Ils dirent alors à Jésus : « Les
disciples de Jean le Baptiste jeûnent souvent et font des prières ; de
même ceux des pharisiens. Au contraire, les tiens mangent et
boivent ! » Jésus leur
dit : « Pouvez-vous faire jeûner les invités de la noce, pendant que
l’Époux est avec eux ? Mais des
jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors, en ces jours-là, ils
jeûneront. » Il leur dit aussi en
parabole : « Personne ne déchire un morceau à un vêtement neuf pour
le coudre sur un vieux vêtement. Autrement, on aura déchiré le neuf, et le
morceau qui vient du neuf ne s’accordera pas avec le vieux. Et personne ne met du vin nouveau dans de
vieilles outres ; autrement, le vin nouveau fera éclater les outres, il se
répandra et les outres seront perdues.
Mais on doit mettre le vin nouveau dans des outres neuves. Jamais celui qui a bu du vin vieux ne désire
du nouveau. Car il dit : “C’est le vieux qui est bon.” »
« Seigneur,
fais nous vivre d’une vie Jésus, levant les yeux sur ses
disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de
Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez
faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant,
car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous
excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause
du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors
votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que
leurs pères traitaient les prophètes. Mais quel malheur pour vous, les riches,
car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus
maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez
maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur
pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en
effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes.
»Seigneur,
apprends-nous à être heureux, et à rendre nos frères heureux, avec Toi »
Nous connaissons bien les Béatitudes selon St Mattieu.
Luc lui n’en reprend que quatre, sur les pauvres,
la faim, consoler ceux qui pleurent et subir la haine à cause de la justice.
1- Nous
relisons chaque phrase qui commence par heureux, une par une (n°20 à 23). Puis
nous prenons un temps de silence, pour la
laisser entrer dans notre cœur.
2- Ensuite, nous regardons Dieu notre Père :
Qu’est-ce que cette phrase nous dit sur Dieu ? Dieu qui est dans les cieux, qui aime les pauvres,
et les fait entrer dans son Royaume.
Dieu qui nourrit ceux qui ont faim. Pas
seulement dans leur ventre, mais aussi dans leur cœur. Par sa Parole et son
amour. Par le pain de chaque jour et par l’eucharistie.
Dieu qui
console ceux qui pleurent. Et qui nous prépare une grande joie. Que rien, ni
personne, ne pourra nous enlever. Dieu qui nous fait entrer dans la terre de
bonheur, qu’il nous a promise : pas au ciel, mais déjà aujourd’hui !
Dieu qui
nous remplit de sa Justice. Et qui fait de nous, ses prophètes d’aujourd’hui.
Dieu qui est bon et qui a pitié de nous. Dieu qui est avec nous, quand on nous
fait souffrir injustement. Dieu qui est avec tous ceux qu’on n’aime pas. Ceux
qui sont rejetés, insultés, méprisés et traités de mauvais. Dieu qui est notre
récompense dans les cieux. Nous disons merci
à Dieu de tout notre cœur, pour tout ce qu’il fait pour
nous.
3-Maintenant, nous nous demandons, comment mettre ces paroles en pratique
nous-mêmes :
Comment nous tenir
comme des pauvres, devant Dieu et devant nos frères ? Comment vivre en
enfants du Royaume ?
Comment avoir faim de la Parole de Dieu ? Comment
faire grandir en nous le désir de vivre avec Lui ? Comment aimer
davantage ?
Comment garder la foi et l’espérance au milieu de nos tristesses ? Et ne pas nous
décourager, devant les difficultés de la vie ?
Comment rester doux, au milieu des attaques de toutes
sortes ? Comment faire grandir en nous la soif de la Justice ? Comment apprendre à pardonner et à avoir pitié des autres ? Comment garder la joie du cœur, quand on nous
fait souffrir et que l’on dit des tas de choses fausses sur nous? Comment être prophète aujourd’hui ?
4-Luc ajoute 4 malédictions En
effet, le gros danger qui nous guette,
c’est de nous enfermer dans notre
vie sur terre, sans voir plus loin. De nous contenter du bonheur sur terre, que nous donne l’argent.
De nous rassasier, sans voir ceux qui
ont faim autour de nous. Car un jour ce
sera fini.
