01 En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste,
ordonnant de recenser toute la terre –
02 ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était
gouverneur de Syrie. –
03 Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville
d’origine.
04 Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de
Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était
en effet de la maison et de la lignée de David.
05 Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été
accordée en mariage et qui était enceinte.
06 Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait
enfanter fut accompli.
07 Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle
l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place
pour eux dans la salle commune.
08 Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient
dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
09 L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du
Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte.
10 Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car
voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour
tout le peuple :
11 Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur
qui est le Christ, le Seigneur.
12 Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez
un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
13 Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste
innombrable, qui louait Dieu en disant :
14 « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la
terre aux hommes, qu’Il aime. »
Vœux pour cette année, à partir de
l’Évangile de Noël
« Joseph part à Bethléem.
L’Empereur Auguste a donné l’ordre à tous les habitants de l’empire romain, de
se faire inscrire» : Je vous souhaite, comme Joseph, d’être de bons citoyens, engagés dans
la société, et faisant votre devoir. Sans oublier de vous faire recenser, si
nécessaire, pour les élections qui viennent.
« Joseph part de la ville de Nazareth en Galilée, avec Marie sa
fiancée, qui attend un enfant « : Joseph va marcher à côté de Marie, tout le long
de la route, pour la soutenir et l’encourager. Que pendant cette année, nous
sachions marcher à côté de nos frères et sœurs, pour les soutenir. Que nous
soyons attentifs à leurs souffrances, et à leurs difficultés.
« Il n’y a pas de place pour eux, dans la maison de
passage « : Aujourd’hui
encore, il y a des tas de gens, qui sont rejetés. Il n’y a pas de place pour
eux, dans la société : les analphabètes qui n’ont pas été à l’école et ne
parlent pas français, les réfugiés, les handicapés, les prisonniers, les
personnes qui ont des problèmes psychologiques et qu’on traite de fous, les
veuves et les orphelins, les étrangers et les « vagabonds », les
personnes qui se droguent ou qui se prostituent, les enfants de la rue, les
malades du Sida, d’Ebola, et tous les autres malades, les homosexuels, les
paysans et les pauvres, et beaucoup d’autres encore. Saurons-nous les
accueillir, en reconnaissant en eux Jésus-Christ ? Est-ce qu’il y aura de
la place pour eux dans notre maison, et surtout dans notre cœur ?
« Marie met au monde son fils premier-né. Elle l’enveloppe dans
des bouts de pagne. Puis elle le couche, là où on donne à manger aux
animaux » : Jésus
aurait pu être le fils d’Hérode, le fils de l’Empereur ou le fils du Grand
Prêtre. Il a voulu naître pauvre, pour être du côté des pauvres. Et nous
comment vivons-nous ? Est-ce que nous sommes du côté des pauvres. ?
Est-ce que nous savons lutter contre la société de consommation, et les
dépenses inutiles ? Cette année, que nous sachions partager ! Et
surtout, que nous cherchions à donner aux pauvres, les moyens de s’en sortir,
par eux-mêmes ?
« Un ange du Seigneur apparaît aux bergers. Et la gloire du Seigneur
brille autour d’eux » : Dieu n’a pas envoyé son ange chez les riches, les puissants et les
forts. Il l’a envoyé à des bergers, qui étaient considérés comme des paresseux
et des voleurs. Et surtout des mauvais croyants. Puisque, à cause de leur
travail, ils ne pouvaient pas garder tous les commandements de la loi juive, ni
assister aux prières. Pourtant, c’est à eux que Dieu envoie son ange, pour
annoncer la naissance d’un sauveur. Et
nous, à qui sommes-nous envoyés ? Quel message de Dieu, et quelle lumière
allons-nous leur apporter, tout au long de cette année ?
« Les bergers dormaient dans les champs, en pleine
nuit » : Il y a
encore beaucoup de gens qui dorment ou qui traînent dans les rues, la nuit,
autour de nous : les enfants de la rue, les clochards et SDF qui n’ont pas
de maisons, ceux qui ont des problèmes sociaux ou psychologiques, les
prostituées, les délinquants... Que nous soyons l’ange de Dieu pour eux, pour
leur apporter un peu d’espoir et de paix !
L’ange dit aux bergers : « N’ayez pas peur » : Que nous sachions redonner confiance à nos
frères, chaque jour de cette année qui commence ! Que nous les aidions à
se libérer de toutes les peurs : la peur de l’avenir, la peur des autres,
la peur des sorciers et des esprits mauvais….
L’ange dit : « Je vous apporte une bonne nouvelle » : Dieu nous demande cette année, d’être nous aussi
des anges, qui apportent une bonne nouvelle à nos frères. Et qui leur apportent
le Salut. Que nous soyons des apôtres de la joie, tout au long de cette
année !
