«Seigneur, apprends- nous à nous réconcilier
avec nos frères. Et à garder ta Loi en vérité»
Aujourd’hui, Jésus nous dit : » Si vous
n’obéissez pas à Dieu, mieux que les maîtres de la Loi et les pharisiens, vous
ne pourrez pas entrer dans le Royaume de Dieu ». Les pharisiens étaient de
vrais croyants. Ils étaient très attachés aux commandements de Moïse, et à
l’enseignement des prophètes. Et ils avaient raison. Mais le problème, c’est
qu’ils gardaient souvent ces paroles de l’extérieur, en gardant les gestes, mais en oubliant leur vrai sens, et ce que
Dieu veut vraiment. Et même en changeant les commandements de Dieu, à leur
avantage. Par exemple, quand Moïse a donné la permission aux hommes, de
renvoyer leur femme. Parce que leur cœur était trop dur. Alors qu’au début, ce
n’était pas cela que Dieu avait dit, à
la création du monde (Mat 19,4). Et quand Jésus est venu leur expliquer le vrai
sens des choses, et comment vivre la foi
en vérité, ils ont refusé. Ils n’ont pas voulu changer leur cœur et leur vie.
Ils ont préféré tuer Jésus.
Jésus, notre Maître,
continue à nous enseigner,
comment vivre les commandements de Dieu en vérité : ce qu’il nous demande,
c’est d’avoir comme lui, un vrai amour dans tout ce que nous
faisons. Pas seulement laisser les mauvaises choses (le péché et le mal), mais
changer notre cœur. En effet, des gens disent : « je n’ai pas tué, je
n’ai pas volé, je suis un bon chrétien ». Mais d’abord, il n’y a pas besoin d’être chrétien, pour savoir
qu’il ne faut pas tuer, ou voler. Nos ancêtres le savaient déjà, et ils nous
l’ont enseigné. Les musulmans qui nous entourent, ils le savent aussi. C’est pour cela que nous devons faire comprendre
ces commandements à tout le monde, et
pas seulement aux chrétiens. Car ils sont pour tous. Pour que tous vivent dans
l’amour, pas seulement respecter les commandements de Dieu.
Jésus nous demande d’être
fidèles, totalement et jusqu’au bout,
comme lui. Pas seulement ne pas tuer, mais même pas nous mettre en colère. Ni
traiter notre frère d’imbécile, ou de fou. Et cela, même s’il a fait le mal.
Car il reste toujours un enfant de Dieu. Il a donc droit au respect, malgré
tout.
·
Jésus va beaucoup plus loin. Il ne dit pas « Si tu as quelque chose contre ton frère, va
faire la paix avec lui ». Il
dit : « si ton frère a quelque
chose contre toi ». Toi tu n’as rien fait de mal, tu n’as rien contre
lui. Malgré tout, c’est à toi de faire le premier pas. Justement parce que tu
n’es pas en colère contre lui : tu es plus libre, et c’est plus facile
pour toi. L’autre qui a quelque chose
contre toi, c’est plus difficile de venir te voir, car il se sent coupable. En toutes choses, Jésus nous demande de faire le premier pas vers nos frères.
Cela nous montre que notre offrande à Dieu, à l’offertoire
de la messe, ce n’est pas seulement du
pain et du vin. Ce sont tous nos efforts, pour mettre la paix et l’amour autour
de nous, que nous offrons à Dieu. Tous les gestes d’amitié et de partage, que
nous avons vécus pendant toute la semaine. C’est ce que les prophètes
enseignaient autrefois, mais les hommes l’ont oublié (voir Isaïe 58 sur le
jeûne). C’est donc sans cesse, qu’il nous faut revenir à la vérité de la Parole de Dieu.
·
Enfin Jésus nous appelle à la réconciliation (à faire
la paix), quand quelqu’un nous accuse. Plutôt que d’aller au tribunal. C’est
notre intérêt. C’est cela qui va mettre la Paix entre nous. Jésus nous
explique, comment nous réconcilier, nous conseiller, et régler nos problèmes en
communauté chrétienne (Mat 18,15-17). Et Saint Paul insiste (1° Cor 6,1-11)
« Pourquoi allez-vous dans les
tribunaux, où vous serez jugés d’une façon païenne ? Est-ce qu’il n’y a
pas parmi vous, au moins un homme sage, qui est capable de régler un problème
entre frères chrétiens ?...Il vaudrait mieux supporter
l’injustice… ». Comme dit Jésus, « sinon, tu iras en prison. Et tu dépenseras tout ton argent ».
C’est pour cela qu’on a mis dans nos différentes
régions, des comités de réconciliation (des chambres de justice) : pour que les
gens s’entendent, au lieu d’aller à la police et au tribunal. Pour nous
chrétiens, c’est important de soutenir tous ces efforts de réconciliation, qui
se font dans le pays. Et de mettre la paix entre ceux qui ne s’entendent pas
autour de nous… en commençant par nous- mêmes.
·
Tout ce que
Jésus nous dit, il l’a déjà fait en premier. Il est un homme de Paix. Il a
réconcilié les hommes entre eux, mais aussi avec Dieu. Avec lui, c’est possible
de faire grandir la paix, et de mettre la réconciliation entre nous.
« Merci Seigneur, pour l’amour, la
réconciliation, et la paix que tu nous donnes »
Paroles
du pape François avant l’angélus
Chers
frères et soeurs,
L’Evangile
de ce dimanche fait encore partie de ce qu’on appelle le “discours de la
montagne”, la première grande prédication de Jésus. Aujourd’hui le thème est
l’attitude de Jésus à l’égard de la loi juive. Il affirme: « Ne pensez pas que
je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais
accomplir. » (Mt 5,17). Jésus ne veut donc pas supprimer les commandements que
le Seigneur a donnés par Moïse, mais il veut les porter à leur plénitude. Et il
ajoute tout de suite après que “l’accomplissement” de la Loi demande une
justice supérieure, une observance plus authentique. Il dit en effet à ses
disciples : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des
pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. » (Mt 5,20).