Alors,
est-ce qu’il faut se faire
souffrir et faire des sacrifices, ce qu’on
appelait autrefois des mortifications ? Est-ce que nous devons nous rendre malheureux, et refuser les plaisirs de
la vie, pour aller au ciel ? Certainement pas ! Dieu veut que nous
soyons heureux sur la terre. La seule chose que Jésus veut,
c’est que nous soyons heureux. Il le dit 4 fois, dans cet Evangile. La question,
c’est : quel plaisir cherchons-nous ? Où mettons- nous notre
joie et notre cœur ? Est-ce que nous cherchons notre bonheur tout seul, en
oubliant les autres ? Ou bien est-ce que nous cherchons notre joie, ensemble avec les autres, et en cherchant à
les rendre heureux. Saint Paul
disait : « il y a plus de joie
à donner, qu’à recevoir ». Le Seigneur
nous appelle à partager notre joie,
et ce que nous avons, avec nos frères et nos sœurs. Et à consoler ceux
qui pleurent.
Mais tout cela, dans la simplicité et l’humilité. Nous
le savons bien, si nous cherchons à tout prix que les hommes disent du bien de nous, nous sommes prêts à faire
n’importe quoi pour cela. Et même à laisser le chemin de Dieu. Pour avoir de
l’argent, certains sont prêts à faire souffrir leurs travailleurs, à voler, et
même à tuer. Et ils refusent de voir,
ceux qui ont faim autour d’eux. Beaucoup disent : Il faut profiter de la
vie, tant que c’est possible. Et ils ne voient pas ceux qui pleurent autour
d’eux. C’est à tous ceux-là que Jésus dit : »Malheur à vous, car vous avez
déjà eu votre bonheur ! »
5-Enfin, je me demande que faire pour les autres : pour aider les pauvres ? Pour consoler ceux qui pleurent ? Pour construire une terre de
douceur et de bonté, où les petits seront respectés et auront leur place ?
Comment construire une société juste, où chacun sera libéré de la méchanceté, de la corruption et
de tout mal ? Comment bâtir un pays de paix, où les citoyens se
comprennent, se pardonnent et ont pitié des autres ? Comment arrêter de
faire souffrir les gens, et de dire des choses fausses sur eux ? Comment
défendre ceux qui sont traités injustement ?
6-Il ne
s’agit pas seulement, d’aider ceux qui ont besoin de nous, un par un. Ni d’agir
tout seul. Il s’agit de construire un pays, où tous pourront vivre heureux. De
bâtir une société plus humaine. Il s’agit de faire grandir le Royaume de Dieu parmi nous. Pour cela,
nous cherchons à agir ensemble, avec
tous les hommes de bonne volonté. Quelle que soit leur langue, leur culture
ou leur religion. Nous entrons dans les différentes associations, et
organisations de la société civile, pour transformer le pays. Nous prenons nos
responsabilités de citoyens, chacun selon les qualités que Dieu nous a données :
en politique, dans l’économie, les questions sociales, les syndicats…En
commençant à la base : dans les quartiers où nous vivons, et là où nous
travaillons. Alors, nous serons heureux, nous auront le cœur plein, nous serons
entrés dans le Royaume de Dieu, et Dieu
Lui-même sera notre récompense. « Merci Seigneur, d’être à
côté de nous, dans toutes nos difficultés. Et de nous avoir choisis, pour être
tes prophètes »
-Revenons un
peu sur cette question du jeûne : Le
jeûne que Dieu aime (Isaïe 58, 1-12) :
Dieu dit, par le prophète Isaïe (n° 6) : « Le jeûne que je préfère, c’est de
défaire les chaines injustes, de relever ceux qui sont écrasés, de renvoyer
libres ceux qui sont exploités et opprimés. C’est de casser tout ce qui écrase
et fait souffrir l’homme… Le jeûne que j’aime, c’est de partager ton pain avec
celui qui a faim. Recevoir chez toi le pauvre qui n’a pas de maison. Si tu vois
quelqu’un qui est nu, tu lui donnes des
habits. Et tu ne refuses pas d’aider celui qui est ta propre chair »
-Certains chrétiens veulent jeûner comme les musulmans. Ils ne mangent pas de toute la
journée. Ils attendent la nuit pour cela. Pour nous les chrétiens, le plus
important du carême, ce n’est pas le jeûne. Et il faut bien comprendre ce
qu’est le jeûne. D’abord quand je jeûne, je me sens plus faible. Le jeûne c’est pour connaître mes
faiblesses, pour chercher à m’améliorer. C’est pour me faire petit devant Dieu, et devant mes frères et
mes sœurs.
Isaïe dit (n°
5) « Courbez la tête comme un jonc ».
Le jeûne c’est pour faire grandir notre humilité. Sans humilité, il y a des
choses que l’on ne fera jamais. L’humilité, c’est une force qui vient du cœur,
et que le jeûne peut libérer en nous. C’est une faiblesse physique, qui nous
donne la force du cœur.
