« Seigneur, apprends-nous
l’humilité ».
Nous
réfléchissons chaque année à cet évangile, le mercredi des Cendres, pour
commencer le Carême. Mais comme Jésus, nous voyons qu’il y a des gens qui
cherchent à se montrer devant les autres, pour qu’on les
félicite. Aujourd’hui, Jésus nous demande l’humilité :
pour la prière, pour l’aumône, comme pour le jeûne : ne pas chercher à nous montrer devant les hommes. Car c’est Dieu
qui nous récompense, dans le secret. Cela ne doit pas nous empêcher de donner
l’aumône. Au contraire, nous continuons à donner l’aumône, mais nous faisons
encore plus : nous donnons aux
pauvres, les moyens de gagner leur vie
par eux-mêmes. Nous ne nous contentons pas de jeûner, mais nous changeons
notre vie. Et nous prions comme des vrais enfants de Dieu, en vérité devant
notre Père, et non pas comme des païens.
D’abord,
Jésus nous rappelle que Dieu est notre Père. Il nous aime, plus
que personne. Il veut notre bien, en nous donnant son amour et sa vie (n°1).
Mais pour cela, il nous faut chercher la récompense de Dieu, et non pas celle
des hommes (2). C’est pourquoi, nous cherchons à vivre tout ce Carême dans
l’amour, en enfants du Père. Pas pour nous montrer, mais par amour de Dieu
notre Père.
Nous nous
rappelons aussi, comment Jésus a jeûné,
et comment il a prié. De même, nous jeûnons. Mais nous ne montrons pas un
visage triste. Ce que nous montrons, ce sont nos bonnes actions. Et bien sûr, nous enseignons à ceux qui nous entourent, musulmans comme
chrétiens : comment prier, comment faire l’aumône et comment jeûner.
-Ces trois textes (Mat 6, 1-6 + 16-18) résument l’essentiel de la vie du croyant : être
saint (le jeûne, moyen de conversion), vivre avec Dieu (la prière), et dans l’amour de nos frères (l’aumône). Ces
trois devoirs étaient connus par les croyants, depuis le début de la première
Alliance (l’Ancien Testament). Ils ont été beaucoup conseillés, par Moïse. Tous
les croyants les pratiquaient. Par exemple dans la première Alliance, on félicite
beaucoup Tobie, parce qu’il faisait beaucoup l’aumône aux pauvres. C’est pour
cela qu’il était juste. Et que Dieu l’a sauvé, et a eu pitié de lui.
Jésus lui-même a pratiqué ces
trois choses.
Il priait son Père sans arrêt, pour se laisser conduire en permanence par le
Saint Esprit. Il a jeuné 40 jours, pour se préparer à sa mission. Et pour
vaincre Satan. Et Il a félicité la veuve pour sa petite aumône, parce qu’elle a
donné tout ce qu’elle avait. Car l’aumône est le signe de quelque chose de beaucoup plus important, et de plus
large. Il ne s’agit pas seulement de donner un peu d’argent. Mais d’aimer les
pauvres, et de les soutenir de toutes les manières possibles. Comme Jésus l‘a fait. Car Il a fait plus que donner l’aumône aux mendiants, qui
avaient faim ou étaient handicapés. Il a nourri la foule entière. Et il a guéri
les handicapés, dans leur corps, mais aussi dans leur coeur. Il a chassé les
esprits mauvais, qui les tenaient attachés. Et en plus, Jésus a donné aux apôtres, le pouvoir de le
faire après Lui. Jésus n’a pas guéri seulement les corps, mais aussi les
esprits et les cœurs. Il n’a pas donné seulement l’aumône, Il s’est donné
lui-même. Pour nous sauver pour toujours, de tout péché et de tout mal. La
véritable aumône doit aller jusque là.
Ces
trois textes que nous venons de lire ne cherchent pas à tout dire sur l’aumône, la prière et le jeûne. Dans ces trois
textes, Jésus ne cherche à nous enseigner qu’une seule chose : l’humilité
et la discrétion. Prier, jeuner et faire l’aumône dans le secret. Et donc
laisser l’orgueil. Ne pas chercher à nous montrer devant les hommes, et ne pas
chercher des félicitations de leur part. Dieu sait ce que nous faisons, et Il
connait notre cœur. Mais il existe de nombreux autres passages de l’Evangile,
qui nous donnent d’autres idées qui se
complètent, sur ces 3 choses. Ils sont importants pour bien comprendre ces
textes d’aujourd’hui. Et pour les mettre dans un ensemble plus large, en
pensant à d’autres passages de la Parole de Dieu qui vont ensemble.
Au sujet de
l’aumône : Il s’agit de faire l’aumône en vrai croyant. D’abord
comme le dit Jésus ici, faire l’aumône dans le secret et l’humilité. Car nous
le savons bien, il y a des gens qui font l’aumône pour se montrer, et pour être félicités. Pour qu’on dise du bien
d’eux, et qu’ils sont de vrais croyants charitables.
