samedi 7 septembre 2019

Vendredi 6/9/19 (Luc 5,33- 39) : Jésus et le jeûne



 Ils dirent alors à Jésus : « Les disciples de Jean le Baptiste jeûnent souvent et font des prières ; de même ceux des pharisiens. Au contraire, les tiens mangent et boivent ! »  Jésus leur dit : « Pouvez-vous faire jeûner les invités de la noce, pendant que l’Époux est avec eux ?  Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors, en ces jours-là, ils jeûneront. »  Il leur dit aussi en parabole : « Personne ne déchire un morceau à un vêtement neuf pour le coudre sur un vieux vêtement. Autrement, on aura déchiré le neuf, et le morceau qui vient du neuf ne s’accordera pas avec le vieux.  Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, le vin nouveau fera éclater les outres, il se répandra et les outres seront perdues.  Mais on doit mettre le vin nouveau dans des outres neuves.  Jamais celui qui a bu du vin vieux ne désire du nouveau. Car il dit : “C’est le vieux qui est bon.” »
« Seigneur, fais nous vivre d’une vie Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.  Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes.         
»Seigneur, apprends-nous à être heureux, et à rendre nos frères heureux, avec Toi »
Nous connaissons bien les Béatitudes selon St Mattieu. Luc lui n’en reprend que quatre, sur les pauvres, la faim, consoler ceux qui pleurent et subir la haine à cause de la justice.
1- Nous relisons chaque phrase qui commence par heureux, une par une (n°20 à 23). Puis nous prenons un temps de silence, pour la laisser entrer dans notre cœur.
2- Ensuite, nous regardons Dieu notre Père : Qu’est-ce que cette phrase nous dit sur Dieu ? Dieu  qui est dans les cieux, qui aime les pauvres, et les fait entrer dans son Royaume.
 Dieu qui nourrit ceux qui ont faim. Pas seulement dans leur ventre, mais aussi dans leur cœur. Par sa Parole et son amour. Par le pain de chaque jour et par l’eucharistie.
Dieu qui console ceux qui pleurent. Et qui nous prépare une grande joie. Que rien, ni personne, ne pourra nous enlever. Dieu qui nous fait entrer dans la terre de bonheur, qu’il nous a promise : pas au ciel, mais déjà aujourd’hui !
Dieu qui nous remplit de sa Justice. Et qui fait de nous, ses prophètes d’aujourd’hui. Dieu qui est bon et qui a pitié de nous. Dieu qui est avec nous, quand on nous fait souffrir injustement. Dieu qui est avec tous ceux qu’on n’aime pas. Ceux qui sont rejetés, insultés, méprisés et traités de mauvais. Dieu qui est notre récompense dans les cieux. Nous disons merci à Dieu  de tout  notre cœur, pour tout ce qu’il fait pour nous.
3-Maintenant, nous nous demandons, comment mettre ces paroles en pratique  nous-mêmes :
Comment nous tenir comme des pauvres, devant Dieu et devant nos frères ? Comment vivre en enfants du Royaume ?
Comment avoir faim de la Parole de Dieu ? Comment faire grandir en nous le désir de vivre avec Lui ? Comment aimer davantage ?
Comment garder la foi et l’espérance au milieu de nos tristesses ? Et ne pas nous décourager, devant les difficultés de la vie ?
 Comment rester doux, au milieu des attaques de toutes sortes ? Comment faire grandir en nous la soif de la Justice ? Comment apprendre à pardonner et à avoir pitié des autres ? Comment garder la joie du cœur, quand on nous fait souffrir et que l’on dit des tas de choses fausses sur nous? Comment être prophète aujourd’hui ?
4-Luc ajoute 4 malédictions  En effet, le gros danger qui nous guette,  c’est de nous enfermer dans  notre vie sur terre, sans voir plus loin. De nous contenter du  bonheur sur terre, que nous donne l’argent. De nous rassasier,  sans voir ceux qui ont faim autour  de nous. Car un jour ce sera fini.
