01 « Ce que vous faites pour devenir des justes,
évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il
n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux.
02 Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner
la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans
les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes.
Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
03 Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main
gauche ignore ce que fait ta main droite,
04 afin que ton aumône reste dans le secret ; ton
Père qui voit dans le secret te le rendra.
05 Et quand vous priez, ne soyez pas comme les
hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux
carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le
déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
06 Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce
la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le
secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
16 Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu,
comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux
hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur
récompense.
17 Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et
lave-toi le visage ;
18 ainsi, ton jeûne ne sera pas connu
des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ;
ton Père qui voit au plus secret te le rendra. « Merci Seigneur de nous montrer le vrai chemin, pour aimer en vérité »
Comme Jésus,
nous voyons que des gens cherchent à se montrer devant les autres, pour qu’on
les félicite. Aujourd’hui, Jésus nous demande l’humilité : pour la prière, pour
l’aumône, comme pour le jeûne : ne pas chercher à nous montrer devant les
hommes. Car c’est Dieu qui nous récompense, dans le secret. Cela ne doit pas
nous empêcher de donner l’aumône. Au contraire, nous continuons à donner
l’aumône, mais nous faisons encore plus : nous donnons aux pauvres, les moyens
de gagner leur vie par eux-mêmes. Nous ne nous contentons pas de jeûner, mais
nous changeons notre vie. Et nous prions comme des vrais enfants de Dieu, en
vérité devant notre Père, et non pas comme des païens.
D’abord,
Jésus nous rappelle que Dieu est notre Père. Il nous aime, plus que personne.
Il veut notre bien, en nous donnant son amour et sa vie. Mais pour cela, il
nous faut chercher la volonté de Dieu, et non pas la récompense des hommes. C’est
pourquoi, nous cherchons à vivre tout ce Carême dans l’amour, en enfants du
Père. Pas pour nous montrer, mais par amour de Dieu notre Père. Et pour faire
connaître son amour, par le témoignage de notre vie. Il ne suffit pas de donner
des choses (l’aumône), même si c’est nécessaire. Nous voulons nous donner
nous-mêmes. A la suite de Jésus et comme
Lui, qui a aimé les siens jusqu’au bout
Nous nous
rappelons aussi, comment Jésus a jeûné, et comment il a prié. Et nous expliquons
à ceux qui nous entourent, musulmans comme chrétiens, comment prier, comment
faire l’aumône et comment jeûner.
-Ces trois
éléments résument l’essentiel de la vie du croyant : être saint (le jeûne,
moyen de conversion), vivre avec Dieu (la prière), et dans l’amour de nos
frères (l’aumône). Ces trois devoirs étaient connus par les croyants, depuis le
début de la première Alliance (l’Ancien Testament). Ils ont été beaucoup
conseillés, par Moïse. Tous les croyants les pratiquaient. Par exemple dans la
première Alliance, on félicite beaucoup Tobie, pas seulement parce qu’il
faisait souvent l’aumône aux pauvres, mais pour toutes ses œuvres de
miséricorde. Jusqu’à enterrer les morts abandonnés.. C’est pour cela qu’il
était juste. Et que Dieu a eu pitié de lui.
Jésus
lui-même a pratiqué ces trois choses. Il priait son Père sans arrêt, pour se
laisser conduire en permanence par le Saint Esprit. Il a jeuné 40 jours, pour
se préparer à sa mission. Et pour vaincre Satan. Et Il a félicité la veuve pour
sa petite aumône, parce qu’elle a donné tout ce qu’elle avait. Car l’aumône est
le signe de quelque chose de beaucoup plus important, et de plus large. Il ne
s’agit pas seulement de donner un peu d’argent. Mais d’aimer les pauvres, et de
les soutenir de toutes les manières possibles. Comme Jésus l‘a fait. Car Il a
fait plus que donner l’aumône aux mendiants, qui avaient faim ou étaient
handicapés. Il a nourri la foule entière. Et il a guéri les handicapés, dans
leur corps, mais aussi dans leur coeur. Il a chassé les esprits mauvais, et
tout ce qui tenait les hommes attachés. Et Jésus a donné aux apôtres, le
pouvoir de le faire après Lui. Jésus n’a pas guéri seulement les corps, mais
aussi les esprits et les cœurs. Il n’a pas donné seulement l’aumône, Il s’est
donné lui-même. Pour nous sauver pour toujours, de tout péché et de tout mal.
