Pour
aller plus loin : Ce texte des Béatitudes (Soyez heureux) est sans
doute l’un des plus forts du Nouveau Testament. C’est le message de
Jésus : ce qu’Il veut dire de plus important, avant de commencer le
travail (la mission), que son Père lui a donné. Jésus est le nouveau Moïse. Il
est venu mettre une Alliance Nouvelle, entre Dieu et les hommes, Il ne nous
donne pas de nouveaux commandements, mais des paroles qui soutiennent et
sauvent les hommes. Et qui montrent le monde qu’Il veut construire, le Royaume
de Dieu. C’est le programme de Jésus,
la Constitution de l’Eglise.
Nous voyons tout de suite, que ces paroles
viennent changer complètement nos idées,
et notre façon de vivre. D’ailleurs dans les trois chapitres qui suivent, de
Matthieu (5 à 7), Jésus tire les conclusions de ce texte. Et à chaque fois, il
dit « Les anciens vous ont dit, Moi je
vous dis ».
Reprenons chacune de ces paroles, pour mieux les
comprendre. Elles nous montrent comment être un vrai chrétien : pas seulement
garder les commandements de Dieu, comme tous les croyants. Mais avoir les pensées de Jésus, pour agir comme
Lui, et avec Lui.
- « Heureux
les pauvres de cœurs ». C’est-à-dire ceux qui ont un cœur de pauvre, ceux qui
ne mettent pas leur cœur dans l’argent, et cela qu’ils soient riches ou
pauvres. Car il y a des pauvres qui mettent leur cœur dans l’argent. Ils n’ont
presque rien, mais ils pensent plus à avoir des choses, qu’à aimer Dieu et
leurs frères. Ils cherchent plus à prendre, qu’à partager. Nous avons souvent
parlé des richesses et de l’argent, dans ces commentaires d’Evangile (voir les
références à la fin de ce livre).
On traduit aussi cette parole par « Heureux les pauvres en esprit ». Si ton
esprit est plein de toi-même, plein de tes idées, de tes diplômes, de ce que tu
connais, il n’est plus pauvre. Il n’y a plus de place pour accueillir des idées
nouvelles. Si ton esprit est content de lui-même, il n’y a plus de place pour
la Parole de Dieu. Ni pour les idées et les conseils de tes amis. Cette Parole
de Jésus va donc beaucoup plus loin que le partage ou le devoir de l’aumône.
Nous remarquons que Jésus ne dit pas :
« Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, ils iront au ciel. Ou bien, ils
entreront dans le Royaume de Dieu, après leur mort ». Jésus dit bien : « Le Royaume des cieux, est à eux ». Déjà
maintenant. Dès aujourd’hui, ils sont dans le Royaume, et ils sont heureux
dans leur cœur. Et cette joie, personne ne pourra la leur enlever. Ils la
garderont, même s’ils deviennent pauvres comme Job.
- « Heureux
ceux qui pleurent, ils seront consolés ». Autour de nous, on dit juste le
contraire : « heureux ceux qui sont en bonne santé. Heureux ceux qui sont
forts, beaux et intelligents. Ceux qui peuvent profiter de la vie. Ceux qui ont
tout ce qu’ils veulent, et qui n’ont pas besoin de travailler. Ils peuvent
s’amuser, autant qu’ils le désirent. Ils ont tout ce qu’il faut, et tout ce
dont ils ont envie ». Jésus dit justement le contraire : « Heureux ceux qui pleurent ». Pourquoi
cela ? Parce qu’Il sait bien, que la vie est difficile. Souvent, nous avons des
problèmes et des difficultés. Il y a autour de nous, beaucoup de malades, de
pauvres et de gens qui souffrent et qui pleurent. Alors, à nous de savoir ce que nous allons faire !
Si nous sommes heureux et en bonne santé, est-ce
que nous pensons à ceux qui pleurent autour de nous ? Que faisons-nous
pour eux ? Et si nous pleurons, comment vivons-nous nos souffrances ? D’abord,
est-ce que nous faisons tout ce que nous pouvons, pour sortir de nos problèmes
et de nos difficultés ? Et est-ce que nous gardons confiance en Dieu ?
Est-ce que nous mettons notre espoir en Jésus-Christ ?
Jésus dit
: » Ils seront consolés ».