Mais il y a aussi des gens qui font l’aumône, en humiliant les pauvres. Ils les
abaissent, et ils leur demandent d’être reconnaissants. Et après l’aumône, ils
les renvoient, sans amour et sans respect, en leur disant : »
Maintenant, va-t-en ! ».
Certains font ainsi l’aumône, sans véritable amour. Par exemple, ils font l’aumône à la gare
routière. Mais c’est pour avoir la chance,
et ne pas avoir d’accident. Ils font l’aumône parce qu’un magicien, un devin ou
un charlatan leur a dit, qu’ils doivent donner la cola ou faire l’aumône :
pour trouver du travail, réussir leur examen, ou autre chose. Ceux qui font
l’aumône dans ces conditions, finalement, c’est leur propre intérêt et leur propre bonheur qu’ils cherchent. Ils ne le
font pas, par amour de leurs frères qui souffrent.
Il faut placer l’aumône dans notre vie, et la vie de la
société. Et savoir que l’aumône est un geste d’amour. Mais ce n’est pas la
seule façon d’aimer, et l’amour ne se
limite pas à cela. Déjà dans l’Ancien Testament, Moïse insistait pour qu’on
fasse l’aumône, mais surtout qu’on ne
fasse pas souffrir le travailleur, le pauvre, la veuve, l’orphelin et l’étranger.
Qu’on ne les utilise pas, et que l’on ne profite pas d’eux (voir par exemple
Deutéronome 24, 12-18). Plus tard les prophètes ont également beaucoup insisté
là-dessus. Par exemple Amos (2, 6-10). Mais aussi les autres prophètes, comme
Malachie. En effet, il y a des gens qui font l’aumône. Mais en même temps, ils
ne paient pas leurs travailleurs, ou les autres personnes qu’ils font
travailler : les artisans, tailleurs, menuisiers, soudeurs, électriciens… à qui
ils font des commandes. Il y a des gens qui font l’aumône. Mais ils ne paient pas
leurs dettes, et ils ne sont pas clairs avec l’argent (comme Jésus va le dire
un peu plus loin, dans Matthieu 6, 19-34). Mais bien sûr, de leur côté, les travailleurs doivent se former et
bien faire leur travail, exécuter les demandes qu’on leur donne, ne pas
demander trop cher, ne pas manger l’argent de la commande, etc…Il est aussi très important, de se demander d’où vient l’argent de l’aumône, comme le rappelle Jacques (5, 2) : « vos richesses sont pourries. Votre or et votre argent sont couverts de rouille. Et cette rouille portera témoignage contre vous. Vous n’avez pas payé le salaire de vos travailleurs. Leurs cris sont arrivés, jusqu’à mes oreilles. Car vous avez vécu, dans le luxe et les plaisirs. Et vous avez condamné l’innocent». Car des gens se sont enrichis, en faisant souffrir leurs frères, en volant, ou en détournant l’argent de l’Etat. Et ils pensent qu’en faisant une petite aumône aux pauvres, Dieu va le leur pardonner. En tout cas, la parole de Paul est claire, et elle s’adresse à tous : « Même si je distribue tous mes biens aux pauvres, si je n’ai pas la charité ça ne sert à rien » (1ère aux Corinthiens 13,3).
De même, l’amour ne doit pas nous empêcher de réfléchir, et d’être intelligents. Car il y a des gens qui ont vraiment besoin, de notre aide et de nos aumônes. Et il y en a d’autres qui font de la mendicité leur métier. Et qui sont paresseux. Dans quelle mesure faut-il les aider ? Et comment faire pour qu’ils changent ? C’est à chacun de réfléchir devant Dieu, et avec ses frères chrétiens, dans la communauté. Car il y a une façon de faire l’aumône, qui n’aide pas les gens. On fait d’eux, des mendiants et des assistés. On les empêche de prendre leurs responsabilités, d’agir par eux-mêmes, et de prendre leur vie en mains. Cela nous demande, de revoir la façon dont nous aidons les pauvres. Jésus a nourri la foule. Mais Il a demandé à un petit enfant, d’apporter les pains et les poissons qu’il avait (Jean 6,9).