La véritable aumône doit aller jusque là.
Ces trois
textes que nous venons de lire ne cherchent pas à tout dire sur l’aumône, la
prière et le jeûne. Dans ces trois textes, Jésus ne cherche à nous enseigner
qu’une seule chose : l’humilité et la discrétion. Prier, jeuner et faire
l’aumône dans le secret. Et donc laisser l’orgueil. Ne pas chercher à nous
montrer devant les hommes, et ne pas chercher des félicitations de leur part.
Dieu sait ce que nous faisons, et Il connait notre cœur.
Nous nous demandons, en silence
devant le Seigeur :
- au niveau personnel: Le Carême est un temps de
conversion. Je me demande: suis-je ami avec tout le monde? A qui je ne
parle pas, par exemple pour des raisons politiques? Que vais-je faire?
- En famille: Il y a encore trop de problèmes dans nos
familles: des jalousies, des injustices et même des accusations de
sorcellerie. Des disputes au sujet de l'héritage, des souffrances non
humaines comme l'excision. Des différences entre garçons et filles, entre
nos propres enfants et les autres qui vivent chez nous. Nos familles sont
divisées. Nous ne savons pas bien nous organiser avec notre argent. En ce
temps de Carême, nous voulons vivre un amour vrai, dans le respect et le
pardon, entre mari et femme. Pour bien éduquer nos enfants et qu'ils
soient heureux. Et qu'ils mettent la paix et l'unité à leur tour, autour
d'eux. Pour ressusciter tous ensemble à une vie nouvelle, avec Jésus, aux
fêtes de Pâques.
- Dans la communauté chrétienne (CCB): Elle est le lieu de
l'accueil des pauvres et des étrangers: un lieu ouvert à tous, le lieu de
la prière et de la réconciliation, le lieu du travail en commun pour
servir l'homme, surtout le pauvre et le petit. -Tous les membres de la CCB
sont-ils actifs, chacun selon les dons que Dieu lui a donnés, dans un
travail en commun, comme les membres d'un seul corps (1° Cor 12)?
Travaillent-ils pour être servis(se servir) ou pour servir? Y a-t-il une
vraie entr'aide en cas de maladie ou de mort, d'accident ou de pauvreté,
et dans les autres souffrances de la vie?
- La paroisse : Est-elle le lieu où on aborde les vrais
problèmes de l'Eglise et du pays, et pas seulement les questions
matérielles de la vie de la paroisse. Que faisons-nous pour mettre une
vraie communion entre nous tous: prêtres, laïcs, CCB, mouvements,
associations? En cherchant à voir ce qu'il y a de bon dans l'autre, en
respectant les dons que Dieu lui a donnés. Pour choisir les bonnes
personnes là où elles peuvent le mieux servir, sans regarder leur argent
ou leur place dans la société. En essayant de grandir ensemble dans la
foi.
- La société : Travaillons-nous à faire
grandir l'union entre tous les citoyens guinéens, quelle que soit leur
langue ou leur religion? Sinon, comment vivre l'amour du Christ. Dans les
moments difficiles de l'Eglise et du pays, sommes-nous unis, prêts à agir ensemble, pour le bien
de l'homme et pour servir la société?
Comment lutter contre les injustices autour de nous? Comment aider les
pauvres et tous ceux qui souffrent? Comment mettre la paix autour de nous, et
réconcilier ceux qui ne s'entendent pas ?
Que chacun entre dans un groupe ou mouvement de son choix, pour faire
quelque chose pour les autres, pour l'Eglise et pour le pays.
