Eglise, soulignent-ils. Deuxièmement, les évêques sensibilisent sur trois préoccupations qui les habitent sur la tenue des églises : favoriser l’aération et l’éclairage naturels; décorer les églises en utilisant, autant que possible, des plantes et des fleurs naturelles et encourager les jeunes, garçons et filles, et les hommes à s’engager dans le nettoyage régulier des églises et de leurs environs. Troisièmement, comme en 2011, les évêques reviennent sur les tenues décentes à l’église, rappellent le caractère sacré des églises qui exige un profond respect et comptent sur les adultes pour donner le bon exemple. Ils dénoncent aussi les bavardages et les concerts dans ces lieux de culte. Enfin, les autorités locales et les gouvernants sont invités à prendre partout des mesures pratiques et efficaces telles le ramassage, le traitement, le recyclage des ordures, la création d’espaces verts et d’aires de jeux pour les jeunes, la lutte pour un environnement sain… 

2)  Le Pacte des Catacombes
Le 16 novembre 1965, peu avant la clôture de Vatican II, une quarantaine d’évêques, dont les noms ne sont pas connus, se réunirent dans la Catacombe de St Domitilla et signèrent un pacte concernant la richesse, les pompes et les cérémonies dans l’Eglise catholique. Le 7 décembre 1965, la veille de la clôture officielle du Concile Vatican II, ils diffusèrent parmi leurs confrères, ce qu’ils appelèrent le « Schéma XIV », allusion aux 13 « schémas » préparatoires des grands textes, lignes directrices que la Curie avait distribuées aux « Pères conciliaires » avant les Assemblées délibératives.
Nous, évêques réunis au Concile Vatican ; ayant été éclairés sur les déficiences de notre vie de pauvreté selon l’Evangile ; encouragés les uns par les autres, dans une démarche où chacun de nous voudrait éviter la singularité et la présomption ; unis à tous nos frères dans l’Episcopat ; comptant surtout sur la force et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, sur la prière des fidèles et des prêtres de nos diocèses respectifs ; nous plaçant par la pensée et la prière, devant la Trinité, devant l’Eglise du Christ, devant les prêtres et les fidèles de nos diocèses, dans l’humilité et la conscience de notre faiblesse mais aussi avec toute la détermination et la force dont Dieu veut bien nous donner la grâce, nous nous engageons à ce qui suit :

1)      Nous essayerons de vivre selon le mode ordinaire de notre population en ce qui concerne l’habitation, la nourriture, les moyens de locomotion et tout ce qui s’ensuit.
2)      Nous renonçons pour toujours à l’apparence et à la réalité de richesse spécialement dans les habits (étoffes riches et couleurs voyantes), les insignes en matière précieuse : ces insignes doivent être en effet évangéliques.
3)      Nous ne posséderons ni immeubles, ni meubles ni comptes en banque, etc., en notre propre nom ; et s’il faut posséder, nous mettrons tout au nom du diocèse, ou des œuvres sociales ou caritatives.
4)      Nous confierons, chaque fois qu’il est possible, la gestion financière er matérielle, dans nos diocèses, à un comité de laïcs compétents et conscients de leur rôle apostolique, en vue d’être moins des administrateurs que des pasteurs et apôtres.
5)      Nous refusons d’être appelés oralement ou par écrit des noms et des titres signifiant la grandeur et la puissance (Eminence, Excellence, Monseigneur). Nous préférons être appelés du nom évangélique de Père.
6)      Nous éviterons dans notre comportement, nos relations sociales, ce qui peut sembler donner des privilèges, des priorités ou même une préférence quelconque aux riches et aux puissants (ex. : banquets offerts ou acceptés, classes dans les services religieux).
7)      Nous éviterons d’encourager ou de flatter la vanité de quiconque en vue de récompenser ou de solliciter les dons, ou pour toute autre raison. Nous inviterons nos fidèles à considérer leurs dons comme une participation normale au culte, à l’apostolat et à l’action sociale.
8)      Nous donnerons tout ce qui est nécessaire de notre temps, réflexion, cœur, moyens, etc., au service apostolique et pastoral des personnes et des groupes laborieux et économiquement faibles et sous-développés, sans que cela nuise aux autres personnes et groupes du diocèse. Nous soutiendrons les laïcs, religieux, diacres ou prêtres que le Seigneur appelle à évangéliser les pauvres et les ouvriers en partageant la vie ouvrière et le travail.
9)      Conscients des exigences de la justice et de la charité et de leurs rapports mutuels, nous essayerons de transformer les œuvres de « bienfaisance » en œuvres sociales basées sur la charité et la justice qui tiennent compte de tous et de toutes les exigences, comme un humble service des organismes publics compétents.
10)  Nous mettrons tout en œuvre pour que les responsables de notre gouvernement et de nos services publics décident et mettent en application les lois, les structures et les institutions sociales nécessaires à la justice, à l’égalité et au développement harmonisé et total de tout l’homme chez tous les hommes et par là l’avènement d’un autre ordre social, nouveau, digne des fils de l’homme et des fils de Dieu.
11)  La collégialité des évêques trouvant sa plus évangélique réalisation dans la prise en charge commune des masses humaines en état de misère physique, culturelle et morale – les 2/3 de l’humanité- nous nous engageons :
-          à participer, selon nos moyens, aux investissements urgents des épiscopats des nations pauvres ;
-          à acquérir ensemble, au plan des organismes internationaux mais en témoignant de l’Evangile, comme le pape Paul VI à l’O.N.U., la mise en place de structures économiques  et culturelles qui ne fabriquent plus de nations prolétaires dans un monde de plus en plus riche, mais qui permettent aux masses pauvres de sortir de leur misère.
12)  Nous nous engageons à partager dans la charité pastorale notre vie avec nos frères dans le Christ, prêtres, religieux et laïcs pour que notre ministère soit un vrai service ; ainsi :
-          nous nous efforcerons de « réviser notre vie » avec eux ;
-          nous susciterons des collaborateurs pour être davantage des animateurs selon l’Esprit, que des chefs
13)  selon le monde ;
-          nous chercherons à être plus humainement présents, accueillants ;
-          nous nous montrerons ouverts à tous, quelle que soit leur religion ;
14)  Revenus dans nos diocèses respectifs, nous ferons connaître à nos diocésains notre résolution, les priant de nous aider de leur compréhension, leur concours et leurs prières.
15)  Que Dieu nous aide à être fidèles.

3)  CANTIQUE DE FRÈRE SOLEIL OU DES CREATURES.
1.     Très haut, tout puissant et bon Seigneur,
à toi louange, gloire, honneur,
et toute bénédiction ;
2.     à toi seul ils conviennent, ô Très-Haut,
et nul homme n’est digne de te nommer.
3.     Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil.
par qui tu nous donnes le jour, la lumière :
4.     il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.
5.     Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur Lune et les étoiles :
dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.
6.     Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l’air et pour les nuages,
pour l’azur calme et tous les temps :
grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.
7.     Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur Eau.
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.
8.     Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.
9.     Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux
qui pardonnent par amour pour toi ;
qui supportent épreuves et maladies :
10. heureux s’ils conservent la paix
car par toi, le Très-Haut, ils seront couronnés.
11. Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour notre soeur la Mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
12. Malheur à ceux qui meurent  en péché mortel ;
heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.
13. Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité !
4)Yann Arthus-Bertrand, un astronome, parle de ce qu’est pour lui, la Terre vue du ciel :
«A regarder la Terre de tout là-haut, j’ai appris que la vie s’y trouvait partout et constituait un tout en perpétuelle évolution. La forêt, la rivière, le désert, la banquise, la montagne, l’île et l’océan s’y entremêlent. Le flamant rose des lacs salés africains ou l’ours solitaire des vastes étendues polaires y cohabitent avec nous, les hommes. Chaque jour, plantes, animaux et humains donnent un nouveau visage à la Terre. C’est ce fabuleux mouvement de la vie qui continue à m’émouvoir à chacun de mes voyages comme au premier de mes vols.
…Comment pourrait-on rester silencieux avec une telle planète sous les yeux ?»  Les auteurs sacrés nous livrent leur admiration devant l’œuvre de la création. Le livre de la Genèse s’ouvre sur les origines du monde et de l’humanité. Dans un récit conçu comme un poème, Dieu est présenté comme le Créateur de toute chose, de la lumière jusqu’à l’être humain, son chef-d’œuvre. Chaque jour, Dieu s’émerveille devant la beauté et la bonté de son œuvre. « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (Gn 1,31). Aussi n’est-on pas surpris de rencontrer la même admiration dans les autres livres des saintes Écritures. L’auteur du livre de Daniel invite tous les éléments de la création à louer et à bénir leur Seigneur : « Vous toutes, œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement. […] Vous, enfants des hommes, bénissez le Seigneur » (Dn 3,31s).
Dieu n’a pas abandonné son œuvre: il continue à insuffler le souffle de vie aux êtres humains. L’homme et la femme sont les procréateurs de vie. Leur union, dans l’amour, rapproche les éléments nécessaires pour la formation du corps d’un nouvel être. Mais c’est Dieu qui poursuit son œuvre de création et qui préside à la vie nouvelle qui en naîtra. « C’est toi qui m’as formé les reins, qui m’as tissé au ventre de ma mère … » (Ps 139,13-16). Non seulement l’être humain est appelé à devenir procréateur d’autres humains, mais il a reçu une mission dès sa création, comme nous le rapporte le livre de la Genèse: « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre » (Gn 1,28). L’être humain a donc la mission d’accueillir l’œuvre de création, de la développer, de la transformer, de la rendre accessible à tous, pour que tous puissent l’admirer et en tirer profit. Cette mission de l’homme est merveilleusement traduite dans le livre de Ben Sirac le Sage, au chapitre 17. « Le Seigneur a tiré l’homme de la terre pour l’y renvoyer ensuite. Il a assigné aux hommes un nombre précis de jours et un temps déterminé, il a remis en leur pouvoir ce qui est sur la terre. [ ... ] Il leur donna le jugement, une langue, des yeux, des oreilles et un cœur pour penser … Il mit la crainte dans leur cœur pour leur montrer la grandeur de ses œuvres. » L’homme biblique savait donc que son Dieu avait pensé l’être humain pour qu’il jouisse pleinement et intelligemment de la création où il avait été placé.
Il est intéressant de constater que le Seigneur Jésus lui-même s’est laissé imprégner par les beautés qui l’entouraient. Il savait ouvrir les yeux sur les lis des champs et sur la hauteur des arbres, prêter l’oreille au chant des oiseaux et aux pleurs de la veuve, tracer des signes sur le sol pour permettre aux accusateurs d’une femme adultère de quitter les lieux, contempler les mains de sa mère en train de mêler le levain à la farine pour confectionner le pain quotidien, apprécier le parfum dont la femme de Magdala lui oignit les pieds, reconnaître la voix du Père et celle du larron qui implorait le pardon à ses côtés. Jésus a profité des œuvres de la création pour annoncer la Bonne Nouvelle. Tantôt pour révéler la providence de Dieu qui habille les lis des champs mieux que Salomon n’était vêtu dans toute sa gloire. Tantôt pour exhorter les gens à s’armer d’une foi à déplacer le grand arbre ou les montagnes. Tantôt pour faire confiance au Père des cieux qui nourrit les oiseaux de la terre. Tantôt pour souligner la dignité des personnes et l’acceptation de leurs faiblesses. Tantôt pour inviter la foule à prêter l’oreille à la Parole de Dieu qui se fait entendre dans tous les événements de la vie de chaque jour…
Où en sommes-nous, nous du XXIe siècle, dans le respect de la création qui nous entoure? Savons-nous nous émerveiller devant la beauté de tout ce qui nous environne ?
4)  Pierre Teilhard de Chardin
En 1923, dans les steppes d’Asie, Pierre Teilhard de Chardin n’a ni pain, ni vin, ni autel, pour dire la messe. Il présente à Dieu toute l’humanité :
« Le soleil vient d’illuminer, là-bas, la frange du premier orient. Une fois de plus, sous la nappe mouvante de ses feux, la surface vivante de la terre s’éveilla, frémit et recommence son effrayant labeur. Je placerai sur ma patène, ô mon Dieu, la moisson attendue de ce nouvel effort. Je verserai dans mon calice la sève de tous les fruits qui seront aujourd’hui broyés. Mon calice et ma patène, ce sont les profondeurs d’une âme largement ouverte à toutes les forces qui dans un instant vont s’élever de tous les points du globe et converger vers l’Esprit.
Tout ce qui va augmenter dans le monde, au cours de cette journée, tout ce qui va diminuer, tout ce qui va mourir aussi. Voilà ce que j’efforce de ramasser en moi pour vous le tendre. Voilà la matière de mon sacrifice. Le seul dont vous ayez envie !
Jadis, on traînait dans votre temple les prémices des récoltes et la fleur des troupeaux. L’offrande que vous attendez vraiment, celle dont vous avez mystérieusement besoin chaque jour pour apaiser votre faim, pour étancher votre soif, ce n’est rien moins que l’accroissement du monde emporté par l’universel devenir. Recevez, Seigneur, cette hostie totale que la Création, mue par votre attrait, vous présente à l’aube nouvelle ! Ce pain, notre effort, il n’est de lui-même, je le sais, qu’une désagrégation immense. Ce vin, notre douleur, il n’est encore, hélas, qu’un dissolvant breuvage. Mais, au fond de cette masse informe, vous avez mis, j’en suis sûr, parce que je le sens, un irrésistible et sanctifiant désir qui nous fait tous crier, depuis l’impie jusqu’au fidèle : Seigneur, faites-nous Un ! »