Bien sûr c’est Dieu qui les consolera. Il est toujours à côté de ceux qui
pleurent. C’est Jésus qui sera leur force et leur espoir. Mais Dieu ne console
pas ceux qui pleurent, sans nous. C’est
à nous de les consoler, et de les encourager au nom de Dieu. Dans l’amour
de Jésus-Christ, avec la sagesse de l’Esprit Saint. Et c’est pour cela que nous
prions : à la fois pour savoir ce que nous devons faire, et pour avoir le
courage de le faire. Cela est vrai bien sûr pour chacune de ces Béatitudes.
- « Heureux
les doux. C’est eux qui recevront la terre ». Là encore, c’est exactement
le contraire, de ce que l’on dit autour de nous. Dans la société, on dit :
« si tu veux avoir la terre, il faut être fort, il faut te battre. Ce sont
les puissants qui commandent la terre, avec l’aide des soldats et des policiers ».
Et nous voyons bien les conséquences de cela. Le monde dans lequel nous vivons,
c’est un monde de guerre. Un monde où on se dispute, et où on se bat. Un monde
de haine et de méchanceté, un monde de jalousie et de mensonges. On fait
souffrir les faibles, on profite des pauvres, et il y a beaucoup de morts. Si
nous essayons d’être bons et doux, les gens se moquent de nous. Et même ils
profitent de nous. Pourtant, c’est
seulement la bonté et la douceur, qui peuvent nous faire vivre ensemble, dans
la paix. C’est seulement le pardon et la pitié, qui nous permettent de
construire un monde de frères. C’est pour cela que nous voulons lutter à tout
prix, et de toutes nos forces.
En hébreu, le mot doux veut dire en même
temps : humble. Comme disait Jésus « Venez à moi. Car je suis doux, et humble de cœur » (Mat 11,29).
Jésus est le Fils de Dieu tout puissant. Pourtant, Il a été doux, toute sa vie.
Il n’est pas entré à Jérusalem, sur un cheval de guerre, mais sur un petit âne.
Il a été humble. Il s’est abaissé, jusqu’à devenir homme comme nous. Jusqu’à la
mort des esclaves. Et Il n’a pas eu honte, de laver les pieds de ses apôtres.
Mais nous savons bien, qu’il y aura toujours le
péché dans le monde. Nous ne pouvons pas changer notre société d’un seul coup,
ni complètement. La terre que les doux vont recevoir, c’est la Terre promise
par Dieu, c’est le Royaume de Dieu. Pas seulement au ciel, après notre mort.
Mais déjà maintenant, grâce à tout ce que nous faisons. Comme le dit Pierre
: » nous espérons des cieux nouveaux,
et une terre nouvelle, où la justice habitera » (2ème Pierre 3, 13). Avec
Jésus, nous disons : non à la guerre, non à la méchanceté, non à la
violence et aux coups.
-« Heureux
ceux qui ont faim et soif de justice. Ils seront rassasiés ». Nous le
voyons bien chaque jour, il y a beaucoup d’injustices autour de nous. Beaucoup
de mensonges, et beaucoup de corruption. On est injuste envers les hommes, on
est aussi injuste envers la terre (la création) : On la salit, on la vole,
on la brûle et on la tue. En détruisant la terre, nous sommes injustes envers
nos enfants, et les hommes qui viendront après nous.
Déjà dans la politique il y a trop de choses
cachées, et de problèmes d’argent. Il y a trop de corruption dans le pays, trop
de paresse et de favoritisme. On aide d’abord ses propres parents, ceux de sa
langue ou de sa religion. Beaucoup de personnes souffrent, à cause de ces
injustices : il n’y a plus de paix, les jeunes n’ont pas de travail, les
malades ne sont pas soignés Souvent, nous disons : « ce n’est pas de
ma faute, je n’y peux rien ». Alors que nous avons les moyens, de lutter contre tout cela. Pas tout seul,
bien sûr. Mais en nous mettant avec les autres, dans les différentes ONG,
groupes et associations, qui travaillent pour défendre les droits de l’homme.
Mais d’abord, est-ce que nous avons vraiment soif de la justice ?
- « Heureux
les miséricordieux (ceux qui ont pitié des autres). Dieu aura pitié d’eux ».
Souvent les hommes refusent, d’avoir pitié de leurs frères et de leurs sœurs.
Si on leur fait du mal, ils pensent seulement à se venger. Nous pouvons relire
Rom 12,9-21 : » Sois vainqueur
du mal, par le bien ».
Bien sûr, avoir vraiment pitié des autres, c’est tout faire pour aider ceux qui souffrent.
Pas seulement faire semblant de pleurer devant eux. Et continuer à vivre notre
vie tranquillement, comme si nous ne les avions pas rencontrés.