« Je vous apporte une Bonne Nouvelle, qui réjouira tout le
peuple » : L’Évangile est pour tous. Mais il y a trop de divisions, de séparations et
d’oppositions dans notre société. Que nous soyons ouverts à tous, pour dépasser
le racisme, l’égocentrisme, le népotisme, les divisions entre les classes
sociales, entre gens de la ville et gens de la campagne… Que la Bonne Nouvelle
soit pour tous ! Que nous sachions nous engager, avec le souci de notre
peuple tout entier. Pour faire avancer notre pays. Et construire « une terre nouvelle où la justice
habitera » (2° Pi 3,13)
« Cette nuit, dans la ville de David, un Sauveur est né. C’est le
Christ, le Seigneur » : Le nom de Jésus veut dire «Dieu sauve ». Que nous continuions son
action de salut, pour sauver nos frères
et sœurs avec Lui. Et pour relever tous ceux qui sont découragés,
écrasés, opprimés ! Comme Jésus le disait lui-même « L’Esprit de Dieu repose sur moi ….»
(Luc 4, 14 à 21 et Luc 7, 18 à 23).
« Une troupe nombreuse d’anges du ciel arrive, en louant Dieu et
en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux » : Que toute cette année qui vient, soit une
louange à Dieu. Par nos chants d’action de grâces. Mais d’abord par nos
actions, faites pour Dieu et avec Lui !
« Les anges chantent « Paix sur la terre aux hommes que Dieu
aime » : Dieu
nous appelle à être tout au long de cette année, des hommes et des femmes, qui
construisent la paix. Que nous ayons la paix en eux-mêmes, pour pouvoir la
porter aux autres ! A tous les autres : sans regarder leur place dans
la société, leur race, ou leur religion.
Les bergers disent « Allons jusqu’à Bethléem, pour voir ce qui
est arrivé » : Les bergers se mettent debout. Ils se mettent en marche. Que cette
année nous trouve debout. En marche, pour aller vers Dieu et vers nos frères !
Les bergers disent « Allons ». Et ils se dépêchent d’y
aller : Ils y vont
tous ensemble, en communauté. Que nous sachions soutenir tous les groupes et
les communautés qui sont autour de nous ! Que nous sachions vivre
nous-mêmes en communauté, en union avec nos frères ! Et que nous soyons
pressés d’agir, pour aider tous ceux qui sont dans le besoin.
« Les bergers trouvent Marie et Joseph » : Une famille, un couple, des parents autour d’un
bébé. Que nous aussi, nous sachions vivre en famille, comme Marie et Joseph.
Que nous sachions aider les parents, à prendre en charge et à éduquer leurs
enfants ! Que nous sachions
soutenir les familles, qui souffrent autour de nous !
« Marie gardait tout cela dans son cœur » : Que nous aussi, nous sachions garder tout cela
dans notre cœur, tout au long de cette année ! Que nous sachions méditer,
prier en silence, accueillir la Parole de Dieu, la comprendre, écouter le Saint
Esprit dans notre cœur ! Que nous
soyons des hommes et des femmes de prière !
« Tous ceux qui entendaient ce que les bergers disaient, ils
étaient très étonnés. Ils célébraient la grandeur de Dieu. Ils le louaient,
pour tout ce qu’ils avaient entendu « : La Parole de Dieu, nous ne pouvons pas la garder
pour nous-mêmes. L’Évangile est pour tous. Pas seulement pour les chrétiens.
Nous voulons la partager, avec tous ceux qui nous entourent. Nous voulons
apporter la joie à nos frères, et les faire entrer dans le bonheur de
Dieu. AMEN !
Les anges quittent les bergers, et
retournent au ciel. Les bergers se disent les uns aux autres : « Allons
jusqu’à Bethléem, pour voir ce qui est arrivé, que le Seigneur nous a fait
connaître. Ils se dépêchent d’y aller. Ils trouvent Marie et Joseph avec le
bébé, couché là où on donne à manger aux animaux. Quand ils les ont vus, ils
vont raconter ce que l’ange leur a dit, au sujet de ce petit enfant. Et tous
ceux qui entendent les bergers, sont étonnés de ce qu’ils disent. Marie elle,
garde tout cela dans son cœur. Elle y pense en elle-même. Puis les bergers
prennent le chemin du retour. Ils chantent la grandeur de Dieu. Et ils disent
merci, pour tout ce qu’ils ont entendu,
et ce qu’ils ont vu. Car tout s’est passé, comme l’ange le leur avait
dit.