6)Le changement climatique, une menace pour la santé humaine en Afrique

La santé humaine est influencée par une série de conditions et de facteurs tels que l’accès à l’eau potable, une nourriture de qualité en suffisance, un abri, la qualité de l’air, l’état de l’environnement, les conditions de travail, le niveau de l’éducation, la génétique, les relations, la qualité des services de santé et des médicaments et l’accès à ceux-ci, etc. Les facteurs qui influencent la santé humaine sont appelés les déterminants sociaux de la santé. Ils sont façonnés par des politiques publiques qui dépendent des idéologies politiques des gouvernements et des institutions internationales. Le changement climatique, du fait qu’il influence les déterminants sociaux de la santé, constitue une menace importante pour la santé et représente un lourd fardeau humain, social et économique pour l’Afrique.
 Bien qu’il n’y ait pas d’évaluation globale de l’effet du changement climatique sur la santé dans les pays africains, on estime que le coût sera élevé pour le continent. Le modeste réchauffement qui s’est produit depuis les années 1970 avait déjà causé avant l’année 2004 plus de 140.000 décès supplémentaires annuels [1]. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que les coûts globaux des dommages directs à la santé (c.-à-d. en excluant les coûts des secteurs déterminants pour la santé tels que l’agriculture, l’eau et les installations sanitaires), seront entre 2 et 4 milliards de dollars US d’ici 2030[2]. Plusieurs des tueuses principales d’Afrique, comme les maladies diarrhéiques, la malnutrition et la malaria, sont très sensibles au climat et on s’attend à ce qu’elles empirent à mesure que le climat change. Le changement climatique causera une augmentation de 5 à 7% de la population à risque en Afrique : jeunes enfants, adultes aînés, sociétés traditionnelles, fermiers qui pratiquent l’agriculture vivrière, populations rurales, urbaines pauvres et du littoral. La faible infrastructure de santé sur le continent est un fardeau supplémentaire.
 Le changement climatique représente un problème de santé publique car il affecte la santé de plusieurs manières différentes.
 Les changements de température altèrent la distribution géographique des insectes, des escargots et des animaux à sang froid qui transmettent des maladies. L’impact de la distribution et de la transmission saisonnière de maladies transmises par des vecteurs, comme la malaria (moustique anophèle), la maladie du sommeil (mouche tsé-tsé) et la schistosomiase/bilharzia (un escargot) se fait déjà sentir et, selon les projections, s’élargira de manière significative. La malaria a déjà augmenté dans les régions montagneuses d’Afrique à cause de changements du climat et de pratiques d’usage des terres. Des études [3] suggèrent que le changement climatique pourrait exposer 2 milliards de personnes de plus à la transmission de la dengue d’ici 2080.
 Depuis 1970, les catastrophes naturelles se sont aggravées à cause du changement climatique. Ceci a causé plus de 60.000 décès par an, principalement dans les pays en développement. Les impacts de ces catastrophes (inondations et sécheresses) font croître le risque de maladies contagieuses et, avec l’élévation du niveau des mers, ils créent beaucoup de stress, augmentant les maladies mentales. Des pluies torrentielles et des inondations peuvent aussi contaminer les réserves d’eau douce et augmenter le nombre de parasites transmis par l’eau, qui causent des maladies diarrhéiques, tuant 2,2 millions de personnes chaque année. Les inondations peuvent élargir les zones de reproduction des moustiques, accroissant la malaria, et elles peuvent détruire des infrastructures et des services, en désorganisant les services de soins de santé.
 Les changements des cycles de précipitations influencent l’agriculture familiale et les rendements. Dans le cas des pays africains, l’impact est surtout négatif. On estime que la production des aliments de base pourrait diminuer jusqu’à 50% d’ici 2020. Ceci augmentera la malnutrition et la maladie. D’ici les années 2090s, on estime que le changement climatique élargira la région affectée par la sécheresse, doublera la fréquence des sécheresses extrêmes et multipliera par 6 leur durée moyenne [4]. La sécheresse favorise la propagation de l’épidémie de méningite à méningocoque, qui se produit durant la saison sèche, principalement dans la ceinture de méningite, qui s’étend du Sénégal à l’Ouest jusqu’à l’Ethiopie à l’est. On prévoit que les pires de ces effets se produiront dans les pays en développement, parmi les populations vulnérables.
 L’action est urgente!
Chaque personne, communauté ou pays a une part de responsabilité dans le changement climatique et son impact sur la santé. Notre comportement et notre choix de style de vie sont une opportunité de diminuer ou d’aggraver l’impact du changement climatique sur la santé. Nous pouvons réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre en faisant usage des transports publics, en adoptant le cyclisme ou la marche comme alternative aux véhicules, en consommant moins de viande, en mangeant des légumes et fruits de saison, en utilisant l’énergie verte, en recyclant et réparant des appareils, en achetant des produits en gros et avec le minimum d’emballage, en évitant le gaspillage de nourriture… Nous pouvons aussi contribuer à créer une prise de conscience et plaider pour des politiques qui réduisent la consommation d’énergie, les émissions de gaz à effet de serre et qui produisent de grands avantages pour la santé.
 Des pays et des communautés en Afrique prennent déjà des mesures pour diminuer le changement climatique (“mitigation”) et réduire son impact sur la santé maintenant et pour les générations futures (“adaptation”). Les méthodes traditionnelles d’adaptation des fermiers à différentes précipitations, ainsi que des systèmes de santé et sécurité publiques, peuvent aider. Investir dans les secteurs de la santé, de l’eau et de l’énergie et développer une infrastructure sont d’autres manières de s’adapter à la variabilité du climat. Il faut que les efforts soient renforcés dans chaque pays, mais la communauté internationale et surtout les pays riches ont une responsabilité, non seulement de diminuer leurs émissions et leur consommation d’énergie, mais aussi d’assister et de soutenir des pays en développement pour réduire la vulnérabilité de leur santé au changement climatique et renforcer leurs systèmes de santé.  (Dossier AEFJN)

Les agriculteurs doivent être partie prenante dans les négociations climatiques !

© Farm Africa
Depuis longtemps les agriculteurs familiaux africains se basent sur les connaissances de leurs ancêtres pour s’adapter aux conditions météorologiques variables et ils ont ainsi nourri des générations. Néanmoins, ces agriculteurs, qui ont un rôle clef pour assurer la souveraineté alimentaire et pour combattre le changement climatique, sont ignorés dans le débat sur le changement climatique ! Effectivement, lors de la dernière réunion de la Conférence des Parties[1] à Doha, l’agriculture a été largement négligée comme facteur important dans le changement climatique, malgré l’énorme potentiel de mitigation[2] de l’agriculture familiale. Et, de plus, les donateurs promeuvent un modèle agro-industriel polluant pour l’Afrique, qui exerce un impact négatif sur la souveraineté alimentaire ! Analysons les contradictions entre ces modèles.


Le modèle agro-industriel, une fausse solution pour combattre la famine et le réchauffement climatique


Le monde occidental a promu plusieurs initiatives pour l’agriculture africaine, comme l’Alliance pour une révolution Verte en Afrique (AGRA) et la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique du G8. Ces programmes promeuvent des partenariats publics-privés incluant les grandes multinationales de l’agro-industrie. Le modèle agro-industriel implique l’utilisation intensive d’intrants chimiques et de semences très chères, ce qui a de nombreux désavantages pour les agriculteurs familiaux de l’Afrique entre autres : coûts d’opération trop élevés et des impacts néfastes sur la souveraineté alimentaire et l’environnement local.