Mais
que signifie ce « plein accomplissement » de la Loi ? Et cette justice
supérieure, en quoi consiste-t-elle ? Jésus nous répond avec quelques exemples
– Jésus était pratique, il parlait toujours avec des exemples pour se faire
comprendre. Il commence par le cinquième commandement du décalogue : « Vous
avez appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne commettras pas de meurtre’...
Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère en
répondra au tribunal.» (vv. 21-22). Par là, Jésus nous rappelle que les paroles
aussi peuvent tuer ! Quand on dit d’une personne qu’elle a une langue de
vipère, que veut-on dire? Que ses paroles tuent ! Par conséquent, non seulement
il ne faut pas attenter à la vie du prochain, mais il ne faut pas non plus
déverser sur lui le poison de la colère ni le frapper avec la calomnie. Ni dire
du mal de lui. Nous arrivons aux médisances : les médisances, aussi, peuvent
tuer, car elles tuent la renommée des personnes ! Il est si laid de médire ! Au
début cela peut sembler une chose agréable, même plaisante, comme sucer un
bonbon. Mais à la fin, cela nous remplit le cœur d’amertume, et nous empoisonne
nous aussi. Je vous dis la vérité, je suis convaincu que si chacun de nous
prenait la résolution d’éviter les médisances, à la fin il deviendrait saint !
C’est une belle route ! Voulons-nous devenir saints ? Oui ou non ? [Foule: Oui!]
Voulons-nous vivre attachés aux médisances comme à une habitude ? Oui ou non ?
[Foule : Non !]
Alors nous sommes d’accord : pas de médisances ! Jésus propose à celui qui le
suit la perfection de l’amour : un amour dont l’unique mesure est de ne pas
avoir de mesure, d’aller au-delà des calculs. L’amour du prochain est une
attitude tellement fondamentale que Jésus va jusqu’à affirmer que notre rapport
avec Dieu ne peut être sincère si nous ne voulons pas faire la paix avec le
prochain : « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l’autel, si,
là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton
offrande là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère. » (vv.
23-24). C’est pourquoi nous sommes appelés à nous réconcilier avec nos frères
avant de manifester notre dévotion au Seigneur dans la prière.
De
tout cela, on comprend que Jésus ne donne pas d’importance à l’observance
disciplinaire et à la conduite extérieure seules. Il va à la racine de la Loi,
visant surtout l’intention, c’est-à-dire le cœur de l’homme, d’où nos actions
bonnes ou mauvaises prennent leurs origines. Pour obtenir des comportements
bons et honnêtes, les normes juridiques ne suffisent pas, mais il faut des
motivations profondes, expression d’une sagesse cachée, la Sagesse de Dieu, qui
peut être accueillie grâce à l’Esprit Saint. Et nous, par la foi en Christ,
nous pouvons nous ouvrir à l’action de l’Esprit, qui nous rend capables de
vivre l’amour divin.
A la
lumière de cet enseignement, chaque précepte révèle sa pleine signification
comme exigence d’amour, et tous se rejoignent dans le plus grand
commandement : aime Dieu de tout ton cœur et aime ton prochain comme
toi-même.
Dans l’Évangile du jour (Mt 5, 20-26), Jésus explique « comment l’amour doit
être entre les chrétiens », a souligné le pape : « Si votre justice ne
surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le
Royaume des cieux. »Les docteurs de la loi « avaient une philosophie spéciale », qui consistait à dire « tout ce qu’il faut faire », mais « sans le faire » eux-mêmes : « ils n’étaient pas cohérents... Ils savaient que le premier commandement était d’aimer Dieu ; que le second était d’aimer son prochain ». Mais ils faisaient « des subtilités sur ce que signifie aimer son prochain ».
Au final, ils faisaient preuve « non pas d’amour » mais plutôt « d’indifférence à l’égard du prochain ». Ce qui « n’est pas la justice mais un équilibre social ».
Au contraire, le chrétien doit suivre « trois critères » : tout d'abord, « le critère d’un sain réalisme », exprimé dans l’Évangile par « Accorde-toi vite avec ton adversaire pendant que tu es en chemin. »
Cela signifie que « si tu as quelque chose contre quelqu’un, [que tu es] en lutte avec quelqu'un », il ne faut pas « mener les [différends] jusqu’à leurs limites » mais « se mettre d’accord » : « ce ne sera pas l’idéal, mais un accord est une bonne chose. C’est du réalisme, car l’effort consenti pour passer un accord » sert à « sauver beaucoup de choses : l’un fait un pas, l’autre fait un autre pas » et « ainsi, au moins, il y a la paix » même « une paix très provisoire ».
« Le second critère est le critère de la vérité » : « Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal. Si quelqu'un insulte son frère, il en répondra au grand conseil. Si quelqu'un maudit son frère, il sera passible de la géhenne de feu. »
Ce critère se rapporte au commandement « tu ne tueras pas » : « mal parler de l’autre, c’est tuer, parce que les deux ont la même racine : la haine. Tu n’as pas le courage de le tuer ou tu penses que c’est trop, mais tu le tues d’une autre manière, par les commérages, les calomnies, la diffamation ».
Le troisième critère est « un critère de filiation » : « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. »
L'homme ne peut pas « tuer son frère », parce qu'ils ont « le même Père ». Et il « ne peut pas aller vers le Père s'il n'est pas en paix avec son frère », il « ne peut pas parler avec le Père s'il n'est pas en paix avec son frère », « au moins par un accord ».
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