  Alors,  est-ce qu’il faut  se faire souffrir et faire des sacrifices, ce qu’on  appelait autrefois des mortifications ? Est-ce  que nous devons nous  rendre malheureux, et refuser les plaisirs de la vie, pour aller au ciel ? Certainement pas ! Dieu veut que nous soyons heureux sur la terre. La seule chose que Jésus veut, c’est  que nous soyons heureux. Il le dit 4 fois, dans cet Evangile. La question,  c’est : quel plaisir cherchons-nous ? Où mettons- nous notre joie et notre cœur ? Est-ce que nous cherchons notre bonheur tout seul, en oubliant les autres ? Ou bien est-ce que nous cherchons notre joie, ensemble avec les autres, et en cherchant à les rendre heureux. Saint  Paul disait : « il y a plus de joie à donner, qu’à recevoir ». Le Seigneur  nous appelle à partager notre joie,  et ce que nous avons, avec nos frères et nos sœurs. Et à consoler ceux qui pleurent.
Mais tout cela, dans la simplicité et l’humilité. Nous le savons bien, si nous cherchons à tout prix que les hommes disent  du bien de nous, nous sommes prêts à faire n’importe quoi pour cela. Et même à laisser le chemin de Dieu. Pour avoir de l’argent, certains sont prêts à faire souffrir leurs travailleurs, à voler, et même à tuer.  Et ils refusent de voir, ceux qui ont faim autour d’eux. Beaucoup disent : Il faut profiter de la vie, tant que c’est possible. Et ils ne voient pas ceux qui pleurent autour d’eux. C’est à tous ceux-là que Jésus dit : »Malheur à vous, car  vous avez déjà eu votre bonheur ! »
5-Enfin, je me demande que faire pour les autres : pour aider les pauvres ?  Pour consoler ceux qui  pleurent ? Pour construire une terre de douceur et de bonté, où les petits seront respectés et auront leur place ? Comment construire une société juste, où chacun sera  libéré de la méchanceté, de la corruption et de tout mal ? Comment bâtir un pays de paix, où les citoyens se comprennent, se pardonnent et ont pitié des autres ? Comment arrêter de faire souffrir les gens, et de dire des choses fausses sur eux ? Comment défendre ceux qui sont traités injustement ?
6-Il ne s’agit pas seulement, d’aider ceux qui ont besoin de nous, un par un. Ni d’agir tout seul. Il s’agit de construire un pays, où tous pourront vivre heureux. De bâtir une société plus humaine. Il s’agit de faire grandir le Royaume de Dieu parmi nous. Pour cela, nous cherchons à agir ensemble, avec tous les hommes de bonne volonté. Quelle que soit leur langue, leur culture ou leur religion. Nous entrons dans les différentes associations, et organisations de la société civile, pour transformer le pays. Nous prenons nos responsabilités de citoyens, chacun selon les qualités que Dieu nous a données : en politique, dans l’économie, les questions sociales, les syndicats…En commençant à la base : dans les quartiers où nous vivons, et là où nous travaillons. Alors, nous serons heureux, nous auront le cœur plein, nous serons entrés  dans le Royaume de Dieu, et Dieu Lui-même sera notre récompense.                       « Merci Seigneur, d’être à côté de nous, dans toutes nos difficultés. Et de nous avoir choisis, pour être tes prophètes »
-Revenons un peu sur cette question du jeûne : Le jeûne que Dieu aime (Isaïe 58, 1-12) :
Dieu dit, par le prophète Isaïe (n° 6) : « Le jeûne que je préfère, c’est de défaire les chaines injustes, de relever ceux qui sont écrasés, de renvoyer libres ceux qui sont exploités et opprimés. C’est de casser tout ce qui écrase et fait souffrir l’homme… Le jeûne que j’aime, c’est de partager ton pain avec celui qui a faim. Recevoir chez toi le pauvre qui n’a pas de maison. Si tu vois quelqu’un qui est nu,  tu lui donnes des habits. Et tu ne  refuses  pas d’aider celui qui est ta propre chair »          
-Certains chrétiens veulent jeûner comme les musulmans. Ils ne mangent pas de toute la journée. Ils attendent la nuit pour cela. Pour nous les chrétiens, le plus important du carême, ce n’est pas le jeûne. Et il faut bien comprendre ce qu’est le jeûne. D’abord quand je jeûne, je me sens plus faible. Le jeûne c’est pour connaître mes faiblesses, pour chercher à m’améliorer. C’est pour me faire  petit devant Dieu, et devant mes frères et mes sœurs.
Isaïe dit  (n° 5) « Courbez la tête comme un jonc ». Le jeûne c’est pour faire grandir notre humilité. Sans humilité, il y a des choses que l’on ne fera jamais. L’humilité, c’est une force qui vient du cœur, et que le jeûne peut libérer en nous. C’est une faiblesse physique, qui nous donne la force du cœur.