Tout d’abord l’augmentation des frais pour les agriculteurs peut avoir des conséquences désastreuses : certains fermiers se voient contraints de déclarer la faillite. Les agriculteurs familiaux constituent la majorité de la population en Afrique sub-saharienne et ils sont indispensables pour garantir la souveraineté alimentaire. Par contre, les entreprises agro-industrielles présentes en Afrique produisent pour des marchés d’exportation et en même temps elles rapatrient souvent tous les bénéfices. De plus, la promotion par l’agro-industrie de monocultures d’organismes génétiquement modifiés (OGM) pourrait aboutir à la disparition des variétés locales. En effet, les variétés locales en semences et en cultures sont cruciales pour assurer la souveraineté alimentaire et pour lutter contre le changement climatique, tandis que les OGM sont une cause de la faim et qu’ils n’ont pas prouvé leur résilience aux changements climatiques.


Ensuite, l’impact du modèle agro-industriel sur l’environnement est clairementnégatif: l’augmentation d’émission de gaz à effet de serre, l’épuisement des ressources aquatiques, la dégradation de la biodiversité locale, l’augmentation de la pollution, l’érosion des sols, la surexploitation, et la pollution des nappes phréatiques[3]. Le modèle agro-industriel est centré sur l’obtention de rendements à court terme, tout en épuisant les ressources naturelles et la fertilité des terres en Afrique.


De bons exemples de l’agriculture familiale africaine


L’agriculture familiale a le potentiel de combattre à la fois la famine et le réchauffement climatique. Les pratiques durables des agriculteurs familiaux génèrent moins d’émissions de gaz à effets de serre, augmentent l’accès à la nourriture pour les communautés locales et elles sont évidemment plus adaptées à la réalité africaine.


En effet, en s’organisant en groupes communautaires et en pratiquant une agriculture durable, les agriculteurs dans le « Nyando Basin » au Kenya se sont vus améliorer leurs revenus, leur production alimentaire et leurs niveaux de nutrition. Les femmes remplissent un rôle clef dans ces groupes, elles représentent entre 70 et 85% des membres actifs. Ces groupes explorent de nouvelles possibilités de subsistancetout en conservant l’environnement. Citons entre autres, l’amélioration de la gestion des sols et des eaux, l’introduction de nouvelles cultures (patates douces, tomates, sorgho, pastèques, petit pois, etc.), l’agroforesterie, l’élevage du petit bétail et l’apiculture, qui est très utile pour les femmes qui ont un accès limité à la terre cultivable.[4] Au Swaziland, le même système de coopératives, composé principalement de femmes, se consacre à l’agriculture de conservation par la production et distribution de semences locales pour les légumineuses. Ceci a comme avantages que les semences peuvent être replantées, que les légumineuses sont plus résistantes que le maïs à la sécheresse, et que les légumineuses contribuent à augmenter la diversité des cultures. Auparavant, la culture des légumineuses était marginalisée par rapport au maïs.[5] Au Burkina Faso les agriculteurs se sont adaptés aux conditions météorologiques changeantes en retenant de l’eau par la construction de digues de pierres filtrantes et par la pratique de la méthode Zaï en combinaison avec des cordons pierreux (même si le terrain est plat, voir photo). Pour la méthode Zaï les agriculteurs creusent des petits trous dans leurs champs, tout en respectant les lignes et les distances entre les trous pour bien semer. Ensuite ils remplissent les trous avec du compost ou du fumier et ils entourent les terrains par des cordons pierreux. Les résultats sont positifs : les agriculteurs ont réalisé de meilleures récoltes et ils ont mieux conservé l’eau rare.[6] 


Ces exemples africains montrent clairement qu’un modèle basé sur les connaissances des agriculteurs familiaux, tout en les soutenant[7], produit des résultats positifs pour les communautés locales tant sur le plan alimentaire que climatique. Pour faire valoir les connaissances des agriculteurs familiaux sur le changement climatique, les mouvements paysans doivent être consultés lors des prochaines négociations sur le changement climatique au plan international et local.


Gino Brunswijck
Conseiller politique



[1] La Conférence des Parties est l’organe suprême de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). 
[2] Morrison Rwakakamba, “Farmers must take part in the Fight against Climate Change” (les fermiers doivent prendre part à la lutte contre le changement climatique), Agency for Transformation (agence pour la transformation), 2013, consulté sur : http://tntfactory.com/works/aft1/wp-content/uploads/2013/03/Farmers-and-fight-against-climate-change-New-vision-expert-opinion.pdf
[3] Euractiv, « Agriculture intensive : écologiquement durable ? », Juillet 2011, consulté sur : http://www.euractiv.com/fr/pac/agriculture-intensive-ecologique-linksdossier-506746
[4] CGIAR, “Community Groups help themselves to tackle climate change” (des groupes communautaires s’aident à réagir au changement climatique), Mai 2013, Consulté sur: http://www.cgiar.org/consortium-news/community-groups-help-themselves-to-tackle-climate-change/
[5] Inter Press Service,  “In Swaziland, Seeds Beat Drought”(au Swaziland, les semences l’emportent sur la sécheresse), juin 2013, consulté sur: http://www.ipsnews.net/2013/06/in-swaziland-seeds-beat-drought/
[6] ABC Burkina, SEDELAN, « Changement climatique et adaptation (3) : Apprendre de la terre du Sahel », consulté sur : http://www.abcburkina.net/fr/nos-dossiers/vu-au-sud-vu-du-sud/732-356-changement-climatique-et-adaptations-3
ABC Burkina, SEDELAN, « Zaï », consulté sur http://www.abcburkina.net/en/le-burkina-faso/de-a-a-z/447-zai
[7] Un soutien à l’agriculture familiale peut consister en : infrastructure, services d’encadrement, incitations pour la production locale des semences et pour les cultures locales.



COMPTE RENDU  DE LA REUNION DE LA CEB de la zone de captage du 22-2-13
Ø  NOUVELLES

ü  La femme de Gabriel a présenté sa maman qui est venue pour une visite.
ü  Marie Jeanne a informé la communauté qu’ils sont en train de préparer la fête du jardin d’enfants sur le thème de l’environnement qui va se dérouler le 9 mars 2013.
ü  Marie Pierre a informé la communauté de la nomination du fils de sa grande sœur comme ministre de commerce en la personne d’Alioune Sarr.
 
Ø  LE MESSAGE DES EVEQUES : un CAREME D’ECOLOGIE

Gabriel a fait un résumé en disant que
ü  le sujet n’est pas nouveau, mais c’est une question d’actualité.
ü  Cette question d’environnement a été banalisée et est devenue une conversation de tous les jours. Les partis politiques l’ont récupérée pour gagner des voix, sans être vraiment décidés à agir
ü  c’est non seulement une question d’éthique mais également une question religieuse. En citant Gn 2,15, il nous a fait comprendre qu’il s’agit d’une gestion de l’environnement d’une manière durable.  
ü  Ce sujet entre aussi dans le cadre de la justice en terme de relations entre les hommes, et envers nos enfants qui viendront après nous..
ü  Il nous renvoie aussi au rapport entre le riche et le pauvre.

Ø  DEBATS

ü  Le problème nous concerne tous et il s’agit d’éducation, éveiller la conscience de gens.
ü  Trouver des poubelles pour mettre les ordures, et organiser le ramassage.
ü  C’est un engagement personnel qui doit commencer chez nous.
ü  La libération du commerce doit être contrôlée.
ü  On doit mettre en place le recyclage.
ü  Il faut intégrer cette éducation dans le programme scolaire.
ü  Organiser la sensibilisation à partir des écoles.
ü  Garder le souci du monde rural.
ü  La vente des terres doit être contrôlée.
ü  avancées scientifiques ou à la déforestation ?
ü  Parmi les documents de base à utiliser, nous notons le message des Évêques du Sénégal sur l’écologie humaine : Foi et écologie. Nous pouvons retenir que la question écologique va au-delà du cadre environnemental. Elle touche notre vie humaine, les relations personnelles avec Dieu, mais aussi les relations entre les personnes. Etant donné que la question écologique est un thème d’une grande actualité et d’une importance remarquable dans l’aujourd’hui de notre monde, nous avions noté plusieurs réactions dans un échange bien enrichissant et dans un climat de fraternité.

Réactions :
-          Le bavardage et tenues vestimentaires comme le présentent le message des Évêques du Sénégal sont-ils du registre de l’écologie ?
-          L’insalubrité a-t-elle la même influence que les pollutions dues aux gaz et à des
Suite à ces différentes interrogations, on invite chacun à la prise de connaissance du message des Évêques du Sénégal sur l’écologie qui est très intéressant, d’une grande richesse sur le fond et d’une importance capitale. Car les Évêques interpellent, dans ce message, les chrétiens et tout le peuple sénégalais sur leur vécu quotidien, entre eux et avec l’environnement.
Dans la même ligne des contributions par rapport aux questions posées, le Père Armel prenant la parole exprima ses remerciements  par rapport au choix du thème et de son élaboration. Mais le Père Armel, aurait souhaité que dans le message des Evêques, on parle davantage des problèmes d’environnement dans le monde rural (la chasse et la pêche qui tuent les femelles et les petits, les feux de brousse, le déboisement…) et surtout de l’accaparement des terres, de l’écologie humaine (à la fois pour respecter notre corps et avoir un style de vie plus simple, pour résister à la société de consommation), de l’économie humaine à la suite de Benoit XVI (ne pas chercher seulement le rendement et le profit, mais une économie du don et de la gratuité) et de l’éco spiritualité. Que l’on ne se contente pas de faire appel aux responsables du pays, mais que l’on demande aux chrétiens de s’engager dans la société et les organisations de la société civile : pas seulement d’agir au niveau personnel ou à l’intérieur de l’Eglise.
 En revenant sur la question des tenues vestimentaires dans les lieux de culte et qui empêchent les fidèles de bien méditer, quelqu’un affirma qu’il s’agit là d’un style de vie, d’une écologie humaine et spirituelle. Une sorte de maîtrise de soi-même et de son propre corps.