Dans chaque famille, se réunir tous ensemble pour un temps de
réconciliation, en invitant nos autres parents de la ville ou du village, pour
régler nos problèmes et finir les rancunes
Pour la paroisse, mettre en place un comité de justice et de paix.
Nous nous retrouverons à la fin du Carême pour faire l'évaluation. Bon
Carême à tous !
Au sujet de l’aumône : Il s’agit de faire l’aumône en
vrai croyant. D’abord comme le dit Jésus ici, faire l’aumône dans le secret et
l’humilité. Car nous le savons bien, il y a des gens qui font l’aumône pour se
montrer, et pour être félicités. Pour qu’on dise du bien d’eux, et qu’ils sont
de vrais croyants charitables.
Mais il y a
aussi des gens qui font l’aumône, en humiliant les pauvres. Ils les abaissent,
et ils leur demandent d’être reconnaissants. Et après l’aumône, ils les
renvoient, sans amour et sans respect, en leur disant : » Maintenant, va-t-en !
».
Certains
font ainsi l’aumône, sans véritable amour. Par exemple, ils font l’aumône à la
gare routière. Mais c’est pour avoir la chance, et ne pas avoir d’accident. Ils
font l’aumône parce qu’un magicien, un devin ou un charlatan leur a dit, qu’ils
doivent donner la cola ou faire l’aumône : pour trouver du travail, réussir
leur examen, ou autre chose. Ceux qui font l’aumône dans ces conditions,
finalement, c’est leur propre intérêt et leur propre bonheur qu’ils cherchent.
Ils ne le font pas, par amour de leurs frères qui souffrent.
Il faut
placer l’aumône dans notre vie, et la vie de la société. Et savoir que l’aumône
est un geste d’amour. Mais ce n’est pas la seule façon d’aimer, et l’amour ne
se limite pas à cela. Déjà dans l’Ancien Testament, Moïse insistait pour qu’on
fasse l’aumône, mais surtout qu’on ne fasse pas souffrir le travailleur, le
pauvre, la veuve, l’orphelin et l’étranger. Qu’on ne les utilise pas, et que l’on
ne profite pas d’eux (voir par exemple Deutéronome 24, 12-18). Plus tard les
prophètes ont également beaucoup insisté là-dessus. Par exemple Amos (2, 6-10).
Mais aussi les autres prophètes, comme Malachie. En effet, il y a des gens qui
font l’aumône. Mais en même temps, ils ne paient pas leurs travailleurs, ou les
autres personnes qu’ils font travailler : les artisans, tailleurs, menuisiers,
soudeurs, électriciens… à qui ils font des commandes. Il y a des gens qui font
l’aumône. Mais ils ne paient pas leurs dettes, et ils ne sont pas clairs avec
l’argent (comme Jésus va le dire un peu plus loin, dans Matthieu 6, 19-34).
Mais bien sûr, de leur côté, les travailleurs doivent se former et bien faire
leur travail, exécuter les demandes qu’on leur donne, ne pas demander trop
cher, ne pas manger l’argent de la commande, etc…
Il est aussi très
important, de se demander d’où vient
l’argent de l’aumône, comme le rappelle Jacques (5, 2) : « vos richesses sont pourries. Votre or et
votre argent sont couverts de rouille. Et cette rouille portera témoignage
contre vous. Vous n’avez pas payé le salaire de vos travailleurs. Leurs
cris sont arrivés, jusqu’à mes oreilles. Car vous avez vécu, dans le luxe et les plaisirs. Et vous
avez condamné l’innocent». Car des gens se sont enrichis, en faisant
souffrir leurs frères, en volant, ou en détournant l’argent de l’Etat. Et ils
pensent qu’en faisant une petite aumône aux pauvres, Dieu va le leur pardonner.