Le jeûne, c’est une purification du cœur. Il ne suffit pas de se priver de
nourriture. Se priver de nourriture, c’est bon, parce que nous avons besoin de
signes et de choses concrètes. Mais la privation de nourriture, c’est le signe
que l’on veut se priver des plaisirs mauvais, des mauvaises habitudes, et des
mauvaises tendances.
Il ne faut pas jeûner seulement avec notre estomac,
mais aussi avec nos yeux, notre langue,
nos oreilles, etc. A quoi ça sert de jeûner, si avec ma langue j’attaque
les autres, et si je dis des mensonges et des mauvaises choses ?
Le jeûne c’est pour changer sa vie, pour être
meilleur. Mais ces efforts ne sont valables, que si nous le faisons par amour, pour Dieu et pour les
autres. Quand je jeûne, je me prive de nourriture, à cause de Dieu. C’est pour
montrer que pour moi, Dieu est plus
important que la nourriture, l’argent, les habits, la fête etc.
-Finalement le jeûne c’est un appel à la conversion : Comme le dit Dieu,
par le prophète Isaïe, « pourquoi je
n’accepte pas votre jeûne ? C’est parce que quand vous jeûnez, vous
continuez à traiter vos affaires. Vous ne pensez pas à moi, mais vous pensez à
l’argent. Vous exploitez et vous faites souffrir vos travailleurs. Vous jeûnez,
mais vous continuez à vous disputer, à vous battre et à frapper les autres
méchamment du poing ».
-Le jeûne est un temps
de joie et de bonheur, et non pas un temps de tristesse. Comme le dit
Isaïe, verset 9 : « Si tu fais
cela, ta lumière éclatera comme la lumière du jour, tes blessures guériront
rapidement, ta justice marchera devant toi, la gloire de Dieu te suivra. Quand
tu crieras, Dieu te répondra. Quand tu l’appelleras, il te dira : me
voici... Si tu te prives de nourriture pour partager avec celui qui a faim, si
tu donnes à manger à celui qui est exploité, alors ta lumière brillera dans la
nuit, et ta lumière sera pour toi comme le milieu du jour. Dieu te conduira
sans cesse, il te donnera à manger en plein désert, il donnera la force à tes
os. Tu seras comme un jardin arrosé, comme une source qui jaillit dans le
désert, et dont les eaux ne s’arrête jamais ». Le jeûne, c’est donc un
temps de grâce, de joie et de bonheur, et cette joie nous la partageons avec
les autres.
-Le jeûne, c’est aussi le temps de la charité. J’accepte volontairement
d’avoir faim, pour sentir dans mon corps, ce que les pauvres sentent, parce
qu’ils n’ont pas assez à manger. Quand je sens physiquement leurs souffrances,
je trouve le courage de partager avec eux. . Quand je jeûne, je me prive d’un
repas, mais ce repas je dois le donner aux pauvres. C’est ce que l’on appelle
le jeûne-partage
Le jeûne est à vivre tous les jours et la première
chose, c’est de faire grandir la justice
autour de nous. (voir le verset 6).Le
jeûne nous appelle donc à construire notre pays. Isaie nous dit, au nom de
Dieu : « Si tu luttes pour la
justice, on reconstruira chez toi les ruines, tu relèveras les fondations des
générations passées. On t’appellera celui qui répare les brèches, et qui bouche
les trous des murs. Celui qui refait les chemins, pour que tout le monde puisse
marcher dans la paix, et habiter dans un pays de paix ». Dieu nous
appelle à reconstruire notre vie, pas tout seul, mais avec tous les citoyens et
citoyennes du pays.
Nous ne devons donc pas seulement changer notre propre
vie, ni même changer notre communauté chrétienne. Dieu nous appelle à changer notre pays tout entier.
Libérer notre peuple, comme Dieu a libéré le peuple hébreu au temps de Moïse.
Pour le Chrétien il s’agit de changer
son cœur, pour devenir plus homme! Comme pour le Christ, le jeûne nous prépare un chemin pour
la gloire de Dieu, et la lumière de la
résurrection. Pour connaître la beauté
de son amour, qui fait attention à tout ce qui touche l’homme. Et qui
l’appelle à construire un monde nouveau avec Lui, dans le service de nos frères
et de la société. Dieu compte sur le cœur de l’homme, pour se faire connaître.
Le jeûne, c’est un moyen de ressusciter avec le Christ, à une vie nouvelle.
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