 Des remarques ont été soulignées comme :
ü  La perte des bonnes habitudes dans notre vie environnementale : Autrefois, à chaque 25m, il y’avait des poubelles dans les rues pour permettre aux gens de jeter la saleté après usage. Maintenant, les poubelles ne sont pas ramassées régulièrement.
ü  Le manque d’entretien des maisons comme avant.
ü  La disparition des espaces verts.
ü  Le désengagement total de l’autorité publique  sur l’entretien de l’espace.
ü  On jette les ordures par terre, même à côté des poubelles, ce qui est  anormal.
ü  L’occupation des territoires par les commerçants.
ü  Les marchands ambulants encombrent les espaces publics, au lieu de payer les loyers comme les autres commerçants.  Et ils dérangent les gens.
ü  La vente des terres par l’état alors qu’il doit inciter les paysans à travailler.
ü  L’utilisation des sacs plastiques est accentuée de nos jours, alors que ces derniers sont es   et mettent des centaines d’années pour se décomposer  .
ü  Parlant de l’écologie humaine : nos produits  sont  devenus cancérogènes avec l’utilisation des plats et  des couches à jeter…
ü   
ü  Solution. Recycler les bouteilles, matières plastiques, …
ü  Que chaque personne, essaie de faire un effort pour l’entretien des poubelles.
ü  Intégrer dans l’enseignement de la maternelle  à la secondaire la gestion des ordures.
ü  Sensibiliser les populations pour la propreté de l’environnement à travers les mouvements, les amicales, les associations, les manifestations comme les JMJ c’est une façon  de mettre en pratique nos actions
ü  Pousser les autorités à prendre des mesures strictes.
III) Compte rendu de la réunion des femmes de la paroisse
Il y’avait 60 présences venues des différentes  CEB, des amicales…
Les grandes lignes développées :
ü  Motiver  les femmes à adhérer aux activités paroissiales
ü  Création d’AGR (Activités Génératrices de Revenus) et de GIE (Groupements d’Intérêts Economiques = projets) pour les femmes qui ne travaillent pas.
ü  Elles prévoient de faire une messe d’ouverture pour démarrer leurs activités le : 08/03/2013 lors de la journée mondiale de la femme. Elles ont aussi programmé une conférence sur le cancer du col de l’utérus le dimanche 10.
ü  Elles ont eu élire un nouveau bureau.
ü  Elles ont remarqué que les jeunes de la paroisse ne sont plus engagés et ne pratique plus comme avant.
ü  Elles prévoient de faire une recollection  avec une cotisation de 5000f.
ü  Remotiver les jeunes à participer aux  activités de la paroisse.

ü  Remotiver les femmes au foyer, les inciter à travailler  

2. Formation des catéchistes à la Paroisse Ste BAKHITA le 29-01-2012
A partir de l’exhortation du 2°  synode pour l’Afrique : » L’engagement de l’Afrique » n° 125 et 127.
Prière : Chant –Parole de DIEU – Silence - Partage- Intentions- Conclusion.
Dans son enseignement, le Père Armel DUTEIL nous a rappelé que l’Eglise est au service du monde : elle ne doit pas travailler pour elle-même. Voir le document du concile Vatican II « l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui » (Gaudium et Spes), dont nous fêtons le 50° anniversaire.
Les enfants de DIEU ne sont pas seulement ceux qui ont reçu le baptême mais toute personne qui est artisan de PAIX (Mat 5, 9).
Etre catéchiste c’est garder le bon sens, à savoir : supporter la souffrance ; travailler à l’annonce de l’Evangile ; vivre sa vocation avec Jésus en le faisant connaitre ; aimer et enseigner.  Voilà la mission du Catéchiste. Pour le Pape Benoit 16 et le 2° Synode pour l’Afrique de 2009, dont le thème était « Réconciliation, Justice, Paix », « le rôle du catéchiste a été très important dans la première évangélisation, l’accompagnement des catéchumènes, l’animation et le soutien des communautés ; ils ont opéré une inculturation réussie qui a porté de merveilleux fruits » (EA : L’engagement de l’Afrique n°125).
L’inculturation c’est  faire entrer la culture africaine dans l’Eglise universelle ; mais c’est aussi faire entrer l’Evangile dans la culture. Les 2 mouvements vont ensemble. « Le sage dans le royaume de DIEU c’est celui qui tire de son trésor du nouveau de l’ancien » (Mat 13,52). Il nous faut donc continuer à chercher, lire les signes des temps (Luc 12,56), et respecter ce qu’il y a de bon dans notre culture. Au sujet des mariages avec disparité de culte, des catéchumènes polygames ou leurs femmes et d’autres situations difficiles, en particulier celles causées par la culture traditionnelle, nous avons rappelé ce conseil de Paul : « le mari non croyant est rendu saint par sa femme et la femme non croyante est rendue sainte par son mari croyant. Sinon, vos enfants ne seraient pas purifiés…chacun doit continuer à vivre dans la situation que le Seigneur lui a donnée en partage, et où il était quand Dieu l’a appelé » (1° Cor 7,14 + 17).
Nous avons rappelé aussi que les premiers responsables de l’enfant, ce sont les parents. Ainsi nous catéchistes nous ne devons pas accepter la démission des parents ; sans oublier le rôle des parrains et marraines qui reste incontournable dans l’éducation catholique de l’enfant. Chaque catéchumène devrait avoir son parrain ou sa marraine dès le début de la catéchèse.
La communauté  doit s’intéresser à la catéchèse. On doit en parler à chaque réunion de CEB. Et chaque CEB doit organiser la catéchèse des petits dans son quartier (éveil religieux, avant la catéchèse préparatoire aux sacrements).
-Après l’intervention, nous sommes allés en carrefour pour répondre à la question suivante : Quelles conclusions tirons-nous des textes étudiés (N° 125 et 127 de l’exhortation du 2° synode pour l’Afrique de 1999 ?
En résumé, les quatre groupes ont donné ces conclusions pratiques :
1.      Suivre les enfants au niveau familial.
2.      Amener les enfants à s’engager dans l’Eglise. Chaque enfant doit être dans un mouvement ou un groupe, celui de son choix. Sinon, à la fin de la catéchèse, ils vont disparaître.
3.      Le coût de la vie et  les difficultés détournent l’attention des parents, ce qui joue négativement sur l’éducation chrétienne des enfants et rend difficile la tâche du catéchiste.
4.      L’importance que les parents accordent aux  sacrements, à la place de l’éducation religieuse qui est le fondement d’une foi solide en Jésus.
5.      Le travail du catéchiste doit susciter de nouvelles vocations. Pour cela, nous devons être des modèles et nous engager partout : dans le quartier, au travail…car les catéchumènes nous regardent vivre. Nous devons honorer notre vocation.
6.      Approfondir la communion entre les catéchistes de la Paroisse. Dépasser les divisions ethniques.
7.      L’amour fraternel doit être la base de nos relations avec les enfants, donc l’enfant ne doit pas craindre son catéchiste.
8.      Nous devons chercher l’implication de tous les paroissiens (parents ; CEB ; responsables de communautés).
9.      Le catéchiste doit faire preuve de discipline, de ponctualité et d’assiduit.é. Et mettre lui-même en acte son propre enseignement
10.  Pour mieux comprendre l’inculturation, il faut que le catéchiste s’intègre dans son milieu et s’informe sur la culture traditionnelle, pour mieux apporter des éléments de réponses concernant cette relation entre la religion et la culture.
11.  Revoir l’âge de la confirmation, pour que les enfants soient plus âgés et plus mûrs
12.  Impliquer les parrains et marraines dans le processus de formation chrétienne des enfants.
13.  Chercher une formation individuelle ou collective  solide en tant que catéchiste, pour pouvoir donner un enseignement de qualité aux enfants et répondre aux attentes de leurs parents. Ne pas se contenter des sessions. Lire et étudier personnellement. Demander des documents pour cela.
14.  Chercher à connaître les parents des enfants, les visiter et entretenir de bonnes relations avec eux.
15.  C’est très important de partager la Parole de Dieu et d’apprendre aux enfants à prier personnellement (donner des intentions)
16.  Apprendre aux enfants à vivre en paix avec les autres croyants. Ne jamais mal parler des autres religions
-Au cours de l’eucharistie, chacun s’est exprimé pour demander pardon, pour prier pour les catéchumènes et leurs parents mais aussi pour le Sénégal, et à la fin pour rendre grâces au Seigneur. Nous avons partagé l’Evangile du jour. Et en sortant, nous avons vénéré l’Evangile de Jésus qui nous sauve.
-Après le repas, nous avons abordé les questions pratiques, pour mieux enseigner la catéchèse, à partir de la feuille « réflexions pour la catéchèse ». La catéchèse, ce n’est pas seulement un enseignement, c’est une initiation à la  vie chrétienne. La catéchèse ne se limite pas au seul temps de la catéchèse. C’est pour cela que les réunions avec les parents sont si importantes. Et que les CEB prennent la responsabilité de la catéchèse.
Nous aimons nos catéchumènes. Nous cherchons à les écouter et à les comprendre. Nous cherchons ce à quoi Dieu nous appelle, ensemble avec eux. Nous les éduquons à la liberté et à la responsabilité, pour qu’ils s’engagent dans l’Eglise mais aussi dans la société. Nous acceptons les enfants tels qu’ils sont. Nous ne faisons pas de différences entre les pauvres et les riches, les faibles et les intelligents. Nous nous adaptons à chaque enfant : son caractère, son âge…
Nous ne sommes pas toujours des modèles, mais nous cherchons au moins à rendre témoignage de notre foi. Car être catéchiste, c’est un appel  de Dieu et une vocation. Nous avons parlé aussi des étapes du baptême.
Certains parents nous reprochent de ne pas enseigner les prières. Mais d’abord, c’est leur responsabilité. C’est à eux de le faire, avec les parrains.  Cependant, à chaque leçon, on pourra faire réciter une prière chrétienne, les unes après les autres, et l’expliquer.
-Dans un 2° temps, nous avons rappelé comment sensibiliser et conscientiser tous ceux qui nous entourent, pas seulement les chrétiens, pour que la campagne et les élections se passent sans violence et sans corruption, que chacun vote librement selon son cœur, mais après avoir bien réfléchi pour choisir son candidat (voir les 10 commandements de l’électeur)
-Nous avons aussi distribué une feuille avec les N°s 128 à 131 de l’exhortation du 2° synode pour l’Afrique sur l’engagement des laïcs (à lire et à partager avec les autres)