Voici la lettre d’un aumônier de prison :
Fêter Jésus, pauvre, né loin de
sa maison, refusé à la maison de passage de Bethléem, et qui naît dans un trou
dans la terre, cela veut dire quelque chose pour des prisonniers. Eux qui sont
également loin de leurs familles, dans un grand état de misère, rejetés et
abaissés. L’un d’entre eux a dit, pendant la célébration : «Nous sommes
comme les bergers de ce temps-là : pauvres, mis à l’écart et méprisés.
C’est donc à nous en premier, que les anges s’adressent, quand ils disent :
« Un Sauveur est né pour vous ». La prison m’a obligé à réfléchir à
ma vie, et à me convertir. Maintenant je suis devenu moi aussi, un homme de
bonne volonté. Cette fête de Noël vient vraiment m’annoncer une bonne
nouvelle : le Christ est venu me sauver en prison ».
Un deuxième ajoute : « C’est vrai, cette prison est vraiment
un lieu de conversion, pour réfléchir et changer notre vie, et accueillir Jésus
qui nous sauve, si nous le voulons ».
Un autre explique : « Dieu a envoyé des anges aux bergers.
Nous croyons que les anges nous protègent encore aujourd’hui, ici, dans ce Camp
Pénal, comme ils ont protégé Jésus qui est né dans la brousse, à l’écart de la
société ».
Nous avons lu les textes de la messe de l’aurore du jour de Noël et
nous avons partagé chacune des trois lectures, dans nos différentes langues.
D’abord Isaïe qui nous dit (62, 11-12) : « Le Salut arrive ; tu as reçu le salaire de tes actes,
maintenant tu vas recevoir ta récompense ». Dans ce Camp pénal, nous
formons une communauté et une famille. Nous aussi nous sommes un peuple saint,
le peuple des rachetés. Dieu vient à notre recherche, Il ne nous a pas
abandonnés, nous sommes une maison « non délaissée ». Après avoir
reçu le salaire de nos actes (la prison), nous espérons aussi recevoir la récompense
(la liberté).
Et Paul nous dit, comme à Tite (3,4-7) : « Aujourd’hui, la bonté du Seigneur pour les
hommes est apparue dans cette prison, et son amour ». Dieu ne regarde
pas les injustices que nous avons faites. Il nous sauve dans sa bonté, par le
baptême et l’Esprit Saint (d’ailleurs plusieurs des prisonniers
suivent la catéchèse, et se préparent au baptême). Cet Esprit Saint, « Dieu l’a fait descendre en grande
abondance sur nous, par Jésus-Christ. Le Christ nous rend justes, par sa grâce.
Pour que nous vivions à nouveau, une vraie vie ».
-Nous avons vu ensuite, comment mettre en pratique cet Évangile (Luc 2, 15 à 20) : « Quand les anges quittent les bergers,
ceux-ci se lèvent aussitôt. Ils marchent jusqu’à l’enfant : Ils
l’adorent et lui apportent leurs cadeaux : des petits moutons, fruits de
leur troupeau et de leur travail. »
Il n’est donc pas question pour nous de rester assis à pleurer, à penser à
l’extérieur, et à nous décourager. Noël nous appelle à nous mettre debout, et à
marcher. Pour avancer dans la vie, et aller ensemble vers Dieu, et vers les
hommes nos frères. Puisqu’en ce jour, Dieu se fait homme, et Il vient partager
la vie de tous les hommes. Nos frères, notre prochain, c’est d’abord ceux avec
qui nous vivons, dans cette prison.
Ensuite, « les bergers vont annoncer la bonne nouvelle
de la naissance d’un Sauveur, aux habitants des villages, tout
autour ». Nous nous sommes demandés : comment annoncer cet
Évangile, et apporter la paix et le salut, à ceux qui vivent avec nous, dans
cette prison. Pour qu’ils retrouvent sinon la joie, au moins l’espérance et le
courage. Et que, eux aussi puissent dire merci à Dieu.
La plupart de ceux qui sont
avec nous sont musulmans. Mais les musulmans eux aussi connaissent Jésus.
Ils le reconnaissent comme un grand
Prophète : le Coran en parle de nombreuses fois, de même que de Marie.
Tous, chacun selon sa foi, comme Marie, « nous
gardons ces paroles, et le souvenir de cette fête, dans nos cœurs ».
Et nous y repensons dans la prière.
A la fin de la messe, chaque prisonnier est venu prier
personnellement, en silence devant la crèche. Ce fut un moment très fort de
notre célébration. Dieu seul sait ce qu’ils ont pensé, et dit dans leur cœur, à
ce moment-là. Voir aussi le commentaire du 1°
Janvier, sur ce même Évangile
JOYEUX NOEL ET BONNE ANNEE A TOUS