En tout cas, la parole de Paul est claire, et elle s’adresse à tous : « Même si je distribue tous mes biens aux
pauvres, si je n’ai pas la charité ça ne sert à rien » (1ère aux
Corinthiens 13,3).De même, l’amour ne doit pas nous empêcher de réfléchir, et d’être intelligents. Car il y a des gens qui ont vraiment besoin, de notre aide et de nos aumônes. Et il y en a d’autres qui font de la mendicité leur métier. Et qui sont paresseux. Dans quelle mesure faut-il les aider ? Et comment faire pour qu’ils changent ? C’est à chacun de réfléchir devant Dieu, et avec ses frères chrétiens, dans la communauté. Car il y a une façon de faire l’aumône, qui n’aide pas les gens. On fait d’eux, des mendiants et des assistés. On les empêche de prendre leurs responsabilités, d’agir par eux-mêmes, et de prendre leur vie en mains. Cela nous demande, de revoir la façon dont nous aidons les pauvres. Jésus a nourri la foule. Mais Il a demandé à un petit enfant, d’apporter les pains et les poissons qu’il avait (Jean 6,9).
Nous pensons en particulier aux enfants des écoles coraniques (les talibés), que l’on envoie mendier dans les rues. Au début, c’était pour leur apprendre l’humilité. Mais c’est devenu un véritable système d’exploitation. Chaque élève doit ramener chaque jour une somme d’argent, qui ne lui profitera pas, mais qui sera récupérée par son marabout, le maitre d’école coranique. S’il ne ramène pas l’argent demandé, il est frappé. Et alors souvent, il s’enfuit, et il va vivre dans la rue. Car il ne peut pas retourner dans sa famille : on le ramènerait de force, à l‘école coranique. Et dans la rue, il est récupéré par des chefs de bandes, qui l’envoient voler, après l’avoir drogué pour cela. Et qui vont même profiter de lui sexuellement. C’est pourquoi, beaucoup de personnes refusent de donner l’aumône à ces enfants, car ils n’en profiteront pas. Et c’est maintenir un système d’exploitation très grave des enfants. Pourtant, ces enfants ont besoin d’être aidés. Ils ont besoin de soutien. Il faut donc chercher, pour voir comment les aider efficacement, pour leur propre bien. Et surtout voir comment changer les choses, et faire cesser cette exploitation des enfants. L’aumône ne peut pas se faire sans la justice, et le respect des droits humains. En particulier des droits des enfants.
Ce que nous disons pour l’aumône, c’ est vrai aussi pour le jeûne. Par exemple, certaines personnes jeûnent, beaucoup plus pour leur intérêt personnel, que pour se rapprocher de Dieu. Je ne parle pas seulement des sportifs. Ou des jeunes filles qui jeûnent, pour être minces et belles ! Mais de ceux qui jeûnent, pour que Dieu les fasse réussir à leur examen, leur donne un bon travail, ou les fasse trouver un bon mari ou une bonne femme. C’est normal de chercher tout cela, et Dieu est certainement d’accord. Mais pour réussir à son examen, il vaut mieux étudier sérieusement, et entrer dans un groupe de travail. Plutôt que de jeûner seulement, ou de faire une neuvaine ! Pour trouver du travail, il vaut mieux se former, être sérieux et faire toutes les démarches nécessaires pour cela, même si c’est difficile. Il ne s’agit donc pas de vouloir commander à Dieu, et de lui dire ce qu’il doit faire pour nous. Sinon, cela devient du chantage. Quand Jésus a jeûné quarante jours au désert, et que Satan est venu le tenter, il a été clair : « Tu ne demanderas pas au Seigneur ton Dieu, de faire des miracles pour toi » (Mat 4,7). Nous reparlerons du jeûne après demain.
De même, Jésus nous a demandé de prier, en disant : « Père
que Ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel ». La volonté de
Dieu, c’est que nous travaillions. Comme Jésus a travaillé jusqu’à 30 ans, à
Nazareth.
Jésus
dit : »quand tu veux prier,
entre dans ta chambre, ferme la porte, et prie Dieu ton Père dans le
secret ». Mais cela ne doit pas nous empêcher de prier en public. Car
Jésus a dit aussi : » Quand 2
ou 3 sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mat 18,19). Et
dans la 1° communauté chrétienne, ils priaient tous ensemble (Actes 2,46-47).
« Seigneur,
merci de nous montrer le vrai chemin de la foi »