                                                                                                    Fait à Dakar le 31- 01- 2012
                                                                                                                     Blaise THIAW 
1.L’HOMOSEXUALITE AU SENEGAL 
J’ai été invité à l’Université de Dakar, à l’Ecole Nationale des Etudiants en Science Sociale (ENEASS), pour intervenir sur la question de l’homosexualité. Cette Conférence était organisée par l’Amicale des étudiants catholiques de cette école. L’homosexualité est actuellement un sujet très brûlant au Sénégal. Pas seulement suite au vote du « mariage pour tous » en France, mais à cause du changement de la société sénégalaise elle-même, où certains homosexuels se montrent maintenant en public. Les réactions sont nombreuses et souvent très dures. Même des ministres sont accusés d’homosexualité : cela devient un moyen de lutte politique. Les personnes reconnues comme telles sont injuriées, rejetées de leur famille et même frappées dans les quartiers.  En cas de manifestation en public, la loi actuelle demande de les mettre en prison. Et certains y sont effectivement. Le Président de la République s’est engagé à ne pas dépénaliser l’homosexualité : L’homosexualité continuera à être condamnée par la loi, et suivie d’emprisonnement. Et on accuse par exemple les Etats Unis, de conditionner leur aide économique à la reconnaissance de l’homosexualité, ce que la très grande majorité de la population refuse absolument. A titre d’exemple, voici ce qu’a déclaré l’avocat général lors du jugement en appel de Tamsir Jupiter Ndiaye : « Cette pratique contre nature (c’est le terme officiel et juridique utilisé pour les rapports entre homosexuels) commence à devenir un phénomène dans notre société foncièrement croyante. Face à ces dérives, on doit renforcer les sanctions en portant des peines sévères, justes et dissuasives. Car le problème commence à se poser mêmes dans les écoles. Pour lutter efficacement contre ce fléau, nous devons sévir ». Et il a demandé 5 ans d’emprisonnement ferme. (Journal Wal Fadjri du 29-6-13).
Du côté de l’Islam, la question est tranchée. L’homosexualité est purement et simplement condamnable. L’Iman qui est intervenu lors de notre Conférence a été clair et précis, sur la position de l’Islam : « Il faut condamner absolument l’homosexualité, c’est une perversion et un péché. Elle va contre nos valeurs traditionnelles et islamiques. Ce sont des lobbys étrangers qui veulent nous l’imposer de force, pour des intérêts inavoués. Ce qui risque d’aboutir à un changement de nos comportements sexuels ». La théorie du genre est évidemment rejetée, avec tout autant de vigueur
Voici des notes, prises à partir de ce que j’ai essayé d’expliquer, en tenant compte des aspects culturel, religieux,... Il me fallait avancer « doucement », dans les 2 sens du mot:  lentement et avec douceur. Car c’est évident, que cela ne sert à rien de choquer les gens, ni d’imposer de force des idées. Cela ne pourrait servir qu’à bloquer les choses, et à empêcher toute réflexion et tout progrès. Je donnerai en annexe le point de vue d’un psychologue qui est intervenu le même jour.
Plan : Du côté de l’Islam
QU’EST-CE QUE L’HOMOSEXUALITE ? p.2
D’où vient l’homosexualité ? p.2
Que faire si tu es jeune, et découvre en toi des tendances homosexuelles ? p.4
COMMENT NOUS CONDUIRE PAR RAPPORT AUX HOMOSEXUELS ? p. 5
Un point de vue chrétien p.6
REFLEXIONS SUR L’HOMOSEXUALITE p.6
Que penser du mariage homosexuel ? p.9
Pour des travailleurs sociaux p.10
INTERVENTION DE HADJA TANDIAN SOCIOLOGUE p.11
QUELQUES QUESTIONS ABORDEES AU COURS DU DEBAT p.12
Questions à l’Eglise p.13
Qu’est-ce que l’homosexualité ?
C’est l’attirance vers une personne du même sexe (appelée lesbianisme pour les femmes). Quand on passe à l’acte, c’est non seulement vivre une amitié, mais aussi avoir des rapports sexuels entre personnes du même sexe. Personne ne choisit cette tendance. Souvent les personnes concernées en souffrent, parfois atrocement. Elles ne sont pas heureuses, elles méritent tout notre respect.
Qu’en dire ?
Premièrement reconnaître que cela existe. Il y a effectivement des personnes homosexuelles vivant parmi nous. Il ne faut pas se cacher la face. D’ailleurs l’homosexualité existait déjà autrefois, et les homosexuels étaient même reconnus d’une certaine façon : c’est ainsi que lors des grandes cérémonies, ils étaient invités par les cuisinières, pour les aider lors de la cuisson des repas (utilisation de leur force pour les travaux lourds : remuer les aliments dans les marmites, soulever les ustensiles lourds, le bois de chauffe, etc.…). Mais cela restait une réalité cachée, alors actuellement des gens ont le courage de se dire homosexuels, devant tout le monde. Comme d’autres ont eu le courage de se reconnaître malades du SIDA, il y a une dizaine d’années.
D’où vient l’homosexualité ?
Certains ont voulu dire que l’homosexualité est congénitale (on l’aurait depuis la naissance). Mais personne n’a trouvé le gène de l’homosexualité dans les chromosomes humains. D’autres disent que l’homosexualité est une maladie comme les autres. Mais traiter  toutes les personnes homosexuelles de malades, est-ce vraiment les aider ?  N’est-ce pas plutôt les rejeter et les culpabiliser? Puisqu’on n’a trouvé aucun médicament pour le moment, pour soigner cette prétendue maladie.
En fait, la plupart des gens pensent que l’homosexualité viendrait de l’éducation. Par exemple, si le Père de la petite fille ou la Mère du petit garçon a une influence trop forte, ou est trop méchant avec l’enfant. L’enfant se tournerait alors vers une personne du même sexe, parce qu’il à peur ou simplement se sent mal à l’aise, avec le parent de l’autre sexe.
Ou bien au contraire si le Parent du même sexe a trop gardé l’enfant pour lui (il l’a attiré et même monopolisé, sans laisser sa place au parent de l’autre sexe. Il l’a accaparé et supprimé sa liberté). A ce moment là l’enfant quant il va grandir, il va chercher à retrouver l’Amour et la présence du parent aimé, dans une personne du même sexe. Ou bien, encore si un enfant a été privé de l’amour de son parent de l’autre sexe quand il est éduqué par sa mère seule.
L’homosexualité pourrait aussi venir d’adultes de l’autre sexe, qui ont imposé des violences ou des souffrances sexuelles à l’enfant. Alors il a peur de l’autre sexe, et il se tourne vers des personnes du même sexe, pour vivre sa sexualité sans peur ou dans la sécurité. Par exemple après un viol, ou même simplement des attouchements sexuels imposés de force.
Certains psychologues pensent qu’il s’agirait d’un développement de l’adolescent qui n’a pas été jusqu’au bout, au point de vue psychologique et sexuel. En effet au moment de l’adolescence, la sexualité se réveille et devient très active chez le jeune. Mais au début, il a peur de l’autre sexe. Il cherche donc l’amitié auprès de camarades du même sexe. C’est peu à peu qu’il va s’orienter vers les jeunes de l’autre sexe, pour vivre la mixité, avant de choisir quelqu’un avec qui il pourra se marier. Cela c’est l’évolution normale. Mais si cette évolution est arrêtée en cours de route, pour une raison ou pour une autre, que parfois on a beaucoup de peine à connaître, alors le jeune resterait au stade de l’homosexualité.
La relation sexuelle a deux buts essentiels : d’abord se montrer son amour mutuellement, et ensuite donner la vie. On reconnait maintenant que des personnes homosexuelles peuvent vraiment s’aimer. Mais bien sûr, elles ne peuvent pas avoir d’enfant. Leur sexualité n’est donc pas vécue complètement. Car pour avoir un enfant, la relation sexuelle doit être vécue entre un Homme et une Femme. Mais aussi par voie « naturelle », pour que l’homme dépose les spermatozoïdes dans le vagin de sa femme. Cela n’est évidemment pas possible en cas de masturbation, qu’elle soit individuelle ou mutuelle. Ni en cas de relation sexuelle entre femmes (cunnilingus) ou entre hommes (fellation ou sodomisation), ni non plus d’ailleurs si celles-ci sont pratiquées entre un homme et une femme. C’est pourquoi, on peut dire que l’acte sexuel, pour être complet et pour répondre au deux buts principaux de la sexualité, doit être fait d’une manière qui permet d’avoir un Enfant. Même s’il n’y a pas grossesse à chaque fois et que  l’acte ne soit pas naturel. Certains vont jusqu’à dire qu’il est contre nature.
La sexualité a aussi d’autres dimensions : par exemple, donner du plaisir. Et aussi une dimension sociale. Si on donne au plaisir la première place, il est clair que l’homosexualité devient normale et importante. Et si la conception du rôle de la société évolue, et aussi celle de la place de la personne humaine dans cette société, l’idée que l’on aura de l’homosexualité va aussi évoluer. Et aussi selon la compréhension que l’on a des droits humains, et en particulier de l’égalité fondamentale entre les personnes humaines. Cela montre bien que l’on ne peut pas parler de l’homosexualité d’une façon absolue et théorique (« en l’air » !). Cela dépend de l’idée que l’on a de la sexualité, de la personne humaine et de la société que l’on veut construire. J’y reviendrai plus loin.
En tout cas, des gens disent actuellement que l’homosexualité est normale. Mais au contraire, des psychologues disent, que c’est la différence qui permet de se compléter. Et que les relations entrent personnes de sexes différents sont de très grandes richesses.
Que faire si tu es jeune, et découvre en toi des tendances homosexuelles ?
Si tu t’aperçois que tu es attiré par des personnes de l’autre sexe, c’est seulement une tendance. On ne peut pas te traiter d’homosexuel, tu es simplement homosensible, ou homophile. C’est ce qui se passe pour tout le monde, d’une façon normale, au moment de l’adolescence. Cette tendance peut être dominée. Tu n’es pas obligé de passer à l’acte (de la mettre en pratique, dans des rapports sexuels).
Donc, même si tu en as envie, il vaut sans doute mieux ne pas commencer des rapports sexuels avec quelqu’un de même sexe. Il faut au moins prendre le temps de réfléchir sérieusement, si possible avec des personnes de bon conseil. Car si tu commences, ce sera très difficile ensuite de revenir en arrière. En  effet, ces actes vont augmenter tes tendances. C’est pourquoi c’est très grave d’imposer des rapports homosexuels à une autre personne, surtout à un jeune ou à un enfant. Cela peut engendrer en lui de graves problèmes psychologiques (traumatisme).