Le jeûne, c’est une purification du cœur. Il ne suffit pas de se priver de nourriture. Se priver de nourriture, c’est bon, parce que nous avons besoin de signes et de choses concrètes. Mais la privation de nourriture, c’est le signe que l’on veut se priver des plaisirs mauvais, des mauvaises habitudes, et des mauvaises tendances.
Il ne faut pas jeûner seulement avec notre estomac, mais aussi avec nos yeux, notre langue, nos oreilles, etc. A quoi ça sert de jeûner, si avec ma langue j’attaque les autres, et si je dis des mensonges et des mauvaises choses ?
Le jeûne c’est pour changer sa vie, pour être meilleur. Mais ces efforts ne sont valables, que si nous le faisons par amour, pour Dieu et pour les autres. Quand je jeûne, je me prive de nourriture, à cause de Dieu. C’est pour montrer que pour moi, Dieu est plus important que la nourriture, l’argent, les habits, la fête etc.
-Finalement le jeûne c’est un appel à la conversion : Comme le dit Dieu, par le prophète Isaïe, « pourquoi je n’accepte pas votre jeûne ? C’est parce que quand vous jeûnez, vous continuez à traiter vos affaires. Vous ne pensez pas à moi, mais vous pensez à l’argent. Vous exploitez et vous faites souffrir vos travailleurs. Vous jeûnez, mais vous continuez à vous disputer, à vous battre et à frapper les autres méchamment du poing ».
-Le jeûne est un temps de joie et de bonheur, et non pas un temps de tristesse. Comme le dit Isaïe, verset 9 : « Si tu fais cela, ta lumière éclatera comme la lumière du jour, tes blessures guériront rapidement, ta justice marchera devant toi, la gloire de Dieu te suivra. Quand tu crieras, Dieu te répondra. Quand tu l’appelleras, il te dira : me voici... Si tu te prives de nourriture pour partager avec celui qui a faim, si tu donnes à manger à celui qui est exploité, alors ta lumière brillera dans la nuit, et ta lumière sera pour toi comme le milieu du jour. Dieu te conduira sans cesse, il te donnera à manger en plein désert, il donnera la force à tes os. Tu seras comme un jardin arrosé, comme une source qui jaillit dans le désert, et dont les eaux ne s’arrête jamais ». Le jeûne, c’est donc un temps de grâce, de joie et de bonheur, et cette joie nous la partageons avec les autres.
-Le jeûne, c’est aussi le temps de la charité. J’accepte volontairement d’avoir faim, pour sentir dans mon corps, ce que les pauvres sentent, parce qu’ils n’ont pas assez à manger. Quand je sens physiquement leurs souffrances, je trouve le courage de partager avec eux. . Quand je jeûne, je me prive d’un repas, mais ce repas je dois le donner aux pauvres. C’est ce que l’on appelle le jeûne-partage
Le jeûne est à vivre tous les jours et la première chose, c’est de faire grandir la justice autour de nous.  (voir le verset 6).Le jeûne nous appelle donc à construire notre pays. Isaie nous dit, au nom de Dieu : «  Si tu luttes pour la justice, on reconstruira chez toi les ruines, tu relèveras les fondations des générations passées. On t’appellera celui qui répare les brèches, et qui bouche les trous des murs. Celui qui refait les chemins, pour que tout le monde puisse marcher dans la paix, et habiter dans un pays de paix ». Dieu nous appelle à reconstruire notre vie, pas tout seul, mais avec tous les citoyens et citoyennes du pays.
Nous ne devons donc pas seulement changer notre propre vie, ni même changer notre communauté chrétienne. Dieu nous appelle à changer notre pays tout entier. Libérer notre peuple, comme Dieu a libéré le peuple hébreu au temps de Moïse.
Pour le Chrétien il s’agit de changer son cœur, pour devenir plus homme! Comme pour le  Christ, le jeûne nous prépare un chemin pour la gloire de Dieu, et  la lumière de la résurrection. Pour connaître la beauté de son amour, qui fait attention à tout ce qui touche l’homme. Et qui l’appelle à construire un monde nouveau avec Lui, dans le service de nos frères et de la société. Dieu compte sur le cœur de l’homme, pour se faire connaître. Le jeûne, c’est un moyen de ressusciter avec le Christ,  à une vie nouvelle.

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