Nous pensons en particulier aux enfants des écoles coraniques (les talibés), que l’on envoie mendier dans les rues. Au début, c’était pour leur apprendre l’humilité. Mais c’est devenu un véritable système d’exploitation. Chaque élève doit ramener chaque jour une somme d’argent, qui ne lui profitera pas, mais qui sera récupérée par son marabout, le maitre d’école coranique. S’il ne ramène pas l’argent demandé, il est frappé. Et alors souvent, il s’enfuit, et il va vivre dans la rue. Car il ne peut pas retourner dans sa famille : on le ramènerait de force, à l‘école coranique. Et dans la rue, il est récupéré par des chefs de bandes, qui l’envoient voler, après l’avoir drogué pour cela. Et qui vont même profiter de lui sexuellement. C’est pourquoi, beaucoup de personnes refusent de donner l’aumône à ces enfants, car ils n’en profiteront pas. Et c’est maintenir un système d’exploitation très grave des enfants. Pourtant, ces enfants ont besoin d’être aidés. Ils ont besoin de soutien. Il faut donc chercher, pour voir comment les aider efficacement, pour leur propre bien. Et surtout voir comment changer les choses, et faire cesser cette exploitation des enfants. L’aumône ne peut pas se faire sans la justice, et le respect des droits humains. En particulier des droits des enfants.
Ce que nous disons pour l’aumône, c’ est vrai aussi pour le jeûne. Par exemple, certaines personnes jeûnent, beaucoup plus pour leur intérêt personnel, que pour se rapprocher de Dieu. Je ne parle pas seulement des sportifs. Ou des jeunes filles qui jeûnent, pour être minces et belles ! Mais de ceux qui jeûnent, pour que Dieu les fasse réussir à leur examen, leur donne un bon travail, ou les fasse trouver un bon mari ou une bonne femme. C’est normal de chercher tout cela, et Dieu est certainement d’accord. Mais pour réussir à son examen, il vaut mieux étudier sérieusement, et entrer dans un groupe de travail. Plutôt que de jeûner seulement, ou de faire une neuvaine ! Pour trouver du travail, il vaut mieux se former, être sérieux et faire toutes les démarches nécessaires pour cela, même si c’est difficile. Il ne s’agit donc pas de vouloir commander à Dieu, et de lui dire ce qu’il doit faire pour nous. Sinon, cela devient du chantage. Quand Jésus a jeûné quarante jours au désert, et que Satan est venu le tenter, il a été clair : « Tu ne demanderas pas au Seigneur ton Dieu, de faire des miracles pour toi » (Mat 4,7). Nous reparlerons du jeûne après demain.
De même, Jésus nous a demandé de prier, en disant : « Père
que Ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel ». La volonté de
Dieu, c’est que nous travaillions. Comme Jésus a travaillé jusqu’à 30 ans, à
Nazareth.
Jésus
dit : »quand tu veux prier,
entre dans ta chambre, ferme la porte, et prie Dieu ton Père dans le
secret ». Mais cela ne doit pas nous empêcher de prier en public. Car
Jésus a dit aussi : » Quand 2
ou 3 sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mat 18,19). Et
dans la 1° communauté chrétienne, ils priaient tous ensemble (Actes 2,46-47).
« Seigneur, merci de nous montrer le
vrai chemin de la foi »
Le
pape s’est arrêté sur les trois éléments du chemin spirituel du carême, donnés
par l’Evangile : « la prière, le jeûne et l’aumône », tous trois
marqués par « la nécessité de ne pas se laisser dominer par les
apparences », a-t-il estimé. « La valeur de la vie ne dépend pas de
l’approbation des autres ou du succès », mais de ce que l’homme a « à
l’intérieur ».
La
prière « est la force du chrétien et de toute personne
croyante » : elle est « plongeon dans la mer de l’amour infini
de Dieu, pour goûter sa tendresse » devant « la faiblesse et la
fragilité de la vie », devant « tant de blessures qui peuvent durcir
le cœur ».
La
prière du carême est appelée à davantage « se charger des besoins des
frères », à « intercéder devant Dieu pour tant de situations de
pauvreté et de souffrance », a-t-il poursuivi.
Le
jeûne quant à lui ne doit pas être « formel », c’est-à-dire qu’il ne
doit pas « rassasier » en donnant l'impression d'être « bien
comme il faut », a mis en garde le pape : « Le jeûne n’a de sens
que s’il porte atteinte aux sécurités » de celui qui le pratique et « s’il
s’en suit un bénéfice pour les autres », s’il aide « à cultiver le
style du Bon Samaritain, qui se penche sur le frère en difficulté ».
Le
jeûne comporte « le choix d’une vie sobre, qui ne gaspille pas » car
il appelle à « une prise de conscience et de responsabilité face aux
injustices, aux abus ». Il est aussi « signe de la confiance en Dieu
et en sa providence ».
L’aumône
enfin « suppose la gratuité », car « on donne à quelqu’un dont
on n’attend rien en retour » : « La gratuité devrait être une
des caractéristiques du chrétien », qui est « conscient d’avoir tout
reçu de Dieu gratuitement ».
A une
époque où « la gratuité ne fait pas partie de la vie quotidienne, où tout
se vend et s’achète », elle est l’occasion de se libérer « de
l’obsession de la possession, de la peur de perdre ce qu’on a, de la tristesse
de celui qui ne veut pas partager son bien-être », a conclu le pape.
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