La solution, c’est de chercher à vivre l’amitié avec tous, et donc aussi avec les personnes de l’autre sexe. Si possible, en groupe. Et d’aider ceux qui en ont besoin. Il y a beaucoup de choses que tu peux faire pour cela. D’ailleurs, souvent les personnes homosexuelles sont très gentilles. Elles sont très sensibles, et elles sont un sens artistique développé. Alors, si c’est ton cas, profite de ces qualités qui sont les tiennes, pour les faire grandir. En faisant cela, tu pourras sans doute dépasser, ou au moins orienter les tendances qui sont en toi. Et peut-être arriver à vivre un véritable amour conjugal entre homme et femme, et aussi avoir des enfants. Ce qui, pour nous en Afrique, reste une priorité et un but essentiel du mariage et de la sexualité. Sans oublier la dimension communautaire. Le mariage est encore aujourd’hui une alliance entre deux (grandes) familles. Il demande l’accord et le soutien des deux familles.
Si tu es croyant, pendant tout ce temps, continue à avoir confiance en Dieu et à le prier. Tu sais qu’il est pour nous un Père très bon. Il t’aime, il te connaît comme tu es, car c’est lui qui t’a créé. Il t’accueille tel que tu es, Il ne te rejette pas. Si tu es chrétien, rappele-toi que Jésus n’a jamais condamné personne, pas même la Femme adultère ou la Femme prostituée. Il ne te condamnera pas non plus. Entre dans un groupe de chrétiens mixte : un mouvement d’action catholique, un groupe de prière, ou une autre activité où il y a des garçons et des filles qui se respectent et qui s’aiment.
Et si tu n’arrives pas à aimer une personne de l’autre sexe pour la marier, alors tu seras peut-être appelé à vivre l’amitié avec des personnes homosexuelles, pour répondre au besoin de ton cœur, mais sans passer à l’acte (sans faire de rapport sexuel). C’est possible, ce n’est pas plus difficile que pour les Prêtres, les religieuses et religieux. Et aussi pour certains laïcs célibataires, qui vivent heureux et réussissent leur vie, sans faire de relations sexuelles. Mais bien sûr, cela dépend de toi. A toi de réfléchir, et de prier, pour savoir ce que tu  es capable de faire, dans les circonstances actuelles. Et alors, bien sûr, il faudra en prendre les moyens.
COMMENT NOUS CONDUIRE PAR RAPPORT AUX HOMOSEXUELS ?
Quelle que soit l’idée que nous avons sur eux, nous nous rappelons que ce sont des personnes humaines, comme nous. Elles ont droit au respect. Il n’est donc pas question de les insulter, et encore moins de les frapper.
Même si s’est la loi au Sénégal, je pense donc que ce n’est pas normal de mettre des homosexuels en prison. Bien sûr, la société doit se protéger. Mais tous les homosexuels ne sont pas dangereux. Et de quoi doit-elle se protéger ? Car en fait, les violeurs et les pédophiles, ce ne sont pas des homosexuels, mais des gens qui attaquent les adultes ou les enfants de l’autre sexe. De toute façon est-ce que mettre les gens en prison est une solution ? Est-ce cela qui va les guérir ? Ou même les aider, sinon à changer de comportement, au moins à vivre leur sexualité d’une manière heureuse et épanouissante, dans leur situation. Car c’est bien à cela, qu’il faut arriver. En tous cas, les homosexuels ne sont pas des pédophiles. Il ne faut pas confondre les choses.
A l’inverse, cela ne veut pas dire que les homosexuels ont tous les Droits. Et qu’ils peuvent faire n’importe quoi, surtout en public. Car l’attentat à la pudeur, cela existe pour eux, comme pour les hétérosexuels. Certains disent : » du moment que nous sommes des adultes libres et consentants, nous pouvons faire ce que nous voulons ! ». Même si on est d’accord entre adultes, est-ce qu’on peut faire ce qu’on veut ? Il faut au moins se poser la question, et tenir compte de la société dans laquelle on vit. Quitte à la faire évoluer. Mais pour cela, il faut du temps et beaucoup d’intelligence. En tout cas, la provocation n’est certainement pas la meilleure solution pour cela. Il ne suffit pas de dire : « je suis né comme ça ! ». Même si on a des tendances très fortes en soi, est-ce qu’il faut obligatoirement passer à l’acte ? Il faut au moins voir comment le faire, pour que ce soit accepté plus facilement.
Un point de vue chrétien :
Même si l’Eglise, à la suite du Christ, refuse de condamner les gens, elle n’est pas pour le mariage homosexuel pour autant. Ni pour les relations sexuelles entre personnes homosexuelles. Et même si la loi de certains pays autorise le mariage civil entre homosexuels, il n’en n’est  pas question dans l’Eglise. Mais  il est absolument nécessaire de garder le respect des personnes homosexuelles, et de les aimer avec une véritable amitié. En se rappelant bien sûr, qu’elles ne sont pas coupables. C’est une tendance qu’elles ont en elles, dont elles ne sont pas responsables.
Pour une chrétien, l’attitude à suivre me semble être celle de Jésus avec la femme adultère (Jean 8, 1-11). L’adultère était condamné chez les juifs, comme il l’est dans toutes les sociétés depuis toujours. Moïse avait même prévu de faire tuer les personnes adultères à coup de cailloux (lapidation : Dt 17). Mais d’abord, Jésus nous fait comprendre que la Loi de Dieu n’est pas la Loi des hommes. Et que même la Loi de Moïse dans la première Alliance doit changer et être transformée. Ce n’est pas parce que la loi de notre pays condamne les homosexuels, que nous devons les punir. Ce n’est pas parce que l’homosexualité est mauvaise, comme l’adultère, qu’il faut condamner les personnes. Jésus dit à cette femme : « je ne te condamne pas ». Nous devons donc réfléchir sérieusement, pour voir si nous ne devons pas faire évoluer les lois de notre pays, pour les rendre meilleures. Comme Jésus a transformé la Loi de Moïse lui-même. Ensuite, Jésus dit à cette femme : » va en paix ». Cela veut dire, que notre rôle n’est pas de faire souffrir les personnes homosexuelles. Mais au contraire de les défendre, pour qu’elles puissent vivre en paix dans la société.
Enfin Jésus dit à la femme : » ne pêche plus ». La personne homosexuelle de son côté devra se demander : est-ce qu’elle ne  doit pas cesser ses actes homosexuels ? Ou au moins voir ce qu’elle peut changer, dans son comportement et dans sa vie. Mais en tenant compte de tout ce qu’on a dit jusqu’à maintenant. En sachant qu’on ne peut pas changer d’un seul coup, qu’il faut beaucoup d’efforts et beaucoup de patience. Cela aussi Jésus le reconnaît. Par exemple, quand il  dit à Pierre, qu’il faut « pardonner 70 fois 7 fois ! » (Mt 18,22).
REFLEXIONS SUR L’HOMOSEXUALITE
En France, on a légalisé le mariage homosexuel, à cause du principe de l’égalité pour tous. Bien sûr, au cours de cette conférence, on s’est posé beaucoup de questions à ce sujet. Car tout ce qui se passe en Europe, spécialement en France, a aussitôt des répercutions au Sénégal. Cela devrait d’ailleurs nous interroger. Est-ce que nous devons suivre l’Occident en toutes choses, pour nous développer ? D’abord, nous n’avons pas voulu entrer dans un débat de fonds sur ce qui se passe en France, et qui  remet en cause aussi bien la conception traditionnelle du mariage, que celle de l’égalité des droits. Voici simplement quelques réflexions qui ont été faite.
On peut se demander si le fait de reconnaître le mariage homosexuel officiellement, au lieu de diminuer les attaques contre ces personnes, ne les a pas au contraire augmentées, de la part de certains.
 Il faut bien comprendre qu’autoriser le mariage pour tous, ce n’est pas seulement permettre à un petit groupe de personnes homosexuelles (environ 5%), d’avoir le même statut que les autres. Reconnaître le mariage homosexuel, c’est transformer complètement l’idée du mariage, et donc toucher à la  base même de la société. Autoriser le mariage pour tous, cela demande une transformation profonde du code civil et de la constitution. Hors au Sénégal, nous sommes fatigués avec les changements de constitution, qui ont amené tellement de problèmes, au temps du Président passé. Et on ne change la constitution,  simplement pour gagner des voix aux élections, ou pour un autre intérêt. Les français ont décidé de le faire, mais avec beaucoup d’oppositions d’ailleurs. De nombreuses personnes, et pas seulement l’Eglise catholique, ont demandé pour cette raison un débat national sur le sujet, qui serait suivi d’un référendum. Mais le gouvernement ne l’a pas accepté. Nous n’avons pas les mêmes valeurs ni la même société au Sénégal. Nous ne sommes pas obligés de les suivre !
C’est vrai que  la façon dont le mariage a été vécu dans le passé a beaucoup changé, avec le temps. Et elle continuera de changer encore. Mais les familles et les mariages ont pratiquement toujours été compris, comme le lieu où la vie et où on éduque, et où on transmet les valeurs reçues des générations précédentes.
On parle aussi de droit à l’enfant. Mais que deviennent alors  les droits de l’enfant ? Car on ne fait pas un enfant pour soi-même, mais pour lui. Et pour son avenir heureux, avec toutes les conditions nécessaires pour cela. En reconnaissant le mariage homosexuel, on touche à la réalité de ce que sont un père et une mère. Puisque dans le mariage homosexuel, les deux sont du même sexe. Qui sera le père, et qui sera la mère? Et quel sera le rôle de chacun dans le mariage homosexuel ? Jusqu’à preuve du contraire, l’enfant pour grandir et se développer, a besoin d’un père et d’une mère différents, qui se complètent  et qui s’aiment. L’enfant a besoin de connaître ses parents. Que va-t-on lui dire, quand il va demander qui est son Père ? On parle du Droit du mariage pour Tous, mais que deviennent alors les Droits des enfants. Est-ce que les adultes ont le Droit d’imposer une famille homosexuelle à ces enfants, qu’ils n’ont pas fait eux-mêmes ? On se demande alors si ces adultes veulent un enfant pour le bien de l’enfant, ou pour eux-mêmes ?
 Et on se pose beaucoup de questions au sujet de l’adoption, et encore plus la procréation assistée, pour les couples homosexuels. Jusqu’où va-t-on aller ? C’est vrai que la science à fait beaucoup de progrès : des couples stériles peuvent avoir des enfants, grâce au progrès de la médecine. Mais est-ce que toutes les façons (scientifiques) d’avoir des enfants sont bonnes pour autant : la procréation assistée, mais aussi les mères porteuses (les femmes qui portent un enfant pour une autre), le clonage (faire plusieurs enfants absolument semblable à partir du même œuf, etc.…). La question de l’adoption n’est pas simple non plus. Est-ce que cela ne va pas augmenter les ventes et les trafics d’enfants, contre lesquels nous avons tant de mal à lutter, dans certains de nos pays ?
Il faut aussi réfléchir aux raisons que l’on donne au mariage homosexuel. On parle de mariage pour tous. Mais, de toutes façons,  le mariage n’est pas autorisé pour les mineurs, ni entre membres de la même famille. Il n’y a donc pas de mariage pour tous. On dit qu’il faut l’égalité des Droits pour tous. Mais est-ce que l’égalité, c’est faire la même chose pour tous ? Est-ce qu’il ne s’agit pas plutôt que tous soient respectés, mais aussi reconnus, non seulement dans leur dignité, mais également dans leurs différences. C’est dans ce sens que l’on parle des Droits des minorités. Tous les hommes sont égaux en Dignité et en Droit. Mais les Droits des enfants sont plus important que ceux des adultes, parce qu’ils sont plus faibles. On a déterminé des droits spécifiques de la femme, alors que c’est une personne humaine égale à l’homme. Il y a aussi les Droits des prisonniers, les Droits des émigrés, etc.…. Nous ne sommes pas égaux par notre taille, ni par notre intelligence. Ni par la couleur de notre peau, ni par notre place dans la société. La société demande qu’on traite les personnes d’une façon différente, quand les circonstances sont différentes. Donc » les Droits pour Tous » cela ne veut pas dire » la même chose pour Tous ». Même si l’on veut l’égalité entre les personnes (la même dignité et le respect), de toute façon un couple homosexuel ne sera jamais comme un couple hétérosexuel, parce qu’ils ne peuvent pas faire d’enfants eux-mêmes. C’est une différence fondamentale. Pour défendre le mariage homosexuel, certains disent qu’on a fait des études par exemple aux Etats-Unis qui noteraient que les enfants adoptés des couples homosexuels reçoivent une éducation aussi bonne que ceux des enfants éduqués par leurs pères et leurs mères. Mais d’autres études très sérieuses, comme par exemple celle de Mark Regnerus en juin 2012, affirme que les enfants des familles traditionnelles sont plus équilibrés psychologiquement et plus à l’aise dans la société. Alors qui a raison ? On ne peut pas trouver une solution à un tel problème seulement avec des enquêtes et des sondages. Il faut une vraie réflexion anthropologique (au niveau de la nature profonde de l’homme) philosophique et juridique.
Cette question du mariage homosexuel est le signe que l’homme grâce à la culture (l’éducation et la civilisation) veut commander à sa nature (ce qu’il est naturel). Cela peut lui permettre de devenir plus homme (plus humain) et plus heureux. Mais à condition de bien réfléchir là où il va. Cela n’est pas une raison pour accepter toutes les théories, comme par exemple la théorie du genre, qui voudrait nous faire croire que notre sexe ne dépend pas de notre nature (notre corps), mais de notre choix libre. Et que toutes les façons de vivre sa sexualité seraient égales (indifférentes), sans conséquences et bonnes. Nous devons bien reconnaître que cette théorie nous est imposée par des pays étrangers. Elle est même parfois posée comme condition, pour accorder une aide économique. Ce qui est évidemment inacceptable. Il ne faut pas enfermer la personne humaine dans les limites de sa seule sexualité. La culture permet de dépasser la nature et de se comporter en homme civilisé (cultivé). Et il est important de vivre sa sexualité d’une façon personnelle, selon ce que l’on est. Mais cela ne veut pas dire pour autant accepter la théorie du genre, ni les pratiques homosexuelles, ni le "mariage pour tous ».
 Déjà en France, il y a eu le PACS qui reconnaît l’union entre deux personnes non mariées et mêmes homosexuelles. Est-ce que cela ne suffit pas ? Certains ont dit que le PACS ne permettait pas d’hériter de l’autre ou de profiter de sa pension. Ce sont des choses qui pouvaient très bien être réglées dans le cadre du PACS. Est-ce qu’on avait besoin pour cela, de faire le mariage pour Tous, et de changer ainsi les bases même de la société ?
Bien sûr, ces questions sont difficiles. Il faut y réfléchir profondément, et prendre le temps nécessaires pour cela. Il faut écouter les raisons et les explications de tous et de chacun, sans les rejeter au départ. Mais cela ne veut pas dire tout accepter, ni copier obligatoirement les pays occidentaux….même si l’Afrique du Sud a reconnu ce mariage. Au contraire, ce « mariage » nous pose de vraies interrogations. Et nous demande de réfléchir d’abord, à la façon dont nous vivons le mariage entre hommes et femmes, dans la société sénégalaise. Et comment nous éduquons nos enfants. A ce niveau, la question du mariage homosexuel est donc très importante pour nous. Elle doit nous permettre de faire des progrès.
Que penser du mariage homosexuel ?
Il faut revenir à notre tradition. Dans le mariage traditionnel, le mariage était d’abord fait pour avoir des enfants. Il est bien évident que le mariage homosexuel ne peut pas répondre à ce besoin. Mais depuis, nous avons été touchés par les idées modernes sur le mariage. Maintenant l’autre raison principale, pour lesquelles on se marie, c’est pour vivre une amitié profonde entre mari et femme. La relation sexuelle n’est plus faite seulement pour avoir des enfants, mais devient un geste d’amour qui unit profondément deux personnes. Bien sûr, je ne parle pas ici des mariages forcés qui existent encore. Ni des mariages d’intérêt, pour l’argent…
L’amitié et l’amour entre deux hommes ou deux femmes, cela existe, et cela peut être très beau. La question est de savoir, si cet amour  peut et doit se vivre obligatoirement dans des rapports physiques ? Par exemple, un homme ou une femme mariée peuvent vivre une véritable amitié, avec une autre personne que leur conjoint. D’ailleurs, ils ont sans doute eu des amis avant de se marier, et cette amitié peut très bien continuer. Cela ne veut pas dire qu’ils vont faire des rapports sexuels. Au contraire, le mari comme la femme peuvent avoir des amis, tout en étant fidèles l’un à l’autre. Mais bien sûr dans ces conditions, il vaut mieux que l’ami devienne l’ami du couple tout entier.
Au point de vue physique, c’est bien évident que l’appareil génital de l’homme et de la femme sont faits l’un pour l’autre. Et que c’est le vagin de la femme, qui est fait pour recevoir le pénis de l’homme. En tout cas, c’est la façon naturelle d’avoir des enfants.
La question de fond qui se pose est : quel type de société voulons-nous construire? Il est clair que les sociétés occidentales sont devenues de plus en plus individualistes. Chacun cherche d’abord son propre intérêt et son propre plaisir. A ce moment-là, il est évident que chacun va demander des Droits pour lui-même. Et si on est homosexuel, on demande le droit non seulement à la sexualité, mais aussi au mariage. C’est l’intérêt personnel, qui passe avant la dimension communautaire. Chez nous, notre société est d’abord communautaire. Cela signifie vivre ensemble. Comme le dit le proverbe « L’homme est le remède de l’homme.» Le mariage n’est pas seulement l’union d’un homme et d’une femme, mais l’alliance entre deux familles. Et le mariage traditionnel a gardé sa force jusqu’à maintenant. On a donc des difficultés à accepter les homosexuels, et encore plus à leur accorder des droits. Car on veut protéger la société, et que tout le monde se conduise de la même manière. C’est très important de garder la dimension Communautaire. Mais à condition de ne pas écraser les personnes. D’un autre côté, c’est important d’assurer la liberté de chacun et les mêmes droits pour tous. Mais cela ne veut pas dire accepter tous les comportements. Il y a donc un équilibre très difficile à trouver.
Pour des travailleurs sociaux.
Je m’adresse à des travailleurs sociaux. Votre travail est d’abord d’aider et de soutenir les gens. Cela demande que vous les acceptiez, que vous les accueillez tels qu’ils sont, avec leurs problèmes et leurs difficultés, sans imposer vos idées et sans les condamner. Vous serez donc amener à rencontrer des personnes homosexuelles. Elles ont droit au respect et au soutien de votre part.
Il est important aussi, que vous considériez les conditions de vie des gens. Par exemple, vous serez appelés à travailler avec des prisonniers. Des hommes et des femmes adultes, ayant des activités sexuelles régulières se trouvent d’un seul coup arrêtées et enfermées en prison. Les hommes se trouvent seulement avec des hommes, des femmes avec des femmes. Il est bien évident à ce moment-là, la tentation de l’homosexualité se pose, pour des gens qui n’arrivent pas à maîtriser leur sexualité. D’autre part, on sait bien qu’en prison, il y a des chefs de bande, qui commandent les autres. Et qui donc vont se servir de certains prisonniers pour leur plaisir sexuel. Leur imposant ainsi des relations homosexuelles contre leur volonté. Ce qui est bien sûr un viol, et une exploitation de la personne humaine absolument inadmissible. Il n’est certainement pas question d’accepter cela. Mais d’autre part, ne faut-il pas être réalistes, et voir les choses en face ? Or jusqu’à maintenant, on ferme les yeux. On interdit l’entrée de condoms dans la prison, alors qu’on sait bien ce qui s’y passe. Il est absolument nécessaire d’éduquer et de conseiller les gens, de lutter contre toutes les formes d’oppression et d’utilisation sexuelle des plus faibles. Mais il est  aussi important de lutter contre la propagation du SIDA.
INTERVENTION DE HADJA TANDIAN SOCIOLOGUE
Le sociologue est membre de la société. La société avance ? et il faut réfléchir à ses transformations. On peut avoir une attitude subjective ou objective. Il y a donc deux points de vue sociologiques. Un point positif ou compréhensif, et une position de rejet. Ensuite se posent les obstacles, apportés par l’Etat-civil : la loi telle qu’elle existe dans le pays. Enfin,  il y a les opinions des gens dans la société, et les questions tabous qu’on évite absolument. Celle de l’homosexualité en est une. Il faut donc se demander, dans quelle société sommes-nous ? Et ensuite, quelle société voulons-nous ? Est-ce qu’on doit suivre ce qui se passe dans les pays étrangers, en particulier occidentaux ? Ou bien devons-nous rester nous-mêmes. Et dans ce cas, comment se protéger ? De toute façon, il est important de parler de ces questions, parce que le problème existe. Allons-nous accepter que l’homosexualité est une pratique, différente mais normale, de la vie sexuelle et morale ? Ou bien est-ce qu’elle doit être marginalisée et cachée? Et même rejetée ? Est-ce que l’homosexualité est une maladie (une pathologie), et donc un comportement exceptionnel. Si c’est une maladie sociale, il faut s’en occuper pour la soigner. De toute façon, il est important de garder une attitude scientifique par rapport au problème.
Pour le positif, le sociologue doit refuser le faux exemple. Faire des découvertes, cela conduit toujours à aller contre les idées reçues. Il ne faut pas se laisser intimider, ni refuser les résultats des enquêtes que l’on fait. Mais souvent nos sentiments et nos idées préconçues s’y mêlent. Nous sommes très passionnés. Il est donc important de mettre une distance, entre le sens commun et la recherche scientifique. Mais dans la société, la liberté doit tenir compte de la vie sociale, et ne pas devenir libertinage. Il faut savoir se comporter selon les normes sociales. Les homosexuels font partie eux aussi de la société. Même s’ils ont des comportements déviants, ce sont des citoyens : ils payent l’impôt, ils doivent avoir leur place dans le pays.
On se trouve devant deux obstacles :
-          Premièrement le contrôle social : la société veut que ses membres se comportent selon les normes établies.
-          Deuxièmement l’identité sociale de l’individu.
Souvent les normes sociales sont intériorisées par la personne. Et si elle ne se conduit pas comme la société le demande, elle se sent coupable (elle se culpabilise).
Dans notre travail, il est important de comprendre et non pas de condamner, et d’éviter les préjugés. De regarder les choses de manière objective. Mais est-ce que l’objectivité est possible ? Le plus important en tout cas, c’est d’accueillir les personnes homosexuelles, pour qu’elles puissent nous dire le sens qu’elles donnent à leur vie. Et comment elles vivent leur homosexualité. C’est la première étape nécessaire. On ne peut pas juger les gens, sans les avoir d’abord écoutées.
Au niveau du Droit et de l’Etat-civil, en Europe, le mariage était organisé par l’Eglise catholique. C’était même un sacrement. Au moment de la révolution française, en 1789, on a parlé du Droit naturel et on a détaché le mariage de l’Eglise, pour composer un code civil. Cela a été la porte ouverte à toutes les évolutions, puisque le mariage n’était plus sur le terrain religieux. Or, la société a continué à avancer et à se transformer. C’est ainsi que dans les années 1990, on a mis en place le PACS, qui était une reconnaissance par la Loi, des gens qui vivent ensemble sans vouloir se marier. A partir du moment que le code civil suit l’évolution de la vie en société, toutes les situations peuvent être reconnues. En effet, dans la société, il y a souvent un système de valeur dominante qui est reconnue par la Loi. Il y a aussi des groupes et des lobbys, c’est-à-dire des groupes minoritaires qui ont le pouvoir politique et économique, et qui veulent imposer leurs idées et leurs façons de faire, grâce à leur pouvoir. Dans une société, si on donne des Droits à certains et pas à d’autres, c’est une injustice.
 Par ailleurs dans la société actuelle, le mariage échappe de plus en plus, non seulement à l’autorité des religions, mais aussi à l’autorité de la famille. Les gens demandent d’être libres de se marier, et pour certains de se marier avec qui ils veulent, et comme ils veulent. Mais pour une Loi juste et qui fait progresser, on ne peut pas se contenter de reconnaître les valeurs dominantes, et de faire des Lois, à partir des sondages. La loi doit avoir un fondement social solide, et permettre aux personnes et au pays d’avancer. On doit chercher le plus possible le consensus social dans le pays. Ce consensus (se mettre d’accord) il n’est pas donné au départ. Il doit se construire, dans le dialogue et le respect mutuel. On doit éviter l’isolement et le manque de confiance dans les autres. Ce n’est pas souhaitable. Il faut aussi chercher à garder le plus haut degré de moralité possible. Une société ne peut pas accepter plusieurs morales et des comportements différents en même temps. En résumé le sociologue doit avoir un point de vue positif. Pour cela, il faut du recul pour mieux voir les choses. Il doit avoir une attitude compréhensive, et reconnaître que la façon de vivre le mariage a évolué. Le droit civil a pris la place des lois religieuses. Et le code civil doit évoluer lui aussi. Tout le monde est interpellé. Encore une fois, Il faut chercher tous ensemble, quelle société nous voulons. Et quel but nous donnons à la société sénégalaise.
QUELQUES QUESTIONS ABORDEES AU COURS DU DEBAT :
-Si nous sommes croyants, nous suivons notre religion. Même si cela doit aller contre les Lois du pays. Mais seulement quand c’est nécessaire, et pour des raisons graves. Et cela nous demande de réfléchir d’abord sérieusement à la question, calmement et sans  préjugés. On ne peut pas dire : c’est la religion qui dit ça ! Dieu nous a donné une intelligence, et pour les chrétiens son Esprit, l’Esprit Saint, pour cela !
-Il est absolument nécessaire de mettre en place une véritable éducation sexuelle des enfants et des jeunes. Et que cela se fasse en premier, par les parents. Nous parlons bien d’éducation sexuelle, et pas seulement d’information sur le fonctionnement des appareils génitaux. Actuellement les enfants et les jeunes voient toutes les pratiques sexuelles au cinéma, à la télévision, et toutes déviations possibles dans les DVD pornos qui circulent partout. Ils ne savent plus ce qui est normal ou anormal, ce qui de l’amour et ce qui est de l’érotisme débridé, ce qui fait grandir et ce qui va les abaisser. Si on présente l’homosexualité comme un modèle au cinéma, à la télévision et dans les clubs, il est bien évident que les jeunes seront poussés à la pratiquer.
-La libération principale par rapport au mariage au Sénégal, ce n’est certainement pas de reconnaître le mariage homosexuel. Mais plutôt de lutter contre le mariage forcé, et le mariage précoce. Et de permettre le mariage entre ethnies et castes différentes. Ce serait déjà une grande évolution. Et au niveau de la sexualité, la première chose c’est de lutter contre l’excision. Il ne faut pas se tromper de problèmes et d’objectifs.
-Notre rencontre était très importante, pour la liberté d’expression et pour oser aborder ces problèmes.
-La morale étatique, n’est pas la morale religieuse. La société a autorisé la prostitution dans certaines conditions (carnet de santé), alors qu’elle est interdite par les religions. De même, l’alcool et le tabac sont interdits dans l’islam. Mais l’état en permet la vente. Et même il s’enrichit avec, en faisant payer des taxes. Ce n’est pas parce que l’alcool est autorisé dans le pays, que tu dois obligatoirement en boire. Ni te prostituer.
-Un Assistant social est membre de la société, mais il doit aborder les questions sociales avec responsabilité, et une attitude de compréhension. Même devant des déviations. Il est important de ne pas traiter les gens de délinquants, et encore moins les condamner. Certainement qu’il faut inviter la population de changer son  comportement, par rapport aux homosexuels. Et que l’on revoie les Lois du pays sur cette question
Questions à l’Eglise
Toujours en France, il y a eu de grandes manifestations contre le mariage homosexuel. Auquel beaucoup de chrétiens ont participé. Il faut respecter ces chrétiens qui ont agi selon leur conscience, et qui ont voulu défendre la morale chrétienne. Mais c’est quand même important de réfléchir à ce qui ont dit et fait, pour notre propre société sénégalaise. Ils ont voulu défendre l’Eglise Catholique. Mais est-ce la meilleure façon de la défendre ? Est-ce qu’ils ne continuent pas de rêver d’une Eglise qui commanderait la société ? Au lieu de reconnaître une bonne fois pour toute, que l’Eglise est et doit être minoritaire. Et que les Lois de la société ne seront plus obligatoirement celles de l’Eglise. Ce qui ne nous empêche pas de rester chrétiens. Et comme le dit Saint Pierre : » d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes »(Actes 4,19+5,29). Est-ce que ces manifestations ne sont pas la suite de ce qu’on a appelé le catholicisme intransigeant, qui autrefois a refusé la révolution française (Liberté – Egalité – Fraternité), et ensuite la Déclaration Universelle des Droits Humains ? Et qui a refusé pendant longtemps la Laïcité ?
On a bien vu que ces manifestations des chrétiens ont été parfois récupérées par les Partis politiques de droite, par des groupes violents et même des casseurs. Les chrétiens qui le veulent ont le droit d’être dans un mouvement politique de la droite. Mais à condition de laisser la liberté à d’autres chrétiens d’être de gauche. Et surtout de ne pas imposer leurs idées politico-sociales à toute l’Eglise. Sinon, certains ennemis de l’Eglise seront trop heureux de dire que l’Eglise est violente, qu’elle est attachée à un parti politique, ou même qu’elle est retardataire et obscurantiste : qu’elle vit dans la nuit, en refusant la lumière et la vie moderne.
Nous ne sommes pas d’accord avec le mariage homosexuel, ni que ces personnes adoptent des enfants. Mais il faut bien voir où est le problème. Si on est arrivé à cela dans certains pays comme la France, n’est-ce pas parce que le mariage a perdu de sa force ? Et que l’on a oublié les valeurs de la vie et de l’Education ? N’est-ce pas parce qu’on devient de plus en plus individualiste, et que chacun veut faire ce qu’il veut, et avoir ce qui lui plaît ? Et avoir les mêmes Droits que les autres, sans en accepter les conditions. Parce que l’on n’aime plus l’enfant pour lui-même, mais pour soi. On fait passer le Droit à avoir des Enfants, avant le Droit de l’Enfant lui-même. Alors bien sûr, on peut être contre le mariage homosexuel. Mais cela ne suffit pas. Le plus important est de lutter pour rendre notre société plus humaine et plus communautaire. De lutter contre l’égoïsme et l’individualisme dans tous les domaines. De respecter davantage le mariage et de chercher une meilleure éducation des enfants. Et aussi de respecter les idées des autres, sans vouloir imposer nos propres idées par la force. C’est aussi de faire que les personnes humaines ne soient pas traitées comme des objets, utilisés à notre profit. Que se soient les enfants, en particulier les enfants mendiants, les enfants de la rue, ou les enfants travailleurs. Mais aussi les chômeurs, les femmes et les paysans, les analphabètes et les infirmes, les réfugiés et tant d’autres personnes. C’est de lutter contre la perte de la Foi en Dieu, et la perte de nos valeurs que nous ont laissés nos ancêtres.
Actuellement au Sénégal, tous les journaux, comme les émissions à la radio et la télévision sont occupées par la question de l’homosexualité. Au lieu de penser d’abord, aux vrais moyens de faire avancer le pays, et de trouver une solution aux difficultés de la vie. Il ne faudrait pas que se soit la même chose dans l’Eglise. Qu’elle ne cherche pas tellement à se défendre, mais plutôt à défendre les pauvres et les petits. A la suite de Jésus, qui est venu « servir et sauver ce qui était perdu » (Luc 19,10) et « réunir tous les enfants dispersés » (Jean 10,52).
Jésus disait : (Luc 12,32) « N’ayez pas peur petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume » (Le Royaume, mais pas la direction de la société). Nous sommes le levain dans la pâte. Le levain est tout petit, par rapport à la pâte toute entière. Et il suffit un peu de sel, pour donner du goût à toute la terre (Matthieu 5,12). En tout cas, vue notre situation très minoritaire au Sénégal, nous ne pouvons rêver à de grandes manifestations comme celles qui ont eu lieu en France.

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